Un musicien à découvrir :
JOSEPH BOULNOIS


Joseph Boulnois - © collection Michel Boulnois
Joseph Boulnois, 1884-1918, organiste, compositeur
( © collection Michel Boulnois )

" Force, grâce, noblesse, sensibilité profonde..., âme ardente d'une conviction sincère..., esprit clair, amoureux de la lumière, plein de franchise, sachant se pénétrer de la plus subtile tendresse ", c’est en ces termes que s'exprimaient les musicologues Louis Vuillemin, Ch. Montclar et Louis Schneider voilà plusieurs décennies à propos de Joseph Boulnois mort pour la France à l'âge de 34 ans, quelques jours seulement avant l'Armistice de la Grande Guerre ! André Messager résumant l’œuvre de ce musicien trop tôt disparu employait le mot "lyrisme".

Il est difficile de parler d'un artiste qui eut une si brève carrière et qui n'eut pas le temps de faire une profession de foi, sans trahir plus ou moins sa pensée, d'autant plus que les compositeurs de cette époque sont quelque peu délaissés et les documents n'abondent pas. Cependant, il est de notre devoir de faire découvrir à nos lecteurs cette âme d'élite, ce poète, ce musicien qui eut une intense vie intérieure le peu de temps que le destin lui accorda! Son œuvre méconnue mérite amplement de s'arrêter quelques instants au bord du chemin afin d'écouter d'admirables mélodies aux noms si évocateurs : Perdus dans un rêve, Menuet pastoral....

Joseph Boulnois naît le 28 janvier 1884 à Verneuil-en-Halatte, village de 2000 habitants qui s'enorgueillissait au XVII° siècle de posséder un magnifique château, mais que fit raser par la suite le Prince de Condé car sa magnificence risquait d'éclipser celui de Chantilly! Situé dans l'Oise au nord de Senlis, Verneuil est tout proche de Pont-Sainte-Maxence, un ancien camp retranché romain avec un pont sur l'Oise, où fut martyrisée la jeune Sainte Maxence. Là, Sylva Boulnois, le père de Joseph est l'instituteur du village. Passionné de musique, il tient également l'orgue de l'église qui provient de la chapelle St-Jean-Baptiste de l'Hôtel-Dieu de Noyon, en remplacement (1806) de son orgue détruit à la Révolution. Tout naturellement il oriente ses enfants vers la musique et leur inculque les premiers rudiments : Joseph, l’aîné, objet de cette notice; Lucien (1887-1953) qui fera une brillante carrière de violoncelliste et enseignera son instrument au Conservatoire de Clermont-Ferrand1; et Marguerite, qui, hélas, à la veille d'entrer dans une classe de piano au Conservatoire, mourra à l'âge de 12 ans dans un tragique accident.

C'est à Pont-Sainte-Maxence que Joseph passe une bonne partie de sa jeunesse où il a notamment pour camarades les futurs romancier et musicologue Marcel Berger et Gabriel Bender. En cette fin du XIX° siècle les transports ne sont guère encore développés et il faut un grand courage doublé d'une volonté de fer pour parcourir tous les jours ces quelques 50 kilomètres qui le séparent du Conservatoire de Paris ! Mais qu'importe la fatigue quand on a une âme d'artiste. A peine âgé de 15 ans il a déjà composé une première œuvre de qualité : Crépuscule qui tout naturellement s'inspire de la nature qu'il côtoie quotidiennement. Il aime aussi, comme cela se pratique souvent à l'époque dans les petites villes et les villages de province, organiser et animer des séances récréatives au cours desquelles sont donnés des chansons, des récitals d'instruments et même parfois de véritables scènes de théâtre avec accompagnement musical.

Bien entendu, ses goûts musicaux vont vers Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann et surtout Bach, mais également ses contemporains tels Saint-Saëns et César Franck.

