LE MAÎTRE DE CHAPELLE DANS L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE 1 |
Voltaire accueillait Grétry, le compositeur de Richard, Cœur de lion, par ces mots : " Vous êtes musicien et homme d’esprit, Monsieur, la chose est rare ! "
A vous qui m’accueillez ce soir pour que je vous parle de certains musiciens, je souhaiterais surtout ne pas trop vous ennuyer en traitant ce sujet le Maître de chapelle dans l’histoire de la musique.
Le terme Maître de chapelle paraît peut-être de nos jours quelque peu désuet. Nous verrons tout à l’heure que, de plus, de nos jours les Maîtres de chapelle ne sont pas légion ! D’où vient ce terme ? Le mot chapelle désigne ici l’emplacement dans l’église où se tenait jadis le choeur des chantres revêtus précisément de la chape, cette cape, ce grand manteau d’église. Le Maître de chapelle est donc le responsable de ce choeur puis, peu à peu, celui qui dirige la musique dans l’église, ensemble choral et instrumental. Le Maître de chapelle a ses lettres de noblesse. Les plus grands musiciens de l’Histoire furent Maîtres de chapelle ou organistes... Le Maître de chapelle c’est aussi le titre et le sujet d’un opéra-comique très célèbre au XVIII° siècle du compositeur Ferdinand PAËR, qui fut en France l’un des compositeurs préférés sous l’Empire.
APPARITION DE LA POLYPHONIE |
Mais pourquoi cette importance du Maître de chapelle dans l’évolution de la musique ? Tout simplement parce que la musique, dans chaque étape de son évolution jusqu’au XVII° siècle fut d’abord de la musique religieuse. Ainsi ceux qui firent cette évolution, les artisans de cette progression dans la musique furent des Maîtres de chapelle
Cela commença dès l’apparition de la polyphonie, c’est à dire de la naissance de la musique occidentale après le Moyen-Age et le Chant Grégorien. Les premières polyphonies furent vocales et religieuses : oui, cela se passait à Notre-Dame de Paris devenue le centre de l’avant-garde musicale. Les premiers Maîtres de chapelle y faisaient leurs expériences, les musiciens venaient même de l’étranger s’y initier tandis que l’on vient de toute part admirer curieusement cette architecture nouvelle . Ces Maîtres de chapelle, Léonin puis Pérotin dit " le Grand " composent ces premières polyphonies avec une ferveur toute semblable à celle des constructeurs des cathédrales.
L’ÉPOQUE DE LA RENAISSANCE |
Si au XIV° siècle la musique religieuse est un peu moins à l’avant-garde au profit de la musique de cour des Ducs de Bourgogne tout puissants et si favorables à la musique, dès la fin du XVe siècle et au XVIe siècle, ce sont à nouveau les Maîtres de chapelle et les organistes qui feront avancer cette évolution de la musique. Citons particulièrement Jean Ockeghem, Josquin des Prés, Palestrina, Vittoria. Et ces Maîtres de chapelle sont fort bien compris et estimés, car les amateurs de musique se trouvent nombreux dans les différentes classes de la Société : les paysans dansent et chantent sans culture spéciale, d’instinct ils jouent de la cornemuse et du chalumeau... Mais une bourgeoisie d’alors doit à son rang social de connaître la pratique d’un instrument choisi parmi les instruments nobles. Il lui faut aussi savoir conduire sa voix lorsqu’elle chante, ce que toute personne bien élevée doit savoir faire. Des personnages célèbres de l’époque, tel Charles-le-Téméraire ou du Guesclin prisaient et pratiquaient la musique. Le roi François Ier ou l’empereur Charles Quint portaient à la musique un très grand intérêt. Ils montraient à l’égard des musiciens et des Maîtres de chapelle en particulier une sollicitude qui étonnerait de nos jours de la part d’un Président de la République. Ils réservaient à la musique une place de choix dans les différentes circonstances de leur vie. Les rois, les princes, les ducs rivalisaient dans l’organisation de la musique de leur chapelle et le Maître de chapelle en était le bénéficiaire. Charles Quint avait à sa disposition un ensemble de 40 chantres et plus qui provoquaient l’admiration universelle.
Parfois le Maître de chapelle avait une responsabilité étonnante. Ainsi, au Concile de Trente, le Pape Pie IV proposa la suppression de toute polyphonie dans la musique liturgique. C’est alors que Palestrina, Maître de chapelle du Pape, sut composer des exemples d’une telle beauté que le Pontife revint sur sa décision et se laissa convaincre que la belle polyphonie ne pouvait que servir la liturgie et la prière de l’église. Heureuse époque où un musicien pouvait se faire comprendre et où un pontife savait reconnaître ses erreurs !
