RAYMOND GALLOIS MONTBRUN
Raymond Gallois Montbrun à son bureau du Conservatoire, 14 rue de Madrid, Paris
( photo aimablement communiquée par Claude Pascal ) DR
Repères biographiques
"Il a tout ce qui fait le grand interprète : une technique brillante, le goût et l'intelligence des textes. Sous son archet, je n'ai jamais entendu une note qui ne fût pas de la musique avant toute chose"
Bernard Gavoty, Le Figaro
Officier de la Légion d'Honneur — Grand Officier de l'Ordre du Mérite — Commandeur des Arts et Lettres — Membre de l'Institut.
Les parents de Raymond Gallois Montbrun ( photo aimablement communiquée par Claude Pascal ) DR |
1918 : Naissance à Saïgon, le 15 août, d'une famille originaire de la Principauté de Monaco, installée au XIXe siècle en Inde Française avec Joseph-Armand, vice-président de la Cour d'appel du Sénégal, conseiller à la Cour royale de Pondichéry en 1840. Parmi ses nombreux membres, citons Armand (1844-1905), maire de Pondichéry de 1884 à 1893, Lucien (1874-1934), maire de Pondichéry de 1931 à 1934, Eugène, avocat et bâtonnier à la Cour de Saïgon (son père), Louis, avocat à Cantho (Cochinchine) et Georges, avocat à Haïphong...
Raymond Gallois Montbrun quitte Saïgon dès sa petite enfance et effectue ses études scolaires à Neuilly-sur-Seine.
1930-1942 : Études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris :1942 : Premier Second Grand Prix de Rome de composition musicale avec la cantate Pygmalion délivré.
1944 : Premier Grand Prix de Rome de composition musicale avec la cantate Louise de la Miséricorde, sur un texte de Charles Clerc.
1946-1948 : Séjour à la Villa Médicis.
1944-1957 : Double carrière de violoniste concertiste et de compositeur. Nombreuses tournées de concerts en Europe, en U.R.S.S., en Afrique du Nord, au Moyen et Extrême-Orient - Diffusion de la musique française à l'étranger - Enregistrements sur disques Erato-France.
1952-1954 : Cours de violon, d'écriture et de composition musicale à l'Institut Français de Tokyo — Conférences au Japon, en Allemagne et au Canada sur l'enseignement musical français
1955 : Prix de la Ville de Paris pour une oeuvre de musique de chambre.
1957 : Prix Italia pour Le Rossignol de l'Empereur.
1957-1962 : Directeur de l'Ecole nationale de musique de Versailles. Création avec la Municipalité du Festival de Versailles et construction de l'auditorium attenant à l'Hôtel de la Chancellerie, siège de l'Ecole nationale de musique.
1962-1967 : Président de la Société des Concerts du Conservatoire
1963 : Membre de la Commission pour l'étude des problèmes de la musique créée par André Malraux : missions spéciales pour une réforme de l'enseignement musical en province, la création au CNSMP d'un cycle de perfectionnement, la création à Paris d'un Orchestre d'État, futur Orchestre de Paris.
1962-1983 : Directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris - Création de vingt et une classes, trois cours annexes et vingt postes d'assistants - Création d'un enseignement électroacoustique et de recherche musicale - Création d'un département d'animation musicale.
1965 : Création du Cycle d'études de perfectionnement avec échanges internationaux de virtuoses et de pédagogues.
1965-1972 : Politique de réformes pédagogiques pour renforcer le niveau d'études en collaboration avec la représentation étudiante.
1970 : Prix Fauré-Frémiet pour l'intégrale de la musique de chambre de Fauré (Erato), avec Jean Hubeau, Colette Lequien, André Navarra, Paul Tortelier et le Quatuor Via Nova.
1980 : Le 5 mars, élu Membre titulaire de l'Académie des Beaux-Arts au fauteuil de Paul Paray.
1983 : Directeur artistique du Concours international Long-Thibaud.
1985 : Président des 5 Académies de l'Institut de France.
1988-1991 : Président intérimaire du Concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud.
