Les organistes des paroisses secondaires de Nancy de 1880 à nos jours



A travers les autres notices, on peut découvrir les titulaires des tribunes importantes de Nancy (Cathédrale, Saint-Epvre, Saint-Léon, Sacré-Coeur). Il convenait toutefois de présenter des musiciens plus anonymes mais pas moins remarquables pour autant. Voici donc une liste non exhaustive des organistes des autres paroisses nancéiennes. Tout apport complémentaire sera le bienvenu.

Nancy, église Notre-Dame-de-Bon-Secours
Nancy, église Notre-Dame-de-Bon-Secours
( coll. O. Geoffroy )
À N-D de Bonsecours - Kaltnecker
"A Notre-Dame de Bonsecours", cantique de Mgr Maurice Kaltnecker
( coll. O. Geoffroy )

Eglise Notre-Dame-de-Bonsecours : (Orgue Cuvillier en ruine) L’église contenant la statue de la Vierge des Lorrains au manteau protecteur, lieu de pélerinage jadis très fréquenté (" Ce vieux sanctuaire, aimé de Nancy, te dit Vierge Mère louanges et merci ", cantique lorrain) renferme également le tombeau du roi Stanislas. Les organistes successifs furent Louis Jacques, non voyant, également organiste à l’Hôpital central, Marcel Jonoux, malvoyant et professeur de musique au petit séminaire de Renémont, Pierre Marceau, élève de Guy Jeaugey au petit séminaire de Renémont et, actuellement Cécile Michel-Bohlinger (née en 1973), élève en orgue et écriture des Conservatoires de Nancy et Saint-Maur.

Eglise Saint-Pierre : (Orgue Haerpfer-Ermann) Pour des raisons financières et géologiques, le deuxième clocher de cette église n’a jamais été achevé. Elle a connu comme organistes M. Remarck, Marcel Jonoux (en même temps organiste à Notre-Dame-de-Bonsecours), Mlle Geneviève André, premier prix du Conservatoire de Nancy, Mme Dominique Klein-Vigouroux, Arnaud Péruta (né en 1968) ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Paris, organiste dans la capitale et professeur d’analyse au Conservatoire de Cachan, aujourd'hui directeur du CRR de Bayonne, et Cécile Michel-Bohlinger déjà citée.

Nancy, église Saint-Pierre construite en 1885
Nancy, église Saint-Pierre
construite en 1885
( coll. O. Geoffroy )
Ancien orgue de Saint-Pierre de Nancy
( coll. O. Geoffroy )

Eglise Saint-Georges : (Orgue François Didier) Possédant à l’origine un orgue dont le nom du facteur n'a pas encore été retrouvé avec certitude à ce jour (Cavaillé-Coll?, Joseph Cuvillier?), les musiciens de cette charmante petite église furent successivement Georges Gandoin, bassoniste de formation, M. Victor Semeladis (dit " Le Grand Semeladis "), personnage assez fantasque se promenant avec cape et canne à pommeau pour aller jouer la messe (décédé en février 1971, il avait épousé en 1919 la princesse Fernande de Looz Corswaren dont il était veuf depuis 1946) et Mlle Sabine Marquis, ancienne élève du Conservatoire de Nancy.

 

Avis de décès de Georges Gandoin :

« NANCY :

Mme G. GANDOIN et Mlles M. et G. GANDOIN ; M. et Mme BOURGARY et leurs fils ; Mme J. DEVIT ; Mme LAMOTTE vous font part du décès de Monsieur Georges GANDOIN, professeur honoraire au Conservatoire, survenu à l'âge de 80 ans.

La cérémonie religieuse et l'inhumation ont eu lieu le samedi 20 juin 1942.

23, avenue Sainte-Anne, à Laxou.

