MINUIT CHRETIENS, UNE PARTITION D’ADOLPHE ADAM


Signature d'Adolphe Adam

 

Adolphe Adam en 1850
( Charles Vogt, BNF Richelieu )
Le 3 décembre 1847, dans la diligence de Paris, entre Mâcon et Dijon, Placide Cappeau, négociant en vins et poète provençal à ses heures, écrivait les paroles d’un noël, pour lesquelles il était fort loin de se douter un seul instant de l’immense succès qu’il obtiendra par la suite. C’était le curé de Roquemaure, l’abbé Eugène Nicolas, qui l’avait prié de composer ce chant dans le cadre des manifestations culturelles et religieuses qu’il voulait organiser afin de recueillir quelques oboles pour le financement des vitraux de la collégiale Saint-Jean-Baptiste. Placide Cappeau, alors âgé de 39 ans, ancien élève des Jésuites au collège royal d’Avignon, après des études de droit à Paris était revenu s’installer dans son village natal afin de s’associer avec le Maire, Guillaume Clerc, dans un commerce de vins.

Roquemaure, port renommé de la région, spécialisé dans le commerce des vins de Côtes du Rhône, avait alors besoin de se doter d’un pont suspendu pour traverser le Rhône. L’ingénieur parisien Pierre Laurey était chargé de cette tâche. Pour l’heure il s’était installé dans ce lieu avec son épouse, Emily. Celle-ci, chanteuse, était en relation avec le compositeur Adolphe Adam, pour lequel elle avait interprété autrefois, en 1840 à l’Opéra-Comique, l’un de ses ouvrages en 3 actes, La Rose de Péronne, qui d’ailleurs ne fut pas heureux de l’aveux même de son auteur. C’est elle qui adressa les strophes de Minuit Chrétiens au compositeur, qui ne l’oublions pas, est considéré comme l’un des créateurs de l’opéra-comique français. Adam en fit la musique en quelques jours et, le 24 décembre 1847, à la messe de minuit célébrée dans la petite église de Roquemaure, Emily Laurey chantait pour la première fois le Noël d’Adam.

Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle
Où l'Homme-Dieu descendit jusqu'à nous,
Pour effacer la tache originelle,
Et de son Père arrêter le courroux.
Le monde entier tressaille d'espérance,
A cette nuit qui lui donne un Sauveur.
Peuple, à genoux, attends ta délivrance
Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur (bis)

De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l'Enfant,
Comme autrefois une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l'Orient.
Le Roi des rois naît dans une humble crèche :

Puissants du jour, fiers de votre grandeur,
A votre orgueil, c'est de là que Dieu prêche.
Courbez vos fronts devant le Rédempteur (bis).

Le Rédempteur a brisé toute entrave,
La Terre est libre et le Ciel est ouvert.
Il voit un frère où n'était qu'un esclave,
L'amour unit ceux qu'enchaînait le fer.
Qui lui dira notre reconnaissance ?
C'est pour nous tous qu'il naît, qu'il souffre et meurt.
Peuple, debout ! Chante ta délivrance.
Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur (bis).

Immédiatement célèbre, notamment grâce au baryton Jean-Baptiste Faure, ce chant de Noël échappa à l’auteur des paroles, qui ne parvint même pas, comme il le désira plus tard, à changer le texte. Placide Cappeau, n’était en effet pas du tout un homme d’église, un fervent catholique, mais au contraire un libre penseur, un voltairien. Au culte d’un Dieu, il préférait celui de l’Humanité. C’est ainsi qu’en 1876, dans son poème historique en vingt chants1, figure le Cantique à l’orgue de Roquemaure, qui n’est autre que le Minuit Chrétiens, chanté par Placidie, l’amante, à l’orgue :

Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle,
Où dans l’heureux Bethléem, vint au jour
Le messager de la bonne nouvelle
Qui fit, des lois de sang, la loi d’amour.

