Henri Messerer
organiste et compositeur marseillais
La cité phocéenne a vu naître Henri Messerer le 19 mai 1838 dans une famille originaire d’Alsace. Son père, ébéniste et facteur de pianos, envoya le jeune Henri à Strasbourg où son éducation musicale se fit au conservatoire, auprès de Joseph Schiffmacher (1827-1888), ancien élève de F. Chopin. Dans les années 1850, Henri retourna à Marseille et perfectionna sa science musicale avec l’organiste Louis Bignon (1828-1874) et Nicolas Martin (1811-1882), pour l’écriture.
A l’âge adulte, Henri Messerer toucha à toutes sortes de métiers en relation avec la musique. En tant qu’organiste, il tint différentes tribunes (tout jeune, celle de l’église Saint-Jean-Baptiste de Marseille, puis l’orgue de la cathédrale provisoire de cette ville et enfin, en 1873, c’est le bel orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-Charles qui lui était attribué et auquel il resta fidèle durant cinquante ans. C’est d’ailleurs sur cet instrument symphonique de deux claviers et 24 jeux qu’il donna de nombreux concerts et s’illustra notamment dans l’exécution des œuvres de Jean-Sébastien Bach et de César Franck, ses compositeurs favoris). C’est à lui que revint l’inauguration de plusieurs instruments marseillais et provençaux.
Il tenait également un magasin d’instruments de musique à côté duquel il ouvrit bientôt une salle de concerts très courue par le public marseillais. Il s’adonna aussi à l’édition musicale. Sa solide réputation le fit nommer directeur du conservatoire de Marseille. Il forma à l’orgue et à l’écriture toute une pléiade de musiciens dont certains acquirent par la suite une belle renommée.
La composition musicale n’avait pas de secret pour lui et ses œuvres témoignent d’une connaissance parfaite de l’écriture, du contrepoint et des genres et formes. Son catalogue n’est pas très important mais sa musique est de grande qualité. On y trouve ainsi des arrangements de pièces classiques (comme la Chaconne BWV 1004 de J.-S. Bach transcrite pour l’orgue), un Lied pour hautbois et piano (éditions Delatour), un Cantabile pour orchestre à cordes et orgue (éd. Delatour), de la musique vocale religieuse (motets, une Messe en ré pour chœur mixte, une Messe à trois voix d’hommes, Litanies de la T.-S. Vierge, Invocation…), des accompagnements de noëls traditionnels, quelques mélodies et un Traité d’harmonie.
Quelques avis de contemporains sur l’œuvre musicale et pédagogique de Messerer :
« Dimanche matin, en l’église des Réformés, a été célébré la messe solennelle de M. Henri Messerer, l’éminent compositeur et harmoniste, au profit de la caisse de retraite de la Société de Prévoyance des artistes musiciens de Marseille.
Cette œuvre magistrale, pour trois voix d’hommes, orchestre et orgue et splendide. D’une élévation sublime, d’une ampleur de style et d’une science harmonique remarquables, cette messe est un chef-d’œuvre de musique religieuse. […] M. Jolly, le brillant élève de M. Messerer, a tenu le grand orgue. […] Dans la nef réservée, se pressait une assistance d’élite, composée de tous les vrais amateurs du grand art et de la belle musique.
Lundi soir, M. Messerer offrait aux salons Linder un punch aux artistes qui avaient si remarquablement exécuté sa grand-messe aux Réformés. »
(La Vedette, 28 novembre 1891, p. 767-768)« Je ne puis passer sous silence le remarquable traité d’harmonie en deux volumes que vient de publier M. Henri Messerer, sous le titre de « Etude pratique de l’harmonie » (Messerer éditeur, rue Saint-Ferréol, Marseille). Ancien directeur du conservatoire où il professe depuis plus de trente ans l’harmonie, M. Messerer fait profiter aujourd’hui le public des résultats d’une longue expérience acquise au cours d’une vie consacrée tout entière au travail et au culte de l’art. Son traité, toujours clair, ne craint pas d’atténuer à l’occasion les rigueurs d’une scolastique parfois arbitraire et de se distinguer des travaux de ses devanciers par l’ordre du plan adopté. Le tome II contient la réalisation des exercices proposés au cours du 1er volume. A tous les points de vue, l’ouvrage de M. Henri Messerer justifie pleinement le titre d’ « Etude pratique » que l’éminent auteur s’était proposé d’écrire et constitue un précieux enseignement. Henri de Vauplane »
(Revue musicale S. I. M, Paris, Delagrave, 1913, p. 17)Le répertoire de musique pour orgue doit à Henri Messerer entre autres Trois Pièces pour grand orgue (1. Andante religioso, 2. Cantabile, 3. Fantaisie sur deux cantiques de Noël) parues chez Costallat à Paris, un Alleluia, Trois Rapsodies provençales sur de vieux airs de Noël, une Fantaisie pour orgue avec pédale publiée dans le huitième volume de l’Anthologie des Maîtres contemporains de l’orgue de l’abbé Joubert (Paris, Sénart, 1914, p. 164-171) ainsi que deux pièces pour harmonium ou orgue sans pédale, Offertoire ou Communion et Lamento, que l’on trouve dans cette même Anthologie, dans le deuxième volume (p. 28-33). L’organiste Patrick Geel, qui a enregistré l’œuvre pour orgue de Messerer en 1987, en a fait une étude complète.
Henri Messerer, Lamento pour orgue ou harmonium
( in Abbé Joubert, Les Maîtres contemporains de l’orgue, Paris, Sénart, vol. 2, 1912 ) DR.
Fichier audio par Max Méreaux (DR.)Henri Messerer est mort le 5 octobre 1923 :
« Nous apprenons la mort, à Marseille, du compositeur Henri Messerer, organiste de l’église Saint-Charles. Il laisse de nombreuses œuvres d’orchestre, d’orgue, de piano etc. et un Traité d’harmonie remarquable. Il était également directeur du Conservatoire Municipal de Marseille. »
(Le Ménestrel, 19 octobre 1923, Paris, Heugel, p. 436).« Nous apprenons la mort, à l’âge de quatre-vingt-six ans, de M. Henri Messerer, l’éminent compositeur marseillais, qui fut directeur du conservatoire de sa ville natale, où il avait enseigné durant plus de cinquante ans la fugue et l’harmonie. »
(Le Gaulois, 13 octobre 1923, p. 2)En donnant son nom à une rue du 1er arrondissement, la ville de Marseille a su rendre hommage à Henri Messerer et perpétuer la mémoire de ce grand musicien.
Olivier Geoffroy
(juin 2017)