Alfred Desenclos
(1912-1971)
un portelois grand prix de rome de musique
Alfred Desenclos
(Photo X...) DR.
Alfred Desenclos naît au Portel (Pas-de-Calais) le 7 février 1912, septième d’une famille de dix enfants. La déclaration à la mairie est faite par son père, Armand Desenclos, qui se déclare à l’époque employé de commerce. En fait, Armand, qui devait pourtant avoir l’habitude de ces formalités d’état-civil, était, sans doute, plus ému qu’il ne l’aurait fallu, car il inscrit son rejeton sous les prénoms de Albert Ferdinand Georges, et non sous celui d’Alfred que la famille avait convenu, et que notre héros portera jusqu’à sa mort. Le maire, Césaire Gournay, reçoit la déclaration, et cette dernière est contresignée par deux témoins qui ne sont inconnus ni des vieux portelois, ni des lecteurs de « Notes et Documents » : François Montigny, 75 ans, rentier, et Georges Lezier, 39 ans, industriel, tous deux domiciliés au Portel.
C’est que, en vérité, la famille Desenclos était entrée depuis longtemps dans l’histoire du Portel. L’arrière-arrière-grand-père d’Alfred : Jean Louis François, né à Ningles, y exerçait au XVIIIème siècle la profession de meunier. Le fils de Jean Louis François (Jean François Philibert) était meunier comme son père, et il avait épousé Marie Louise Libert, fille de Jean François et de Marie Françoise Bourgain. Le fils de Philibert (Augustin Armand) qui avait abandonné la meunerie pour devenir brasseur au Portel, épousait lui-même Louise Marie Isabelle Gounay. Leur fils Armand et leur petit-fils Alfred, descendaient par conséquent à la fois des Libert, des Bourgain, des Gournay, des Coppin et des Ledez. Il y a gros à parier qu'Armand et surtout Alfred étaient plus ou moins directement cousins avec la moitié des portelois de l’époque et sans doute encore avec ceux d’aujourd’hui.
Mais, c’est à cette époque que « le vent de l’histoire » commence à tourner. Augustin Armand et son épouse Louise Gournay, qui avaient eu cinq enfants, décédaient tous deux prématurément puisqu’ils avaient à peine dépassé quarante ans. Armand devenait, tout jeune, chef de famille. Ne pouvant ou ne voulant pas garder la brasserie de son père, il entrait dans l’enseignement et devenait professeur, puis directeur d’écoles libres, dont celle du Portel, proche du cimetière, selon une tradition de famille puis au pensionnat St-Nicolas à Desvres, et enfin à Lannoy (Nord). Ses deux sœurs, Blanche et Louise, étaient également enseignantes à l’école des filles de Samer, puis devinrent religieuses à St Joseph d’Abbeville. Quant à sa femme, mère d’Alfred, elle se nommait Marie Wils et était boulonnaise d’origine. Ses parents étaient propriétaires d’une boulangerie située sur la place de la Haute Ville. Elle appartenait aussi à une famille nombreuse.
Ayant terminé ses études primaires au Portel ou à Desvres, Alfred devient pensionnaire à l’Institution Haffreingue. Mais, dès la fin de la troisième, il doit abandonner ses études en raison des difficultés matérielles de la très nombreuse famille à laquelle il appartient (10 enfants). Heureusement, il est particulièrement doué pour le dessin. Il entre donc à Lannoy (où vit désormais sa famille), chez un dessinateur de tissus, pour y faire la mise en cartes. Mais, par une heureuse inspiration, il continue à suivre des cours au Conservatoire de Roubaix (piano, orgue, musique de chambre). A 16 ans, il n’avait cependant en musique qu’un bagage sommaire, rappelait Alphonse Seutin, professeur du cours supérieur de piano au Conservatoire de Roubaix. « Ses doigts furent bien un peu rétifs au troisième mouvement de la Sonate au Clair de Lune de Beethoven, qui avait été imposé intégralement mais sur mes instances, je pus le prendre dans ma classe... En effet, au cours des semaines pendant lesquelles je l’avais préparé à l’épreuve d’entrée au Conservatoire, j’avais été frappé par son intelligence musicale. »
« Bienheureuse décision, car le jeune Desenclos se révèle non seulement un sujet doué, mais aussi un élève courageux et animé d’une telle volonté, qu’il suit, sans rechigner, la discipline sévère que lui impose le maître » écrira Jean Piat en 1966 dans Nord matin.
