Le Panthéon des musiciens
De décembre 1990 à mars 1992
Yves DEVERNAY - Guy LAFARGE - Paul TORTELIER - Anne-Marie BARAT - Abbé Emmanuel LE COAT - Emil TCHAKAROV - Jean PAGOT - Zino FRANCESCATTI - Eugène BOZZA - Marcel FOURNET - Maria BRANÈZE - Adolphe SIBERT - Jean-Louis GIL - Marcelle BUNLET - Christian SELVA - Joseph ROUCAIROL - William SCHUMAN - Pierre DERVAUX - Jean PASQUIER - Jean-Paul RIEUNIER - Eberhard WAECHTER - Noémie PÉRUGIA - Patrice CAIRE - Arpard GERECZ - André PROFFIT - Noël DARROS - Nicolas REBOUL-SALZE
Yves DEVERNAY, l’un des quatre cotitulaires du grand orgue de Notre-Dame de Paris, nommés en 1985 à la suite de la mort de Pierre Cochereau, s’est éteint brutalement le 10 décembre 1990 chez lui à Tourcoing, à l’âge de 53 ans. Il était également titulaire des orgues de l’église Saint-Christophe de Tourcoing depuis 1962, où il était né le 9 mai 1937. Tout d’abord élève de Jeanne Joulain au Conservatoire de Roubaix, il intégra ensuite en 1958 la classe de Rolande Falcinelli au CNSM de Paris, après un passage d’une année au Conservatoire de Lille. Premier prix d’orgue en 1961, il étudia également quelque temps avec Marie-Claire Alain et fut lauréat de plusieurs concours internationaux, dont celui de Chartres en 1971. Professeur d’orgue aux conservatoires de Roubaix et de Valenciennes, il était aussi un organiste virtuose possédant une grande technique alliée à un talent incontestable. Son oncle Edouard Devernay toucha les orgues de l’église Notre-Dame des Victoires de Trouville (Calvados) durant quarante ans (1912 à 1952). Ses obsèques ont été célébrées en l’église Notre-Dame des Anges de Tourcoing. Un ouvrage de 98 pages : In memoriam Yves Devernay (1937-1990), édité à l’initiative de ses amis, est en vente auprès de l’association " Les orgues de Saint-Christophe ", 24 rue Jules Watteuw, 59200 Tourcoing.
Guy LAFARGE "merveilleux musicien, qui avait connu une gloire méritée dans un genre considéré comme mineur, mais auquel il avait su, après d'autres, donner ses lettres de noblesse : l'opérette" (dixit Pierre-Petit dans Le Figaro du 19.12.1990), est mort vers la mi-décembre 1990, dans sa quatre-vingt-septième année. On lui doit notamment La Leçon d'amour dans un parc, Il faut marier maman, L’Œuf à voiles et sa célèbre chanson la Seine bien connue du grand public.
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Paul Tortelier en août 1976, à l'Académie internationale d'été de Nice ( photo Michel Baron )
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Signature autographe de Paul Tortelier ( Coll. Martial Morin )
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Le grand violoncelliste français Paul TORTELIER, fils spirituel de Pablo Casals, est décédé le 18 décembre 1990 à Villarceaux (Yvelines). Il a été emporté à l’âge de 76 ans par une crise cardiaque survenue pendant un cours d’interprétation qu’il donnait devant une douzaine de jeunes élèves, au château de Villarceaux. Issu du Conservatoire de Paris, où il avait étudié le violoncelle avec Gérard Hekking et remporté un premier prix à l’âge de seize ans, il avait été ensuite lancé par Pablo Casals en 1950 lors du premier Festival de Prades. Professeur au CNSM de Paris durant deux années (1957-59), il enseigna ensuite à Essen et à Nice jusque 1980, puis en Chine. Tout d’abord premier celliste dans de grands orchestre nationaux (Monte-Carlo, Boston, Concerts du Conservatoire...), il fit ensuite une brillante carrière de soliste et de chambriste.