L’importante place de la musique religieuse donnait lieu parfois à des événements rocambolesques et apportait de gros soucis au Maître de chapelle responsable de ses chantres. On raconte que Roland de Lassus, qui n’était pas encore le compositeur célèbre mais un jeune chantre doué d’une voix merveilleuse et très convoitée, fut enlevé à plusieurs reprises, ce qui était une pratique assez courante à l’époque ! Rendu deux fois à ses parents et au Maître de chapelle, il fut enlevé une troisième fois. Emmené en Sicile, il manqua de devenir la proie des pirates ! Le métier de Maître de chapelle est de chantre n’était pas toujours de tout repos... Parfois les problèmes étaient différents. Ainsi, tous les chantres n’étaient pas pourvus d’une culture très solide. Ils étaient même parfois des ivrognes invétérés, tel ce chantre de Charles Quint qui un jour mordit un contradicteur à l’oreille et en arracha un morceau qu’il mangea goulûment ! On imagine alors le rôle du Maître de chapelle.
La Sainte-Chapelle ( photo Michel Baron )
Les Maîtres de chapelle de la Sainte-Chapelle du Palais, à Paris |
François DUVAL |
? - 1510 |
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Dreux PRIEUR |
1510 - ? |
Jehan MALIEN |
1512 - ? |
Pierre VERMONT |
? - 1528 |
Pierre CERTON |
ca 1542 - 1572 |
Jehan BAREAU |
1572 - 1576 |
Didier LESCHENET |
av. 1577 - ? |
Étienne TESTART |
1576 - 1585 |
Jehan GILLOTEAU |
1585 - ? |
Jacques RENVOYRÉ |
av. 1588 - 1609 |
Antoine BLÉSIMART |
1609 - ap. 1612 |
Jacques DUMOUSTIER |
av. 1622 - ap. 1626 |
Eustache PICOT |
av. 1628 - ? |
Jean de BOURNONVILLE |
1632 |
Guillaume LE BLANC |
1632 - 1642 |
Artus AUXCOUTEAUX |
1642 - 1650 |
Eustache GUÉHENAULT |
1650 - 1663 |
René OUVRARD |
1663 - 1679 |
François CHAPERON |
1679 - 1698 |
Marc-Antoine CHARPENTIER |
1698 - 1704 |
Nicolas BERNIER |
1704 - 1726 |
François de LACROIX |
1726 - 1744 |
Abel-François FANTON |
1745 - 1756 |
BRÉVAL |
1757 - 1758 |
François-Robert DORIOT |
1758 - 1783 |
André LEPREUX |
1783 - 1788 |
François-Robert DORIOT |
1788 - 1790 |
22 novembre 1790 : fermeture de la Sainte-Chapelle
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D.H.M.
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Avant de quitter cette époque, on peut encore évoquer ces Maîtres de chapelle devant, de par leurs fonctions, se compromettre dans leurs opinions politiques ou religieuses : ainsi Goudimel, protestant, tué au cours des massacres de la Saint-Barthélémy, ou encore Jean Mouton le musicien préféré de son roi Charles IX qui le cacha dans son palais pour le soustraire aux horreurs de la guerre civile.
Et nous voici à la période classique des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est la naissance de l’opéra, c’est aussi l’apparition de l’oratorio. Là encore, les grands noms sont ceux de Maîtres de chapelle : Monteverdi, Maître de chapelle à l’église Saint-Marc de Venise (où devait lui succéder cinquante ans plus tard le non moins célèbre Vivaldi), Carissimi à Assise, Scarlatti à Rome, Schütz, Maître de chapelle du roi de Danemark.
En France ce sont principalement Marc-Antoine Charpentier à la Sainte Chapelle, Henri Dumont à la Chapelle Royale. C’est bientôt l’époque où Louis XIV va personnellement attacher autant d’importance à la musique de sa chapelle qu’à la construction du château de Versailles ! Et comme le Roi s’intéresse tant aux travaux de son Maître de Chapelle par sa présence assidue aux offices religieux, la Cour en fait autant et le rôle du Maître de chapelle ne fait alors que grandir ; soucieux de plaire au souverain, sa musique se transforme aussi et acquiert une pompe parfois plus solennelle que religieuse. La Chapelle Royale tient le premier rôle et devient une institution d’avant-garde. Versailles donne le ton mais les Maîtres de chapelle de Paris et de province sont très actifs : plusieurs sont d’anciens élèves de Lully et exercent leurs talents à Notre-Dame de Paris, à Saint-Germain-l’Auxerrois, à la Sainte-Chapelle et d’autres églises parisiennes, à Dijon, Aix, Avignon, Montpellier, Narbonne, Toulouse, Strasbourg etc...
Louis XIV était particulièrement musicien ; il avait même joué de la guitare et composé. Voici encore une anecdote pour vous montrer la sollicitude du roi à l’égard de son Maître de chapelle. Un jour, Nicolas Formé, Maître de chapelle, avait eu un malaise en dirigeant la musique à Saint-Germain, il fut alors reconduit chez lui dans le carrosse de la Reine ! Bref, c’est par les Maîtres de chapelle et sous l’impulsion personnelle de Louis XIV que la musique religieuse évolua dans un certain sens : évoquer la grandeur, charmer l’oreille, séduire l’imagination, délasser l’esprit, voilà le but de la musique religieuse ! L’office, la liturgie, la prière n’en sont que le prétexte. Ces Maîtres de chapelle les plus célèbres ce sont alors Lalouette, puis Campra, Delalande, Jean Gilles, Rameau etc...
