Le Panthéon des musiciens

De juillet 1999 à décembre 1999

Joaquin RODRIGO - Louis AUBEUX - Madeleine de VALMALÈTE-DELANOY - Alexandre LAGOYA - Ivan SUCHOV - Maurice HUSSON - Henri DUFRESSE - Lucien PIPEREAUT - Germaine de LIONCOURT - Gaby CASADESUS - Marcel LANDOWSKI


Le 6 juillet 1999 à Madrid l’auteur du célèbre Concerto de Aranjuez pour guitare et orchestre, la pièce espagnole la plus écoutée de ce siècle, nous a quittés. Joaquin RODRIGO est en effet mort à l’âge de 97 ans après une vie fort bien remplie. Né le 22 novembre 1901 à Sagunto (Valence), aveugle dès l’âge de trois ans à la suite d’une épidémie de diphtérie, il travailla très tôt la musique avec Francisco Antich, Enrique Goma et Eduardo Lopez Chavarri et va même quelque temps se perfectionner en France auprès de Paul Dukas à l’Ecole Normale de musique entre 1927 et 1932. Il écrira d’ailleurs en 1935 pour celui-ci qu’il considérait comme son maître, sa Sonata de adios. Son Concerto de Aranguez, créé à Barcelone en 1940 fera le tour du monde. C’est quelques années plus tard que la France découvrait ce chef d’œuvre après la remarquable interprétation de Narciso Yepes au Théâtre des Champs-Elysées. Il est incontestable que Joaquin RODRIGO, grâce à cette œuvre, a largement contribué à mieux faire connaître la guitare auprès du grand public. Les transcriptions et adaptations sont légion dans le monde entier et la plupart des artistes ont interprété un jour ou l’autre ce concerto : de Miles Davis à Placido Domingo en passant par Nana Mouskouri et plus récemment par Suzanne Mentzer. Il ne faudrait pas cependant que ce colossal succès évince ses autres pages musicales empreintes de folklore, indifférentes au progrès et que l’on peut qualifier de charmantes : des mélodies, des pièces pour orchestre, de la musique de chambre et quelques œuvres d’inspiration religieuse. La France a décerné à Joaquin Rodrigo les insignes d’Officier des Arts et des Lettres (1960), de Chevalier de la Légion d’Honneur (1963) et de Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (1998).

Le 6 juillet 1999 à Angers, un grand serviteur de la musique religieuse s’en est allé en la personne du chanoine Louis AUBEUX. Organiste de la cathédrale St-Maurice d’Angers durant plus d’un demi siècle, il s’était entièrement investi dans sa fonction d’organiste liturgique, au point de sacrifier sa carrière de concertiste. Amoureux de la musique sacrée, il avait quelque peu bataillé au moment du déferlement des chants populaires insipides soi-disant destinés à faire chanter la foule. Toute sa vie durant il a œuvré pour le renouveau de la " grande musique sacrée " se souvenant de l’époque héroïque où, avec les abbés Le Coat, Roussel, Le Capon, Roucairol et Carol ils combattaient en ce sens.

Né en 1917 à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire), en même temps que ses études théologiques il prenait des leçons d’orgue et d’harmonie auprès du chanoine Fauchard, organiste de la cathédrale de Laval et ancien élève de Vincent d’Indy et de Louis Vierne. Ordonné prêtre le 29 juin 1942, alors professeur à Mongazon il était nommé en juillet 1947 organiste de la cathédrale d’Angers, à la suite du départ du chanoine André Turpault. Entre 1947 et 1949 il suivit à Paris les cours d’orgue, d’improvisation et de composition auprès d’Edouard Sourbebielle, René Malherbe et Guy de Lioncourt à l’Ecole César-Franck. C’est là d’ailleurs qu’il connut Elisabeth Havard de la Montagne dont il se souvenait fort bien quelques cinquante années plus tard. C’est ainsi qu’il écrivait un jour de 1998 " ... nous avons travaillé ensemble avec Monsieur Souberbielle. Je me souviens des moments où nous attendions le professeur, toujours en retard pour ses cours, ce qui nous permettait de revoir une dernière fois ce que nous avions à jouer devant lui. " Egalement élève d’Antoine Reboulot et d’André Marchal, il étudiait aussi quelque temps l’écriture avec Simone Plé-Caussade. Revenu définitivement à Angers en 1949, il ne quittera que très rarement son orgue. Modeste, dévoué et fin musicien, d’importantes festivités avaient été organisées pour son jubilé d’organiste en 1997. Hélas, malade à cette époque, elles furent annulées, ce qui arrangea bien le récipiendaire ! En avril 1998, il notait à ce sujet " ... j’étais malade à ce moment là. Toutes les festivités ont été annulées, ce qui n’était pas pour me déplaire... Elles auraient pu au moins donner bonne conscience à ceux qui les avaient voulues ! "

