INTRODUCTION AUX ONDES COURTES, un site historique maintenu par Michel Baron (Canada)

CastillanoPORTRAITS DE DXISTES

Quelle serait la définition la plus appropriée pour définir le DXiste? Personne écoutant les stations internationales, auditeur recherchant les stations lointaines et difficiles à capter ou, pour certains, un radioamateur raté? En fait, il n'y a pas de définition meilleure qu'une autre. L'intérêt pour les ondes courtes est, avant tout, un choix personnel, motivé par des attentes différentes selon les DXistes.

DXiste: celui ou celle qui "fait du DX", qui recherche "les DX". Ces deux lettres, provenant du jargon radioamateur, signifient à l'origine: réception d'une station lointaine à une distance inconnue (distance x). On voit ressurgir de temps à autre la querelle entre les "DXistes purs" et les auditeurs de programmes, les premiers étant, dit-on, imbus de technique et n'écoutant rien, évaluant surtout la qualité du signal, les seconds étant plutôt préoccupés par le contenu humain de la communication mais souvent incapables de bricoler une antenne. Cependant la frontière n'est pas si claire: en chacun d'entre nous il y a un peu de ces deux extrêmes, à des degrés variables selon les jours.

Par essence, l'écoute des ondes courtes est un loisir solitaire et, parce que ce loisir regroupe une multitude d'individus, donc de personnalités, il existe une multitude de façons de s'y consacrer.

Le DXisme, ou l'écoute des ondes courtes, peut devenir le loisir le plus instructif qui soit. Connaître un pays, suivre l'actualité nationale ou internationale au jour le jour, voilà des intérêts qui définissent le DXisme. Écouter les stations internationales, c'est mieux connaître le monde, c'est ouvrir son esprit à d'autres cultures, d'autres idéologies. C'est démystifier l'inconnu. C'est avoir accès aux multiples facettes qui composent notre monde. Bref, c'est être à l'écoute du monde entier et c'est voyager autour du globe sans avoir à quitter sa maison, ni même son fauteuil.

Y a-t-il un portrait standard de l'amateur de radio ondes courtes, autre que de le différencier du radioamateur dont il n'a vraiment pas les mêmes intérêts? À en croire un de nos membres qui a rencontré un grand nombre de nos semblables en Europe, en Amérique, en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, un portrait-robot est impossible: nous sommes tous différents. Tous les âges, toutes les professions, toutes les tendances politiques et... tous les sexes.

Qui sont les DXistes? On trouvera, plus loin dans cette brochure, des textes écrits par des DXistes qui ont voulu livrer leurs impressions, leurs motivations concernant l'écoute des ondes courtes. Chacun a sa propre histoire, son propre cheminement qui l'a amené à la radio: mais tous partagent le même plaisir, la même passion pour les ondes courtes. Et tous retrouvent à l'intérieur de ce loisir un même désir: celui de partager avec les autres leur passion.

Guy Marcotte

C'est en septembre 1974 que m'est venue l'idée de mettre sur pied un club d'auditeurs d'ondes courtes. Après deux ans d'écoute, je pensais qu'il serait intéressant d'échanger des informations avec d'autres DXistes francophones afin de mieux apprécier mon loisir. C'est ainsi qu'est né le Club ondes courtes Candiac, du nom de la ville où j'habitais à ce moment.

En novembre 1974, L'ONDE voyait le jour... Six pages. Un bulletin que n'ont reçu que quelques personnes, puisqu'il n'a été tiré qu'à environ 25 exemplaires. Mais il fallait bien un début... c'était fait. À cette époque, L'ONDE était publiée tous les mois et demi.

Après une absence de trois mois à cause d'une grève postale, L'ONDE est devenue mensuelle en janvier 1976. Petit à petit, son contenu se précisait. De plus en plus de DXistes se joignaient au Club, rebaptisé Club ondes courtes du Québec en octobre 1977.

Après quelques changements, notre revue adoptait définitivement le format actuel en février 1978 (nº 34). On pouvait alors s'y abonner pour 6$ au Canada, 7$ aux États-Unis et 8$ partout ailleurs. L'ONDE comptait 40 pages. On y trouvait déjà des noms de collaborateurs aujourd'hui bien connus.

