Nicolas Isouard, dit Nicolo (de Malte)
(1775-1818)
Nicolas Isouard
( dessin de Julien, lithographie de Pierre Durcarme, vers 1830, publiée par Blaizot, Galerie Universelle, place Vendôme, Paris ) DR
Arrière-petit fils de Fortuné Isouard, voyageur de commerce de Marseille et Maria Antonia Xuereb, fille d'un hobereau maltais-, petit fils de Jacques Isouard Xuereb et Eugénie Formosa de Frémaux-, fils de Fortuné Isouard Xuereb (né à Malte) et Marie-Hélène Lombard Rigord, native de Marseille (1) -, Nicolas Isouard, dit Nicolo (de Malte), naquit le 6 décembre 1775 à Zebbug (Malte). Élevé dans un milieu aisé francophone, Nicolas Isouard apprit le maltais et l’italien avec ses gouvernantes et commença à étudier l’orgue et la théorie de musique avec Michelangelo Vella (1715- 1792) et son élève Francesco Azzopardi (2). Il fréquenta avec ses parents, grands amateurs d’opéra, les spectacles du majestueux théâtre baroque Manoel, fondé en 1732 à La Valette, se familiarisa avec l’opéra italien déjà dans son enfance, préféra ses leçons de musique aux cours d’éducation générale et ébaucha ses premières compositions.
Ses parents décidèrent de l’envoyer à Paris en 1787 pour préparer le concours d’entrée de l’École d’artillerie navale. Quoique bon élève, leur fils préféra les spectacles du Théâtre musical qu’il fréquenta assidûment, étudia les partitions d’opéras, d’œuvres de musique de chambre et esquissa de nombreuses compositions. La Révolution de 1789 l’obligea d’interrompre ses études. Son père réussit à le joindre à Paris après un long et périlleux voyage, le ramena à Malte sain et sauf et lui acheta un fonds de commerce. Nicolas Isouard, âgé de 14 ans, négligea son magasin et continua ses études musicales avec ses anciens professeurs maltais, qui réussirent à convaincre ses parents de l’envoyer en Sicile pour parfaire ses connaissances d’harmonie et d’écriture. Il fut d’abord élève de Giuseppe Amendola (1750-1808) à Palerme, ensuite de Nicolas Sala (1713-1801) et du très célèbre compositeur d’opéras à cette époque Pietro Alessandro Guglielmi (1728-1804) à Naples.
Enthousiasmé par les opéras italiens dont il adopta la technique et la mentalité, Nicolas Isouard composa son premier opéra intitulé Casaciello Persiguitato da un Mago, créé à La Valette en 1793 (il n’avait pas encore 18 ans).
Son deuxième opéra L’Avviso ai Maritati fut créé à Florence en 1794.
L’Opéra de Livourne donna en première audition son troisième opéra Altaxercès en 1795.
Entre 1796 et 1798, Nicolas Isouard offrit au public maltais sept opéras conçus dans le style italien et dans l’esprit de Francesco Duarte (3) et de Domenico Cimarosa :
Rinaldo d’Asti
Il Barbiere di Siviglia
L’Improvisata in Campagna
Il Due Avari
Il Barone d’Alba Chiara
Il Bottaio
Ginevra di ScoziaDepuis 1530, le souverain ordre militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte régna sur l’archipel maltais. Son Grand Maître à cette époque, Emmanuel de Rohan de Polduc (1725-1797), nomma le jeune et déjà fécond compositeur d’opéras "commissaire" du Théâtre Manoel à La Valette. Nicolas Isouard fut en même temps organiste attitré et directeur musical de la majestueuse cathédrale St. Jean dans la capitale maltaise.
Le 22 juin 1798 une flotte de deux cents bâtiments portant trente-cinq mille personnes, ayant quitté Toulon le 19 mai, fit sa première escale sur le chemin d’Égypte. Napoléon et son corps expéditionnaire s’emparèrent sans coup férir de la minuscule île méditerranéenne et furent bien accueillis par la noblesse et la bourgeoisie aisée.
