Eugène BORREL
(Libourne, 1876 – Paris, 1962)
Eugène Borrel, vers 1904
( photo H. Manuel, coll. D.H.M ) DR
Violoniste, musicologue et professeur à la Schola Cantorum, Eugène Borrel fut le fondateur en 1909, aux côtés de Félix Raugel, de la Société Haendel. Sa modestie n'eut d'égal que son importance dans le mouvement d'évolution du goût et des connaissances sur l'art des Anciens. Aujourd'hui, son action déterminante n'est plus connue que des rares érudits qui possèdent encore les livres qu'il nous a laissés, et elle reste souterraine pour un grand nombre de musiciens s'intéressant à la renaissance des musiques pré classiques.
Dans un ouvrage collectif sur l'histoire et l'activité pédagogique et musicologique de la Schola, publié en 1927, il livre un texte riche d'enseignements sur un lieu et un temps où des pans entiers de l'histoire de la musique revivaient par la grâce du concert et de l'édition, mais en minimisant son rôle de chef de file, se fondant humblement dans le groupe des défricheurs d'archives (« La Schola et la restauration de la musique ancienne », voir le texte en annexe). En vérité, il n'est pas exagéré de dire qu'il fut directement à l'origine, tout au moins pour ce qui concerne la France, de la révolution esthétique qui entraîna une lecture ou relecture nouvelle du patrimoine ancien ; une entreprise militante d’interprète et de théoricien d'une portée considérable, initiée avant la Grande Guerre, qui s'approfondit dans l'entre deux-guerres, avant de s'imposer définitivement à partir des années 1950.
Pour mieux préciser un tel parcours, et ce qui fonde sa singularité, on me pardonnera de recourir au récit personnel, non pas en tant que témoin direct, mais parce que la vie et l’œuvre de Borrel sont intimement liées à l'histoire de ma famille.
Tout avait commencé au début du XXème siècle, quand le jeune musicien, déjà étonnamment cultivé, avait manifesté le désir de rencontrer Léon Bloy. Très vite il fut introduit dans le cercle des proches de l'écrivain, jusqu'à devenir un hôte familier et régulier (nous donnons en fin d’article quelques unes des nombreuses allusions à cette amitié précieuse qui apparaissent ici et là tout au long du Journal de Léon Bloy). Borrel en vint tout naturellement à donner ses premiers cours de violon à Madeleine, la fille cadette de Léon et Jeanne Bloy, un enseignement qu'il poursuivit plus tard à la Schola, aux côtés de l'éminent quartettiste belge Armand Parent. Borrel, Parent et aussi Vincent d'Indy, tous trois fervents admirateurs de Bloy, formèrent ainsi un incomparable trio protecteur dans les murs de l'école de la rue Saint-Jacques. Dans le cénacle des grandes amitiés bloyennes, Borrel rencontra également Georges Rouault, Jacques et Raïssa Maritain et, pour revenir aux musiciens, Félix Raugel, Georges Auric, le Père Léonce Petit et Ricardo Vinès (tous deux proches de Debussy et Ravel), et Edouard Souberbielle, futur époux de Madeleine, appelé à devenir un des premiers organistes de son temps.
Edouard et Madeleine Souberbielle étaient mes grand-parents maternels et je leur dois l'essentiel de ma formation avant l'entrée au Conservatoire. A travers les cent anecdotes et confidences que j'ai pu recueillir, je puis témoigner de liens très forts qui perdurèrent après la mort de Léon Bloy en 1917, et qui durèrent tout au long de la vie d'Eugène Borrel.
Edouard Souberbielle, nommé professeur à la Schola, puis à l'Ecole César-Franck, devint un collaborateur privilégié – nous avons pu retrouver des programmes de concerts communs –, et leurs recherches, dans les années 1920-1930, devaient aboutir à la révolution des styles et des modes de jeu dont nous avons fait état, anticipant ainsi les avancées musicologiques des années 1960. On le sait, Souberbielle, maître de Michel Chapuis, André Isoir, Francis Chapelet et cent autres organistes de l'après-guerre, bouleversa en profondeur les lois de la diction au clavier en se référant explicitement à la gamme des articulations d'archet mise en œuvre par les violonistes de l'Ecole franco-belge. Les témoignages de Chapuis, d'Isoir et de Nicolas Gorenstein sont clairs sur ce point, et cet art fondé sur des silences d'articulation modulables à l'infini, véritable mise en bouche des voyelles et des consonnes du langage musical, rompait avec la pauvre rhétorique binaire, staccato-legato, propagée alors par Marcel Dupré et ses disciples. Il ne fait pas de doute que les échanges entre le violoniste et l'organiste, par delà l'amitié et la fidélité à la mémoire de Léon Bloy, ont nourri l'évolution en cours, sans que l'on puisse dire qui a influencé l'autre. Chapuis et Isoir ne nous ont-ils pas confié que les livres de Borrel ne quittaient pas leur chevet et ont contribué, à leurs yeux, à préciser les principes de Souberbielle ? [voir A. Galpérine, Edouard Souberbielle, un maître de l'orgue, Delatour France, 2010]
Dans cette affaire, le riche creuset de la Schola a pleinement joué son rôle et il conviendrait certainement de mentionner d'autres amitiés ou collaborations. J’insisterai ici sur celle de Lionel de La Laurencie, violoniste formé en Belgique, dont les travaux sur le violon baroque et pré classique font encore autorité de nos jours et rejoignent les écrits de Borrel dans une parfaite communauté de pensée.
Il ne fait pas de doute que ces écrits mériteraient une réédition. On s'apercevrait que les fruits d'une nouvelle conscience historique des interprètes, née au tournant du XXème siècle, loin d'être de simples objets de curiosité, restent des aliments indispensables de la pensée pour redonner vie aux trésors du passé. Eugène Borrel serait alors tenu pour ce qu'il fut, c'est à dire un maillon essentiel dans la chaîne des connaissances qui conduit à l'imposant corpus des données musicologiques actuelles.
Alexis Galpérine
(août 2015)
Extraits du Journal de Léon Bloy
in Le Vieux de la Montagne
* 19 mai 1908 - « Première communion de Madeleine […]. Au moment même où la chère enfant se levait pour aller au devant de Jésus, le largo de Haendel s'est fait entendre, joué par un violon merveilleux. C'était notre admirable ami Eugène Borrel venu tout exprès pour cette surprise. »
* 4 janvier 1909 - « Convives du Vieux de la Montagne : Eugène Borrel, Félix Raugel – Bach et Haendel chantent avec nous. Plaisir grand et rare que de riches bourgeois ne pourraient pas se procurer avec tout leur sale argent. »
* 26 avril 1909 - « Concert Haendel rue Trévise. Fondation de mes amis Raugel et Borrel. Je suis loin de comprendre la musique ancienne et savante de Haendel, mais j'ai fortement senti la beauté des « Chanteurs de la Rennaissance », série de chansons plus ou moins populaires, écho surprenant de la vieille France, orchestration par les voix humaines, d'un effet incroyable. La Bataille de Marignan surtout m'a jeté dans une sorte d'extase historique. »
* 11 mai 1910 - « Le Messie de Haendel au Trocadéro. Raugel et Borrel organisateurs de ce merveilleux concert sont inouïs et admirables d'avoir pu faire applaudir trois heures, par un immense public tout à fait mondain, une telle œuvre si exclusivement, si amoureusement religieuse. […] Je suis revenu, ivre de magnificence. »
* 1er juin 1910 - « Seconde audition du Messie de Haendel au Trocadéro. Je reçois une des impressions les plus fortes que puisse me donner jamais l'art de la musique. Je ne sais pas s'il existe quelque chose d'aussi parfaitement beau que cet oratorio du maître allemand si mal connu jusqu'ici, mais je sais bien qu'aucun sermon, même d'un saint, ne pourrait m'émouvoir autant, me pénétrer à une telle profondeur. La tendresse infinie dans la majesté absolue, voilà ce que j'ai senti, ce que je ressens encore à l'heure où j'écris. […] Les paroles, toujours tirées de l'Ecriture, sont d'une simplicité, d'une candeur angélique, et la musique sur laquelle elles viennent à nous est amoureuse comme le ciel. […] quel triomphe pour ces deux chrétiens pauvres, Raugel et Borrel, d'avoir pu faire applaudir cette musique absolument et surnaturellement religieuse. Tel est leur apostolat. »
in Le Pélerin de l'Absolu
* 19 février 1912, lettre de Borrel à Léon Bloy, sur l'article consacré au Beethoven de Vincent d'Indy et dont l'expéditeur est le dédicataire :
« Mon très cher Léon Bloy, Je suis encore dans l'admiration de votre préface et de l'article sur Beethoven, et, pour ce dernier, j'ai la sensation très nette que, parmi les innombrables auteurs qui se sont occupés de lui, aucun n'a encore rien dit. C'est vous qui, depuis un siècle bientôt que sa grande âme a paru devant Dieu, avez trouvé la première parole valable. Le seul qui ait eu le droit de parler a été Berlioz, mais il ne s'est occupé que du point de vue artistique. Les autres ont compulsé des archives, remué des atomes, établi précisément ce que Beethoven avait fait dans la matinée du 15 juin 1807. Que nous importe? Le plus remarquable des biographes, avant Vincent d'Indy, avait été R. Rolland, mais il est sorbonnard et la consigne est de ne pas parler de la faiblesse d'esprit qui a poussé quelques grands hommes (heureusement de plus en plus rares) vers les pratiques religieuses. Aussi son livre très bien fait, d'ailleurs, n'apporte-t-il pas la plus légère goutte pour désaltérer ceux qui attendent les torrents paradisiaques pour étancher leur soif.
Ce qui est étonnant, c'est que parmi les quelques écrivains qui honorent le XIXe siècle, ni Barbey, ni Villiers, ni Hello, ni personne, n'ait touché, même en passant, à Beethoven. Il fallait cela pour que vous arriviez et, en quelques lignes, pour que vous fracassiez tous vos prédécesseurs dont les gros bouquins sont pulvérisés du coup. En même temps c'est l'illumination totale de la vie de Beethoven. Vous avez eu l'intuition, dans un éclair, de ce que nous déchiffrons péniblement à la lueur de nos petites lampes. Et Beethoven m'apparaît encore plus grand, plus extraordinaire, plus voulu de la Providence. Mais cela il n'y avait que vous à pouvoir le dire, parce que vous êtes le seul écrivain habitué à respirer l'air des hauteurs. »
in Au seuil de l'Apocalypse
* 10 novembre 1913, dédicace de Léon Bloy à Eugène Borrel apposée sur L'Exégèse des lieux communs, nouvelle série :
« Il ne suffit pas d'étriper le Bourgeois, il faut encore en faire du boudin pour le régal des miséreux. J'abandonne à mes disciples et successeurs cette dégoûtante cuisine. »
La Schola et la restauration de la musique ancienne
in La Schola Cantorum en 1925 (Paris, Librairie Bloud et Gay, 3 rue Garancière, 1927)Il n'est pas un musicien qui n'attribue à cette expression un sens précis. Cependant, si l'on en serre les termes de près, elle paraîtra singulièrement vague : certes, Armide de Lulli, une suite de Bach appartiennent bien à la catégorie dénommée musique ancienne. Mais un motet de R. de Lassus, une séquence d'Adam de Saint Victor, un graduel du VIe siècle, l'Hymne à Apollon, font-ils partie, eux aussi, de la musique ancienne ? Cruelle énigme ! Ou y a-t-il une musica antiquissima ?
En fait, ces termes ont été associés, au cours du XIXe siècle, par des chercheurs, plus curieux qu'érudits, qui commençaient à entrevoir, au delà de la période classique de Haydn et Mozart, une floraison musicale d'un style tout différent. Comme l'état de l'information musicale ne permettait guère de remonter plus haut que le XVIIe siècle, au moins en ce qui concernait les œuvres instrumentales, les productions des XVIIe et XVIIIe siècles furent qualifiées d'anciennes, par rapport à ce qu'on connaissait, et le mot est resté. Depuis, nous avons reculé les limites du savoir, mais l'imprécise dénomination n'en a pas moins continué à subsister. Adoptons-la, sans cacher ce qu'elle a d'ambigu. Ici, nous engloberons sous ce titre la musique de la Renaissance, et celle des XVIIe et XVIIIe siècles — pour ce dernier, tout ce qui n'appartient pas à l'art de Mozart, Haydn et de leurs imitateurs.
Aux environs de l'an de grâce 1890, les amateurs de musique n'avaient, pour se guider, que d'inaccessibles ouvrages perdus dans les bibliothèques, et d'alléchantes histoires de la musique, où on leur vantait les inconnaissables splendeurs d'un tas d'œuvres — inédites. Des exécutions, bientôt oubliées, comme celles des motets de la Renaissance — patronnées par le prince de la Moskowa — le courant depuis longtemps créé à l'Ecole Niedermeyer en faveur de Bach, des manifestations isolées, n'avaient pas réussi à imposer au grand public le culte de formes d'art à peine connues. Une des caractéristiques de la Schola est précisément d'avoir révélé les trésors oubliés de la musique ancienne, et de les avoir rendus tellement familiers, qu'aujourd'hui on ne peut imaginer le temps où tous ces chefs-d'œuvre n'étaient appréciés que de quelques érudits. Les concerts, les conférences, les articles de revue, l'édition, tout fut mis en œuvre ; de plus, à Paris et en province, des filiales de la Schola, et des sociétés de concerts encouragées par son exemple, complétèrent son effort et devinrent à leur tour des instruments nouveaux de propagande.
Au premier rang des réalisations pratiques de la Schola, il faut ranger l'Anthologie des Maîtres Primitifs, éditée par Ch. Bordes. Actuellement on lui reproche de n'être pas une édition critique, de contenir de nombreuses indications non originales, d'exprimer en valeurs faciles à lire les mesures rébarbatives en usage au XVIe siècle: Il est vrai ; encore que ces réserves n'enlèvent rien à la valeur esthétique de la collection, il faut se reporter au temps où elle a paru : qu'eussent fait les amateurs — et bien des professionnels — si on leur avait donné les textes, absolument conformes aux originaux, d'œuvres appartenant à un style inconnu, exprimant des habitudes rythmiques, modales, expressives, totalement différentes des conceptions modernes ? Aujourd'hui, il n'est pas de petite ville où l'on ne trouve des gens ayant au moins une idée de la musique palestinienne ; il n'est pas niable que l'un des principaux instruments de cette diffusion a été l'Anthologie. Vingt et une messes, cent vingt-cinq motets appartenant à une quarantaine d'auteurs français, italiens, espagnols et allemands, tel est le bilan de cette collection qui a mis aux mains du public, sous une forme facilement accessible, les chefs-d'œuvre de la musique religieuse des XVe et XVIe siècles.
Parallèlement à l'Anthologie, Bordes avait commencé la publication d'un Chansonnier du XVIe siècle ; il réussit à éditer une trentaine de pièces dues à Certon, Claudin de Sermisy, Costeley, Janequin, Roland de Lassus, Le Jeune, P, de la Rue, Loyset Compère. Poussé par le temps, et environné de difficultés de toutes sortes, il n'a pu égaler les magnifiques réalisations d'H. Expert. Cependant le Chansonnier a initié bien des musiciens à l'art profane du XVIe siècle.
