Collaborateur très tôt de la revue " Musique sacrée ", dès les années 1950, on pouvait régulièrement lire sa signature dans de magistraux articles. On lui doit notamment une série d’exposés qui connaîtra un réel succès " L’orgue, sa facture, sa technique, son emploi ", ainsi que quelques pièces pour orgue sur des thèmes populaires ou liturgiques publiées par les éditions Europart.
Sa disparition laisse un grand vide dans le monde de l’orgue, d’autant plus que c’était l’un des derniers représentants de cette génération de prêtres-organistes qui, voilà quelques décennies, avec la foi d’un prêtre et l’inspiration d’un artiste, vouaient toute leur vie et leurs forces au service de Dieu, sans jamais oublier que la véritable musique sacrée est indispensable à la prière du peuple chrétien.
Madeleine de VALMALÈTE-DELANOY, pianiste centenaire, est décédée le 2 août 1999, dans un hôpital de Marseille où elle avait été admise quelques jours auparavant. Ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où elle eut notamment pour maître Isidor Philipp, elle avait par la suite joué avec les plus grands chefs d’orchestre et les meilleurs solistes : de Toscanini à Furtwängler, de Rubinstein à Ménuhin. A l’âge de 91 ans, elle était encore à son piano ! Lors de l’obtention de son prix de piano en 1914, c’est Gabriel Fauré en personne qui lui avait remis son prix. Professeur entre 1949 et 1974 à l’Ecole Normale de musique et au Conservatoire de Grenoble, sa carrière de concertiste s’était quelque peu ralentie lors de son mariage en 1948. Brillante représentante de l’école française de piano, elle attachait du prix à respecter scrupuleusement et intelligemment l’œuvre interprétée, et non pas à introduire, comme cela se pratique couramment de nos jours, des effets personnels tendant à s’approprier la partition en lieu et place du compositeur... Elle avait ouvert par la suite une école de piano à Marseille. Elle a été inhumée au cimetière de Saint-Etienne-Vallée-Française dans la Lozère.
A nouveau le monde de la guitare était en deuil ce 24 août 1999 avec la mort de Alexandre LAGOYA. Vulgarisateur de la guitare classique, c’était incontestablement le plus célèbre des guitaristes de son époque, du moins auprès du grand public, auquel plusieurs compositeurs dédieront leur œuvre : Jean-Michel Damase (Ballade), Jacques Charpentier (Concert n°2), Pierre-Petit (Thème et variations), Tony Aubin (Hildagoyas)... C’est lui qui fondait en 1969 la classe de guitare au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Né le 29 juin 1929 à Alexandrie (Egypte) d’un père grec et d’une mère italienne, il découvrait la guitare à l’âge de 7 ans, donnait son premier concert à 13 ans et deux ans plus tard enseignait son instrument et le solfège. Installé par la suite à Paris, il prenait la nationalité française en 1950 et rencontrait à la même époque la guitariste française Ida PRESTI (1924-1967) qu’il épousera deux ans après et qui lui donnera deux enfants : Sylvain et Elisabeth. Ida, également brillante guitariste prodige qui se produisait en public dès l’âge de 8 ans, engagée par la Société des Concerts du Conservatoire, bénéficiait déjà d’une très grande renommée internationale. Ensemble le duo de guitare Presti-Lagoya qu’ils formèrent eut rapidement une notoriété universelle qui suscita de nombreuses créations (Elégie de Daniel Lesur, Sarabande de Francis Poulenc, Sérénade d’André Jolivet....) A la mort d’Ida Presti, survenue en 1967 aux Etats-Unis (Rochester), Alexandre Lagoya entamait une seconde carrière en solo tout en se consacrant également à l’enseignement. C’est ainsi qu’il sut faire découvrir et aimer la guitare à de nombreux élèves à la Schola Cantorum puis, de 1969 à 1994, au Conservatoire de Paris. Remarquable technicien c’était également un homme plein de chaleur et de passion qui emportait toujours la plus vive sympathie autour de lui, que ce soit de la part de ses élèves, de ses collègues musiciens ou du public.
