Pierre Bretagne

Quelques œuvres au travers de la presse spécialisée et des périodiques lorrains


 

Pierre Bretagne, vers 1930 (DR.)

 

Et tout d'abord, une présentation du compositeur extraite du Pays lorrain (1924, p. 461-462) :

 

« Le compositeur lorrain Pierre Bretagne

On a souvent, et avec quelque raison, fait grief aux artistes d'abandonner leur province natale pour aller chercher dans la capitale si encombrée déjà, la consécration de leur talent.

Il ne semble pas qu'un tel reproche puisse être adressé au compositeur lorrain, M. Pierre Bretagne. C'est à Nancy, au Conservatoire de Nancy, sous la direction du maître Guy Ropartz qu'il puisa les principes de son art. C'est à Nancy, chez l'éditeur Dupont-Metzner que parurent presque toutes ses mélodies. C'est au grand théâtre de cette ville, enfin, dirigé alors par M. Prunet, qu'il a fait représenter son drame lyrique en deux actes Les Caprices de Marianne et l'année dernière encore son joli ballet (qui serait revu et réentendu avec plaisir) Les Elfes au clair de lune.

M. Pierre Bretagne, secondé par Mme Pierre Bretagne, dont l'exquise voix de soprano traduit si bien la pensée de son mari (notamment dans « La Tour », cette mélodie superbe), s'intéresse tout particulièrement au mouvement musical de la région lorraine. Il fait partie de la commission du Conservatoire où ses avis très judicieux font autorité, tant auprès de ses collègues que du maître Alfred Bachelet dont il admire fort la personnalité artistique.

Il encourage les efforts pleins de mérite des Scholae paroissiales et notamment de celles de Saint-Léon, dirigée par M. l'abbé Charpentier et de la Cathédrale, fondée par M. Raffat de Bailliac. Pour un des concerts de cette dernière société, il composa tout spécialement deux « Invocations » a Capella, l'une païenne, l'autre chrétienne, d'un développement heureux et d'une belle expansion lyrique.

Au « Cercle artistique de l'Est », son concours ne fut pas ménagé. C'est dans un milieu aussi sympathiquement averti, que fut entendue, cette année sa Sonate pour piano et violon qu'exécutèrent aussi brillamment que musicalement Mlle Mélin et Mlle Dugenest, prix d'honneur et 1er prix de piano du Conservatoire de Nancy.

Cette affection pour sa province, les choses de sa province, il apparaît qu'elle n'a pas nui même à Paris à notre compatriote lorrain, puisque ladite Sonate pour violon et piano, a remporté en 1924, le prix de 1.000 francs, au concours de la Société artistique des Amateurs. Plus de 30 manuscrits avaient participé à l'épreuve. Le jury était présidé par M. Ch. M. Widor et les compositeurs Georges Hue et Henry Rabanes en faisaient partie. Rappelons encore que M. Pierre Bretagne fut un des principaux organisateurs, cette année, avec MM. Georges Sadoul et André Thirion du beau concert consacré par le « Comité Nancy-Paris aux compositeurs lorrains, c'est-à-dire à Florent Schmitt, Pierné, Charpentier, Pierre de Bréville dont Mme Bretagne chante si bien la Mort des lys Louis Thirion, Henri Hunziker.

Mais, objecterait notre ami Charles Sadoul, tout cela est-il aussi profondément lorrain que vous le pensez et n'est-ce pas tout simplement (ce qui est déjà très beau, d'ailleurs) faire ou susciter de la musique en Lorraine ?

M. Pierre Bretagne a répondu à l'objection. L'essence même de son inspiration est naturellement lorraine à la fois ardente et disciplinée, audacieuse et logiquement déduite. Souvent, le compositeur a fait appel aux poètes de chez nous pour ses mélodies Charles Guérin, Georges Garnier, Pierre Xardel, Léon Tonnelier, nous-même.

