Le Panthéon des musiciens

De novembre 1994 à mars 1995

Giocanda DE VITO - Marie-Thérèse ENGRAND - Jean-Michel JAMET - Geoffrey PARSONS - Jean GIRAUDEAU - Françoise RENET - Michel GARCIN  

Giocanda DE VITO, célèbre violoniste italienne s'est éteinte en novembre 1994, a l'âge de 87 ans. Enfant prodige, elle avait effectué ses études au conservatoire Rossini de Pesaro avant d’enseigner à celui de Bari puis à ceux de Rome et de Sienne. Elle se produisait également dans le monde entier et avait notamment joué sous la direction de Furtwängler, avec qui d'ai1leurs elle enregistra les concertos de Brahms et de Mendelssohn. Elle avait épousé en 1949 David BICKNELL, administrateur d'une société de disques anglaise.

Le 9 janvier 1995, c'est l'organiste Marie-Thérèse ENGRAND qui est décédée dans sa 94ème année. Ancienne élève de l’Institut Martenot à Neuilly-sur-Seine, elle avait tenu durant 52 ans les claviers du grand orgue de la cathédrale de Meaux (Seine-et-Marne). Issue d'une vieille famille Briarde, celle-ci comporte de nombreux musiciens de talent : Maurice ENGRAND, le père de Marie-Thérèse, violoniste, fonda dans les années 1910 l'Orchestre symphonique de Lagny avant de s’installer à Meaux, où i1 dirigea l'Orchestre Saint-Faron. Madeleine, autre fille de Maurice, fut également organiste ainsi que chef' de chœur. Leur frère François, trompettiste professionnel, se produisait au Casino de Paris. Une nièce, Véronique ENGRAND, élève d'orgue de Rolande Falcinelli (1962-1966), est actuellement titulaire de l'orgue de l'église St-Vincent-de-Paul à Paris. Enfin. un cousin. Bernard ROBILLARD, fut organiste à l’Université de Beyrouth et son fils, Louis, né à Beyrouth le 10.12.1939, après avoir été élève à la Schola Cantorum puis au CNSM de Paris, est actuellement titulaire du grand orgue de l'église St-François-de-Sales de Lyon où il a succédé à Marcel Péhu, et professeur d’orgue au CNR de cette ville... Marie-Thérèse ENGRAND a également laissé quelques compositions comme ces Cinq versets sur "Adoro te" pour orgue. Chevalier des Palmes académiques, ses obsèques ont été prononcées à la cathédrale de Meaux le 13 janvier 1995.

Le 28 janvier 1995 c'est le facteur d’orgues Jean-Michel JAMET qui a disparu. La cérémonie religieuse s'est déroulée le 2 février en l'église Saint-Joseph-des-Nations, dans le onziène arrondissement parisien.

Jean Giraudeau
Jean Giraudeau vers 1960
( Photo X..., coll. Golgevit )
Photo grand format
avec sa pianiste Catherine Brilli

L'accompagnateur au piano de chanteurs aussi célèbres que Hans Hotter, Nicolaï Gedda, Elisabeth Schwarzkopf, Jessye Norman ou encore Victoria de Los Angeles est mort au cours du week-end du 28 janvier 1995. Geoffrey PARSONS, né à Sidney le 15 juin 1929 , après avoir effectué des études musicales au conservatoire de cette ville, était devenu rapidement l'accompagnateur préféré des chanteurs les plus célèbres après la retraite de Gerald Moore en 1967. Sa discographie est impressionnante et atteste de l'ampleur de son répertoire. Il avait une certaine préférence pour la mélodie française et le lied romantique allemand.

