José RAZADOR

Ténor belge d’ascendance italienne (Châtelineau, 15 mars 1935 - Auvelais, 14 novembre 2017)

Médaille civique de 1ère classe (Belgique, 21/05/1996)

 

 

 

 

José Razador, Turiddu, Cavalleria rusticana

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

« J’ai bien connu José Razador pour avoir été son partenaire de scène. Nous nous sommes rencontrés au Palais des Beaux-Arts de de Charleroi pour des reprises de La Chauve–souris. Puis, nous nous sommes retrouvés à l'Opéra de Liège pour des séries de Le Pays du sourire et Les Contes d'Hoffmann. Nous avons sympathisé grâce à sa simplicité, sa spontanéité, sa gentillesse et sa jovialité. Sympathie renforcée par le fait d'être tous deux d'origine italienne et de la même région de Vénétie dont nous parlions le patois! J'ai très souvent chanté à ses côtés, essentiellement dans Le Pays du sourire où il était un magnifique Prince Sou-Chong. Il était doté d'une voix généreuse, vaillante, puissante et au timbre brillant, sonore, insolente de facilité, qui ne devait rien à un quelconque travail de technique: il était pratiquement autodidacte, avec une tessiture qui lui a permis d'aborder les principaux rôles du répertoire de lyrique, avec une prédilection pour Puccini (La Bohème, Gianni Schicchi, Tosca et bien-sûr Turandot) où il excellait. Ces emplois correspondaient parfaitement à sa vocalité intrinsèque. Son répertoire comporte de nombreux rôles, mais très intelligemment, son choix a toujours été dicté par des impératifs de tessiture et de couleur vocale: cela lui a permis de garder sa voix intacte tout au long de sa carrière! Son bonheur était de chanter: la course au vedettariat ne l’intéressait pas du tout! Sa modestie l'a peut-être empêché de faire une plus grande carrière internationale à laquelle il aurait pu prétendre. Néanmoins, il laisse le souvenir d'un riche palmarès et d'une brillante carrière. »

Jean BONATO

Jeune premier fantaisiste,

baryton d’opérette et comédien belge

http://www.musimem.com/Bonato_Jean.htm

 

"José Razador fut l'un de mes ténor préférés. Dans Hérodiade, Le Trouvère, Aida ou surtout Turandot, nous étions fusionnels. Sa facilité d'émission était déconcertante, la voix brillante et les aigus éclatants. Nous avons chanté Turandot en France, Pologne et en République tchèque, ainsi que très souvent en Belgique, je crois plus de 130 représentations. J'ai eu d'innombrables Calaf, mais José était spécial: il chantait comme il respirait ou plutôt, inspirait! D'un naturel déconcertant, la tessiture tendue du Prince Calaf ne l'effrayait pas. Nous avons chanté cet opéra dans d'immenses salles, comme à Varsovie, mais cela ne l'impressionnait pas! C'est un excellent camarade et nous nous téléphonons encore de temps à autre. A Marseille, Toulon, Avignon, Nîmes ou à Arles,  nous étions "les deux Belges", quelle responsabilité! Je me souviens de succulentes agapes bien arrosées au terme du spectacle, notamment à Marseille ou à Liège avec d'autres solistes. Nullement épuisé par la représentation, José se levait et nous régalait avec des chansons napolitaines! Un bel artiste, consciencieux, humble et superbement doué."

Géri BRUNIN

Soprano dramatique (1928-2012)

Propos recueillis par l'auteur (2005)

 

 

« Deux types de voix sont rares et recherchées : le contralto et le ténor. J’ai beaucoup apprécié José Razador, car il était emblématique du ténor italien, solaire et impétueux. Je n’ai pas chanté avec lui, mais j’ai fait partie du jury de concours du Conservatoire de Mons en 1972 lors duquel il décrocha son Premier d’art lyrique prix avec grande distinction, après un premier prix de chant. Sa voix était magnifique et facile, son instinct musical très juste. Derrière une décontraction de façade se cachait un Etre bouillonnant d’énergie, une énergie risquant de compromettre son chant ! Il avait tendance à se laisser emporter par la passion, ce qui bousculait la ligne, le laissant à court de souffle. Nous en avons discuté en aparté et lors de la finale, tout fut parfaitement maîtrisé. Giuseppe me fit ensuite livrer un superbe bouquet de roses jaunes. Je le vis ensuite à la scène dans Hérodiade et Carmen à Liège : craignant que le rôle de Jean fût trop lourd pour lui, je fus agréablement surprise, car sa voix avait mûri et avait acquis une belle assise, lui permettant d’affronter avec sérénité des rôles plus corsés. Giuseppe ou plutôt José fait partie des rares ténors belges de sa génération à avoir franchi le cap des meilleures scènes internationales. »

Lucienne DELVAUX

Contralto, mezzo-soprano et pédagogue belge (1916-2015)

Propos recueillis par l’auteur (2003, 2009 et 2014)

http://www.musimem.com/Delvaux_Lucienne.htm

 

