Théodore Dubois, fils d'un instituteur de la région de Reims, est né le 24 août 1837 à Rosnay (51). Il effectue ses études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans les classes de Marmontel, Ambroise Thomas, Bazin et François Benoist, et obtient notamment un 1er Prix d'orgue en 1859. Prix de Rome en 1861, professeur d'harmonie au CNSM en 1871, il est ensuite professeur de composition (1891) dans ce même établissement, puis en assume la direction à partir de 1896, succédant là à son maître Ambroise Thomas. Il est élu à l'Académie des Beaux Arts en 1894, au fauteuil de Gounod. Il avait épousé la fille du chef d'orchestre de l'ancien Théâtre de la Renaissance.
Parallèlement à ses fonctions d'enseignant Théodore Dubois est organiste accompagnateur des Invalides à Paris, avant de succéder en 1858 comme maître de chapelle de Sainte-Clotilde à César Franck lui-même, nommé au grand orgue de cette église. En 1868 il est nommé maître de chapelle de l'église de la Madeleine. Une dizaine d'années plus tard (1877) Théodore Dubois recueille la succession de Saint-Saëns au grand orgue de cette même église, laissant son poste de maître de chapelle à Gabriel Fauré. En 1896, il quitte définitivement la Madeleine pour se consacrer à la direction du CNSM ; c'est à nouveau Fauré qui lui succède à l'orgue. Le 11 juin 1924 Dubois s’éteint dans son appartement parisien du boulevard Pereire.
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Arrivée de Camille Saint-Saëns et Théodore Dubois, partis de Paris à 8h55, le 15 juin 1909 à 10h20, en gare de Compiègne, pour surveiller la mise en loge au château de Compiègne des candidats au Prix de Rome (Nadia Boulanger, Jules Mazellier, Marc Delmas, Marcel Tournier et Noël Gallon). ( photo Ruck, Musica )
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Théodore Dubois a laissé une œuvre abondante en partie méconnue : 3 symphonies, un oratorio Le paradis perdu, plusieurs scènes lyriques (L'Enlèvement de Proserpine, Les Vivants et les Morts, Le Baptême de Clovis, Notre Dame de la mer), des concertos pour piano, pour violon, des quintettes, quatuor, trio, des sonates pour instruments divers, des chœurs avec ou sans accompagnement, des volumes de mélodies, des quantités de pièces pour piano parmi lesquelles ses charmants Poèmes Virgiliens, des pièces théâtrales (La Guzla et l'Emir, Le Pain bis, La Farandole, Xavière...) et un grand nombre de pièces de musique religieuse, éditées chez Heugel : une douzaine de Messes, dont une Messe solennelle de Saint-Rémi pour soli et chœurs à quatre voix, avec orgue et orchestre, une Messe Pontificale pour soli et chœurs à quatre voix, avec orgue et orchestre, une Messe brève en fa (dans le style Palestrinien) à quatre voix, une Messe pour les morts pour soli et chœurs, avec orgue et orchestre…, une grande quantité de motets (Heugel), parmi lesquels plusieurs Ave verum, O Salutaris, Panis angelicus, Tantum ergo, Ave Maria, Sub tuum, Pie Jesu, un Cantate Domino en sol majeur (extrait du Psaume 97) pour chœur et deux orgues, un Adeste fideles pour solo et chœur, avec violon ou violoncelle et harpe, un Salut à 3 voix, un Sanctus en sol majeur, pour chœur et deux orgues…
Mais c’est assurément l’oratorio Les Sept paroles du Christ (Heugel), dédiées à l'abbé Jean-Gaspard Deguerry (1797-1871), curé de la Madeleine fusillé par les Fédérés à la prison de la Roquette en même temps que Mgr Darboy, archevêque de Paris, écrites en 1867, qui est l’œuvre la plus connue de Dubois. D'une inspiration élevée elles sont d'un effet grandiose et dramatique ; ces pages tragiques reflètent admirablement la mort du Christ. Durant plus de 90 ans, jusqu'en 1965, elles furent régulièrement données à l'église de la Madeleine chaque Vendredi Saint, puis tombèrent dans l'oubli. Elles avaient également un succès considérable à Sainte-Clotilde, aux Concerts Pasdeloup et même aux États-Unis et au Canada. C'est Joachim Havard de la Montagne, lointain successeur de Théodore de Dubois en 1967 à la Madeleine, qui les tira de l'oubli en les donnant notamment à deux reprises en concert avec les Chœurs et l'Ensemble instrumental de la Madeleine, le 22 mars 1983 et le 17 avril 1984. Il a fait découvrir aussi au public d'autres oeuvres de Dubois, parmi lesquelles son fort beau motet en si bémol Tu es Petrus, écrit pour chœur avec grand orgue alterné ou solo de baryton et chœur.