43 rue de Finlande, à Nancy. »

(L'Est républicain, 22 juin 1942, p. 2)

 

Et, voici une évocation de Victor Séméladis par L'Echo de Nancy du 6 janvier 1941, p. 2 :

« Celui qui prend sa retraite - 34 ans de bons et loyaux services :

Notre concitoyen, M. René Oudin, qui semble se spécialiser dans les silhouettes, nous fait parvenir cet intéressant portrait qu'on appréciera. « Après trente-quatre ans de bons et loyaux services à la mairie de Nancy, Victor Séméladis vient de prendre sa retraite, bien connu dans notre ville où il ne compte que des amis, nul ne nous tiendra rigueur de brosser rapidement les traits de celui qui fut un zélé fonctionnaire, dans le sens le plus honorable du mot.

D'une grande simplicité, toujours prêt à rendre service, ayant le coeur sur la main, comme on dit en Lorraine, le chef de division Séméladis sera regretté par tous ceux qui ont pu l'approcher et travailler à ses côtés.

Successivement attaché au secrétariat de l'hôtel de ville, puis au service de l'asile de nuit et des œuvres sociales, il aura employé les derniers mois de sa carrière au bon fonctionnement de l'administration municipale du ravitaillement de la place Colonel-Driant, où il était jusqu'à ces jours derniers, le proche collaborateur d'un chef actif entre tous, M. Simonin.

Comme le dit le proverbe : « Bon sang ne peut mentir. » Bien que d’ascendance grecque (son nom l'indique éloquemment), Victor Séméladis a eu pour arrière-grand-père un général de l'armée de Napoléon.

Un autre de ses ancêtres habitait l'Inde et avait été investi de la dignité de « Bengali-Babou », ce qui correspond à peu près, à Bombay, au titre de mandarin.

Autre détail peu connu des Nancéiens : Mme Victor Séméladis est une princesse apparentée à la Maison de Belgique.

Le philosophe qui prend sa retraite ne tire de tout cela aucune insupportable vanité.

Comme le regretté poète Léon Tonnelier, comme le brave père Oudin, doyen des tambours de ville, il aime à s'attarder parfois dans les antiques tavernes, dans ces petits estaminets où l'on trouve encore du bon vin de chez nous. Et là, devant un carafon de vin gris, il vous parlera d'abondance, car c'est un lettré et un causeur de bonne compagnie.

Grand amateur du « gai sçavoir », il connaît à merveille le vieux parler français et témoigne une admiration non dissimulée pour nos Ducs qui embellirent Nancy et favorisèrent les intellectuels de leur province.

S'il est un familier de Ronsard et de Villon, Rabelais et Montaigne n'ont pour lui pas de secret. Bref, c'est un érudit, un collectionneur, doublé d'un musicien. Car, le saviez-vous ? son violon d'Ingres, c'est l'orgue... « le seul concert, le seul gémissement qui mêle aux cieux la terre » ...

Digne émule des Magin, des Sieber et des Kling, il fut, dès 1907, l'élève assidu de M. Martin, organiste de Saint-Léon.

Et, depuis trente-sept ans, il tient avec maîtrise le grand orgue de l'église Saint-Georges, où, détail curieux, il lui arrive de chanter au lutrin.

Ce sanctuaire est probablement le seul du diocèse qui voyait, aux fêtes de Noël, se dérouler une pittoresque procession, rappelant la solennité des Santons de Provence.

Pastorales naïves des temps anciens, cortège fort goûté des habitants qui admiraient au passage les rois Gaspard, Melchior et Balthazar, portant l'or, l'encens et la myrrhe, vêtus de leurs costumes rutilants d'apparat, et suivis d'une escorte de bambins au visage rayonnant.

Jean Marck à la console de l'orgue de la basilique Notre-Dame de Lourdes de Nancy
(in L'Est républicain, 12 juin 1948) DR.

Ce jour-là fut toujours le plus beau dans la vie de M. Séméladis.

Ordonnateurs de ces fastes populaires de Noël, feu le chanoine Robinet et son successeur, M. 1'abbé Ledain, ont trouvé toujours en lui un collaborateur précieux.

