LES INSTRUMENTS DE L’ORCHESTRE

Cette "page pédagogique" consacrée aux instruments, à l'orchestre, à l'orchestration n'a pour but que de rafraîchir éventuellement la mémoire de nos lecteurs et de leur apporter peut-être quelques précisions pouvant les intéresser.

Ainsi pourront-ils sans doute écouter mieux en détail la musique qu'ils aiment et percevoir plus attentivement les intentions de leurs compositeurs préférés.

 

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On sait que les nombreux instruments de musique peuvent être classés en trois familles : cordes, vents et percussions

Ces familles comportent elles-mêmes différents groupes. Le tableau ci-après permet de saisir facilement ces classifications et les principales caractéristiques de chaque instrument :

 

I - Les CORDES


1) - Les CORDES FROTTEES (archet) :

Le VIOLON (ancêtre : vièle, famille des violes) : XVI°, XVII° siècle, 4 cordes : sol, ré, la, mi, divisé en deux groupes dans l'orchestre.

L'ALTO (ancêtre : vièle, famille des violes) : XVI°, XVII° siècle, 4 cordes: do, sol, ré, la.

Le VIOLONCELLE (ancêtre: viole de gambe) : XVIII° siècle, 4 cordes: do, sol, ré, la , une octave plus bas que l'alto.

La CONTREBASSE (ancêtres: basse de viole et contrebasson de viole) : XVIII° siècle, 4 cordes : mi, la, ré, sol.

 

2) - Les CORDES PINCEES :

 

La HARPE (ancêtre : harpe égyptienne, 1700 av. J.C., harpe sans pédales) : XVIII° siècle (à pédales), 47 cordes, 5 octaves (chromatiques).

Le CLAVECIN (ancêtres: psaltérion, théorbe) : XV° siècle, 1 ou 2 claviers, système de pédales agrémentant ou modifiant les sonorités, de 5 à 10 octaves.

La GUITARE (ancêtres: cithare, luth) : XVII° siècle, 6 cordes (en général) parfois 12 : mi, si, sol, ré, la, mi.

 

3) - Les CORDES FRAPPEES :

 

Le PIANO (ancêtres : clavicorde, piano-forte) : XVIII° siècle, piano à queue, piano droit, de 6 à 7 octaves.

 

II - Les VENTS


1) - Les BOIS :

La FLÛTE TRAVERSIERE (ancêtres : flûte traversière en bois, antérieur: flûte à bec) : XVIII° siècle (en métal) : 3 octaves. Flûte picolo : une octave au dessus. Flûte en sol : une quarte en dessous.

Le HAUTBOIS (ancêtre : cornet) : XV°-XVII° siècles, 2 octaves et demi, anche double.

Le COR ANGLAIS (ancêtre : hautbois d'amour) : XIX° siècle, 2 octaves et demi (une quinte plus bas que le hautbois), forme arquée, anche double.Le BASSON (ancêtres: bombarde, dulcine) : XVII° siècle, 3 octaves et demi, anche double (deux octaves plus bas que le hautbois).

Le CONTREBASSON : XIX° siècle, anche double.La CLARINETTE (ancêtres : chalumeau, cor de basset) : XVIII° siècle, 3 octaves et demi, anche simple.

La CLARINETTE BASSE (ancêtre: serpent) : XIX° siècle, anche simple, extrémité recourbée comme celle du saxophone ténor.

Les SAXOPHONES : XIX° siècle (Adolphe SAX), anche simple, en métal, 4 sortes : soprano, alto, ténor, baryton.

 

2) Les CUIVRES :

Le COR d'HARMONIE (ancêtres : corne, trompe, cor simple) : XIX° siècle (pistons, embouchure), 3 octaves et demi.

La TROMPETTE (ancêtres : trompe, trompette sans piston): XIX° siècle (pistons, embouchure), 2 octaves et demi.

Le TROMBONE (ancêtre: sacqueboute) : XVII° siècle (coulisse, embouchure), alto, ténor, basse, 3 octaves.

Le TUBA (ancêtres : bombardon, ophicléide) : XIX° siècle (pistons, embouchure).