Souhaitant donner à son Expédition d’Egypte un caractère plutôt scientifique, culturel et d’exploration, Napoléon emmena avec lui des ingénieurs civils, naturalistes, astronomes, mathématiciens, géographes, architectes, ainsi que des hommes de lettres, interprètes, imprimeurs, le fameux chirurgien Dominique Jean-Larrey, le poète Parseval-Grandmaison, l’archéologue et orientaliste Pierre Amédée Jaubert, le peintre luxembourgeois Pierre-Joseph Redouté (ancien protégé de Marie- Antoinette) et le pianiste, compositeur et pédagogue parisien Henri-Jean Rigel (5) qui voyagea avec son grand piano, fabriqué à Paris en 1777 par Sébastien Érard.
Nicolas Isouard rencontra et sympathisa avec Henri-Jean Rigel pendant le bref séjour du corps expéditionnaire français à La Valette. Très probablement il vit de près Napoléon.
Après la défaite des Français, Nicolas Isouard, certainement inquiété pour son intégrité physique à cause de sa "collaboration avec les occupants", abandonna son épouse Partemia Dimech et quitta Malte en 1800 avec le général français Belgrand de Vaubois dont il fut secrétaire et traducteur pendant la présence française dans l’île.
Après la révolution de 1789, la Convention nationale, le Directoire et le Consulat induisirent des changements radicaux de structures sociales en France, répercutés sur un essor extraordinaire des activités artistiques en général et du théâtre musical en particulier. Pierre-Alexandre Monsigny, Modeste Grétry, Nicolas-Marie Dalayrac, François-Adrien Boïeldieu, Nicolo Zingarelli, François Devienne, Bernardo Porta, Gasparo Spontini, Étienne-Nicolas Méhul furent les favoris du public nouveau, très nombreux et insatiable. Pratiquement chaque semaine il y avait une première d’un nouvel opéra à Paris.
Nicolas Isouard arriva donc au bon moment à Paris. Il reprit le contact avec Henri-Jean Rigel qui le présenta à Rodolphe Kreutzer (4). Grâce à ce fameux violoniste et fécond compositeur, ses opéras Le petit page ou La prison d’état et Le tonnelier furent créés à Paris en 1800 (année de son arrivée !). Son opéra Flaminius à Corinthe, supervisé et co-signé par Kreutzer, et la version française de son œuvre L’Improvisata in campagna (L’Impromptu de campagne) créée à La Valette en 1796, connurent un vif succès à Paris en 1801.
Sous l’impulsion de son imagination effervescente, influencé par les intrigues qui convenaient à son tempérament et sensibilisaient ses attraits littéraires, Nicolo exprimait avec une désarmante facilité les réactions instantanées de son génie créateur à l’impact provoqué par l’ambiant spirituel ou intellectuel de son temps. Son instinct faisait vibrer ses matérialisations sonores en unisson avec les plaisirs et les tourmentes de son environnement.
Entre 1801 et sa mort prématurée en 1818, Nicolas Isouard, dit Nicolo (de Malte) composa une trentaine d’opéras, certains en collaboration avec Boïeldieu, Catel, Cherubini, Méhul, Berton ou Ferdinand Gasse :
La statue de la femme avare
Michel-Ange (cette œuvre se maintint sur la scène de l’Opéra de Berlin du 6 février 1806 au 28 janvier 1809 !)
Le baiser et la quittance ou Une aventure de garnison
La victime des arts
Joconde ou Et l’on revient toujours à ses premières amours
Cendrillon (son opéra le plus populaire, basé sur le conte de Charles Perrault)
Le prince de Catane
Un jour à Paris
Les confidences
Le médecin turc<
Léonce ou Le fils adoptif
Cimarosa
Les deux maris
Le siège de Mézières, etc...Ses opéras Jeannot et Colin, Aladin ou La lanterne magique, terminés par son collègue italien Angelo Maria Benincori en 1821 (les effets scéniques furent réglés par Louis Daguerre) et Une nuit de Gustave Wasa, inspiré par la prose d’Alexis Piron, furent créés à Paris après sa mort, en 1818, 1822 et 1825 respectivement. (Une nuit de Gustave Wasa fut joué à la Salle Garnier.)