Tout en suivant des cours au Conservatoire et en organisant ses séances récréatives afin de se distraire, il travaille l'orgue. C'est ainsi qu'on le trouve aux claviers de l'instrument que Suret vient de construire à l'église S.S. Maure et Brigide de Nogent-sur-Oise, situé à 5 kilomètres de Pont-Sainte-Maxence. Là, il s'exerce à jouer les œuvres de Franck pour lequel il aura toute sa vie une grande admiration.

A la même époque, "un homme délicieux", l'abbé Boudin, curé du village, savant distingué, poète et musicien de talent, lui fait découvrir non seulement les auteurs grecs mais également la poésie. C'est sans doute ce bon prêtre qui révèle à Joseph Boulnois la beauté poétique qui inspirera plus tard la vingtaine de mélodies qu'il a laissée.

A partir de 1904, il s'installe enfin à Paris, tout d’abord rue Lafayette dans le neuvième arrondissement, puis, plus tard, rue de la Rochefoucauld , mais ne manque jamais de retourner tous les dimanches dans sa région natale où il retrouve l'orgue de Pont-Sainte-Maxence. Dans cette petite église de province les habitants vont pouvoir durant toute cette période d’avant-guerre assister à d'admirables cérémonies religieuses au cours desquelles se produiront Joseph Boulnois et ses amis parisiens, les violonistes Armand Parent2 et André Mangeot, ainsi que l'altiste de la Société des Concerts du Conservatoire, Gaston Marchet.

La classe d'orgue de Guilmant en 1905 - © collection Michel Boulnois
La classe d'orgue du Conservatoire de Paris en 1905 photographiée chez leur professeur à Meudon.
Assis : Alexandre Guilmant; au premier rang, de gauche à droite : Alexandre Cellier, Joseph Boulnois, Achille Philipp, Joseph Bonnet et Paul Fauchet; au deuxième rang: Augustin Barrié, Ermend Bonnal et Edouard Mignan.

( © collection Michel Boulnois )

Joseph Boulnois au piano - © collection Michel Boulnois
Joseph Boulnois au piano
( © collection Michel Boulnois )
Au Conservatoire de Paris, alors dirigé par Théodore Dubois jusque 1905, puis par Gabriel Fauré, notre musicien obtient en 1904 un 1er accessit d'harmonie dans la classe d'Antoine Taudou, l’année suivante un 1er prix d'orgue dans celle d’Alexandre Guilmant, en 1908 un 2ème prix de fugue chez Charles Lenepveu et enfin en 1910 un 1er prix d'accompagnement au piano dans la classe de Paul Vidal. Il travaille également le contrepoint avec Georges Caussade et l’orgue avec Louis Vierne. Brillant palmarès ! et notre homme aurait sans doute pu concourir pour le prix de Rome. Hélas, la Villa Médicis à Rome n'accueille pas les musiciens mariés, or, depuis 1906, Joseph Boulnois a épousé la pianiste Jane Chevalier!

Bientôt, en 1908, il est nommé à l'orgue Suret -déjà à Nogent-sur-Oise il avait eu l'occasion de jouer sur un instrument de ce facteur- de l'église Sainte-Elisabeth-du-Temple dans le troisième arrondissement parisien. Cet orgue, construit en 1853, était alors composé de 39 jeux sur 3 claviers et un pédalier. Auguste Bazille, second Grand Prix de Rome en 1848, professeur d'accompagnement pratique au piano au Conservatoire de Paris, qui avait inauguré en 1861 les orgues de la cathédrale de Nancy et un peu plus tard ceux de la basilique d'Argenteuil (1867), ainsi que Félix Fourdrain, célèbre auteur d'opéras, en avaient été auparavant les titulaires. Mais il ne resta que peu de temps à cette tribune pour prendre celle de l'église Saint-Louis-d'Antin située 63 rue Caumartin dans le neuvième arrondissement.