Le 50ème numéro a été publié en juin 1979. Peu avant, les lecteurs avaient eu droit à leur première liste d'émissions en français. C'est dans L'ONDE nº 61 (mai 1980) qu'ont été présentées les premières rubriques entièrement confectionnées par ordinateur: Bulletin DX et la liste des Programmes en français. Depuis quelques mois, l'ordinateur était utilisé pour le classement des listes, mais la mise en pages se faisait encore à la machine à écrire.

Six ans et demi après sa fondation, le Club accueillait son 500ème membre: un DXiste québécois, André Martin, de Longueuil. Les lecteurs de L'ONDE ont appris la nouvelle dans le numéro 70 daté du 15 février 1981.

Évidemment, le premier club DX francophone d'Amérique, le C.O.C.Q., répondait à un besoin: celui des DXistes francophones désireux d'échanger des informations utiles à leur loisir. L'ONDE et ses collaborateurs ont su répondre aux attentes des auditeurs d'ondes courtes et relever le défi d'offrir une lecture mensuelle de qualité, complément numéro Un du récepteur.

Au fil des ans, L'ONDE s'est façonnée à l'image des auditeurs francophones. Lorsque je relis ses anciennes parutions, je suis heureux et fier de constater le résultat du travail de tous les collaborateurs de notre revue...

Guy MARCOTTE, fondateur, responsable de 1974 à 1984.

Laissons la parole à certains de ceux qui ont fait le Club Ondes Courtes du Québec.

 

Un anonyme (Montréal): C'est sans doute pour être différent des autres qu'au départ je me suis mis à l'écoute des ondes courtes (je n'ai pas la télévision, et si vous saviez quels ont été mes engagements politiques et philosophiques dans le passé vous comprendriez). Par la suite, c'est à dire depuis mon adhésion au C.O.C.Q., est intervenue une sorte d'émulation: chercher à écouter les stations les plus éloignées, ou les plus difficilement audibles, trouver leurs identifications, bref faire du DX. Je ne cherche pas l'information sur les ondes courtes. Toutes les émissions en français étant pré-enregistrées dans la plupart des cas, on peut entendre les mêmes nouvelles au bulletin de Radio-Canada... L'idéal serait de pouvoir capter les stations à vocation locale, de comprendre suffisamment la langue utilisée pour se faire une opinion valable sur la vie et les moeurs du pays écouté. Il y a aussi les programmes culturels ou touristiques, qui permettent une évasion à peu de frais. On trouve là une détente en rentrant du travail: coiffer le casque et s'isoler un peu...

 

Frank BASTE, Gannat (France): C'est grâce à un petit récepteur de commerce que, par hasard, après avoir enclenché la touche "SW", j'ai entendu Radio-Moscou en langue française: ce fut le déclic. Après ce fut la réception de Radio-Havane- Cuba, Radio-Beijing, Radio-Canada et aussi St-Lys Radio en modulation d'amplitude. Après consultation d'un ami radioamateur j'achetai un Yaesu FRG-7700. Cela remonte à six ans.

Je recherche avant tout les stations lointaines et rares, surtout les régions polaires. Je préfère écouter les bandes tropicales, car j'aime les programmes locaux (que je retrouve aussi dans le DX en ondes moyennes). J'aime aussi la réception des stations utilitaires et des radioamateurs. Ce qui me plaît aussi, c'est la joie de recevoir des cartes QSL du monde entier. Jacques LEBLANC, Québec, PQ (Canada):

Possédant une formation en traduction, j'ai terminé un doctorat en linguistique à l'Université Laval. J'ai commencé à faire du DX en mars 1974 sur un vieux récepteur RCA Victor de 1938 installé au grenier. A cause des températures extrêmes l'hiver et l'été, je l'ai transféré à la cave. En 1975 j'ai fait l'acquisition d'un Grundig Satellit 2000, puis en 1985 d'un Sony ICF- 2002. Au début, mon intérêt portait surtout sur les cours de langue donnés par les stations. J'avais entendu parler du COCQ dès septembre 1974 sur les ondes de Radio R.S.A. mais je n'y suis finalement venu qu'en mai 1975. Après avoir rédigé quelques articles et participé à l'occasion au contenu de L'ONDE, je prends finalement charge d'une rubrique, Au-delà des ondes, à l'été 1985.