III - Les PERCUSSIONS


1) Les INSTRUMENTS A SONS DETERMINES :

 

Les TIMBALES (ancêtre: tympana) : XVI° siècle, l son à la fois, grandeur variable, l octave et demi.

Le XYLOPHONE (originaire d'Afrique): XIX° siècle, 4 octaves.Les CLOCHES : en réalité barres ou tubes d' acier ou de bronze, XIX° siècle, 2 octaves et demi.

2) Les INSTRUMENTS A CLAVIER :

Le CELESTA (inventé par Auguste Mustel) : XIXe siècle (1886), fines lames d'acier au son cristallin, 3 octaves.

Le GLOCKENSPIEL (déjà utilisé par Mozart dans La Flûte enchantée en 1791), jeu de clochettes, 3 octaves et demi.

 

3) Les INSTRUMENTS A SONS INDERTEMINES :

GROSSE-CAISSE, CYMBALES, TRIANGLE, CAISSE CLAIRE ou TAMBOUR, TAM-TAM, GONG, TAMBOUR DE BESQUE, TAMBOURIN, CASTAGNETTES, GRELOTS, SIFFLET, FOUET… Leur notation s’écrit sur une seule ligne remplaçant la portée.

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L’ORGUE, instrument à vent mais à clavier, est trop complexe pour entrer dans cette classification. Camille Saint-Saëns disait de lui qu’il " est plus qu’un instrument ; il est un orchestre, une réunion de flûtes de Pan de tout calibre, les unes minuscules comme des jouets d’enfant, les autres gigantesques comme des colonnes de temples ; chacune constitue ce qu’on appelle un jeu d’orgue ; Le nombre est illimité ", ajoutant : " Ces ressources sont prodigieuses ; l'étendue des jeux de l'orgue dépasse de beaucoup, à l'aigu comme au grave, celle de tous les instruments de l'orchestre ; les sons harmoniques des violons atteignent seuls à ces hauteurs, mais on connaît leur peu de portée, l'usage restreint qu'on en peut faire ; quand au grave, qui pourrait rivaliser avec les tuyaux de 32 pieds, sonnant deux octaves en dessous de l'ut grave du violoncelle ? Depuis le pianissimo atteignant aux frontières du silence jusqu'à la puissance formidable et terrifiante, tous les degrés de l'intensité sont à la disposition du prestigieux instrument. La variété de ses timbres est immense ; jeux de flûtes de différentes espèces, jeux de gambe se rapprochant du timbre des instruments à cordes, jeux de mutation où chaque note, formée de plusieurs tuyaux, fait entendre à la fois le son fondamental et ses harmoniques, d'où une nature spéciale de sonorité que l'orgue seul possède ; imitation des instruments : trompettes, clarinettes, cromorne (un instrument disparu dont le timbre ne se trouve plus ailleurs), basson, voix célestes de plusieurs variétés, produites par la combinaison de deux jeux simultanés qui ne sont pas accordés tout à fait à l'unisson, la célèbre voix humaine, favorite du gros public, si séduisante bien que chevrotante et nasillarde ; et les innombrables combinaisons de ces jeux différents, toutes les nuances que l'on obtient en mélangeant à l'infini les tons de cette merveilleuse palette! Ajoutez à cela le souffle inépuisable des vastes poumons du monstre, donnant aux sons le calme incomparable et inimitable que tout le monde connaît… "

 

L'ORCHESTRE

L'orchestre réunit donc un nombre variable d'instruments selon des règles de composition et d'acoustique; selon aussi les intentions du compositeur.

Par orchestre symphonique, on désigne généralement l'orchestre réunissant la totalité des familles et des groupes instrumentaux mais avec des effectifs variables: par exemple le groupe des 1ers et 2ds violons, altos, violoncelles et contrebasses peut être plus ou moins nombreux, les bois groupés par deux selon les indications de la partition, les cuivres eux-mêmes plus ou moins au complet ainsi que les percussions; parfois le piano, voire l'orgue, s'ajoutent à l'ensemble.

L'appellation orchestre de chambre (comme musique de chambre) vient de l'italien "da camera" terme employé dès le XVII° siècle pour désigner des œuvres instrumentales destinées à être jouées dans une salle et non à l'église pour laquelle on réservait la musique "da chiesa".