L’Homme-Dieu et la tache originelle ont disparu pour laisser la place à des paroles plus conformes à la pensée de l’auteur, qu’il n’avait osé écrire lors de la commande du curé de Roquemaure. Il précisait lui-même dans ses notes de son Chant dixième : " Nous avons cru devoir modifier ce qui nous avait échappé au premier moment sur le péché originel, auquel nous ne croyons pas... Nous admettons Jésus comme rédempteur, mais rédempteur des inégalités, des injustices et de l’esclavage et des oppressions de toute sorte... " Mais c’était trop tard, le peuple en avait décidé autrement, il voulait conserver les paroles initiales, qui d’ailleurs ont toujours quelque peu agacé l’Eglise qui les juge un peu trop païennes ! La musique également n’a jamais obtenu son approbation à cause de son allure un peu trop martiale. Adolphe Adam lui-même appelait son noël " la Marseillaise religieuse " ! Dès 1864, on écrivait dans la Revue de musique sacrée2 : " Le Noël d’Adolphe Adam a été chanté dans beaucoup d’églises à la messe de minuit... peut-être ferait-on bien de renoncer à ce morceau dont la popularité est devenue de mauvais aloi. On le chante dans les rues, dans les salons, dans les cafés-concerts. Il dégénère et ravale. Le mieux est de le laisser faire son chemin loin du temple, où l’on peut fort bien se passer de lui. " Près d’un siècle plus tard, le musicologue Auguste Sérieyx dénonçait toujours les maîtrises, les chantres et les organistes " qui font retentir nos églises de pareilles élucubrations " et les pasteurs " qui les tolèrent ou les encouragent. " Mais fi que tout cela car tout jugement de valeur est inutile : ce chant a plu dès sa création en 1847, a traversé deux siècles sans perdre une once de sa popularité et s’apprête à rentrer dans un nouveau siècle avec toujours autant de succès ! Quant à l’auteur des paroles, Placide Cappeau3, il s’est éteint à Roquemaure le 8 août 1877. Il avait également réussi à faire publier en 1865 à Paris, " chez les principaux libraires ", un petit recueil in-8 de 27 pages intitulé : Lou Rèi de la Favo. Le Roi de la Fève. Fantaisie-poétique provençal-français.

Adolphe Adam, l’auteur de cette mélodie fredonnée par d’innombrables personnes de par le monde, est mort à l’âge de 52 ans en 1856. Il n’aura pas eu le temps de goûter au succès de son noël, lui qui écrivait " Je n’ai malheureusement aucune manie, je n’aime ni la campagne, ni le jeu, ni aucune distraction. Le travail musical est ma seule passion et mon seul plaisir. "4 Sans doute même ne se souvenait-il plus d’avoir écrit ces quelques notes de musique à la demande de Mme Laurey ! Il n’en fait même pas la moindre allusion dans ses souvenirs. Mais qui était ce compositeur, Second Grand Prix de Rome, dont une autre œuvre, le ballet Gisèle, est encore donnée couramment à notre époque ? Le nom de cet ouvrage est même d’ailleurs beaucoup plus connu que celui de son auteur !

Né le 24 juillet 1803 à Paris, Adophe Adam était le fils de Louis Adam (1758-1848), fondateur de l’école de piano en France. Celui-ci, originaire de Muttersholtz, en Alsace, avait enseigné durant 45 ans son instrument au Conservatoire de Paris, où il avait formé de nombreux élèves, parmi lesquels Kalkbrenner et Hérold. Tout d’abord élève de piano d’Henry Lemoine5 à la pension Hix, puis de Mlle Gersin6 et de Widerkehr7 (harmonie), Adolphe Adam entrait au Conservatoire de Paris en 1817. Là, il travailla l’orgue avec Benoist, le contrepoint avec Eller et Reicha, et surtout la composition avec Boieldieu qui découvrit les dons de son élève et lui communiqua son habileté à écrire de la musique. C’est à cette époque qu’il se mit véritablement à étudier la musique, ayant jusqu'à ce jour la fâcheuse habitude de faire preuve d’une certaine paresse due à une trop grande liberté. Il faut dire qu’Adam avait l’instinct de la musique, ce qui lui facilitait la tâche : il se contentait d’en deviner les mécanismes plutôt qu’en d’en apprendre les fondements ! Fétis, dans la notice qu’il consacre à ce compositeur, souligne qu’ " Adam était l’élève qui convenait le mieux aux leçons de Boieldieu et celui-ci était le maître qui pouvait le mieux développer les dispositions d’Adam. " Tous deux étaient en effet d’habiles mélodistes et " avaient pour qualité dominante l’instinct de l’expression de la parole chantée, et l’intelligence de la scène. " Les goûts premiers d’Adolphe Adam pour l’orgue et la musique d’église, qui lui valurent de nombreux remplacements de Baron père et de Séjan fils dans les tribunes de St-Etienne-du-Mont, St-Nicolas-du-Chardonnet, St-Louis-d’Antin, St-Sulpice et St-Louis-des-Invalides, évoluèrent peu à peu au contact de l’auteur de la Dame blanche pour se tourner vers la scène. Il débuta d’ailleurs sa carrière dans ce milieu comme triangle au Gymnase dramatique avant d’en devenir le timbalier et chef des chœurs.