Le remplacement d’un Maître de chapelle se fait par un concours très solennel, surtout à la Chapelle Royale. Tous les évêques sont avertis d’avoir à envoyer à la Cour leurs meilleurs Maîtres de chapelle. Les frais de voyage et de séjour sont à la charge du Roi. Ainsi, trente-cinq Maîtres de chapelle accourent pour concourir au poste. Peu à peu les effectifs des chanteurs et instrumentistes sont augmentés. Ces masses se conduisaient à grands coups de bâtons que le Maître de chapelle, s’aidant du geste, de la voix et du talon frappait sur le plancher. On sait que Lully mourut pour avoir, dans le feu de l’action, écrasé malencontreusement son pied de sa lourde canne ! La gangrène provoquée par cette blessure mal soignée devait l’emporter. C’est ainsi que, prudent, nous nous contentons aujourd’hui d’une légère baguette de chef d’orchestre !...
Dans toutes les églises du royaume la transformation de la musique s’accomplit sur le modèle royal. Il n’y eut plus nulle part de fête religieuse sans orchestre accompagnant le choeur. Et à chaque victoire, à chaque guérison, à chaque naissance de princes, les ministres avertissaient les évêques qui prévenaient à leur tour les maîtres de chapelle pour préparer l’exécution d’un Te Deum. Bientôt, chaque confrérie, chaque corporation, chaque corps de métier fait exécuter à ses frais un Te Deum : les marchands de la garde-robe de la Duchesse de Bourgogne à l’église de l’Oratoire, les miroitiers à Saint-Martin, les fruitiers et orangers au Couvent des Grands-Augustins, les cordonniers à Notre-Dame. C’est à qui surpassera l’autre pour le nombre des musiciens ! L’Académie Royale de Musique surpassera tout le monde en réunissant deux cent cinquante musiciens pour le Te Deum en l’honneur de la guérison du Dauphin ! Quelle aubaine pour les Maîtres de chapelle de cette époque.
Il faut préciser que ces Maîtrises dirigées par les Maîtres de chapelle étaient alors les seuls conservatoires, véritables écoles de musique d’où sont sortis tous les grands musiciens
Les Maîtres de chapelle du Roi |
Henri II (1547-1559) et François II (1559-1560) |
Didier LESCHENET |
av. 1559 - ? |
Charles IX (1561-1574) et Henri III (1574-1589) |
Nicolas MILLOT |
av. 1567 - 1585 |
Henri IV (1589-1610) |
abbé Etienne LEROY |
1585 - ca 1600 |
abbé Eustache du CAURROY |
ca 1600 - 1609 |
Louis XIII (1610-1643) |
Nomination de 2 Maîtres de chapelle à la mort d'Eustache du Caurroy |
abbé Nicolas FORMÉ |
1609 - 1638 |
abbé Eustache PICOT |
1609 - 1651 |
Louis XIV (1643-1715) |
abbé Thomas GOBERT |
1638 - 1668 |
abbé Jehan VEILLOT |
1651 - 1662 |
A la mort de Jehan Veillot, nomination de 4 Maîtres de chapelle
qui se partagent l'année par quartiers (trimestres).
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janvier |
avril |
juillet |
octobre |
1663 |
GOBERT |
ROBERT |
EXPILLY |
DUMONT |
1668 |
DUMONT |
ROBERT |
DUMONT |
ROBERT |
1683 |
GOUPILLET |
COLASSE |
MINORET |
DELALANDE |
1694 |
DELALANDE |
COLASSE |
MINORET |
DELALANDE |
1704 |
DELALANDE |
DELALANDE |
MINORET |
DELALANDE |
Louis XV (1715-1774) |
1714 |
DELALANDE |
DELALANDE |
DELALANDE |
DELALANDE |
1723 |
DELALANDE |
CAMPRA |
BERNIER |
GERVAIS |
1726 |
GERVAIS |
CAMPRA |
BERNIER |
GERVAIS CAMPRA BERNIER
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1734 |
GERVAIS |
CAMPRA |
CAMPRA |
GERVAIS/CAMPRA |
1738 |
GERVAIS |
CAMPRA |
BLANCHARD |
MADIN |
1744 |
MONDONVILLE |
de MONDONVILLE BLANCHARD MADIN
|
BLANCHARD |
MADIN |
1748 |
MONDONVILLE |
MONDONVILLE BLANCHARD Nicolas LEPRINCE
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BLANCHARD |
LEPRINCE |
1758 |
GAUZARGUES |
BLANCHARD |
BLANCHARD |
BLANCHARD |
1769 |
GAUZARGUES |
GAUZARGUES |
MATHIEU |
MATHIEU |
Louis XVI (1774-1792) |
1775 |
Fr. GIROUST |
GIROUST |
MATHIEU |
MATHIEU |
10 août 1792 : le Roi est suspendu de ses fonctions.
Fermeture de la Chapelle Royale
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D.H.M.