Cet ancien couvent des Capucins avec une chapelle édifiée en 1780, alors succursale de St-Eustache, fut fermé à la Révolution et devint une paroisse en 1802. Les bâtiments du couvent furent transformés en établissement scolaire (le lycée Condorcet) et la chapelle, placée sous le vocable de Saint-Louis-d'Antin, agrandie en 1837, en église paroissiale. Un premier orgue Dallery était installé en 1811, un second dû au facteur Abbey le remplaçait en 1839 et enfin Aristide Cavaillé-Coll construisait en 1846 celui que l’on peut voir de nos jours. Joseph Boulnois succédait là à de grands serviteurs de la musique religieuse : Clément Loret, élève de Lemmens et professeur d'orgue durant plus de 40 ans à l'Ecole de musique Niedermeyer; Georges Jacob, élève de Widor et de Guilmant, professeur de piano à la Schola-Cantorum; et l'abbé Levergeois, élève de Vierne, Fourdrain et Massenet.

Au même moment (1909) il est nommé chef de chant à l'Opéra-comique3, et un peu plus tard, en 1912, devient membre du Comité d'examens et de concours du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Reconnu par le monde musical, l'Union des Maîtres de Chapelle et Organistes , qui se crée en octobre 1912 sous le haut patronage du Cardinal Amette archevêque de Paris et de MM. Saint-Saëns, Paladilhe, Dubois, Fauré et Widor, le sollicite parmi ses tout premiers adhérents !

Joseph Boulnois participe à de nombreux concerts notamment avec le Quatuor Parent à la Schola Cantorum où il interprète l’œuvre intégrale de Franck, et à ceux fondés par Fernand Le Borne. Avec Marc de Ranse (1881-1951), maître de chapelle de Saint-Louis-d'Antin, il fonde les concerts spirituels de Saint-Louis-d'Antin qui eurent un vif succès tant en raison du choix des œuvres que de la qualité d'interprétation des musiciens et des choristes. Marc de Ranse, qui restera dans cette église jusque 1933, était un ancien élève de Guilmant et de d'Indy à la Schola. Plus tard, il deviendra directeur de l'Institut Grégorien et fondera "Le Choeur mixte de Paris".

La renommée de Joseph Boulnois qui, malgré toutes les activités que nous venons de voir ne l'empêchent pas de se lancer dans la composition, commence à se faire connaître lorsque éclate la guerre de 1914. Mobilisé à Châlons-sur-Marne dès le début de la guerre, il doit quitter avec regret son orgue de Saint-Louis-d'Antin. Là, il rencontre le violoncelliste Gérard Hekking4 (1879-1942), ler prix du Conservatoire de Paris en 1899, qui sera plus tard violoncelle solo de l'Opéra de Paris. Ils se lient d'amitié et en septembre 1917 Joseph Boulnois écrit pour lui une Sonate pour piano et violoncelle, en 4 mouvements (éditions Salabert-Sénart) qui sera jouée après la guerre par sa femme Jane Chevalier-Boulnois et Gérard Hekking, puis par Victor Gentil et Noël Gallon et enfin par Paul Bazelaire et Maurice Maréchal. Le musicologue René Dumesnil dira de cette Sonate en 1949 qu'elle est une œuvre fort pathétique et l'une des meilleurs de la musique de chambre contemporaine, ajoutant que son pouvoir d'émotion, elle le doit vraiment à la noblesse de la pensée qui l'inspira.

Fichier MP3 Joseph Boulnois, 2ème mouvement (Choral) de la Sonate pour violoncelle et piano,
dédiée "à Gérard Hekking", composée en 1917 (Paris, Sénart, 1922) - fichier audio par Max Méreaux (DR.)

Au cours de ces 5 ans de guerre, le sergent-infirmier Boulnois, au hasard des combats, durant les quelques moments de repos en Champagne et en Lorraine, écrit ses œuvres les plus marquantes : des mélodies telles que Roses de Saadi (sur un poème de Desbordes-Valmore), Nous n'irons plus au bois (poème de Banville) en 1915, Souvenir, La Flûte (A. Chénier) et Recueillement (Baudelaire) en 1916, Trois Sonnets (Sainte-Beuve) et l'Ascension en 1917 ; des pièces pour piano: La Basilique datée de Chalaines (Meuse) en mars 1918, Sainte-Cécile au milieu d'un grand concert des anges, écrite à Vaucouleurs en septembre 1918 (son œuvre ultime); et des pièces humoristiques pour violoncelle tels son Hymne à Bacchus et sa suite Musette et Bidon.