Adolphe Adam concourut deux fois à l’Institut pour l’obtention du Prix de Rome. En 1824, il n’obtint qu’une mention avec sa scène d’Agnès Sorel, derrière Auguste Barbereau qui deviendra chef d’orchestre au Théâtre français, et l’année suivante, un deuxième Second Grand Prix, avec sa cantate Ariane, alors qu’Albert Guillon décrochait le Premier Grand Prix, avant de se spécialiser dans l’élevage du ver à soie à Venise! Il se lança ensuite dans la musique théâtrale et obtint ses premiers succès au Vaudeville, au Gymnase et aux Nouveautés avec ses airs du Baiser au porteur, du Bal champêtre, de la Haine d’une femme, de Monsieur Botte, du Hussard de Felsheim, de Guillaume Tell et du Barbier châtelain, représentés dans ces théâtres au cours des années 1826-1828. Mais c’est surtout avec son opéra en un acte Pierre et Catherine, sur un poème de Henri de Saint-Georges, que sa véritable popularité prit naissance. Représenté à l’Opéra-Comique le 9 février 1829, avec Féréol, Damoreau , Eléonore Colon et Henry, il tint la scène durant plus de 80 représentations, en même temps d’ailleurs que la Fiancée d’Auber. Ce premier véritable succès fut suivi immédiatement d’un autre opéra en trois actes, Danilowa, écrit sur un poème de Vial, donné l’année suivante dans ce même théâtre, avec Mmes Casimir, Pradher et Lemonnier, et MM. Lemmonier et Moreau-Sainti. La productivité d’Adam est à cette époque énorme et sa facilité d’écriture lui permet de composer plusieurs œuvres en des temps records. C’est ainsi que rien que pour l’année 1830, il écrit, en plus de Danilowa, Henri V (musique arrangée, Nouveautés), Les Trois Catherine (Nouveautés), la Chatte Blanche (Nouveautés), Joséphine (un acte, Opéra-Comique) et Trois jours en une heure (un acte, Opéra-Comique). On pourrait presque parodier ce dernier titre d’ouvrage en écrivant à propos du compositeur : trois opéras en une heure!

Caricature d'Adolphe Adam, auteur du Postillon de Longjumeau (Opéra-Comique, 1836), parue dans Le Charivari [ca 1839].
( Benjamin, lithographe, BNF Richelieu )
Mais si l’on peut reprocher un peu de facilité parfois négligée dans ses premiers ouvrages, il s’évertua par la suite à faire preuve de plus d’habileté dans l’écriture. Il voyagea également beaucoup durant cette période heureuse de sa vie, notamment en Allemagne, en Angleterre et en en Russie où il écrivit et fit représenter de nombreux drames lyriques, ballets et opéras-comiques. A Paris, sa musique était présente partout : à l’Opéra, dans les théâtres de vaudeville, à l’Eglise et dans les Salons. Ses opéras, messes solennelles, romances, pièces pour piano et autres chansonnettes étaient en vogue sous la monarchie de Juillet. Le Chalet (paroles d’Eugène Scribe et Mélesville) créé à l’Opéra-Comique le 25 septembre 1834, fut représenté à 1400 reprises ; Le Postillon de Longjumeau (opéra-bouffe en 3 actes, sur un livret d’Adolphe de Leuven et de Brunswick, Opéra-Comique, 13 octobre 1836), qui obtint un succès mérité, tient une place importante dans l’histoire de l’opéra-comique du monde entier et son ballet en deux actes Giselle ou les Wilis (Opéra, 28 juin 1841) est devenu un ouvrage incontournable dans l’histoire de la danse ; il est même de nos jours toujours à l’affiche des troupes de théâtre. C’est incontestablement le chef d’œuvre de ce compositeur que l’on peut qualifier de charmant et élégant. Ce ballet fantastique en 2 actes, sur un livret de Henri de Saint-Georges, Théophile Gautier, Jean Coralli et Jules Perrot, inspiré d’une ballade de Heine, raconte l’histoire d’une jeune paysanne qui tombe amoureuse d’un prince et meurt de chagrin. Dans l'autre monde, elle est accueillie par les Willis, ombres des jeunes filles mortes avant leurs noces, qui hantent les bois la nuit.