En trois années de conservatoire, passant de la classe d’Alphonse Seutin à celle de Francis Bousquet, et tout en continuant son métier de dessinateur en textile, il remporte un premier prix de solfège à l’unanimité [en 1931], un premier d’histoire de la musique [en 1932], un premier accessit de musique de chambre, un deuxième prix de piano [ainsi qu’un 1er prix d’harmonie et un 2ème prix d’orgue en 1932]. Francis Bousquet, à qui il succédera quelques années après, l’encourage à se présenter au Conservatoire National. Il y est admis en octobre 1932, à vingt ans, alors que, difficulté supplémentaire, son père vient de mourir, laissant, outre une épouse désemparée, deux enfants plus jeunes, un fils de 18 ans et une fille de 10 ans (Annie). Pour payer son séjour, et soutenir sa famille, Alfred Desenclos revient de Paris chaque samedi, pour donner des leçons à neuf élèves de Roubaix. Puis, il fait des remplacements d’organistes parisiens et devient maître de chapelle, le dimanche, à Notre-Dame de Lorette.
Malgré ce handicap, il obtient des succès remarquables : un premier prix d’harmonie en 1935 [classe de Paul Fauchet], un premier accessit d’accompagnement au piano en 1936, un deuxième prix de fugue en 1937 [classe de Simone Plé-Caussade], un deuxième prix de composition en 1941. Dès 1938, il avait été admis à entrer en loge pour le concours de Rome. « Les logistes eurent à composer en trois semaines, une cantate, sorte d’opéra en un acte et à trois personnages. L’œuvre de notre compatriote fut remarquée par les maîtres de la section musicale de l’Institut qui, dans une réunion préliminaire à la décision définitive, envisagèrent de le proposer pour le premier Grand Prix de Rome… Cependant, l’Académie réunie au complet, c’est-à-dire avec, outre les musiciens, les peintres, les sculpteurs, les graveurs, les architectes, portera son choix sur un autre candidat. » (J. Piat). C’est en 1942 seulement qu’Alfred Desenclos deviendra Grand Prix de Rome (classe de Henri Busser) pour sa cantate Pygmalion délivré. Bien entendu, en raison de la guerre, le titre ne pouvait pas comporter le séjour habituel à Rome, qui ne pourra avoir lieu qu’en 1946 et pour une durée réduite à deux mois.[1]
Mais, dans l’intervalle, le Conservatoire de Roubaix lui avait offert le poste de directeur. Il y restera de 1943 à 1950. Sur cette époque, nous disposons de deux sortes de commentaires. Les plus officiels font état de ses qualités innées d’artiste et de musicien, mais aussi de son acharnement au travail, « travailleur infatigable, tenace... » affirment les moins diserts. Par ailleurs, tous ceux qui l’ont connu rappellent que pendant sept ans, il a extraordinairement stimulé la vie musicale, organisé de nombreux concerts malgré les difficultés du temps, fait venir des artistes de Paris, favorisé le chant choral. Les Roubaisiens de cette époque se souviennent de l’enthousiasme soulevé à Saint-Martin par la Passion selon Saint Jean.