Jean GIRAUDEAU, l'une des personnalités lyriques les plus marquantes de sa génération, nous a quittés le 7 février 1995 à Toulon, sa ville natale. Premier ténor à l'Opéra. ancien directeur de l'Opéra-Comique, maître des études vocales à la R.T.L.N., professeur de chant au Conservatoire, professeur de chant au Centre national de préparation au C.A.E.M., professeur d'opéra à Charenton, ce grand musicien était né le 1er juillet 1916 à Toulon, où ses parents enseignaient au Conservatoire de cette ville. Après de brillantes études qui lui valurent une licence en droit, ainsi que des 1er Prix de chant, d'opéra et de violoncelle et même un poste d'organiste, il débuta sa carrière de chanteur en 1942 au Théâtre de Montpellier avec le rôle de Wilhem dans l'opéra Mignon d'Ambroise Thomas. Il parcourait ensuite la France entière ainsi que la Suisse, la Belgique et Monte-Carlo. En 1947 il montait à Paris où rapidement il remportait un réel succès tant à la salle Favard qu'à la salle Garnier. Son répertoire de rôles est considérable : Les Pêcheurs de Perles, Lakmé, La Traviata, Rigoletto, Les Indes Galantes, Ariane à Naxos... C'est pour lui que Georges Auric avait créé le poste de "préfet du chant" au sein de l'Opéra de Paris en 1964. Musicien complet, le ténor Jean GIRAUDEAU était aussi à l'aise sur les planches qu'au pupitre de chef d'orchestre. Sa sensibilité, son charme, son intelligence et sa subtilité faisaient qu'il avait dans ce domaine également un grand succès. On se souvient notamment de sa belle interprétation du Roi David d'Honegger, le 17 juin 1982 à l'église Saint Pierre de Charenton (Val-de-Marne) lorsqu'il dirigeait les Chœurs de la Madeleine et l'orchestre du Théâtre. Nous nous unissons à Pierre-Petit pour dire qu'effectivement c'était quelqu'un de rare et un grand monsieur.

Françoise Renet
Françoise Renet aux grandes orgues de l'église St-Sulpice, Paris, vers 1984
( photo Louis Comtet,
coll. Association des Amis de l'Art de Marcel Dupré )

Le 23 mars 1995 à Versailles s'est éteinte l'organiste Françoise RENET. Née en 1924 à Paris, celle-ci fut élève au Conservatoire national supérieur de musique de Paris à partir de 1945 où elle obtint notamment dans la classe de Marcel Dupré un 1er Prix d'orgue quatre ans plus tard. Elle suppléa rapidement son maître à l’église Saint-Sulpice dès 1952, puis Jean-Jacques Grünenwald en 1973, et assura un long intérim de décembre 1982 à janvier 1985 entre ce dernier et l'arrivée de Daniel Roth, avant d'être nommée cotitulaire cette même année. Mais elle se retira de St-Sulpice peu de temps après (octobre 1985). Elle a également exercé quelque temps dans la chapelle des Petites Soeurs de l'Assomption dans le XVème arrondissememt [Notre-Dame-du-Salut] où est installé un orgue Gutschenritter de 9 jeux datant de 1957, ainsi qu'à l’église Saint-Benoît d'Issy-les-Moulineaux . Françoise RENET joua un rôle important au sein de l'Association des Amis de l'Art de Marcel Dupré, fondée en 1970 par Georges Humbrecht, dont elle fut longtemps vice-présidente. Elle enseignait aussi au Conservatoire de musique Marcel-Dupré de Meudon.
Repères biographiques, concerts, discographie.


Michel GARCIN, "le père Joseph de la musique", est mort vers le 23 mars 1995. Premier prix de fugue et de contrepoint au Conservatoire de Paris, devenu par la suite musicologue et éditeur de disques, il avait dès les années 1950 découvert Messiaen, Xénakis, Landowski et Boulez (Erato). C'est lui également qui avait révélé, voilà plus de 30 ans, dans le domaine du disque Maurice André, Jean-Pierre Rampal, Marie-claire Alain ou encore Armin Jordan et Scott Ross. Né à Rochefort au début des années 1920 il a toujours fait preuve tout au long de sa vie de beaucoup de discernement !

Denis Havard de la Montagne

 


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