Schütz et Monteverde sont encore deux des principales résurrections de la Schola. En 1880, qui se doutait de la splendeur du « Loué sois-tu, Jésus-Christ », qui soupçonnait même la radieuse beauté de l'Orfeo ? Non seulement ces œuvres, et d'autres des mêmes maîtres, étaient publiées au Bureau d'édition, mais on alimentait la curiosité des amateurs en leur donnant les Histoires sacrées de Carissimi et de Charpentier, ce qui constituait avec les pièces de Bouzignac et d'H. du Mont, réunies un jour par le regretté Quittard, une série magnifique de la musique, absolument inconnue jusqu'alors, du XVIIe siècle. Il faut y ajouter les remarquables intermèdes musicaux composés par J.-B. Moreau pour Esther et Athalie de Racine.
En ce qui concerne le XVIIIe siècle, la moisson n'est pas moins abondante : d'abord une trentaine d'airs et de duos extraits des cantates de Bach, la Cantate pour les élections, la cantate O Ewigkeit, du Donnerswort. Puis les chœurs et motets de Campra1, Destouches — sans oublier la très importante résurrection d'Issé — Rameau2, Gluck, Steffani, sans oublier le merveilleux O mysterium inefabile de Clérambault, l'une des plus belles pages de la musique française du XVIIIe siècle.
Pendant que paraissaient coup sur coup tant d'œuvres arrachées à la poussière des bibliothèques, la Tribune de Saint- Gervais apportait à tout ce renouveau l'appui d'une forte érudition. Des quantités de problèmes, soulevés par l'interprétation de la musique ancienne, étaient étudiés, débattus — et souvent résolus — au plus grand avantage de la musique. Les articles d'Aubry, de M. Brenet, de Gastoué, de Pedrell, de Pirro, de Quittard, de Guilmant, de V. d'Indy, de C. Bellaigue, pour ne citer que quelques collaborateurs d'une autorité incontestée, forment un ensemble imposant qui marque une date importante dans l'histoire de la musicologie française. De son côté, le Bureau d'édition, tirant à part certains articles substantiels, ou publiant des plaquettes sur les sujets les plus divers, mettait à la disposition des curieux les sources d'information les plus riches ; on s'en rendra facilement compte par un coup d'œil jeté sur la section « Littérature musicale » du catalogue.
Tel est, en résumé, au point de vue qui nous occupe ici, le bilan de l'activité scholiste avant la guerre. En ce qui concerne les concerts, l'examen le plus superficiel des programmes sera plus démonstratif que ce qui pourrait être dit ici ; il n'y aurait d'ailleurs qu'à reprendre ce qui a été exposé plus haut, l'édition et la présentation au concert n'étant que les deux phases d'une même activité artistique.
Toutefois il y a lieu d'insister sur le rôle prépondérant joué par la Schola dans la diffusion d'œuvres déjà éditées, mais peu ou mal connues, au premier rang desquelles nous citerons celles de Bach : les Passions, l'Oratorio de Noël, la Messe en si, le Magnificat, les Concertos pour un ou plusieurs pianos ou violons et pour divers instruments, une trentaine de Cantates, de nombreux airs détachés... voilà un total d'autant plus respectable que de nombreuses reprises ont fini par imposer beaucoup de ces œuvres au goût actuel.
Parmi les exécutions sensationnelles, il y a lieu de noter tout particulièrement la restitution des chefs-d'œuvre de notre grand Rameau : Dardanus, les Indes galantes et surtout des deux pièces : Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, dont la reprise aux concerts de la Schola a précédé de loin la reprise à l'Opéra ; il n'est pas hors de propos d'insister sur une telle initiative, qui fait précisément partie de l'effort de restauration entrepris par l'Ecole.
Gluck a été aussi un auteur de prédilection pour la Schola : les Iphigénies, Alceste, Armide, ont été données successivement ; mais l'exécution la plus marquante est celle d'Orphée avec le rôle principal restitué à une haute-contre (ténor) ; elle a été le prélude et la raison déterminante de la reprise à l'Opéra-Comique ; jusque-là en effet, on avait l'habitude, depuis Mme Viardot, de remplacer le ténor par un contralto, ce qui bouleversait tout l'effet expressif de ce rôle écrit pour un homme par Gluck. Ici encore il faut compter à l'actif de la Schola cette petite opération de police esthétique. Telles sont les grandes œuvres que la Schola a remises en honneur et a jouées sans les avoir éditées3.
Après la guerre, les conditions économiques ont entravé l'édition ; le Bureau de la Schola Cantorum n'est pourtant pas resté inactif : le développement de la Revue La Tribune Musicale a permis de mettre au jour un stock important de pièces anciennes. Plus de quatre-vingts motets ou faux bourdons ont été mis ainsi à la disposition du public. Ils sont dus à une trentaine de maîtres anciens, dont plus de vingt sont français. A côté des noms connus de Nanini, Carissimi, Zaccariis, du Mont, Nivers (représenté par deux magnifiques motets pour voix seule), on a vu reparaître Antheaume, Bacilly, Boyvin, Collasse, Coyssard, le Solitaire, Piroye ... complètement oubliés aujourd'hui — bien à tort — ou seulement appréciés de quelques érudits.
A côté de la collection des motets, une série de pièces d'orgue sans pédale a été publiée à l'usage des nombreuses églises ou chapelles qui ne possèdent que de petits instruments ou des harmoniums. Plus de soixante morceaux ont été offerts ainsi aux organistes ; les auteurs en sont Frescobaldi, Cabezon, J.-C. Bach, Boyvin, Chambonnières, Dandrieu, Daquin, Balbastre, J.-K.-F. Fischer, Gigault, de Grigny, Jullien, Le Bègue, Nivers, du Mont, Séjean, Siret...
Mais l'activité de la Tribune Musicale ne s'est pas arrêtée à ces genres, en somme bien connus. Elle a amorcé, sous la direction de M. Gastoué, la publication d'une série de pièces choisies des « Primitifs français » — XIIe au XVe siècle — publication dont la nécessité se faisait vivement sentir. En raison de l'importance de cette Anthologie, quelques détails ne seront pas inutiles. Le premier motet gravé a été le délicieux Perspice Christicola, canon à quatre voix égales et orgue, du XIIIe siècle ; il a été suivi du Viderunt Emmanuel, de l'école limousine (XIIe siècle), du Concordi lœtitia de Pierre de Corbeil (XIIIe siècle) dans sa forme originale, du Descende in hortum de l'école française (XIVe siècle), de la fameuse « prière de Saint Ignace » Anima Christi, mise en musique par le belge Jean Cigogne en 1415, d'un Agnus Dei à 3 voix seules, de Fleurie (1380). On voit l'intérêt exceptionnel que présente pour les artistes, les amateurs et les chefs de psallette ce choix unique de motets empruntés à une période féconde sur laquelle on n'avait, avant les travaux de M. Gastoué, que de confuses informations.
Eugène Borrel, Contribution à l’interprétation de la musique française au XVIIIe siècle, couverture et première page (Paris, Au Bureau d’édition de la Schola, 1916)
( coll. D.H.M. ) DR.
Une nouvelle branche a été créée à l'occasion de la fondation de la nouvelle Edition Mutuelle, celle de la musique instrumentale ancienne. Déjà les voies avaient été préparées, dans le sens de la pratique, par les deux ouvrages du signataire de ces lignes : Contribution à l'interprétation de la musique française au XVIIIe siècle (les ornements, la réalisation de la basse chiffrée). La suite logique était la publication de textes originaux ; elle a commencé par des pièces de violon (Concerto de Tartini, morceaux divers de Rebel, Albinoni, Pasqualli, la « Chasse » de Leclair, etc.) et de piano (pièces de Marpurg, Marcello, Eberlin, Woltph, etc.) Des pièces pour violoncelle, des chœurs inédits sont sous presse.
Telle est la « somme » du travail accompli rue Saint-Jacques. Si nous avons, dans ce résumé, insisté un peu plus sur le rôle de l'édition, c'est qu'il est facile de se rendre compte ici même, par l'examen des programmes, que le concert et l'édition ont constamment marché de pair. D'autre part, la révélation en concert d'une belle œuvre, si foudroyante soit-elle, ne dure que l'espace d'un éclair si l'édition n'intervient aussitôt pour fixer le souvenir de l'audition et aider à la diffusion dans le public.
D'après cela, on peut dire que, dans tout ce qui touche à la musique ancienne, la Schola a bien mérité de tous les amis de l'Art.E. BORREL (1927)
2 Notons en passant la part importante prise par A. Guilmant et V. d'Indy à la grande édition des œuvres de Rameau chez l'éditeur Durand.3 Il y a lieu d'ajouter à cette liste la Messe en ré de Beethoven : bien que n'appartenant pas à l'époque qui nous occupe ici, son importance dans l'histoire de la musique religieuse et l'évolution de l'oratorio est telle, qu'on ne saurait la passer sous silence.
Eugène BORREL
repères chronologiques et éléments biographiques
* 3 mai 1850, Villesiscle (Aude) : naissance de Jules-Gérard Borrel, fils de Jean-Baptiste Borrel (1820-1870), instituteur et directeur de l'école communale de Villasavary (Aude), originaire d'Alairac (Aude), et de Marie Teisseyre. Un frère aîné l'a précédé en 1845, Vincent Borrel, né le 28 décembre à Rouffiac (Aude). Il prendra la succession de son père à l'école de Villasavary et tiendra l'harmonium de l'église du village, avant de décéder en 1927.
* 26 août 1875, Libourne (Gironde) : entré dans administration des Postes, Télégraphes et Téléphones et alors en poste dans cette ville, Jules-Gérard Borrel y épouse Bénita Weiss y Ortiz, de nationalité Argentine, née le 8 janvier 1852 à Concepcion del Uruguay (Argentine).
* 22 août 1876, Libourne : naissance d'Eugène-Marie-Valentin Borrel, fils des précédents. Une sœur cadette le suivra.
* Début des années 1880, Paris : son père, fonctionnaire, est muté à l’Administration centrale des Postes, où en 1886 on le trouve rédacteur au Cabinet du Ministre. Il habite alors avec sa famille 22 rue Guilleminot, dans le quatorzième arrondissement. On le connaît comme auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels un Guide pratique aux emplois de surnuméraire, de commis auxiliaire, de dames télégraphistes et téléphonistes, ou d'employées dans les services administratifs, à la Caisse d'épargne postale... (Paris, l'auteur, 1884, 2 volumes), un ouvrage sur Les recettes simples, conseils aux aides et aux receveuses des Postes et des Télégraphes (Paris, l'auteur, 1886) et une Mappemonde synoptique des Postes et Télégraphes (Paris, Imp. de Erhard, 1881)
* Octobre 1888, Paris : après avoir travaillé le violon en cours particuliers avec Charles et Léopold Dancla, il est admis au Conservatoire National Supérieur de Musique, dans la classe de violon préparatoire de Jules Garcin, par ailleurs premier chef à l'orchestre de l'Opéra de Paris.
* 6 juillet 1889, Paris : à l'issu de sa première année d'études, reçoit une 3ème médaille de violon, avec le 28ème Concerto de Viotti, décernée par le jury composé de : Ambroise Thomas, Ernest Altès, Charles Dancla, Eugène Sauzay, Jean-Pierre Maurin, Madier de Montjau, Léon Desjardins, Léon Gastinel et Jean-Grégoire Pénavaire.
* 1889-1899, Smyrne (Turquie) : Jules-Gérard Borrel est nommé directeur de la Poste française à Smyrne, deuxième grand port du pays (aujourd'hui Izmir), où il va résider avec sa famille durant une dizaine d'années. Il y sera président de la Société Française de Secours (1892) et du Comité de l'Alliance Française (1893). Eugène suit son père, doit abandonner ses études au Conservatoire et termine ses études classiques dans la ville turque, au Collège français du Sacré-Coeur (dit de la Propagande) tenu par les Lazaristes et situé rue Franque. Elles sont couronnées par ses deux baccalauréats ès lettres et ès sciences, passées à l'Ecole française d'Athènes. Son père lui permet alors un premier voyage à travers la Grèce continentale et les îles, prélude à d'autres séjours en Orient. Il est immédiatement captivé par la beauté de la culture orientale : « La splendeur de l’Orient avait avivé en lui l'amour des belles choses. Séduit par le charme des mélodies orientales et possédant à fond le grec ancien et les langues du pays. Eugène Borrel étudia les musiques byzantine, arménienne et turque, et exécuta des travaux dont il prépare la publication, et qui ont attiré sur lui l'attention de l'érudit Bourgault-Ducoudray. » [Emile Risacher]. Son père, Jules-Gérard Borrel, est lui-même quelque peu artiste : membre de la Société artistique des P.T.T., dont il sera vice-président en 1909, il expose à Paris, à l'exposition du Salon des Postes, en 1903 des marines, et en 1904 une toile intitulée Marais du Lycus, ainsi commentée par un critique d'art : « M. J.G. Borrel a vécu onze ans en Orient. Il en a rapporté des impressions colorées, traitées par petites touches consciencieuses qui ne manque pas de saveur. »
De ses années passées en Grèce et en Orient on devra plus tard à Eugène Borrel plusieurs études remarquables :
- « La musique turque », Revue de musicologie III, 1922 (pp. 149-161).
- « Mélodies israélites recueillies à Salonique », Revue de musicologie, 1924 (pp. 164-168).
- « Contribution à la bibliographie de la musique turque au XXe siècle », Revue des études islamiques, II/4, 1928 (pp. 513-527).
- « Sur la musique secrète des tributs turques Alévi », Revue des études islamiques, VIII/2, 1934 (pp. 241-250).
- « La confrérie d'Ahi Baba à Tchankiri », Revue des études islamiques, X/3, 1936 (pp. 309-332).
- « La musique arabe au XIIIe siècle », Le Monde musical, 30 avril 1939, p. 120.
- « Les poètes Kizil Bach et leur musique », Revue des études islamiques, XV/1, 1947 (pp. 157-190).
- « Les gammes byzantines et la Commission de Constantinople en 1881 », Revue de musicologie, tome 32, 1950, n° 93/94 (pp. 1-7).
* 1895, Toulouse : rentré en France, Eugène Borrel complète ses études par une année de mathématiques spéciales au Lycée de Toulouse, puis se présente à St-Cyr et à Polytechnique où il est déclaré admissible. Mais, la musique et plus spécialement le violon qu'il n'a jamais abandonné, est restée « sa passion dominante » et décide d'entreprendre une carrière musicale en reprenant des études musicales. Durant les vacances, tant que ses parents séjournent à Smyrne, il les passe chez eux.
