Germaine LEROUX


 

Germaine Leroux, vers 1935
(photo Lipnitzki, Paris/coll. G. Farova) DR.

 

Dans son appartement parisien
(coll. G. Farova) DR.

Germaine Leroux est née à Paris le 2 avril 1906, fille d’Eugène Leroux, bijoutier, et de Louise Rigal. Entrée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de piano de Marguerite Long, elle obtient un 1er accessit en 1922, puis un 1er prix en 1924 avec la première Balade en sol mineur, op. 23 de Chopin ; parmi les membres du jury, on relève alors le nom de Maurice Ravel. Elle débute ensuite sa carrière avec un répertoire classique, puis se tourne vers le répertoire tchèque dès le début des années trente. Elle va ainsi effectuer une carrière de concertiste à cheval sur les deux pays. C'est l'époque où Pierre Vellones (1889-1939) lui dédie sa Ballade pour piano qu'elle joue chez Colonne le 10 décembre 1932 et où elle enregistre avec Hélène Pignari-Salles, Nicole Rolet, Piero Coppola et l'orchestre de Gustave Bret le Concerto pour 4 pianos et orchestre de Bach (1933).

 

Soliste de l'Orchestre National, des Concerts Colonne et Lamoureux, avec lesquels elle jouait notamment en 1938 le Concerto en mi bémol de Lizst, elle a effectué de nombreuses tournées certes en Tchécoslovaquie avant la deuxième guerre mondiale, mais également à travers toute l'Europe ainsi qu'aux USA où elle fait ses débuts en 1939. En août 1940, elle participait activement au Festival de musique tchèque de New York avec le 2e Concerto de Bohuslav Martinu, dont elle est d'ailleurs dédicataire l'ayant créé en France le 31 juillet 1937 à la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Philippe Gaubert. Deux années auparavant (15 février 1935), elle créait à la radio Paris-PTT avec le violoniste Robert Soëtens la Sonate pour violon et piano de Jaroslav Jezek, autre compositeur tchèque, dans le cadre d'un Festival tchèque de musique contemporaine. A la même époque, à Paris en janvier 1934, elle épouse le diplomate et musicologue Milos Safranek (1894-1982), ami de Martinu qui vécut aussi à Paris (1923 à 1940) et sur lequel il écrira une biographie. Alors Secrétaire de la Légation de Tchécoslovaquie à Paris (1927 à 1937), il est appelé à Prague en décembre 1937, puis à la déclaration de la guerre, se réfugie avec son épouse aux Etats-Unis. En 1946, ils retourneront à Prague.

A New York durant la guerre
(coll. G. Farova) DR.

 

C'est durant ces années de guerre que Germaine Leroux se perfectionna auprès d'Arthur Schnabel, lui-même réfugié aux USA en 1939 avant d'adopter la nationalité américaine en 1944. En 1942, le 16 mars à Carnegie Hall (New York), c'est elle qui créa la Sinfonietta giocosa de Martinu qui lui est dédiée, sous la direction de Léon Barzin. Mais, après la fin des hostilités puis le « coup de Prague » du 25 février 1948 sa carrière internationale fut quelque peu ralentie : elle se produisait pour la dernière fois à la Maison des Artistes de Prague (Rudolfinum) en récital le 27 novembre 1947 sur un piano Steinway avec pour programme : Toccata D-dur de Bach, Sonate As-dur, op. 110, de Beethoven, Mazurka a-moll, op. 14 n° 4, op. 56 n°3, op. 30 n° 4 et Barcarolle op. 60 de Chopin, Sonatine de Ravel, Images (Reflet dans l'eau, Hommage à Rameau, Mouvement) de Debussy et ScherzoValse de Chabrier.

 

Puis elle se contenta ensuite de se produire en concerts ou récitals principalement en France, aidée de son agent le bureau des concerts parisien de Valmalète, auquel elle appartenait dans les années soixante. Elle enregistrait également quelques grands classiques, entre autres en 1953 Kreisleriana op. 16 de Schumann (Supraphon), en 1954 la Sonate en si majeur, op. 147, D.575, de Schubert et Kinderszenen (Scènes d’enfants), op. 15, de Schumann (Supraphon), et chez Polydor en 1962, un disque consacré à Liszt, intitulé « Piano pour rêver ». On lui doit aussi au début des année soixante « Les plus belles pages de Chopin » (Polonaises, Mazurkas, Etudes) chez DG (17212). En 1952, le 2 décembre on peut encore l'entendre au Conservatoire de Genève (Suisse) jouer la Suite de Rameau, la Sonate posthume de Schubert, 6 Préludes de Debussy, Ondine et Toccata de Ravel… En 2014, Alain Deguernel avec son label Forgotten Records a réédité en CD les enregistrements de la Sonate op. 147 de Schubert, ainsi que Kreisleriana et Kinderszenen de Schumann (FR 890).

 

Troisième épouse de Milos Safrenek, Germaine Leroux était la belle-mère de l'historienne et photographe franco-tchèque Anna Farova (1928-2010) qui épousera le peintre et sculpteur Libor Fara (1925-1988), tous deux parents de la sculptrice Anne Farova (née en 1961) et de la photographe Gabina Farova (née en 1963). Le fils unique qu'elle avait eu lors de son union avec Milos Safranek, Jean-Henri Safranek, né le 29 septembre 1934 à Paris, est quant à lui décédé à Jersey, le 7 mars 1974 à l'âge de 39 ans. Après son divorce en 1961 d’avec Milos Safranek, Germaine Leroux, remariée en secondes noces avec Jean Garachon, est morte le 1er janvier 1989 à Dourdan, en région parisienne.

 

Denis Havard de la Montagne*

(déc. 2013, mise à jour : juillet 2022)

 

* nos remerciements à Gabina Farova, photographe d’art à Prague et à Jan Safranek, dentiste à Byron Bay (Nouvelle-Galles du Sud, Australie) pour leur contribution.


Réédition en 2013 des enregistrements de la Sonate op. 147 de Schubert (1954), et des op. 15 (1954) et 16 (1953) de Schumann
(Forgotten records, fr 890)


Programme concert au Rudolfinum (Maison des artistes) de Prague, le 27 novembre 1947
(coll. G. Farova) DR.
 

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