1992 : Président du Comité Directeur du Concours international Long-Thibaud.
1994 : Décès le 13 août, à Paris.
Claude PASCAL,
avec la collaboration de Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
CATALOGUE DES ŒUVRES DE RAYMOND GALLOIS MONTBRUN
Claude PASCAL
Raymond Gallois Montbrun, un ami de plus d'un demi-siècle.
..par Claude Pascal
Entre Raymond Gallois Montbrun et moi, c'est une amitié sans nuage qui a existé à dater de 1942. Amitié de 52 ans, admiration de 52 ans du signataire envers son aîné de 3 ans - avec bien souvent, de copieux fous rires qui nous laissaient épuisés !
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La première fois où je me suis trouvé en présence de Raymond, c'était en 1936 à la merveilleuse classe d'harmonie de Jean Gallon. J'avais 16 ans et tout de suite, j'ai pensé : "Quelle allure ! Quel Monsieur !". Je n'ai jamais eu à revenir sur cette première impression. Raymond venait d'avoir son 1er prix d'harmonie et — à la demande de J. Gallon — il apportait un alterné de son cru à réaliser. Ayant juste quelques semaines de scolarité, j'ai beaucoup peiné sur cet alterné dont la liberté de ton, cependant, m'enchantait. La réalisation de l'auteur était éblouissante. Je me souviens encore des premières mesures du chant donné :
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Concours de Rome 1938, château de Fontainebleau, Étang des Carpes. De gauche à droite : André Lavagne, Simone Litaize (derrière), Gaston Litaize, Eliane Richepin, Alfred Désenclos, Raymond Gallois Montbrun (derrière) et Henri Dutilleux (assis).
( Coll. Claude Pascal, avec son aimable autorisation ) DRMon second souvenir se situe au Palais de Fontainebleau, en 1942. Logistes l'un et l'autre au Concours de Rome, une grande sympathie s'est tout de suite installée entre nous. En pleine période de restrictions, nous ne mangions pas tous les jours à notre faim. Or, Raymond disposait personnellement de quelques victuailles amoureusement rassemblées par son excellente mère. Vers minuit ou une heure du matin, tous les légistes se réunissaient dans son atelier et il partageait avec eux ses inestimables trésors. Ainsi, il n'hésitait pas à irriguer de bonnes et solides calories la matière grise de ses propres concurrents. Cette attitude le dépeint tout entier : il pense aux autres avant de penser à lui-même. Se sentant sans doute inconsciemment supérieur à tous les autres, pouvait-il aussi jouer sans crainte le rôle de "L'Empereur des Calories".
C'est à partir de 1943 que Raymond et Pierre Sancan se sont associés pour former un mémorable duo violon et piano. On ne peut imaginer la beauté de l'exécution de certaines sonates, très présente encore à ma mémoire : la 1ère Sonate de Schumann ; la Sonate en ré mineur de Brahms ; la 1ère Sonate de Fauré ; la Sonate de Ravel... Dans cette dernière, aux premiers accords griffés du piano répondaient les pizzicati ravageurs du violon. Et dans Brahms et Fauré, le phrasé était un pur ravissement.
Cette association s'est poursuivie pendant quelques bonnes années (le "clou" en était des séances d'improvisation à deux). À la Villa Médicis, ces séances ravissaient les pensionnaires comme elles subjuguaient Jacques et Rosette Ibert et leurs invités. P. Sancan étant rentré à Paris, Raymond réussit à me persuader (par un de ces sortilèges dont il était coutumier) que je jouais du piano de façon suffisamment convenable pour être digne d'être son partenaire. Bien entendu, un monde nous séparait mais en choisissant bien le programme... C'est ainsi que nous avons fait - depuis Rome - des tournées de concerts en Grèce et en Egypte.
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Rappelons qu'après avoir exercé avec toute sa foi, toute son ardeur les fonctions de directeur du Conservatoire de Versailles, Raymond fut nommé, en 1962, directeur du Conservatoire de Paris par André Malraux qui - lors de leur entrevue - lui dit notamment ceci : "Et je mets dans la corbeille de mariage le Nouveau Conservatoire". Faut-il croire que — visionnaire — Malraux voyait loin, vraiment très loin ?