C’est également au cours de cette douloureuse période qu'il compose à Châlons-sur-Marne la Suite en cinq parties pour piano et violoncelle (janvier 1918) et sa Sonate pour piano (février 1918). Enfin, le 24 août de cette même année, il achève l'une de ses plus belles œuvres commencée à Vaucouleurs en 1916 et terminée à Chalaines, un Trio pour piano, violon et violoncelle (éd. Salabert-Sénart). Est-ce le pressentiment de sa mort prochaine, mais ces dernières œuvres montrent un musicien en pleine possession de son art, qui s’exprime avec une grande sincérité et une grande émotion. Deux mois après avoir achevé son Trio, quelques jours seulement avant la fin des hostilités, il meurt à l'hôpital militaire de Chalaines, dans la Meuse où il avait contacté cette terrible maladie qu’on appelait à l’époque la grippe espagnole et qui l’emporta en quelques jours. "Mort pour la France" à l'âge de 34 ans, le 20 octobre 1918, il est inhumé dans le petit cimetière de Villers-Saint-Paul, en face de Verneuil-en-Halatte où il est né. La mort de cette "âme ardente" à quelque chose de tragique. Mourir à 34 ans n'est-ce point la marque d'un destin hors du commun? Tout comme ce jeune séminariste de 22 ans, le caporal Joachim de Payret5 qui, lors d'une attaque menée à la tête de son escouade le ler novembre 1918 (10 jours avant l'Armistice !) blessé d'un éclat d'obus au cou et se vidant de son sang, s'est mis à genoux pour prier et s'est prosterné en mourant, n'est-ce pas là une tragédie qui atteint au sublime? Comme il a été dit "En perdant Joseph Boulnois, tué à la guerre de 1914, la musique française à fait une lourde perte."

Michel Boulnois - © -
Michel Boulnois,
fils de Joseph Boulnois,
organiste de Saint-Philippe-du-Roule
à Paris, de 1937 à 1990
( coll. D.H.M. ) DR
Programme concert du 22 novembre 1943 à St-Philippe-du-Roule (Paris), avec la Maîtrise de cette église, placée sous la direction de leur maître de chapelle Jean Gallon, les choeurs et l'orchestre dirigés par Henri Büsser, ainsi que Michel Boulnois au grand-orgue et Clotilde Formysin-Rigaux à l'orgue de choeur.
( Coll. D.H.M. )
A sa mort, Joseph Boulnois laisse un fils unique, Michel, tout juste âgé de 11 ans. Celui-ci, comme son père, sa mère, son oncle et son grand-père, s'est destiné à la musique : élève au Conservatoire de Paris (Noël Gallon, Bloch, Caussade, Estyle, Dupré, Büsser) il obtient un 1er prix d'orgue en 1937 et travaille également l'écriture et l'analyse harmonique avec Nadia Boulanger. Inspecteur de l'enseignement musical de la Ville de Paris, auteur notamment d'une importante Symphonie pour grand orgue (1944), de Variations et fugue sur le "Veni Creator" pour orgue (1974), d’une Messe pour la fête de l’Annonciation (1963), d'une Élégie pour violon et orgue (1976) et de pièces pour piano (Aria, Berceuse du petit Nègre), il tiendra l’orgue de l'église Saint-Philippe-du-Roule à Paris durant 53 ans, entre 1937 et 1990 ! Sa femme, Suzanne Sohet, a été longtemps professeur au Cours Normal de la Ville de Paris et est l’auteur de plusieurs ouvrages de pédagogie musicale.6

L’œuvre de Joseph Boulnois, qui se situe sur une quinzaine d'années, se divise principalement en deux parties : avant la guerre et pendant la guerre. C'est d'ailleurs sous la tourmente que celle-ci est la plus riche et la plus significative. N’est-ce pas un peu normal que dans de telles circonstances l'esprit humain se transcende? La peur, la souffrance, la peine, la prière ne sont-elles pas sources d'inspiration?