 

« Pensionnaires à l’Opéra de Liège, nous avons souvent chanté ensemble. Très belle voix naturelle, emblématique du ténor latin, elle déconcertait par sa facilité. Alors que nous chauffions notre voix avant d’entrer en scène, José n’en avait nul besoin. Il se maquillait, se changeait et entrait en scène! Il pouvait nous laisser ébahis en égrenant une succession de cinq à six contre-Ut comme s’il conversait avec nous, ouvrant à peine la bouche, ayant subi une délicate fracture de la mâchoire. Quel phénomène! Dans les Dialogues des carmélites, incarnant l’Aumônier, il devait revêtir un collant moulant sous un pantalon court. Arrivé en dernière minute, il oublia le pantalon, ce qui déclencha l’hilarité parmi les autres braves sœurs, perturbant notre concentration à chacun de ses mouvements. Nous avons aussi chanté Le Roi d’Ys, Simon Boccanegra, La Bohème, Gianni Schicchi, L’Amour des trois oranges, etc. C’est une figure marquante de la scène lyrique qui s’en va.»

Andrée FRANCOIS

Soprano français

 

« Je n’aime guère mettre en exergue un partenaire de scène plus qu’un autre, mais José Razador figure au rang de mes ténors préférés. Si Luis Mariano était pour moi l’idéal du ténor d’opérette, sans oublier Rudi Hirigoyen avec lequel j’ai souvent chanté, José possédait non seulement les qualités de premier ténor lyrique, mais il excellait tout autant dans l’opérette. Eclat, facilité, aisance scénique et musicalité et sens de l’humour: il avait tout pour plaire! J’ai souvent joué à ses côtés La Veuve joyeuse, Le Pays du sourire, Le Chanteur de Mexico, Chanson gitane et à quelques occasions, Le Chant du désert. Homme charmant, toujours souriant, il ne se prenait pas au sérieux. José, enfant de la région, est pour nous tous ‘le ténor’ par excellence! ».

Jacqueline ROBERT

Divette belge (1932-2009)

Propos recueillis par l’auteur (2005)

 

« José Razador, c’était la voix du soleil, insolente et facile. J’ai chanté à plusieurs reprises avec lui, notamment dans Michel Strogoff ou Le Chant du désert, entre autre au Palais des Beaux-Arts de Charleroi. Nous y partagions parfois la même loge. Nous avons également été affichés en France dans Le Pays du sourire qui fut l’une de ses opérettes-fétiche. Même lorsqu’il abordait un second rôle, la générosité de son chant communicatif faisait qu’il parvenait à ravir la vedette aux solistes titulaires des premiers plans ! Dans Le Chant du désert, il incarnait Sid : il égrenait ses aigus et suraigus avec une facilité saisissante. Je conserve de lui le souvenir d’un artiste rare, humble et engagé. »

Premier Trial, fantaisiste, metteur en scène et directeur de l’opérette,

Palais des Beaux-Arts (Charleroi)

 

« José Razador: c’était la voix du bon Dieu! Exceptionnelle, facile et d’une admirable qualité, étonnante d’aisance. Il était un excellent partenaire, magnifiquement préparé musicalement. Nous avons souvent partagé l’affiche, notamment dans La Bohème où son Rodolphe était la séduction même. En revanche, à l’Opéra de Liège, je me souviens de ses moues incessantes dans Falstaff où José incarnait Fenton et Andrée François une lumineuse Nannette. Il n’aimait pas du tout ce rôle, il considérait cette partition comme incompréhensible; alors que moi, j’exultais dans l’inénarrable Sir John Falstaff, que j’adorais! Je suis attristé par sa mort et conserve de lui un lumineux souvenir.»

Michel TREMPONT

Baryton de l’Opéra

 

 

ARTICLES DE PRESSE

 

 

"José Razador incarnait Werther avec la maîtrise qu'on lui connaît. La partition a tous les atouts pour mettre un artiste en valeur, encore faut-il la servir brillamment. Sa voix ample, généreuse et son excellente diction y ont réussi à merveille."

(Extrait de presse,  non-identifié, Palais des Beaux-Arts, Charleroi)

 

"José Razador […] est un impressionnant Prince Sou-Chong. La tessiture de sa voix lui permet de vaincre les difficultés de sa partition […] Il déchaîne le tumulte des applaudissements enthousiastes avec l'air fameux 'Je t'ai donné mon cœur', donné avec un extraordinaire brillant dans l'aigu."

(Extrait de presse,  non-identifié, Théâtre Sébastopol, Lille)

 

"José Razador fut absolument éblouissant, du personnage de Rodolphe à des sommets rarement atteints. Très facile, il envoûte la salle lors de chacun de ses grands airs. Andrée François, Mimi, se révéla tout aussi merveilleuse: sa voix très chaude et très nuancée traduisit à la perfection des sentiments qui s'exacerbèrent au fil des actes."