Les opéras de Nicolo furent très prisés de son vivant et longtemps après sa mort par le public de Berlin, Hambourg, Copenhague, Rome, Londres, Bruxelles, Genève, Budapest, St. Petersbourg, Moscou, La Nouvelle Orléans, Philadelphie. Le Théâtre musical de Moscou ressuscita Cendrillon en 1998 dirigé par le chef d’orchestre australien Richard Bonynge. Le spectacle fut gravé sur CD. Curieusement, le Grand Théâtre de Marseille, fondé en 1770, ne montra pas grand intérêt pour les oeuvres de ce fils d'une Marseillaise et arrière-petit fils d'un Marseillais.
L’ascension sociale et professionnelle du jeune compositeur de Malte à Paris pendant le Directoire et l’Empire fut étonnante. Entouré de ses illustres collègues français et italiens, Nicolo conquit le nouveau public français et ses oeuvres eurent du succès partout en Europe et en Louisiane. Il flatta le goût du public de son époque et ne chercha point à améliorer son langage musical. Ses syllabes harmoniques sont primaires, mais toujours habitées d’une idée. Pourtant ses phrases et sa syntaxe sont correctes dans le cadre de sa propre grammaire musicale profondément marquée par ses études à Malte et en Italie. Guidé par son intuition créatrice, Nicolo coloria ses pensées musicales avec un charme irrésistible et une prodigieuse aisance mélodique dans un style peu prétentieux et peu personnel, mais expressif, plaisant, vivace et de très bon goût.
Malgré sa réussite professionnelle, sociale et pécuniaire, Nicolo se sentait frustré et mal récompensé parce que le Conservatoire de Paris n’avait pas accepté sa candidature pour le poste de professeur de composition et l’Institut de France ne l’avait pas admis sous la Coupole. Il s’adonna à la luxure et à l’alcool et mourut "de dissipation" le 23 mars 1818 à Paris, abandonné par sa deuxième femme Claudine Berthault qu’il avait épousée en 1812 après l’annulation de son premier mariage à Malte en 1796 avec Partenia Dimech. Il laissa deux filles, Sophie-Nicole (1809, Paris – 1885, Paris), cantatrice et compositrice, et Annette-Julie (1814, Paris – 1876, Paris), pianiste et compositrice.
Comme Jean-Baptiste Lully, Nicolo fut d’abord inhumé dans la crypte de l’église Notre Dame des Victoires à Paris, en présence de son frère cadet Joseph Nicolo (24 août 1794, Malte – 23 mars 1863, Rouen), chanteur, directeur de l’Opéra de Rouen et Inspecteur des monuments historiques de la Seine Maritime, et de deux membres de sa famille qui signèrent l’acte de décès et portèrent le coussin. Les Isouard furent suivis d’une foule considérable composée de musiciens célèbres, de professeurs du Conservatoire, d’interprètes, d’amis et d’admirateurs anonymes. Cherubini, Berton et les dramaturges Joseph-Bernard Delrieu et Charles Guillaume Étienne tinrent les cordons du poêle. Madame Isouard et ses deux filles, certes très jeunes à l’époque, n’assistèrent pas à la cérémonie. Elles héritèrent de sa fortune personnelle assez considérable et d’une partie, non négligeable, de la fortune de leurs grands-parents de Malte. Plus tard, la dépouille mortelle de Nicolo fut transférée au cimetière parisien du Père-Lachaise.
Nicolo laissait 42 opéras ainsi que des messes, cantates, motets, psaumes, duos vocaux, romances et quelques arrangements (du Concerto de Viotti, par exemple).
Avec Cherubini, Méhul, Kreutzer, Boïeldieu et Rode, Nicolo fonda en 1802 la maison d’éditions musicales "le Magasin de musique" à Paris (6). Son buste orne le frontispice de la façade de l’Opéra comique. Depuis 1865, une rue dans le 16ème arrondissement de Paris porte son nom. Dans son pays natal, une salle de récitals dans le Théâtre Manoel à La Valette a été baptisée "Sala Isouard", la fanfare municipale de la ville de Mosta (où il eut son fonds de commerce) porte son nom depuis 1871, ainsi qu’une rue de la ville de Sliema. La Banque centrale de Malte émit une pièce de monnaie avec son buste en relief en 2002.
