Glanes sur les anciens orgues des cathédrales de Séoul et de Hanoï


 

 

Cathédrale de Séoul
(carte postale ancienne) DR.

 

CATHEDRALE NOTRE-DAME DE L’IMMACULEE-CONCEPTION ou DE MYEONG-DONG A SEOUL (COREE DU SUD) :

 

Dans cet édifice, lors de sa consécration le 29 mai 1898, « Fonds baptismaux, chaire à prêcher, orgue et jusqu'aux bénitiers, tout manque encore. »

(Compte rendu des travaux, Société des Missions étrangères, 1898, p. 36).

 

Fort heureusement, le lieu de culte s'enrichit année après année :

 

« Les stalles du choeur, la chaire, l'orgue furent établis tour à tour. »

(Compte rendu des travaux, Société des Missions étrangères, 1927, p. 208)

 

« Le P. Bodin retenu en France par son état de santé, a trouvé une âme charitable qui veut bien fournir le supplément nécessaire à l'achat d'un orgue pour la cathédrale de Séoul.

(Bulletin de la Société des Missions étrangères de Paris, janvier 1922, p. 687)

 

« Les deux excellences sont venues à la mission, ont visité la cathédrale où l'on était en train de monter l'orgue ».

(Annales des Missions étrangères de Paris, janvier 1924, p. 155)

 

« Les orgues destinées à la cathédrale de Séoul sont enfin arrivées. Le P. Lamasse, de Mandchourie Méridionale, qui a présidé à l'installation des orgues de la cathédrale de Moukden, a bien voulu venir tout exprès pour monter et accorder les nôtres, dont l'inauguration solennelle a eu lieu le dimanche de la Pentecôte. »
(Bulletin de la Société des Missions étrangères de Paris, février 1924, p. 451)


« Le P. Bodin est enfin de retour ; aussi le jour de la fête du Christ-Roi, l'orgue de la cathédrale a retrouvé sa voix. »

(Bulletin de la Société des Missions étrangères de Paris, janvier 1933, p. 923)

 

« L'orgue était tenu par le père Bodin ; grâce à la générosité de l'organiste, l'instrument venait d'être paré d'un buffet s'harmonisant parfaitement avec le style de l'édifice. »

(Bulletin de la Société des Missions étrangères de Paris, janvier 1936, p. 435)

 

Cathédrale de Hanoï
(carte postale ancienne) DR.

Cet instrument sortait de la manufacture Mutin-Cavaillé-Coll de Paris (cf. Inventaire des orgues de la maison Cavaillé-Coll, Paris, Sénart, 1923, p. 29). Il fut détruit durant la Guerre de Corée en septembre 1950, lors de bombardements américains sur la cathédrale qui servait alors de dépôt de munitions aux Communistes. Un orgue électronique fut installé au cours de la décennie suivante, puis remplacé par un orgue à tuyaux de la manufacture allemande Werner Bosch inauguré le 3 avril 1985 (35 jeux, trois claviers, 2577 tuyaux).

 

 

CATHEDRALE SAINT-JOSEPH DE HANOI (VIETNAM) :

 

Dans cette cathédrale construite par les Français en 1886, un appel aux dons avait été lancé en novembre 1898 auprès des fidèles en vue d'acquérir un orgue à tuyaux. C'est finalement à la fin de l'année 1901 qu'un orgue a été posé dans la cathédrale. Cet instrument provenait de l'église des Carmes à Paris dans laquelle l'orgue actuel d'Henri Didier lui a succédé (orgue Didier inauguré par Gigout et Planchet le 10 décembre 1902). :

 

« Mgr Gendreau ayant acheté l'orgue de l'église des Carmes à Paris vient de l'installer dans sa cathédrale à Hanoï. »

(Annales des Missions étrangères de Paris, janvier 1902, p. 183)

 

L'ancien orgue des Carmes était un Cavaillé-Coll de huit jeux sur deux claviers et pédalier. Huybens nous donne quelques indications sur l'origine de l'instrument :

 