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Je n'ai pas parlé du remarquable travail accompli par Raymond au Japon de 1952 à 1954 - et j'ai eu tort. Car il est fort probable que sa présence là-bas a constitué le levain d'où est sorti, quelques années plus tard, le brillant courant d'élèves japonais qui a largement contribué à étendre le rayonnement de notre Conservatoire. Ce séjour de deux ans avait lui-même été précédé d'une brillante tournée piano-violon effectuée avec son amie Geneviève Joy. L'un et l'autre avaient conquis les foules japonaises.
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Adoptant le style direct, je m'adresse à toi, Raymond, pour te dire que peu de directeurs d'établissements se sont donnés à leur tâche avec autant de cœur, de dévouement et de désintéressement. Veut-on un exemple de ta rigueur morale ? Pas une seule fois, au cours de ton directorat, une œuvre de toi n'est apparue dans les programmes imposés de concours. Tu barrais systématiquement ton nom dans les propositions que te faisaient Mmes et MM. les professeurs. "Il rêve", t'ai-je entendu dire un jour de l'un d'eux qui revenait à la charge.
Avancerai-je une hypothèse pour expliquer ta brutale révocation, intervenue cyniquement en 1983 ? Je pense que dans "les hautes sphères" on n'aime pas tellement les âmes bien trempées sur lesquelles il est difficile d'avoir prise. Vingt-deux ans de ce régime de droiture, avouons qu'il y avait de quoi lasser les meilleures volontés !
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Parlons maintenant des divers aspects de ta personnalité. D'abord le violoniste. Pour moi, il est clair que si Raymond s'était consacré à la carrière de violoniste, il aurait certainement occupé - dans le monde des grands virtuoses - une place analogue à celle qu'occupait Jacques Thibaud. Il avait une qualité de phrasé reconnaissable entre mille, et un sens aigu du bon doigté, du doigté qui pouvait rendre presque facile un passage à première vue abrupt.
Cette science du violon si riche et si neuve, Raymond l'a appliquée aux compositions qu'il a écrites pour son instrument. D'abord dans ses Douze Etudes-Caprices de concert pour violon seul qui sont sans doute l'équivalent, au XXe siècle, des Caprices de Paganini. Le jaillissement racé de pure musique s'inscrit dans un océan de trouvailles techniques. On connaît son superbe Concerto pour violon et orchestre. Mais que sait-on de ses Pages de sonatine, aux accents si personnels ? (Cette œuvre, hélas ! n'est plus disponible). C'est encore pour le violon qu'il a écrit sa dernière œuvre : Quand sonne l'heure.... commande du Concours international de violon Long-Thibaud 1993. Page au titre prémonitoire, écrite dans un langage complexe qui n'est plus du tout celui de ses œuvres de jeunesse.
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Il faut aussi parler de l'orateur. Par sa façon si vivante de raconter, il nous tenait sous le charme à la Villa Médicis. Mais son propos s'inscrivait le plus souvent dans un contexte de conversation générale. Soudainement, un jour, je lui ai entendu prononcer un vrai discours. Moi qui le connaissais plutôt réservé, j'ai vu un papillon sortir de sa chrysalide. Sans la moindre note et d'une voix naturellement bien placée, il alignait les phrases dans un ordre impeccable, ne butant jamais sur un mot, disant des choses claires, évidentes et souvent profondes. Chacun des membres de l'administration du Conservatoire qui prenait sa retraite avait droit à un discours "sur mesure" où sensibilité, aisance et intuition se combinaient pour que les larmes aillent jusqu'à affleurer les yeux de certains participants.