L'orchestre de chambre réunit donc, en nombre limité, les instruments à cordes, auxquels peuvent se joindre quelques bois et plus rarement quelques cuivres (trompette, cor).

Les instruments dans l’orchestre, quelles que soient son appellation, son affectation, son importance, sont disposés selon un emplacement logique obéissant non seulement aux sonorités propres à chacun d’entre eux, mais aussi aux lois de l’acoustique

 

 

L’ORCHESTRATION

D’après les questions qui me sont posées, je m’aperçois que l’on confond fréquemment composition et orchestration. Parlons, bien sûr, d’une œuvre écrite pour l’orchestre, un orchestre plus ou moins important, peu importe.

Le compositeur pense son œuvre, invente ses thèmes, les développe un peu dans l'abstrait, même si, dès le point de départ, il sait à quel instrument ou à quel groupe d'instruments il confiera tel thème ou tel développement. Mais il écrit, dans la plupart des cas, et crée son œuvre dans l'harmonie ou le contrepoint qu'il entend intérieurement (c'est souvent écrit d'abord pour le piano), comme le peintre commence par esquisser les contours d'un portrait ou d'un paysage qu'il peindra ensuite, comme l'architecte construit les fondations, les murs, la charpente du bâtiment qui deviendra lors des finitions une élégante maison.

L'orchestration vient donc ensuite: comme les couleurs les plus recherchées pour le peintre, comme les teintes, l'équilibre, les proportions pour l'architecte. Sous la plume du compositeur, son œuvre, qui a déjà mûri, va se colorer, va atteindre ses véritables proportions, son réel volume sonore grâce à l'orchestration: pour la réussir, il se fie à son inspiration mais il s' appuie tout autant sur les règles indispensables sans lesquelles les instruments et le groupe d'instruments ne pourront "sonner" valablement ni produire tout l'effet recherché.

Pour bien distinguer la composition de l'orchestration il est instructif d'écouter alternativement et successivement des œuvres qui ont connu la célébrité dans leur forme originale pour piano puis dans leur version orchestrée due soit au compositeur lui-même, soit à un autre musicien de renon. Voici quelques exemples : Les Tableaux d'une Exposition de Moussorgski pour piano et l'orchestration absolument géniale de cette œuvre par Maurice Ravel : au piano les tableaux évoqués par Moussorgski sont des photographies en noir et blanc; avec l'orchestration de Ravel, ce sont des photographies en couleur. La Petite Suite pour piano de Debussy (dont fait partie le Clair de Lune) et sa célèbre version orchestrée par Henri Büsser à la demande du compositeur, ou bien encore L'invitation à la Valse pour piano de Weber et son orchestration par Berlioz; Les Rhapsodies Hongroises que Franz Liszt a écrites soit pour le piano, soit pour orchestre. Les exemples sont nombreux et permettent de juger et d’apprécier les coloris si variés produits par une orchestration réussie. On peut encore citer Ma Mère l’oye, le Tombereau de Couperin et la Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel qui a réalisé ces œuvres pour piano puis pour orchestre, ainsi que la Bourrée fantasque, la Joyeuse marche et la Suite pastorale d’Emmanuel Chabrier.

A contrario, on peut évoquer le Boléro du même Maurice Ravel qu'on ne saurait imaginer autrement que pour l'orchestre : le compositeur apporte là une démonstration extraordinaire de combinaisons de sonorités et une prodigieuse virtuosité dans la diversité des timbres.

Il ne faudrait pas en conclure que toute œuvre écrite pour le piano, pour l'orgue ou pour un ensemble de deux ou trois instruments gagnerait à être orchestrée. Non, loin de là! Des abus certains ont d'ailleurs été accomplis dans ce domaine et sans vouloir entrer dans les détails et encore moins dans la polémique, on peut critiquer quelques réalisations à la limite de la trahison des intentions du : telle Toccata et fugue en ré mineur ou Toccata en fa de Jean-Sébastien Bach dans une version pour grand orchestre due à Léopold Stokowski, plusieurs Valses de Chopin... Le coup de génie de Maurice Ravel avec Moussorgski n'est pas toujours facile à reproduire!

Joachim Havard de la Montagne
(1986)

 


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