Gaston Bélier

(1863-1938)



 

Fichier MP3 Gaston Bélier, Toccata pour grand orgue, dédicacée "à mon Maître Eugène Gigout"
(Paris, Sénart, 1912/nouvelle édition d'après la copie BNF avec restitution par Pierre Gouin, Montréal, Les Editions Outremontaises, 2012),
fichier audio par Max Méreaux (DR.)
Partition chez IMSLP 

 

C'est grâce à sa Toccata en ré mineur pour grand orgue (Paris, Sénart, 1912) que l'organiste Gaston Bélier est aujourd'hui connu. Il entreprit l'étude de l'orgue auprès d'Eugène Gigout (1844-1925) à Paris. C'est, d'ailleurs, à son ancien maître qu'il dédia sa Toccata.

 

Sa carrière d'organiste se déroula tout d'abord à la Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (où sa fille, Marie-Thérèse célébra ses noces le 15 octobre 1921), sur l'instrument reconstruit par Cavaillé-Coll, à partir de 1892 :

 

« Mme Mollier, élève de Farrenc, professeur au Conservatoire, prit le grand orgue et sa fille Marguerite lui succéda dans ces fonctions qu'elle résigna, en même temps que son père se démettait des siennes, démissions qui furent acceptées par le Conseil de Fabrique, le 29 juillet 1892. Le procès-verbal de la même séance enregistra aussi l'offre de jouer le grand orgue gratuitement fait à la Fabrique par M. Bélier. Le Conseil ayant accepté, M. Gaston Bélier devint titulaire et a occupé depuis cette époque le banc de la tribune de Saint-Maclou. »

(L.-E. Rochesson, Le grand orgue et les organistes de l'église Saint-Maclou de Pontoise, Orléans, Imprimerie moderne, [1918], p. 50)

 

De 1927 à sa mort, il fut également organiste suppléant à Saint-Ferdinand-des-Ternes de Paris. Il se produisait aussi régulièrement à l'orgue du Carmel Saint-Joseph de Pontoise et c'est grâce aux libéralités de ce musicien que l'orgue construit en 1927 par Cavaillé-Coll-Convers, selon un procédé peu fiable, fut reconstruit par Victor Gonzalez en 1930.

 

Couverture de la partition Les Matines pour piano à 6 mains
(Paris, M. Sénart et B. Roudanez, 1912/coll. BnF) DR.

En plus de sa Toccata « de facture assez classique, massive, énergique, volontaire, presque provocante et toujours en mouvement » (Edith Weber), Gaston Bélier composa une Elévation pour grand orgue (inédite, 1915), une pièce pour piano à six mains (Les Matines, Paris, Sénart, 1912), réalisa des transcriptions pour orgue d'oeuvres de Jean-Sébastien Bach et d'opéra de Richard Wagner et rédigea des articles consacrés à la facture d'orgue. Enfin, il fut membre du bureau de l'Association des Artistes Musiciens (Fondation Taylor). Ses obsèques furent célébrées le vendredi 11 mars 1938, à 10 heures, dans la cathédrale de Pontoise.

 

 

 

Les orgues tenus par Gaston Bélier dans leur disposition de l'époque :

 

Grand orgue de Saint-Maclou de Pontoise

Après un premier instrument du XVIème siècle, marché est passé en 1715 avec Julien Tribuot pour un nouvel orgue, restauré par François-Henri Cliquot en 1784. Une seconde restauration intervient en 1842 par la maison Daublaine-Callinet avant une reconstruction par Cavaillé-Coll en 1877. En 1896, quelques modifications sont à noter, effectuée par la manufacture de l'Avenue du Maine. Ultérieurement, travaux de reconstruction par Victor Gonzalez (1931) et Danion (1979-80)

 

Composition de 1877 :

Positif (54 notes) : Bourdon 8', salicional 8', unda-maris 8', prestant 4', flûte douce 4', quinte 2 2/3', doublette 2', trompette 8', clarinette 8'.

Grand-orgue (54 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8', prestant 4', flûte douce 4', quinte 2 2/3', doublette 2', cornet V rgs, fourniture IV rgs, cymbale III rgs, bombarde 16', trompette 8', clairon 4'.

Récit expressif (42 notes) : Bourdon 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', octavin 2', trompette 8', cor anglais-hautbois 8', voix humaine 8'.

Pédale (25 notes) : Contrebasse 16, flûte ouverte 8', bombarde 16', trompette 8', clairon 4'.

 

En 1896, la composition fut peu modifiée, à l'exception de l'ajout de cinq notes au pédalier, de l'ajout de douze notes graves au récit et d'une flûte de 8' à ce clavier.

Par la suite, Ch. Reinburg, employé par la maison Mutin, modifia un peu l'esthétique de l'instrument. En 1918, les modifications apportées étaient les suivantes : au positif, flûte creuse 8' posée à la place de l'unda-maris, principal 8' à la place de la clarinette déplacée au récit qui compta en plus un diapason 8', au pédalier, ajout de soubasse 16' et basse 8'. De plus, le positif fut enfermé dans une boîte expressive.