La très respectable "Revue des deux mondes" publia dans son numéro du 1er août 1865 un intéressant essai sur "la musique dramatique française" comprenant un long alinéa sur Nicolo :
"Un homme qu’on me paraît (sic) trop oublier (sic) aujourd’hui avait cependant précédé Boïeldieu (Boieldieu) dans ce pays du sentimental et du conte de fées : je veux parler de Nicolo Isouard (Nicolò Isouard), l’auteur de Cendrillon et de Joconde. C’était un Italien de Malte (sic), un élève du Napolitain Guglielmi. Plume coulante, imagination de premier mouvement, la veine généreuse de l’opéra buffa (sic) circule dans son œuvre et la colore, les idées lui viennent sans qu’il les cherche, et comme elles lui viennent il les écrit. De là son naturel, son charme, l’agrément exquis de certaines mélodies de Joconde ; de là aussi ces défaillances de style, cet effacement de personnalité. On s’étonne qu’avec un bagage aussi distingué que le sien un artiste puisse occuper si peu de place dans la discussion. Weber remarque ingénieusement qu’en Allemagne, où ses ouvrages sont des plus goûtés, son nom n’a jamais eu la moindre notoriété. En France, cette obscurité relative est la même. À quoi tient-elle ? Peut-être à plus d’une raison. Il y de ces noms confus et maladroits qui semblent prédestinés à l’oubli. L’auteur de Joconde eut cette maie (sic) chance. Les uns l’appelaient Isouard, les autres Nicolo (Nicolò), quelques-uns Nicolo-Isouard, ou bien encore Nicolo de Malte. Impossible, à moins d’avoir étudié ses biographes, de s’orienter à travers ce dédale. Et d’ailleurs qu’importe ici le nom ? Facile, élégante, toute française, cette musique n’est originale que dans l’espèce, et peut parfaitement se passer de l’estampille extérieure d’un nom que son sens intime ne trahit pas. L’originalité, je le répète, appartient à l’espèce, comparé à des Italiens, à des Allemands, Nicolo (Nicolò) a sa physionomie propre, son air particulier, qui se dissipent dès l’instant que vous l’envisagez parmi le groupe de famille. Autant j’en dirai de Boïeldieu (Boieldieu), bien autrement fort et musicien que l’élève de Guglielmi, et auquel Cherubini avait enseigné l’art de faire difficilement de la musique facile. Quoi qu’il en soit, ces éléments nouveaux que réclamait le goût du public, cette intensité de vie et d’expression dramatique, cette couleur moitié historique et moitié légendaire, sorte de compromis entre la chronique et le conte bleu, après avoir passé de Richard Cœur de lion à Cendrillon, de Cendrillon à Jean de Paris, trouvèrent dans la Dame blanche leur terme le plus complet…"
Probablement le même auteur anonyme, d’après le style, dans le numéro 15 mai 1854 de même revue, dans son compte-rendu sur la "Vie de Rossini, par M. Beyle (Stendhal)" se rappela de la reprise de Cendrillon de Nicolo à l’Opéra-comique et compara l’œuvre de Nicolo à la Cenerentola de Rossini :
"J’assistais, il y a quelques années à la reprise de Cendrillon à l’Opéra-Comique (sic), et je fus ravi, j’avouerai, du caractère aimable de cette inspiration si naïvement romantique. L’opéra de Nicolo (Nicolò) produisit sur moi un effet que la musique de Rossini dans toute sa pompe n’avait point su produire. Il me semblait entendre un vrai conte de fées en musique, et je retrouvais dans ces phrases un peu écourtées, mais d’une expression si simple et si touchante, cet air de grâce enfantine et de bonhomie que respire la bibliothèque bleue. Un lied d’Uhland ou de Kerner qu’on lirait discrètement alors qu’on a l’oreille toute remplie d’une tirade de beaux vers un peu déclamatoires et redondans (sic), telle sera, je suppose, l’impression que vous éprouverez, si jamais il vous prend fantaisie d’aller entendre le petit chef-d’œuvre de Nicolo Isouard (Nicolò Isouard) au lendemain d’une représentation de la Cenerentola de Rossini."