« CC 225/197 : livraison du grand orgue des RRPP Dominicains à Paris, II/8. Note : construit pour Mr. J. de Bammeville auquel il a été livré le 26.8.1846, l'instrument fut placé au couvent des RRPP Dominicains le 15 mars1851. Il fut relevé en 1863 : 550 f. »

(Aristide Cavaillé-Coll, Liste des travaux exécutés, 1985, p. 24, n° 126)

 

[Note DHM : il s’agit de la famille Joly de Bammeville et plus particulièrement de la branche d’Eric (1797-1880). Celui-ci acheta en 1841 le château de Bellejame à Marcoussis (Essonne) et c'est probablement de lui dont il est question, puisque l'on sait que son fils cadet, Aimé (1847-1922), né et mort au château de Bellejame, était un musicien amateur d'une certaine valeur (quelques-unes de ses oeuvres sont conservées à la BNF). En outre on sait qu’il avait acheté un orgue de salon Cavaillé-Coll qui lui fut livré le 19 mars 1873, mais l'on ignore précisément si c'était pour le château de Marcoussis ou pour son domicile parisien.]

 

Le Couvent des Carmes, racheté par l'Archevêché de Paris fut affecté aux Dominicains de 1849 à 1867 avant d'être cédé à l'Institut catholique qui occupe, aujourd'hui encore, les bâtiments.

 

D'autres mentions de l'instrument :

 

« Tonkin occidental – La fête de nos bienheureux martyrs et de Jeanne d'Arc.

A 8h ½, le grand portail s'ouvre et Mgr Gendreau, Mgr Mossard, Mgr Allys et Mgr Marcou pénètrent processionnellement dans la cathédrale, au son d'une marche triomphale jouée par l'orgue.

(Annales des Missions étrangères de Paris, janvier 1910, p. 40)      

 

" Certes, ce furent de beaux offices que ceux qui eurent lieu hier et ce matin, en la cathédrale de Hanoï, à l'occasion de la Toussaint et du Jour des Morts. [...]

Aussi, je considère comme un devoir de musicien d'adresser tout d'abord et publiquement, non seulement mes très sincères félicitations, mais encore un fervent hommage aux zélateurs de cet émouvant résultat. [...] M. Beck, l'excellent et consciencieux organiste de la cathédrale qui n'a pas seulement le très grand mérite de perfectionner continuellement sa technique, mais celui non moins délicat et louable de réparer et de soigner le grand orgue comme un enfant et d'avoir fait de ce pauvre et disparate assemblage de tuyaux vétustes et usés, un instrument qui, tout poussif qu'il est, rend encore de vaillants et appréciables services. |...]

L'ensemble, je le répète, fut charmant. [...] Mais que sera-ce quand il y aura de belles orgues toutes neuves !

Notre magnifique ville, si riche et si poétique [...] peut-elle donc être privée si longtemps de l'outillage perfectionné qu'il lui faut pour se placer d'emblée au premier rang des cités intellectuelles du monde ? [...] Le conservatoire, certes, n'est pas riche. [...] Et malgré sa pauvreté, il aidera de tout son coeur et de tous ses moyens, dût-il organiser autant de concerts qu'il le faudra, le vénérable Père Dronet, curé de Hanoï, à avoir des orgues, de belles et bonnes orgues dont il sera fier, dont tout Hanoï sera fier, et qui permettront à tous les talents de se manifester et de se donner libre cours."

(L'Avenir du Tonkin, 2 novembre 1927, p. 9)

 

« Malgré ses 80 ans bien sonnés, notre cher Père Dronet se maintient toujours à la page. […] Le bon père s'avise que l'orgue de la cathédrale a vieilli lui aussi et aurait besoin de sérieuses réparations. Mais pour cela, il faut le nerf de la guerre et si les curés ne roulent pas sur l'or, les vicaires n'en voient pas souvent la couleur ! Cependant, vous verrez qu'il réussira et j'espère le mois prochain signaler le succès du récital d'orgue qu'il organise avec le concours des meilleurs musiciens de Hanoï pour la fin du mois de mai. »

