La Lorraine en musique à travers les siècles

 

Voici quelques informations sur les musiciens appelés à exercer une fonction en Lorraine depuis le Moyen-Age jusqu’à nos jours.

En premier lieu, on peut mentionner le trouvère Gaultier d’Epinal (ca.1220-ca.1272), à qui l’on doit 16 chansons (parmi elles, " Comencement de douce saison bele ").

A l’époque de René II (1451-1508), Duc de Lorraine de 1473 à sa mort, la Collégiale Saint-Georges (fondée en 1339), aujourd’hui disparue, qui se situait à Nancy à la limite du Palais Ducal (Grand-Rue actuelle) avait pour maître de chapelle Pierrequin de Thièrache. Un orgue fut installé grâce au duc Charles II (1543-1608). Après différentes transformation au long des âges, il a été déplacé dans les années 1740 à l’église Saint-Pierre et de nouveau en 1888, dans la nouvelle église. Une carte postale datant d’avant la reconstruction par Haerpfer-Ermann en 1965 montre un buffet double dont le positif de dos a une allure très " Ancien Régime ". Le grand corps semble très nettement postérieur...

Claude Goudimel (ca. 1514-1572) a vécu à Metz de 1557 à 1567. C’est là qu’il mit la main à son Psautier en musique.

Léopold, duc de Lorraine de 1697 à 1729 avait pour intendant de la musique Jean Regnault, grand admirateur de Lully qui fit représenter ses opéras. Henri Desmarets (1661-1741) lui succéda et la musique connut ses plus grandes heures. Sur ses conseils, un opéra fut construit à Nancy en 1709. C'est le duc Léopold qui fit construire en 1698, par l'architecte Germain Boffrand, un superbe château avec une chapelle qui abritait un orgue du facteur Claude Moucherel (1699-1744). François III de Lorraine (1708-1765), successeur de Léopold, fonda l’Académie de Musique de Nancy en 1731. Sous Stanislas de Lorraine (1677-1766), qui régna après François III, le surintendant de la musique était le compositeur versaillais Louis Maurice de Lapierre (1697-1755) et le premier violon le parisien Baptiste Anet (1676-1755). Il ne faut pas manquer de signaler qu’en 1778, Mozart passa à Nancy et fit un détour par Toul afin de jouer le magnifique orgue Dupont de la Cathédrale. C’est précisément 100 ans plus tard, en septembre 1878, que Joseph Oury (1852-1949) devenait titulaire de l’instrument !

Léopold-Bastien Desormery (1740-1810) de Bayon et son fils Jean-Baptiste (né en 1772), composèrent un ballet pour le premier et des pièces de piano pour le second.

On aime à rappeler que le père de Frédéric Chopin (1810-1849), Nicolas était né à Marainville près de Charmes, dans les Vosges, en 1771. Pour l’anecdote, l’orgue Cavaillé-Coll de l’église de Charmes, longtemps tenu par Camille Martin, compositeur et chef d’orchestre, fut construit plus d’un siècle plus tard, en 1875.

Ambroise Thomas (1811-1896) est né à Metz où il reçut ses premières leçons de son père, Martin, lui-même bon musicien, membre d’une société philharmonique. Mais, c’est à Paris qu’Ambroise Thomas exerça son talent. Eugène Gigout (1844-1925), né à Nancy, n’a guère fait profiter la Lorraine de ses dons en dépit d’une première formation acquise à la maîtrise de la Cathédrale de Nancy. C’est la capitale qui put en tirer l’avantage. De même, les compositeurs Gabriel Pierné (1863-1937) et son cousin Paul Pierné (1874-1952), bien que nés à Metz, ne restèrent pas longtemps dans l’Est de la France... au profit de Paris. Gaston Litaize (1909-1991), ancien élève de l’Institution des Jeunes Aveugles de Nancy, fut organiste à l’église Saint-Léon IX de cette ville durant une très courte période (du 7 mai 1933 au 22 avril 1934).

Louis Ganne : fragment de la Marche lorraine
Louis Ganne, Marche lorraine

Le compositeur de Louise, Gustave Charpentier (1860-1956) est né à Dieuze.

En 1869, Anton Bruckner (1824-1896) improvisa sur le nouvel orgue Merklin de l’église Saint-Epvre de Nancy. Louis Ganne (1862-1923) composa sa célèbre Marche lorraine vers 1900.

Sous l’influence de Joseph-Guy Ropartz (1864-1955), la ville de Nancy qu’il avait trouvée presque totalement inculte sur le plan musical à son arrivée comme directeur du Conservatoire en 1894, devint rapidement une terre d’exception par les concerts et les vocations de musiciens qu’elle a vu naître. C’est à Nancy que Ropartz a composé la plupart de ses oeuvres pour orgue ou harmonium. A son départ pour Stasbourg en 1919, Ropartz avait accompli en Lorraine un travail gigantesque :

" Ainsi, Guy Ropartz, qui avait tout à faire en venant à Nancy, réussit, avec un sens affirmé de l’autorité et le don de la direction, à donner une impulsion toute neuve non seulement au conservatoire mais à l’ensemble de la vie musicale. [...] Grâce à Guy Ropartz, le public nancéien fut l’un des premiers à avoir la révélation des compositeurs contemporains, et lorsqu’un de ces compositeurs ne suscitait pas assez d’applaudissements à son goût, Ropartz n’hésitait pas à recommencer le morceau jusqu’à ce que le public comprenne et sorte de son apathie. [...] " [Isabelle Petitdemange, " Les Concerts symphoniques de Nancy sous la direction de Joseph-Guy Ropartz " in : Annales de l’Est, 5è série, 46è année, n° 1, Nancy, PUN, 1994, p. 34]

Dom Paul Benoit (1893-1979), moine de l’Abbaye de Clairvaux était originaire de Nancy. Il a écrit de très belles élévations et des pièces décoratives pour orgue.

Une notice présente par ailleurs des organistes lorrains célèbres. Aussi ne nous attarderons-nous pas sur ce point.

Il convient enfin de citer Pierre Schaeffer (1910-1995), né à Nancy, ancien élève de l’Ecole Saint-Sigisbert et ancien de Polytechnique, qui est le père de la musique concrète.

Olivier Geoffroy


 


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