Le chanoine Louis Aubeux aux claviers du grand-orgue de la cathédrale d'Angers le jour de ses adieux en septembre 1998.
( photo Philippe Joussain, organiste de St-Joseph d'Angers. )
Le chanoine Louis Aubeux (à gauche) en compagnie de Mgr Orchampt, évêque émérite d'Angers.
( photo Philippe Joussain, septembre 1998. )

Collaborateur très tôt de la revue " Musique sacrée ", dès les années 1950, on pouvait régulièrement lire sa signature dans de magistraux articles. On lui doit notamment une série d’exposés qui connaîtra un réel succès " L’orgue, sa facture, sa technique, son emploi ", ainsi que quelques pièces pour orgue sur des thèmes populaires ou liturgiques publiées par les éditions Europart.

Sa disparition laisse un grand vide dans le monde de l’orgue, d’autant plus que c’était l’un des derniers représentants de cette génération de prêtres-organistes qui, voilà quelques décennies, avec la foi d’un prêtre et l’inspiration d’un artiste, vouaient toute leur vie et leurs forces au service de Dieu, sans jamais oublier que la véritable musique sacrée est indispensable à la prière du peuple chrétien.

Madeleine de VALMALÈTE-DELANOY, pianiste centenaire, est décédée le 2 août 1999, dans un hôpital de Marseille où elle avait été admise quelques jours auparavant. Ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où elle eut notamment pour maître Isidor Philipp, elle avait par la suite joué avec les plus grands chefs d’orchestre et les meilleurs solistes : de Toscanini à Furtwängler, de Rubinstein à Ménuhin. A l’âge de 91 ans, elle était encore à son piano ! Lors de l’obtention de son prix de piano en 1914, c’est Gabriel Fauré en personne qui lui avait remis son prix. Professeur entre 1949 et 1974 à l’Ecole Normale de musique et au Conservatoire de Grenoble, sa carrière de concertiste s’était quelque peu ralentie lors de son mariage en 1948. Brillante représentante de l’école française de piano, elle attachait du prix à respecter scrupuleusement et intelligemment l’œuvre interprétée, et non pas à introduire, comme cela se pratique couramment de nos jours, des effets personnels tendant à s’approprier la partition en lieu et place du compositeur... Elle avait ouvert par la suite une école de piano à Marseille. Elle a été inhumée au cimetière de Saint-Etienne-Vallée-Française dans la Lozère.

A nouveau le monde de la guitare était en deuil ce 24 août 1999 avec la mort de Alexandre LAGOYA. Vulgarisateur de la guitare classique, c’était incontestablement le plus célèbre des guitaristes de son époque, du moins auprès du grand public, auquel plusieurs compositeurs dédieront leur œuvre : Jean-Michel Damase (Ballade), Jacques Charpentier (Concert n°2), Pierre-Petit (Thème et variations), Tony Aubin (Hildagoyas)... C’est lui qui fondait en 1969 la classe de guitare au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