Le Cirque Olympique du boulevard du Temple, peu avant son rachat en 1847 par Adolphe Adam pour le transformer en Opéra-National et qui fut la cause de sa ruine.
( B.N. )

Au départ de Crosnier à la direction de l’Opéra-Comique, Basset lui succéda, mais Adam était fâché avec ce dernier au point qu’il déclarait partout que tant qu’il serait au théâtre on ne jouerait plus un seul ouvrage de lui ! On ignore les motifs de cette brouille, si ce n’est qu’elles étaient étrangères au théâtre. L’auteur de la musique de Minuit Chrétiens était pourtant un homme aimable, fin, adroit et très spirituel. Il se lança alors dans une opération financière qui le ruina ! Il acheta en effet en 1847 à Dejean, pour la somme de 1 400 000 francs de l’époque, la salle du Cirque Olympique du boulevard du Temple afin de fonder à Paris un troisième théâtre lyrique, où il aurait notamment tout le loisir de produire ses propres compositions et celles des jeunes auteurs et compositeurs. Endetté un maximum, il parvint, après quelques travaux d’aménagement, à ouvrir sa salle de théâtre baptisé " Opéra-National " le 15 novembre avec l’opéra en trois actes, Gastibelza ou le Fou de Tolède d’Aimé Maillart (paroles de Dennery), un jeune compositeur qui avait reçu en 1841 un Premier Grand Prix de Rome. Le succès fut important et furent donnés ensuite l’Aline de Berton et Félix de Monsigny, réorchestrés par Adam. Les frais journaliers de 1 500F étaient alors largement couverts par une recette moyenne de 2 200F. Tout cela présageait un avenir brillant. Hélas, la Révolution de février 1848 arriva et ferma les portes de ce théâtre8 ! Adam fut ruiné et mit plusieurs années à rembourser toutes ses dettes, notamment en abandonnant à ses créanciers tous ses nombreux droits d’auteur ! Il se livra alors à la critique musicale dans Le Constitutionnel où son premier article fut une notice nécrologique sur Donizetti qui venait de mourir (8 avril 1848), et obtint également, grâce à la protection du général Cavaignac, alors président du Conseil chargé du pouvoir exécutif, la création d’une quatrième classe de composition musicale au Conservatoire de Paris.

Si j'étais roi, opéra-bouffe d'Adolphe Adam,
créé au Théâtre-Lyrique le 4 septembre 1852
( Félix Nadar, in L'Eclair, BNF Richelieu )

Après ce triste épisode, Adolphe Adam se remettait à la composition, qu’il avait un peu négligée depuis 1845. Verront le jour en 1849 : Le Fanal ( 2 actes, Opéra), Le Toréador (2 actes, paroles de Thomas Sauvage, Opéra-Comique, 18 mai), la Filleule des Fées (ballet, 3 actes, Opéra) ; en 1850 : Giralda (3 actes, paroles d’Eugène Scribe, Opéra-Comique, 20 juillet), considéré comme l’une des meilleures partitions de son auteur, une Messe de Sainte-Cécile exécutée le 22 novembre à Saint-Eustache par l’Association des artistes musiciens, jugée par certains spécialistes comme une fort belle production ; en 1851 et 1852 : Les Nations (intermède chanté à l’Opéra pour la visite des Anglais), La Poupée de Nuremberg (1 acte, Théâtre-Lyrique), Le Farfadet (1 acte, paroles de Planard, Opéra-Comique, 19 mars 1852), Si j’étais roi (opéra-bouffe en 3 actes et 4 tableaux, sur un livret de P. Dennery et J. Brésil, Théâtre-Lyrique, 4 septembre 1852) qui figure toujours au répertoire de l’Opéra-Comique, La Faridondaine (Porte-Saint-Martin), La Fête des arts (cantate, Opéra-Comique), Orfa (ballet, 2 actes, Opéra)... Une douzaine d’autres ouvrages seront également composés entre 1853 et 1856. Son œuvre ultime, une agréable opérette en un acte, Les Pantins de Violette, fut jouée aux Bouffes-Parisiens le 29 avril 1856, exactement 4 jours avant sa mort, arrivée le 3 mai 1856. La veille au soir il avait assisté aux débuts d’une jeune cantatrice à l’Opéra. On raconte que c’est le travail qui l’aurait conduit au tombeau, ayant mis un point d’honneur à satisfaire les obligations financières dans lesquelles la faillite de son théâtre l’avait plongé.