Cette même année, il fait la connaissance à Smyrne du Capitaine au long cours Pierre Bigand-Kaire (1847-1924), ami de Léon Bloy et futur dédicataire de son roman autobiographique La Femme pauvre (1897). Par son intermédiaire, Eugène Borrel deviendra à son tour un grand ami de l'écrivain qu'il va fréquenter assidûment. [voir « Un ami de Léon Bloy, le dédicataire de La Femme pauvre », par René Martineau, in Mercure de France, 15 juillet 1933, pp. 351-363]. Léon Bloy dédiera à Borrel ses Histoires désobligeantes (1ère édition, 1914, Crès) et à Eugénie Nun, future Mme Eugène Borrel, il lui dédicacera en 1908 son livre Belluaires et Prochers (Paris, Stock, 1905) : « à mon amie Eugénie Nun. Porcher des contemporains illustres, Belluaire de quelques grandes âmes, Léon Bloy. Circoncission 1908. »
* 1898, Boulogne-Billancourt : ne pouvant entrer dans les classes de violon du Conservatoire, la nouvelle réglementation de 1892 l'en empêchant (limite d'âge), il intègre l'Ecole de Musique Classique de Niedermeyer, alors située depuis deux années 9 boulevard d'Auteuil à Boulogne-Billancourt, près Paris. Il y suit les classes d’harmonie, fugue et contrepoint de Gustave Lefèvre, ainsi que celles de violon de Paul Viardot et d'orgue de Clément Loret. Il reçoit également des leçons particulières de violon auprès de Guillaume Rémy, le successeur en 1896 de Jules Garcin au Conservatoire de Paris.
* 28 mars 1901, Paris Ve : la 3e séance musicale donnée par les élèves dans la salle des fêtes de l'Ecole Niedermeyer obtient un vif succès, notamment grâce à Eugène Borrel qui « s'est surpassé dans la Sonate en ré de Raff et la Chaconne de Bach, pièces pour violon. »
* Décembre 1902, Paris : au cours de la matinée musicale de Mme Postel-Vinay, Eugène Borrel (violon), en compagnie de Marguerite Jacquard (piano) et M. Gauthier (violoncelle) exécute une Sonate de Schumann et un Trio de Rubinstein.
* Décembre 1902, Paris VIIIe, 4 rue de Miromesnil : réception en soirée chez le docteur et Mme Paul Valentin, avec, entre autres artistes, « l'excellent violoniste Borrel ».
* 1903, Paris, ancien Hôtel des Bénedictins, 209 rue Saint-Jacques : sorti de l'Ecole Niedermeyer, il entre à la Schola Cantorum. Là, il obtient à la fin du 1er trimestre 1905 un diplôme de chant grégorien, 2e degré (mention Très bien) dans la classe d'Amédée Gastoué, tout comme Félix Raugel qui décroche la même récompense. Ces deux écoles de musique avaient alors pour principes : le retour à la tradition grégorienne pour l’exécution du plain-chant, la remise à l'honneur de la musique palestrinienne, la création d'une musique religieuse moderne adaptées aux traditions des deux principes précédents, et l'amélioration du répertoire des organistes respectueuse de la liturgie.
* 1903 : quelque peu lié avec le Docteur Paul Valentin, spécialiste des maladies nerveuses et mentales, et son épouse née Geneviève Robert (fille du Colonel Louis Robert, chef de cabinet du Maréchal Mac-Mahon, Président de la République), laquelle, sous le pseudonyme de Geneviève Lanzy, est l'auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels Aux Pays jaunes, impressions d'Extrême-Orient [Paris, Ollendorf, 1901], ce praticien lui confie la rubrique musicale dans la revue mensuelle d'études psychologiques La Vie normale, qu'il fonde et dont le 1er numéro paraît en juin 1903. Mais, en 1907, il est déclaré en faillite ; la publication s'arrête en mars.
* 27 avril 1903, Paris, concert annuel de Mme Saillard-Dietz, pianiste, dans la salle du journal Le Monde artiste, avec le concours de Mlle Dudlay, de la Comédie-Française, Mme Marie Mockel et M. Charles Morel, le violoniste E. Borrel et le violoncelliste Henri Choinet. Au programme, entre autres œuvres, plusieurs de Mlle Alice Sauvrezis et de Charles Tournemire.
* Juin 1903, Paris, soirée musicale et littéraire chez le docteur et Mme Paul Valentin. Parmi les œuvres au programme : « variations, par le violoniste E. Borrel. »
* 2 février 1904, Paris, Cercle militaire : concert avec en ouverture un Quatuor de Haendel exécuté par Eugène Borrel (violon), Antoine Million (flûte), Gérard Hekking (violoncelle) et Mlle Alice Sauvrezis (piano).
* 6 février 1904, Paris, réception chez le docteur et Mme Paul Valentin : « On a beaucoup fêté M. Eugène Borrel, l'excellent violoniste, et Mlle Olga Landau, l'exquise cantatrice russe. » [Le Figaro, 8 février 1904]
* 1905-1909, Paris : élève de composition de Vincent d'Indy à la Schola Cantorum, aux côtés de Félix Raugel. C'est dans cette école qu'il rencontre sa future épouse, Eugénie Nun, élève également de composition de d'Indy à la même époque. Elle y enseigne l'harmonie et le contrepoint entre 1905 et 1918.
* 26 janvier 1905, Paris, 71 rue du Faubourg-Saint-Honoré : soirée chez le docteur Paul Valentin, avec une causerie d'Eugène Borrel sur « l'école française dans le mouvement musical » et audition d’œuvres de Florent Schmitt et de Maurice Le Boucher par Mlle Marie Lasne, Mme Courbatère, MM. Feuillard et Tordo et « l'excellent pianiste » Ferdinand Motte-Lacroix.
* 28 mars 1905, Paris, Cercle militaire : dernière matinée-concert avec en ouverture Choral et Menuet de Mlle Alice Sauvrezis pour quatuor à cordes par Marguerite Augérias, Marguerite Laurent, Eugène Borrel et Philippe Jurgensen.
* Mai 1905, Paris VIIe, 6 place du Palais-Bourbon : fondation de la « Société de paléologie française », sous le patronage de plusieurs personnalités, parmi lesquelles figure Eugène Borrel. Elle a pour but de faciliter les recherches nécessitées par les travaux des érudits, d'organiser des conférences, des expositions, de créer un dépôt d'archives d'archives et un bulletin, et de développer en France le goût des sciences et des arts du passé.
* 1906 : à cette époque, durant ses études musicales, Eugène Borrel est déjà violoniste à l'orchestre Concerts Colonne [Le Monde artiste , 22 juillet 1906, p. 350]
* 1908, Paris : Fondation de la « Société Haendel », avec un orchestre et un chœur, par Eugène Borrel et Félix Raugel ; Camille Saint-Saëns en est le président d'honneur, le comité artistique étant formé de Gabriel Fauré, Alexandre Guilmant, Vincent d'Indy, Charles-Marie Widor, et le comité d'honneur de Camille Bellaigue, Arthur Coquard, Henry Expert et Romain Rolland. Cette institution, qui ne se cantonnera pas dans l’exécution exclusive des œuvres de Haendel, donnera également des productions d’œuvres vocales, instrumentales et chorales des maîtres des écoles française, allemande, italienne, espagnole et hollandaise des 16e, 17e et 18e siècles. Mais, elle ne survivra pas à la guerre et cessera ses activités en 1914, après 6 années d'exercice au cours desquelles elle fit entendre plus de 150 œuvres anciennes.
* 22 janvier 1908, Paris, Schola Cantorum : concert de musique ancienne à deux violons et piano par Eugène Borrel, Claudius Jenck [qui, combattant dans les Vosges, mourra pour la France le 28 août 1914] et Mlle Nun [future Mme Borrel], avec le concours de MM. Hernoult et Poré. Au programme : Sonate en sol mineur (Haendel), Sonate en ut majeur (J.-S. Bach), L'Apothéopse de Corelli (Couperin), Concert pour quatre violons (Léonardo Léo), Adagio en mi mineur (Ph.-Em . Bach), Sonate en sol majeur (J.-S. Bach).
* 31 mai 1908, Paris, chez Eugène Borrel IIe, 4 place de la Bourse : audition des élèves d'Ermend Bonnal, avec son concours d'E. Bonnal et celui d'Eugène Borrel (violon). Au programme des œuvres de Beethoven, Franck, Massenet, Delibes, Saint-Saëns et Tournemire.
* 30 janvier 1909, Paris IXe, Salle de l'Union, 14 rue de Trévise : premier concert de la « Société Haendel » avec au programme des œuvres de Buxtehude, Provenzale, Rameau, Scarlatti, Schütz et la première audition intégrale de l'Anthem for the Foundling Hospital, pour soli, choeurs et orchestre, de Haendel, avec le concours de Éléonore Blanc, Blanche Lucas, Thérèse Bossa, Rodolphe Plamondon et Alexandre Guilmant (orgue).
* 30 mars 1909, Paris, Salle de l'Union, « Société Haendel » : oeuvres de Buxtehude, Clérambault, Frescobaldi, Haendel, Schütz, avec le concours de Mme Lemno (contralto), M. Tremblay (basse), M. Puyans (flûtiste), Joseph Bonnet (orgue), sous la direction de Rhené Baton.
* 27 avril 1909, Paris, Salle de l'Union, « Société Haendel » : avec le concours de la Société « Les Chanteurs de la Renaissance » d'Henry Expert. Au programme : des œuvres de Costeley, Jannequin, Le Jeune, Passereau, Frescobaldi et Haendel, précédées d'une causerie par Henry Expert, et avec le concours de l'organiste Henri Libert (direction : F. Raugel).
* 25 mai 1909, Paris, « Société Haendel » : 5e Concert de la Société Haendel - Fondée par MM. E. Borrel et F. Raugel, et sous l'impulsion de M. Romain Rolland qui s'efforce d'élargir le répertoire de la musique classique en remontant vers le passé, la Société Haendel a pour but de faire mieux connaître Haendel. Le vieux maître n'est point aussi répandu, en France, qu'on se plaît à le croire. Ce sont toujours les mêmes oratorios qu'on exécute, une fois par an, sans souci de pénétrer la beauté des autres, aussi convient-il de louer l'effort accompli par la Société Haendel ; il est aussi nécessaire que l'effort dont les musiciens sont redevables aux diverses Sociétés J. S. Bach.
Notons, d'ailleurs, que la Société Haendel ne se contente pas seulement de populariser, chez nous, les œuvres innombrables de ce maître. Elle recherche et exécute aussi les œuvres de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Ceci dit on ne doit donc point s'étonner de voir figurer au programme d'avant-hier, les noms d'Arcangelo Corelli, Zweelinck, J. B. Martini, Caspar Kerl. Ils voisinent dignement avec le grand nom d'Hændel.
L'intérêt capital du concert réside naturellement dans première audition en France d'importants d'importants de Héraklès. Le sujet de l’œuvre, nous dit M. Romain Rolland, « est la mort d'Hercule, d'aprés une œuvre de Thomas Broughton ; le libretto s'inspire des Trachiniennes de Sophocle. Chacun des trois actes est un petit drame, à lui tout seul. Le premier acte est le retour d'Hercule que son peuple croyait perdu et dont il pleurait déjà la mort. Le second est consacré à la jalousie de Déjanire, - la jalousie sans raison, d'autant plus furieuse, - la folie Sacrée, envoyée par les dieux pour perdre le héros. Le troisième, de beaucoup le plus important au point de vue dramatique, est la mort et la transfiguration d'Hercule. La partition renferme d'admirables beautés, notamment l'air d'Iole, la captive, dont Hercule a tué le père, le roi Eurythée, et le Prélude et choeur du 3e acte. Héraklès « est un des sommets de l'art Haendelien, un des types les plus accomplis de ces grandes épopées dramatiques, auxquelles on a tort d’appliquer le nom conventionnel d'Oratorio. » Son titre exact est, d'ailleurs, Hercule, A musica drama.
Mme Maurice Gallet, traductrice de l'oeuvre, Mme Povla Frisch et M. Louis Froelich furent les interprètes applaudis de la musique d'Haendel et sous la direction nerveuse et convaincue de M. Félix Raugel, les choeurs et l'orchestre de la Société se comportèrent avec vaillance. Enfin MM. Eugène Borrel, Henri Choinet, Mme Lachaud-Godefroy et M. Ermend Bonnal obtinrent un succès mérité en exécutant parfaitement le Concerto VIII de Corelli dont le grave et l'adagio sont de toute beauté et la délicieuse Canzona, en sol mineur, de Caspar Kerl. A la Société Hændel, on fait de l'art et du meilleur. » Louis Vuillemin [in Comoedia, 28 mai 1909]
* 16 février 1910, Paris, « Société Haendel » : Ouverture de l'oratorio Les Pélerins au tombeau de notre Sauveur de J.-A. Hasse (1ère audition en France), un choeur extrait de l'opéra Olimpiade du même compositeur (1ère audition en France), Concerto en sol mineur pour orgue de Haendel (orgue : Charles Quef), Air de Kaleb et un choeur de Josué (extraits de l'oratorio Joshua) de Haendel, Prélude du 3e acte et Air du sommeil de Sémélé (extraits de l'opéra Sémélé) de Haendel, un choeur extrait de l'oratorio Solomon de Haendel, Exauce-moi (concert spirituel à 2 voix) de H. Schütz, Sonate pour violon et piano de W. Rust (Eugène Borrel et Louis Tricon), Histoire de Jésus au Temple de Schütz, pour soli, choeurs et orchestre ( 1ère audition en France), cantate Gott hilf mir de Buxtehude, pour soli, choeurs et orchestre (continuo réalisé à l'orgue par Louis Tricon). Orchestre et choeurs de la Société Haendel, sous la direction de Félix Raugel.
* 1er mars 1910, église paroissiale de Saint-Aubin (Aisne), jour de la fête patronale, concert spirituel organisé par la « Société Haendel » : œuvres de Schütz, Bach, Haendel, Clérambault, Du Mont et César Franck, avec le concours d'Alphonse Renault (maître de chapelle de N.D. de Paris), Arthur Lynch (violoncelliste), Fernand Maignien (harpiste de l'Opéra), Borrel et Raugel, et des mélodies grégoriennes « chantées avec goût et talent par un choeur de jeunes filles de la paroisse. »
* 16 mars 1910, Paris, « Société Haendel » : Sonate pour deux hautbois et basson, La Fête d'Alexandre (ode à la musique), des fragments de la Passion, et audition intégrale des Sept Paroles de Schütz.
* 20 avril 1910, Paris, Salle de l'Union, « Société Haendel » : œuvres de Clérambault, Couperin, Monteclair, Leonardo Leo, Rameau, Mouret, Haendel par Jane Arger, M. Monys, Paul Viardot, F. Luquin, Fr. Schneider, E. Borrel, H. Coinet, Fosse, H. Libert.
* 23 avril 1910, Paris, Palais du Trocadéro, Société Haendel , au profit des inondés de la Seine, première audition intégrale du Messie avec l’orchestration originale de Haendel, sous la direction de Félix Raugel, avec le concours de Mme Mellot-Joubert (soprano), Mme Marthe Philip (contralto), Rodolphe Plamandon (ténor, récitatifs), G. Mary (basse), des choeurs de la Schola Cantorum, des Chanteurs de la Renaissance, des Chanteurs de Saint-Pierre de Besançon, à l'orgue Alexandre Guilmant et au clavecin Achille Philip (450 exécutants). « Vincent d'Indy, donnant un bel exemple de confraternité artistique, avait voulu prendre place parmi l'orchestre, comme simple timbalier. » [Roman Rolland]. Le succès de cette audition est tel que la Société Haendel la redonne à deux reprises.
