Orgues et organistes de chœur à Nancy



 

Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation, Nancy
Nancy, cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation, la nef. L'orgue de chœur est installé à gauche, derrière les stalles
( coll. O. Geoffroy )
Petit séminaire de Renémont (Meurthe-et-Moselle), 1963, le chanoine Pierre Matte, professeur de lettres et maître de chapelle du petit séminaire,
et assistant de Pierre Cortellezzi à la cathédrale de Nancy

(coll. du Père Bernard Strasser/Geoffroy) DR.

La ville de Nancy possède un beau patrimoine organistique. En plus de grands instruments de tribune destinés à l’exécution du répertoire, plusieurs églises contiennent un orgue de chœur pour l’accompagnement des chantres. 1

A la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation :

L’orgue Kühn à transmission pneumatique (1912) placé dans le buffet de l’ancien instrument de Cuvillier fut tenu par Claude Bernhard à l’époque où Constant Pernin (mort en 1945) était titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll. En 1950, Jules Bernard (ancien élève de Louis Thirion au Conservatoire de Nancy) fut nommé mais resta moins d’une année. L’abbé Alexandre Roussel, maître de chapelle, reprit les claviers durant peu de temps. Mlle Dardaine accompagnait la maîtrise lorsque l’abbé Mary était maître de chœur. Après le concile Vatican II, elle jouait la messe du dimanche soir. Le dernier organiste de chœur fut Jean-Claude Fèvre (premier prix du conservatoire de Nancy, classe de Pierre Cortellezzi). Ce dernier quitta Nancy pour la capitale et le chanoine Pierre Matte (1910-1993) assura quelques services avant de devenir assistant de Pierre Cortellezzi au grand orgue. Il convient de signaler que l’organiste de l’église Saint-Nicolas, M. Jeanpierre jouait tous les matins à l’orgue de chœur la messe du chapitre de la cathédrale.

Jehan Alain, affecté à la caserne Thiry de Nancy en 1934, témoignait ainsi qu’il suit de l’activité musicale à la Cathédrale :

" En quittant la caserne, ce matin, je suis allé entendre la messe de dix heures à la cathédrale. Il y avait des voix d’enfants exquises parmi les sopranos. J’ai été empoigné par le solo d’un gosse. Si les enfants savaient le charme inouï de leur voix ! Les ensembles à quatre sont mal équilibrés. Le joli soprano est beaucoup trop saillant ; on n’entend que lui ; la basse apparaît aussi, mais bien effacée et il faut tendre l’oreille et faire appel aux notions d’harmonie pour entendre les ténors puis deviner les contraltos. Par moments, aux entrées, on entend les ténors chanter faux ; j’exècre par-dessus tout ce timbre blanchâtre. Je suis sûr que ce sont des séminaristes ; d’horribles voix trop jeunes, contrites, qui coulent comme le liniment. Je suis sorti de là plein de tristesse. Dans tout cela, qu’y avait-il de vrai, d’expressif, de sincère ? La voix de ces enfants qui ne s’en doutent même pas... " 2

Composition de l’orgue :

Grand-orgue : bourdon 16, montre 8, bourdon 8, flûte harmonique 8, salicional 8, prestant 4.

Récit expressif : cor de nuit 8, flûte traversière 8, gambe 8, voix céleste 8, flûte octaviante 4, trompette harmonique 8, basson-hautbois 8.

Pédale : soubasse 16, flûte 8, bourdon 8, violoncelle 8.

 

A la Basilique du Sacré-Cœur :

Le plus grand orgue de chœur de la ville (20 jeux, deux claviers, construit par la maison Didier-Van-Caster de la rue Hermite à Nancy) était tenu par Paul Parmain (voir notice sur les orgues du Sacré-Coeur). Sur les conseils malavisés du chanoine Roussel, maître de chapelle à la cathédrale de Nancy, le curé du Sacré-Coeur, Eugène Croisé l’échangea dans les années 1950 contre un instrument de Cuvillier qui manquait de souffle dès que l’on tirait plus de deux jeux.

 

Église St-Léon
Église Saint-Léon, le chœur
( coll. O. Geoffroy )

A l’église Saint-Léon :

Camille Dony, ancien élève non voyant de Charles Magin (qui lui dédia la première série de ses offices pour harmonium Louons le Dieu Sauveur3), rendait un efficace service à la paroisse :

" [...] Un grand merci encore à notre accompagnateur, M. Dony qui, dans son humble rôle, témoigne d’un talent très apprécié.  4

Il était accordeur de pianos et assistait Jean Huguin (organiste de l’église Saint-Mansuy) dans ses travaux de facture sur divers instruments.

Louons le Dieu Sauveur (Charles Magin)
Extrait (début) de la partition pour harmonium ou orgue sans pédales Louons le Dieu Sauveur, première série, Entrée, dédiée "à son élève et ami Monsieur Camille Dony, organiste à St Léon IX, Nancy", éditions Biton, Saint-Laurent-sur-Sèvre, 1924
( coll. O. Geoffroy )

Robert Barth (1917-1998), ancien titulaire du grand orgue, accompagna, durant les années qui suivirent sa retraite, quelques offices sur cet orgue Callinet transformé par Blési en 1881 :

Grand-orgue : bourdon 16, montre 8, bourdon 8, salicional 8, gambe 8, prestant 4, fourniture 3 rangs, trompette 8.

Récit expressif : bourdon harmonique 8, gambe 8, voix céleste 8, flûte octaviante 4, basson-hautbois 8.

Pédale : soubasse 16 (emprunt du bourdon 16 du grand-orgue).