En dehors des œuvres déjà citées notons des mélodies : La Toussaint, pièce pour piano (1903) orchestrée par la suite par Edouard Mignan et jouée aux Concerts Pasdeloups le 1er novembre 1919, à propos de laquelle Jean Chantavoine écrira que l’œuvre exprime la tristesse du jour funèbre à la campagne et que sa mélancolie est d'un accent juste et touchant, Pastorale, La mort des amants (1908), La Biche (1908) et La Cornemuse (1910) sur des poèmes de Rollinat, Accompagnement (1912, sur un poème de A. Samoin) et Angelus (1912, poème de P. Courrière) qui ont été interprétées par la célèbre mezzo-soprano française Claire Croizat (1882-1946); des œuvres pour orchestre : une Sonate pour piano et petit orchestre que joua les Concerts Touche, Rhapsodie, Marine, une Symphonie funèbre inachevée; de la musique de chambre : un Quatuor à cordes, une Sonate pour violon et piano, un Noël pour violon et piano, une Suite Hiver, Neige , Noël pour violoncelle et piano dont la première audition fut donnée par M. et Mme Paul Bazelaire à la Société Nationale , et Jeux pour violoncelle et piano. Parmi les pièces de piano citons encore Scherzino, Gigue, Madrigal, Pavane, Menuet pastoral et le Choral en fa dièse mineur. Joseph Boulnois a également écrit un ouvrage pour le théâtre : L'Anneau d'Isis (1912), drame lyrique en cinq actes qui obtint une mention au Concours de la Ville de Paris. Son fils a transcrit pour orgue plusieurs de ses œuvres : Elévation, La Toussaint (éditée en 1985 par Musique Sacrée), Choral en fa dièse mineur (éditions Lemoine) et Trois Noëls. N'omettons pas enfin sa Toccata pour piano dédiée à Jane Chevalier et sa pièce pour piano et violon Perdus dans un rêve qui obtint un 2e Prix lors d'un concours organisé en 1904 par la revue le Monde Musical.

Jusque dans les années 1950 l'on pouvait entendre, bien que trop rarement pour faire véritablement découvrir le nom de Joseph Boulnois au grand public, quelques unes de ses œuvres lors de concerts notamment avec Maurice Maréchal qui interprétait la Sonate pour violoncelle à la Radio. Le public souvent enthousiasmé savait apprécier à sa juste valeur les compositions de ce musicien. La critique, elle, n'était pas toujours très favorable, mais cela est une autre histoire !

Joseph Boulnois n'a pas eu le temps de devenir un musicien connu mais assurément était-il sur le chemin de la notoriété. Ses deux principales œuvres les plus représentatives, Sonate pour piano et violoncelle (1917) et Trio pour piano, violon et violoncelle (1918), éditées toutes deux chez Salabert-Sénart, montrent un musicien de grande classe maîtrisant parfaitement l'écriture. Sans aucun doute ce n'était qu'un prélude à de grandes œuvres, mais voilà, cette promesse d'espoir a été interrompue en pleine lancée. A nous de la faire revivre en découvrant et surtout en n'oubliant pas son œuvre!

Denis Havard de la Montagne 7

Longtemps doyen des organistes français, Michel Boulnois avait fêté ses 100 ans le 31 octobre 2007, avant de s’éteindre une année plus tard.

