Antoine ELWART
(1808 - 1877)
Vers 1870
(coll. BNF, Estampes et photographies, 4-NA-117) DR.
" Etre musicien, c’est avoir le sentiment inné du beau musical ; c’est comprendre et admirer tout ce qu’il y a de grand, de poétique dans toutes les écoles ; c’est n’avoir de répulsion que pour le laid, l’extravagant, le grotesque ; c’est enfin être assez maître de soi pour avoir le courage d’écouter une œuvre qui mérite ce nom sans la juger d’après l’étiquette du sac. C’est savoir jouir enfin de tous les styles, sans pourtant renoncer à l’admiration sincère et non prévenue que vous inspire tel ou tel maître, tel ou tel virtuose avec lequel notre organisation nous fait volontiers entrer en communauté d’idées. " Ce texte écrit par Antoine Elwart dans l’Univers musical du 9 juillet 1863, en réponse à la question " Qu’est-ce qu’un musicien ? ", résume à lui tout seul ce que fut l’homme et le musicien, plus connu de nos jours pour ses travaux musicographiques que pour ses nombreuses compositions : noblesse des sentiments, ouverture d’esprit, éclectisme, bienveillance, générosité... Mais il n’était pas seulement un musicien, il était encore, suivant Oscar Comettant, son ancien élève devenu un ami, un lettré ingénieux et spirituel. C’est sans doute pour toutes ces qualités, doublées d’une bonhomie cordiale, que ses élèves du Conservatoire le surnommaient affectueusement " le petit père Elwart " !
Antoine-Aimable-Elie Elwart vint au monde le 19 novembre 1808 au domicile de ses parents situé alors 8 rue Coquillière, non loin de l’église St-Eustache dans le premier arrondissement parisien. Son père Antoine, tailleur d’habits, avait quitté quelques années auparavant la ville de Putzig dans le Golf de Dantzig, située alors en Prusse-Occidentale (actuellement Puck, Pologne) pour s’installer à Paris, où, semble-t-il, il avait rencontré sa future femme Virginie Charlemagne. A l’âge de 10 ans, sa famille le fit entrer comme enfant de chœur à la maîtrise de St-Eustache. C’est là qu’il reçut sa première formation musicale, notamment auprès d’Antoine Ponchard, maître de chapelle de cette église depuis 1815 et père du célèbre ténor de l’Opéra-Comique. Cet enseignement de la musique religieuse lui restera toute sa vie conservant une " sympathie pour les choses qui contribuent à donner une modeste splendeur au culte si poétique de la religion. " La foi la plus vive et la plus sincère l’animait et c’est sans doute pour cela que ses compositions destinées au sanctuaire seront toujours hautement inspirées. Berlioz dira un jour, dans le Journal des débats du 6 avril 1838, parlant des compositions d’Elwart : " Le mérite de ces œuvres sacrées doit être constaté avec d’autant plus de soin qu’il témoigne du sentiment élevé de leur auteur autant que de son amour désintéressé pour l’art. "
Une fois atteint ses 13 ans, son père le plaça comme apprenti chez un fabricant de caisses ! Au grand désespoir de ses parents, au bout de quelque temps au cours duquel il se rendit compte qu’il n’était pas fait pour ce métier, il s’enfuya et afin de survivre se fit engager comme second violon dans un orchestre des boulevards. A cette époque, sous la Restauration, les théâtres, salles de spectacles et autres cafés lyriques étaient très en vogue à Paris sur les boulevards du Temple, St-Martin, Beaumarchais et des Italiens ! Malgré son jeune âge Elwart était déjà reconnu comme musicien par ses pairs : en 1823, on chantait à l’église St-Roch une Messe de sa composition, à quatre voix et à grand orchestre ; il n’avait que 15 ans. Deux années plus tard, il était admis au Conservatoire, à l’époque Ecole royale de musique, dans les classes d’harmonie, de contrepoint et fugue (1er prix en 1830), et de composition. Elève de Fétis, puis de Lesueur à partir de 1828, en même temps que Berlioz, il apprit beaucoup de ce dernier pour lequel il avait une grande admiration. Lors des funérailles de son maître, le 10 octobre 1837 à St-Roch, Antoine Elwart prononça un discours sur sa tombe, débutant ainsi :
" C’est au nom des jeunes artistes, élèves comme moi du grand compositeur que nous pleurons tous, que j’élève ma faible voix dans cette enceinte funèbre, pour dire un éternel adieu à notre maître bien-aimé ! Le cœur brisé de douleur, je me sens incapable de vous retracer longuement tous les titres de Lesueur à l’admiration de l’impartiale postérité. Comblé des bienfaits de cet excellent homme, qui fut un second père pour moi, je ne puis qu’exprimer bien faiblement tout ce que mon cœur éprouve de reconnaissance pour lui : car, sans son généreux appui, sans ses conseils désintéressés, je n’aurai pas aujourd’hui le douloureux privilège de pleurer avec vous, un maître, un ami ! " Est-ce pour son langage, un peu trop lyrique au goût de Berlioz, que celui-ci aurait dit un jour à Elwart, son condisciple dans la classe de Lesueur : " Si vous allez faire un discours, je préfère ne pas mourir ! " ? Ultime ironie, ce fut tout même Elwart au nom du Conservatoire, qui prononçait un discours aux obsèques de l’auteur de la Symphonie fantastique le 11 mars 1869 !
