LES ORGUES DE NOTRE-DAME DE PARIS



Notre-Dame de Paris. (Cl. M.B.)
Notre-Dame de Paris ( photo Michel Baron )

 

 

La littérature sur le grand orgue de Notre-Dame de Paris étant déjà abondante, nous invitons nos lecteurs à s’y reporter pour davantage de détails. Il s’agit principalement des ouvrages suivants, desquels nous nous sommes en partie inspiré pour rédiger le résumé qui suit : F. Raugel, Les Grandes Orgues des églises de Paris et du département de la Seine (Paris, Fischbacher, 1927), P. Cochereau, Le Grand-Orgue de Notre-Dame de Paris (Bulletin des Monuments historiques de la France, n° 2/3, 1962), P. Hardouin, Le Grand-Orgue de Notre-Dame de Paris (Bärenreiter, 1973), F. Sabatier, Les aventures du Grand-Orgue de Notre-Dame de Paris au XIXe siècle (Cahiers et Mémoires de l’Orgue, 1974-1975), B. Gérard et R. Marchard, Le Grand-Orgue et les organistes de Notre-Dame de Paris (1980), Craig Wright, Music and ceremony at Notre-Dame of Paris, 500-1500 (Cambridge University Press, 1989), P. Dumoulin, Orgues de l’Ile-de-France, t. IV, Inventaire des orgues de Paris, première partie (Paris, Aux Amateurs de Livres, 1992).

 

* * *

 

- XIIe siècle : un petit instrument est sans doute installé dans le chœur dès la construction de Notre-Dame, que joue Léonin avant 1180, puis Pérotin le Grand de 1183 environ à 1236.

 

- septembre 1332 : présence d’un grand orgue attestée par le versement de cachets à un organiste : il s’agit d’un orgue suspendu en nid d’hirondelle, de 6 pieds en montre, avec un seul clavier et 4 à 6 tuyaux par note, installé sous une fenêtre haute de la nef probablement depuis le XIIIe siècle. Il sera démonté en 1425.

 

- octobre 1403 : la construction d’un nouvel orgue décidée en 1401, installé maintenant en tribune de pierre au-dessus du grand portail ouest par Frédéric Schambantz, facteur du duc de Berry, est achevée (un seul clavier de 46 notes, Montre de 18 pieds).

 

- 1415 : réparation par Jean Chabancel.

 

- 1458 : travaux par Jean Bourdon.

 

- 1473 à 1476 : restauration par le facteur troyen Jean Robelin, connu pour avoir déjà travaillé en 1469 sur l’orgue de Saint-Trophime d’Arles.

 

- 1529 : relevage par Pasquier Bauldry, qui en 1535 va travailler sur l’instrument de Saint-Honoré.

 

- 1564 : relevage par Nicolas Dabenet, auteur de la restauration en 1559 de l’orgue de l’église Saint-Paul.

 

- 1609 : et 1618 : transformation par Valéran de Héman (installation d’un Positif à jeux séparés, ajout d’un 3e clavier). Réception en 1620.

 

- XVIIe s. : au cours de ce siècle vont également travailler les facteurs Pierre Thierry (1636), Jacques Carouge (1672), Alexandre Thierry et Hippolyte Ducastel (1691) qui restaurent et améliorent l’instrument de 1403 toujours en fonction (pédalier en tirasse, 4e clavier de l’Echo et jeux séparés au pédalier, augmentation des jeux du GO).

 

- 1730-1733 : reconstruction complète par François Thierry : buffet neuf pour le GO, conservation du Positif de 1616, jeux du XVIIe s. conservés avec étendue portée à 50 notes.

 

- 1784 : réfection générale par François-Henry Clicquot : construction d’un buffet Positif neuf de style Louis XVI contenant 16 jeux, tous neufs sauf le Cornet et les basses du Bourdon ; élargissement du buffet du GO ; augmentation des soufflets ; réfection des Anches du GO ; ajout d’une Trompette au clavier de Bombarde ; modification de la composition de l’Echo ; augmentation de la Pédale. L’instrument est reçu le 5 mai 1788.

 

- 1812 : l’orgue épargné durant la tourmente révolutionnaire fait l’objet d’un simple relevage par Pierre-François Dallery, successeur de Clicquot.