Il est curieux de constater que certains historiens français de la musique, qui s’exprimaient au vingtième siècle, ne reconnaissent pas l’origine française de Nicolo Isouard et le traitent d’Italien de Malte ou d’Italien francisé, tout en reconnaissant sa contribution à l’histoire du théâtre lyrique français du romantisme naissant, mais apostrophant avec insistance son infériorité par rapport à Boïeldieu. Cette comparaison nous paraît déplacée et superflue. Boïeldieu, né la même année que Nicolo, vécut seize ans de plus que lui et eut le droit aux compliments de ce genre de la part des mêmes historiens : "pianiste brillant, mais dépourvu de toute éducation sérieuse en matière de composition", "plus riche d’espérances que de savoir", etc... Néanmoins, Boïeldieu fut comblé de tous les honneurs officiels existant à son époque, son nom figure dans les dictionnaires étrangers qui très souvent ignorent Nicolo. Signalons aussi que Nicolo n’obtint aucune décoration française. Son immense succès auprès du public, toujours nombreux, chaleureux, cosmopolite et fidèle, fut sa plus grande et unique récompense publique dans son pays d’origine, d’adoption et de mort.
La bibliothèque nationale de France (7) acquit en 1994 les manuscrits de Nicolo, ses œuvres publiées avant 1850, sa correspondance échangée avec ses collègues compositeurs, ses interprètes et ses principaux librettistes : le dramaturge français François-Benoît Hoffman (1760-1828), qui lui prodigua aussi de précieux conseils sur le plan verbal et scénique de ses opéras, l’Italien Jacopo Ferretti (1784-1852), Charles Guillaume Étienne (1777-1818).
Voya Toncitch
Notes :
(1) Les registres paroissiaux de Marseille mentionnent plusieurs familles Lombard et Rigort en ce milieu du XVIIIe siècle, notamment : 21 février 1751 (La Major) : baptême de Marie Madeleine Lombard, fille d'Antoine "cabrier" et de Madeleine Donadey ; 26 février 1754 (La Major) : mariage de Suzanne Lombard, 27 ans, fille d'Honoré et d'Anne Meinier, avec Joseph Alexandre Donet ; 17 mai 1754 (Saint-Laurent) : baptême d'Anne Rose Lombard, fille de Louis, patron pêcheur, et de Thérèse Fillet ; 27 octobre 1754 (Notre-Dame des Accoules) : mariage de François Lombard, négociant, âgé de 30 ans, fils de Jérôme, capitaine de vaisseau marchand, et de Margerite Rose d'André, avec Marie Thérèse Pin, 19 ans ; 5 février 1754 (La Major) : mariage de Jean Jacques Rigord, blanchisseur, 39 ans, veuf de Catherine Grisola, fils de défunt Martin et de défunte Anne Monet, avec Françoise Geneviève Mounier, 32 ans ; 20 mars 1754 (La Major) : baptême de Marguerite Geneviève Rigord, fille des précédents... (NDLR)
(2) Francesco Azzopardi (1745-1809) fut élève de Michelangelo Vella à Malte avant d’approfondir ses connaissances techniques et théoriques en Italie. Il laissa de nombreuses compositions de musique religieuse, surtout des messes avec orgue obligatoire, exécutées à Malte, en Italie et ailleurs, et des ouvrages théoriques, écrits en italien, qui retinrent l’attention de Cherubini et de Choron en France. La plupart de ses manuscrits sont conservés au Musée de la Cathédrale de Mdina (ancienne capitale de Malte).
(3) Très apprécié du public de son temps, Francesco Duarte fut professeur de plusieurs grands noms de la musique italienne : Giovanni Battista Pergolesi, Nicola Piccini, Giovanni Paisiello, Antonio Sacchini et Niccolò Jommelli, à titre d’exemple.
