Louis Liébard, pionnier du chant choral


 

 

Né le 4 juin 1908 à Saint-Pair-sur-Mer (Manche), mort au cours de sa 102ème année le 15 janvier 2010 à Chaumont-en-Vexin (Oise), issu du mouvement scout, licencié ès lettres, élève de Joseph Samson, Louis Liébard a fondé le groupe de chant folklorique « Les Compagnons de la musique » et « La Faluche ». On lui doit de nombreuses harmonisations de chants populaires ainsi que la mise en musique de textes variés, parmi lesquels on trouve des chants liturgiques.

 

Revue de presse :

 

« Mariages :

Marie-Magdeleine Régnier, Cheftaine de District à Dijon, avec M. Louis Liebard, Scoutmestre à la 8ème Dijon. »

(Le Guide de France, 1er octobre 1938, p. 163)

 

« Les « Compagnons de la Musique » à Paris :

Au cours d'une réception au Bœuf sur le Toit, les Compagnons de la Musique ont été présentés hier à MM. Taittinger et Victor Constant, qu'entouraient de nombreuses, personnalités parisiennes. Le but essentiel de cette troupe, fondée en 1941 par Louis Liébard, est de rajeunir, sans toutefois les déformer, toutes les vieilles chansons françaises. De cette conciliation entre les mélodies anciennes et les rythmes modernes est né quelque chose de nouveau, un art vivant comme le jazz et pourtant essentiellement français. »

(L'Oeuvre, 19 avril 1944)

 

« Chanson populaire et propagande française :

[…] On connait déjà bien en France cette équipe fondée à Lyon en septembre 1941 par M. Louis Liébard, pour porter le témoignage des authentiques « résonances françaises ». Les origines en sont complexes : la recherche n'en manquerait certes pas d'intérêt, mais il faut s'en tenir ici à l'essentiel. On mentionnera donc en ce qui concerne l'aspect proprement musical des Compagnons (goût pour les chansons populaires, esprit de leur harmonisation) le nom d'un des promoteurs de la renaissance de l'art choral, M. Joseph Samson, maître de chapelle d'un collège libre à Avranches puis de la cathédrale de Dijon, et dont Louis Liébard a été l'élève. Quant à l'expression animée qui fait corps avec l'exécution vocale, c'est auprès de Jacques Copeau et de ses disciples Léon Chancerel (fondateur des « Comédiens Routiers ») et Etienne Decroux (rénovateur en France de l'art du mime et maître de Jean-Louis Barrault) que Louis Liébard est allé chercher un enseignement.

C’est précisément dans l'union intime de la chanson et du geste que réside l'originalité des Compagnons de la Musique. Leur création, la « chanson animée » (le terme a été lancé par leur fondateur) se présente comme une oeuvre à la fois « polyphonique, collective, corporelle et animée » ; entendons qu'ils ont découvert la richesse expressive de la chanson par le chant polyphonique et le jeu corporel collectif. C'est comme « première équipe d'expression musicale française » que les Compagnons de la Musique ont parcouru depuis six ans toutes les provinces françaises et quelques pays voisins de la France. L’équipe, peu nombreuse — une dizaine de jeunes gens (en majorité) et de jeunes filles — s'est renouvelée fréquemment. Ces chanteurs-acteurs ne sont pas des professionnels : d’origines très diverses, ils se font « Compagnons » pour un certain temps seulement et reprennent ensuite leur premier, métier. Mais il ne faut pas que leur qualité de non-professionnels évoque je ne sais quel laisser-aller au point de vue artistique. Formés aux meilleures méthodes du chant choral, ils atteignent dans l'exécution de leurs chansons une précision et une homogénéité qui les classent parmi les premiers ensembles vocaux. […]

Le simple auditeur n'est d'ailleurs pas le seul à y prendre un plaisir extrême. Le musicien lui aussi sait reconnaître dans les harmonisations de Louis Liébard une grande ingéniosité et une parfaite connaissance des possibilités de cet instrument si souple qu’est la voix humaine. »

(La France en Allemagne, juillet 1946, p. 44-46)

 

« Cantiques nouveaux :

Il s'agit du recueil Gloire au Seigneur, publié par les éditions du Seuil, Paris. [...]

Nous avons annoncé quelques réserves. Ce n’est pas pour le plaisir de chercher des poux dans la paille. Mais, en toute sympathie pour les auteurs de Gloire au Seigneur, nous voudrions montrer à ceux de nos lecteurs qui en auraient besoin que même devant un excellent manuel ils ont à faire preuve de goût, et ne pas tout admirer de confiance ni au même degré.