Et l'une de ses œuvres qui porte le mieux un caractère de puissant terroir est certainement la suite de trois pièces pour chant Images de mon pays, illustration par les sons, de trois poèmes très colorés de Léon Tonnelier. De ces trois pièces, les deux premières sont, l'une rêveuse et contemplative, l'autre mélancolique et grave (le vieux cimetière), la dernière, en contraste, sur le mouvement allègre, célèbre les charmes campagnards des Deux Auberges :

 

« L'humble village a deux auberges

A droite à gauche, ornant les berges,

Avec la rivière au milieu

L'humble village à deux auberges

Le Coq d'or et le Raisin bleu. »

« Elève de Guy Ropartz, a conclu M. Edmond Garandeau, dans sa conférence si appréciée, de « Nancy-Paris » Pierre Bretagne s'est d'abord assuré une base solide de composition musicale, sur laquelle il lui est loisible de laisser maintenant sa Muse chanter librement. Artiste probe, d'un goût très sûr et délicat, il a produit un nombre d'œuvres déjà fort élevé, toutes attrayantes et dont plusieurs sont de grande valeur ».

On ne saurait mieux dire.

René d'AVRIL. »

 

« PIERRE BRETAGNE Chants d'automne, mélodies pour chant et piano. Nancy, A. Dupont Metzner, éditeur.

La fastueuse et mélancolique saison d'automne a toujours inspiré, en Lorraine, artistes et poètes Tantôt, c'est Victor Prouvé, peintre et sculpteur qui modèle farouchement son Chaos, ou interprète ses nuances des brumes de novembre en une poétique vision. Tantôt Charles Guérin promène, dans le cadre des bois rouillés, sa rêverie mystique et solitaire ou Paul Briquel s'émeut au sanglant spectacle des Soirs d'automne, thème, à la fois grave et fougueux, qui plus tard, lorsque l'artiste devient virtuose, se répand en Variations. Et M. Pierre Bretagne continue la tradition lorraine, ajoutant aux traductions littéraires et picturales l'enveloppement souple de la phrase musicale qu'il confie de préférence à la partie de piano, tandis que le récit vocal fait valoir les poétiques paroles (dont l'auteur, épris des théories du Worth-Ton-Drama, est le musicien lui-même, ce dont on ne saurait trop le féliciter). D'un sentiment distingué, d'une écriture soignée voire même recherchée les mélodies de M. Pierre Bretagne semblent s'apparenter, pour la forme, au lied de Chausson, et pour le sentiment délicat à la romance de Gabriel Fauré, sans avoir la fougue d'un Schumann, ni la grave profondeur d'un Ropartz ; L'accompagnement de piano, d'un bel effet, plein et sonore, n'est pas d'une difficulté insurmontable, certes, mais ne saurait couler non plus naturellement sous les doigts d'un pianiste de force moyenne. Or, ce ne sont point les artistes du clavier qui manquent à Nancy et dans tout le pays lorrain. Ils trouveront intérêt, agrément et profit à travailler ces pièces, d'unr réelle valeur technique et d'une inspiration élevée et sincère. René d'Avril »

(Le Pays lorrain, janvier 1905, p. 94-95)

 

« Nancy. — Le Grand-Théâtre, sous la direction de M. Prunet, vient de représenter avec le plus grand succès les Caprices de Marianne, drame lyrique en deux actes, d'après Musset, poème de René d'Avril, musique de M. Pierre Bretagne. »

(Le Ménestrel, 21 janvier 1921, p. 29)

 

« La Bénédiction de la Mer, poème symphonique écrit au Pouldu par M. Pierre Bretagne, œuvre nouvelle de notre concitoyen, traitée avec une grande sûreté et à la fois une belle richesse de la touche instrumentale et qu'une noble sincérité de sentiment anime. »

(Le Ménestrel, 13 février 1925, p. 81)

 

« Au Théâtre : Ponce-Pilate de Pierre Bretagne. Le théâtre municipal, sous la direction de M. Camille Boucoiran, a donné, pour la première fois en France, un drame lyrique en deux actes de M. Pierre Bretagne : Ponce-Pilate, écrit sur un livret de M. Louis Mercier, le poète lyonnais.

L'œuvre est d'une parfaite tenue musicale et l'action, sobre et concentrée, convient à la scène. A remarquer principalement, dans la partition, le prélude instrumental où monte le beau thème du Christ, l'air de Procula largement écrit, tout le rôle de Ponce-Pilate, véritable peinture de caractère, les récitatifs qui, au soir de la première, ont été jugés par un de mes confrères de la Presse comme "pleins de couleur et d'une grande vérité d'accent ». L'orchestre est partout traité avec un souci judicieux de ne pas nuire à la ligne vocale."