 

- 1833 à 1838 : restauration par Louis-Paul Dallery, entre autres soufflerie neuve, réduction à 4 claviers de 61 notes, rehaussement des tourelles, quelques modifications de jeux.

 

- 1840 à 1859 : d’importants travaux de restauration de la cathédrale produisent de nombreux gravats et autres poussières qui endommagent l’instrument ; il devient injouable au fil des années.

 

- 1863 à 1867 : reconstruction par Aristide Cavaillé-Coll avec des modifications et ajouts : construction d’une nouvelle tribune ; suppression du buffet du Positif ; réutilisation des 23 jeux des facteurs Thierry, Clicquot et Dallery ; 42 registres nouveaux ; étendue des claviers ramenée à 56 notes ; sommiers neufs pour les claviers de Bombarde et de Pédale ; soufflerie neuve ; mécanique neuve avec machine Barker.

 

- 6 mars 1868 : cet orgue symphonique de Cavaillé-Coll (86 jeux répartis sur 5 claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes) est inauguré par Eugène Sergent (le titulaire depuis 1847), Clément Loret (organiste de Saint-Louis-d’Antin), Auguste Durand (organiste de Saint-Vincent-de-Paul), Alexis Chauvet (organiste de Saint-Merry), Camille Saint-Saëns (organiste de Sainte-Madeleine), César Franck (organiste de Sainte-Clotilde), Alexandre Guilmant (organiste de Saint-Nicolas à Boulogne-sur-Mer), Charles-Marie Widor (organiste de Saint-François à Lyon).

 

- 1894 : relevage par Cavaillé-Coll.

 

- 1904 : relevage par Charles Mutin, successeur de Cavaillé-Coll, avec quelques modifications mineures.

 

- 1924 : ajout d’une soufflerie par Mutin.

 

- 1931 : relevage par Joseph Beuchet, directeur de la « Maison Cavaillé-Coll » : nouvelle disposition des claviers, ajout de quelques jeux (Flûte harmonique 8 au GO, Cymbale III rangs au récit, Violoncelle 16 et Bourdon 8 à la Pédale), retouche du Plenum. Inauguration le 10 juin 1932 par Vierne et Widor.

 

- 1959 : grande restauration par Jean Hermann, puis au décès de ce dernier en 1965, au cours des travaux, continuée par Robert Boisseau : nouvelle console ; électrification ; modifications de Mixtures au GO et au Récit ; agrandissement de la Pédale à 28 jeux ; adjonction d’une Cymbale IV au Grand-Chœur ; au Solo : ancienne batterie d’anches installée en chamade, pose de Fourniture V, Cymbale IV et Cromorne…

 

- 31 mai 1964 : récital d’orgue donné par Pierre Cochereau à l’occasion du VIIIe centenaire de la fondation de la cathédrale : François Couperin, Offertoire de la Messe solennelle ; J.-S. Bach, Prélude et triple fugue en mi bémol ; César Franck, Deuxième Choral en si mineur ; Louis Vierne, Cathédrales, tiré du 4e volume des Pièces de Fantaisie, Impromptu, extrait du 3e livre des Pièces de Fantaisie ; Marcel Dupré, Final du Poème symphonique Evocation ; P. Cochereau, improvisation en dix versets dans la forme du Rituel parisien de la bénédiction des orgues.

 

- mai 1990 à novembre 1992 : restauration complète par Jean-Loup Boisseau, Bertrand Cattiaux, Philippe Emeriaux, Michel Giroud et la Société Synaptel pour la partie informatique. Notamment nouvelle console, suppression de la transmission électrique devenue obsolète et mise en place d’une transmission informatique. Inauguration le 4 décembre 1992.

 

- septembre 2011 à décembre 2012 : première tranche de restauration par Pascal Quoirin et Bertrand Cattiaux avec remplacement du système informatique de commande des notes et des jeux Synaptel, devenu rapidement obsolète, par un nouveau système de la Société italienne Eltec-Automiazoni de Cunéo, installation d’une console neuve, tessiture d’une partie de la pédale étendue

 

- septembre 2013 à août 2014 : seconde tranche de restauration avec motorisation des registres par vérins pneumatiques en remplacement aux machines de tirage des jeux de Cavaillé-Coll, consolidation des tuyaux de façade, augmentation des jeux, nettoyage de la tuyauterie, accord général.