Jean-François Lesueur, qui compta également parmi ses plus illustres élèves Berlioz, Gounod et Ambroise Thomas, mena Elwart au Grand Prix de Rome. Après une première tentative en 1831 avec la cantate La Fuite de Bianca Capello, sur des paroles du marquis de Pastoret, qui se solda par un deuxième Second Prix, l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut lui décernait en 1834 le premier Grand Prix, avec la cantate L’Entrée en loge, écrite sur un texte de Jean-François Gail. Devenu pensionnaire du gouvernement à la Villa Médicis, il dut abandonner quelque temps son poste de répétiteur de Reicha dans sa classe de contrepoint et de fugue du Conservatoire, où il avait été nommé en 1832.
Bien que tout jeune musicien, Antoine Elwart était déjà connu du public parisien comme compositeur, notamment à l’Athénée Musical de l’Hôtel de Ville (salle St-Jean), où le 28 janvier 1830 le chanteur Cambon interprétait une scène d’Elwart sur le motif de L’Exilé, et surtout au Conservatoire où les " Concerts d’émulation ", fondés par ses soins avec d’autres élèves en 1828, attiraient un public nombreux. De jeunes artistes s’y produisaient et on y jouait également des œuvres de compositeurs débutants. En 1832, une nouvelle Messe de sa composition était exécutée le jour de la Sainte Cécile.
Durant son séjour dans la ville éternelle, ses envois de Rome furent particulièrement remarqués selon Fétis : une Deuxième Messe solennelle (1835), dédiée plus tard à S.A.R. la duchesse d’Orléans, un opéra italien, et Omaggio alla memoria di Vicenzo Bellini, scène funèbre exécutée au Théâtre Valle de Rome en novembre 1835, écrite en hommage au célèbre auteur de la Norma mort en septembre. Le samedi 20 octobre 1838Lors de la séance publique annuelle de l’Institut de France, une Ouverture envoyée précédemment de Rome fut exécutée. Certains critiques s’étonnèrent à l’audition de l’œuvre d’Elwart de l’idée de mêler au second motif, en mi mineur, trois voix d’hommes " qui produisent un singulier effet. C’est une innovation bizarre, et nous engageons le compositeur à ne pas en faire une nouvelle expérience." A l’Institut, on ne plaisantait pas à l’époque, toute nouveauté, toute recherche d’originalité était formellement proscrite !
Rentré à Paris au cours de l’année 1837, Antoine Elwart reprit son poste au Conservatoire, cette fois comme professeur adjoint de Reicha, puis en 1840, Chérubini alors directeur du CNSM, créait une seconde classe d’harmonie et le nommait titulaire. Il occupera ce poste durant plus de trente ans, jusqu’au moment où il prit sa retraite en octobre 1871. " Chez lui, le compositeur était doublé d’un professeur constant et zélé, et c’est surtout comme pédagogue qu’il a conquis une place au premier rang et que sa mémoire sera conservée. Soit comme professeur d’harmonie au Conservatoire, soit dans son enseignement particulier, Elwart a formé toute une nombreuse pléiade d’élèves, dont quelques-uns sont devenus des maîtres illustres, dont tous ont fait ce qu’on appelle une carrière d’artiste " [Oscar Comettant, critique musical au Siècle]. La liste de ses élèves est en effet impressionnante ; nous ne pouvons tous les nommer ici, citons surtout les Prix de Rome Aimé Maillart et Georges Bousquet, le compositeur lorrain Théodore Gouvy que l’on vient de redécouvrir, avec l’enregistrement de son Requiem et de son Stabat Mater, le compositeur et musicologue Jean-Baptiste Weckerlin, le pianiste Emile Prudent, Olivier Métra, l’auteur très populaire de valses et autres opérettes en vogue aux Folies-Bergère, l’organiste aveugle Edmond Hocmelle, Adolphe Blanc prix Chartier de musique de chambre, Victor Verrimst contrebassiste attaché à l’orchestre de l’Opéra et à la Musique particulière de Napoléon III, le compositeur belge Albert Gisar, etc... Certains de ses élèves l’ont été en cours particuliers, car Elwart, même s’il renonça à suivre une carrière dans le théâtre pour entrer dans le professorat, ouvrit très tôt, parallèlement à son enseignement officiel au Conservatoire, des cours privés d’enseignement musical. Le 15 novembre 1838, en compagnie de plusieurs autres musiciens renommés, tous 1er prix du Conservatoire de Paris : Louis Dietsch (solfège), Alexandre Fessy (piano et accompagnement), Jean Rémusat (flûte), Maurice Saenger (violon), Emile Rignault (violoncelle), Armand Durier (contrebasse), il ouvrait ses séries de cours à son domicile, 30 rue Taitbout, à raison de deux leçons par semaine, lui-même enseignant l’harmonie. La France musicale du 4 novembre 1838 annonçait : " L’enseignement musical prend depuis quelques temps une grande extension. Voici des musiciens dont le talent est reconnu, qui s’associent pour faire un cours dans lequel les élèves pourront puiser toutes les notions de la musique, depuis les premiers éléments, jusqu’aux plus hautes difficultés de l’art. "