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Avant de quitter cette époque et d’en arriver au XIXe siècle et jusqu'à nos jours, vous me permettrez d’évoquer deux grands musiciens parmi les plus célèbres qui furent Maîtres de chapelle.
Jean-Sébastien Bach occupa diverses fonctions notamment comme musicien de cour (à Coethen) mais il réalisa pleinement sa vocation comme organiste et comme Maître de chapelle, disons Kappelmeister, à Weimar, puis surtout à Leipzig. Il y était responsable de toute la musique liturgique, non seulement à St-Thomas de Leipzig, mais aussi dans toutes les églises luthériennes de la ville. On sait que c’est pour remplir ses fonctions qu’il composa notamment chaque semaine une cantate pour le dimanche suivant et c’est ainsi qu’il en écrivit plus de trois cents dont environ deux cents ont été conservées et sont fréquemment exécutées au concert et enregistrées sur disque pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Le malheur pour Bach c’est qu'au cours de ces vingt sept années durant lesquelles il occupa ce poste important à Leipzig, il devait également assurer les fonctions de professeur qu’il exécrait. La preuve en est qu’il se fait nommer aussi Kappelmeister de la Cour de Weissenfels et avant de signer de son titre de Cantor il le fait toujours précéder de la mention " Directeur de la Musique " ou encore " Directeur des Choeurs " et c’est seulement après qu’il ajoute, comme un accessoire négligeable " und Cantor ", ce mot désignant davantage sa charge de professeur.
Bach, comme ses collègues Maîtres de chapelle devait prêter serment : il jure d’oeuvrer pour le bien de la population, de montrer une constante bonne volonté dans l’exécution de son service, de vaquer assidûment à ses devoirs les dimanches et jours de fête, de maintenir les orgues en bon état, de cultiver les bonnes moeurs et d’éviter les fréquentations et compagnies suspectes... L’installation au poste de Kappelmeister se fait alors très cérémonieusement. Comme professeur Bach occupe le quatrième rang dans la hiérarchie de l’établissement. Son traitement est confortable auquel s’ajoutent les honoraires des mariages et des enterrements. Bach, ainsi assermenté, avait eu parfois des ennuis pour avoir manqué à son serment, soit par une trop longue absence, soit pour avoir été vu, par exemple, à sa tribune en compagnie d’une jeune femme. Il semble d’ailleurs que c’était celle qu’il devait épouser en secondes noces. Cela me rappelle l’histoire plus récente de cette mère de famille allant voir le Curé de la paroisse. " Monsieur le Curé, n’y a-t-il pas un danger dans l’assiduité de certaines choristes à la tribune de notre jeune organiste ? " Et le Curé de répondre " Quel danger, madame ? Ignorez-vous qu’un organiste a les mains et les pieds occupés ! "
Parfois certaines clauses bien étranges faisaient partie de la prise en charge d’un poste de Maître de chapelle ou d’organiste. A Lübeck, en Allemagne du nord, Buxtehude, l’organiste le plus célèbre de l’époque, étant très âgé, cherchait un successeur . Or, la condition inéluctable imposée au successeur était d’épouser l’une des filles du titulaire à qui l’on voulait succéder. Les filles du célèbre Buxtehude avaient déjà pris de l’âge et étaient loin de pouvoir concourir pour un prix de beauté. Ainsi Haendel, qui convoitait cette succession, fit le voyage jusqu'à Lübeck et jugeant sur pièce ne put se résoudre à remplir cette condition et passa son chemin !.. Bach fit de même en dépit de l’admiration qu’il éprouvait pour son grand aîné et pour cet orgue splendide2...
Soixante années après Bach, on retrouve Mozart lui aussi Maître de chapelle. C’est un Maître de chapelle malheureux à Salzbourg. Il est en effet sous les ordres d’un archevêque odieux, semble-t-il d’après ses propres lettres. Il est traité comme le dernier des domestiques. Voici ce que Mozart écrit à propos de ses repas : " Messieurs les deux valets de chambre sont placés au bout de la table. J’ai du moins l’honneur d’être assis avant les cuisiniers... On fait de grossières et stupides plaisanteries mais personne n’en fait avec moi parce que je ne dis pas un mot et quand je suis obligé de dire quelque chose, je parle toujours avec la plus grande gravité. Dès que j’ai fini, je passe mon chemin... " L’archevêque en outre prétendait se réserver à lui seul des services qu’il payait chichement... Un jour, les rapports déjà très tendus entre l’archevêque et son Maître de chapelle subirent un crescendo redoutable. Une scène éclata entre eux à l’issue de laquelle Mozart quitta son poste. Il rapporte lui-même cette scène violente et plutôt honteuse pour l’archevêque : " Tout d’une haleine il se mit à me dire que j’étais le plus débauché qu’il connut, que personne ne le servait plus mal que moi... Impossible de placer un mot ; cela marchait comme un incendie. Il m’a appelé gueux, parasite, crétin. A la fin, lorsque mon sang fut par trop en ébullition je lui dis : Ainsi votre Grandeur n’est contente de moi ? Quoi ? Est-ce que l’on veut me menacer ? Crétin ! Voilà la porte, je ne veux plus rien avoir à faire avec un pareil misérable ! " Et c’est ainsi que fut chassé ce Maître de chapelle qui s’appelait Mozart et qui écrit alors à son père : " Je n’ai plus le malheur d’être au service de l’Archevêque de Salzbourg. " C’est pourtant à ce service que Mozart nous laissa tant de chefs d’œuvre de musique religieuse...