 

A la Basilique Saint-Epvre :

Joseph Gérard tenait l’orgue de chœur. Chargé d’enseignement au premier cycle à l’Institution des Jeunes Aveugles, il avait quitté Bordeaux où élèves et professeurs s’étaient réfugiés en 1940 et était revenu à Nancy en passant clandestinement la ligne de démarcation. "5 Excellent improvisateur, il utilisait un langage musical moderne et les élèves se réjouissaient à l’idée de l’entendre à l’orgue de la chapelle lorsqu’il accompagnait la messe. Pressenti pour succéder à Charles Magin comme professeur d’orgue à l’Institution, il exerça durant un trimestre mais préféra laisser la place à Robert Barth.

Par la suite, l’orgue de chœur Merklin (ca. 1870) fut tenu par Mlle Gilberte Toussaint, également non voyante. En voici la composition :

Grand-orgue : bourdon 16, montre 8, bourdon 8, salicional 8, prestant 4, trompette 8 (basses et dessus).

Récit expressif : bourdon harmonique 8, gambe 8, flûte harmonique 4, basson-hautbois 8.

Pédale : soubasse 16 (empruntée au grand-orgue).

La gambe du récit a été posée par le facteur Kühn vers 1911.

 

A l’église Saint-Vincent-Saint-Fiacre :

Le petit orgue de chœur (un clavier et pédalier réduit) de cette église néo-gothique a disparu dans les années 1970. Il n'a pas été possible d'en retrouver la composition. Cependant, d'après les archives paroissiales, les facteurs Haerpfer-Ermann ont réemployé un jeu de gambe de cet orgue de chœur lors de la reconstruction du grand orgue de tribune vers 1975 (actuelle gambe du récit ? ou, plus vraisemblablement, doublette du positif qui provient d'une gambe recoupée). Un témoignage signale également la présence d'un jeu d'euphone (?) à anches libres, mais peut-être y a-t-il confusion avec le grand orgue qui en possédait un à l'origine... En tous les cas, autour de la Seconde Guerre mondiale, l'orgue de chœur était tenu alternativement par Auguste Jacquot (titulaire du grand-orgue durant plus de 60 ans) et Joseph Gérard, futur organiste de chœur de la Basilique Saint-Epvre.

 

A l’église Saint-Pierre :

Un orgue de chœur Callinet (ca. 1844) doté d’un beau buffet, fut posé en 1908 à l’église Saint-Pierre par Kühn. Voici sa composition :

Grand-orgue (expressif) : bourdon 8, flûte harmonique 8 (à l’origine fourniture 3 rgs), prestant 4, flûte 4 (doublette 2 originellement), trompette 8.

Récit expressif : montre 8, bourdon 8, salicional 8, voix céleste 8 (à la place de la flûte 4), basson-hautbois 8.

Pédale : soubasse 16, flûte 8, basse d’écho 8 (remplace une trompette).

Il servait ponctuellement pour quelques offices sous les doigts des titulaires du grand orgue (Marcel Jonoux, Marie-Paule Triebel, Christiane Didier-Doyette, Geneviève André).

 

A l’église Saint-Mansuy :

Un petit orgue de Jean Blési (1882) fut vendu à la paroisse de Brin-sur-Seille vers 1972.

Clavier manuel : bourdon 8, salicional 8, prestant 4, doublette 2 (ancienne gambe 8).

 

A l’église Saint-Nicolas :

L’orgue de chœur monté à la tribune et branché en 1942 sur le grand orgue Didier a été désolidarisé de son grand homologue. Le clavier se trouvait encore il y a peu au grenier du presbytère.

Clavier manuel : diapason 8, flûte amabile 8, flûte 4, salicet 4, nasard 2 2/3, carillon 1 3/5, clairon 4.

 

A l’église Saint-Joseph :

Un orgue construit en 1892 par le facteur spinalien Henri Didier a été déplacé en 1969 à l’église de Vincey (Vosges). En voici la composition :

Clavier manuel : bourdon 8, salicional 8, prestant 4, doublette 2 (ex voix céleste).

Pédalier : soubasse 16.

Il était employé pour l’accompagnement de la chorale et de la maîtrise de Saint-Joseph. Cette dernière fut placée à partir de 1954 sous la direction de l’abbé François Grosset et devint la Manécanterie des Petits Chanteurs de Sainte-Jeanne-d’Arc.

 

A l’église Saint-Sébastien :

L’orgue de chœur Merklin a disparu après la Seconde Guerre mondiale.

Composition :

Clavier manuel : montre 8, bourdon 8, salicional 8, flûte harmonique 4, flageolet 2, trompette 8.

Pédale : en tirasse.

A partir des années 1920, à quelques exceptions près, les paroisses nancéiennes qui disposaient à la fois d’un grand orgue et d’un orgue de chœur n’avaient plus les moyens d’entretenir deux musiciens pour les messes dialoguées.

Olivier Geoffroy

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1) Les informations concernant les dates de construction et la plupart des compositions d'orgues citées ici proviennent de l'ouvrage suivant : ASSECARM, Inventaire des orgues de Lorraine, Meurthe-et-Moselle, rédigé par René Depoutot et Christian Lutz, vol. 1, Metz, Serpenoise, 1990. [ Retour ]

2) Bernard Gavoty, Jehan Alain, musicien français (1911-1940), Paris, Albin Michel, 1945, pp. 135-136. [ Retour ]

3) Saint-Laurent-sur-Sèvre, Biton, 1924. [ Retour ]

4) Charles Bohème, " Fête de sainte Cécile " in : Bulletin paroissial, Saint-Léon-IX, Nancy, Vagner, janvier 1934, p. 5. [ Retour ]

5) Etienne Thévenin, Etre aveugle en Lorraine aux XIXe et XXe siècles, Nancy, PUN, 2002, p. 69. [ Retour ]

 


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