 

Là où a longtemps été faite la mise en page L'ONDE, revue mensuelle du C.O.C.Q.
À l'époque où on veut vous faire croire qu'Apple était LE pionnier, l'ordinateur personnel le plus répandu était en réalité le TRS-80 de Radio Shack / Tandy, disponible partout. À gauche on voit l'interface d'expansion, une unité de disquettes souples, des disquettes. Sur le bureau, le Yaesu FRG-7 («frog»), la Volkswagen des récepteurs d'ondes courtes à affichage de la fréquence à peu près correct (vers 1980).
Michel BARON, Chicoutimi, PQ (Canada): Pendant mes études secondaires, un de mes camarades arrivait souvent préoccupé, le matin. Il se couchait tard, disant avoir passé la nuit à «écouter Sofia». Il avait ainsi réussi à piquer ma curiosité. Habitant alors Paris, je me souviens avoir capté régulièrement en français La Voix de l'Amérique (autrefois par un relais de Tanger, et avec un indicatif martial qu'on n'entend plus), Radio-Pékin grâce à son ancien relais de Tirana à l'époque de leur lune de miel (Tirana avait conservé le cadeau de noces: de puissants émetteurs!) et toute la belle assurance de la propagande des pays de l'Est. Je n'ai jamais su si j'avais effectivement capté Montréal, ou si c'était, au travers du bruit, ce fameux phénomène d'hallucination auditive bien connu des DXistes, qui finissent par imaginer ce qu'ils essayent en vain d'entendre.

Installé à Montréal depuis 1968, il m'a fallu cinq ans de léthargie (pourtant sans télévision) avant de ressentir à nouveau la piqûre et d'acquérir un Realistic DX-160, la Volkswagen des récepteurs de ce temps, avec sa poésie aujourd'hui disparue de l'aiguille derrière un superbe cadran étalonné multicolore. Retrouver les stations était un sport frustrant, mais cela forçait à imaginer des techniques-maison et contribuait à mieux faire apprécier les bonnes prises. Ah, les premières réceptions de Radio-RSA et de son indicatif sublime, de la Nouvelle-Calédonie avec sa météo, de l'Australie et de ses rigolos! Mais quel temps précieux perdu, et avec lui probablement de bonnes occasions de réceptions.

Aujourd'hui, je suis certain de toujours m'intéresser aux ondes courtes car j'y trouve une multitude de radios différentes, à un niveau supérieur, loin des querelles de villages qui ne valent même pas l'achat d'un quotidien local. C'est un des meilleurs moyens de se sentir citoyen du monde, en écoutant les pulsations de la planète. Avec un récepteur d'ondes courtes, je pense que je me sentirais chez moi à peu près partout. Sur la route, j'écoute volontiers les ondes courtes. Et parmi tous les modèles d'antennes de C.B., celle que j'ai installée pour les ondes courtes sur ma voiture est certainement parmi celles qui ont entendu le plus de choses intelligentes.

Le C.O.C.Q. est un bon lieu de rencontre pour les DXistes francophones

 

Christian Ghibaudo

Christian GHIBAUDO, Nice (France): Je suis devenu DXiste un peu par hasard; à l'origine, ma soeur Annie essayait d'entendre les émissions musicales de la BBC grâce à un vieux poste à lampes de ma grand- mère. Pour ma part, j'ai aussi été pris par la curiosité lorsque j'ai découvert une émission en français de Radio-Suède. Le moment d'étonnement étant passé, j'ai écrit à Stockholm pour en savoir un peu plus sur ces voix venues d'ailleurs. Par la suite, j'ai été attiré par l'écoute des pays un peu plus lointains; j'ai acheté un récepteur un peu plus sophistiqué. Aujourd'hui je me sers d'un SONY ICF-2001 et d'un mini SW-1. Cela fait maintenant onze ans que j'écoute les ondes courtes; j'ai réussi à entendre la plupart des stations à vocation internationales mais aussi des émetteurs plus locaux: 129 pays ont confirmé mes rapports. Dans l'écoute des ondes courtes, on en trouve pour tous les goûts. Les ondes courtes me donnent un aperçu de ce qui se passe ailleurs. On apprend à mieux connaître et aussi à apprécier certains pays. Ce qui me plaît surtout d'écouter dans la programmation des stations, ce sont les émissions musicales, surtout folkloriques; c'est une bouffée d'air neuf à chaque fois. Je suis aussi attentif aux bulletins d'informations car cela me permet d'avoir un point de vue aussi large que possible sur les événements internationaux avec les différences d'interprétation selon les stations. A moi de trouver le juste milieu!

