A propos de Francine Cockenpot


 

Francine Cockenpot
(photo X...) DR.

 

Née le 7 décembre 1918 à Paris 14ème, morte le 18 septembre 2001 à Lille et fille d’un militaire lieutenant d’infanterie, Francine Cockenpot a contribué durant toute sa vie à faire rayonner le chant populaire. On lui doit de nombreux poèmes, ouvrages de littérature, textes de chants et mises en musique. Voici une sélection d'articles de presse relatifs à cette musicienne.

 

« Soleils :

Francine Cockenpot vient de publier aux éditions du Seuil, 30 chansons composées « à l’intention des écoles et des mouvements de jeunesse d’Afrique du Nord ». Nous ne saurions mieux les présenter qu’en reproduisant quelques extraits de la préface même de l’auteur : « Puisant leur inspiration dans la vie même de la terre africaine, ils essaient d'exprimer une pensée et un amour commun à tous les enfants de ce pays, et, ce faisant, ils espèrent s'inscrire dans la ligne de son effort folklorique.

« L’accueil sympathique rencontré dans les milieux européens comme dans les milieux musulmans, auprès des éducateurs comme des jeunes eux-mêmes, m’autorise à penser qu’un tel livre répond à une attente.

« L’ensemble de ces chants a été écrit pour des enfants d’âge scolaire, c'est dire que les paroles et la musique sons simples et que leur étude ne soulèvera aucune difficulté. »

Illustré par Jean Aubert, ce recueil est effectivement appelé à rendre les plus grands services tant au Maroc qu’en Algérie. Un petit lexique explique le sens des mots arabes ou berbères utilisés par l’auteur. »

(Casa Cité, 14 avril 1951, p. 5)

 

« À PETITS PAS » ET « SOLEILS » par Francine Cockenpot :

Voici deux nouveaux livres de chansons de Francine Cockenpot. Le premier est destiné aux tout-petits. Notre préférence, dans ce premier choix de mélodies simples sur des thèmes enfantins, va à la chanson appelée Pataud. Le recueil intitulé Soleils est un recueil de chansons pour les enfants d’Afrique du Nord, et il est pl.us difficile à quelqu’un qui ne connaît pas les rythmes de ce pays d’en juger, mais nous faisons confiance à l’auteur. Editions du Seuil. 120 francs et 90 francs. »

(La Vie catholique illustrée, 6 mai 1951)

 

« Vous chantez tous ses chansons !

Soleils, Joies, Vents du Nord, Ciels de France, Fleurs de mousse, Lunaires... Est-ce qu'ils ne sont pas jolis tous ces titres ? Ils semblent chanter à pleine voix ou murmurer tout bas, éblouissants de lumière ou doucement éclairés d'un reflet de ciel nocturne...

Comment ? Vous ne les connaissez pas ? Mais si, voyons ! Ce sont les titres des recueils de Francine Cockenpot, toute une collection de chansons qu'elle a écrites spécialement pour les jeunes. Je suis sûr que si je vous dis quelques-uns des titres de ces chansons, vous allez tout de suite vous retrouver en pays de connaissance : La route d'amitié... Brume... Au bord de la rivière... Colchiques dans les prés... Ça vous dit quelque chose, n'est-ce pas ? Je savais bien !

Il y a longtemps que je connaissais les chansons de Francine Cockenpot mais jusqu'à ce matin, j'ignorais tout de celle qui les a créées.

Ce matin, dans un petit bureau des Editions du Seuil, assis près de la fenêtre, avec en main le catalogue de ses œuvres, je guette sa venue...

— Voici Mlle Cockenpot, me dit la standardiste.

Un regard à la fenêtre... et j'aperçois une jeune femme, grande, la démarche d'une sportive, le teint hâlé (elle vient de passer deux ans en Afrique du Nord). Rien de la traditionnelle silhouette du poète ou du musicien tourmenté ! Une poignée de main si simple, si franche. Je suis immédiatement à l'aise. Et nous nous mettons à parler des Bayards :

— Il faut que les jeunes aiment chanter... Ils ne chantent pas assez, et c'est si bon de chanter ! C'est pour qu'ils trouvent du plaisir, la joie par le chant, que j'écris pour eux tout exprès. J'avais 15 ou 16 ans lorsque j'ai écrit ma première chanson. Elle s'appelait La route est longue. C'était déjà pour faire chanter mes compagnes. En 1938, à Lille, alors que j'étais cheftaine de Guides, c'est encore pour mes filles que j'ai composé ... Il faut dire que le répertoire, à cette époque, était plutôt pauvre. Je n'étais pas du tout satisfaite par les chansons qu'on nous offrait : elles n'étaient pas vraiment pour les jeunes... Alors j'en ai fait !         