René Martineau, dans son ouvrage Léon Bloy, souvenirs d'un ami (Paris, Librairie de France, 1931), nous livre quelques éléments sur cette audition (pp.84-85) : Une autre fois, je le [Léon Bloy] vis, non sans inquiétude, se rendre à une audition intégrale du Messie, de Haendel, donnée au Trocadéro. La séance était organisée par Raugel et Borrel. Deux amis de Bloy, que celui-ci aurait eu peur de contrister en ne répondant pas à l'invitation qu'ils lui avaient faite. Et je craignais que cette audition longue et un peu théâtrale ne lui fut fastidieuse. Son impression fut immense et favorable à ce point qu'il voulut assister à une seconde représentation, quinze jours plus tard. Je le vis à la sortie et nous pûmes causer pendant une heure: « Mon ami, me dit-il, j'ai suivi tout cela avec une émotion qui croissait sans cesse à mesure que se déroulait pour moi ce poème merveilleux. J'ai pleuré à divers passages. J'ai applaudi ces excellents artistes. Je n'ai pas fait plus d'efforts pour comprendre Haendel que je n'en faisais autrefois en écoutant la voix de crécelle de mon pauvre Villiers, quand il s'accompagnait sur son piano misérable. »
L'entrée de Madeleine Bloy à la Schola Cantorum, dans la classe de violon, les relations qui s'ensuivirent avec le maître Vincent d'Indy,entretinrent chez Léon Bloy ces bonnes dispositions. Sa studieuse fille nous faisait, de temps à autre, constater ses progrès. A côté de Ricardo Vines, nous entendions aussi le violoniste Eugène Borrel.* Début mai 1910, Paris, Salle Fémina : matinée artistique de charité organisée par Mlle Jane de Pressach, avec, entre autres artistes, Eugène Borrel (violon), Henri Choinet (violoncelle), Lilly Laskine (harpe), J. Altchewsky (ténor) et les choeurs de la « Société Haendel ».
* 11 mai 1910, Paris, Palais du Trocadéro, « Société Haendel » , 2e audition du Messie, avec les mêmes formations et le concours de Mme Mellot-Joubert, Mme Marthe Philip, MM. G. Paulet et G. Mary, ainsi qu' Alexandre Guilmant qui exécute entre la première et la deuxième partie de l'oratorio le Concerto en fa de Haendel.
* 1er juin 1910, Paris, Palais du Trocadéro, « Société Haendel » , 3e audition du Messie, avec Mme Mellot-Joubert (soprano), Mme Marthe Philip (contralto), G. Paulet (ténor), G. Mary (basse), Eugène Borrel (violon solo), Henri Choinet (violoncelle solo), Yvain (trompette solo), A. Guilmant (orgue) et Achille Philip (clavecin), et les mêmes formations chorales et orchestrale des exécutions précédentes.
* 1910, Paris : pour la première fois en France, la Société Haendel donne la suite pour orchestre Water music.
* Novembre 1910, Paris, « Société Haendel » : concert pour la fête de Sainte-Cécile, avec l'Ode à Sainte-Cécile et des fragments de l'Allegro e il Pensieroso de Haendel, un concerto pour harpe, des Noëls pour orgue de Nicolas Lebègue.
* 22 novembre 1910, Paris Ier, église Saint-Eustache : exécution du Te Deum de Dettingen par les choeurs et l'orchestre de la « Société Haendel ».
* 25 novembre 1910, Paris XXème, église Notre-Dame de la Croix : inauguration du « nouvel orgue d'accompagnement, érigé dans la nef, en vue de favoriser le chant de tous les fidèles, de les intéresser aux offices et de rehausser ainsi l'éclat des solennités religieuse », construit par Mutin, avec le concours de l'organiste Eugène Gigout, M. et Mme Achille Philip (de la Schola), M. Mary (des Concerts Colonne), Eugène Borrel (violon), Félix Raugel (alors maître de chapelle de cette église depuis 1906), le cours d'ensemble de Mlle A. Lefèvre et la « Société Haendel ». Oeuvres pour orgue de Bach, Boëllmann et Gigout, ainsi que le Largo pour violon et orgue de J.M. Leclerc (Gigout et Borrel), le Concerto en ré mineur pour orgue et orchestre (Gigout et l'orchestre de la Société Haendel dirigée par Raugel)....
* 20 décembre 1910, Paris, Salle de l'Union, 14 rue de Trévise : concert de la « Société Haendel ».
* 24 décembre 1910, Paris Ier, église Saint-Eustache : à la Messe de Minuit les choeurs et l'orchestre de la « Société Haendel » se font entendre, sous la direction d'Ermend Bonnal : Adagio de Nardini (violon), Adeste fideles de Th. Dubois, des fragments du Messie de Haendel.
* 25 décembre 1910, Paris Ier, église Saint-Eustache : id. à la Messe de Noël (9h30) avec la Messe de C. Franck, et aux Vêpres et Salut : Ave verum de Josquin des Prés, Salve Virgo (plain-chant du XIVe siècle), Tu es Petrus de Mendelssohn, Adeste fideles de Th. Dubois, Tantum ergo de J.S. Bach, et choeur (Et la gloire du Dieu créateur) du Messie de Haendel.
* 1911, Paris : nommé professeur d'une classe de violon 1er degré à la Schola Cantorum, en remplacement de Louis Claveau, par ailleurs 1er violon à l'Opéra-Comique. « M. Borrel inaugure un nouveau cours de violon hommes. Nous ne ferons pas ici l'éloge du violoniste solo des Concerts Haendel. Tout Paris a pu apprécier l'artiste doublé du technicien qu'est notre vaillant ami. » [Les Tablettes de la Schola, octobre 1911, p. 2]. Armand Parent, depuis une année, tient la classe de violon supérieur et Jeanne Ibos, depuis 1902, une autre classe de violon 1er degré. Il y enseignera dans cette école le violon et par la suite l'histoire de la musique jusqu'en 1934, puis partira professer à l'Ecole supérieure de musique César Franck. Née d'une scission d'avec la Schola, à la suite de la succession de Vincent d'Indy, celle-ci bénéficia de l'enseignement de la presque totalité des professeurs partis de la Schola. A ses côtés figuraient notamment Louis de Serres, Guy de Lioncourt, Marcel Labey, Michel d'Argoeuvres, Edouard Souberbielle, Louis Vierne, Amédée Gastoué, Albert Bertelin....
* 1911 : parution [musique imprimée] de la transcription pour voix (soprano) avec accompagnement de piano et violoncelle obligé de "Mon âme croyante tressaille et chante", extrait de la Cantate de la Pentecôte Also hat Gott di Welt geliebt, BWV 68, de J.-S. Bach. Traduction française de Mme Henriette Fuchs (Paris, Durand, collection « Airs classiques avec accompagnement de piano », 2e série n° 22)
La Tribune de Saint-Gervais, revue mensuelle de la Schola Cantorum fondée en 1895, exemple d’une couverture
( coll. D.H.M. ) DR* Janvier 1911 : est chargé de la rubrique « Chronique des Grands Concerts », précédemment tenue par Albert Groz, dans l'hebdomadaire La Tribune de Saint-Gervais, la revue musicologique de la Schola Cantorum, fondée en 1895 par Charles Bordes, Alexandre Guilmant et Vincent d'Indy. Il tiendra cette rubrique jusqu'à la disparition de la revue en 1929.
* 7 février 1911, Paris, Salle de l'Union, 14 rue de Trévise : œuvres de Haendel, Locatelli et Schütz, avec le concours des choeurs et de l'orchestre de la « Société Haendel », Mmes Delly Friedland et Caponsacchi-Jeisler, Mlles de Stoecklin et Malnory, et MM. Besse de la Rominguière et Louis Andlauer.
* 14 mars 1911, Paris, Salle de l'Union, 14 rue de Trévise, « Société Haendel » : Ouverture de Polymnie de Rameau, Sonate pour deux hautbois et basson de Haendel, Air de Castor et Pollux de Rameau, audition intégrale de La Fête d'Alexandre de Haendel, pour soli, choeurs, orchestre et orgue, de Haendel.
* Mars 1911, Paris, salon de Mme Valli : audition d'oeuvres vocales et instrumentales de Louise Filliaux-Tiger, interprétées par l'auteur au piano, ainsi que Lily Laskine (harpe), Mlle Coye, Mme Quéroy-Gagé, et MM. Eugène Borrel, F. Gervais et R. Quétin.
* 6 mai 1911, Paris, Palais du Trocadéro : festival au profit du « Cercle National pour le Soldat de Paris », fondé en 1909 par René Thorel. Parmi les œuvres données : première audition de la cantate La Gloire de Camille Saint-Saëns, avec le concours de MM. Murator et Dangès, les choeurs de la « Société Haendel », les choeurs du 119e Régiment d'infanterie et la Musique de la Garde républicaine.
* 12-15 juin 1911, Paris : 2e Congrès parisien et régional de chant liturgique et de musique d'église. Eugène Borrel est l'un des promoteurs (trésorier), aux côtés d'Amédée Gastoué (directeur), Félix Raugel (secrétaire), Amédée de Vallombrosa (secrétaire adjoint), Pierre Drées, Joseph Bonnet et l'abbé Renault. La présidence est assurée par dom Pothier, abbé de Saint-Wandrille, assisté de deux assesseurs : le chanoine René Moissenet (Dijon) et le chanoine Perruchot (Monaco) ; parmi les membres d'honneur et du Comité de patronage figurent Eugène Gigout, Théodore Dubois, Maurice Emmanuel, Gabriel Fauré, Vincent d'Indy, Fernand de La Tombelle, Adolphe Marty, Henri Libert, Léon Saint-Réquier, Camille Saint-Saëns, Charles Tournemire, Louis Vierne. Les cérémonies religieuses sont organisées à Saint-Eustache, Saint-Gervais et Notre-Dame, et les communications et leçons pratiques d'ensemble grégorien à l'Institut catholique, avec le concours de plusieurs maîtrises. Le Cardinal Luçon, archevêque de Reims résume parfaitement le sens d'orientation et le but de ce Congrès en citant les témoignages de Saint-Augustin dans ses Confessions parlant du chant sacré dans la sainte liturgie : « Quantum flevi in hymnis et canticis tuis suave sonantis Ecclesiae tuae vicibus commotus acriter ! Voces illae influebant auribus meis..., et exaestuabat inde affectus pietatis, et currebant lacrymae et bene mihi erat cum eis. » (Combien j'ai pleuré à tes hymnes et tes cantiques, profondément ému des voix de ton Eglise au chant si suave ! Ces voix coulaient à mon oreille..., et enflammaient de telle sorte les affections pieuses, que les larmes couraient, et il m'était bon d'être avec elles.)
* Juin 1911, Paris VIIIe, Salle Gaveau, rue de la Boétie, « Société Haendel » : concert avec l'oratorio Saül (230 exécutants sous la direction de F. Raugel).
* Octobre 1911, Paris : Eugène Borrel est membre du Comité (coadjuteur du directeur) de la société de musiciens amateurs et pratiquants « La Symphonie classique », fondée en 1907. Président : M. Dubois, directeur : Marc de Ranse. Parmi les autres membres du Comité : Vincent d'Indy et Louis Vierne. Réunions tous les mercredis soirs au 221 boulevard Pereire, Paris XVIIe. [in Les Tablettes de la Schola, octobre 1911, p.2]
* 22 novembre 1911, Paris Ier, église Saint-Eustache, « Société Haendel » : concert à l'occasion du centenaire de Liszt : Te Deum de Dettingen, exécution intégrale.
* 25 novembre 1911, Paris, Cours Sauvrezis, 82 rue de Paris : inauguration par Paul Landormy des Conférences d'histoire de la musique, dispensées tous les samedis dans cette école d'art élémentaire et supérieure. Consacrées à la musique française, des origines jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, elles sont données par Mmes Mellot-Joubert, Jane Arger, Hardy-Verneuil, Jane Goupil et Mary, MM. Snell, G. Mary, Ch. Sautelet, et un quatuor instrumental formé de MM. Borrel, Jenck, Massis et Gervais.
* 6 décembre 1911, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : « Dans le second concert, les actifs Directeurs de la Société Haendel on continué de satisfaire à leur artistique manie de premières auditions : ils ont exhumé de ravissants Trios d'orchestre de Sammartini et de Stamitz, et M. Borrel qui a découvert tout un lot inconnu de concerts anciens, pour instruments à cordes, en a donné un exemple dans l'Introduzione teatrale n° 10, de Locatelli, vrai petit concerto de violon, musical, d'un charme prenant et plein d'effets originaux, dus aux divisions et à de réelles trouvailles d'orchestration dans le quatuor d’accompagnement. Mme Arger [cantatrice], aidée de MM. De Bruyn [viole de gambe], Lafleurance [flûte] et de Mlle M. Delcourt – dont le clavecin ravit le public – [E. Borel (violon) et M. Fossé (hautbois] donna, avec la supériorité d'interprétation qu'on lui connaît, des cantates françaises du XVIIIe siècle. » [La Tribune de Saint-Gervais, février 1913, p. 48]
* Noël 1911, Paris Ier, église Saint-Eustache, concert spirituel organisé par Eugène Borrel et Félix Raugel : Fantaisie sur deux Noëls pour grand-orgue, Rhapsodie sur des Noëls pour grand-orgue de Camille Saint-Saëns (Joseph Bonnet), Psaume XLIXe (XVIe s.) choeur, Largo pour violon et orgue de Locatelli (Eugène Borrel, violon-solo de la Société Haendel, Joseph Bonnet, orgue), Trio de l'Oratorio de Noël de Saint-Saëns, O mysterium ineffabile de Clérambault, chanté par G. Mary, Et la Gloire du Dieu créateur, choeur du Messie de Haendel.
* Janvier 1912, Paris : au 44e dîner mensuel de l'association « Les Catholiques des Beaux-Arts », audition donnée par Eugène Borrel (violon), Marcel Grandjany (harpe) et André Lermyte (piano) : Prélude (piano) de Rachmaninov, Le jardin mouillé (harpe) de J. de La Presle, Sonate (violon) de Louis Aubert et 2e Arabesque (harpe) de Debussy.
* 28 février 1912, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : exécution intégrale du Messie, avec Mmes Mellot-Joubert, Vallin et Philip, MM. Rodolphe Plamondon et G. Mary, Joseph Bonnet (orgue), sous la direction de F. Raugel.
* 15 mars 1912, Paris, Bibliothèque de l'Opéra : séance de la Société Internationale de Musique, avec une audition d’œuvres du XVIe siècle par un quatuor formé de MM. Raugel, Borrel, Chédécal et Gervais.
* 27 mars 1912, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : « Au dernier concert enfin, la pièce de résistance était le Stabat de Pergolèse, écrasé d'ailleurs par des fragments sublimes de Didon et Enée, de Purcell, chantés par Mlle Sichler. M. Motte-Lacroix exécuta, de façon hors pair, des pièces de Louis Couperin, de Bencini, de Frescobaldi et de Scarlatti. » [La Tribune de Saint-Gervais, février 1913, p. 48]
* 8 mai 1912, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : exécution de l'oratorio Judas Macchabée.
