Mgr Foucault et la musique


 

Mgr Alphonse-Gabriel Foucault, vers 1911.
(in C. Olivier, Fontenoy-le-Château pendant la Révolution, t.II, 1911, coll. BNF-Gallica) DR.

 

Pierre-Alphonse-Gabriel Foucault est né le 24 mars 1843 à Senonches (Eure-et-Loir) et mort à Saint-Dié (Vosges) le 26 mai 1930. Evêque de Saint-Dié de 1893 à 1930, il était licencié ès lettres et docteur en théologie. Bon musicien, il a écrit le texte de nombreuses hymnes religieuses et cantiques, en collaborant notamment avec l'abbé Kaltnecker de Nancy qui lui a rendu hommage dans un numéro de La Semaine religieuse de Saint-Dié (2 janvier 1931, p. 9) :

 

« On sait combien Monseigneur Foucault aimait et cultivait la musique. Ce qu'on a oublié, c’est peut-être le rôle qu’il essaya de jouer dans la question du rétablissement et de l’interprétation du chant grégorien. […]

Intérieur de la cathédrale de Saint-Dié.
(CP ancienne, coll. O. Geoffroy) DR.

Le 27 mai, c’était Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié, qui mourait à l’âge de 87 ans. Fin lettré, âme d’artiste, le prélat défunt s’était intéressé au chant sacré ; Dom Pothier, originaire du diocèse de Saint-Dié, venait de restaurer les mélodies grégoriennes ; sa fameuse théorie du rythme oratoire, séduisante au premier abord, fut bientôt contestée par les musicologues. Mgr Foucault crut trouver une solution du problème rythmique, dans le quinzième chapitre du Micrologue, de Guy d’Arezzo, et il se persuada que le groupement des notes et des neumes ressemblait aux combinaisons de longues et de brèves, de pieds et de mètres, que l’on rencontre dans la poésie gréco-romaine.

Prenant part à tous les congrès de Musique, il ne manquait jamais d’exposer son point de vue, sur la question grégorienne, et, s’il ne rallia pas à son système beaucoup de partisans, l’élégance de sa parole, le charme de sa voix, son urbanité parfaite gagnèrent à sa personne beaucoup de sympathies. Malgré des séries d’articles, dans la Tribune de Saint-Gervais, dans la Vie de la Paroisse, dans la Revue du Chant grégorien, malgré toute une campagne de conférences — il parla à Rome, au Séminaire français ; au Grand Séminaire de Nancy en présence de Mgr Turinaz, etc., il ne réussit pas à faire prévaloir ses idées, et bien qu’il se déclarât métricien et non mensuraliste, son système eut le sort de toutes les thèses mensuralistes, dont il n’est plus parlé qu’aux cours d’histoire du Chant grégorien, au chapitre des hypothèses.

Mgr Foucault est plus connu par les jolies mélodies qu’il écrivit. Qui n’a pas chanté son romantique Noël, Noël, cri d'espérance, et son hymne populaire à Jeanne d’Arc : Concordent nostri cœlica, ô Puella... ?

Il excellait aussi dans l’adaptation si délicate de textes français aux mélodies grégoriennes. Janus, de Lyon, a publié, outre un petit salut, dont je signalerai seulement le Tantum ergo, exquise paraphrase de l’antienne O quam metuendus est, un fascicule de cantiques grégoriens signés de l’Evêque de Saint-Dié. Dans ces essais, le vers ou la phrase épouse avec aisance la mélodie grégorienne. N’y aurait-il pas, dans l’usage de ces adaptations, à condition qu’elles soient réunies comme celles de Dom David ou de Monseigneur Foucault, un moyen pratique de révéler et de faire goûter aux milieux qui l’ignorent, le chant officiel de l’Eglise ? »

 

Voici quelques lignes présentant la brochure de Mgr Foucault sur le chant grégorien :

 

« S. G. Mgr A.-G. Foucault, doyen de l’épiscopat français, mort dans un âge avancé à son poste d’évêque de Saint-Dié, qu’il occupait depuis quarante ans, fut pendant longtemps le seul évêque musicien de notre pays. Auteur de quelques mélodies populaires, de cantiques pieux, en français ou en latin, il s’efforçait principalement de promouvoir l’exécution pratique du chant grégorien, en rapport avec les explications rythmiques qu’en donnent les vieux auteurs. Par la parole, dans les Congrès de musique religieuse, par des petits tracts publiés en notation moderne pour les églises de son diocèse, Mgr Foucault répandait le principe qu’il avait exposé dans sa brochure : Le Rythme du Chant grégorien d’après Guy d’Arezzo (in-8° Paris, Schola), et dans quelques articles de la Tribune de Saint-Gervais. Tout en demeurant partisan du rythme libre de la phrase grégorienne, et des principes de sa restauration par Dom Pothier, il tenait à mieux faire ressortir l’équivalence ou le balance ment des éléments rythmiques de cette musique, en la transcrivant par mesures mêlées, de deux, trois, quatre temps. Il dirigeait lui-même les chœurs d’après ce principe. On lui reprocha, dans certaines écoles, d’être en conséquence un mensuraliste du chant grégorien. Pour notre part, constatons plutôt que Mgr Foucault ne faisait qu’expliquer la notion du rythme grégorien, et rendait ainsi celui-ci plus tangible, en dehors de tout esprit de système. Il serait fâcheux que le nom et l’œuvre de Mgr Foucault fussent oubliés ; pour être resté modeste, son travail n’en demeurera pas moins véritablement utile, le jour où l’on se décidera à une reconstitution complète et rigoureusement scientifique du répertoire grégorien. »

(Revue de musicologie, février 1931, p. 79)

 

« Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié de 1893 à 1930, originaire du diocèse de Chartres, a soutenu une polémique érudite contre Dom Pothier, abbé de Saint-Wandrille, où il se fait le défenseur du chant adapté à la métrique gréco-romaine, et réunie dans une plaquette sous le titre : le Rythme du chant grégorien d’après Gui d'Arezzo (Paris, Poussielgue, 1903, in-8°). »

(Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, avril 1983, p. 201)

 

Collecte d'informations : Olivier Geoffroy

(novembre 2024)

 

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