Né le 29 juin 1929 à Alexandrie (Egypte) d’un père grec et d’une mère italienne, il découvrait la guitare à l’âge de 7 ans, donnait son premier concert à 13 ans et deux ans plus tard enseignait son instrument et le solfège. Installé par la suite à Paris, il prenait la nationalité française en 1950 et rencontrait à la même époque la guitariste française Ida PRESTI (1924-1967) qu’il épousera deux ans après et qui lui donnera deux enfants : Sylvain et Elisabeth. Ida, également brillante guitariste prodige qui se produisait en public dès l’âge de 8 ans, engagée par la Société des Concerts du Conservatoire, bénéficiait déjà d’une très grande renommée internationale. Ensemble le duo de guitare Presti-Lagoya qu’ils formèrent eut rapidement une notoriété universelle qui suscita de nombreuses créations (Elégie de Daniel Lesur, Sarabande de Francis Poulenc, Sérénade d’André Jolivet....) A la mort d’Ida Presti, survenue en 1967 aux Etats-Unis (Rochester), Alexandre Lagoya entamait une seconde carrière en solo tout en se consacrant également à l’enseignement. C’est ainsi qu’il sut faire découvrir et aimer la guitare à de nombreux élèves à la Schola Cantorum puis, de 1969 à 1994, au Conservatoire de Paris. Remarquable technicien c’était également un homme plein de chaleur et de passion qui emportait toujours la plus vive sympathie autour de lui, que ce soit de la part de ses élèves, de ses collègues musiciens ou du public.

Remarié à Monelle avec qui il vivait sur les hauteurs de Soisy-sous-Montmorency (Val-d’Oise) en lisière de forêt, il s’est éteint d’une longue maladie. Ses obsèques se sont déroulées le 28 août en l’église Saint-Roch à Paris.

Le 3 septembre 1999 a été célébrée une messe anniversaire en la cathédrale Saint-Alexandre-Neski, à Paris, à l’intention du pianiste et compositeur Ivan SUCHOV (1892-1979), ancien professeur au Conservatoire de Riga, chef d’orchestre des ballets du colonel de Basile, professeur au Conservatoire Serge Rachmaninov à Paris.

Le 9 octobre 1999 c’est l’altiste Maurice HUSSON qui nous a quittés à l’âge de 86 ans. Président-Fondateur de la Spedidam en 1959, soliste aux Concerts Lamoureux et à l’Orchestre de Paris, professeur à l’Ecole Normale de Musique de Paris, il avait appartenu autrefois, juste après la dernière guerre, au Quatuor Calvet. Celui-ci, fondé en 1919 par Joseph Calvet, s’attachait à défendre la musique française de son époque. Il créa notamment des oeuvres de Jean Françaix, Vincent d’Indy, Florent Schmitt, Henri Sauguet, Guy Ropartz... Dissous en 1950, Jean Champeil, alors second violon, fonda le Quatuor Champeil auquel se joignit Maurice Husson.

La cérémonie religieuse a été célébrée le 14 octobre en l’église Notre-Dame de Vincennes.

Au cours de la première quinzaine du mois d’octobre 1998 c’est le critique musical aveugle Henri DUFRESSE qui disparaissait. Ses obsèques se sont déroulées le 14 octobre en l’église de Chevagnes (Allier). C’était le frère de l’organiste Xavier DUFRESSE, également aveugle, ancien élève d’André Marchal à l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris, puis de Marcel Dupré au CNSM, où il obtint un 1er d’orgue en 1952. Longtemps suppléant à Saint-Pierre-de-Chaillot, St-François-Xavier, St-Germain-des-Prés et St-Antoine-des-Quinze-Vingt, celui-ci a été également pendant une dizaine d’années maître de chapelle et organiste de Notre-Dame-de-Lorette, succédant là en 1979 à Denise Launay. Enseignant aussi à l’INJA durant de nombreuses années, il s’est retiré au début des années 1990 dans son Bourbonnais natal. En 1997 Xavier Dufresse a enregistré un CD à l’orgue de l’abbaye de Sept-Fons avec des œuvres de J.S. Bach.

Le 28 octobre 1999 à l’âge de 92 ans, le pianiste Lucien PIPEREAUT est décédé. La cérémonie religieuse a eu lieu le 30 octobre en l’église Notre-Dame de Deuil-la-Barre (Val-d’Oise)