Mais, nous ne résistons pas au plaisir de faire connaître un autre aspect, plus intime et familial, de la personnalité d’Alfred Desenclos jeune. Il faut rappeler que le début de son séjour à Roubaix se situait dans les années terribles pour toute la région boulonnaise et notamment pour Le Portel. L’une des nièces d’Alfred Desenclos se souvient qu’avec ses parents, elle s’était réfugiée chez lui (ou à proximité). Elle en garde un merveilleux souvenir, raconté avec un sympathique et juvénile enthousiasme. Qu’elle nous permette, en toute amitié, de citer ses souvenirs comme elle les écrit, avec la spontanéité du cœur : « Mon oncle avait l’humour grinçant, parfois noir. Ainsi il avait sur son bureau, à Roubaix, une superbe tête de mort. J’avais une frayeur intense en traversant ce bureau qui séparait la maison du conservatoire... Il était d’une simplicité extraordinaire. Il n’était sérieux que lorsque les premières notes s’élevaient quand il dirigeait... Nous avons eu (surtout moi) la chance finalement que les Allemands nous forcent à partir de chez nous et de nous retrouver à Roubaix, grâce aux Desenclos. J’étais tout le temps chez eux. J’assistais à tous les concerts. Je revois encore sa mèche blonde qui n’a jamais voulu tenir et qui virevoltait lorsqu’il dirigeait avec tant de fougue, de fureur presque, et tant de tendresse parfois... Je me souviens des récompenses, des morceaux de Debussy, qu’il nous jouait dans le grand salon, ou des compositions qu'il faisait juste pour nous, sur des thèmes tels que les animaux (le petit chat, je me souviens), la mer en furie. Quels bons moments !... Il demanda un jour asile à mes parents pour un concert de musique de chambre. Nous avions un très grand salon tout lambrissé et l’acoustique y était formidable... J’étais si fière de mon oncle et me promener à son bras, dans Lille ou Roubaix, c’était un honneur !... Je me souviens qu’il venait nous raccompagner un soir, passé le cours. Il y avait plein de neige et nous avons fait une de ces parties de boules de neige qui reste gravée dans ma mémoire... Il était très caustique, il s’amusait à me faire rougir et y réussissait très facilement, et alors, il partait d’un grand éclat de rire. »
Mais, les meilleures choses n’ont qu’un temps. La guerre finie, Alfred Desenclos démissionne en 1950, pour convenances personnelles et monte à Paris. Il semble y témoigner, une fois de plus, d’une activité remarquable, parfois pour de simples raisons alimentaires, souvent pour le plaisir. Il collabore à diverses éditions musicales, donne des leçons, participe à des émissions de radio, puis de télévision, notamment avec le réalisateur Jean Paul Carrère et le film Christobal de Lugo de Loys Masson ; il écrit de la musique pour la télévision et le cinéma. Il enseigne à l’Ecole Normale de Musique, au Conservatoire de Paris (contrepoint et fugue).
En 1956, sa symphonie obtient le grand prix de la ville de Paris et elle est jouée aux Concerts Colonne. En 1959, il devient conseiller musical aux Editions Durand. En 1967, il est nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris. Mais, au travers ses vingt ans de carrière ainsi schématisée, on a l’impression que la véritable activité et peut être, la véritable vocation d’Alfred Desenclos était la composition.
Dans ce domaine de la composition musicale, aucun des membres du « Cercle historique portelois » ne dispose malheureusement d’une compétence suffisante pour procéder à l’analyse critique de l’œuvre de Desenclos. Il faut reconnaître que lui-même ne facilitait pas la tâche de ses commentateurs. Quand on lui demandait à partir de quand il avait composé, il répondait invariablement : « j’ai commencé à écrire de la musique à partir de mon Prix de Rome ». Ce pourrait être la réponse d’un très méritoire « self-made man ». Georges Gourdet (Les compositeurs d’aujourd’hui) en tire des conclusions plus formelles : « Cela signifie clairement qu’il ne veut considérer que comme exercices tout ce qu’il a pu écrire avant et durant ses études, ce qui implique d’une part une rare humilité et d’autre part une rigoureuse exigence - humilité et exigence qui constituent deux traits essentiels de son caractère. Comment s’étonner alors qu’il ne soit point devenu un compositeur prolifique, mais bien plutôt un compositeur raffiné, avide de perfection ? Il aime le « fini » du travail et s’intitule volontiers « artisan » avec toute la noblesse que comporte ce mot. Mais, il croit par ailleurs à l’inéluctabilité de l’inspiration et non à la seule vertu du travail purement intellectuel au seul métier. » D’autres ajoutent : « Son humilité semble, à certains, excessive, mais elle était contre balancée par une exigence professionnelle rigoureuse, ce qui lui valut d’être un compositeur scrupuleux, soigneux, raffiné, avide de perfection. »
Et encore : « Toute son œuvre porte l’image de son caractère : bonté, idéalisme, sens du devoir, enthousiasme... »
Dans son Histoire de la Musique, Robert Bernard, rappelle discrètement, au passage, l’influence sur Desenclos des grands auteurs qu’il servait avec la plus grande admiration : Bach bien sûr, mais aussi Fauré, Ravel et Debussy (surtout Debussy !). Puis Bernard définit les qualités essentielles de Desenclos pour le louer, finalement, d’avoir passé sa vie à perfectionner son art plutôt qu’à faire sa carrière :
« Les inflexions de son discours ont beaucoup de souplesse et de variété expressive ; sans s’écarter du strict domaine musical, il a le pouvoir de suggérer des états émotifs logiquement coordonnés. »
« Son Poème romantique, fort bien écrit pour l’orchestre, d’une couleur chaude, harmonieuse et soutenue, a une délicatesse discrètement debussyste. Sa symphonie a des accents plus contrastés et plus vigoureux. Sans s’astreindre à suivre littéralement le plan traditionnel de la symphonie, il en a repensé les données et, modelant la forme sur la substance musicale, selon la logique interne et particulière de son développement, il a créé un ouvrage viable, vivant, d’une solidité et d’un équilibre qui commandent pour le moins d’une déférente estime. »
« Desenclos est un exemple caractéristique de cette sorte de très bons musiciens que certains voudraient nier purement et simplement, parce qu’ils n’auraient pas une forte personnalité... que leur conception de l’univers sonore ne renouvelle pas nos propres conceptions... qu’il n’apporte rien de très subversif. » ...