Au seuil de cette nouvelle année, au moment où M. Victor Séméladis prend un repos bien gagné, souhaitons-lui, avec ses nombreux amis, de tenir encore longtemps, très longtemps, le grand orgue et le lutrin dans sa chère église qu'il aura aimée et servie du même cœur qu'il sut servir sa province et sa ville. »

 

Basilique Notre-Dame-de-Lourdes : (Orgue E. A. Roethinger de 1948 inauguré par Jeanne Demessieux, succédant à un petit instrument de François Didier) De construction relativement récente, son premier organiste fut Jean Marck (1908-1975), premier prix de la classe de Louis Thirion au conservatoire de Nancy, qui étudia ensuite à Paris auprès de Marcel Dupré. Jean-Philippe Fetzer (né en 1954) actuel professeur d’orgue au Conservatoire de Nancy et disciple – entre autres- de Gaston Litaize est aujourd’hui titulaire de l’instrument.

Église St-Joseph, Nancy
Orgue de l'église St-Joseph, Nancy
Église Saint-Joseph de Nancy
( coll. O. Geoffroy )
Orgue de l'abbaye des Prémontés de Pont-à-Mousson avant son transfert dans l'église Saint-Joseph de Nancy
( coll. M. Kaltnecker/G. Trotot )

Eglise Saint-Joseph : (orgue Jean Blési). Cette église fut construite grâce à l’apport financier du Théâtre de la Passion. Ses organistes furent successivement Mlle Anne-Marie Lescoffier (1er prix du Conservatoire de Nancy) au cours des années 1940-1950, Mme Huguette Blanchette (Mlle Rochotte), M. Patrick Nachbaur (dans les années 1970, durant quelques mois), puis Mme Pascale Anselme, professeur de formation musicale au Conservatoire de Nancy. .

Eglise Saint-Sébastien : (Orgue Dalstein) Auguste Rigaux, ancien élève de l’école Niedermeyer avait quitté la tribune de Saint-Epvre pour celle de Saint-Sébastien. On note ensuite la présence de Mme Madeleine Herveux, ancienne élève de Louis Thirion au Conservatoire de Nancy qui céda les claviers à Jean-Luc Etienne (de 1982 à 1988) qui fait aujourd’hui carrière à Nice et enfin Jean Bizot (né en 1957), ancien élève de Gaston Litaize qui a effectué le même changement de tribune que son lointain prédécesseur (!).

Eglise Saint-Vincent-Saint-Fiacre : (orgue Haerpfer-Ermann succédant à un instrument de Verschneider) Mlle Monique Vallin, ancienne organiste de Saint-Epvre et premier prix du Conservatoire de Nancy tint les claviers. Robert Rogier (1946-2004), ancien élève du Conservatoire de Nancy et de la Schola Cantorum de Paris, a pu, par sa ténacité, obtenir la reconstruction de l'orgue dont il céda les claviers en 1990, avant de partir à Paris, à Dominique Dantand (né en 1962), élève de Pierre Cortellezzi au Conservatoire de Nancy.

Eglise Saint-Nicolas : (Orgue Henri Didier) Ce bel instrument connut successivement comme organistes M. Gold (professeur d'allemand à St-Sigisbert), M. Jeanpierre, Bernard Picard et Bénedicte Chrétien. M. Picard assure l'essentiel du service liturgique, assisté par de jeunes organistes ponctuellement en renfort.

Eglise Saint-Mansuy : (Orgue Jean Blési) La paroisse qui a pour patron le premier évêque de Toul possède un orgue authentique du facteur suisse. Ses organistes furent Léon Drouaillet, auquel succéda en 1931 Jean Huguin, ancien élève du petit séminaire de Bosserville où il eut son premier poste en 1922. Accordeur de piano et facteur d’orgue amateur, il resta jusqu’à sa mort en 2001. Bénédicte Chrétien lui succéda jusqu'en avril 2005. Depuis, une équipe constituée de plusieurs organistes assure les services dominicaux, parmi ceux-ci : Fabre Guin, Guylaine Gerum, Michael Fischer, Nicolas End...

Olivier Geoffroy
(2009, mise à jour : mai 2023)


 


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