Dom Paul Benoît (1893-1979)

Compositeur et organiste de l'abbaye de Clervaux (Luxembourg)


 

Dom Paul Benoît à l'orgue de l'abbaye de Clervaux
(photo X...) DR.

 

Né à Nancy le 9 décembre 1893 et mort à Clervaux le 10 avril 1979, Dom Paul Benoît, moine bénédictin, était organiste de son abbaye et a composé de nombreuses pièces pour orgue, avec ou sans pédale, sur des thèmes grégoriens, des thèmes de cantiques traditionnels ou des Noëls anciens. Il écrivait sa musique dans une maisonnette située dans le jardin de l'abbaye, où il trouvait le calme et le recueillement nécessaires à son inspiration, en s'aidant d'un piano-pédalier. Une grande partie de son œuvre est inédite - certains manuscrits originaux ayant été envoyés sans copie à leurs dédicataires ; on en retrouve parfois qui reviennent de pays étrangers, comme Israël – mais son langage de type romantique, teinté d'esprit modal et chromatique, plaît beaucoup et de nombreuses pièces pour orgue sont jouées en Europe et aux Etats-Unis. Les œuvres publiées sont éditées chez Combre, Fischer, Art Sacré. Plusieurs disques en ont été tirés, notamment avec Carlo Hommel ou Gérard Close aux claviers. Damien Simon a fait une étude de son langage et une analyse de quelques-unes de ses Elévations dans la revue L'Orgue (n° 258, II-2002).

[NDLR : voir également la revue belge L’Organiste, n° 101, avril 1994, article de Pierre Drauth « La gloire de l’orgue liturgique, Dom Paul Benoît … », et la revue Préludes, n° 23, juillet 1998, article du chanoine Pierre Schontz « La musique d’orgue de Dom Paul Benoît »]

 

Composition de l'orgue Mutin de l'abbaye de Clervaux :

Traction mécanique avec machine Barker pour le grand-orgue. Le buffet a été remanié après la Seconde Guerre mondiale.

 

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', Montre 8', Bourdon 8', Flûte Harmonique 8', Prestant 4'.

Positif expressif (56 notes) : Cor de Nuit 8', Salicional 8', Flûte Douce 4', Nasard 2 2/3', Flautino 2', Cromorne 8'.

Récit expressif (56 notes) : Flûte Traversière 8', Gambe 8', Voix Céleste 8', Flûte Octaviante 4', Plein-Jeu 4 rangs, Trompette 8', Basson-Hautbois 8'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16', Basse 8'.

Acc. III/I, III/II, II/I, tir. I, II et III, trémolo III, appel machine, appel combinaisons I, II et III.

 

Dans l'église abbatiale se trouve également un petit orgue de choeur à traction électro-pneumatique de la firme Jos Stevens / G. Haupt :

Manuel expressif 56 notes) : Diapason 8', flûte ouverte 8', cor de nuit 8', dulciana 8', flûte octaviante 4'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16', basse 8'.

Tir I et II, I en 16 et 4.

 

Olivier Geoffroy

(novembre 2024)



Tribune (en 1910 et restaurée en 1951), jalousies expression, console indépendante, claviers, tirants et piano-pédalier dans la cabane aménagée près de l'abbaye où Dom Benoît s'isolait pour composer.
(© photos Florent et Constantin Jacques, 2024, avec l'aimable autorisation de la communauté bénédictine que nous remercions) DR.




dom paul benoit, le musicien de dieu


 

L’abbaye St-Maurice de Clervaux, au Grand- Duché de Luxembourg, appartient à la Congrégation des Bénédictins de Solesmes. Elle commémorait, le dimanche 26 septembre 1993, le centenaire de la naissance de Dom Paul Benoît, qui fut son éminent organiste de 1931 à 1979

 

Deux concerts, donnés sur les orgues de l'abbaye, permirent à tous ceux qui participèrent à ces festivités, d'apprécier l'admirable musique composée par le Père Benoît, et magnifiquement mise en valeur par les récitalistes.

 

Avant de revenir aux principales œuvres exécutées ce dimanche 26 septembre, il convient de faire connaître, dans sa vie historique, et surtout dans sa profonde richesse spirituelle et artistique, ce fidèle disciple de St- Benoît.