Plus simplement, l’article des Compositeurs d’aujourd’hui de Georges Gourdet se termine par la note suivante : « Alfred Desenclos, l’un des compositeurs français les plus représentatifs de notre époque, appartient à cette race de musiciens peu nombreux, qui ne recherchent pas un langage compliqué - tout simplement pour être dans le vent. Toutes ses œuvres sont sincères. Son invention, très riche et originale, demeure naturelle. Il serait difficile de trouver, parmi d’autres œuvres modernes, une noblesse et une grandeur analogue à sa messe de Requiem. »[2]
En vérité, tout est marqué par l’art et la Musique chez les Desenclos. A deux pas de la Butte Montmartre, le petit salon discret et douillet est occupé par un Erard quart de queue. Un violon chante dans une pièce voisine. Madame Desenclos[3] nous y reçoit, d’abord avec quelque étonnement, puis avec appréhension et finalement avec une merveilleuse gentillesse. Elle est elle-même la fille d’une cantatrice de l’Opéra. Son fils Frédéric est né en 1961. Tout en passant son baccalauréat au Lycée Henri IV à Paris, il a fait ses études musicales au conservatoire à Saint-Maur [Val-de-Marne], avec Gaston Litaize, puis au Conservatoire de Paris pour l’harmonie, le solfège et le contrepoint. Il est co-titulaire de l’orgue de Notre-Dame des Victoires à Paris, titulaire de l’orgue de l’Eglise Luthérienne de la Rédemption, professeur d’orgue à Suresnes et à Angoulême[4]... Sa fille Elisabeth, née en juillet 1966 est violoniste : après des études musicales au Conservatoire de Saint-Maur, elle est entrée au Conservatoire de Paris. Et, si l’on parle d’amis, il y a beaucoup de chances pour que ce soient d’anciens élèves, notamment du Nord : les compositeurs Georges Delerue et Pierre Jensen, et Robert Delcroix, directeur du Conservatoire d’Arras, ou à coup sûr des musiciens... Ne nous a-t-on pas parlé des Etsig, tous deux pianistes, madame Etsig, née Antoinette Bourgain Montigny étant originaire du Portel ?
Comme, au cours de notre entretien, je regrettais que la vie sépare plus qu’elle ne réunit, et que les Desenclos n’aient pas gardé plus de contact avec le Portel, je m’attendais à la réponse ordinaire : « Nul n’est prophète en son pays ». « Mais, pas du tout répond Madame Desenclos. Ne croyez pas cela, j’ai su par mon mari que, plus jeune, il allait souvent dans sa famille, et ses nièces ont dû vous en parler. Nous-mêmes, nous allions souvent dans la famille de mon mari ou chez quelques-uns de ses amis, au 15 août. Et quand les enfants sont nés, nous sommes plusieurs fois allés en vacances au Portel. Nous habitions chez Madame Tardy, près du cimetière » ...
« Et quand votre mari est décédé, après les obsèques religieuses dans votre paroisse »
« Je l’ai fait inhumer au Portel, dans le caveau de famille. Il nous parlait souvent de son pays. Ce que nous avons fait était normal, cela allait de soi, nous n’avons jamais envisagé de faire autre chose. »
Tout était dit, et bien dit.