Qu’ils éprouvent donc la qualité de chaque mélodie moderne ; et lorsqu’ils verront une ligne qui monte et qui descend au hasard, qui n’aurait ni plus ni moins de sens si on la retournait ou si on l’inversait, qu’ils ne s'y attardent pas trop. Qu’ils remarquent par contre combien, dans leur simplicité, les compositions trop peu nombreuses de Louis Liébard et de Jean Langlais savent commencer, se développer et finir. »

(La Croix, 23 mai 1947)

 

« LE 13 MARS A LILLE Louis LIEBARD ET « LA FALUCHE » :

Louis Liébard, ce nom n’est plus à faire connaître. Tous ceux qui aiment et pratiquent le chant choral savent bien que Louis Liébard est l’un des plus ardents pionniers du renouveau français en ce domaine. Ils connaissent et apprécient les multiples harmonisations d’anciennes chansons que depuis des années il offre aux chœurs. C’est lui qui, d'autre part, fut le fondateur et le premier meneur des célèbres « Compagnons de la Musique ». Aujourd’hui, il a pris la direction artistique de ce chœur étudiant de Paris, que Lille va enfin recevoir et applaudir : « La Faluche ». Toute l’Angleterre a applaudi cette chorale l’an dernier ; et le Canada s’apprête à la recevoir cette année. La B.B.C. l'a plusieurs fois fait entendre sur ses antennes. Elle va nous proposer tout un programme choisi, aussi varié que bien réparti : chants de notre vieux folklore, et des folklores étrangers Noëls célèbres, « Negro-spirituals » chœurs de la Renaissance, chœurs religieux des grands maîtres... C’est donc à la fois un témoignage de la vitalité du chant choral en France, et l’occasion de goûter un concert particulièrement choisi, que ces 30 choristes vont nous offrir. »

(La Croix du Nord, 10 mars 1949)

 

« La Faluche, ensemble vocal de l’Université Catholique de Paris, dirigé par Louis Liébard qui fonda les Compagnons de la Musique, est de retour depuis ce matin à Paris, après avoir effectué une tournée aux Etats-Unis et au Canada. »

(Combat, 5 octobre 1949)

 

« Vingt-huit étudiants et étudiantes français ont chanté au Canada :

Gare Saint-Lazare, hier, à midi 48, vingt-huit étudiants et étudiantes, reconnaissables non seulement à leur béret de velours surchargé d'ornements mais à leur entrain juvénile, descendent du train transatlantique : ils arrivent d’Amérique, via Le Havre, par le paquebot Washington, après un séjour de deux mois au Canada. Ce sont les membres de « La Faluche », chorale de l’Université catholique, dirigée par Louis Liébard.

Nous avons voulu, nous disent-ils, faire entendre le chant choral français à nos amis canadiens. Nous leur avons surtout Chanté des noëls, des chansons populaires ; on nous appelait là-bas An enjoyable concert. Ces jeunes gens ont apporté à Halifax, à Québec, à Montréal, à Ottawa, à Worcester, à Boston, à New-York, l’image d’une France jeune qui a séduit les Américains. Soit 70 spectacles et 15.000 kilomètres parcourus. Et ils se donnèrent le plaisir d’une dernière chanson sur le quai de la gare. »

(Le Figaro, 6 octobre 1949, p. 2)

 

« 21, RUE D’ASSAS, A PARIS, FACULTE CATHOLIQUE :

J’entre sous les voûtes au style monacal lorsque des chansons frappent mes oreilles. Je grimpe l’escalier et tombe en pleine répétition de La Faluche.

Une faluche, pour les non-initiés, c’est tout simplement ce béret de velours que les étudiants ornent de rubans et d’insignes, me dit le président de la chorale. Nous avons choisi la faluche comme symbole pour notre chorale d’étudiants. Nos chanteurs appartiennent à toutes les facultés : Jean-François est juriste, Marie-Claire prépare les sciences, Reine est en lettres, André est à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (l’E.S.S.E.C.), etc. Nous appartenons tous à la « Catho » (la Faculté catholique).

Pourquoi nous avons fondé cette chorale ? Parce que nous sommes des étudiants qui avons envie de chanter et de distraire les autres. La chorale a été créée il y a quatre ans, et, sous la direction artistique de Louis Liébard, ne cesse de prospérer. Elle crée un mouvement d’amitié, non seulement entre nous qui sommes très unis, mais avec tous les étudiants de la Catho. »

— Votre répertoire est-il spécialisé ?

— Non. Nous avons des chansons de tous les temps et de toutes les sortes : chants choraux, variétés, negro spirituals, chants sacrés. Mais notre spécialité, si l’on peut dire, est la chanson animée. Cela est typiquement français et Louis Liébard en est le créateur.