(Extrait de presse,  non-identifié, Théâtre d'Avignon)

 

« Le triomphateur fut indiscutablement José Razador. Ce ténor à la voix jeune t fraîche se joua admirablement des difficultés de cette tessiture aux aigus plus difficilement négociables en français qu’en italien. Il se promena élégamment sur ces hautes notes sans que jamais la voix ne se serra. Bien au contraire, elle prenait sur ces sommets plus de puissance et plus d’éclat. Il se révéla l’égal de tous les actuels interprètes internationaux du rôle de Rodolphe. »

(Extrait de presse,  Le Petit Cévenol, N° 1476, 16/04/1976, Théâtre d'Avignon)

 

 

« Madame Butterfly: la découverte d’un nouveau ténor, José Razador. […] Nous avons regretté que Puccini ait un peu sacrifié le rôle de Pinkerton, car il s’agit là d’un artiste que nous reverrons avec plaisir dans Faust, nous a assuré la direction. La voix est chaleureuse, l’aigu facile et coloré, la diction parfaite. Bref, un ténor tel que nous les aimons. »

(Extrait de presse, non-identifié, Opéra de Toulon. Parmi les partenaires de J.R.: Michèle Herbé et Michel Dens)

 

 

 

Parcours atypique pour le plus italien des ténors belges

 

Joseph Rasador, véritable nom à la ville de ce ténor lyrique brillant, doté d’une voix déconcertante de facilité est né à Châtelineau (province du Hainaut, à proximité de Charleroi) de parents italiens originaires de Cappella Maggiore (Vénétie) émigrés en Belgique en 1930. Au début de la seconde guerre mondiale, le père est embarqué avec les Belges vers l’Allemagne et retrouve enfin l’Italie en 1945, où toute la famille y réside jusqu’en 1947, jusqu’au retour à Auvelais.

 

Rien ne le prédispose à une carrière internationale de soliste d’opéra.  Son père émigre en Belgique pour y travailler, puis il retourne en Italie pour s’y marier. Cette époque bouleversée laisse des souvenirs plutôt épars et douloureux au ténor qui, des années plus tard, évoquera le « souvenir des massacres de soldats allemands par les partisans » et une « scolarité décousue, entre deux bombardements » … [1]

 

 

Un contexte socio-économique difficile …

 

En dépit d’une reconstruction financière et sociale ardue, notamment aggravée par la crise économique de 1930, la période de l’entre-deux guerres en Belgique foisonne en matière de diffusion musicale, le pays entretenant avec la France une collaboration étroite et privilégiée en matière de programmation artistique.  Joseph Rasador vient au monde alors qu’un terrible marasme économique frappe l’un des noyaux durs de Charleroi et de sa région. L’exploitation minière et la métallurgie subissent de plein fouet les soubresauts de l’économie : les diminutions salariales imposées depuis 1929 (jusqu’à 40%) et la fragilité du maintien de l’emploi chez les mineurs, entraîne de massives revendications et des piquets de grève à répétition et des mouvements contestataires à grande échelle.

 

Pourtant, les théâtres maintiennent leur programmation et même si parfois les productions tournent au rabais (décors recyclés, costumes poussiéreux et anachroniques, pensionnaires de second plan chantant les premiers …), elles se maintiennent tout de même à bon niveau artistique, particulièrement dans la capitale belge. Des célébrités de l’Opéra, de l’Opéra-Comique et des principaux autres théâtres s’y produisent. Quant aux théâtres français, ils accueillent régulièrement les talents issus du plat pays. Les opéras du répertoire traditionnel (opéra et opéra comique) sont représentés régulièrement et Charleroi ne fait pas exception à la tradition, bien au contraire : l’Eden-Théâtre et le Théâtre de Variétés en tête, offrent une riche programmation lyrique à laquelle il faut ajouter l’opérette. L’opérette à grand spectacle, quant à elle, fait son entrée sur l’imposant plateau du Palais des Beaux-Arts dès 1957, hissant la réputation de cette ville à un haut niveau international pendant une vingtaine d’années, jusqu’au déclin de l’opérette[2]

 

 

La tradition du chant choral et les premiers pas de José Razador

 

Cette offre culturelle diversifiée favorise l’éclosion de sociétés de musiciens amateurs, de fanfares, de sociétés d’harmonie et de chorales qui essaiment dans la région. Enfant, puis adolescent, même si les centres d’intérêt de Joseph Rasador gravitent davantage autour du sport et du football, il chante depuis l’âge de sept ans et adolescent, il rejoint une chorale de garçons regroupant de nombreux jeunes éléments issus de la colonie italienne, une première occasion pour lui de se familiariser avec les notions de partage et de générosité, deux qualités humaines qui caractériseront l’artiste. Plus tard, il sera membre permanent d’un ensemble jouissant d’une belle réputation dans la région: le Cercle L’Aurore à Auvelais, troupe de musiciens locale produisant annuellement trois ou quatre opérettes (Salle La Renaissance) et proposant des concerts dans les principales wallonnes.

 

 

Débuts comme … ouvrier-tourneur et chanteur amateur!