A la même époque, une Messe solennelle d’Elwart était donnée pour le baptême du comte de Paris Philippe VII, né le 24 août 1838. Sans doute s’agit-il de cette Messe solennelle à grands chœurs, solos de soprano, ténor et basse, avec accompagnement d’orchestre et réduction d’orgue ou piano, qui était en souscription chez A. Catelin & Ce, éditeur de musique rue Grange-Batelière, jusqu’au 15 septembre 1838, date de sa parution ? Le 4 février à St-Eustache on avait déjà exécuté en première audition une autre Messe écrite dans le style a cappella, pour chœur avec accompagnement de l’orgue et de quelques basses : Dietsch tenait l’orgue et Ambroise Thomas dirigeait. La critique musicale encensa cette œuvre qui avait produit beaucoup d’effet. Le 29 octobre de la même année, les anciens élèves de Lesueur se réunissaient dans l’église St-Roch afin d’assister au service anniversaire de sa mort. Une Marche funèbre et un Sanctus d’Elwart furent particulièrement remarqués, ainsi d’ailleurs que le Pie Jesu de son ami Dietsch, maître de chapelle de St-Eustache avant de devenir bientôt celui de l’église de la Madeleine, et l’admirable Agnus, à trois voix seules, avec chœur, de Gounod. Elwart publiait également en 1838 un ouvrage musicolittéraire qui reste encore de nos jours l’une des meilleures sources sur ce sujet : Duprez, sa vie artistique, avec une biographie authentique de son maître, Alexandre Choron (Paris, Magen, 1838). On trouve dans cette œuvre, non seulement des éléments inédits sur le célèbre ténor Gilbert Duprez de l’Opéra, qui triomphait alors dans Benvenuto Cellini de Berlioz, mais également une vie détaillée d’Alexandre Choron, qui avec son " Ecole de musique classique et religieuse " (1817) est un des éléments essentiels du développement musical au début du XIXe siècle. Toujours en 1838, Antoine Elwart publiait aussi les Heures de l’enfance, poésie de Mme Virginie Orsini, recueil de prières, cantiques et récréations, à l’usage des maisons d’éducation des deux sexes, collèges, pensionnats, écoles primaires et salles d’asile, mis en musique et précédé d’un Essai sur l’art de chanteur en chœur, par A. Elwart (Paris, Nicou-Choron et Canaux), un Discours sur cette question : Quelles sont les causes qui ont donné naissance à la musique religieuse ? Pourquoi s’est-elle écartée de son but ? Et quels seraient les moyens de l’y ramener ? Prononcé à la 13e séance du Congrès Historique de 1838, puis en compagnie de Damour et de Burnett, sans doute des pseudonymes?, livrait au public des Etudes élémentaires de la musique depuis ses premières notions jusqu'à celles de la composition, divisées en trois parties : connaissances préliminaires, méthode de chant, méthode d’harmonie (Paris, Bureau des Etudes élémentaires de la musique, 1838). Il avait déjà publié l’année précédente, cette fois-ci à l’intention des jeunes enfants, un Alphabet musical pittoresque, destiné à leur apprendre les premiers principes de l’art des sons. Berlioz, dans le Journal des débats du 10 décembre 1837, soulignait tout l’intérêt de cette publication, son auteur " ayant eu l’ingénieuse idée de frapper les yeux des enfants par des planches coloriées représentant diverses scènes en rapport plus ou moins direct avec la proposition musicale qu’il s’agit de leur expliquer. " Puis, les années suivantes ses nombreux ouvrages didactiques lui vaudront au fil des mois une notoriété de théoricien justement méritée. Citons parmi son immense production : Feuille harmonique, contenant la théorie et la pratique de tous les accords du système moderne (Paris, Colombier, 1841) ; un Petit manuel d’harmonie, d’accompagnement de la basse chiffrée, de