* Juillet 1912, Paris : 1er concert de la chorale de l' « Association des Enfants de la Seine », fondée par la compositrice Louise Filliaux-Tiger. Au programme des Mélodies populaires recueillies et harmonisées par Julien Tiersot, des pièces de L. Filliaux-Tiger, le Coucou de Daquin..., avec le concours de L. Combrisson (hautboïste), Mme de la Bonnellière, Mme Georgiade (de l'Opéra d'Odessa), ainsi qu'Eugène Borrel et Félix Raugel.
* 6 décembre 1912, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : Le Messie, avec Mmes Mellot-Joubert et Marthe Philip, MM. Plamondon et Mary, ainsi que Joseph Bonnet (orgue) ; au total 200 exécutants.
* 19 décembre 1912, Paris, Ecole des Hautes-Etudes : conférence « Comment exécuter la musique de Haendel » par Félix Raugel, Eugène Borrel et Georges Mary.
* 24 janvier 1913 et 7 février 1913, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : concerts aux desquels on peut entendre en 1ère audition des œuvres de Hasse, Steffani, Vivaldi et Graupner.
* 5 mars 1913, Paris, Athénée-Saint-Germain (actuel Théâtre du Vieux-Colombier) : concert de la « Société César Franck », sous la direction de Mlle Pouradier-Duteil, qui interprète un Psaume de Liszt, un choeur du Saint-Sébastien de Debussy, le Psaume CL de Franck, et, en pièce principale, la légende symphonique Praxinoé de Louis Vierne (2ème audition), avec, parmi les solistes, Eugène Borrel (violon) et Louis Ruyssen (violoncelle).
* Mars 1913, Paris, Salle Gaveau, « Société Haendel » : Te Deum de Dettingen et Antienne du Couronnement (1ère audition) de Haendel, Sinfonia sacra de Schütz.
* 24 mars 1913, Paris Ier, église Saint-Eustache : participation des choeurs de la « Société Haendel » aux célébrations religieuses de Pâques (messe de 11 heures et Vêpres à 16h.), en collaboration avec la Maîtrise de Saint-Eustache et les Chanteuses de Sainte-Cécile, ainsi que Félix Raudel (maître de chapelle de cette église), Joseph Bonnet (orgue), Eugène Borrel (violon), F. Gervais et un quatuor vocal formé par Mmes Malnory et Philip, MM. Arnaldez et Ary. Parmi les œuvres interprétées : Messe solennelle de Louis Vierne, Chorals de Brahms, Benedictus de Max Reger, Adagio de Corelli (violon et orgue), Ave verum de Josquin des Prés, Tu es Petrus de Perruchot et le choeur final du Te Deum de Haendel...
* 17 avril 1913, Paris, Palais du Trocadéro : concert pour « L'Oeuvre de la Bouchée de Pain de Dieppe » organisé par Mme Mounet-Sully, avec la participation de l'orchestre de la « Société Haendel », la Musique de la Garde républicaine et Joseph Bonnet (orgue).
* Mai 1913 : article « La Musique d'église et l'antiphonaire Vatican », in La Revue critique des idées et des livres, n° 122, 10 mai 1913 (pp. 291-298).
* 29 mai 1913, Paris Ier, église Saint-Eustache, à 16h. : fête solennelle du Très-Saint-Sacrement célébrée sous le patronage de la Comtesse d'Eu à l'occasion de la prochaine bénédiction de la nouvelle église Sainte-Cécile de Paris, avec le concours des Choeurs et Orchestre de la « Société Haendel » dirigés par Félix Raugel.
* Juin 1913, Paris Ier, église Saint-Eustache : à partir de cette date les répétitions grégoriennes publiques des « Chanteuses de Sainte-Cécile », dirigées par Mlle Lefèvre, auront lieu dans cette église, le lundi à 17h et « sont ouvertes à tous, messieurs, dames, enfants, qui voudraient y prendre part. » Eugène Borrel et Félix Raugel sont chargées de cette répétition d'ensemble.
* Juin 1913, Paris Ier, Eglise Saint-Eustache. : « Monsieur le Curé de Saint-Eustache a autorisé nos amis F. Raugel et E. Borrel à réunir sous leur direction tous les mardis, à 5 heures et demie, à St-Eustache (Chapelle des Catéchismes), les personnes qui désirent étudier le chant grégorien et prendre part au chant pendant les Offices. Qu'on se le dise ! » [in Tablettes de la Schola, n° 1 de novembre 1913, p. 8 et également n° 8 de juin 1913, p. 140]
* 3 décembre 1913, Paris, salle des fêtes 26 avenue de Saxe : soirée de charité avec un concert comportant des œuvres de César Franck et d'Henri Duparc, interprétées par Eugène Borrel, Georges Mary et Mlle Malnory, précédé d'une conférence d'Amédée Gastoué sur les Noëls du XVe siècle.
* Décembre 1913 : article « L'Opéra ancien en Italie et en France », in La Revue critique des idées et des livres, n° 137, 25 décembre 1913 (pp. 672-681).
* Décembre 1913 : mariage avec Eugénie Nun, professeur d'harmonie et de contrepoint à la Schola.
* Noël 1913, Paris Ier, église Saint-Eustache : aux Fêtes de Noël le programme musical est organisé avec la participation de Félix Raugel et Eugène Borrel ; œuvres de Palestrina, Vittoria, Roland de Lassus, J.-S. Bach, Liszt, C. Franck, Charles Bordes, Guilmant.
* 1914 : parution de Contribution à l'interprétation de la musique française au XVIIIe siècle (Paris, Au Bureau d'Edition de la Schola, 1914, 61 p.)
* Juin 1914, Cinquième Congrès de la Société Internationale de Musique, du 1er au 10 juin : « vendredi 5 juin 1914, à 9 heures du soir, un grand concert vocal et instrumental fut donné — avec le plus grand succès — par la Schola de Saint-Louis sous la direction de notre ami MM. de Ranse, avec le concours de M. Joseph Boulnois, organiste de Saint-Louis d'Antin et du Quatuor Borrel. (M. E. Borrel, 1er violon, Mlle Cattaert, 2e violon, M. de Renaucourt, alto, M. Gervais, violoncelle). Le programme ne comportait que des oeuvres des maîtres musiciens de la Renaissance française et organistes étrangers de la fin du XVIe siècle : Fugue en sol mineur, G. Frescobaldi ; Sanctus de la messe « A l'ombre d'un buysonet » , E. Genet ; Allons, gay,gay, gay, bergères (Noël), G. Costeley ; Villageoise de Gascogne, Cl. Lejeune ; Pièces instrumentales de Cl. Gervaise : Bransles, a) courant, b) de Champagne, c) simple ; 1ère et 9e Fantaisies de E. du Caurroy ; Mignonne, allons voir si la rose, G. Costeley ; Pavane, Thoinot-Arbeau ; Le Chant du Rossignol, première audition, Janequin-Lejeune ; Tristitia obsedit me, Cl. Lejeune ; Cantilena anglica Fortunae (pour orgue), S. Scheidt ; Ave verum, Josquin des Prés ; Descende in hortum, A. de Févin ; Ave Maria, Josquin des Prés ; Vingtième fantaisie, E. de Caurroy ; Deuxième fantaisie, Cl. Lejeune ; Puisque ce beau mois, G. Costeley ; Au verd boys, C. Janequin ; Ce mois de mai, C. Janequin ; Hau, Hau, le boys, C. de Sermisy ; Fantaisie en ré mineur, Swelinck. Cette réunion, intéressante par le choix de ces œuvres admirables, fut malheureusement troublée par le sabotage « conscient et organisé » de quelques professionnels choristes, et par l'émotion vraiment trop grande du second violon. » Georges Berruyer [in la Tribune de Saint-Gervais, juillet-août 1914]
* 12 octobre 1914, Paris Ve, 7 rue Dante : ouverture du Collège d'Hulst, établissement catholique d'enseignement supérieur et secondaire, placé sous le patronage de plusieurs personnalités, dont le recteur de l'Institut catholique, de l’archiprêtre de Notre-Dame de Paris, ainsi que « Eugène Borrel, professeur à la Schola Cantorum et l'Ecole Niedermeyer ». Parmi les autres personnalités, on trouve Oscar Havard, publiciste et écrivain catholique, aïeul de l'auteur de ces lignes. [in La Semaine religieuse de Paris, n° 3155 du samedi 27 juin 1914, p. 990 et in Bulletin de l'Institut catholique de Paris, année 1914, p. 143]. Cet établissement qui existe encore de nos jours est maintenant situé dans le septième arrondissement, 21 rue de Varennes.
* 1914-1918 : officier interprète dans le corps expéditionnaire d'Orient en raison de sa connaissance des langues arabes, grecque et turque, il participe activement aux combats de la Grande-Guerre. Le 9 mars 1916, il est cité à l'ordre de la 2e Brigade : « territorial affecté à sa demande aux formations de l'avant, a fait [preuve durant] toute la campagne des Dardanelles [avril 1915 à janvier 1916] d'un courage calme et exemplaire sous le bombardement, s'est toujours parfaitement acquitté des missions qui lui ont été confiées. » et reçoit la Croix de Guerre. Après une maladie, il repart sur le front serbe, puis, nommé sous-lieutenant, est affecté à l'Etat-Major de la région de Paris. En 1918, alors en poste à Salonique, il recueille quatre mélodies juives, de texte judéo-espagnol, qu'il publie dans la Revue de musicologie (de novembre 1924). « Ces curieuses mélodies, dont l'une, paraît-il, offre une curieuse parenté avec certains airs grégoriens, sont de date inconnue, mais transmises depuis fort longtemps dans les familles. Elles méritent d'être sauvées, car le nombre des gens qui les savent diminue de jour en jour. » A cette publication, il ajoute une chanson que lui avait dictée en 1900, à Smyrne, le musicien israélite Santo Chikiar, chanson de forme mélodique turque sur un rythme à sept temps.
* 1920, Paris : à cette époque, il est le maître de choeur et directeur de la « Confrérie liturgique » qui dispense des répétitions de grégorien et l'étude du solfège, 15 rue Oudinot à Paris VIIe, et assure la partie musicale de certains offices. Cette Confrérie, fondée en 1912 par un Père bénédictin, est « ouverte à ceux, hommes et dames, qui veulent non pas seulement apprendre le chant grégorien, mais, pour les grandes fêtes de l'Eglise tout au moins, chanter en entier l'office divin. »
* Janvier 1920, Paris VIIe : Eugène Borrel est nommé maître de chapelle de Saint-François-Xavier, choisissant pour second et comme organiste de choeur Amédée de Vallombrosa ; Adolphe Marty est alors titulaire du grand-orgue. Dans cette église, il va continuer les traditions grégoriennes, palestriniennes et « de bon art moderne » instaurées par ses prédécesseurs, Pierre Drées et le chanoine Lazare Perruchot. « Il serait injuste de ne pas mettre ici en pleine lumière le nom de M. Eugène Borrel, dont l'ardent et pieux dévouement à la diffusion du chant grégorien est connu de tous et qui apporte un zèle infatigable à la direction des chants de la Confrérie. » [in La Vie et les arts liturgiques, n° 62, février 1920, p. 182]. Mais, il démissionne peu après, laissant la place à Dieudonné Guiglaris.
* 30 mai 1920, Paris XVIIe, église Saint-François-de-Sales : réunion grégorienne avec un « office, de pur plain-chant » chanté par 300 voix, sous la direction de dom Gabriel Beyssac (o.s.b.), avec au grand-orgue Marcel Dupé et à l'orgue d'accompagnement Mme Eugène Borrel.
* Juin 1920 : parution [musique imprimée] du motet Ave Maris stella (1700) harmonisé par Eugène Borrel, in La Tribune musicale, n° 24 de juin 1920, revue mensuelle fondée en 1914 de musique religieuse vocale et d'orgue sans pédale ou d'harmonium (Au Bureau d'Edition de la Schola)
* Juillet 1920 : article « La réalisation de la basse chiffrée dans les œuvres de l'école française au XVIIIe siècle », in La Tribune de Saint-Gervais, numéros de juillet-aôut 1920, pp. 169-186 avec tiré-à-part, 20 p. (ParisAu Bureau d'Edition de la Schola) et in Revue de musicologie, octobre 1920, pp. 66-70.
* Novembre 1920 : articles « La musique chez les Catholiques des Beaux-Arts » [association professionnelle comprenant une section de musiciens], in La Tribune de Saint-Gervais (novembre 1920) et « Règles d'adaptation des médiantes et finales de la psalmodie », in La Tribune musicale (novembre 1920).
* 1920 : parution [musique imprimée] du motet pour la fête de Saint-Joseph O quam Verandus d'Antheaume (1770), réalisation de la basse chiffrée par Eugène Borrel (Au Bureau d'Edition de la Schola).
* 1921 : parution [musique imprimée] du Concerto I, pour violon et piano, de Francesco Germiniani (1687-1762), avec réduction de la partition et réalisation de la basse chiffrée (Paris, M. Sénart, collection « La musique de chambre », 1ère année, n° 1, 1er semestre 1921).
* 1921 : parution [musique imprimée] du 12e Concerto RV 265, mi majeur, extrait de l'Estro Armonico, op. 3, de Vivaldi, réduction pour violon et piano, réalisation de la partition et réalisation de la basse chiffrée par Eugène Borrel (Paris, M. Sénart, collection « La musique de chambre », 1ère année, n° 1, 1er semestre 1921). Réédition en 1949 par Salabert (Paris, New York, collection « Edition nationale de musique classique », n° 5319.)
* 1921 : adhère à la Société Française de Musicologie, fondée en 1917 par Lionel de la Laurencie (1861-1933), Jacques Prod'homme, Elie Poirée et Julien Tiersot. Membre du conseil dès 1927, il sera élu secrétaire général en 1935. A partir de 1922, on trouve sa signature dans les premières numéros de la Revue de musicologie, l'organe de cette Société.
* Février 1921 : article « La question de la polyphonie en Orient », in La Tribune de Saint-Gervais, numéro de févier 1921.
* 12 avril 1921, Paris, grand amphithéâtre de la Sorbonne : dans la série des conférences-auditions donnée par « Le Cercle musical universitaire », conférence d'André Pirro sur « les clavecinistes français du XVIe au XVIIIe siècle », accompagnée de l'exécution de divers morceaux par M. Dalliès (harpe), Paul Brunold (clavecin), un groupe d'instrumentistes du Cercle musical sous la direction de Félix Raugel, et les chœurs de la « Chorale universitaire » dirigées par Eugène Borrel.
* 1921-1931 : parution en 11 volumes de l'Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire, Albert Lavignac (fondateur), Lionel de la Laurencie (directeur), Paris, Delagrave. Deux sujets sont traités par Eugène Borrel : « La forme musicale de la Messe » et « Les formes de l'oratorio ».