Grâce aux ondes courtes on peut faire mieux que Philéas Fogg, à savoir faire le tour du monde non pas en 80 jours, mais en 24 heures. Selon les bandes et les fuseaux horaires, on peut partir d'Amérique Latine le matin, en passant par l'Asie, l'Europe, pour finir le soir en Afrique et en Amérique du Nord. Les ondes courtes m'ont donné l'envie de voyager, d'aller voir ces pays que j'écoute.

Par le biais du DX j'ai pu me faire beaucoup d'amis à travers le monde: Canada, États- Unis, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Italie et aussi en France. De plus, le Club ondes courtes du Québec est un bon lieu de rencontre pour les DXistes francophones de notre vaste monde.

Collection de fanions de Christian Ghibaudo Collection d'auto-collants de Christian Ghibaudo
Collections de fanions et autocollants reçus par Christian Ghibaudo, Nice.

 

Suzanne Kincaid

Suzanne KINCAID, Fayetteville, N-Y (États-Unis): Je ne suis pas une DXiste au vrai sens du terme: je n'ai pas d'antenne extérieure ni l'installation adéquate pour capter les stations éloignées, tropicales, ou pas connues. Il est rare que je capte une station au-dessous de 5000 kHz, et je n'ai jamais pu capter quelque chose d'intelligible en bande latérale. Néanmoins j'écoute les ondes courtes de mes stations favorites, tous les jours, en français surtout, et en anglais. Où que l'on soit, en France ou en Amérique du Nord, si on parle des ondes courtes, tout le monde comprend "radioamateur". Je dois expliquer que je n'émets pas, mais que j'écoute les radios étrangères gouvernementales, parfois privées. L'interlocuteur, qu'il soit professeur, avocat ou P.D.G., fait les yeux ronds... Tout le monde croit que l'écoute des ondes courtes nécessite des appareils compliqués, et que seuls des techniciens en électronique, de sexe masculin, en sont capables... J'ai des amies françaises, à Syracuse, qui se privent du plaisir d'écouter la France. Je leur ai montré le Sony 2001, démontré la facilité de mettre les fréquences en mémoires, proposé de leur fournir les fréquences des pays à chaque changement de saison; elles refusent le petit effort d'assimiler l'utilisation de la radio en dénonçant la "complication" avant même d'essayer... ce qui est archi-faux. Car n'importe qui, même un enfant, peut maintenant, avec l'affichage numérique, écouter les ondes courtes et en apprécier la diversité.

Comment les ondes courtes sont devenues mon hobby? Rien ne m'y préparait: je n'ai aucune connaissance technique, je ne suis qu'une simple femme d'intérieur. Quand je suis venue aux États-Unis en 1968, j'étais coupée du monde, sans pouvoir communiquer: j'ai dû retourner en classe apprendre l'américain. J'avais la conviction que la France devait émettre pour les Territoires d'Outre-Mer, sur les ondes courtes (c'est tout ce que je savais).

Si on parle des ondes courtes, tout le monde comprend "radioamateur" Après l'achat d'un Telefunken avec gammes SW1 et SW2 (il n'y avait que les chiffres indiquant les mètres), j'ai capté la France, copié l'adresse de Radio-France Internationale, et écrit. J'ai reçu une documentation très détaillée sur les ondes et l'horaire en temps universel. Puis, sans antenne extérieure, j'ai capté la Suisse, l'Égypte, les Pays-Bas, Israël, à force de patience et d'opiniâtreté. Avec l'arrivée du Sony ICF-2001, plus de boutons à tourner, un affichage numérique, jamais d'erreur.

Lorsque j'avais la cataracte, je ne pouvais conduire. Les hivers dans l'état de New York étant aussi rigoureux qu'au Québec, j'étais chez moi toute la journée, sans me sentir dans une prison dorée, grâce à la radio, car je pouvais écouter le monde. Depuis mon opération des yeux, je peux conduire et j'ai installé le Sony ICF-2002 dans ma voiture. En faisant les courses ou en voyage, c'est passionnant d'écouter les ondes courtes avec les dix mémoires.