La pièce de M. Pierre Bretagne avait été montée avec beaucoup de soin, en des décors pittoresques du peintre-décorateur Rutz. M. Clément, baryton, qui tenait le rôle écrasant de Pilate, en avait scrupuleusement mis au point les détails ; les airs, d'une large envolée, de Procula ont trouvé en Mlle Lemaire une cantatrice aussi bien qu'une tragédienne. Dans les rôles épisodiques, MM. Boudard, Richard, Mauron, Caron, Castel, Mlles Sandre, Elya complétèrent heureusement l'ensemble.

Nous espérons sincèrement que Ponce-Pilate, qui triompha de la sorte au théâtre de Nancy, paraîtra aussi, par la suite, sur d'autres scènes. René d'Avril »

(Le Ménestrel, 10 janvier 1930, p. 15)

 

« De M. PIERRE BRETAGNE : Comme presque toujours, mes vacances se sont écoulées dans les Vosges, à Gérardmer, et j'en ai rapporté les œuvres que voici :

Marche Héroïque, destinée tout d'abord à la musique du 26e Régiment d'Infanterie et à son chef, le Capitaine Taëlmanm, et que j'instrumenterai ensuite pour orchestre symphonique - Deux Rondels de Charles d'Orléans (« Hiver, vous n'êtes qu'un vilain » et « Les Fourriers d'Eté ») pour 3 voix de femmes (soli ou chœurs) « a capella ». Enfin, je termine actuellement Berceuse et Scherzo pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe. Au mois de mai, j'avais écrit Esquisse de Printemps pour violon et harpe, dont les grands virtuoses Lily Laskine et Roland Charmy, qui ont bien voulu en accepter la dédicace, donneront la 1ère audition cet hiver à l'un de nos concerts du Cercle Artistique de l'Est, salle Poirel, à Nancy. »

(L'Art musical, 23 octobre 1936, p. 69)

 

« Quelques indications sur ses travaux d’été que nous mande le compositeur nancéen, M. Pierre Bretagne : Comme d’habitude, j’ai passé mes vacances dans mon chalet de Gérardmer, où les ondes de la T.S.F. sont venues m’apporter les échos de ma Pastorale et danses, dirigée magistralement à Radio-Strasbourg par Maurice de Villers, et de mes Croquis lorrains, fort joliment joués par l’excellent pianiste Max Pogoda. Je viens de terminer une œuvre de musique de chambre, Suite en ré pour piano, violon et violoncelle ; et je commence l'orchestration symphonique de ma Marche héroïque pour musique militaire. Ce dimanche, à la messe de onze heures, je tiens l’orgue paroissial ; et tout cela aidant, le temps passe agréablement, et trop vite, occupé de surcroît par des promenades à pied ou des excursions en auto. Enfin, je prépare avec MM. Baronnet et Houzé notre saison de concerts du Cercle Artistique de l’Est, salle Poirel à Nancy. Nous avons déjà engagé des artistes de tout premier plan, et je pense que nous allons pouvoir organiser, comme l’an passé, une série de huit concerts d’un réel intérêt. »

(L'Art musical, 15 octobre 1937, p. 57)

 

« De M. Pierre Bretagne : Mes travaux de vacances ont consisté cette année en l’achèvement de deux œuvres vocales. Tout d’abord j’ai terminé : Deux poèmes wagnériens ; Lohengrin en Brabant et L’Or du Rhin sur des vers de René d’Avril, pour voix graves et Orchestre ou piano. Cédant aux suggestions du poète, — et pour la première fois je crois, dans l’histoire de la musique, — j’ai fait passer dans la trame de l’accompagnement de ces poèmes chantés des thèmes de Wagner, utilisés bien entendu avec tout le respect dû à leur illustre auteur, et dans le sens symbolique exact qu’ont ces thèmes dans les divers drames lyriques du musicien. Le dédicataire de cette œuvre est l’excellent baryton Jean Hazart. D’autre part, j’ai mis la dernière main à un ensemble de six mélodies pour soprano et piano, intitulé Mélodies Lorraines, en raison de l’origine lorraine de mes divers collaborateurs poétiques, depuis le grand poète lunévillois Charles Guérin jusqu’au général Pierre Weiss, le célèbre aviateur, en passant par Léon Tonnelier, René d’Avril, Georges Garnier ou Robert Laverny. La 1ère audition de ce cycle nouveau aura lieu cet hiver à l’un de nos concerts du Cercle Artistique de l’Est à Nancy, et l’interprète en sera la réputée cantatrice Mme Branèze. »

(L'Art musical, 21 octobre 1938, p. 73)

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(décembre 2024)

 

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