* 1922 : parution d'une série d’accompagnements pour les principales fêtes, sous le titre général Accompagnements grégoriens, chaque fascicule renfermant la Messe et les Vêpres d'une fête (Paris, Procure générale de musique religieuse). « M. Borrel a écrit des accompagnements simples et pratiques, ce qui n'exclut nullement leur caractère artistique ; sa transcription n'a pas dessein de reproduire les valeurs précises des notes : c'est au chanteur de le faire, et l'organiste doit les suivre. »
[in La Tribune de Saint-Gervais, mars 1922]
* 1922 : nommé chef de choeur de la « Chorale universitaire » de Paris, Henry Expert en étant le directeur artistique et Henri Lichtenberger, professeur à la Sorbonne, le président. Fondée en 1918 par Henry Expert, qui en assure la direction, assistée de Mme Rhené Bâton (née Melno) chargée de faire travailler les choristes, sous le haut patronage du recteur de l'Académie de Paris, cette société chorale, ayant pour but de « propager le goût de la musique vocale d'ensemble dans la jeunesse intellectuelle », était ouverte aux étudiants des grandes écoles, professeurs, et à leurs frères et sœurs. Son répertoire comportait des pièces de la Renaissance française, des chœurs de Bach, Haendel, Rameau, et des œuvres modernes de Berlioz, Wagner, Franck. Les répétitions se déroulaient tous les vendredis dans l'amphithéâtre Descartes de la Sorbonne. Périclitant au cours des années trente, cette chorale fut refondée en 1938 sous la direction de Jean Vuillermoz, puis, après la guerre sous celle du violoniste Jean Gitton (1915-?) qui la porta à bout de bras durant plusieurs années sous sa nouvelle appellation de « Chorale de l'Université de Paris ».
Parmi les œuvres au répertoire de la « Chorale universitaire » figure l'Histoire de Grégoire, recueil de 8 airs tirés de la Bibliothèque Nationale par Eugène Borrel et édités par ses soins en 1925 (à 2 voix, sauf indication contraire) : I. Pour boire à ta santé, II. Vive Bacchus, vive Grégoire, III. Grégoire en son chemin, IV. Grangosier disait à Grégoire, V. Grégoire, et bien Grégoire, VI. Vous avez bien connu feu Grégoire, VII. Grégoire est mort, il a grand tort (1 v.), VIII, Nous que Bacchus gouverne (3 v.). En 1927, l'Histoire de Grégoire fait l'objet d'un article de son crû dans la Revue de musicologie (mai 1927, pp. 92-97).
* Février 1922 : parution [musique imprimée ] du Psaume XVI « Exaudi Domine justitiam meam » (1 voix ou unisson) de Henri Dumont, réalisation par Eugène Borrel, in La Tribune musicale, numéro de février 1922.
* Février 1922 : article « Comment relier harmonieusement les morceaux à chanter », in La Tribune musicale, numéro de février 1922.
* Mars 1922 : article « Petite précis d'histoire de la musique d'église », in La Tribune musicale, numéros de mars 1922 et suivants.
* Mai 1923, Paris, Schola Cantorum, concert de musique ancienne par Eugène Borrel : Th. Lindenlaub, dans le quotidien Le Temps du 22 mai 1923, rapporte : « signalons surtout, pour la rareté et pour l'exemple, le concert donné à la Schola Cantorum par un de ses professeurs, M. Eugène Borrel. Cet artiste, dans toute la force du terme, a tenu à composer son programme d'oeuvres inédites ou peu connues de maîtres italiens du violon, Tartini, Geminiani, Vivaldi et du Français Aubert. M. E. Borrel a été chercher à la Bibliothèque nationale et au Conservatoire ces pages oubliées ; il les a reconstituées et les a le premier remises en lumière dans son concert. Il doit être grandement remercié pour le service qu'il a rendu ainsi au répertoire du violon. »
Quant à Maurice Brillant, dans le quotidien Le Correspondant du 25 mai 1913, il relate cette audition en ces termes « Vers, le même temps que M. Koussevitzky nous offrait ces musiques modernes, nous avions à la Schola plusieurs « premières auditions » de musique ancienne. Toute une séance était consacrée à « l'ancien concert de violon » (fin du dix-septième siècle et première partie du dix-huitième siècle). M. Eugène Borrel, professeur à la Schola, grand érudit et homme de goût, après avoir déterré et en tous cas revisé, collationné, remis en leur état primitif plusieurs de ces œuvres, les jouait lui-même avec un petit orchestre à cordes que dirigeait M. Vincent d'Indy. (Le continuo était réalisé au piano par Mlle Piédelièvre). C'était, pour moi du moins, une très agréable illustration des deux ouvrages dont j'ai parlé récemment le petit livre, si aimable et si riche, de M. Pincherle ; le gros volume [Les violonistes, compositeurs et virtuoses], plein d'idées, bourré de faits, de M. Lionel de la Laurencie [L'Ecole française de violon de Lully à Viotti]. On pourrait disserter à perte de vue sur ce concert et voluptueusement étaler toute la pédanterie du monde. Par bonheur, je manque de place. Et je me contenterai de noter une impression : après le concerto grosso en sol mineur de l'illustre aïeul Corelli (publié en 1712), après deux concertos de Tartini, un de Geminiani, après l'admirable concerto en la mineur de Vivaldi, après tous ces nobles Italiens, on passait brusquement à deux Français : or on avait l'impression très nette de changer de pays. Excellente démonstration à l'usage des amateurs qui pensent que la musique ancienne est partout la même à une même époque et que le « nationalisme musical », cher à M. Jean Aubry, est de date récente. Notez que Jacques Aubert (1683-1753), musicien délicat, charmant et raffiné, non point homme de génie, imite Vivaldi et, le premier, introduit en France les concertos italiens; il n'en reste pas moins de son pays et de sa race ; il n'est pas besoin de s'échauffer la cervelle pour apercevoir clairement dans son œuvre un reflet de la société qui l'entoure et cette volupté particulière, cette sensualité artistique (ne le prenez pas en un mauvais sens...), qui, avec le souci intellectuel et « l'esprit », est la marque de notre musique ; j'ajoute que l'influence de nos vieilles danses et de nos chansons, sinon dans les thèmes, au moins dans le tour et dans le parfum musical, me paraît tout aussi indéniable. Quant à J.-M. Leclair (1697-1764), qui lui succédait, c'est l'une de nos gloires les plus sûres, et on le connaît assez. Je suis bien reconnaissant à M. Borrel non seulement du plaisir qu'il m'a donné, mais de m'avoir fait faire cette petite comparaison sans nouveauté. »
* Novembre 1922 : article « Du rit galican », in La Tribune musicale, numéro de novembre 1922.
* Décembre 1922 : article « Du rit mozarabe », in La Tribune musicale, numéro 54 de décembre 1922.
* 16 décembre 1922, Paris, Schola Cantorum : concert par Eugène Borrel.
* 9 Mai 1923, Paris, Schola Cantorum, concert de violon par Eugène Borrel : « Un peu plus de musique classique pour ce début de mai, mais pas moins d'auditions, et il devient impossible d'accorder à tant d’exécutants la place qu'ils méritent. M. Eugène Borrel donna, au cours d'un récital, sept concertos anciens de violon. M. Borrel a le double médite de ressusciter quelques pages injustement oubliées oubliées Tartini et d'Aubert, et de les traduire dans un style d'une concision remarquable et d'une grande sûreté d'expression. On eut le plaisir de passer en sa compagnie une soirée qui nous reposa de bien d'autres. L'orchestre était conduit avec autorité par le maître Vincent d'Indy. [in Journal des débats politiques et littéraires, 16 mai 1923]
* 26 janvier 1924, Paris, Schola Cantorum : « Concert donné par M. E. Borrel. Séance d'artistiques résurrections. M. Borrel, musicien de race et violoniste expert, a réuni de la plus heureuse façon les maîtres italiens et français du XVIIIe siècle en un attrayant programme. D'une part, Vivaldi, Tartini, Locatelli ; de l'autre, Leclair, Guillemain, Couperin, Mondonville. Concertos, sonates, chasses aux sonneries évocatrices, furent remarquablement exécutés par M. et Mme Borrel, celle-ci occupant le piano. Vif succès qui encouragera, n'en doutons point, ces deux vrais artistes à nous donner une prochaine séance non moins intéressante que celle-ci. » article signé R. B [in Le Ménestrel, 8 février 1924, p. 60]
* 20 février 1924, Paris, T.S.F., Ecole supérieure des P.T.T. (longueur d'ondes 450 mètres), 20h45, sixième mercredi musical organisé par Etienne Royer : notice sur le piano-forte par Paul Brunold, claveciniste et organiste du grand-orgue de l'église Saint-Gervais, audition d'oeuvres de Hüllmandel, Méhul, Mozart, Johann Schobert, A.-L. Couperin, avec le concours de Mme S. Dropsy (cantatrice, Eugène Borrel (violon) et Paul Brunold (clavecin).
* Mars 1924, Paris : « A la Schola, M. Eugène Borrel nous a donné son concert annuel. Séance toujours curieuse pour les amateurs de musiques anciennes et rares. Excellent violoniste et remarquable professeur, M. Borrel est en même temps, comme on le sait. un charmant érudit qui fait chaque année de belles moissons dans la poussière (puisque poussière il y a) des bibliothèques. Charitable, il nous les présente ensuite comme en un musée rangé avec goût et fait revivre pour nous ces jolies choses qu'injustement on croyait mortes. Ainsi, rencontre piquante, les « premières auditions » abondent dans ces concerts en quelque sorte historiques. Si j'en avais la place, je parlerais parlerais tel brillant concerto du grand Vivaldi, qu'il nous a révélé ; de ces fragments nombreux qu'il extrait avec bonheur d'une sonate oubliée, dont le reste n'a pas à ses yeux un intérêt suffisant. Mais, puisqu'il faut se borner, j'en viens à ce qui fut pour moi, et pour d'autres, la merveille et la révélation de cette soirée, les scherzi musicali de Monteverdi. On m'excusera, je pense, de ne les avoir connues, jusqu'à ce jour, que par les historiens de la musique, puisqu'ils n'ont jamais été réédités. Publiés en 1607, composés à partir de 1599, au retour d'un voyage en Flandre, où Monteverdi avait pu étudier les œuvres récentes de l'école française, les scherzi ont subi nettement l'influence de cette musique mesurée à l'antique, que pratiquaient alors de grands compositeurs comme Claude Lejeune ou Jacques Mauduit groupés autour de Baïf Cette liberté rythmique, d'ailleurs très ordonnée (qui scandalisait le pédant Artusi et lui faisait dire que Monteverdi ne connaissait rien à la mesure), est aujourd'hui encore fort sensible et donne un charme tout moderne à ces poèmes d'une étonnante fraîcheur. Ce sont quinze mélodies, en forme strophique, écrites pour trois voix (deux sopranos et une basse) et trois instruments (deux violons et une basse : le chitarrone, – sorte d'archiluth, – où le clavecin était remplacé à la Schola par le piano de Mme Borrel) ; les préludes et les ritournelles instrumentales qui séparent les strophes ont un assez grand développement, insistent sur l'idée musicale et entourent le chant d'un halo délicieux presque toujours, la mélodie comporte un solo (écrit ordinairement pour soprano, il a été chanté presque toujours par Mme Raunay). Nous en avons entendu six, qui ont pu nous donner une idée assez complète de la variété du style – tour à tour noble, grave, joyeux ou tendrement, crépusculairement mélancolique, – de sa souplesse, de sa fine et pénétrante poésie et, pour tout dire, de sa vivante humanité. On pensait invinciblement à nos lieder modernes, à Debussy, à Fauré ; Monteverdi n'est-il pas leur prédécesseur : avec des moyens très différents, c'est la même émotion musicale et, répétons-le, c'est de l'éternelle humanité. Musicien prodigieux qui, après trois siècles, demeure si proche de nous et nous peut ainsi émouvoir. Et ces scherzi ne sont, chez lui, qu'un ouvrage secondaire. Que de trésors ignorés. Ajoutons que l'exécution a été remarquable. Mme Jeanne Raunay, avec une voix sûre et impeccable, une voix chaude, pleine et savoureuse, a chanté en grande artiste et en artiste parfaitement intelligente elle nous a fait comprendre cette musique ; ce qui vaut mieux encore, elle l'a fait vivre de sa vie mystérieuse et profonde. » Maurice Brillant [in Le Correspondant, 25 mars 1925]
* 20 mai 1924, Paris, T.S.F., Ecole supérieure des P.T.T. (longueur d'ondes 450 mètres), 21 h. : concert donné avec le concours de la Chorale Universitaire, sous la direction d'Eugène Borrel. Au programme : le plus ancien canon connu, extrait par Amédée Gastoué d'un manuscrit Roman du Renard (1280) ; Canon de Mondonville ; O Regina, choeur extrait du Cantional de Franus (deuxième audition en France) ; Amen (Dresde) ; Du fond de ma pensée, choral de Roland de Lassus ; Mignonne, allons voir si la rose de Costeley ; Vulnerasti de Bouzignac ; Où êtes-vous allé mes belles amourettes (brunette du XVIIIe siècle) ; Lison, dormez, chanson du XVIIIe siècle (Dezède) ; Air des roses de La Damnation de Faust de Berlioz; Sérénade française de Léoncavallo ; Chant russe de Lalo ; Arlequin de Popper ; Le Poète fantaisiste de Jo Ginestou ; Deuxième Trio de Mendelssohn ; Pastorale languedocienne de Georges Pupès ; Sérénade d’avril d'Ad. Gauwin ; Rondel du cœur de Thérèse Wittmann.
* 7 Mars 1925, Paris : « On sait que M. Eugène Borrel a le rare mérite de composer excellemment ses programmes. Ce hardi violoniste est l’explorateur de tout un monde inconnu, ou du moins oublié. L'armée dernière, nous en parlions ici même, évoquant les Chasses en musique qui, après avoir fait fureur au XVIIIe siècle, remportaient encore un si vif succès au concert de M. Borrel. Nous les avons réentendues, cette fois accompagnées de morceaux des anciennes Ecoles française, italienne, allemande. Je retiendrai surtout le Prélude (sonate IV, livre II) de Ferry Rebel, où il y a tant d'élégante gravité, une noblesse la plus fine ; puis la Gavotte (sonate V, livre V) de Jacques Aubert, exquise et légère avec ses ornements simples et gracieux.
L’intérêt véritable de la soirée allait à ces Scherzi Musicali du grand Monteverdi, dont M. Borrel nous présentait six sur quinze. On se rappelle les détails que nous fournit l'érudition. Le maître crémonais avait quelque trente-deux ans lorsqu'il composa ce recueil de pièces à trois voix (2 soprani et basse) accompagnées de ritournelles instrumentales à trois parties (qui seront ici deux violons et le piano). Monteverdi venait d'accompagner son maître, le duc de Mantoue, aux eaux de Spa. Il s'inspire des Français entendus en pays wallon. Il s'imprègne de notre musique mesurée, abandonne un temps ces recherches qui émaillent audacieusement l'harmonie des Madrigaux, et le rythme devient sa préoccupation dans ces courts morceaux à forme strophique.