 

Il suit une partie de sa scolarité – s’arrêtant au niveau primaire - à Auvelais, sa ville natale dans le Namurois et à 14 ans déjà, il est engagé comme apprenti à l’école technique des usines H.M.S., Sevrin-Migeot en qualité d’apprenti-tourneur. Puis, son cursus scolaire se poursuit dans le champ technique (Ecole Industrielle et Commerciale d’Auvelais) pour être couronné par un diplôme.

 

A l’âge de 16 ans, il est tourneur sur métaux chez le géant industriel belge Solvay à Jemeppe s/Sambre tout en peaufinant ses connaissances par des cours du soir auprès de l’Ecole professionnelle et technique des Aumôniers du Travail (Charleroi). Ce n’est donc pas une carrière lyrique qui semble se profiler, mais plutôt un emploi manuel et lourd, dans un environnement bruyant! Pourtant, il se fait remarquer: sifflant et chantant parfois à tue-tête pendant ses heures de travail, le bruit court selon lequel un « nouveau Caruso » aurait rejoint les rangs des ateliers!  Si l’univers lyrique est à cent lieues de ses préoccupations, il continue pourtant à chanter pour des chorales et participe à des concerts organisés par des sociétés d’amateurs qui ont toujours besoin de forces vives. Si la voix – ou plutôt une voix – est là, elle n’est ni travaillée, ni correctement posée ; toutefois, elle est déjà claironnante et semble être émise avec une facilité déconcertante. Mais la prudence étant de mise, puisque selon l’adage de la famille « le chant n’est pas un métier », Joseph Rasador montre une assiduité toute professionnelle dans son emploi chez Solvay. Il fréquente des cours du soir à l’Université du Travail de Charleroi où il obtient en 1958 un diplôme en Mécanique automobile et en Mécanique-outils.

 

 

Etudes musicales

 

Ses connaissances en matière de solfège n’étant que fragmentaires et chantant le plus souvent instinctivement d’oreille, Joseph Rasador doit se perfectionner. Il s’inscrit donc à l’Académie de Musique d’Auvelais, rattachée à l’Ecole Communale, où il étudie les fondamentaux du solfège, la théorie musicale et l’art théâtral. Adolescent, une fois ses connaissances musicales perfectionnées, mais de manière plutôt sommaire, il est admis à la Chorale Sainte-Cécile, un chœur essentiellement composé d’hommes, ensemble jouissant d’une belle notoriété et disposant d’un accès direct à la radio belge grâce à son studio d’enregistrement situé à Tamines.

 

 

 

Partition d’une superbe chanson composée par Emanuele Nutile (1862-1932)

(Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

A compter de 1951-1952, sa voix mue et semble trouver son assise dans la tessiture de ténor léger, vocalité qui évoluera très vite vers le lyrique. Soutenu par ses amis et collègues des chorales, Joseph Rasador donne des modestes mais remarquées prestations en solo (mélodies en patois wallon, airs anciens, chansons napolitaines, airs d’opéra-comique et d’opérette) lors de fêtes populaires ou de concerts de charité. Il chante dans différentes chorales paroissiales d'Auvelais et commence aussi à chanter et se produire dans de petites pièces dans ces mêmes paroisses avant de s'attaquer à partir de 1958 au Cercle L’Aurore d'Auvelais où il aborde l’opéra bouffe, l’opéra comique et l’opérette (Les Mousquetaires au couvent, Les Cloches de Corneville, La Veuve joyeuse, Le Pays du sourire).

Même s’il ne maîtrise encore aucune technique vocale avérée, son chant solaire lui vaut de totaliser tout de même près de 100 « prestations » annuelles et la fusion avec le public instille en lui une belle assurance. Au point que son employeur lui consent des aménagements hebdomadaires d’horaires et l’autorise à fréquenter ses cours de musique le mercredi après-midi et ce sont de lourdes semaines de travail de 48 heures … 

 

 

 

José Razador: Camille, La Veuve joyeuse (1959)

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

A compter des années 1958-1959, il décide d’étudier de manière plus approfondie le solfège. Marthe Pendville devient son professeur: brillante musicienne et spécialisée en théorie musicale, elle est réputée pour son redoutable caractère bien trempé. José Razador le décrira plus tard comme « un bourreau de travail, mais quel professeur! Chapeau bas! ».

 

 

 

José Lens : Rodolphe (La Bohème), 1934.