 

- 20 septembre 2014 : inauguration de l’orgue actuellement composé 115 jeux et 7952 tuyaux répartis sur 5 claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes.

 

- 15 avril 2019 : destruction par le feu de la toiture et d’une partie de la voûte. L’orgue n’est pas atteint par les flammes, mais sérieusement altéré par la suie, la fumée et l’humidité, le rendant injouable.

 

D.H.M.

(avril 2019)





Le dernier enregistrement effectué à Notre-Dame (6-8 janvier 2019) avant l'incendie.

Publié le 23 avril 2019 sur Facebook par Orgues Quoirin :

Très bonnes nouvelles du grand orgue de Notre Dame.
Après deux heures d'examen de la partie instrumentale je n'ai constaté aucun dégât qui aurait pu être causé par l'incendie. Simplement de la poussière, une poussière propre brun clair un peu comme du sable, poussière sèche non collante.
Il y avait un thermomètre à mémoire à l'intérieur de l'instrument, il indique une température de 17 degrés le jour de l'incendie. Donc aucune dégradation de la tuyauterie et de tous les composants électroniques.
Dans une quinzaine de jours nous pourrons remettre l'orgue en fonction pour pouvoir faire un diagnostic plus approfondi, notamment sur l'état des sommiers, mais franchement je suis très optimiste.
L'idéal sera de confiner l'orgue dans une cage bien étanche et climatisée. Puis faire le dépoussiérage, plan par plan et jouer l'orgue régulièrement. Et enfin, démonter le confinement lorsque la voûte sera reconstruite, et l'accorder.

Muy buenas noticias del gran órgano de Notre Dame.
Después de dos horas de examen de la parte instrumental, no noté ningún daño que pudiera haber sido causado por el fuego. Simplemente polvo, un polvo limpio, marrón claro, un poco como arena, polvo seco no pegajoso.
Había un termómetro con memoria dentro del instrumento, que indica una temperatura de 17 grados el día del incendio. Así que no hay degradación de la tubería y de todos los componentes electrónicos.
Dentro de quince días podremos recuperar el órgano para poder hacer un diagnóstico más detallado, en particular sobre el estado de los sommiers, pero francamente soy muy optimista. Lo ideal será confinar el órgano en una jaula bien sellada y con aire acondicionado. Luego haz el polvo, planifica y toca el órgano regularmente. Y finalmente, desmantelar el confinamiento cuando la bóveda será reconstruida.

Very good news from the great organ of Notre Dame.
After two hours of examination of the instrumental part I did not notice any damage that could have been caused by the fire. Simply dust, a clean, light brown dust a bit like sand, non sticky dry dust.
There was a thermometer with memory inside the instrument, it indicates a temperature of 17 degrees the day of the fire. So no degradation of the piping and all the electronic components.
In a fortnight we will be able to put the organ back in order to be able to make a more detailed diagnosis, in particular on the state of the sommiers, but frankly I am very optimistic.
The ideal will be to confine the organ in a well sealed and air-conditioned cage. Then do the dusting, plan by plan and play the organ regularly. And finally, dismantle the confinement when the vault will be rebuilt, and grant it.

Sehr gute Nachrichten von der großen Orgel von Notre Dame.
Nach zwei Stunden Prüfung des Instrumentalteils bemerkte ich keine Schäden, die durch den Brand entstanden sein könnten. Einfach Staub, ein sauberer, hellbrauner Staub, ein bisschen wie Sand, nicht klebriger trockener Staub.
Im Inneren des Instruments befand sich ein Thermometer mit Speicher, das am Tag des Feuers eine Temperatur von 17 Grad anzeigt. Keine Verschlechterung der Rohrleitungen und aller elektronischen Komponenten.
In vierzehn Tagen werden wir das Organ zurückstellen können, um eine genauere Diagnose insbesondere über den Zustand der Sommiers machen zu können, aber ehrlich gesagt bin ich sehr optimistisch.
Ideal ist es, die Orgel in einem gut verschlossenen und klimatisierten Käfig zu halten. Dann das Abstauben, Planen und Organisieren regelmäßig. Zerlegen Sie schließlich die Gefangenschaft, wenn das Gewölbe wieder aufgebaut wird, und gewähren Sie es.



Photo Michel Baron 2019

Photo Michel Baron, 2019. DR.
 

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