Mais il faut subir un tel enchantement que ne remplace aucun commentaire. Il y a, ici, le souvenir brillant de l'art ouvragé ouvragé de la Renaissance, mais avec une merveilleuse souplesse rythmique, où nul effort ne transparaît. Cette Damigella, cette Clori Amorosa, dont la liberté effarait le pédant Artusi, nous en avons aimé la jeunesse triomphante, l'éclat frais et ardent. Et la Lidia spina del mio core, avec sa déploration si harmonieuse, son profond solo de la basse, atteint déjà splendidement à la grandeur antique, la sérénité du Monteverdi créateur du drame moderne. Remercions donc M. Borrel et son excellent entourage : au trio vocal – Mme Jeanne Rauuay en tête, Mme Manoukian, M. Louis Brochard, – nulle défaillance dans l'épanouissement de ces branches flexibles, une noblesse de style qui laissait intacte l’éternelle beauté de ces chefs-d'oeuvre. » André George [in Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, n° 128 du samedi 14 mars 1925]
* 1927 : début de sa collaboration à La Petite Maîtrise, la « revue mensuelle de musique religieuse conforme au Motu proprio de S.S. Pie X ». Directeur-fondateur (en 1911) : chanoine J. Marty, président du comité artistique : Vincent d'Indy, rédacteur en chef : A. Trotot-Dériot. Cesse de paraître lors de la seconde guerre. Les premières lignes de Borrel, sous le titre général de « Propos d'un grincheux » (n° 172, novembre 1927), sont le prélude à une série de 8 autres articles placés sous le même thème : le respect et la défense en stricte conformité des prescriptions et des désirs exprimés par Pie X dans son Motu proprio sur la musique sacrée, donné, en la fête de sainte Cécile, le 22 novembre 1903. On trouve plus tard d'autres articles de son crû toujours bien documentés et fouillés, entre autres : « Quelques textes français du XVIIIe siècle sur la musique religieuse » (1ère partie, n° 254, juillet 1934), « J.J. Rousseau précurseur du Motu Proprio » (n° 284, janvier 1937)... A partir de 1936, il tient en outre les importantes rubriques « Bibliographie » et « A travers les revues ».
* 1927 : collabore, aux côtés de Vincent d'Indy, René de Castéra, Pierre de Bréville, Louis Vierne, Auguste Sérieyx, Jean de La Laurencie, Guy de Lioncourt, Michel d'Argoeuvres et Amédée Gastoué à la rédaction de l'ouvrage La Schola Cantorum en 1925 (284 pages) publié en 1927 à la Librairie Bloud et Gay, 3 rue Garancière, Paris. Rédige le chapitre « La Schola et la restauration de la musique ancienne » (pp. 133-138).
* Février 1927 : article « Légitimité du vibrato », in Le Monde musical, 28 février 1927, p. 54.
* 30 mai 1927, Paris, La Sorbonne : concert de la « Chorale universitaire » de Paris, sous la direction d'Eugène Borrel. Auditions d’œuvres des vieux maîtres de l'art du chant, des contrapuntistes aux clavecinistes, de Mauduit, Schütz, Purcell, des Couperin, avec le concours de Mmes Mairy et Sulzer, de MM. F. Capoulade et P. Brunold (clavecin), la participation des musicologues Bouvet, Henri Dupré et A. Tessiere, et une conférence d'Eugène Borrel sur l'histoire anecdotiques du Franc-buveur Grégoire qui obtient un vif succès (voir supra, 1922).
* Septembre 1927 : article « La technique du violon en France au XVIIIe siècle », in Le Monde musical, 30 septembre 1927, pp. 312-314 et numéros des 31 janvier et 28 février 1929, pp. 55-58 (dans l'Ecole italienne du XVIIIe siècle), du 31 janvier 1932, pp. 9-11, du 29 février 1932 (pp. 51-52), du 30avril 1932 (pp. 140-141), du 30 juin 1932 (pp. 202-203)...
* Décembre 1927, Paris : « M. Eugène Borrel, le réputé professeur de violon de la Schola Cantorum, donne chaque année une ou deux auditions dont nous avons déjà signalé tout l'intérêt. Cet érudit passionné s'est donné, on peut le dire, la mission de rechercher les œuvres oubliées de ces maîtres italiens et français dont la production fut en quelque sorte infinie. Il choisit, il déchiffre, il rend la vie à ces pages d'un passé auquel ne nous ramène pas seulement un simple dilettantisme de curiosité. Il nous convainc, pièces en main, qu'il y a dans cette masse de vieille musique et ses formes traditionnelles des modèles à ne pas ignorer. Le dernier récital de M. Borrel, aidé de plusieurs de ses élèves, ne comportait pas moins de treize premières auditions de musiciens des dix-septième et dix-huitième siècles présentés soigneusement dans l'ordre chronologique et où figuraient des œuvres inédites de Tartini et Vivaldi, dont un concerto en quatre parties pour quatre violons soli. Les amateurs de violon ancien aimeront à savoir que les œuvres retrouvées par M. Borrel sont publiées par lui au bureau d'édition de la Schola Cantorum. » Th. Lindenlaub [in Le Temps, 9 décembre 1927]
Affiche concert Eugène Borrel (violon) et Edouard Souberbielle (orgue), avec Mme Borrel au piano,
le 24 novembre 1928 à la Schola Cantorum
( coll. A. Galpérine ) DR* Mai 1928, Paris, Schola Cantorum : « Notre collaborateur [Eugène Borrel] omet précisément de se ranger parmi les protagonistes de la musique ancienne : non seulement ses programmes forment une vraie anthologie des œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles, mais sa connaissance de tous les secrets de la technique ancienne lui permet d'en donner des exécutions d'une rare valeur. La dernière séance présentait un admirable Concerto de Tartini, des duos exquis pour deux violons seuls (joués avec M. Fizet), des pièces inconnues de Leclair, Quentin, Giannotti ; elle célébrait notamment les centenaires de Lolli (1728-1802), de Pugnani (1728-1 798) — et dans la partie vocale, de Steffani (+1728) dont une magnifique cantate fut excellemment interprétée par le « Duo vocal de Londres » (Mlles Beaufort, soprano, et Christopher, contralto). Ces remarquables chanteuses révélèrent une quantité de pièces anglaises de Purcell, Dowland, Morley, où elles montrèrent des qualités de diction et de style vivement appréciées des auditeurs. Ajoutons que la délicate besogne du continuo a été réalisée à la perfection par Mmes Borrel et Swainson. » [in La Tribune de Saint-Gervais, mai 1928]
* 10 mai 1928, Paris VIe, 115 bis rue de Rennes , salle des fêtes du Collège Stanislas : matinée artistique en faveur de l’achèvement du monument national d'Hartmannswiller (Alsace), présidée par le Général Gouraud, gouverneur militaire de Paris ; Eugène Borrel (violon) et son épouse prêtent gracieusement leur concours, ainsi que Georges Cathelat (ténor) et les artistes de variétés Yvonne Gabaroche et Georges Chepfer.
* Août 1928 : article « Les indications métronomiques laissées par les auteurs français du XVIIIe siècle », in Revue de musicologie (août 1928, pp. 149-151).
* Décembre 1928, Paris : « Notre ami Borrel oublie de parler du concert que, avec Mme E. Borrel, il a donné, comme chaque hiver, pour le plus grand profit de la musique. Les « nouveautés » séculaires, — 1628, 1728, 1828 — sont, comme toujours, un moyen ingénieux et plaisant, mis en oeuvre par M. et Mme Borrel de constituer des programmes nouveaux; la comparaison des pièces écrites sur un même thème par divers grands compositeurs, l'aspect différent pris par le même sujet dans deux manières différentes de l'employer par le même maître, comme celui de la Fugue en sol mineur de Bach, que sais-je encore ? Tout cela a fourni l'occasion d'admirer une fois de plus le superbe talent de violoniste de M. Borrel, et de « réalisatrice » du clavier, de Mme Borrel. Le concours apprécié de M. Souberbielle, organiste, de MM. Guilloux et Fizet, rehaussait l'agrément et le charme de ce remarquable programme. » [in La Tribune de Saint-Gervais, janvier 1929]
* 24 novembre 1928, Paris, Schola Cantorum : concert avec orchestre, Eugène Borrel (violon), Edouard Souberbielle (orgue), avec le concours de G. Fizet (direction), H. Guilloux (violon) et Mme Borrel (continuo réalisé au piano). Œuvres de Frescobaldi, Jullien, Pachelbel, Bach, Corrette, Couperin, Vivaldi, Szarzynsky, Blavet, Gaviniès, Pugnani, Albrechtsberger, Mozart.
* 1929 : article « L'art du violon dans la musique ancienne », in Tablettes de la Schola XXVVI, 1.
* Février 1929, Paris, Bibliothèque Nationale : réduction au piano de la partie d'orchestre de La Mort d'Orphée de Berlioz : « On joue de la musique ailleurs que dans les concerts proprement dits et un amateur avisé se garde bien de l'oublier. On en peut entendre jusque dans la Bibliothèque Nationale ou plus exactement dans les salons de son conservateur. C'est ainsi que M. Roland Marcel, qui s'intéresse à toutes choses neuves et curieuses, a donné récemment devant un petit cercle d'élus la première audition d'une œuvre inédite de Berlioz. Cette Mort d'Orphée, dont le manuscrit vient d'être acquis par la Bibliothèque, était sa cantate pour le Prix de Rome, cantate déclarée « inexécutable » par le tribunal de l'Institut. Les circonstances ont fait de cette séance intime un petit exercice de déchiffrage, car on avait répété à peine et on n'avait pas eu le temps de réduire la partition, laquelle d'ailleurs ne se réduit pas aisément. Mais l'adresse de M. Eugène Borrel (qui n'est pas seulement un violoniste et un charmant érudit de la musique) y suppléa grâce à des doigts agiles et une grande intelligence artistique ; ajoutez que sur quatre Ménades la grippe en avait terrassé deux. On a pu néanmoins apprécier cette rareté. Le morceau se compose d'une évocation symphonique de la nature qu'anime le chant des oiseaux, d'un long et assez bel air de ténor, d'un chœur de Ménades qui doit être « sauvage » et qui est en effet assez convenablement agité (c'est cette partie qui découragea l'Institut), enfin d'une conclusion symphonique, impossible, dans l'état présent, à faire entendre sur un clavier. Sans la tenir pour un chef-d’œuvre, on estimera que cette cantate est un document de lui-même intéressant, et intéressant surtout pour l'histoire d'un grand musicien. On souhaite donc, ce qui au surplus ne tardera pas, qu'elle sorte de la Bibliothèque pour se faire admirer, avec le secours d'un orchestre, indispensable quand il s'agit de Berlioz, dans quelqu'un de nos concerts. » Maurice Brillant [in Le Correspondant, 25 février 1929]
« E. Borrel qui, comme on sait, est un collectionneur d'inédits, a eu la rare fortune de participer à une première audition de... Berlioz! On connaissait le titre d'une cantate, la Mort d'Orphée (1828) dont la musique était perdue. Or, sur les indications de M. Henri Expert, la Bibliothèque Nationale a pu acquérir récemment l'unique copie existante, qui porte des annotations de la main de Berlioz. M. Roland Marcel, Directeur de la Bibliothèque, a voulu présenter cette rareté à quelques musiciens et au Comité des Amis de la Bibliothèque Nationale. Comme le temps pressait, on a dû photographier le manuscrit, et c'est sur ces épreuves que le ténor solo (M. G. Jouanneau) et le choeur des Ménades ont chanté, et que M. Borrel a réduit au piano l'orchestre — déjà compliqué — de Berlioz. Cette oeuvre, où on reconnaît les influences de Gluck, de Lesueur, mais où s'annonce déjà — ab ungue leonem, — le magicien de la Symphonie fantastique, et le dramaturge de la Damnation, est des plus intéressantes, et mérite d'être donnée en première audition, avec orchestre (elle n'a jamais été jouée du vivant de Berlioz) par nos grandes Associations. » [in La Tribune de Saint-Gervais, mai 1929]
« Quand le manuscrit de la Mort d'Orphée entra à la Bibliothèque Nationale, M. Roland Marcel en voulut donner une lecture, devant un auditoire restreint ; un excellent chanteur, M. Jouanneau, si je me souviens bien, déchiffra la partie d'Orphée, et, sur la partition même, un artiste qui n'est même pas spécialement pianiste, M. Eugène Borrel, violoniste-musicologue émérite, réalisa la partie orchestrale sur le clavier. Personne ne s'arrêta en route, et tout alla sans encombre jusqu'à la fin. » Julien Tiersot [in Le Ménestrel, 29 août 1930]
* Février 1929 : article « L'interprétation de Lully d'après Rameau », in Revue de musicologie, février 1929 (pp. 17-25).
* Mars 1929 : parution [musique imprimée] : « Ces excellents musiciens que sont M. et Mme E. Borrel ont bien voulu écrire l'un des exemplaires des Accompagnements des Petites feuilles grégoriennes de la Schola. Leur genre est différent de ceux publiés dans notre numéro précédent, et laisse à découvert la mélodie, que l'on pourra reproduire sur l'orgue, seulement si besoin est. » (in La Tribune de Saint-Gervais, tome XXVI, mars 1929) : 3 Chants en l'honneur de la B. V. Marie : Tota pulchra es (prosule brigittaine), Salve Sancta Dei parens (prose parisienne) et Beate, es Virgo, pour une voix et orgue, harmonisés par Eugène et Eugénie Borrel (Paris, Schola Cantorum, collection « Accompagnement des petites feuilles grégoriennes de la Schola », n° 9).
* Mai 1929, Paris : « Concerts Borrel. — Notre collaborateur E. Borrel et Mme Eug. Borrel ont donné, avec un succès croissant, leur second concert de la saison. Cette fois, c'était avec le concours du « Duo vocal de Londres », les cantatrices Mlles Beaufort et Janet Christofer, de Louis Ruyssen, l'excellent violoncelliste, de M. Guilloux, violoniste. Un petit orchestre était sous la direction de M. Fizet. On sait que les concerts donnés par M. et Mme Borrel sont particulièrement consacrés à l'art du violon (et des cordes) aux XVIIe et XVIIIe siècles ; autant que possible ils placent au programme des pièces qui n'ont plus été réentendues depuis ce temps, choisies parmi les meilleures. De là, c'est avec l'attrait d'une « première audition » ou « réaudition », que sont présentées ces oeuvres tour à tour si brillantes ou si expressives. Dans cette soirée, deux superbes Concertos de Vivaldi, l'un en sol mineur, l'autre en sol majeur, formaient comme les colonnes qui supportaient l'ensemble, et, comme à l'habitude, les admirables mouvements lents ont ravi l'assistance. On sait comment J.-S. Bach admirait ces oeuvres, jusqu'à les adapter au grand orgue. Parmi les autres oeuvres applaudies, signalons, pour le violon, les oeuvres de l'école française, d'Elisabeth de Laguerre, Huguenet, Gossec, Leclair, Quentin le jeune, la merveilleuse fugue de Chéron ; des italiens, un adagio et un allegro de Chabrano, pour violoncelle. Les cantatrices firent valoir avec deux charmants duos de l'école anglaise de John Gaillard et de John Pollow, entendus pour la première fois à Paris, l'exquis Oh, the sweet delights, de Purcell, un superbe « scherzo » de Steffani, deux pièces spirituelles de Schutz, dont le magnifique Exultavit digne de rivaliser avec celui de Bach. Au résumé, un modèle parfait de concert, par le choix et l'enchaînement des pièces, par la maîtrise et le goût éclairé des artistes qui les présentèrent. M. et Mme Borrel et leurs partenaires méritent grandement de l'art, et peuvent être fiers de leur oeuvre. » [in La Tribune de Saint-Gervais, mai 1929, p. 93, article signé : L. G.-P.]