Le trio formé avec Arthur Rubinstein et Isaac Stern est resté célèbre. Comme compositeur on lui doit notamment une Symphonie d’Israël, ainsi que des concertos et sonates écrits pour son instrument. Sa femme, née Maud Martin, qu’il avait épousée en 1946, est également violoncelliste, ancienne élève au CNSM de Pierre Fournier, Maurice Maréchal et Joseph Calvet. Elle a longtemps été une remarquable partenaire de son mari dans des œuvres qui demandent deux violoncelles. Deux de leurs enfants ont fait carrière à leur tour dans la musique : Yan-Pascal Tortelier et Maria de la Pau. Le premier, né à Paris le 19 avril 1947, est un chef d’orchestre réputé, qui a étudié l’harmonie dès l’âge de 12 ans auprès de Nadia Boulanger. Depuis 1992 il est premier chef de l’Orchestre philharmonique de la BBC à Manchester. La seconde, Maria de la Pau, née à Prades le 13 mai 1950, est la filleule de Pau (Pablo) Casals. Elle a étudié le piano auprès de Jean-Marie Darré et Lélia Gousseau au CNSM et mène une carrière de pianiste concertiste.
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Anne-Marie Barat au grand orgue de la cathédrale de Soissons (Aisne) ( photo aimablement communiquée par M. Jean-Michel Saincierge/Association "Musique et Orgue" )
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Le 21 décembre 1990 est tragiquement décédée à l’âge de 42 ans l’organiste Anne-Marie BARAT alors qu’elle portait secours à un accidenté de la route. Née à Fontainebleau (Seine-et-Marne) le 20 juin 1948, elle débute très tôt des études de musique et entre dès l’âge de 11 ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où elle fait toutes ses études, notamment de piano auprès de Marcel Ciampi et de Vlado Perlemuter. 1er prix de piano concertiste à l’Académie Marguerite Long, et 1er de contrepoint, d’harmonie, de fugue et d’analyse musicale au CNSM, elle se consacre entièrement à l’orgue à partir de 1970, sous la conduite de son maître André Marchal dont elle est la dernière élève, et entre dans la classe de Rolande Falcinelli d’où elle ressort en 1976 avec un brillant 1er prix.
Titulaire du grand orgue de Saint-Louis de Fontainebleau à partir de 1974, elle était également nommée à celui de la cathédrale de Soissons à partir de 1988, succédant là au chanoine Henri Doyen qu’elle suppléait déjà depuis 1982. Soliste à Radio-France (1978), pédagogue très appréciée, elle enseignait l’orgue et l’écriture à l’Ecole de musique de Fontainebleau et au Conservatoire Roger Bourdin de Marly-le-Roi... Ses obsèques ont été célébrées le 26 décembre en l’église Saint-Louis de Fontainebleau.
L’un de ses élèves, Jean-Michel Saincierge, organiste de l’église Saint-Amand de Thomery et président de l’Association Musique et Orgue de Saint-Pierre-les-Nemours (Seine-et-Marne) lui consacre une biographie plus détaillée.
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Abbé Emmanuel Le Coat
(photo X...) DR.
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Un grand serviteur de la musique sacrée vient de nous quitter le 12 juin 1991, l'Abbé Emmanuel LE COATà l'âge de 89 ans. Il est décédé à l'ancien Carmel de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) où il s'était retiré depuis août 1989. Né le 27 février 1911 à Plouha (Côtes-d'Armor), d'un père capitaine au long cours, ordonné prêtre le 8 juillet 1934, après avoir enseigné à l'Institution Notre-Dame de Guingamp, puis à partir de septembre 1936 nommé instituteur à Plésidy, il avait ensuite succédé le 2 septembre 1938 à la tête de la maîtrise de la cathédrale de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) à l'abbé Métayer, appelé lui-même à monter le grand-orgue. Il ne quittera son poste que 50 ans plus tard en 1988, afin de prendre une retraite bien méritée, laissant la place à son élève, Léon Guillou. Ses obsèques ont été célébrées le 15 juin 1991 en cette cathédrale de Saint-Brieuc qu’il a tant servie, rassemblant 60 prêtres autour de leur évêque, 200 chanteurs et une foule d’amis, suivie de son inhumation au cimetière de Plouha. " Prêtre, musicien et apôtre ", comme l’écrira son ami l’abbé Louis Aubeux, l’abbé Emmanuel Le Coat avait également participé à la fondation de la Fédération internationale des Pueri Cantores, dans le répertoire de la musique folklorique. Il était officier d’Académie, chevalier des Palmes académiques et médaillé d’honneur des sociétés musicales et chorales.