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1) Lucien Boulnois, 1er Prix de violoncelle du Conservatoire de Paris, était également organiste. C'est ainsi qu'il toucha les claviers de l'orgue de l'église Saint-Joseph à Clermont-Ferrand jusqu'à sa mort survenue en 1953. [ Retour ]

2) Armand Parent (1863-1934), élève de Massart et de Dupuis au Conservatoire de Liège, professeur de violon à la Schola Cantorum, fonda à Paris, en 1892, le célèbre Quatuor Parent avec Loiseau, Vieux et Fournier. [ Retour ]

3) Le directeur de l'Opéra-comique est alors Albert Carré qui avait monté dans ce même théâtre Pelléas et Mélisande le 30 avril 1902 sous la direction d'André Messager. Boulnois, âgé de 18 ans, avait d'ailleurs assisté à la seconde représentation et fut l'un des premiers défenseurs de Debussy. En 1911 les chefs d'orchestre de l'Opéra-comique sont MM. Wolff, Ruhlmann et Picheran qui se produisent dans des œuvres de Ch. Pons (Le voile du bonheur), Ravel (L'heure espagnole), A. Magnard (Bérénice), Saint-Saëns (L'Ancêtre), Massenet (Thérèse), Auber (Le Domino noir), Adam (Le Toréador), A. Thomas (Le Caïd), V. Massé (Galathée), Wagner (Le Vaisseau fantôme), Offenbach (Les Contes d'Hoffmann)... [ Retour ]

4) Gérard Hekking (1879-1942), lorrain d'origine, avant d'enseigner son instrument au CNSM à partir de 1927, avait été premier violoncelliste à l'Orchestre d'Amsterdam en 1903 et professeur de violoncelle au Conservatoire d'Amsterdam. [ Retour ]

5) Grand-oncle de l'auteur de cet article. [ Retour ]

6) Michel Boulnois et son épouse ont eu deux enfants : un fils, décédé en 1982 à l'âge de 39 ans, et une fille, Claudine. Celle-ci, mariée à Daniel Douay, professeur de culture physique dans les collèges de la Ville de Paris a deux enfants également : Céline, née en 1975, et Laurence, née en 1978. Elles jouent toutes deux du violon. [ Retour ]

7) Nous remercions vivement M. Michel Boulnois de nous avoir communiqué maints détails et précisions sur son père et signalons le très bel article de Gabriel Bender, intitulé " Dans le souvenir... Joseph Boulnois ", paru dans le numéro 218 (pp. 612-616), 9 janvier 1959, du Guide du Concert, duquel nous nous sommes également inspiré. [ Retour ]




Quelques œuvres de Joseph Boulnois vues par Le Ménestrel

 

 

« Après le morceau précité, M. Rhené-Baton nous fit entendre l'oeuvre de jeunesse d'un compositeur et organiste de valeur, Joseph Boulnois, mort à l'hôpital militaire de Chalaines il y a un peu plus d'un an. C'est une sorte de lugubre carillon sonné par la harpe et que traversent des plaintes de hautbois ; un croquis plutôt qu'un tableau, mais où transparaît déjà un don d'invention qui nous fait souhaiter l'audition d'autres oeuvres empruntées au répertoire relativement ample du regretté musicien. Il faut remercier M. Edouard Mignan, remarquable organiste lui-même, d'avoir si judicieusement orchestré cette page intéressante, en la revêtant de teintes automnales qui la situent dans le décor à demi réel certainement rêvé par l'auteur. »

(7 novembre 1919, p. 32)

 

« M. Joseph Boulnois était représenté par un poème pour piano intitulé : La Toussaint (exécuté récemment à l'orchestre aux Concerts-Pasdeloup), et par une Sonate de violoncelle et piano. Écriture sûre et élégante, jolis coins poétiques et mises en valeur à souhait par M. Gérard Hekking et Mme Jane Boulnois. »

(26 décembre 1919, p. 107)

 

« Oeuvres de Joseph Boulnois. — Les amis et la veuve de Joseph Boulnois avaient eu la pieuse pensée d'organiser une séance des oeuvres du jeune musicien mort des suites d'un mal contracté pendant la guerre. La séance se composait de trois oeuvres de musique de chambre et d'un certain nombre de mélodies qui furent interprétées avec ferveur par MM. Victor Gentil, Gérard-Hekking, Mme Lucy Vuillemin et Mme Jane Boulnois.