* Mai 1929 : article « Un cours d'interprétation de la musique de violon au XVIIIe siècle par Cambini », Revue de musicologie, mai 1929 (pp. 120-124).
Eugène Borrel, Chants pour les défunts, fragments : Antienne et début Autre Antienne (Paris, Editions musicales de la Schola Cantorum, 1929, collection “Accompagnements des Petites Feuilles grégoriennes de la Schola”, n° 10, 1929).
( coll. D.H.M. ) DR* Juin 1929 : dans une étude de Julien Tiersot sur « Vivaldi », étalée dans plusieurs numéros de la revue Le Ménestrel, l'auteur ne manque pas d'évoquer en ces termes les importants travaux musicologiques d'Eugène Borrel sur ce compositeur : « [...] Vivaldi n'a pas encore obtenu en France un succès comparable à celui de Bach, que d'ailleurs on n'y connaît guère que depuis une quarantaine d'années. L'absence L'absence de grandes œuvres lyriques ne peut pas faire espérer pour lui un prestige aussi étendu. Déjà pourtant , quelques efforts ont été tentés en faveur de sa musique pure. Ils sont d'autant plus méritoires qu'il est plus difficile de connaître les œuvres, pour la plupart inaccessibles aux exécutants, car, sauf le cas des adaptations de Bach, la musique de Vivaldi n'est plus connue que par des éditions originales, en partie séparées, qui dorment dans les rayons des bibliothèques et, depuis bientôt deux siècles, n'en ont pas été souvent dérangées. Il faut donc, si l'on veut les faire connaître, se livrer d'abord à des travaux d'exhumation qui ne sont pas toujours du goût, ni parfois de la compétence, des artistes.
Quelques-uns font heureusement exception. J'ai vu chez M. Eugène Borrel, l'excellent violoniste qui, il y a quelque vingt ans, a fondé, avec M. Félix Raugel, la Société Haendel, et qui continue à donner chaque année plusieurs concerts historiques, des partitions de Vivaldi qu'il a transcrites lui-même ; et c'est une misère de notre organisation musicale que des travaux si méritoires restent en manuscrit et ne sortent pas des mains de ceux qui ont pris la peine de les effectuer. Du moins servent-ils pour l'audition. Il n'est guère de programmes des concerts de M. Borrel qui ne contiennent quelque œuvre de Vivaldi (1) ; et précisément, pendant que j'écris cet article, le dernier annonce l'exécution d'un Concerto pour deux violons et orchestre, devenu Concerto d'orgue sous la plume de Bach : les deux formes de l’œuvre de Vivaldi, mises en regard l'une de l'autre, sont ainsi confrontées, confirmant par l'audition les observations que nous avons été amenés à faire sur la collaboration des deux maîtres. [...] »
(1) Voici les oeuvres de Vivaldi que M. Borrel a fait entendre dans ses concerts depuis 1912 : de l'Estro armonico, op. 8, les concertos 6 et 12, pour violon solo ; 8, pour 2 violons, et 10, pour 4 ; de l'op. 7, 2ème et 5me concertos du 2ème livre (violon solo) ; de l'op. 11, le n° 2, le Favorito (id.) et de l'op. 12 le n° 4 (id.). [Le Ménestrel, 7 juin 1929, p. 258]
* Juin 1929 , Paris, la revue hebdomadaire de musique Le Ménestrel annonce dans son numéro du 28 juin (p. 303) : « E. Borrel a retrouvé un Miserere de Giuseppe Tartini et le fera chanter à Paris par les Chanteurs de Saint-Gervais. » Cette œuvre est publiée la même année : motet Miserere mei, psaume à 4 et 5 voix mixtes, à 2 choeurs alternés, de Giuseppe Tartini, « remis en partition par E. Borrel » (Editions musicales de la Schola Cantorum).
* Septembre 1929 : parution [musique imprimée] dans la collection des Accompagnements des Petites feuilles grégoriennes de la Schola (voir supra, mars 1929), harmonisation pour la feuille n° 10 : Chants pour les défunts, pour une voix et orgue (Editions musicales de la Schola Cantorum).
* 30 novembre 1930, Paris, Schola Cantorum : « C'est un délice d'entendre des artistes dont la conjonction est si bien faite qu'il se dégage de leur ensemble le pouvoir même de la musique. Je vous ai déjà parlé, et à maintes reprises, des séances séances que donnèrent à la Schola Cantorum Eugène Borrel, violoniste d'une haute culture musicale, et ce jeune organiste, Edouard Souberbielle, formé lui aussi à cette belle école qui a accompli des prouesses dans l'art. Sans bruit et sans que la trompette de la renommée ait d'avance annoncé leurs exploits, ces deux musiciens d'une rare modestie ont renouvelé la tentative de l'an passé en nous révélant de la musique, sinon complètement inédite, du moins ancienne et inconnue pour la plus grande part. On connaît le travail de vrai bénédictin qu'Eugène Borrel a entrepris, en ce qui regarde ses recherches et découvertes violonistiques, en mettant à jour toute une littérature instrumentale d'une belle époque calme et méditative. A son dernier concert donné avec le concours de MM. Ruyssen et Guilloux, il nous a fait apprécier, à côté des pièces de Philidor, Senaillé, Quintin, Biber, Tartini, des productions en forme de «trio», dues aux compositeurs Leclair, Mielczewski et S. de Brossard, dont l'inspiration rayonne toujours dans le domaine de la musique pure. Seuls les vrais artistes, en faisant abnégation d'eux-mêmes, peuvent s'élever jusqu'au génie créateur ; M. Edouard Souberbielle, qui possède de remarquables dons d'organiste, se montre le magnifique exégète de Pachelbel, J.S, Bach et Mozart. On ne peut que déplorer la place minimum qu'on accorde, dans notre vie artistique, à l'orgue, et le peu de préoccupations qu'il exerce sur nos compositeurs actuels. Cependant, il n'existe pas d'instrument musical qui offre des ressources expressives par la richesse infinie d'accouplement, de timbres ; l'orgue règne en monarque absolu, et seul l'orchestre peut lui être comparé. Mais si la faveur dont jouissait jadis l'orgue se trouve être quelque peu détournée de nos jours, il existe néanmoins une tradition de l'interprétation de certaines oeuvres anciennes, et la meilleure est toujours conservée en France, par affiliation directe des écoles de Guilmant, de César Franck, qui formèrent cette belle pléiade d'organistes français et qui recueillirent les fruits incomparables d'un enseignement sans égal. A leur tour, ces jeunes artistes sont devenus des maîtres, et parmi ceux qui se sont révélés interprètes complets de l'orgue, il faut réserver une place à part à M. Edouard Souberbielle qui, dès son premier contact avec le public, s'est affirmé un des plus remarquables de sa génération et un fidèle continuateur d'une tradition séculaire d'un art qui appartient en propre à l'école française. » Stan Golestan [in Le Figaro, dimanche 23 novembre 1930]
* 1931 : parution [musique imprimée] du Concerto III de Jacques Aubert (1689-1753), pour violon et piano, avec réduction de la partie d'orchestre et réalisation de la basse chiffrées par Eugène Borrel (Paris, M. Sénart, 1931).
* février 1931 : article « Quelques anciens textes français sur le clavecin », in Le Monde musical, 30 février 1931, p. 40
* février 1931 : article « L'interprétation de l'ancien récitatif français », in Revue de musicologie, février 1931, pp. 13-21.
* avril 1931 : article « Analyse de la Sonate en sol majeur de J.-S. Bach », in Le Monde la musique, 30 avril 1931, p. 128.
* novembre 1931 : article « Les notes inégales dans l'ancienne musique française », in Revue de musicologie, novembre 1931, pp. 78-89.
* 25 décembre 1932 : est nommé capitaine de réserve interprète ; il est alors domicilié 99 rue du Cherche-Midi à Paris.
* 1933 : article « Un paradoxe musical au XVIIIe siècle », in Mélanges de musicologie offerts à Lionel de La Laurencie (Paris, pp. 217-221).
Signature autographe d’Eugène Borrel, 1934 * 23 octobre 1934, Paris : réception dans l'ordre de la Légion d'honneur, au grade de chevalier, par Marc Pincherle.
* 1934 : parution de L’interprétation de la musique française de Lully à la Révolution (Paris, librairie Félix Alcan, VII-234 p.), réédition en 1975 (Paris, Editions d'Aujourd'hui, collection « Les introuvables »)
* Février 1934 : article « Anciens textes français sur la viole », Le Monde musical, 28 février 1934, pp. 54-56.
* 1935 : parution [musique imprimée] d'une Chanson à quatre voix : Triste me sens m'amour, ma mye [sans accomp.], musique d'Eugène Borrel, paroles de G. de Calvé de Jardin (Paris, Les Editions de Paris)
* 1935 : parution [musique imprimée] d'une Esquisse pour piano, musique d'Eugène Borrel (Paris, Les Editions de Paris).
* 1935 : parution [musique imprimée] d'un Verset fugué pour orgue, musique d'Eugène Borrel (Paris, Les Editions de Paris).
* Avril1937 : article « La basse chiffrée et les nuances dans l'Ecole allemande », Le Monde musical, 30 avril 1937, p. 98,
* 1939 : parution [musique imprimée] de Chants en l'honneur de la B. V. Marie, pour une voix et orgue, harmonisées par Eugène et Eugénie Borrel (Paris, Schola Cantorum, collection « Accompagnement des petites feuilles grégoriennes de la Schola », n° 9).
* 1946 : collabore à la publication de La musique des origines à nos jours, ouvrage publié sous la direction de Norbert Dufourcq, avec une préface de Claude Delvincourt (Paris, librairie Larousse, XIV-592 p.)
* 1947 : traduction en français des paroles de l'oratorio en trois parties pour soli, choeur et orchestre, op. 26, Yunus Emre, du compositeur turc Ahmed Adnan Saygun, donné à Paris, Salle Pleyel, le mardi 1er avril 1947.
* 1949 : parution de Jean-Baptiste Lully : le cadre, la vie, l’œuvre, la personnalité, le rayonnement, les œuvres, bibliographie (Paris, La Colombe, Ed. du Vieux Colombier, collection Euterpe, 128 p.)
* 1949 : parution [musique imprimée] de : Au jardin de la flûte de France. Premier cahier. Pièces pour flûte (violon ou hautbois) et basse continue de Michel Blavet, Jean-Jacques Naudot, Joseph Bodin de Boismortier et F. Philidor, choisies et réalisées par Eugène Borrel (Genève, E. Richli, collection « Musiques françaises » dirigée par Georges Migot, n° 5).
* 1950 : article « Bach pédagogue », in la Revue internationale de musique [de Bruxelles], automne 1950, n° 8 (pp. 97-102).
* 1950 : chez l'éditeur Dereume, à Bruxelles, dans la collection « Le Feuillet musical », parution de : Jean-Sébastien Bach... Le clavecin bien tempéré avec une introduction historique, fasc. 19-20 (s.d., 32 p.), Jean-Sébastien Bach... Les passions selon Saint-Jean et Saint-Mathieu, fasc. 21 (s.d., 20 p.), Concertos célèbres pour piano et orchestre, II, Bach, Mozart, Beethoven, fasc. 27 (s.d., 18 p.)
* 1951 : parution de La Sonate (Paris, Larousse, 153 p.)
* 1951 : parution [musique imprimée] de la Sonate III pour clarinette [si bémol] et basse, op. XII, de Jean-Xavier Lefèvre. Réalisation de la basse par Eugène Borrel (Genève, E. Richli, collection « Musiques françaises » n° 15).
* 1954 : parution de La Symphonie (Paris, Larousse, 173 p.)
* 1954 : articles « L'Orchestra » et « La Strumentazione della sinfonia francese del sec. XVIII », in L'Orchestra, recueil d'articles de différents auteurs en l'honneur de Gino Maruzzi, avec une préface de P. Castiglia (Firenze, G. Barbera, XII-200 p.)
* 1954 : éditeur scientifique de [musique imprimée] : Samuel Scheidt, Sicut locatus est : VIe ton, in Les Maîtres de l'orgue allemands, anglais, espagnols, flamands, italiens aux XVe, XVIe, XVIIe siècles. Pièces pour harmonium ou orgue sans pédale. Volume I : (Editions musicales de la Schola Cantorum et de la Procure générale de musique, collection « Les Maîtres anciens de l'orgue »).
* 1954 : article « A l'occasion du 250e anniversaire de sa mort. La vie musicale de M.-A. Charpentier, d'après le Mercure galant (1678-1704) », in XVIIe siècle, 1954, n° 21/22, pp. 433-441.
* 1955 : article « L'Orchestre du Concert spirituel et celui de l'Opéra de Paris de 1751 à 1800, d'après Les Spectacles de Paris », in Mélanges d'histoire et d'esthétique musicales offert à Paul-Marie Masson par ses collègues, ses élèves et ses amis (Paris, Richard Masse éditeur)
* 1958 : articles « Du milieu du XVIIe siècle à la disparition de la basse continue », in Précis de musicologie..., publié sous la direction de Jacques Chailley (Paris, 1958), pp. 232-250 et « De la disparition de la basse continue à la mort de Beethoven », pp. 251-261.
* 1961 : parution [musique imprimée] des Principes du violon (1761) de l'Abbé Joseph-Barnabé Saint-Savin (1727-1803). Edition en fac-similé, avec introduction par Aristide Wirsta, une préface de Jacques Chailley et un avant-propos d'Eugène Borrel (Paris, Centre de documentation universitaire et S.E.D.E. réunis, publication de l'Institut de musicologie de l'Université de Paris).
* 19 février 1962, Clichy-la-Garenne : Eugène Borrel décède à l'hôpital Beaujon. Veuf d'Eugénie Nun, sans enfant, il est domicilié à cette époque 89 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine.
* 1962 : article nécrologique par son ami Félix Raugel, in Revue de musicologie, tome 48, pp. 207-208.
* 1969 : parution posthume [musique imprimée] du motet Tibi laus, à 4 voix mixtes, de Roland de Lassus, avec réalisation de la basse continue par Eugène Borrel (Editions musicales de la Schola Cantorum et de la Procure générale de musique).
* 1979 : parution posthume [musique imprimée] du Concerto Estro Armonico, op.3, n° VI, RV 356, la mineur, extrait de l'op. 3, de Vivaldi, réduction pour violon et piano, réalisation de la partition et réalisation de la basse continue par Eugène Borrel (Paris, Salabert, collection « Edition nationale de musique classique », n° 5347.)
Denis Havard de la Montagne
(octobre 2015)