Marie-Isabelle Robert
(in Le Portel, notes et documents, juillet 1987)
avec l‘aimable autorisation de M. Evrard, président du « Cercle Historique Portelois" délivrée en 2002
(mise en ligne : décembre 2023)
[1] Note de la rédaction de Musimem, ainsi que toutes les suivantes : Quelques précisions doivent être apportées sur cette période : la Villa Médicis à Rome fut séquestrée le 22 juin 1940 par le Gouvernement italien. Le 8 novembre 1941, le séjour des lauréats du Prix de Rome était alors déplacé à la Villa Paradiso de Nice et un nouveau directeur nommé en la personne du peintre Robert Poughéon (1886-1955), prix de Rome 1914, en remplacement de Jacques Ibert. En mars 1944, l’Académie de France à Rome doit quitter Nice et est accueillie au château de Fontainebleau, où les pensionnaires arrivent fin mai. Elle y restera jusqu’au 13 mars 1946, avant de regagner Rome. Entre temps Robert Poughéon est destitué en septembre 1944 et Jacques Ibert réintégré dans ses fonctions de directeur. Concernant Alfred Desenclos, précisons que pensionnaire à compter du 1er janvier 1943, il arrivait à la Villa Paradiso le mois suivant, avant de regagner Rome en mars 1946 où il séjourne deux mois jusqu’à son départ le 30 avril.
[2] Cette Messe de Requiem pour solistes, chœur à 4 voix mixtes, orchestre et orgue (Durand, 1967), composée en 1962 et créée à Paris le 10 octobre 1965 sous la direction de René Alix, a fait l’objet d’une réduction pour orgue par l’auteur. Celle-ci a été enregistrée en 1997 par le chœur de chambre « Les Eléments » et Frédéric Desenclos à l’orgue, sous la conduite de Joël Suhubiette (CD Hortus 009), en même temps que deux motets : Salve Regina et Nos autem pour 4 voix mixtes a cappella (1958, Durand, 1972).
[3] Nicole Christophe (Paris, 1934 – Sucy-en-Brie, 2019) est fille de Pierre Christophe (Paris, 1905 – Marseille, 1986), lui-même fils de Jeanne Christophe (Saumur, 1885 – Paris, 1926) comédienne connue sous le nom de « Jane Danjou », et de Jacqueline Courtin (Le Havre, 1912 – Béthisy-Saint-Pierre, 1995). Cette dernière, soprano, 1er prix d’opéra et 2ème prix d’opéra-comique en1933 (classe de Salignac), engagée au Palais Garnier en 1934 y resta attachée jusqu’en septembre 1951, tout en continuant de se produire sur la scène tant à travers les grandes villes de province qu’en Europe et au Maghreb jusqu’en 1961, année de sa retraite. Parmi ses nombreux rôles, notons ceux dans Mignon, Werther, Boris Godounov, La Damnation de Faust, Le Chevalier à la rose, Don Juan, La Flûte enchantée…
[4] Pour compléter ce portrait rédigé en 1987, ajoutons quelques éléments : également élève des Conservatoires de Rueil-Malmaison (clavecin et musique de chambre) et de Boulogne-sur-Seine (orgue avec André Isoir), Frédéric Desenclos a aussi enseigné aux Conservatoires de Versailles, de Viry-Chatillon, d’Orsay et d’Orléans. Il est actuellement (2023) organiste à la chapelle du château de Versailles et conseiller musical au Centre de Musique Baroque de Versailles. On lui doit la fondation en 1999 de l’Ensemble Pierre Robert qu’il dirige, destiné à interpréter les motets français à petit effectif.
Principales œuvres
Œuvres avec orchestre :
- L'Offrande Lyrique, 4 mélodies pour soprano ou ténor et orchestre (ou piano) sur des poèmes de Rabindranath Tagore, 1951 (P. Declercq)
- Incantation, Thrène et Danse, concerto pour trompette eu ut, 1953 (Leduc)
- Concerto pour violon, 1953 (Leduc), réduction pour violon et piano, 1955 (Leduc)
- Symphonie, Grand Prix de la ville de Paris 1956, 1ère audition aux Concerts Colonne, direction Ferdinand Lettner (Leduc)
- Mouvement symphonique, 1945
- Vitrail, suite d’orchestre en 3 mouvements, commande de l’ORTF (Billaudot)
- Messe de Requiem pour soli, chœurs, orchestre et orgue, 1962 (Durand)
Musique de chambre ou pour un instrument seul :
- Quintette avec piano et quatuor à cordes, 1944, envoi de Rome, prix Favareille-Chailley-Richez 1946 (P. Declercq), enregistré en 1948 par le « Quintette Chailley-Richez » (disques Columbia LFX 746 à 749).