(4) Henri-Jean Rigel, né le 11 mai 1772 à Paris et décédé le 16 décembre 1852 à Abbeville (Somme), composa deux opéras : Les deux meuniers, créé au Caire en 1799, et Le duel nocturne, créé à Paris, au Théâtre Feydeau en 1805. Sa sincère amitié fut précieuse à Nicolo. Il le présenta au mathématicien Gaspard Monge, au naturaliste Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire, au célèbre médecin René-Nicolas Desgenettes, au graveur Vivant Denon, qui séjournèrent à Malte en même temps que Napoléon, et l’introduisit dans les salons d’aristocrates et de banquiers. Le père d’Henri-Jean Rigel, Henri-Joseph Riegel ou Rigel après sa naturalisation, né le 9 février 1741 à Wettheim (Allemagne), décédé le 2 mai 1799 à Paris, fut compositeur respecté par le public parisien avant la Révolution de 1789. Il laissa 16 opéras, créés à Paris entre 1778 et 1800, mais ne se maintinrent pas. Par contre, ses compositions de musique de chambre sont occasionnellement jouées et enregistrées.
(5) Rodolphe Kreutzer, né le 16 novembre 1766 à Versailles, décédé le 6 janvier 1831 à Genève (Suisse), fut le plus grand violoniste virtuose et improvisateur avant l’avènement de Niccolò Paganini. Protégé de Marie-Antoinette, il devint républicain convaincu après son exécution, composa sa grandiose cantate révolutionnaire Le siège de Lille en 1792, dont le cadre grandiloquent ne laissa pas Berlioz indifférent, et connu les plus grands honneurs sous l’Empire. Kreutzer abandonna sa carrière de concertiste en 1810. Professeur au Conservatoire de Paris de 1795 à 1826, il fut aussi directeur de l’Opéra de Paris et son chef d’orchestre à partir de 1817. Kreutzer laissa 42 études-caprices pour violon seul, 19 concerti et plus de 40 opéras. Comme violoniste, il fut admiré par Beethoven qui l’entendit à Vienne, lui dédia sa Sonate pour piano et violon, op. 47, en la majeur, dite Sonate à Kreutzer (1803), et lui envoya une copie manuscrite da sa composition portant la dédicace en français. Kreutzer refusa la dédicace et renvoya à Beethoven son manuscrit avec une mention peu courtoise : "outrageusement inintelligible". Beethoven créa lui-même son opus 47 à Vienne le 24 mai 1804 avec le violoniste éthiopien George Augustus Polgreen Bridgetower (1778-1860).
Comme celle d’Henri-Jean Rigel, l’amitié de Rodolphe Kreutzer fut précieuse et cruciale pour la carrière de Nicolo. Kreutzer lui demeura fidèle même pendant la période de sa grande déchéance physique et morale, ainsi que le médecin René-Nicolas Desgenettes (1762-1837), et s’occupa des exécutions de ses œuvres après sa mort. Après le décès de Kreutzer en 1831, les deux filles de Nicolo Isouard, Sophie-Nicole (devenue Madame François Auguste Sebire) et Annette-Julie s’en chargèrent très habilement.
(6) Actif jusqu'en 1811, ce Magasin de musique était situé 268 rue de la Loi (actuelle rue de Richelieu). (NDLR)
(7) Cette acquisition de la Bibliothèque Nationale concerne 368 articles dont la provenance n’est pas spécifiée.
J.-L. Battmann*, Dans un délire extrême, fantaisie pour le piano sur l’air de “Joconde” de Nicolo, op. 445 n° 2 (Paris, Brandus & Cie éditeurs). Fichier audio par Max Méreaux (DR.)
* Jacques-Louis Battmann (Masevaux, 1818 – Dijon, 1886), instituteur issu de l’Ecole normale de Colmar où il étudia l’harmonie et la composition avec Th. Schlosser (professeur de musique dans cet établissement), prit également des leçons d’orgue auprès de Martin Vogt (organiste de la cathédrale de Colmar), puis débuta sa carrière d’organiste en 1840 à la cathédrale de Belfort, avant d’être appelé à Saint-Georges de Vesoul où il resta durant plusieurs décennies. On lui connaît un catalogue varié de plus de 450 opus, ainsi qu’une Méthode d’harmonium (Belfort, 1841) et un Traité d’harmonie pour l’accompagnement du plain-chant (1855) [NDLR]