Revenons en France. Victime des bouleversements causés par la révolution, la musique religieuse se trouve en quelques années totalement ruinée. Ce qui constituait les moyens d’existence et de rayonnement des Maîtres de chapelle, des organistes et des Maîtrises avait disparu, c’est à dire fondations, privilèges, bibliothèques, tout avait disparu. De même que le bronze des cloches avait servi à fondre des canons, le plomb des tuyaux d’orgue avait servi à fondre des balles de fusil. Quand vint le Concordat, puis le moment de renouer la tradition, la plupart des Maîtres de chapelle, leur enseignement, leurs oeuvres avaient disparu.
Sous l’Ancien régime, on comptait en France plus de quatre cents Maîtrises importantes. Bien après la révolution, vers 1810, l’Etat commença à accorder des allocations à quelques-unes d’entre celles qui avaient subsisté. En 1813, Napoléon ratifia pour les seules Maîtrises des cathédrales une subvention de 12.000 francs qui fut réduite peu à peu. En 1832, cette subvention n’était plus que de 5.000 francs. Le nombre des Maîtrises subventionnées fut peu à peu encore abaissé sous la république, puis, lors de la loi de Séparation, toute subvention fut annulée. Il y a, je crois une vingtaine d’années que le Ministère des Affaires Culturelles accorde à nouveau une subvention plutôt symbolique. Pour ma part, à l’église de la Madeleine, je perçois la somme de 1.000 francs par an !...
Cependant, durant tout le XIXe siècle, au fur et à mesure que les subventions diminuaient, la restauration de la musique sacrée s’accentuait grâce au talent et à l’ardeur d’excellents Maîtres de chapelle. Parmi ceux-ci, ou même ces organistes, citons principalement César Franck, Théodore Dubois, Charles-Marie Widor, Camille Saint-Saëns, Charles Gounod, Gabriel Fauré, Vincent d’Indy etc...
Permettez-moi de m’attarder quelques minutes sur mes prédécesseurs les plus célèbres à la Madeleine. Saint-Saëns n’y fut pas Maître de chapelle, mais organiste durant près de vingt années, il a néanmoins composé plusieurs oeuvres pour les choeurs de la Madeleine, entre autre son célèbre Oratorio de Noël. N’oublions pas que Saint-Saëns était considéré de son vivant comme notre plus grand musicien. Lorsqu’il mourut, en 1921, on lui fit à la Madeleine des obsèques nationales3.
Théodore Dubois, un peu oublié de nos jours, fut Maître de chapelle à la Madeleine4. Il y fut également organiste. C’est ainsi qu’il demeura plus de trente années dans cette église. Jusqu’à une époque récente, on maintenait le souvenir de ce compositeur qui fut ensuite directeur du Conservatoire de Paris, en faisant exécuter, à la Madeleine, chaque année l’une de ses oeuvres principales, Les sept Paroles du Christ5.
Notre-Dame de Paris ( photo Michel Baron )
Les Maîtres de chapelle de Notre-Dame de Paris |
BENET |
av. 1405 - ? |
Arnulp GRÉBAN |
av. 1450 - 1455 |
Antoine BRUMEL |
1498 - 1500 |
Louis VAN PULAER |
1507 - ap. 1527 |
Mathieu SOHIER |
1540 - 1547 |
N. PAGNIER |
? - 1550 |
Raymond de LA CASSAIGNE |
av. 1575 - ? |
Claude LEKEU |
1577 - ? |
Abraham BLONDET |
? - 1614 |
Jacques DUMOUSTIER |
1614 - 1622 |
Jacques DUMOUSTIER |
1624 - 1625 |
Henri FRÉMART |
1625 - 1640 |
Jehan VEILLOT |
1640 - 1643 |
François COSSET |
1643 - 1646 |
Valentin de BOURNONVILLE |
1646 - 1653 |
Pierre ROBERT |
1653 - 1663 |
Jean MIGNON |
1664 - 1694 |
André CAMPRA |
1694 - 1700 |
Jean-François LALOUETTE |
1700 - 1727 |
François PÉTOUILLE |
1727 - 1730 |
Jean-Baptiste DULUC |
1730 - 1733 |
Louis HOMET |
1734 - 1748 |
Antoine GOULET |
1748 - 1761 |
Denys DEMONGEOT |
1761 - ? |
François GUICHARD |
ca 1770 - ? |
Jean-Baptiste DUGUÉ |
av. 1773 - 1793 |
Jean-François LESUEUR |
1786 - 1787 |
GUILLEMINOT du Gué |
1788 - 1793 |
DOINEAU |
1802 |
Pierre DESVIGNES |
1802 - 1827 |
Paul BIENAIMÉ |
1827 - 1830 |
Joseph POLLET |
1831 - 1872 |
Auguste KIESGEN |
1873 - 1876 |
Charles VERVOITTE |
1876 - 1884 |
abbé Charles GEISPITZ |
1884 - 1905 |
abbé Alphonse RENAULT |
1905 - 1925 |
chanoine Louis MERRET |
1924 - 1959 |
chanoine Jehan REVERT |
1959 - 1991 |
Après la retraite du chanoine Revert (31 août 1991)
mise en place de l'association "Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris" (MSNDP)