Avec le décès à Paris, le 4 août 1991, du chef d'orchestre bulgare Emil TCHAKAROV, c’est l'un des derniers élèves de Karajan qui disparaît. Il était âgé de 43 ans. Né le 29 juin 1948 à Burgas (Bulgarie), il avait commencé ses études au Conservatoire de Sofia avant de devenir plus tard l’assistant du maître à la Philharmonie de Berlin et au Festival de Salzbourg. Par la suite il fut invité permanent du Philharmonique de Leningrad avec lequel il a enregistré plusieurs disques. Son ultime enregistrement Boris Godounov, avec Nicolaï Guiaurov doit paraître très prochainement. Il avait fait ses débuts au Met de New-York le 27 septembre 1979.
Premier prix d’harmonie
en 1942 (classe de Jacques de La Presle) et 2e prix de fugue en 1947
au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, ancien élève aussi de
l’Ecole supérieure de musique César-Franck (prix de composition 1943 dans la classe
de Guy de Lioncourt), Jean PAGOT est mort le 5 septembre 1991 à Paris. Né
le 5 juin 1920 dans cette même ville, fils de Charles Pagot, professeur, et de
Jeanne Huet, sa modestie et sa réserve naturelle l’ont quelque peu freiné dans
sa carrière. Professeur à la Manécanterie des Petits chanteurs à la Croix de Bois,
directeur des Petits chanteurs de la Renaissance, fondateur en 1978 de la
chorale « La Forlane » (une formation du mouvement « A Cœur
joie » Paris-Centre, dirigée ensuite par Adam Vidovic), il enseignait
aussi la musique en collège, notamment au collège Alfred de Musset (Paris
XVIe), où, parmi ses jeunes élèves avait figuré Jean Guilcher, qui plus tard
deviendra en 1993 titulaire du Cavaillé-Coll de Saint-Pierre de Charenton
(Val-de-Marne). Organiste lui-même, il avait touché durant plusieurs années les
instruments des églises parisiennes de Saint-Leu-Saint-Gilles (Paris Ier)
et de Notre-Dame des Blancs Manteaux (Paris IVe). Comme compositeur, on lui doit
plusieurs œuvres de musique religieuse (motets, messes, psaumes, pages pour
orgue) et aussi profane (chœurs, chansons) parmi lesquelles un Plein-Jeu et
Méditation pour orgue que Raphaël Tambyeff interpréta le 17 février 1991 à
l’orgue de l’église Saint-Germain-des-Prés (Paris VIe), lors d’un concert
organisé par la Société Française de Musique Contemporaine.
Sa messe d’enterrement a
été célébrée le 10 septembre en l’église Notre-Dame de Grâce de Passy, par les
abbés Armand Ory (organiste, directeur de la revue Musique sacrée), Bard
(de Villers-la-Faye, Côte-d’Or) et Manière (dominicain de Nancy). Raphaël Tambyeff
à l’orgue a interprété la Méditation et des extraits de la Messe
mariale. Son épouse, née Amélie Collet, musicienne professionnelle lui a
survécu 17 ans (décédée en 2008) et leur fille Elisabeth s’en était allée un an
plus tôt en 2002, emportée par un cancer à l’âge de 45 ans.
Pour compléter ce bref
portrait, ajoutons ce qu’écrivait A. Ory en 1991 dans sa revue (n° 214) : « Jean Pagot était un musicien de talent, qui sans doute n’a
pas donné toute sa mesure, en raison d'une réserve excessive. Ceux qui l'ont
bien connu et ont bénéficié de son enseignement parlent de lui comme d’un
merveilleux chef de chœurs. C'était aussi un esprit curieux, amateur de
vieilles éditions, familier des bibliothèques, à la recherche du motet inédit
qu'il se plaisait alors à transcrire. Sa discothèque renferme des
enregistrements, aujourd'hui introuvables, témoins précieux du style des grands
interprètes qui n’ont pas connu le microsillon. »
Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1991 s'est éteint dans sa résidence de la Ciotat le plus célèbre des violonistes vivants en la personne de Zino FRANCESCATTI. Né le 9 août 1902 à Marseille il eut pour premier professeur son propre père également violoniste et élève du grand Paganini. Enfant prodige, il jouait en public à l’âge de cinq ans et à l’âge de dix ans interptérait le Concerto pour violon de Beethoven ! Il n’eut ainsi aucun mal à conquérir le Palais Garnier en 1925, avant de partir en tournée avec Ravel. En 1939 il développait une prestigieuse carrière à New-York. En 1970 il quittait la scène pour revenir dans sa Provence natale. Son violon était un Stradivarius de 1727 appelé le Hart. Zino Francescatti avait également tâté de l’enseignement, notamment à partir de 1927 à l’Ecole normale de musique de Paris.
