Marcelle de Manziarly
quelques œuvres vues par la presse…
(coll. Parisienne de Photographie) DR.
Sortons d'un oubli injustifié cette pianiste et compositrice, élève de Nadia Boulanger. De nationalité française, née le 13 septembre 1899 à Kharkhiv (Ukraine), morte le 12 mai 1989 à Ojai (Californie), Marcelle de Manziarly effectua une partie de ses études musicales à Paris, tout en étudiant la direction d’orchestre à Bâle et le piano à New York. On trouvera ci-après des critiques et commentaires de quelques-unes de ses œuvres, tirés de la presse spécialisée.
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« Les Trois atmosphères slaves de Mlle Marcelle de Manziarly, autant par l'admirable interprétation qu'en donna M. Ernest Lévy que par le beau talent dont elles témoignent, furent accueillies par un très grand succès. Ces visions, qui perdent un peu en se prolongeant, s'apparentent à l'art de Moussorgsky par leur poésie rêveuse, où parfois ici un cauchemar hurle et darde sa langue soufrée, et par leurs lignes qui se contractent pour saisir en des instantanés successifs les mouvements de foule, ou se grossissent afin de scander de pesantes danses populaires. »
(Le Ménestrel, 14 janvier 1921, p. 15)
« Les Cinq Chants de Mlle Marcelle de Manziarly, intensément traduits par Mme Magdeleine Greslé, frappent dès l'abord par le riche tempérament musical qu'ils décèlent, mais, à la longue, il émane d'eux une certaine monotonie doublée d'une trop nette influence de Moussorgsky jusque dans les modulations. La première pièce, Chant nocturne, semble rester la meilleure. »
(Le Ménestrel, 9 mars 1923, p. 114-115)
« QUINTETTE (Marcelle de Manziarly). — Ecrit en 1934 pour le « Quintette Instrumental de Paris » il débute par une Introduction d'un caractère doux et chantant. Le mouvement vif qui suit est rapide et léger ; les instruments et répondent sur un rythme à 5 temps qui donne à tout ce morceau une allure balancée. Le second mouvement Lento ma non troppo est d'un caractère tout à fait opposé. Une longue phrase mélodique est exposée par l'alto, puis développée par la flûte. Sur des arpèges de harpe, la flûte, le violon, l'alto, le violoncelle s'unissent par une lente progression mélodique. La phrase est développée et arrive par un crescendo soutenu à son point culminant pour laisser la flûte chanter les dernières mesures de ce mouvement. L'Allegro final de par son thème bien scandé par l'alto, et syncopé, sur un rythme ternaire à 4 temps est très vivant. La flûte fait entendre un contrepoint léger de gammes, chante à son tour et laisse au violon le soin de faire entendre le second thème qui, par opposition, est expressif et très mélodique. Après un court développement du motif principal, le violon reprend le thème du début ; l'épisode mélodique fait suite, s'élargit, se développe, et après un canon à la seconde entre la flûte et le violon accompagnés au violoncelle et à la harpe par des arpèges, le morceau s'achève dans la légèreté. La Coda qui termine le Quintette dans la douceur n'est autre que l'Introduction du début »
(L'Art musical, 21 février 1936, p. 393)
« Ce poste offrait la première audition d'un chœur de Mlle Marcelle de Manziarly : L'Adoration des Bergers, d'une inspiration mystique très émouvante. L'auteur a su conserver dans cette œuvre une grande simplicité et une belle noblesse d'expression. Pour la composer elle s'est inspirée d'un ancien texte provençal. L'ensemble est éminemment radiophonique. Un discret accompagnement au piano guide les solistes, et permet d'échapper à la monotonie fréquente des chœurs a capella, mais jamais il ne vient alourdir l'œuvre ; le soin de la développer est confié aux voix qui s'acquittèrent fort bien de leur tâche. »
(L'Art musical, 28 février 1936, p. 413)
« Suite pour flûte et piano (Marcelle de Manziarly). — Elle est composée de trois mouvements. Dans le 1er, Molto Allegro, les deux instruments sont traités en instruments concertants de valeur égale. Ils dialoguent et s’imitent ; l’écriture en est contrapuntique et légère. Une phrase plus lente ralentit un instant le rythme rapide de ce morceau que la reprise du premier thème et une courte coda terminent. Le 2ème mouvement, Andante quasi Adagio, est mélodique. Une phrase d’abord expressive, puis ornée et reprise dans sa forme initiale une quarte plus bas, est chantée par la flûte, accompagnée très simplement au piano. Dans le Presto terminal, le piano s’oppose à la flûte, le thème étant entendu tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ces deux instruments qui s’unissent dans une fin brillante.
(L'Art musical, 8 avril 1938, p. 723)
Olivier Geoffroy
(mai 2021)