dont le directeur est ès fonction maître de chapelle de la cathédrale
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Michel-Marc GERVAIS |
1991 - 1993 |
Jean-Michel DIEUAIDE |
1993 - 2004 |
D.H.M. |
L’un de mes plus célèbres prédécesseurs fut Gabriel Fauré, qui resta à la Madeleine de 1877 à 1905, soit près de trente ans. C’est cette grande et fidèle amitié entre Saint-Saëns et Fauré qui conduisit ce dernier jusqu'à la Madeleine. Pour cette église, Fauré composa beaucoup de musique religieuse, en particulier son requiem devenu si célèbre. Ce requiem, encore à peine achevé, Fauré en réserva la primeur pour la Maîtrise de la Madeleine à l’occasion d’obsèques solennelles. Or, aussitôt la cérémonie terminée, le Curé de la Madeleine fit appeler son Maître de chapelle et lui dit : " Qu’est-ce donc cette messe des morts que vous venez de faire chanter ? Mais, répondit Fauré, c’est un requiem de ma composition. Voyons Monsieur Fauré, rétorqua le Curé, nous n’avons pas besoin de toutes ces nouveautés, le répertoire de la Madeleine est assez riche, contentez-vous en ! " Et l’auteur dut attendre plusieurs années avant de redonner son œuvre dont on connaît le succès.
Il est évident que les curés ne sont pas toujours compréhensifs. César Franck, à Sainte-Clotilde, s’était également fait remettre à sa place : " Monsieur Franck, lui dit un jour son Curé, je reçois des plaintes à propos de vos morceaux ou de vos improvisations. Pourtant, répondit Franck, je suis professeur d’orgue au Conservatoire, je dois savoir jouer, je joue de l’orgue à ma manière. Précisément mon cher, répondit le Curé, changez de manière, c’est cela changer de manière !... " Saint-Saëns, lui aussi s’était vu reprocher par un vicaire de la Madeleine, de jouer de la musique trop sérieuse ( il avait en effet remis Bach à l’honneur) et de ne plus jouer, comme son prédécesseur, des transcriptions d’airs d’opéra.6
Une autre histoire, vraie également, dans laquelle cette fois c’est un ministre d’état7 qui est en cause. Lorsque Fauré mourut en 1924 (il avait déjà quitté la Madeleine et était devenu directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris), on demanda au ministre des Beaux-Arts d’accorder des obsèques nationales, comme pour Saint-Saëns trois ans plus tôt. Le ministre répondit : " Fauré ? qui est-ce ?... "
Entre 1920 et 1950 ou 1960, il y eut une pléiade d’excellents musiciens Maîtres de chapelle mais souvent peu connus du public, ces musiciens s’étant cantonnés exclusivement dans la musique liturgique, n’ayant guère abordé le concert et ne cherchant nullement par ailleurs à se faire connaître du public moyen. Cette remarque va de pair avec une certaine scission, un certain décalage entre la musique religieuse et la musique profane.
Qu’en est-il aujourd’hui des Maîtres de chapelle ? Comme je le disais en commençant cette causerie, l’espèce se fait rare, surtout en France, plus rare encore depuis les réformes intervenues dans la liturgie catholique, réformes mal comprises, mal interprétées souvent volontairement par un clergé totalement incompétent8. On retrouva certaines idéologies envahissant le domaine de la musique sacrée : celle-ci est classée au rang des trésors incompréhensibles aux oreilles du peuple (que l’on sous-estime évidemment et que l’on se refuse dès lors à éduquer), trésors aussi faisant tâche dans une église qui se veut l’église des pauvres et des prolétaires, étant entendu que ceux-ci seulement peuvent être de vrais chrétiens. D’ailleurs parallèlement, pour supprimer ou simplifier un certain décorum, on assista à un véritable bazardage du mobilier et d’objets du culte, de valeur parfois. Les antiquaires moyens ou modestes en ont été souvent les bénéficiaires chez qui on trouvait des ciboires transformés en lampes, des tabernacles aménagés en bar et d’innombrables statues de toute époque.
Il va sans dire que l’abandon de la musique dans beaucoup d’églises, la disparition de nombreuses Maîtrises ou chorales entraînèrent la mise à pied des Maîtres de chapelle qui ne sauraient se voir réduits à diriger des chaises vides et une musique qui n’en est pas une... Ainsi qu’il ne saurait être question, dans une entreprise, de laisser à son poste le directeur ou le chef d’un service qui n’existe plus...