Comme à l’accoutumée les médias ont passé sous silence le décès d'un éminent musicien survenu à Valenciennes le 28 septembre 1991 en la personne d'Eugène BOZZA, 1er Grand Prix de Rome en 1934 ! Né le 4 avril 1905 à Nice, il fit ses études au CNSM de Paris où il raflait les premiers Prix de violon (1924, classe d’Edouard Nadaud), de direction d'orchestre (1930, classe d’Henri Rabaud)) et de composition (1934, classe d’Henri Büsser). C'est avec sa cantate la Légende de Roukmani qu'il remporta le 1er Grand Prix de Rome, devant Jean Hubeau et René Challan. Chef d'orchestre à l'Opéra-Comique (1939-48), puis directeur du Conservatoire de Valenciennes où il s’installe, il est l'auteur de très nombreuses œuvres pour instruments à vent ou pour orchestre : Pax triumphans, Sinfonietta, un Concerto pour piano, un Concerto pour flûte et orchestre à cordes...., ainsi que des pièces vocales et théâtrales dont une Messe a capella, l'oratorio La Tentation de Saint Antoine, l'opéra Léonidas ou encore le ballet Jeux de plage.
Marcel FOURNET, organisateur dévoué depuis 1943 du célèbre Concours Marguerite Long -Jacques Thibaud est décédé à la fin du mois de septembre 1991. Le service religieux a été célébré le 3 octobre à l'église St-Ferdinand-des-Ternes à Paris.
Cantatrice et pédagogue, Maria BRANÈZE vient de disparaître à l’âge de 83 ans, dans le courant du mois de novembre 1991. Professeur de chant au Conservatoire de Paris, elle avait été engagée à l'Opéra de Paris et à l'Opéra-Comique dès la fin de la guerre où elle chantait notamment Louise (Charpentier), Suzanne (Les Noces de Figaro) et Pamina (La Flûte enchantée).
Le Viennois chef d'orchestre et homme de radio Adolphe SIBERT est décédé le 10 novembre 1991 ; il était âgé de 92 ans. Producteur depuis 25 ans à France-Musique, il incarnait sur les ondes françaises l'opérette viennoise, étant né dans la capitale autrichienne qu'il avait dû quitter après l'Anschluss en 1938. Sa dernière émission "Concert-Promenade" avait été diffusée le 30 juin 1991. Il avait dirigé nombre d'opérettes viennoises, dont La Chauve-Souris et Au Pays du Sourire que l'INA et Auvidis ont diffusé en CD.
Jean-Louis GIL, organiste de l'Orchestre national de Lyon, est décédé le 7 novembre 1991 à l'âge de 40 ans. Ses obsèques ont été célébrées le 9 à Angers, sa ville natale . Elève d'André Isoir à Angers, puis professeur dans le conservatoire de cette ville à partir de 1979, il avait également tenu l’orgue de l'église St-Rémy à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) de 1968 à 1970, puis celui de St-Médard à Paris Ve où il succédait à son maître André Isoir.
La cantatrice Marcelle BUNLET, l'une des plus grandes voix du répertoire wagnérien, est décédée dans le courant du mois décembre 1991, à l'âge de 91 ans. Née le 9 octobre 1900 à Fontenay-le-Comte (Vendée), cette célèbre soprano débuta à l’Opéra de Paris dès 1925. Trois années plus tard, elle chantait Brunhilde dans le Crépuscule des Dieux. Son talent lui vaudra d’être choisie pour chanter Wagner à Bayreuth en 1931 et de donner des récitals dans le monde entier. Elle avait quitté la scène en 1950.