(Bulletin de la Société des Missions étrangères de Paris, janvier 1936, p. 451-452)

 

A Hanoï, l'orgue resta longtemps en place même si le journal L'Avenir du Tonkin du 19 novembre 1926 signale une collecte de fonds en vue de le remplacer (et évoque un orgue « Cavaillé-Coll, 1852, deux claviers et pédalier, 6 jeux). Il a probablement disparu peu après le départ des Français en 1954, car c'est à cette époque que la cathédrale a été pillée:

 

"L'orgue de la cathédrale de Hanoï est petit. Il ne comporte que deux claviers, un pédalier et six jeux. Le Révérend Père Dronet désirerait vivement le voir remplacé par un instrument plus digne du monument où il semble un peu perdu.
C'est néanmoins un orgue Cavaillé-Coll. Il date de 1852. Il appartenait autrefois à l'église des Carmes à Paris. Au moment de son remplacement dans cette église par un instrument plus important, il a été donné au RP Lecornu qui en a doté la cathédrale d'Hanoï.
Il serait grandement temps qu'un semblable remplacement vienne l'atteindre à son tour. Les fidèles et les artistes qui lisent ces lignes seront vraisemblablement priés quelque jour de faire dans ce but un léger sacrifice et s'en acquitteront avec joie.
Tel qu'il est toutefois, les harmonies tour à tour gracieuses et sévères dont ce vieil orgue anime les hautes voûtes de la cathédrale suffisent à nous rappeler le mot du grand Beethoven : "Personne n'a peut-être vu Dieu d'aussi près que moi".
N'est-ce pas là comme un surcroit d'exhortation à la vie intérieure chuchoté à nos oreilles par le plus génial artiste que la terre ait jamais produit ? Docteur de Fénis."

Olivier Geoffroy (mai 2020)

avec le concours de Denis Havard de la Montagne
(dernière mise à jour août 2022)

 

* *

*


 

Des orgues Cavaillé-Coll en Asie du Sud-Est

 


Ancienne cathédrale de Manille
(coll. O. Geoffroy) DR.

 

Philippines, cathédrale de Manille

 

L'actuelle cathédrale de l'Immaculée-Conception de Manille a été construite en 1958. Elle succède à un autre lieu de culte détruit à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un orgue de tribune Mutin-Cavaillé-Coll y avait été posé en 1913 mais il a disparu en même temps que l'édifice qui l'abritait.

 

Si l'on en croit l'inventaire des orgues construits par la Manufacture de l'Avenue du Maine (Paris, Sénart, 1923, p. 30), la cathédrale possédait en outre un orgue de chœur Mutin :

 

« Iles Philippines.

- Manille, MM. Oliver Y Trill, grand orgue.

- Manille, MM. Oliver Y Trill, orgue de chœur ».

 

Nous ne connaissons pas les caractéristiques sonores de ces deux instruments.

Un nouvel instrument de 61 jeux et plus de 5000 tuyaux a été inauguré en 1958, commandé à la société néerlandaise Pels & Fils.

 

 

Singapour, église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Singapour

 

L'opus 473 d'Aristide Cavaillé-Coll, posé comme orgue de chœur dans cette ancienne église des missionnaires français en 1877 (livré le 9 février), pour la somme de 5 939 francs, a été démonté au cours des années 1960 avant de disparaître complètement. Il n'en reste nulle trace. Toutefois, la composition de cet orgue mécanique de 6 jeux et 8 registres est connue :

 

Manuel (54 notes) : Bourdon 8' (basses et dessus), flûte 8' (basse empruntée au bourdon), prestant 4', quinte 2 2/3', doublette 2', basson-hautbois 8' (coupé en basses et dessus).

Pédale (18 notes) : en tirasse.

Appel et renvoi basson-hautbois.

 

Olivier Geoffroy

(janvier 2021)

 


 

Relancer la page d'accueil du site MUSICA ET MEMORIA

Droits de reproduction et de diffusion réservés
© MUSICA ET MEMORIA

Web Analytics