(Source : Rochesson, op. cit.)

 

Orgue de choeur de Saint-Maclou de Pontoise

Instrument de Cavaillé-Coll (devis du 21 février 1855, marché passé le 19 mars 1855), relevage en 1877.

Clavier manuel : Bourdon 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8', prestant 4', doublette 2', trompette 8', hautbois 8' (dessus).

(Source : Rochesson, op. cit.)

 

Orgue de Saint-Ferdinand-des-Ternes

Instrument de Cavaillé-Coll (1898) de 35 jeux. Électrifié en 1963 par Beuchet-Debierre, il fut démonté pour permettre l'installation d'un instrument neuf de Pascal Quoirin en 1995.

 

Composition avant démontage :

Grand-orgue (61 notes) : Bourdon 16', montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4', flûte 4', doublette 2', fourniture IV rgs, trompette 8'.

Positif expressif (61 notes) : Cor de nuit 8', flûte 8', flûte douce 4', nazard 2 2/3', quarte de nazard 2', tierce 1 3/5', cymbale III rgs.

Récit expressif (61 notes) : Diapason 8', gambe 8', voix céleste 8', principal 4', doublette 2', plein-jeu IV rgs, basson 16', trompette 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8', clairon 4'.

Pédale (30 notes) : Flûte 16', soubasse 16', flûte 8', basse 8', flûte 4', bombarde 16', trompette 8', clairon 4'.

 

Orgue du Carmel Saint-Joseph de Pontoise

Instrument électro-pneumatique de Cavaillé-Coll-Convers (1927) reconstruit en traction mécanique par V. Gonzalez.

 

Composition d'origine :

Grand-orgue expressif : Bourdon 16', montre 8', flûte bouchée 8', flûte douce 4', flageolet 2'.

Récit expressif : Dulciane 16', quintaton 8', gambe 8', vibrato voix céleste 8', salicet 4', nazard 2 2/3'.

Pédale : Soubasse 16', basse 8', bourdon 4', nazard 2 2/3'.

 

Composition de 1930 :

Grand-orgue : Flûte 8', prestant 4'.

Récit expressif : Bourdon 8, gambe 8', flûte 4', nasard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5'.

Pédale : Soubasse 16'.

(Source : Inventaire des orgues de l’Ile-de-France, T. 1 (1988), et L’Orgue, n° 272, p. 61)

 

Orgue de salon de Gaston Bélier

Instrument de Mutin-Cavaillé-Coll (1900), présenté à l'Exposition universelle. En 1932, Gaston Bélier fait ajouter trois jeux par Victor Gonzalez (nazard 2 2/3, flûte 2', tierce 1 3/5'). En 1942, l'orgue est transporté dans une chapelle de Saint-Maclou puis, en 1998, dans l'église Saint-Pierre-des-Louvrais de Pontoise avec une légère modification dans la composition.

 

Composition d'origine :

Grand-orgue (56 notes) : Montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4'.

Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte douce 4', basson 8'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16'

(Source : orguesvaldoise.weebly.com)

Olivier Geoffroy

(février 2019)

 

 

*

 

Chapelle des Carmes à Paris, concert du 24 décembre 1933 (DR.)

Note de la rédaction de Musica et Memoria : Gaston-Eugène Bélier est né précisément le 3 avril 1863 à Méry-sur-Oise (Val-d’Oise), fils d’Eugène Bélier, industriel (carrier) et de Marie-Anne Ramé. Son père (1828-1907) fut durant 37 années consécutives Maire de cette commune et Conseiller général de Seine-et-Oise, canton de L’Isle-Adam, à deux reprises (1871-1880, puis 1886-1892). Ancien élève du Collège de l’Immaculée-Conception de la rue de Vaugirard à Paris VIe, dirigé à cette époque par les Pères Jésuites, il devint banquier de profession à Pontoise. En dehors des tribunes citées supra, il fut encore quelque temps suppléant de Widor à Saint-Sulpice, au cours des années 1920-1930 et à la même époque organiste de l’église des Carmes de la rue de Vaugirard, où notamment il tenait l’instrument lors du concert de Noël de 1933 (un grand orgue de 22 jeux sur 2 claviers et pédalier, dû au facteur Didier d’Epinal, inauguré en 1902 par Gigout et Planchet). Ses Matines pour piano sont dédicacées à sa fille Marie-Thérèse (1889-1967, future Mme Albert Ledoux). Il semble que la plupart de ses partitions restées à l’état de manuscrit a été dispersée après son décès. Domicilié en 1920 « La Table ronde » à Pontoise et propriétaire du château de Farcy à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord), Gaston Bélier meurt le 8 mars 1938 à Pontoise à l’âge de 74 ans, laissant une veuve née Marguerite Marié. Il fut longtemps membre de l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes (fondée en 1913), alors présidée par Widor. Aux côtés de ce dernier et d’Henri Dallier, il avait inauguré le 15 janvier 1928 le grand orgue de l’église Sainte-Madeleine (Paris VIIIe) lors du relevage effectué par le facteur Mutin. [D.H.M.]


 

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