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

Encouragé par ses collègues de travail et par l’entreprise Solvay, il est admis en septembre 1958 au Conservatoire de Musique de Namur dans la classe du ténor José Lens (1897-1964), puis en perfectionnement (1962-1963) au Conservatoire Royal de Mons dans la classe du baryton Jean Lescanne (1916-2012)[3]. Voici ce que le ténor confiait à l’auteur au moment de la disparition de son professeur :

 

« Jean Lescanne fut pour moi un très bon professeur, au caractère bien trempé et parfois un peu farfelu, mais dont je conserve un souvenir ému. Agé de 27 ans, étudiant au Conservatoire Royal de Musique de Mons, je répétais l’air du Prince Calaf dans Turandot, opéra que je chantai maintes fois dans ma carrière. La tessiture est périlleuse pour un jeune ténor et en dépit de mes efforts, je ne parvenais pas tout à fait au niveau d’excellence imposé par Jean Lescanne qui commençait à s’impatienter. Je lui dis alors : ‘Je ne suis ni Mario Lanza ni Mario Del Monaco. Laissez-moi donc chanter avec ma propre voix !’ Cela étant dit, j’ai beaucoup apprécié son enseignement et ensemble, nous avons préparé une partie de mon répertoire. Personnage haut en couleur, passionné et engagé dans tout ce qu’il entreprenait, je conserve de Jean Lescanne un souvenir encore très présent aujourd’hui, teinté de respect et d’amitié. »

 

C’est à Namur, entre deux cours, qu’il rencontre le baryton Raymond Rossius (1926-2005) qui deviendra Directeur général de l’Opéra de Wallonie (Liège), venu perfectionner sa voix auprès de José Lens. Il retrouvera Raymond Rossius quelques années plus tard dans son fauteuil directorial.

 

 

Un palmarès académique tardif mais bien mérité …

 

Au Conservatoire de Namur, il décroche un Premier Prix de chant avec distinction (1958-1960), dans la classe de José Lens, ainsi qu’un Diplôme d’excellence (Premier Prix d’excellence) avec Grande distinction et attribution de la Médaille du Gouvernement (23 mai 1960). Parmi les membres du jury, un véritable aréopage d’illustres chanteurs belges : Yetty Martens[4], Nany Philippart, Dora Claeys-Nordier et Louis Richard. Il se voit aussi conférer le 23 décembre 1960 son Premier Prix d’Art lyrique avec distinction, toujours au Conservatoire de Namur.

 

Il décroche le Grand Prix de la Ville de Namur en Art lyrique le 30 mai 1962 : là encore, on retrouve la crème de la crème du chant belge, à l’instar de Marguerite Thys, Marcel Claudel, Louis Richard et Ernest Delmarche.

 

 

 

Jean Lescanne, Jack (Le Chant du désert), 1945

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

Au Conservatoire Royal de Musique de Mons, il se perfectionne – y compris en art lyrique - auprès de Jean Lescanne: c’est un Deuxième Prix avec tout de même un résultat de 85/100, année académique 1962-1963. Enfin, toujours au Conservatoire de Mons, le ténor obtient un Premier Prix de chant (9 juillet 1964). Enfin, on lui décerne un Premier Prix avec grande distinction en Art lyrique le 10 juillet 1972 avec un résultat cumulé de 98/100) et les félicitations de Lucienne Delvaux, Pierre Fischer et Maurice De Groote.

 

 

Les concours de chant

 

José Razador participe à un nombre important de concours de chant. Poussé par ses professeurs et aidé par son assurance naturelle, il est finaliste ou détenteur de plusieurs premiers et deuxièmes prix, à une époque où l’internationalisation des scènes lyriques met sur le marché pléthore de jeunes et ambitieux talents, avec l’arrivée des premiers chanteurs issus des pays de l’Europe centrale et orientale. La compétition est donc rude, mais il ne démérite pas, bien au contraire: Concours International de Belcanto (Liège), 1er Prix (1961), puis classé 5ème sur 14 finalistes internationaux parmi 167 concurrents et le seul ténor belge inscrit! Puis, le fameux concours (14ème) L’Echo des Travailleurs (1963): 2ème prix partagé (le 1er prix n’ayant pas été décerné): « Joseph Rasador, qui clôt la série des auditions, a une voix pleine de soleil qu’il fait retentir dans un air de ‘La Gioconda ‘, qui fut chanté d’ailleurs avec infiniment d’expression. Ce concurrent, qui est un habitué des compétitions de L’Echo, y obtient un gros succès» (il y interprète également des extraits de Tosca, Paillasse, Madame Butterfly et « Après un rêve », la mélodie de Fauré).

 

 

Carrière lyrique internationale

 

José Razador fait ses débuts officiels en 1960, au Palais des Beaux-Arts de Charleroi. Il se produit dans des revues de fin d'année (la première avec Bob Deschamp, chanteur et réputé conteur wallon) et interprète ses premiers rôles d’opérette sur une scène importante. Peu après, il est invité aux Théâtres de Namur et Mons où il remporte également de brillants succès.

 

Celui qui aura opté pour le nom de scène de José Razador débute saison 1960-1961 sous la houlette d’un impresario belge, en qualité de « premier ténor d’opérette et d’opéra ». Pour plus de sécurité, il conserve toutefois son emploi chez Solvay.