— Vous ne chantez que pour les étudiants ?

— Bien sûr que non. Pendant l’année scolaire nous donnons des concerts à Paris et en province, et l’été, à l’étranger, nous faisons connaître la chanson française. L’Angleterre, le Canada, le Portugal, l’Allemagne et l’Autriche nous ont accueillis les années précédentes. L’année prochaine nous espérons aller encore plus loin. »

(La Vie catholique illustrée, 25 novembre 1951, p. 7)

 

« La chorale LA FALUCHE a triomphé au Maarif :

C’est au cinéma Familia au Maarif, que les Casablancais ont pu faire connaissance de « La Faluche », une chorale d’étudiants dont ils attendaient la venue avec impatience.

Eh bien, la Faluche est venue est a vaincu triomphalement. Ses 40 exécutants n'ont pu quitter la scène, sous les bravos, qu'après de nombreux rappels et le directeur artistique, M. Louis Liebard, dut venir saluer plusieurs fois le public ravi. Ravi est bien le mot qui convient ; aucun des auditeurs de « La Faluche » ne le discutera. La Faluche avait à son abondant programme des motets anciens, des œuvres de la Renaissance, des chansons populaires françaises et étrangères, des chansons animées, de la musique sacrée. Tous et toutes furent chantés et rendus avec une juvénile et fougueuse maîtrise qui souleva l’enthousiasme. Nous ne savions ce qu’il fallait admirer le plus de l’adaptation de ces jeunes filles et de ces jeunes gens à tous les modes d’expression, de leur présentation et leur tenue en scène ou de leur manière caractéristique de ressentir et d’ex primer les sentiments contenus dans leurs chants. Par cet ensemble de qualités « La Faluche » est une chorale typiquement française.

Elle a su dégager hier une immédiate sympathie, elle n’avait plus ensuite qu’à étaler son grand art musical et à attendre les applaudissements.

Et tout était pourtant d’une admirable simplicité, tout était marqué de cette difficile facilité que ne peuvent atteindre que les vrais artistes. C’était, je tiens à ce mot : ravissant. La place m’est trop mesurée pour qu’il me soit possible de m’étendre longuement sur les détails de cette magnifique manifestation, mais je tiens à dire à M. Louis Liébard toute mon admiration pour la perfection de sa chorale. « La Faluche » sert magistralement l’art polyphonique. Elle a atteint son but. Nous avons remarqué dans l’assistance M. Roze, délégué régional du Service de la Jeunesse et des Sports, le père Lequéré, curé du Maarif et de nombreuses personnalités. Un bon conseil : si vous en avez l’occasion, allez entendre « La Faluche »

(Le Petit Marocain, 13 septembre 1952, p. 3)

 

« Une salle enthousiaste a fait un brillant accueil à La Faluche au Maritania. La salle très bien garnie a goûté dans un profond silence la merveilleuse interprétation que ces jeunes gens et jeunes Mlles, coiffés de la traditionnelle faluche, ont donnée des oeuvres tour a tour anciennes et modernes et de tous les pays.

Après une copieuse première partie où, évoquant les régions qu'ils ont parcourues et les vieilles provinces françaises, ils surent par leurs ensembles choraux nous faire revivre des temps révolus, ils furent dans la deuxième partie les interprètes efficaces de l’air polyphonique et de ses possibilités vocales en interprétant tour à tour de la musique sacrée ancienne et moderne, des œuvres de la Renaissance, des Noëls et des Negros spirituals.

Enfin, pour terminer, ils nous donnèrent d’autres chansons étrangères et sur les rappels véhéments d’un public applaudissant à tout rompre ils ajoutèrent deux morceaux hors programme avec une bonne volonté évidente.

Ces 40 voyageurs de la chanson (20 garçons et 20 Mlles) sont avant tout bien sympathiques, C'est le premier terme qui vient à notre pensée quand on évoque ces adolescents et ces jeunes Mlles au regard franc, à l'allure décidée qui représentent bien notre jeunesse studieuse française et savent porter bien haut le fanion aux trois couleurs qui ornait la scène du Mauritania.

Parmi les morceaux chantés par notre dynamique groupement, je retiendrai d’abord un négro spiritual « Run, nigger, run » de Frédéric Bohl. On pouvait croire que les négros spirituals exigeaient une interprétation du pays ; La Faluche a tenu la gageure de se surpasser en cette occasion. Notons aussi « Timor et Tremor », de Francis Poulenc, et un chant normand « M’y promenant », arrangé par Louis Liebard, qui dirige l’ensemble choral avec une compétence et une activité à laquelle il faut rendre hommage.