Partition dédicacée par Guy de Lioncourt
Partition dédicacée par Guy de Lioncourt (1936)
à Mère Marie-Stéphane, École Vincent d'Indy,
Montréal.
( Coll. Céline Fortin )
Avec le décès le 6 novembre 1999 survenu dans sa soixante quinzième année de Germaine de LIONCOURT disparaît une figure de la musique. Fille de Guy de Lioncourt, petite-nièce de Vincent d’Indy, filleule de Michel d’Argoeuves, belle-fille de Paul Berthier (fondateur de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois en 1907), veuve de Jacques Berthier et mère de Vincent Berthier de Lioncourt (fondateur avec Philippe Beaussant du Centre de Musique Baroque de Versailles en 1987), celle-ci, musicienne dans l’âme, fit quelque temps partie des chœurs de l’Ecole Supérieure de musique César-Franck et de ceux de la Chanterie Sainte-Anne. Elle participa notamment en 1949 à la musique du film documentaire de Jean-François Noël intitulé " Les Gisants ". Membre de la Commission Francophone Cistercienne, elle élabora également des textes liturgiques en usage dans les communautés religieuses et monastiques que son mari mettait en musique, tels ces psaumes-chorals écrits dans la tradition de ceux de Goudimel. Mais c’est surtout comme dépositaire et gestionnaire de l’œuvre de son père, Guy de Lioncourt, de celles de son beau-père, Paul Berthier, et de son mari, Jacques Berthier (1800 titres) qu’elle se démenait inlassablement afin de les faire mieux connaître au grand public. C’est ainsi qu’éditions, enregistrements, concerts, messes et articles étaient son lot quotidien qu’elle assumait d’ailleurs avec beaucoup d’enthousiasme et de rigueur jusqu'à ses derniers jours.

Très marquée par toute une jeunesse passée à l’Ecole Supérieure de musique César-Franck, à Paris auprès de son père qui en assurait la direction, voici quelques années elle participa très activement aux multiples démarches, aux côtés de son mari, pour faire revivre cette école en la refondant avec la Schola Cantorum alors dirigée par Michel Denis. Sa bibliothèque fort riche compte notamment en manuscrit une très intéressante histoire de cette école César-Franck depuis 1934 qu’elle a écrite avec beaucoup de talent et de passion.

Une messe à la quelle étaient conviés sa famille et ses nombreux amis a été célébrée à sa mémoire le 21 janvier 2000 en l’église Sainte-Sulpice.

Après la disparition de Madeleine de Valmalète, Gaby CASADESUS, une autre grande dame du piano nous quittait quelques mois plus tard le 12 novembre 1999, en son domicile parisien. Née Gabrielle L’Hôte le 9 août 1901, elle obtenait un premier prix de piano à l’âge de 16 ans au Conservatoire de Paris dans les classes de Louis Diémer et de Marguerite Long.
Robert Casadesus
Robert Casadesus
( photo X..., coll. Max Méreaux ) DR
Elle recevait également de précieux conseils de la part de Ravel, Schmitt, Fauré et Moszkowski et en 1921 épousait le pianiste et compositeur Robert Casadesus (1899-1972) avec qui elle formera plus tard le célèbre duo Robert et Gaby Casadesus. Ils créèrent notamment à Varsovie (1934) le Concerto pour deux pianos de Robert Casadesus. Leur fils Jean (1927-1972), également pianiste, se joignait parfois à eux et c’est ainsi qu’ils donnèrent ensemble en 1965, en première audition, au Lincoln Center de New-York le Triple concerto de Robert Casadesus. Gaby Casadesus pratiquait en outre la musique de chambre avec entre autres Zino Francescatti et les quatuors Guarneri et Juilliard. Pédagogue renommée elle a formé de nombreux élèves tant dans des Universités américaines, qu’au Mozarteum de Salzbourg, à l’Académie Maurice Ravel de Saint-Jean-de-Luz, à la Schola Cantorum de Paris et au Conservatoire américain de Fontainebleau que dirigeait à partir de 1946 son mari.

Après la mort de son mari Gaby Casadesus s’est évertuée à perpétuer la mémoire de son œuvre notamment en créant en 1975 à Cleveland aux USA le Concours international de piano Robert Casadesus. Elle est l’auteur d’un livre de souvenirs Mes noces musicales écrit avec Jacqueline Muller (Paris, 1989, éd. Buchet-Castel).

Après son inhumation le 18 novembre, dans la plus stricte intimité, dans le caveau de famille au cimetière de Recloses (Seine-et-Marne), une messe de souvenir a été dite le lendemain en l’église Sainte-Clotilde, à Paris.

Un mois auparavant, le 11 octobre à Paris, s’éteignait à l’âge de 73 ans sa cousine, Odette Casadesus-Chambily. Poète, celle-ci laisse une œuvre en partie éditée qui fit l’objet notamment de plusieurs émissions de radio sur Europe 1 et Radio Luxembourg par le comédien Jean-Claude Pascal.