 

Parmi ses premiers rôles d’opérette figurent Hubert (Chanson gitane), le Marquis Henri (Les Cloches de Corneville), Camille (La Veuve joyeuse), Barinkay (Le Baron tzigane) et bien-sûr, le Prince Sou-Chong (Le Pays du sourire), un rôle qu’il chantera plus de 350 reprises fois! Progressivement, il aborde le répertoire lyrique, débutant à Namur dans Nadir (Les Pêcheurs de perles), enchaînant avec Mario Cavaradossi (Tosca), Rodolfo (La Bohème), le Duca di Mantova (Rigoletto), Lt. Pinkerton (Madama Butterfly), Alfredo/Rodolphe (La Traviata), Ismaele (Nabucco).  A compter de 1963, le ténor chante dans des villes telles que Namur, Mons, Gand, Anvers, Knokke, Spa et Bruxelles, mais pourtant, à ce stade de sa vie, il ne juge pas ses premiers succès véritablement dignes d’intérêt et fondamentalement, il est étranger au monde de l’opéra et de l’opérette … C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles en 1964, il accepte une charge de professeur de chant à l’Académie de Musique d’Auvelais: il caresse le rêve d’y dénicher de bons éléments, surtout un ténor qui pourrait devenir son poulain. Peine perdue, comme il le déplorera plus tard, aucun talent digne d’une carrière professionnelle ne croisera son chemin. Il s’agit d’un revenu complémentaire modeste, mais régulier, car les principaux théâtres assurent difficilement une collaboration sur plusieurs saisons. La fin de la troupe aura fait ses ravages, mais Liège – grâce au discernement de Raymond Rossius – saura rétablir un semblant de troupe ou de compagnie dans les années 1970 …

 

Désormais, José Razador partage sa vie entre Solvay, ses saisons en France et surtout, les concerts qui, avec sa classe de chant, ne lui laissent quasiment aucun répit.

 

Saison 1968-1969, il est contacté par Raymond Rossius qui lui propose de débuter à l’Opéra Royal de Wallonie en 1970 dans Pang (Turandot) … le Prince Calaf devra patienter. Il chante également une première longue série de près de 30 représentation du Prince Sou-Chong dans Le Pays du sourire, où il remporte un retentissant succès. José Razador est fasciné par le travail d’ensemble réalisé au théâtre et comme il le déclarera plus tard à l’auteur: « Je voyais l’univers lyrique comme un objectif irréalisable et malgré les qualités de ma voix, je n’étais pas sûr de vouloir faire carrière. Certainement, les ténors lyriques étaient déjà rares, mais la concurrence, surtout à l’étranger, était déjà rude et il fallait se battre. Alors, rejoindre un ensemble dans une maison aussi prestigieuse que l’Opéra de Wallonie aura été pour moi la chance à saisir. C’était encore un théâtre de dimensions humaines, avec un ensemble me rappelant une famille. Je m’y sentis bien et d’emblée, j’acceptai la proposition de Raymond Rossius et je signai mon premier contrat. Ma carrière démarrait, scellant aussi une longue association théâtrale de plus de 20 ans avec Liège! » (extraits d’entretien avec l’auteur, 2014). Toujours en 1970, après son recrutement par l’Opéra Royal de Wallonie, il quitte définitivement l’entreprise Solvay, non sans avoir donné un concert de gala en présence de tout le personnel administratif, technique et de ses collègues directs, venus applaudir leur « ténor maison ».

 

 

 

José Razador, le Prince (L’Amour des trois oranges), O.R.W., Liège

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

Il est rattaché pendant une dizaine d’années à ce théâtre, puis y prolonge des saisons pendant une autre quinzaine d’années comme premier soliste occasionnel, ce qui laisse au ténor le loisir de se produire souvent à l’étranger, notamment afin d’honorer sa longue association en qualité de premier ténor avec l’Opéra de Varsovie. L’opérette continue de jouer un rôle important dans son cursus professionnel, mais une fois la carrière lyrique bien établie, il ne conserve que Le Pays du sourire, Chanson gitane et Le Baron tzigane à son répertoire, qu’il chante des centaines de fois …

 

A ce propos, José Razador déclarera à la presse: « J'ai été premier ténor à Varsovie pendant dix ans. Lorsque j'y ai débarqué pour la première fois, au début des années 1980, je me souviens avoir été impressionné par le gigantisme de la scène. Au-delà de cela, il y avait l'insoutenable contraste entre la splendeur de ce théâtre et la misère des gens dès qu'on en sortait. »  Il ajoute que le public polonais l’avait affectueusement surnommé « Monsieur Chocolat ». En effet, le ténor remplira ses valises de chocolats belges pour les offrir à l’administration du Grand-Théâtre et aux enfants de ses partenaires de scène. Cette générosité sera la pierre angulaire de son existence puisqu’à sa mort, on découvrira avec stupéfaction que l’artiste avait continué de financer de multiples bonnes causes et parrainé un nombre important d’associations touchant de près au domaine artistique.