Plus tard, à l'Académie des Beaux-Arts, ses discours resteront célèbres. Comme reste un modèle du genre le discours de réception de Tony Aubin à l'adresse de Raymond, le 18 mars 1981. Ce texte étincelant ne laisse rien dans l'ombre. Parlant du compositeur, il dit : "La musique de Raymond Gallois Montbrun est marquée du triple sceau de la science, de la poésie et de la sincérité. Secrète en ses intentions, son expression est lumineuse. Musique gorgée d'images souvent inspirées des pays où l'auteur a résidé". Plus loin, parlant de l'homme, il s'exprime en ces termes : "Tu as le goût de l'amitié. Tes collaborateurs le savent ; et aussi ceux qui te connaissent depuis longtemps. J'ignore si tu t'abandonnes à cette amitié que tu sais si bien inspirer, une retenue faite de pudeur et souvent d'une sorte d'interrogation quant à la sincérité d'autrui, se lit parfois dans ton regard".
Au cours de cette même séance, Raymond prononçait l'éloge de Paul Paray dont il allait occuper le fauteuil. Ecoutons-le nous dire : "Je vais vous parler de Paul Paray; je vais vous parler d'amour. Je vais tenter de vous raconter le petit Paul, le grand Paul Paray, et, si je parviens à lui redonner vie, un instant, dans vos cœurs, alors vous entendrez au-delà des mots simples par lesquels je vais m'exprimer, vous entendrez chanter l'amour, l'amour des êtres, l'amour de l'amitié, l'amour du beau, du vrai, l'amour de l'art, enfin. "
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Pour terminer, je voudrais évoquer la période qui s'est écoulé entre le Concours Long-Thibaud fin 1993 et ce redoutable 13 août 1994 (deux jours avant ton anniversaire !) où tu nous a quittés. Président du Concours de violon, tu as fait passer cette lourde responsabilité avant les soucis de santé qui déjà t'assaillaient. T'étant engagé à écrire le morceau imposé pour ce Concours ( Quand sonne l'heure... ), tu as tenu - malgré tes souffrances - à faire en sorte que ce morceau paraisse en temps voulu. Tu n'aurais pas aimé qu'on s'attarde sur le long calvaire que tu as vécu pendant les premiers mois de 1994. Je dirai donc simplement que ton courage a été à la mesure de tes souffrances. Dans la vie comme devant la mort, tu n'as jamais eu qu'une seule attitude : une dignité inaltérable.
Claude PASCAL
Compositeur
Professeur honoraire au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
Nous remercions l'auteur de nous avoir autorisé à reproduire ici ses lignes, parues précédemment dans l'ouvrage intitulé Raymond Gallois Montbrun, textes et documents réunis et présentés par Claude Pascal (Gavaudun,"Connaissance des Jeunes Interprètes", 1999, 75 pages).
Raymond GALLOIS MONTBRUN
par Marcel Bitsch
Raymond Gallois Montbrun nous a quittés le 13 août dernier au terme d'une douloureuse maladie. Tous ses amis pleurent cet homme de cœur.
Né en 1918, violoniste virtuose, il avait obtenu à 16 ans le 1er Prix du Conservatoire de Paris dans la classe de Firmin Touche. Excellent pianiste aussi, il avait obtenu plus tard les 1ers Prix d'harmonie, de fugue et de composition. Comme O. Messiaen et M. Duruflé, ses aînés, comme ses camarades Henri Dutilleux, Henri Challan, Paul Tortelier et Pierre Sancan, il avait conservé un souvenir ému de la classe d'harmonie d'un maître exceptionnel : Jean Gallon. Elève ensuite de Noël-Gallon pour la fugue et de Henri Büsser pour la composition, R. Gallois Montbrun avait vu ses études musicales interrompues par la guerre. Il orchestrera plus tard les Trois danses de Jehan Alain, tragiquement disparu en 1940.
Revenu de captivité, R. Gallois Montbrun obtient en 1944 (il y a tout juste cinquante ans) le Premier Grand Prix de Rome. Après son séjour à la Villa Médicis - dont il garda toujours un souvenir attendri - R. Gallois Montbrun s'illustre d'abord comme virtuose du violon et comme professeur au Japon où il noue de solides amitiés ce qui lui inspirera plus tard une symphonie.