Remarié à Monelle avec qui il vivait sur les hauteurs de Soisy-sous-Montmorency (Val-d’Oise) en lisière de forêt, il s’est éteint d’une longue maladie. Ses obsèques se sont déroulées le 28 août en l’église Saint-Roch à Paris.
Le 3 septembre 1999 a été célébrée une messe anniversaire en la cathédrale Saint-Alexandre-Neski, à Paris, à l’intention du pianiste et compositeur Ivan SUCHOV (1892-1979), ancien professeur au Conservatoire de Riga, chef d’orchestre des ballets du colonel de Basile, professeur au Conservatoire Serge Rachmaninov à Paris.
Le 9 octobre 1999 c’est l’altiste Maurice HUSSON qui nous a quittés à l’âge de 86 ans. Président-Fondateur de la Spedidam en 1959, soliste aux Concerts Lamoureux et à l’Orchestre de Paris, professeur à l’Ecole Normale de Musique de Paris, il avait appartenu autrefois, juste après la dernière guerre, au Quatuor Calvet. Celui-ci, fondé en 1919 par Joseph Calvet, s’attachait à défendre la musique française de son époque. Il créa notamment des oeuvres de Jean Françaix, Vincent d’Indy, Florent Schmitt, Henri Sauguet, Guy Ropartz... Dissous en 1950, Jean Champeil, alors second violon, fonda le Quatuor Champeil auquel se joignit Maurice Husson.
La cérémonie religieuse a été célébrée le 14 octobre en l’église Notre-Dame de Vincennes.
Au cours de la première quinzaine du mois d’octobre 1998 c’est le critique musical aveugle Henri DUFRESSE qui disparaissait. Ses obsèques se sont déroulées le 14 octobre en l’église de Chevagnes (Allier). C’était le frère de l’organiste Xavier DUFRESSE, également aveugle, ancien élève d’André Marchal à l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris, puis de Marcel Dupré au CNSM, où il obtint un 1er d’orgue en 1952. Longtemps suppléant à Saint-Pierre-de-Chaillot, St-François-Xavier, St-Germain-des-Prés et St-Antoine-des-Quinze-Vingt, celui-ci a été également pendant une dizaine d’années maître de chapelle et organiste de Notre-Dame-de-Lorette, succédant là en 1979 à Denise Launay. Enseignant aussi à l’INJA durant de nombreuses années, il s’est retiré au début des années 1990 dans son Bourbonnais natal. En 1997 Xavier Dufresse a enregistré un CD à l’orgue de l’abbaye de Sept-Fons avec des œuvres de J.S. Bach.
Le 28 octobre 1999 à l’âge de 92 ans, le pianiste Lucien PIPEREAUT est décédé. La cérémonie religieuse a eu lieu le 30 octobre en l’église Notre-Dame de Deuil-la-Barre (Val-d’Oise)
|
Partition dédicacée par Guy de Lioncourt (1936) à Mère Marie-Stéphane, École Vincent d'Indy, Montréal. ( Coll. Céline Fortin )
|
Avec le décès le 6 novembre 1999 survenu dans sa soixante quinzième année de Germaine de LIONCOURT disparaît une figure de la musique. Fille de Guy de Lioncourt, petite-nièce de Vincent d’Indy, filleule de Michel d’Argoeuves, belle-fille de Paul Berthier (fondateur de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois en 1907), veuve de Jacques Berthier et mère de Vincent Berthier de Lioncourt (fondateur avec Philippe Beaussant du Centre de Musique Baroque de Versailles en 1987), celle-ci, musicienne dans l’âme, fit quelque temps partie des chœurs de l’Ecole Supérieure de musique César-Franck et de ceux de la Chanterie Sainte-Anne. Elle participa notamment en 1949 à la musique du film documentaire de Jean-François Noël intitulé " Les Gisants ". Membre de la Commission Francophone Cistercienne, elle élabora également des textes liturgiques en usage dans les communautés religieuses et monastiques que son mari mettait en musique, tels ces psaumes-chorals écrits dans la tradition de ceux de Goudimel. Mais c’est surtout comme dépositaire et gestionnaire de l’œuvre de son père, Guy de Lioncourt, de celles de son beau-père, Paul Berthier, et de son mari, Jacques Berthier (1800 titres) qu’elle se démenait inlassablement afin de les faire mieux connaître au grand public. C’est ainsi qu’éditions, enregistrements, concerts, messes et articles étaient son lot quotidien qu’elle assumait d’ailleurs avec beaucoup d’enthousiasme et de rigueur jusqu'à ses derniers jours.