 

Pour ce faire, nous emprunterons des extraits de l'hommage que lui a rendu Dom Georges Chopiney, son grand ami, moine de Clervaux depuis 1945, originaire de Plombières-les-Bains, qui fut également son suppléant à l'orgue de l'abbaye.

 

Paul Benoît naquit à Nancy le 9 décembre 1893 ; il entra à l'abbaye Saint-Maurice et Saint-Maur de Clervaux en 1919 1925 fut l'année de son ordination sacerdotale et de sa profession solennelle. De 1926 à 1931, il poursuivit des études musicales auprès de M. Augustin Pierson, organiste de la cathédrale de Versailles et de M. Albert Leblanc, titulaire des Grandes Orgues de la cathédrale de Luxembourg. Nommé par le Père Abbé, titulaire du Grand Orgue de l'abbaye de Clervaux en 1931, il le demeurera pratiquement jusqu’à la fin de sa vie monastique. Il avait eu la joie de célébrer en 1975 le cinquantième anniversaire de sa profession monastique, et Maître Leblanc avait enregistré, cette année-là, un disque intitulé "L’année liturgique”, à partir de ses œuvres les plus marquantes. Un second disque (CD réalisé en 1991 par Carlo Hommel, successeur de Maître Leblanc à la cathédrale de Luxembourg) permit de faire connaître au grand public deux œuvres importantes, puisqu'il s'agit de la Suite liturgique pour Pâques" et du Chant intérieur, véritables miroirs de son âme mystique.

 

Le 26 septembre dernier [1992], trois organistes se succédèrent aux claviers de l’orgue (20 jeux répartis sur 3 claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes), acquis en 1910, lors de la construction de l'église abbatiale actuelle, et qui avait été construit, à l'origine, par la maison Mutin-Cavaillé-Coll pour le petit Trocadéro, à Paris.

 

Gérard Close, actuel organiste de l'abbaye interpréta, entre autres pièces, au cours du récital qui suivait la grand'messe, six extraits du Chant intérieur, et la magnifique Toccata sur l'hymne de la Toussaint.

 

Marcel Bartholmé, organiste de l'église paroissiale de Clervaux (il fut le premier maître du Père Benoît) nous fit entendre de ravissants Préludes à l’introït Gaudeamus, ainsi qu'un Prélude et Fugue sur le Victimae paschali Ce récital avait lieu après les Vêpres, ainsi que celui de Carlo Hommel, le réalisateur du CD dont nous avons parlé. Le prodigieux organiste de la cathédrale de Luxembourg rendit un hommage éclatant à son ancien maître. Citons notamment un splendide Prélude à l'Introït de la Transfiguration, dans le plus pur style des Pièces de fantaisie de Louis Vierne (dont le Père Benoît admirait les compositions), et surtout l'émouvant Triptyque pour les défunts, véritable chant du cygne du grand musicien, habité par l'Esprit.

 

Pour terminer ce portrait de Dom Benoît, et en même temps le compte-rendu de la belle journée du 26 septembre qui lui rendait hommage, voici quelques éloges, écrits par son ami et fidèle confident, le Père Georges Chopiney, qui ont comblé une assistance recueillie, mais en même temps admirative (les applaudissements nourris, à la fin du récital, devaient certainement être les premiers qui faisaient vibrer la nef de l’abbatiale !).

 

« Chaque organiste, créateur de musique, a son secret. Celui de Dom Benoît, magicien des couleurs d'âme (car les âmes aussi, en quelque sorte, ont leurs couleurs), fut de peindre, sous les yeux de ceux qui savaient le comprendre et vivaient avec lui dans une atmosphère de communion profonde, d'éblouissants paysages de rêve...

Merci d'avoir été au milieu de nous l'évangéliste de l'immense joie divine et des grandes certitudes de la foi, qui nous sauvent à jamais de la désespérance ; de nous avoir rappelé que "l'homme existe de ce qui le dépasse" (le mot est du peintre Bazaine).

Mon cher, grand et génial Père Benoît, inspiré et charmeur, merci pour cette incantation inoubliable, et que je souhaite immortelle, dont vous nous avez si royalement comblés, en nous donnant du bonheur par la beauté ».

 

François Fève,

organiste de Notre-Dame-au-cierge à Epinal (Vosges)

(in Musique sacrée – l’Organiste, n° 222)

 

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