— Mais c'est bien difficile de faire une chanson, vous aviez donc appris la musique ? la composition ?

— Non, je connaissais bien sûr un peu de solfège, mais guère plus que ce que l'on apprend à l'école. Je ne trouve pas d'ailleurs que ce soit si difficile de faire une chanson ! Ça vient tout seul, comme ça..., les paroles..., la musique... Je vivais avec mes filles, je les comprenais, je savais ce qu'elles désiraient..., c'est elles qui m'apportaient les idées, comme cela, simple ment, en vivant, en jouant... Tenez, par exemple, Ciels de France a été écrit au moment de la Libération, alors que Vents du Nord date de la guerre. Les deux recueils sont évidemment bien différents... De même que Fleurs de Mousse qui chante bien plus la nature.

 — Est-ce que vous « essayez » vos œuvres en les faisant chanter ?

— Toujours. Je m'occupe de chorales, surtout des chorales d'enfants de 4 à 7 ans. C'est merveilleux ce que l'on obtient d'eux... Ils sont simples..., chanter est pour eux un jeu. Ce devrait être comme cela pour tous d'ailleurs. Du reste, j'ai écrit plusieurs recueils spécialement pour les enfants.

— J'aime beaucoup vos harmonisa ions : quand il y a plusieurs voix, chacune est, prise seule, une véritable mélodie... Comment faites-vous ? Est-ce que vous cherchez l'harmonie sur un instrument, piano, guitare ?

— Ma foi, non. Je les trouve simplement dans ma tête. Je les entends..., je les fais chanter... et voilà !

— Voilà !! c’est tout simple à dire l Mais à faire, c'est autre chose... Nous feuilletons ensemble quelques-uns des petits cahiers, illustrés d'une façon très originale.

— Tous ces titres doivent certainement évoquer pour vous bien des souvenirs, faire naître des images. Pourriez-vous nous raconter quelques anecdotes sur la façon dont a été composée telle ou telle de vos chansons ?

— Des anecdotes ? C'est toute ma vie qu'il faudrait vous raconter pour illustrer les quelque 600 ou 700 chansons dont je suis responsable !... Ce que je puis vous dire, c'est que leur naissance est souvent si inattendue et imprévue qu'il m'arrive de devoir arrêter voiture, moto, bicyclette... ou chameau, pour noter la nouvelle venue avec un matériel de fortune : par exemple, au dos d'une boîte d'allumettes, d'un vieux ticket de métro, ou de la dernière place de cinéma..., bien heureux encore lorsque je dispose d'autre chose pour écrire que d'un bâton de rouge ou d'une épingle !

 — Schubert notait bien ses mélodies sur un morceau de papier de boucherie !... Mais lui oubliait ensuite le papier sur un coin de table... D'autres le trouvaient, et parfois il avait la surprise d'entendre chanter, dans un cabaret de la banlieue viennoise, la mélodie perdue !

— Cela m'est arrivé aussi, dans un certain sens ! J'ai toujours été étonnée par la facilité avec laquelle une chanson se détache de son auteur pour vivre sa petite vie bien personnelle... Pendant la guerre, il m'est arrivé fréquemment, vivant en zone interdite, que des garçons revenant de zone libre m'apprennent une chanson « créée aux chantiers » ... et ils me chantaient La route est longue, qui avait vu le jour avant la guerre !... Tenez : le film L'école buissonnière a donné J'ai lié ma botte comme une chanson de folklore...

— Savez-vous qu'à votre place, je prendrais cela comme le plus beau des compliments ?

— Je crois en tout cas qu'une chanson appartient à tout le monde, sauf à son auteur... Quant à La route d'amitié, elle m'a été chantée tant de fois par des peuples de races différentes, en tant de langues, avec tant d'accents chantants ou gutturaux, que je ne peux plus la chanter sans sentir, joyeux et fraternels autour de moi, tous ces jeunes qui avec nous suivent cette route d'amitié !

Devant moi, j'aperçois le recueil Soleils, un des plus récents.

— Il a toute une histoire, ce recueil ! Les Sœurs missionnaires d'Afrique m'avaient demandé d'écrire des chants pour les petits Arabes dont elles s'occupent. Elles désiraient leur apprendre à chanter, mais les chants français ne parlaient pas à leur imagination. Pour faire quelque chose qui convienne, je suis allée vivre là-bas, connaître la vie des indigènes, leurs soucis, leur façon de chanter...

— Vous avez utilisé des airs de mélodies arabes ?