Très marquée par toute une jeunesse passée à l’Ecole Supérieure de musique César-Franck, à Paris auprès de son père qui en assurait la direction, voici quelques années elle participa très activement aux multiples démarches, aux côtés de son mari, pour faire revivre cette école en la refondant avec la Schola Cantorum alors dirigée par Michel Denis. Sa bibliothèque fort riche compte notamment en manuscrit une très intéressante histoire de cette école César-Franck depuis 1934 qu’elle a écrite avec beaucoup de talent et de passion.
Une messe à la quelle étaient conviés sa famille et ses nombreux amis a été célébrée à sa mémoire le 21 janvier 2000 en l’église Sainte-Sulpice.
Après la disparition de Madeleine de Valmalète, Gaby CASADESUS, une autre grande dame du piano nous quittait quelques mois plus tard le 12 novembre 1999, en son domicile parisien. Née Gabrielle L’Hôte le 9 août 1901, elle obtenait un premier prix de piano à l’âge de 16 ans au Conservatoire de Paris dans les classes de Louis Diémer et de Marguerite Long.
|
Robert Casadesus ( photo X..., coll. Max Méreaux ) DR
|
Elle recevait également de précieux conseils de la part de Ravel, Schmitt, Fauré et Moszkowski et en 1921 épousait le pianiste et compositeur Robert Casadesus (1899-1972) avec qui elle formera plus tard le célèbre duo Robert et Gaby Casadesus. Ils créèrent notamment à Varsovie (1934) le Concerto pour deux pianos de Robert Casadesus. Leur fils Jean (1927-1972), également pianiste, se joignait parfois à eux et c’est ainsi qu’ils donnèrent ensemble en 1965, en première audition, au Lincoln Center de New-York le Triple concerto de Robert Casadesus. Gaby Casadesus pratiquait en outre la musique de chambre avec entre autres Zino Francescatti et les quatuors Guarneri et Juilliard. Pédagogue renommée elle a formé de nombreux élèves tant dans des Universités américaines, qu’au Mozarteum de Salzbourg, à l’Académie Maurice Ravel de Saint-Jean-de-Luz, à la Schola Cantorum de Paris et au Conservatoire américain de Fontainebleau que dirigeait à partir de 1946 son mari.
Après la mort de son mari Gaby Casadesus s’est évertuée à perpétuer la mémoire de son œuvre notamment en créant en 1975 à Cleveland aux USA le Concours international de piano Robert Casadesus. Elle est l’auteur d’un livre de souvenirs Mes noces musicales écrit avec Jacqueline Muller (Paris, 1989, éd. Buchet-Castel).
Après son inhumation le 18 novembre, dans la plus stricte intimité, dans le caveau de famille au cimetière de Recloses (Seine-et-Marne), une messe de souvenir a été dite le lendemain en l’église Sainte-Clotilde, à Paris.
Un mois auparavant, le 11 octobre à Paris, s’éteignait à l’âge de 73 ans sa cousine, Odette Casadesus-Chambily. Poète, celle-ci laisse une œuvre en partie éditée qui fit l’objet notamment de plusieurs émissions de radio sur Europe 1 et Radio Luxembourg par le comédien Jean-Claude Pascal.