Directeur du Conservatoire de Versailles à partir de 1957, Raymond Gallois Montbrun est nommé, en 1962, au poste prestigieux de directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il succède à Raymond Loucheur. Il restera à ce poste jusqu'en 1983 à la satisfaction des professeurs et des étudiants qui appréciaient sa ferme courtoisie. On lui doit la création, dans les disciplines instrumentales et vocales, d'un troisième cycle de perfectionnement préparant les jeunes artistes aux concours internationaux où il se distingueront très souvent. R. Gallois Montbrun était membre de l'Académie des Beaux-Arts où il avait succédé à Paul Paray.
Comme violoniste, R. Gallois Montbrun s'était tourné vers la musique de chambre et, dans ce répertoire, avec une particulière délectation vers l'œuvre de Gabriel Fauré, son vrai maître en musique. Avec les pianistes Geneviève Joy et Pierre Sancan, R. Gallois Montbrun donne de nombreux concerts de sonates en France et à l'étranger. Avec Jean Hubeau, Colette Lequien, André Navarra et le Quatuor Via Nova, il participe à l'enregistrement - pour la firme Erato - de l'intégrale de la musique de chambre de Fauré. En 1970, cette production reçoit le Prix Fauré et le Grand Prix de l'Académie du disque français. On souhaiterait la voir transposer sur CD dans sa totalité.
Dans la carrière du compositeur de R. Gallois Montbrun, on distingue facilement trois périodes : avant, pendant et après la direction du Conservatoire de Paris. Cette période centrale a été pour R. Gallois Montbrun, par la force des choses, un temps de moindre activité créatrice. Avant 1960, il avait écrit pour son instrument 24 Etudes-Caprices comparables aux œuvres de Paganini et - notamment - un quatuor à cordes (Tableaux Indochinois), une Symphonie japonaise, deux poèmes symphoniques, Le Port de Delft et Les Ménines, un beau Concerto pour violon et orchestre au lyrisme tendu (dont Gérard Poulet s'est fait l'interprète inspiré), un opéra radiophonique Le Rossignol de l'Empereur (Ph. Soupault). Après son éviction inélégante de la direction du Conservatoire de Paris, R. Gallois Montbrun avait repris la plume avec joie, avec ardeur.
Le résultat ne s'est pas fait attendre. Auteur en 1992 d'une admirable Sonate pour piano, il a pu écrire l'année suivante, pour l'épreuve finale du Concours Long-Thibaud, une œuvre pour violon et piano au titre prémonitoire : Quand sonne l'heure... Ce concours international réputé," R. Gallois Montbrun en a assuré longtemps la direction artistique avec l'autorité affable qui était la sienne. En 1993, tout en conservant l'organisation du concours, il abandonne à son ami Yehudi Menuhin, avec une discrétion et une modestie exemplaires, la présidence du jury et l'éclat des projecteurs de la télévision. R. Gallois Montbrun n'a malheureusement pas eu le temps de réaliser l'orchestration de cette œuvre, comme il le souhaitait. La maladie l'a surpris alors qu'il esquissait un nouveau poème symphonique pour violon et orchestre, son testament musical inachevé.
D'autres diront mieux que moi la perte qui endeuille aujourd'hui la musique française. Qu'il me soit permis simplement d'évoquer la personnalité sensible, courtoise, généreuse de celui qui fut mon camarade à Rome avant d'être, au Conservatoire de Paris, mon directeur et mon ami.
Raymond Gallois Montbrun était un orateur-né, à l'esprit toujours en alerte, plein d'humour à ses heures, grave quand il le fallait. Je suis sûr d'être l'interprète de Daniel Lesur, de Marcel Landowski, d'Henri Dutilleux, de Claude Pascal, de Serge Nigg, de Jacques Castérède et de tant d'autres musiciens français et étrangers en exprimant ici l'émotion qui nous étreint tous et en assurant Madame Gallois Montbrun de notre douloureuse sympathie.
Marcel BITSCH
Compositeur
Professeur honoraire au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
Nous remercions l'auteur de nous avoir autorisé à reproduire ici ses lignes, parues précédemment dans le Bulletin de l'Association des élèves et anciens élèves des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique, de Danse et d'Art Dramatique (1994).