réduction de la partition au piano et de transposition musicale, contenant en outre des règles pour parvenir à écrire la basse ou un accompagnement de piano sous toute espèce de mélodie (Paris, Colombier, 1839) qui fut traduit en espagnol par Francisco Frontera de Valldemosa (Madrid,1845) ; un Petit traité d’instrumentation à l’usage des jeunes compositeurs (Parris, Colombier) ; une Théorie musicale, solfège progressif (Paris, Colombier, s.d.); un Essai sur la transposition musicale ; un Petit traité d’instrumentation à l’usage des jeunes compositeurs (Paris, Colombier, 1869); Le Chanteur accompagnateur ou Traité du clavier, de la basse chiffrée, de l’harmonie simple et composée, suivi de la manière de faire les notes d’agrément... (Paris, 1844); L’Art de chanter en chœur (Paris, Canaux); L’Art de jouer impromptu de l’alto-viola (Paris, Colombier) ; Le Contrepoint et la fugue appliqués au style idéal (Paris, Joly) ; un Manuel des aspirants aux grades de sous-chefs et de chefs de musique dans l’armée (Paris, E. Gérard, 1862) ; Lutrin et Orphéon, grammaire musicale dans laquelle le plain-chant et la musique sont appris en chantant des chœurs, enrichie d’airs français arrangés à 2, 3 et 4 voix égales (Paris, Gérard), etc...
Père des orphéonistes, on raconte qu’il ne manquait jamais un concert et assistait à tous les banquets au cours desquels il avait l’habitude de porter des toasts au dessert, quand il n’improvisait pas des vers ! Le Journal de musique du 20 octobre 1877 rapporte à ce sujet une anecdote savoureuse : On se raconte encore son toast à un sous-préfet qui venait d’être appelé par dépêche et qui fut obligé de quitter brusquement la table du banquet. Elwart se leva et, brandissant son verre : " Messieurs, dit-il, buvons au bon départ de M. le sous-préfet ! " L’humour dont faisait preuve Antoine Elwart, qui ne se prit jamais au sérieux malgré les nombreux honneurs témoignés, notamment par Charles III qui lui remit la croix d’Espagne et par le roi de Prusse qui le décora de la croix de l’aigle rouge, était légendaire. Ainsi lorsqu’on lui remis en 1873 la Légion d’honneur dans la salle du Conservatoire, il s’écria " Vive la République ! " et à la question de savoir pourquoi il poussait ce cri, il répondit malicieusement : " Vous comprenez, j’ai fait une cantate pour célébrer la gloire de Charles X, il ne m’a pas décoré ; j’ai célébré en musique les vertus de Louis Philippe, il ne m’a pas décoré ; j’ai chanté les bienfaits de l’Empire, l’empereur ne m’a pas décoré ; je n’ai jamais rien fait pour la République, et elle me décore ; il est bien juste que je lui sache gré ! "
Antoine Elwart était également doué pour la versification. C’est à lui que fut notamment confié la rédaction du discours en vers prononcé au banquet des amis de Rome, le 17 octobre 1853, qui fit d’ailleurs l’objet d’une publication (Paris, imp. de Vinchon). Il aurait pu avoir aussi quelques succès comme chansonnier, s’il avait bien voulu rendre public les chansons qu’il écrivait pour se délasser. Voici, par exemple, le texte du premier couplet de la Demande en mariage (acrostiche musical) :
EUTes-vous un cœur de rocher,
REpondez à ma vive flamme,
MItigez l’ardeur de mon âme,
FAnny, laissez-vous donc toucher ;
SOldez ma charmante dette,
L’Amour la doit depuis longtemps,
SI vous n’êtes pas trop coquette,
UTilisons nos grands parents.Parmi ses nombreux travaux musicographiques, on doit à Elwart deux ouvrages très importants : une Histoire de la Société des concerts du Conservatoire impérial de musique, avec dessins, musique, plans, portraits, notices biographiques (Paris, Castel, 1860) et une Histoire des concerts populaires de musique classique, contenant les programmes annotés de tous les concerts donnés au Cirque Napoléon depuis leur fondation jusqu'à ce jour, suivie de six esquisses sur la vie et les œuvres de J. Haydn, Mozart, Beethoven, Weber, Mendelsohn et R. Schumann (Paris, Castel, 1864), ainsi qu’un curieux Projet relatif à l’organisation d’une chapelle-musique municipale de la ville de Paris (1846), publié dans le numéro du 7 juin 1846 de la Revue et Gazette musicale de Paris de Fétis, à laquelle il collaborait, tout comme à l’Univers musical, journal littéraire et artistique de Moulinet.