 

 

 

Félicitations de Raymond Rossius après Hérodiade à Toulon, 12/04/1985

 

 

En France, il est notamment invité à Aix-en-Provence, Amiens, Angers, Annecy, Avignon, Besançon, Béziers, Bordeaux, Chambéry, Colmar, Dijon, Draguignan, Grenoble, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Nîmes, Paris, Reims, Rennes, Rouen, Saint-Etienne, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Tourcoing, Tours, Troyes, etc. toujours dans des premiers rôles et aux côtés des meilleurs solistes internationaux du moment.

 

Il chante également au Luxembourg, en Allemagne (Aachen, Berlin, Francfort, Mannheim), aux Pays-Bas (Amsterdam, La Haye), en Pologne (Varsovie, Gdansk, Lódz), en Suisse (Genève, Lausanne, Lucerne), en Autriche (Vienne, Graz), en République tchèque (Prague, Brnó), ainsi qu’au Canada (en tournée avec l’Opéra Royal de Wallonie pour l’opéra-scandale de Menotti: La Sainte de Bleecker Street en 1979).

 

 

EXTRAIT DE REPERTOIRE (OPERA, OPERA COMIQUE ET OPERETTE)

 

Carlos et Damon (Les Indes galantes), Pollione (Norma), Florestan (Fidelio), Faust (rôle-titre), Werther (rôle-titre), Mylio (Le Roi d'Ys), Grigori/Dmitri (Boris Godounov), Vladimir (Le Prince Igor),Ismaele (Nabucco), Macduff (Macbeth), Fenton (Falstaff), Duca di Mantova (Rigoletto), Rodolphe/Alfredo (La Traviata), Gabriele Adorno (Simon Boccanegra), Radames (Aida), Don José (Carmen), Hoffmann (Les Contes d’Hoffmann), le Chevalier des Grieux (Manon), Jean (Hérodiade), Nadir (Les Pêcheurs de Perles), Turiddu (Cavalleria Rusticana), Canio (Pagliacci), Andrea Chénier (rôle-titre), Lensky (Eugène Onéguine), Vasek (La Fiancée vendue), Le Prince (L’Amour des trois oranges), Michele (La Sainte de Bleecker Street), Rinuccio (Gianni Schicchi), Luigi (Il Tabarro), Lt. Pinkerton (Madama Butterfly), Prince Calaf (Turandot), le Prince Sou-Chong (Le Pays du sourire), Mario Cavaradossi (Tosca),  Rodolfo (Bohème), Le Chanteur italien (Le Chevalier à la rose/Der Rosenkavalier), le Chevalier de La Force et L’Aumônier puis le Chevalier de la Force (Dialogues des carmélites), Sándor Barinkay (Der Zigeunerbaron), Gontran de Solanges (Les Mousquetaires au couvent), le Marquis Henri (Les Cloches de Corneville), Camille (La Veuve joyeuse), Sid (Le Chant du désert), Carlos (La Belle de Cadix), Simon Rymanowicz (L’Etudiant pauvre/Der Bettelstudent), Sid (Le Chant du désert), Yonnel (Frénésie tzigane),  Le Colonel-Prince Gorsky (Volga), Hubert de Gemmeries (Chanson gitane), le rôle-titre de Michel Strogoff, etc. A ce répertoire s’ajoutent les nombreux airs extraits d’opéras jamais abordés à la scène, les chansons italiennes et les mélodies.

 

 

 

José Razador: ein Sänger (le Chanteur italien), Der Rosenkavalier, Anvers, 1992

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

Entre 1970 et 2000, José Razador poursuit sa carrière internationale, abordant un répertoire de premiers rôles lyriques, voire, demi-caractère dans les principaux pays d’Europe, tout en maintenant son calendrier de concerts et récitals. A partir de 1995-1996, il se focalise davantage sur sa terre natale, chantant souvent dans sa région, n’hésitant jamais à répondre présent pour soutenir une bonne cause et se produisant dans des lieux reculés. Cela lui vaut quelques critiques de la part de directeurs de théâtres, qui concurrence aidant, sont incapables de garantir davantage d’engagements à leur premier ténor et lui en veulent pour avoir été le « premier ténor maison » de l’Opéra de Varsovie pendant près de dix ans où son Prince Calaf et Hoffmann sont devenus ses rôles-fétiches, théâtre où le ténor est accueilli, saison après saison, en véritable vedette.

 

 

Les grands absents: l’Opéra de Paris et le Théâtre Royal de la Monnaie ... José Razador, ténor belge, frappé d’ostracisme?

