Eugène de Bricqueville ( photo X..., parue dans Seine et Oise, Dictionnaire biographique et album, Paris, Flammarion, s.d., cliché Jean-Marc Baffert ) |
Le Comte Eugène-Henri-Joseph de Bricqueville est né le 18 mai 1854 à Avignon, au domicile de ses parents, 23 place des Carmes, du légitime mariage d’Henri, propriétaire, et de Hélène André. Il appartenait à cette vieille famille normande connue depuis le XVe siècle, descendante par les femmes de Louis VI le Gros, roi de France au début du XIIe siècle.
C’est sans doute à Avignon qu’il débuta sa formation musicale, avant de venir se fixer, à la fin des années 1880, dans la région parisienne. Là, il se perfectionna auprès de Gigout dans son " Ecole d’orgue, d’improvisation et de plain-chant " qu’il avait fondée à Paris en 1885.
Célèbre amateur de musique, installé à Versailles, 22 rue des Missionnaires, puis après la guerre mondiale 4 impasse Adèle-Mulot et enfin 2 boulevard de la République, il est reçu membre de la Société des Sciences Morales de l’Académie de cette ville dès 1891. Comme organiste, on lui doit notamment l’inauguration, le 2 juillet 1900, de l’orgue Abbey de l’Exposition Universelle de 1900 au cours d’une séance présidée par Saint-Saëns, ainsi que celui de l’église Saint-Denys-de-la-Chapelle (Paris) le 24 mars 1901, en compagnie de Dallier.
Son importante collection d’instruments de musique a fait l’objet d’un Catalogue des instruments de musique anciens qui composent la collection formée par M. Eugène de Bricqueville (1887-1889, Avignon, Seguin frères, in-8, 22 p.) On doit à cet érudit des Notes historiques et critiques sur l’orgue publiées en 1899 chez Fischbaker à Paris, avec une préface de Widor, ainsi que plusieurs autres articles musicologiques, parmi lesquels nous relevons : L. Jadin, compositeur versaillais, paru dans L’Echo de Versailles et de Seine et Oise (6 novembre 1908), Un critique musical au siècle dernier (Paris, Heugel, 1883, 24 p.), Deux abbés d’opéra au siècle dernier : Joseph Pellegrin (1663-1744) et François Arnaud (1721-1787) publiée en 1889 dans la Revue de la Société des études historiques (tiré-à-part, 41 p., typographie de Delattre-Lenoel, Amiens) et bien d’autres encore : Les Musettes, Les Instruments de musique champêtre, Le Piano à Versailles sous Marie-Antoinette, Les Pochettes de maîtres de danse, Notice historique sur la vielle, Deux polémiques : Christophe Glück et Richard Wagner (1881). Conférencier, il savait captiver son auditoire, notamment ce 17 juin 1902 à l’Institut populaire de Versailles avec son étude sur L’Evolution du drame lyrique.
En 1906, le comte de Bricqueville fonda à Versailles un orchestre d’instruments anciens : La Couperin, sur lequel il écrivit un article intitulé La Couperin, un orchestre d’anciens instruments à Versailles ; il le dirigea durant plusieurs années jusque dans les années 1920. On lui doit également plusieurs pages écrites pour son instrument, parmi lesquelles une Etude dédiée à René Vierne et éditée en 1898 chez A. Pérégally et Parvy fils à Paris, un Grand chœur, édité également chez Pérégally, ainsi que de la musique de scène avec entre autres œuvres L’Empereur d’Arles, drame antique d’Alexis Mouzin, à grand spectacle en 3 actes et un prologue avec chœurs, représenté au théâtre romain d’Orange les 28 et 29 août 1886 (Avignon, Imprimerie de Seguin frères, 1886, in-8) et Le Roman de Lisette, opéra-comique en 1 acte, sur un livret de Paul Manivet.
Durant plus d’une vingtaine d’années le comte de Bricqueville toucha l’orgue de la chapelle du château de Versailles à partir de 1897. Il est mort dans cette ville le 20 mai 1933 et ses obsèques furent célébrées le 23 mai en l’église St-Symphorien. De son mariage avec Lucie Gaumont, née à Epernay en 1862, décédée à Versailles en 1923, il avait eu deux filles : Hélène (1887) et Jeanne (1888)...
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
(avec l'aimable collaboration de Jean-Marc BAFFERT)