Oui, actuellement les Maîtres de chapelle ne sont pas légion ! Il en demeure encore en province dans quelques cathédrales ou quelques églises importantes : encore leur rôle et leur situation sont-ils souvent réduits et ne sauraient être comparés à ceux de leurs aînés. A Paris, dans plusieurs paroisses importantes, l’organiste assure également les fonctions réduites du Maître de chapelle. A Notre-Dame de Paris, à Saint-Eustache, à Saint-Louis des Invalides, à la Madeleine, le poste a été conservé à peu près dans son intégralité et avec l’intérêt artistique qui doit s’attacher à cette fonction.
Les Maîtres de chapelle de l'église de la Madeleine à Paris |
M. PETERS |
avril 1842 à avril 1844 |
Hyacinthe TREVAUX |
mai 1844 à octobre 1850 |
Louis DIETSCH |
octobre 1850 à février 1865 |
Hyacinthe TREVAUX |
mars 1865 à octobre 1868 |
Théodore DUBOIS |
novembre 1868 à mars 1877 |
Gabriel FAURÉ |
avril 1877 à mai 1896 |
Augustin CHÉRION |
mai 1896 à mars 1904 |
Achille RUNNER |
mars 1904 à 1938 |
Jean de VALOIS |
1938 à 1965 |
Guy PERNOO |
1965 à février 1967 |
Joachim HAVARD DE LA MONTAGNE |
mars 1967 à novembre 1996 |
Philippe MAZÉ |
depuis décembre 1996 |
D.H.M. |
Pour ma part ces fonctions englobent la responsabilité et la direction de tout ce qui concerne la musique dans cette église de la Madeleine9. Cette église a su demeurer aussi un temple de la musique qui accueille constamment des foules nombreuses et cosmopolites. Musique pour les offices particulièrement le dimanche, mais aussi en semaine, avec des Choeurs composés de professionnels et d’amateurs et avec le concours de deux organistes, musique pour les concerts avec ou sans orchestre, selon les cas, qui me donnent beaucoup de satisfactions artistiques et aussi parfois beaucoup de soucis matériels et financiers. Et ceci dans un cadre admirable et très attachant, dans une ambiance très sympathique et avec l’aide d’un Curé et d’un clergé très favorables à l’art tel qu’il n’en existe plus guère aujourd’hui !
Du point de vue organisation de la profession, à coté d’un syndicat s’adressant davantage aux chanteurs et à quelques organistes, il existe l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes. Cette U.M.C.O. est actuellement un peu en sommeil mais elle a dépensé durant plusieurs dizaines d’années une très grande et salutaire activité tant sur le plan social que sur le plan artistique. L’actuel Président d’honneur est Henri Büsser, cet alerte centenaire, membre de l’Institut que l’on a pu voir tout dernièrement à la télévision et que je seconde en qualité de Secrétaire général10.
Joachim Havard de la Montagne,
Maître de chapelle de l’église de la Madeleine
Quelques maîtres de chapelle ou organistes, premiers professeurs de musiciens célèbres |
Hyacinthe TRÉVAUX, La Madeleine, Paris |
Léo DELIBES (1836-1891) |
Henri LAMBERT, cathédrale de Versailles |
Augusta HOLMÈS (1847-1903) |
Clément LORET, St-Louis-d'Antin, Paris |
André MESSAGER (1853-1929) |
Auguste BAZILLE, Ste-Elisabeth, Paris |
Claude DEBUSSY (1862-1918) |
Gustave VINOT, Ste-Catherine, Honfleur, |
Erik SATIE (1866-1925) |
Eugène GIGOUT, St-Augustin, Paris |
Claude TERRASSE (1867-1923) |
Jules STOLTZ, St-Leu-St-Gilles, Paris |
Albert ROUSSEL (1869-1937) |
Henri HESS, cathédrale de Nancy, |
Florent SCHMITT (1870-1958) |
Aloys KUNC, cathédrale de Toulouse, |
Henri BÜSSER (1872-1973) |
Louis AMIEL, collégiale, St-Félix-Lauragais |
Déodat de SÉVERAC (1872-1921) |
Adolphe DESLANDRES, Ste-Marie-des-Batignolles, |
Amédée GASTOUÉ (1873-1943) |
Léon SAINT-RÉQUIER, St-Gervais, Paris |
Louis DUREY (1888-1979) |
Robert-Ch. MARTIN, St-Michel, Le Havre |
Arthur HONEGGER (1892-1955) |
Jules HAËLLING, cathédrale de Rouen, |
Emmanuel BONDEVILLE (1898-1987) |
Marcel LAMBERT-MOUCHAGUE, St-Louis, Bordeaux |
Henri SAUGUET (1901-1989 |
Henri LETOCART, St-Pierre, Neuilly-sur-Seine, |
André FLEURY (1903-1995) |
Abbé THÉODAS, ND de Clignancourt, Paris |
André JOLIVET (1905-1974) |
Georges LOTH, Petits Chant. à la Croix de Bois |
Yves BAUDRIER (1906-1988) |
Charles MAGIN, Sacré-Cœur, Nancy |
Gaston LITAIZE (1909-1991) |
D.H.M. |
__________
1) Conférence de Joachim Havard de la Montagne donnée le 14 décembre 1972 au Rotary d'Argenteuil (Val-d'Oise).... [Toutes les notes en bas de pages sont de la rédaction de Musica et Memoria. M. Denis Havard de la Montagne est l'auteur des tableaux illustrant le texte.]