Je me suis fait des amis, grâce aux ondes courtes. Je suis allée en Israël et en Égypte après les avoir écoutés pendant des années: les émissions sur la culture, les arts, l'histoire, l'archéologie, le tourisme m'ont donné envie de connaître les pays, les gens, et l'amitié des DXistes: l'esprit d'entraide est un sentiment puissant entre les membres du club (problème technique, choix d'une antenne, ou messages personnels dans L'ONDE).

J'ai acquis une ouverture sur le monde, tolérante, en écoutant des points de vue différents. Je continue à m'instruire, ce qui est bon en prenant de l'âge. J'ai acquis un esprit critique: l'événement marquant du jour, commenté par la télé locale, la VOA, le Canada, la BBC, la Suisse, Israël, l'Égypte, Moscou, etc... Chaque pays présente son point de vue, partial ou impartial par omission. On peut juger de la propagande ou de la démocratie intégrale. Tout cela, je le dois aux ondes courtes qui ont changé ma vie depuis que j'habite aux U.S.A.

 

Sylvain DecellesSylvain DECELLES, Montréal (Canada): Mon intérêt pour les ondes courtes a vraiment débuté en 1979, année où je me suis inscrit en tant que membre du Club ondes courtes du Québec. Néanmoins j'avais pris contact très jeune avec le monde des ondes courtes lorsque mes parents avaient acquis un appareil distribué par une compagnie pétrolière: une gamme OC de 5 à 12 MHz s'y trouvait. C'est ainsi qu'a débuté mon initiation aux ondes décamétriques. Je ne suis pas le seul, je crois, à avoir connu les ondes courtes de cette façon. C'est souvent par inadvertance que des parents ont éveillé chez leurs enfants une passion insatiable en achetant un appareil de basse qualité comportant cette bande magique qui ouvrait des perspectives intéressantes à un esprit curieux.

Au début, j'étais fasciné par les pulsations de CHU Canada. Je pouvais passer des heures entières (j'en suis sûr, j'écoutais avec attention) à guetter si les deux messieurs feraient une erreur en annonçant la mauvaise minute. Mais non! Et ils me gagnaient par le sommeil, en plus! Délaissant cette orientation pendant un certain temps, j'ai repris en 1979 l'audition des ondes courtes avec une oreille et un esprit ayant atteint une certaine maturité. Avec fascination, j'ai découvert que l'on parlait français dans cette petite boîte: Afrique du Sud, France, Suisse, Canada, etc. Quelques semaines d'écoute m'ont fait comprendre que cet appareil, avec tout le respect que je lui devais, ne pouvait répondre aux aspirations que je voulais atteindre: une meilleure qualité de réception et les bandes des 19, 16 et 13 mètres dont l'absence me faisait cruellement souffrir.

Acquisition d'un récepteur Panasonic en 1979 et inscription à la liste des membres du COCQ que j'avais découvert par Radio-Canada International. L'ONDE me permettait d'acquérir les cartes et la boussole dont j'avais besoin pour orienter mes écoutes et mes connaissances en matière d'ondes courtes. Au bout d'un certain nombre d'années mon Panasonic s'est avéré quelque peu désuet. A la suite de judicieux conseils dans L'ONDE, je me suis procuré le Sony ICF-2002 en 1984 et je dois vous avouer que la cuvée de cette année était excellente, car mon appareil est encore aujourd'hui un grand cru.

 

Maurice Della FerreraMaurice DELLA FERRERA, Biarritz (France): En réalité, la radio, c'est mon métier. Les ondes courtes, la télévision et le reste n'en sont que les prolongements et les à-côtés. Par contre, je dois dire que la plus grande majorité de mes confrères ne s'intéressent pas aux ondes courtes. Pourquoi me suis-je intéressé aux ondes courtes? C'est sans doute parce que depuis tout jeune j'aimais la géographie. Étant frileux, je m'intéressais aux pays du soleil sans pouvoir jamais y aller. Lorsque j'étais jeune, j'aimais danser le tango et les rythmes afro-cubains. C'est sans doute pour cela que lorsque la propagation le permet j'écoute l'Argentine et, très tard dans la nuit, les stations du Venezuela et des pays voisins, pas pour faire du DX mais pour écouter longuement la musique. Cuba aussi, quelquefois.