Le catalogue d’Adolphe Adam est trop important pour être cité ici. Disons néanmoins qu’en dehors de toute sa musique pour le théâtre qui est immense (78 opéras-comiques, 29 ballets, 5 opéras), et ses vaudevilles, dont nous avons eu un aperçu ici, il est l’auteur également de nombreuses pages religieuses (quatre messes, des motets, un Mois de Marie, des morceaux pour l’orgue Alexandre), de cantates de circonstance, de mélodies et romances, de chœurs populaires pour voix d’hommes, d’environ 150 morceaux de piano, et de marches à grand orchestre. Il a également réorchestré huit opéras de Grétry, Monsigny, Berton, Dalayrac, Solié et Nicolo, et même terminé deux autres ouvrages laissés inachevés par Donizetti (Betly) et Maupou (Lambert Simnel).

Décoré de la légion d’honneur en 1836 puis élevé au grade d’officier, membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1844 au fauteuil de Berton, Adolphe Adam est indubitablement un musicien talentueux et fécond, qui, certes, même s’il a parfois fait preuve d’un peu trop de facilité, a montré souvent beaucoup d’ingéniosité dans certains autres ouvrages. On ne peut également lui retirer son sens profond et inné de la mélodie même s’il a souvent été jugé trop sévèrement par certains. On a même écrit que " cet excellent musicien, radicalement fermé à tout autre art que la musique, ne fut jamais un artiste. " C’était en tous cas un homme de cœur capable de déclarer à propos de sa faillite " la perte de ma fortune ne m’a pas été très sensible. Je n’ai connu qu’une privation : celle de ne pouvoir plus recevoir mes amis : c’était mon seul et plus grand plaisir. " et plus loin " Je rends grâce à Dieu, en qui je crois fermement, des faveurs, peut-être bien peu méritées, dont il m’a doté ; puisque, malgré ma mauvaise chance en fait d’affaires, il m’a laissé encore assez d’idée pour écrire quelques ouvrages que je tâcherai de faire les moins mauvais possible. "

Adophe Adam, qui fut aussi l’un des critiques musicaux les plus écoutés de son temps, tant son jugement était sûr, a laissé deux livres de souvenirs, publiés après sa mort : Souvenirs d’un musicien, précédés de notes biographiques sur Adolphe Adam écrites par lui-même (Paris, 1857, Michel Lévy frères, éditeurs, in-18) et Derniers souvenirs d’un musicien (id.,1859).

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE

La France musicale, 4 et 11 mai 1856
Annonce de la disparition d'Adolphe Adam et relation de ses obsèques
La France musicale, 4 et 11 mai 1856 )
Vers la page : Minuit, Chrétiens (avec la partition et un enregistrement sonore).
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1) Paru dans Le Château de Roquemaure, poème historique en vingt chants (Roquemaure, chez l'auteur, 1876, in-12). En même temps paraissait "Le Siège de Caderousse, poème languedocien de l'abbé Fabre traduit en français, vers pour vers, texte en regard, et poésies languedociennes-françaises, textes et traductions, par Placide Cappeau". Ces deux volumes de près de 500 pages chacun peuvent être consultés à la BN sous la cote Ye 17182-17183. [ Retour ]

2) Revue de musique sacrée, 5e année, n°3, 15 janvier 1864, p. 89, cité par Henri Bachelin, in Les Noëls français, p.65 (Ed. musicales de la Librairie de France, 1927). [ Retour ]

3) Placide Cappeau était né le 25 octobre 1808 à Roquemaure. [ Retour ]

4) Adolphe Adam , Souvenirs d'un musicien, Paris, 1857, Librairie Michel Lévy [ Retour ]

5) Henry Lemoine (1786-1854), compositeur, professeur de piano, fils du fondateur de la maison d'édition du même nom, avait été autrefois élève du père d'Adolphe Adam. [ Retour ]

6) Mlle Gersin, dont le père tenait un pensionnat à Belleville dans les années 1810, épousa plus tard le compositeur italien Angelo Binincori (1779-1821) qui s'était installé à Paris pour y donner des leçons de violon. Une fois veuve, elle se maria en secondes noces au comte de Bouteiller, excellent musicien lui-même. [ Retour ]

7) Jacques Widerkehr (1759-1823), compositeur et violoncelliste originaire de Strasbourg, s'était installé à Paris vers 1783. [ Retour ]

8) L'Opéra-National rouvrit quelques années plus tard ses portes sous le nom de Théâtre-Lyrique avec Edmond Séveste pour directeur. Mort en 1851, la place fut proposée à Adolphe Adam par le directeur des Beaux-Arts. Il la refusa au profit de Jules Séveste, en déclarant «Je ne suis pas fait pour faire travailler les autres, il faut que je travaille moi-même.» [ Retour ]

 


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