 

On peut s’interroger sur les raisons qui ont privé José Razador d’engagements sur les scènes des deux opéras nationaux (et privé leur public d’un tel talent). Dans les années 1970, alors qu’il est pensionnaire à Liège, le ténor auditionne pour Maurice Huisman, alors directeur de la Monnaie: l’audition est concluante mais « aucun rôle n’est à pourvoir et les distributions sont déjà programmées sur deux, voire trois ans »: excuse classique et trop souvent lue. Si les distributions sont résolument plus cosmopolites, elles ostracisent (le fait n’est plus nouveau) les talents nationaux. En 1985, José Razador écrit à Gérard Mortier (pour la quatrième fois!) et sollicite une audition pour le rôle d’Hoffmann (Les Contes d’Hoffmann) qui seront présentés au Cirque Royal (Bruxelles). Le ténor vient de remporter un « immense succès » à Varsovie dans ce rôle. Il essuie à nouveau un refus: c’est le ténor gallois Stuart Burrows qui décroche le rôle …  A la tête de l’Opéra de Paris en 1979, Gérard Mortier répond à son compatriote par la négative car « […] tous les membres de la troupe sont engagés et les distributions déjà fixées jusqu’en 1982 » (lettre du 15/11/1979). Autre refus en 1980: «[…] actuellement, je n’ai absolument pas le temps d’organiser aucune audition. » – sic – Enfin, alors que le Belge est à la tête de ce qui est devenu l’Opéra National écrit: « Malheureusement, nous ne voyons pas la possibilité, pour l’instant, de solliciter votre collaboration à l’Opéra National » (lettre du 28/08/1986, signée L.L.). Les raisons évoquées à deux reprises par l’Opéra de Paris s’alignent donc sur celles de la Monnaie, mais le signataire est le même … et jamais il ne jugera bon de recevoir José Razador, ni même daignera-t-il l’auditionner.

 

José Razador est déçu et attristé par les refus successifs essuyés, surtout avec la première scène lyrique nationale, mais finalement, il s’en accommode et poursuit sa carrière à l’international, engrangeant succès sur succès, car finalement « nul n’est prophète en son pays » et sa longue collaboration artistique avec l’Opéra de Liège s’avère concluante au-delà de ses espérances. Quant à l’Italie, elle possède à l’époque un nombre important de ténors-vedettes de son cru et seuls des seconds rôles sont proposés au ténor, qui les refuse.

 

 

 

José Razador en Egypte lors d’un voyage organisé

par le personnel de l’O.R.W., 1979-1980

(Photo D.R. Operabilia/Fonds musical Claude-P. Perna, Bruxelles©)

 

 

Une retraite heureuse

 

De nature extravertie, artiste humble et investi dans son Art, José Razador est également un bon vivant.  Attaché à la terre de ses aïeuls, il aime le bon vin et la Vénétie est l’une des régions italiennes qu’il préfère et où il y a des attaches, sans oublier une maison. Il y retourne chaque année avec régularité car comme il aime à le rappeler: « J’ai tant besoin de retrouver ces racines-là, elles me font du bien et quand je suis là-bas, je me ressource » …  Quant au chant, il est toujours omniprésent: le ténor ne se ménage pas en acceptant de chanter au récital et lors de manifestations publiques auxquelles il répond la plupart du temps présent. Il ne délaisse également pas le sport, surtout le football et en 2000, il crée en Belgique une association appelée Opérette-2000, dont le but est de promouvoir ce répertoire moribond, une initiative prise avec le chef d’orchestre habitué du Palais des Beaux-Arts de Charleroi Jacques Grosjean et avec l’arbitre de football Eric Romain. Il s’attache à perpétuer l’opérette et produire des spectacles, mais avec pour pierre angulaire, un manque de moyens financiers évident et régulièrement, c’est lui qui mettra spontanément la main au porte-monnaie. Il assumera ainsi le rôle de metteur en scène, régisseur, répétiteur et parfois … soliste. Le Théâtre de Namur fait également occasionnellement à lui et c’est ainsi qu’il aura l’occasion de présenter l’un de ses opérettes-fétiches, Le Pays du sourire.

 

José Razador laisse quelques enregistrements: albums d’opérette, chansons italiennes et des extraits de la rare Lucille (d’A.-M. Grétry). En 1976, le label discographique EMI Belgium lui écrit « la Société française Pathé-Marconi souhaiterait recevoir, sur bande ou sur disque, une ou plusieurs œuvres chantées par vous. […] Ceci, afin de pouvoir apprécier votre voix et de décider s’ils feront appel ou non à vous pour une importante intégrale à enregistrer prochainement. » Des essais en studio auraient eu lieu à Bruxelles, mais le projet n’aboutira pas. Des enregistrements « live » existent, ainsi que des enregistrements à l’heure actuelle privés.

 

La mort surprend inopinément le « ténor du pays » par une froide journée de novembre 2017.  Nul doute que la chaleur et l’insolence de sa voix resteront longtemps encore un modèle pour tout ténor lyrique.

Claude-Pascal Perna

Tous droits réservés ©

SABAM, CAE 620435975

(juin 2018)



[1] Article signé M.-L. Pivetta « « Un quart d’heure avec José Razador: de Solvay à l’Opéra » (organe de presse non-identifié)


[2] Cf. étude de l’auteur sur l’opérette en France et en Belgique: http://www.musimem.com/operette.htm

 

[3] Cf. portrait de Jean Lescanne par l’auteur: http://www.musimem.com/lescanne.htm

 

[4] Cf. portrait de Yetty Martens par l’auteur: http://www.musimem.com/martens.htm

 


 

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