Il est intéressant de savoir ce que l'on pense ailleurs Pendant la guerre de 1939-1945, il était intéressant d'écouter les stations étrangères: la Suisse, Brazzaville, Libreville, l'Angleterre, etc., et depuis, la politique planétaire ayant pris le pas, il est intéressant de savoir ce que l'on pense ailleurs. Dans l'écoute des ondes courtes il y a aussi le mystère et l'imprévu; on peut entendre une station que l'on n'a jamais entendue et que l'on n'entendra jamais plus, même avec un récepteur perfectionné.

Beaucoup de DXistes sont venus aux ondes courtes parce qu'un jour, par mégarde, ils ont appuyé sur la touche OC de leur récepteur. Ils ont entendu le Canada ou la Suisse et par la suite ils ont continué et acheté un meilleur appareil. Un de mes amis a été directeur gestionnaire pour une fabrique d'appareils professionnels: tous les ingénieurs et techniciens étaient des fervents des OC. Il s'y est intéressé, il a acheté un vieil appareil d'occasion et maintenant il a un Drake R4B, un NRD 515, un ICOM IC-R70 et un Sony 2001. Vous voyez qu'il est mordu!

J'ai pu me rendre compte qu'un grand nombre de DXistes écoutent dans l'ombre. Ils n'écrivent pas aux stations, ils ne sont abonnés à aucune revue: c'est un tort! Certains autres à la retraite maintenant, ne sachant quoi faire et s'ennuyant, se sont rappelés que dans leur jeunesse ils avaient construit de leurs mains un récepteur de radio PO - GO et s'y sont remis, mais dans les ondes courtes. Pour répondre à certains, qui s'étonnent et qui demandent «à quoi sert le DX?» je dirais: le DXiste à l'affût de la petite station faible et lointaine, hors de portée du commun des mortels, est un collectionneur à la recherche, comme certains, d'un timbre rare, d'un tableau rare, d'une pièce de monnaie rare. Il y trouve les mêmes plaisirs et les mêmes émotions.

 

Roger R. ROUSSEL, Le Goulet, N-B (Canada):

LE DÉBUT D'UN LONG VOYAGE

25 mai 1979... C'est pour moi une date qui restera dans ma mémoire pour toujours: ce fut le jour où je recevais en cadeau mon premier récepteur à ondes courtes, le Realistic DX-160 de Radio Shack. Déjà quelques jours avant j'avais installé une antenne extérieure qui fut jointe au récepteur. Plus tard je me suis procuré le Kenwood R-1000. Je ne savais pas que ce présent était un voyage aller-retour autour du monde. Ma première écoute: une tragédie. En effet j'avais capté la radio des Forces Armées américaines (AFRTS); un avion venait de s'écraser à Chicago, faisant plus de 200 victimes.

LES DÉCOUVERTES

L'Europe. Puis les stations européennes suivirent; je fus un peu surpris par l'influence étrangère du côté chansons. Un peu trop de pop américain. Mais tout de même une belle escale. Le Moyen-Orient. J'ai été marqué par les stations du Moyen-Orient: crises, guerres, attentats. J'ai pu suivre l'affaire des otages américains de Téhéran, le début de la guerre irano- irakienne, la lutte du peuple libanais, le mouvement de l'O.L.P., etc... L'Asie et le Pacifique. Tout à fait remarquable d'écouter les stations chinoises, japonaises ou les autres. Tout un monde nouveau, tant physique que folklorique. C'est ici que je me suis intéressé aux folklores étrangers. Folklores remplis d'histoire, de coutumes. On apprenait la vie des gens là-bas, on apprenait le point de vue des gouvernements sur certains événements. On allait à la source. L'Afrique. Les stations africaines, elles, furent vraiment une révélation. Style de vie nouveau, folklore nouveau, gens pleins de misère, pris avec de graves crises. Coup d'état par-ci, par-là, on entendait le premier discours du nouveau chef d'état sur les ondes de la radio nationale. L'Amérique Latine. Folklore sensationnel. Le nombre de stations mais surtout leur faible puissance, c'est vraiment étonnant. Là aussi tout est différent. J'aime bien écouter HCJB en Équateur; cette station a des programmes variés. Et que dire des stations péruviennes: pays de contrastes, rempli d'histoire, de conquêtes.

Il y a toujours quelque chose d'excitant dans la découverte d'une nouvelle station.