L’année 1999 s’est achevée avec la disparition l’avant-veille de Noël de Marcel LANDOWSKI, chancelier honoraire de l’Institut, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des Beaux-Arts, ancien directeur de l’art lyrique et de la danse, vice-président fondateur du Festival d’art sacré de la Ville de Paris, alors même que se déroulait à Paris deux expositions consacrées à son père, le sculpteur Paul Landowski (1875-1961), Prix de Rome en 1900, membre de l’Institut et directeur de la Villa Médicis à Rome. Arrière petit-fils du violoniste Henri Vieuxtemps (1820-1881) et de la pianiste Joséphine Eder (1815-1868), il était le père de la danseuse Manon Landowski devenue artiste de variétés et d’Anne Chiffert, ancienne directrice de la musique et de la danse au ministère de la culture jusqu’en 1977.

Né le 18 février 1915 en Bretagne, à Pont-l’Abbé, où sa famille s’était réfugiée durant la guerre, il se destinait très tôt à la musique et entrait en 1933 au CNSM de Paris où il eut pour professeurs Marguerite Long, Henri Büsser, Philippe Gaubert, Noël Gallon, Pierre Monteux et Charles Münch. Il reçut également les conseils d’Arthur Honegger qui exerça sur lui une grande influence. Grand Prix de la Ville de Paris (1950), de l’Académie des Beaux-Arts l’année suivante et de celui de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (1967) il s’efforcera toute sa vie durant de mener des actions en faveur d’une décentralisation artistique et jouera un rôle déterminant dans la vie musicale française. On lui doit aussi la création, en 1967, de l’Orchestre de Paris et l’année suivante de celui de la région Rhône-Alpes.

Comme compositeur Marcel Landowski s’évertuera sans cesse de tendre vers un langage simple et traditionnel qui lui est personnel. C’est surtout dans le domaine théâtral qu’il donnera toute sa mesure. Il laisse une œuvre immense comportant de la musique pour la scène, des ballets, de la musique pour orchestre, de la musique de chambre, des pièces vocales et chorales, et même une Messe de l’Aurore et des Leçons des ténèbres pour orgue, violoncelle solo, ensemble vocal, mezzo-soprano, baryton et orchestre. Sa dernière œuvre importante, l’opéra Galina, créé à Lyon en 1995, s’inspirait de la vie de Mme Rostroprovitch. Il n’aura pas eu le temps de réaliser son projet d’écrire un Opéra des Bastilles dans lequel il voulait dénoncer toutes les formes de la dictature.

Marcel Landowski déclara un jour " L’art véritable est toujours l’expression d’une foi ; quand il ne l’est plus, il n’est que grimace et caricature. " Figure incontournable de la musique française, ennemi juré de la musique sérielle au profit d’une musique rappelant la période romantique, hardant défenseur des petites formations de province il voulut vainement s’attaquer à l’enseignement général pour démocratiser la culture en réformant les rythmes scolaires : étude des disciplines principales le matin et après-midi réservé aux activités d’éveil de la sensibilité et au sport, comme cela se pratique déjà dans les pays de l’Est, en Allemagne et en Angleterre. Hélas ce ne fut qu’un rêve utopique !

Le président de la république Jacques Chirac s’est écrié à l’annonce de son décès : " Immense serviteur de la musique qui s’apprend, qui se transmet, qui essaime, ce grand musicien a été toute sa vie aux avant-postes, sous André Malraux, du maillage culturel de la France et plus tard du rayonnement de Paris. Son œuvre forte, éclectique, témoigne de sa passion. Nous perdons tous un grand compositeur, mais aussi un homme de cœur et de conviction... "

Le 22 janvier 2000 fut célébrée en son souvenir une cérémonie religieuse en l’église Saint-Germain-des-Prés, au cours de laquelle l’Orchestre de Paris et son chœur lui rendaient hommage en interprétant sa Messe de l’Aurore créée en 1977, en présence notamment de son épouse, Jacqueline Potier, pour laquelle il avait écrit un grand nombre de pièces pour piano, de ses trois enfants : Marc, Anne et Manon, et de ses six petits-enfants.

Denis Havard de la Montagne

 


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