Noëlie Pierront
(1899 - 1988)

 

 

à l'orgue de l'Alexandra Palace de Londres, août 1939
(photo Davey) DR.

 

Née le 23 septembre 1899 à Paris et y décédée le 26 septembre 1988, Noëlie Pierront a débuté ses études musicales auprès de sa mère, Louise Pierront-Chambron, professeur de piano, avant de les poursuivre à la Schola cantorum de Paris auprès de Louis Sergent, Abel Decaux, Louis Vierne, Vincent d’Indy, Guy de Lioncourt et Marc de Ranse. Elle en ressortait en 1925 avec ses diplômes de contrepoint et orgue supérieur pour rejoindre le Conservatoire national supérieur de musique et y suivre les classes de fugue de Georges Caussade, et d’orgue d’Eugène Gigout puis de Marcel Dupré. Elle reçut aussi des leçons particulières d’orgue de la part d’André Marchal. Après l’obtention en 1928 d’un 1er prix dans cette dernière discipline, elle poursuivait une carrière d’organiste, déjà débutée dès 1919 à l’orgue de chœur de Saint-Germain-des-Prés, au grand orgue Mutin-Convers (1924-1925) de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, succédant-là en mars 1929 à Joannès Maquaire, décédé le mois précédent. Elle tiendra les claviers de cet instrument durant 40 années, jusqu’au 31 décembre 1969, les laissant alors à son successeur Gérard Letellier. Parallèlement, elle occupa d’autres fonctions durant des périodes plus ou moins longues : organiste de la chapelle du Cours Saint-Louis, chef de chœur au Cours Martinet, professeur à la Schola cantorum, à l’Institut grégorien, au Conservatoire du 16e arrondissement, pianiste du Chœur Mixte de Paris, soliste à la T.S.F. Egalement musicologue, on lui doit la publication d’œuvres anciennes, ainsi qu’une « Méthode de clavier » et une « Nouvelle Méthode d’orgue » (avec Jean Bonfils).

(Davantage de précisions sur cette artiste in la revue L’Orgue, n° 51 (1949), n° 205 (1988) et n° 225 (1993)

D.H.M.

 

 

Petite revue de presse

 

« Les Amis de l'Orgue (26 février). — La première des cinq auditions annuelles qu'offre cette Association à. ses adhérents a été donnée par Mlle Noëlie Pierront (premier prix du Conservatoire en 1928), avec le concours de Mme André Marchal, cantatrice.

Dans un programme heureusement composé et équilibré parcourant les divers stades de la littérature d'orgue (oeuvres de Bach, Couperin, Clérambault, Franck, Vierne, Honegger, Dupré, Bérault, etc.), Mlle N. Pierront s'est affirmée virtuose accomplie et excellente musicienne.

Maîtrise, technique calme et aisée, exacte adaptation du toucher et de la registration aux œuvres interprétées, fermeté du rythme, inflexions subtiles du phrasé aux nuances expressives du discours, tout témoigne dans le jeu de cette artiste des bienfaits recueillis à l'école de Gigout, de Dupré, de Marchal, et lui assure, dès l'aurore de sa carrière, une place de choix parmi les organistes femmes, voire parmi les organistes de sa génération.

Les suffrages que lui a prodigués une assistance d'élite, où se mêlaient aux Amis de l'Orgue nombre de ses aînés et de ses pairs, l'accueil chaleureux fait à Mme André Marchal, parfaite interprète des émouvantes Prières d'André Caplet, ont cautionné la louable mission d'éducation et d'encouragement que les Amis de l'Orgue se sont assignée » M. F. J.

(Le Ménestrel, 8 mars 1929, p. 112)

 

« Il vient de paraître, chez Gramophone, un Concerto en la mineur inédit, dont la réalisation est due à Mlle Claude Crussard, animatrice, pleine de science et d'érudition, du groupe « Ars Rediviva ». De proportions réduites (il tient en un seul disque) ce concerto n'en offre pas moins le type très net de la manière ci-dessus décrite. On lui trouvera, sans doute, comparé à des œuvres de plus d'envergure, un intérêt relatif, bien que les idées ne souffrent d'aucune faiblesse. L'orgue de Mlle Noélie Pierront s'équilibre harmonieusement avec le clavecin de Mme Marcelle Lacour. L'une et l'autre font preuve d'une modestie méritoire et mettent fort bien en valeur le violon solo de Mlle Dominique Blot dont l'éloge, depuis longtemps, n'est plus à faire. »

(L'Homme libre, 14 avril 1939, p. 3)

 

« Récital Noélie Pierront (3 mars) — Mlle Noélie Pierront aie singulier mérite d'avoir donné, en cet après-midi de guerre et ce dimanche de printemps, un récital d'orgue qui doit bien être le premier depuis le début de septembre. Mais outre celui-là, que d'autres mérites réunis ! Une culture éprouvée, semble-t-il, faite de la connaissance parfaite de l'instrument et du maître, mais nullement pédagogique : Mlle Noélie Pierront, au clavier, est la simplicité même, et l'on mesure l'accent propre de cette simplicité issue de la réflexion et de l'art. Là est sans doute le secret de l'émotion inexprimable dont elle pénètre ses interprétations de Bach, de Frescobaldi, de Dupré, de Tournemire. Point de fanfare, point de panache, la musique parle seule, déroulant purement ses prestiges. Il s'agissait, soulignons-le, d'un programme dont la composition seule faisait honneur à l'interprète, puisqu'il se présentait comme un triptyque sur la vie du Christ : Nativité, Passion, Résurrection. Il est juste de noter la part, dans le succès de ce concert, de la chanteuse-soliste, Mlle Henriette Baudoin, dont le timbre et la sensibilité sont proprement admirables ». Michel-Léon Hirsch.

(Le Ménestrel, 8 mars 1940, p. 44)

 

« Hier a eu lieu à Saint-Germain-des-Prés, une touchante manifestation. Les vieilles orgues de la vieille église parisienne ont fait entendre les œuvres de Jehan Alain, mort pour la France le 20 juin 1940 à Petit-Ruy, près de Saumur au poste qu'il devait défendre. Il avait 29 ans.

Pendant qu'une messe solennelle était dite pour le repos de cette âme, celle-ci nous parlait toujours. Un postlude pour l'office des complies, un Ave Maria, un O quam suavis est, d'autres morceaux encore étaient exécutés par l'émouvante et prestigieuse Noëlie Pierront, virtuose de l'orgue, et par quelques artistes non moins fervents. Et les larmes montaient aux yeux de ceux qui écoutaient ces élans de foi et d'amour. Il leur semblait que Jehan Alain était là parmi eux, confidentiel. »

(L'Oeuvre, 24 mars 1941, p. 2)

Olivier Geoffroy

(juillet 2020)

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