LES CAS EXCEPTIONNELS

La propagation des ondes courtes peut surprendre quelquefois. Que dire de l'écoute des Îles Falkland, avec seulement quelques kilowatts de puissance, de l'Antarctique, de Tahiti, et j'en passe. Oui, c'est vraiment imprévisible. Il faut être à l'écoute au bon moment.

LES STATIONS PIRATES ET CLANDESTINES

Dans tous les pays, il y a de l'opposition, parfois tolérée, parfois anéantie. Mais que dire du courage des gens qui exploitent des stations pirates ou clandestines? Courage remarquable que de vouloir faire connaître son point de vue. Que-fait-on ici de la règle numéro 1 de la liberté? Je pense au travail de Radio Venceremos, de Radio 15 de septiembre, de La Voz del C.I.D., etc...

LES EFFORTS RÉCOMPENSÉS

Au bout de l'effort, il y a toujours une récompense. Ici, dans les ondes courtes, les stations vous envoient des cartes QSL, fanions, revues, journaux ou autres. Je possède plus de 50 fanions, tous accrochés aux murs de mon coin d'écoute. Je possède plus de 500 cartes QSL de plus de 119 pays. Les plus remarquables: FIBS, des Îles Falkland, quelques rares stations africaines et quelques stations des îles exotiques. J'ai plusieurs certificats de stations me remerciant de mon travail envers elles, pour l'envoi de rapports d'écoute et de données techniques.

LES NOUVELLES VENUES ET LES DISPARUES

J'ai assisté à la naissance de plusieurs nouvelles stations sur pratiquement tous les continents. Mais également aux plaies que sont les restrictions budgétaires, qui ont coûté la vie à plusieurs services en langue française. Je pense ici à Radio Polonia, à la RTB-F, et autres.

LES CLUBS

J'ai été membre de l'ancien Radio DX Club de France (RDXCF). Je suis membre de SPEEDX, des États-Unis, et du C.O.C.Q., bien sûr. Cela m'a permis de recevoir beaucoup de correspondance étrangère. Je suis membre des clubs suivants: Radio-Bucarest (Roumanie), Radio-Budapest (Hongrie), Monitor Club de Radio-Prague (Tchécoslovaquie), Andex (Équateur), Radio Kiev DX Club (Ukraine), DX Club de Radio-Portugal, Club des Amis de Radio Nederland (Pays-Bas), Club DX de Radio Polonia (Pologne), Monitoring Panel de Radio R.S.A. (Afrique du Sud).

EN CONCLUSION

Mes impressions sur l'écoute des ondes courtes? J'espère que cela durera longtemps. On apprend beaucoup par les ondes, que ce soit sur le plan politique, économique, ethnique, folklorique ou géographique. C'est en fait une institution mondiale. Depuis quelques années, la mauvaise propagation a quelque peu ralenti mes écoutes, mais je suis sûr que très bientôt d'autres découvertes sont à venir. Cela me donne le goût du voyage.

 

Ivan Robichaud
Ivan ROBICHAUD est président l'Association des Robichaud Inc. et de la Société Historique Nicolas-Denys Inc.
Ivan ROBICHAUD, Shippagan, N-B (Canada): Les ondes courtes couvrent en partie plusieurs domaines qui me passionnent: la géographie, les événements internationaux, les langues étrangères, etc... Bien qu'habitant une région semi-rurale, éloignée de tout et n'ayant guère les moyens de voyager, les ondes courtes m'ont fait connaître bien des régions du globe et les choses qu'on peut y voir, le folklore, les caractéristiques économiques et politiques de ces régions, et j'en passe, de sorte que j'ai un peu l'impression d'avoir vu ces endroits et une réelle visite n'en serait que plus enrichissante.

Mais l'écoute des ondes courtes n'est pas pour moi un exercice purement intellectuel, loin de là. C'est réellement un hobby professionnel. Il y a toujours quelque chose d'excitant dans la découverte d'une nouvelle station, même si la langue qu'elle utilise ne m'est pas familière du tout. Cela dure maintenant depuis plus de huit ans et il y a encore tant à découvrir... J'espère encore pouvoir un jour capter la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore le Bhoutan.

Michel Baron et Ivan Robichaud en 2006
Michel Baron et Ivan Robichaud se sont rencontrés
à Pointe-au-Pic (Qc) en août 2006.