Enfin ne terminons pas sans nous féliciter pour l’accueil de Tanger à ce spectacle d’art pur qui prouve bien que dans notre ville il y a, quoi que l’on dise, des amateurs fervents et compréhensifs et qu’ils savent applaudir des efforts comme celui de La Faluche. »

(La Tribune de Tanger, 13 septembre 1952)

 

« ECLAIRE DE RUBANS ET D'INSIGNES Les étudiants et étudiantes de « la Faluche » offrent au monde leur sourire et leurs chansons :

Ils étaient quarante environ l’autre soir salle du Conservatoire : vingt étudiants en costume sombre et chemise blanche, vingt étudiantes en corsage blanc et jupe claire, tous et toutes coiffés de la faluche, ce traditionnel béret de velours noir que l’on vit reparaître pendant l’occupation, avec ses rubans multicolores (jaune pour les lettres, rouge pour le droit, violet pour les sciences), ses insignes et ses clinquants.

Ces quarante jeunes gens composent « La Faluche », chorale estudiantine que dirige avec beaucoup d’art et de fermeté Louis Liébard, le fondateur des « Compagnons de la musique » et l’initiateur des « Compagnons de la chanson ».

La Faluche donnait donc, l’autre soir, un concert à Paris, sous la présidence de Mgr Feltin dont c’était le premier acte officiel du cardinalat. Une autre audition aura lieu lundi, à 21 heures, en cette même salle du Conservatoire. Et nous ne saurions trop conseiller aux amateurs de musique polyphonique de s’y rendre. Mais notre dessein n’est pas de faire oeuvre de critique musical. Laissons ce soin aux « techniciens » ...

Le spectacle de ces jeunes qui chantent dans la joie, avec le sourire, est réconfortant. Les « choristes » de La Faluche croient en ce qu’ils chantent, joignent à leur amour de la musique le souci du « fini » et l'enthousiasme de leurs vingt ans. Ce qu’ils chantent ? Des chansons régionales particulièrement pittoresques et des fantaisies modernes (Kosma), des oeuvres de la Renaissance (Jannequin, Roland de Lassus, Palestrina) du dix-septième siècle, du Bach et du moderne (Poulenc), de la musique sacrée enfin La Faluche est une grande voyageuse.

Née à la fin de la guerre, en 1945, elle a déjà porté le message de la chanson française par toute la France et aussi à l’étranger d’où elle a rapporté des oeuvres charmantes, tendres ou bru tales, populaires ou classiques. En 1947 et 1948, elle sillonna les routes d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande ; en 1949, elle visite le Canada et sept Etats des Etats-Unis (elle donne 70 concerts) ; en 1950, c’est le Portugal ; en 1951, l’Allemagne et l’Autriche avec conclusion au camp de la Lorelei. Cette année, elle a parcouru en 40 jours 8.500 km. : au Portugal, en Espagne et au Maroc.

Précisons que ces tournées sont conçues et organisées par les étudiants de La Faluche, qu’elles ne sont subventionnées par aucun autre budget que le talent et l'entrain des jeunes gens. En outre, s'agissant d’étudiants, ces tournées ont lieu pendant les vacances universitaires. Seuls quelques concerts sont donnés pendant 1'année à Paris ou dans certaines villes de province.

Terminons par un éloge, celui que M. André François-Poncet a adressé à Louis Liébard après la tournée de La Faluche en Allemagne : « J’ai apprécié grandement la qualité de votre ensemble. Les mérites musicaux de votre chorale s’allient à une présentation parfaite. Je suis heureux que ces succès soient venus récompenser vos efforts en vue de faire rayonner à l’étranger le prestige culturel de notre pays. » Est-il besoin d’insister ? Jean Papillon. »

(Le Figaro, 6 décembre 1952, p. 13)

 

Chants liturgiques à la composition desquels L. Liébard a contribué :

 

- Depuis l'aube où sur la terre, IP29/I29.

- Dieu tout puissant, G18.

- Esprit de Dieu, KX10/K10.

- La Balade du pauvre pêcheur, EDIT 757/CM16-m.

- O Dieu d'amour, DEV238/G17

- Quand Jésus mourait au calvaire, HV19/H19.

- Seigneur, j'ai vu des maux immenses, DEV301/G19.

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(juillet 2023)


V'la l'bon vent, chanson populaire du Canada harmonisée à 3 voix par Louis Liébard
(répertoire des "Compagnons de la musique", collection "Résonances Françaises", Le Raincy, 1963) DR.
 

Relancer la page d'accueil du site MUSICA ET MEMORIA

Droits de reproduction et de diffusion réservés
© MUSICA ET MEMORIA

Web Analytics