— Pas vraiment, non. Je me suis inspirée des « modes » indigènes, de leur folklore, mais j'ai en quelque sorte « recréé » tout cela. J'ai utilisé aussi, à part quelques exceptions, uniquement le français, mais les sujets sont tous empruntés à la vie indigène...

— Comment les petits Arabes ont-ils accueilli les chansons de Soleils ?

— Ils se sont retrouvés tout de suite de plain-pied et il m'a été très facile de les faire chanter..., tout simplement parce qu'ils comprenaient.

— Parce que vous-même vous les aviez compris !

— Je crois !

— Je vais vous poser la tradition question : quels sont vos projets ? Voyages ?

— Oui... Je pense aller en Afrique noire et y faire le même travail que pour l'Afrique du Nord.

— Savez-vous ce qui ferait plaisir aux lecteurs de Bayard ? Ce serait que vous leur dédicaciez l'une de vos chansons..., celle que vous aimez le mieux !

— Avec plaisir, mais que vous me posez là une question difficile ! Celle que j'aime le mieux parmi mes chansons... Francine Cockenpot reste un moment, un grand moment, sans rien dire, regardant loin, bien loin... Et puis elle se décide :

— Je crois que ce sera tout de même cette Route d'amitié..., oui... »

(Bayard, 13 avril 1952)

 

« Francine Cockenpot qui a commencé à écrire ses chansons pour les guides du Nord, a été rédactrice en chef de la revue Feux de France, est envoyée au Maroc où elle travaillera plus de dix ans à la promotion féminine avant d’aller en Algérie. »

(Cahiers de l'animation, janvier 1986, p. 151)

 

« Francine Cockenpot – « L'Agresseur », Seuil, 1986, 96 pages, 49 F. :

L'auteur a été sauvagement attaquée un soir d'octobre 1985, dans sa maison en Provence, par un voleur inconnu. Grièvement blessée, elle a failli mourir et reste mutilée. Dans ces textes simples et courts qui sont comme de petits poèmes tristes qui contrastent avec ses jolies chansons si gaies d'autrefois, elle s'imagine écrire à son agresseur. Elle lui fait des reproches et se plaint du douloureux destin physique et moral qui est désormais le sien et dont il est la cause. Mais elle cherche aussi, dans sa foi chrétienne à la Rédemption, le sens de ce malheur qui l'a définitivement marquée et demande la force de pardonner. Des accents humains particulièrement émouvants. Pierre Frison »

(Etudes, mars 1987, p. 428)

 

« Francine Cockenpot : « L ’agresseur » Ed. du Seuil – 1986 :

« Au bord de la rivière » - « Colchiques dans les prés ». Qui ne connaît ces chansons. Moins nombreux sont ceux qui savent qu’elles sont de composition relativement récente, et non pas de ces intemporelles ritournelles folkloriques. Je ne connaissais pas autrement Francine Cockenpot que comme l’auteur de ces mélodies et de quelques autres, jusqu'au jour où elle a littéralement « crevé l’écran » un vendredi soir à « Apostrophes ».

Musicienne et poète, Francine Cockenpot a également travaillé durant une quarantaine d’années comme éducatrice et travailleuse sociale en France et dans le Mahgreb. Elle est maintenant retraitée dans le Midi. Et un soir, c'est l'agression par un homme masqué qui va la laisser pour morte. Après le temps de l’hôpital, violemment traumatisée, elle se met à écrire, sous forme de lettres à cet inconnu. Et elle nous livre une superbe méditation sur la violence, et ses causes, et le pardon. « Père, pardonne-lui, non pas à ma petite mesure d'être blessé qui essaie de comprendre, mais à ta mesure à Toi qui est infinie. Toi seul peux transformer, par ton pardon, la pierre en pain, la violence en tendresse. Toi seul peux faire revivre les morts par manque d'amour. Toi seul peux éveiller dans un cœur d 'homme, non pas la pitié, mais le respect de cet autre qui est différent (...). Pardonne-lui parce que, peut-être, quand il était enfant, il a soigné un oiseau blessé, il a pleuré sur un chien écrasé (...). Pardonne-lui parce que peut-être, une fois, une seule fois, il a vraiment aimé une fille et qu'elle est partie (...). Père, ne me sauve pas sans le sauver (...). Je remets nos âmes entre tes mains. » R.A. »

(L'Officier, mai 1987, p. 43)

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(juillet 2023)

Francine Cockenpot, La Vie enchantée, 15 chansons pour tout petits (Paris, Editions du Seuil, 1948) : couverture et extrait Le cheval de bois (DR.)
 

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