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2) Johann Mattheson refusa également. Finalement, c'est l'organiste Johann-Christian Schieferdecker, qui lui succéda en août 1707... et épousa l'une des 7 filles de Dietrich Buxtehude ! Ce dernier d'ailleurs, qui avait recueilli la succession du célèbre organiste Franz Tunder en avril 1668 à Sainte-Marie de Lübeck, avait déjà dû se plier à cette coutume. Ainsi le 3 août 1668, il avait épousé Anne-Margareta Tunder...
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3) Saint-Saëns avait joué lui-même à la Madeleine les obsèques de Charles Gounod, le 26 octobre 1893. En 1921, lors de ses propres obsèques, Henri Dallier partagea les claviers du grand-orgue avec Eugène Gigout. L'orgue de choeur était tenu par Jules Weyer et la Maîtrise dirigée par Achille Runner.
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4) Théodore Dubois (1937-1924), élève de Marmontel, A. Thomas, Bazin et de François Benoist au Conservatoire national de Musique de Paris, 1er Prix de Rome en 1861, fut professeur d'harmonie, puis de composition dans ce même établissement avant d'en prendre la direction en 1896. Il avait été également accompagnateur aux Invalides, puis Maître de chapelle de Ste-Clotilde et enfin de la Madeleine de 1868 à 1877, avant de recueillir la succession de Saint-Saëns dans cette même église en 1877.
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5) Ce magnifique Oratorio pour choeur, soli, orgue et orchestre, composé en 1867, hélas totalement oublié de nos jours a été depuis donné à deux reprises en concert par les Choeurs et l'Ensemble Instrumental de la Madeleine, placés sous la direction de Joachim Havard de la Montagne : le 22 mars 1983 et le 17 avril 1984.
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6) Alfred Lefébure-Wély. C'est lui notamment qui avait joué les obsèques de Frédéric Chopin, le 30 octobre 1849 à la Madeleine
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7) François-Albert (1877-1933), agrégé de lettres, journaliste, ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts du 14 juin 1924 au 16 avril 1925. Il sera ensuite ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 31 janvier au 15 décembre 1933.
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8) Rappelons que ce texte a été écrit en 1972, voilà près de 30 ans, quelques années seulement après le grand chambardement liturgique de Vatican II.
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9) En 1996 la Madeleine est la seule paroisse de Paris à conserver un Maître de chapelle, un titulaire du grand-orgue et un accompagnateur qui soient distincts et professionnels. En dehors de Notre-Dame où le directeur de l'association MSNDP exerce de facto la charge de Maître de chapelle, les autres églises parisiennes ont, au fil des années, soit purement et simplement supprimé la fonction de Maître de chapelle, soit l'ont remplacée par un simple animateur de chants ou encore la font exercer, réduite à sa plus simple expression, par le titulaire du grand-orgue ou l'organiste-accompagnateur ! En province seules quelques paroisses ont encore leur Maître de Chapelle : le Père Marcel Godard à la Primatiale de Lyon, l'abbé Jean-Marie Rolland à la cathédrale de Dijon, Pierre Mavromatis à celle de Bordeaux, Robert Pfrimmer à la cathédrale de Strasbourg, Philippe Debat à Monaco... Le métier de Maître de chapelle est sinistré. On les compte presque de nos jours sur les doigts d'une main. Dans quelques années, cela ne fait aucune doute, il aura hélas totalement disparu !
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10) L'UMCO, association du type Loi 1901 fondée en octobre 1912, bien que non dissoute officiellement est en sommeil de nos jours. Sa dernière Assemblée Générale date du 13 juin 1972. Son bureau était alors composé de 15 membres : Henri Büsser (Président), Félix Raugel et Elisabeth Brasseur (Vice-Présidents), Joachim Havard de la Montagne et François Tricot (Sécrétaires), Louis-Pierre Lefresne (Trésorier), Michel Chapuis, Georges Cathelat, Norbert Dufourcq, Marie-Louise Girod, Jean-Claude Henry, André Musson, Odile Pierre, chanoine Jehan Revert, Edouard Souberbielle. Rappelons que cette association professionnelle qui eut son heure de gloire, notamment au début des années 1960 lors des réformes conciliaires, eut entre autres pour Président Charles-Marie Widor (1922 à 1937) puis Henri Büsser (à partir de 1937). Elle compta parmi les membres de son Comité tous les grands noms de la musique religieuse, tels que Jules Meunier, Amédée Gastoué, Henri Letocart, D.C. Planchet, Louis Vierne, Félix Raugel, Bernard Loth, Henri Nibelle, Georges Renard, Maurice Duruflé, André Fleury, Gaston Litaize, Marcel Dupré, Auguste Le Guennant, Amédée de Vallombrosa, Jean-Jacques Grünenwald, Joseph Noyon, Jeanne Demessieux, Jean Fellot...
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