Antoine Elwart, malgré ses nombreuses activités, ne renonça cependant jamais à la composition et produisit toute sa vie un catalogue considérable, embrassant tous les genres. Il serait téméraire de vouloir dresser une liste exhaustive des œuvres de ce maître ! On lui doit en effet près de vingt messes, des motets en grand nombre (O Salutaris, Ave Maria...) et des airs religieux de toutes sortes, des oratorios, plusieurs opéras, cinq Symphonies, six Ouvertures, de la musique de chambre dont trente Quatuors pour instruments à cordes, quatre Quintetti, trois Trios, des mélodies, des chœurs d’orphéons... En complément des œuvres déjà citées ici, notons cependant un Miserere à 8 voix seules, Te Deum républicain, chanté par les élèves du Conservatoire et du Gymnase musical militaire lors de la fête de la Concorde en 1848, un monologue lyrique Le sommeil de Pénélope (Bordeaux, impr. de la Veuve N. Duviella, 1856), un opéra en deux actes Les Catalans, créé au Théâtre des Arts de Rouen en 1840, un oratorio-symphonie en 4 parties Noé ou le Déluge universel, donné à Paris, salle Herz, le vendredi-saint de l’année 1845, un autre oratorio La naissance d’Eve donné au Conservatoire en 1846, une symphonie vocale Ruth et Booz exécutée en 1850 par les élèves de M. Chevé, Le Parnasse de Raphaël une grande scène allégorique pour le violon, interprétée à Paris au Concert de la crèche de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle le 15 mars 1868, un 1er quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle édité chez Brandus et Dufour en 1867, la musique et les chœurs de l’Alceste d’Euripide, traduit par Hippolyte Lucas et représenté à l’Odéon en 1847, une Hymne à Sainte Cécile, une Messe à trois voix et à grand orchestre qui lui valut le 29 juin 1855 le 1er prix à l’unanimité au concours musical annuel de la Société de Sainte-Cécile de Bordeaux, deux opéras-comiques : la Visière et Comme l’amour s’en va, et une cantate Le salut impérial, etc... A partir de 1866, Elwart voulut entreprendre l’édition à Paris en six volumes, chez G. Brandus et S. Dufour, de ses œuvres musicales non publiées à ce jour, sous le titre d’Œuvres musicales choisies de Antoine Elwart, mais la guerre de 1870 l’obligea à renoncer à son projet après la publication du troisième volume! L’année suivante paraissait son Testament harmonique (Paris, Petit aîné, 1871, in-8, 12 pages, musique).
Antoine Elwart est mort à Paris le 14 octobre 1877, sans semble-t-il n’avoir jamais été marié. Depuis plusieurs années, il avait pris soin de léguer à la bibliothèque du Conservatoire ses meilleurs ouvrages et quelques précieux manuscrits collectionnés au cours de sa longue carrière de musicien. Parmi ceux-ci figurait le manuscrit original de l’opéra-comique en trois actes de Dalayrac, Tout pour l’amour ou Roméo et Juliette, écrit sur un livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel et représenté pour la première fois le 7 juillet 1792 à la Comédie Italienne (Paris), actuellement conservé à la BNF (BN Mus. D. 2549). Mais si cet éminent artiste n’a pas laissé de descendance, la fibre musicale a continué cependant de vibrer au sein de cette famille : Joseph Elwart, probablement l’un de ses petits-neveux, fut en effet longtemps président de l’Union philharmonique du Sablon à Metz...
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE 1____________1) Puisqu'il est juste de rendre à César ce qui appartient à César, mentionnons ici, même si elles sont imparfaites, les deux notices de référence, recopiées d'ailleurs par la suite par tous les auteurs : celle de François Joseph Fétis, dans sa Biographie universelle des musiciens..., tome III, pp.134-136 (deuxième édition, Paris, Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1862), complétée en 1881 par Arthur Pougin dans son Supplément et Complément (tome I, pp. 303-304) et celle de Dieudonné Denne-Baron dans le tome XV de la Nouvelle biographie générale (Paris, Firmin Didot, 1878). [ Retour ]