Il y a un curieux disparate entre les oeuvres instrumentales et les oeuvres vocales. Autant les premières sont bien équilibrées, fermes, nerveuses et par moments animées d'un souffle vigoureux, autant les mélodies, tout au moins celles qui nous furent données, parurent hésitantes.

Le trio en ses parties libres et diverses, la suite et les trois esquisses pour violoncelle, de même que la Sonate pour piano et violoncelle, sont remarquablement écrits et proportionnés. Sans que l'auteur cherche à éveiller l'intérêt par des complications harmoniques, la spontanéité des thèmes, leur développement habile le soutiennent sans effort. Ce qu'il faut noter également c'est le juste sentiment des proportions ; on ne pourrait guère, je crois, citer de longueurs, l'auteur a un plan et sait où il veut aller.

Que n'en est-il de même dans les mélodies qui, sauf deux, les Roses de Saadi et la Cornemuse, ont l'air de tourner sur elles-mêmes sans se décider à s'envoler. Cela n'est point la faute de l'interprète qui dit ces mélodies avec toute l'intelligence souhaitable.

Les pièces de musique de chambre peuvent et doivent rester au répertoire des concerts.

Pierre de Lapommeraye. »

(12 février 1926, p. 75-76)

Collecte : Olivier Geoffroy

(août 2022)



La naissance d'un nouveau monde Paru en 2014
« La naissance d'un nouveau monde »
dans la série « Les musiciens et la Grande Guerre », volume V

par Thomas Duran (violoncelle)
et Nicolas Mallarte (piano)
Erwin Schulhoff, Sonate pour violoncelle et piano, op. 17 (1914)
Franck Bridge, Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur (1913-1917)
Enrique Granados, Madrigal (1915)
Joseph Boulnois, Sonate pour piano et violoncelle (1917)
Jacques de la Presle, Guitare (1915)

1 CD WW1 MUSIC, Editions HORTUS (Hortus 705)
enregistrement : janvier 2014
www.editionshortus.com


Concert du centenaire de la mort de Joseph Boulnois : Trio avec piano, la Sonate pour violoncelle et piano et des mélodies par Faustine Picco (soprano), Mélody Lagache (violon), Ken Wassim Ubukata (violoncelle) et Christophe Chauvet (piano). Renseignements au 09 61 60 43 79.

Extraits :
Fichier MP3 Pastorale, sur un poème de Maurice Rollinat (1908),
par Faustine Pico et Christophe Chauvet.
Fichier MP3 Perdus dans un rêve, pour piano et violon (1904),
par Christophe Chauvet et Mélody Lagache.
(© fichiers audio C. Chauvet)



Festival Senlizst, programme concert du 19 octobre 2019

 

Joseph BOULNOIS (1884-1918) :

Pastorale (paroles de Gabriel Bender),1908

La Biche (paroles de Maurice Rollinat),1908

La Flûte (paroles d’André Chénier),1916

L’Angélus (paroles de P. Courrière),1912

La Toussaint (piano solo),1903

 

Albéric MAGNARD (1865-1914) :

extraits des Six Poèmes, op. 3 (1887-1890) :

Nocturne (paroles d’Albéric Magnard)

Le Rhin allemand (paroles d’Alfred de Musset)

Invocation (paroles d’Albéric Magnard)

Ad fontem bandusiae (paroles d’Horace)

Envoi (extrait des Promenades, op. 7, pour piano seul, 1893)

 

Romain PANGAUD (né en 1986) : D’après un conte de Gérard de Nerval

 

Fernand HALPHEN (1872-1917) :

Nocturne (piano seul), 1898

Voulant Ô ma douce moitié (paroles de Pierre de Ronsard), 1914

Quand vous serez bien vieille (id.)

Les Gnomes (paroles de Paul Reboux),1906

Musique sur l’eau (paroles d’Albert Samain), 1908

Vœu (paroles de Victor Hugo),1890

Ballade (paroles de Théophile Gautier),1898

Souvenir (paroles d’Armand Sylvestre)

 

 


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