- Trois vœux à un nouveau-né, pour violon, alto et violoncelle, 1946 (Leduc)
- Trois Pièces pour violon et piano, 1946 (Leduc)
- Prélude, Cantilène et Final, pour violoncelle et piano, 1947 (Leduc)
Alfred Desenclos à son piano en 1967
(Photo X...) DR.
- D'un Troubadour, pour clarinette et piano, 1949 (Leduc)
- Trois pièces, pour piano, 1951 (P. Declercq)
- Aria et Rondo, pour contrebasse et piano, 1952 (Leduc)
- Prélude, Cadence et Final, pour saxophone alto et piano, 1955 (Leduc)
- Cantilène et Divertissements, pour cor en fa et piano, 1957 (Leduc)
- Menuet naïf, pour clavecin, piano ou hautbois et basson, 1959 (Editions musicales Ossian)
- Suite brève dans le goût classique, pour tuba et piano, 1963 (Billaudot)
- Suite brève pour de jeunes pianistes, 5 pièces dédiées à Frédéric et Elisabeth Desenclos, 1963 (Durand)
- Fantaisie, pour harpe, morceau de concours pour le CNSP, 1964 (Durand)
- Bucoliques, 3 pièces pour flûte et piano, 1964 (Leduc)
- Quatuor de saxophones, 1964 (Leduc)
- Plain-chant et Allegretto, pour trombone et piano, 1965 (Leduc)
- Préambule, Complainte et Final, pour cor en fa et piano, 1969 (Durand)
- Psylle, pour flûte et piano, 1970 (Durand)
Motets, psaumes, et choeurs a cappella :
- Nos autem, 4 voix mixtes a cappella, motet
- Salve Regina, 4 voix mixtes a cappella, motet
- Agnus Dei, 4 voix mixtes et orgue, motet
- Ave Maria, voix moyennes et orgue ou piano, motet
- O Salutaris en mi mineur, soprano et orgue, motet
- O Salutaris en si mineur, soprano et orgue, motet
- O Salutaris, choeur 4 voix mixtes et orgue, motet
- Pater noster, chœur à l’unisson et orgue, motet
- Sanctus, choeur à 4 voix mixtes et orgue, motet
- La loi du Seigneur est joie, psaume 18, chœur a cappella
- Guéris mon âme, psaume 40, chœur a cappella
- Sans fin je proclamerai, psaume 70, chœur a cappella
- D’Age en âge, psaume 90, chœur a cappella
- Le Seigneur s’est souvenu, psaume 104, chœur a cappella
- Tout homme verra le salut de Dieu, psaume 125, chœur a cappella
- Mon Dieu et mon Père, psaume 144, chœur a cappella
- Jésus se tient sur le seuil, chœur a cappella
- Noël des Flandres, pour chœur à 4 voix mixtes
- Jam non dicam, pour soliste ou groupe à l’unisson avec accompagnement obligé
Œuvres profanes pour la voix :
- Le vent rêvait, valse pour une voix et piano, 1950 (P. Declercq)
- Humble suite au Cantique des créatures, choeur à 5 voix mixtes, poème de E. Vitta, 1956 (Editions musicales Ossian)
Musiques pour le cinéma et la télévision :
- Le voile bleu, (avec André Theurer), film de Jean Stelli, 1942
- Bel amour, (avec André Theurer), film de François Campaux, 1950
- Years of decision, années décisives, (avec Georges Delerue), documentaire, U.S. Service, 1956
- Christobal de Lugo, pièce de Loÿs Masson, réalisation pour la télévision par Jean Paul Carrère, diffusée sur la 1ère chaîne le 22 septembre 1959
- La Princesse de Cadignan, téléfilm de Jean-Paul Carrère, 1960
- Tout ce que vous demanderez, téléfilm de Jean-Paul Carrère, 1964
- Le Notaire des noirs, pièce de Loÿs Masson, réalisation pour la télévision de Jean-Paul Carrère, diffusée sur la 1ère chaîne le 5 novembre 1968
Théorie :
-12 Leçons d’harmonie (Livre du maître et Livre de l’élève),1970 (Durand)
DHM
(décembre 2023)