Je n'ai toutefois pas une approche très scientifique ou technique du hobby. Les antennes trop compliquées, les calculs sur la propagation ou qui tentent de vous révéler à quel moment une station particulière a plus de chances d'être captée ne m'impressionnent guère. Plusieurs de mes écoutes les plus réussies ont été faites sur des bandes ou à des heures il n'y aurait pas dû y avoir grand-chose. J'aime bien garder aux ondes courtes leur cachet un peu mystérieux et me fier à mon intuition plutôt qu'à de savants calculs et à des gadgets coûteux et compliqués. Mon antenne n'est qu'un fil de cuivre d'une longueur choisie tout à fait au hasard (la distance entre les antennes de télévision sur le toit de ma maison et de celle du voisin) et j'en suis tout à fait satisfait.

Il est souvent facile de correspondre avec les gens derrière les voix Si on en a le goût, les ondes courtes peuvent constituer plus qu'une écoute: il est souvent facile de correspondre avec les gens derrière les voix qui deviennent vite familières. Les services français sont généralement assez petits et avec peu d'employés. Bien que cela ait ses désavantages, la possibilité d'un contact beaucoup plus personnel en est tout autant augmentée. Il ne faut pas négliger d'écrire à ces services français afin d'assurer la direction de la station qu'il y a un auditoire qui en vaut la peine.

Et puis il y a les QSL. Elles sont pour moi plus un souvenir d'une écoute intéressante qu'une quelconque preuve de réception, car après tout, je n'ai guère à prouver quoi que ce soit à personne: c'est un hobby que l'on façonne selon ses goûts personnels.

Enfin, les ondes courtes sont aussi pour moi la possibilité d'écouter quelque chose de différent des stations locales (on est d'ailleurs peu choyé de ce côté en Acadie) alors que je m'occupe à d'autres choses. Il y a quelque chose de spécial à travailler ou se détendre tout en écoutant la Colombie ou la Grèce...

 

Jean DESBIENS, Ottawa (Canada):

Cri primal

Aaah!... Où-suis-je? Quelle est mon identité?
Je viens à peine de naître dans cet univers décamétrique
Que déjà des sons étranges assaillent mes oreilles:
J'entends des rugissements, des sifflements, puis soudain
L'écho de voix lointaines que je crois pourtant reconnaître
Dans les replis obscurs de ma pré-conscience.
Je suis hanté par des spectres électromagnétiques
Qui sont une manifestation de la pluralité de l'Être global.
Ils s'expriment en diverses langues dont plusieurs m'échappent,
Mais une soif inextinguible me dévore...
Je veux comprendre, agir, communiquer!

Découverte

J'explore peu à peu ce Nouveau Monde,
À la recherche de l'étrange, du merveilleux.
Ce voyage imaginaire de mon âme vagabonde
M'entraîne par-delà les frontières, hors du temps.
J'erre sous les eucalyptus à l'affût du secret
Des mystérieux pouvoirs télépathiques
Des aborigènes australiens, je m'enfonce
Au coeur de la jungle hertzienne, hors des sentiers battus
Et je prends conscience de sa richesse.
Au hasard de cette aventure je fais la connaissance
D'autres pionniers qui ouvrent la voie
Et partagent bénévolement leur expérience.
Je me joins à eux et fais mien leur rêve.
Au fur et à mesure que mes sens s'affinent,
Ma perception et mon engagement s'accroissent
Et me conduisent un jour à orchestrer pour tous
Cette symphonie inachevée en UT majeur.

Genèse

Aaah! Je suis né dans la douleur,
Enfanté dans cette solitude
Qui est le lot de tout être humain.
Longtemps j'ai été passif,
Mais une force issue de la nuit des temps
A allumé en moi le feu sacré...
J'ai choisi d'augmenter ma conscience
En dépit des nombreuses difficultés
Et c'est dans L'ONDE que j'ai voulu me consumer.
Un jour, lorsque le Trou Noir m'aura avalé
Je ressortirai de l'Ombre dans une autre probabilité
Et me mettrai à l'écoute de longueurs d'ondes inconnues...
Cette passion qui lentement me dévore
N'aura pas été vaine, car à ma façon,
Je porte le flambeau du partage, de l'amitié
Pour quelques nano-secondes dans l'éternité.

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