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Christian Selva, vers 1963 ( coll. Dominique Patte de Dufourcq )
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Christian SELVA, qui fut, entre autre, la voix invisible des chansons du film Pinocchio de Walt Disney, s’est éteint à Amiens le 19 décembre 1991. René Patte pour l'état-civil (son nom de scène lui fut trouvé par Georges Van Parys), était né le 27 mars 1920 à Amiens et s’intéressa très tôt à la musique et au chant. Encouragé et conseillé dans sa vocation de chanteur par Paul Franz et Reynaldo Hahn, cet ancien élève de Georges Thill fut le premier interprète des Chants de France de Joseph Canteloube, avec lequel il participa à de très nombreuses émissions radiophoniques consacrées aux chants populaires et enregistra 4 disques en 1942-1943, avec l'auteur au piano. Ténor demi-caractère, il interpréta par la suite les mélodies de Fauré, Duparc, Gounod et Massenet, avant de se diriger vers l’opérette et la comédie musicale : en Angleterre, tout d’abord dès 1949, avec Latin quarter de Paul Durand (paroles de Kermit Goell), une comédie musicale anglaise dont il sera la vedette et qui tiendra l’affiche plus d’un an à Londres. La Belgique et l’Allemagne seront aussi ses autres pays d’adoption puisqu’il y interprétait fréquemment des opérettes de Franz Lehar et grava le Pays du sourire (Opéra de Liège, 1950). En France, il créa, à Paris, en 1954 et 1958 deux autres opérettes à succès : Mon P'tit pote de Marc Cab et Jean Valmy, musique de Jack Ledru (Decca) et Coquin de printemps des mêmes auteurs, musique de Guy Magenta et Fernand Bonifay (Pacific). De retour à Londres en 1959 pour y tenir le rôle principal de l'opéra comique anglais Bless the bride de A.P. Herbert, musique de Vivian Ellis, il effectuera avec succès (la critique le compara à Richard Tauber) une longue tournée à travers toute l’Angleterre et l’Ecosse. Fin 1960, il décidait de poursuivre sa carrière aux Etats-Unis et devenait la vedette d’un show à Las Vegas. [Partition: Viens, la vie n'attend pas]
Un grand ami de la musique, Mgr Joseph ROUCAIROL, archiprêtre de la cathédrale de Montpellier, nous a quittés au début du mois de février 1992. Ses obsèques ont été célébrées le mardi 4 février à 10 heures en la cathédrale St Pierre de Montpellier où il était organiste titulaire depuis plus de 40 ans. Directeur fondateur de la Chorale Urbain V, ancien professeur d’orgue au Conservatoire de Montpellier, ancien président de la fédération française et de la fédération internationale des Pueri Cantores, officier dans l’ordre des palmes académiques, chevalier de la Légion d’honneur, prélat de sa sainteté, Mgr Roucairol était avant tout un musicien amoureux du chant. Il se dépensait sans compter pour animer des chorales. Dès le début des années soixante il collaborait à la revue Musique sacrée l’Organiste, dans laquelle il fit paraître quelques compositions de son crû. De la race des abbés Carol, Roussel, Doyen, Le Capon, Auriol, Aubeux et Fauchard, la disparition de cet " ouvrier de la musique sacrée " laisse assurément un immense vide dans ce domaine.
C’est un ancien élève de Nadia Boulanger, William SCHUMAN, compositeur américain, qui est mort le 15 février 1992, à l'âge de 81 ans, des suites d'une opération à la hanche. Né le 4 août 1910 à New-York, il avait été notamment élève de Nadia Boulanger à Paris. En 1945 il devint président de la Juilliard School of Music, ainsi que directeur, puis conseiller des éditions Schirmer. En 1962 il fondait et présidait le Lincoln Center de New-York. Ce compositeur laisse une dizaine de Symphonies, des Concertos pour violon, des Quatuors et des opéras et ballets.
Chef réputé
, Pierre DERVAUX, président des Concerts Colonne, est mort le 20 février 1992 dans sa soixante-quinzième année. Ses obsèques ont été célébrées le 28 en l'église Saint-Roch à Paris. C'est dans un hôpital marseillais qu'il est décédé des suites d'une longue maladie. Né à Juvisy-sur-orge (Essonne) le 3 janvier 1917, élève au Conservatoire de Paris à l’âge dès 9 ans, il débute rapidement en 1934 dans la fosse de l'Opéra Comique comme timbalier, puis de 1945 à 1953 devient directeur de ce théâtre et de 1956 à 1970, chef permanent à l'Opéra de Paris. En 1958, il est nommé président-chef d'orchestre des Concerts Colonne. On le verra également par la suite directeur de l'orchestre Symphonique de Québec, directeur de l'Orchestre philharmonique des Pays de la Loire et enfin directeur musical à Nice. Pierre Dervaux était aussi enseignant et succéda en 1964 à Jean Fournet dans la classe de direction d’orchestre de l'Ecole normale de musique. Parmi ses nombreux élèves, notons Jean-Claude Casadesus, Sylvain Cambreling, Alain Pâris, Jean-Claude Bernède. Attaché à la musique française (Bizet, Roussel, Ravel, Debussy, Fauré, Schmitt ou Fauré), c'était un grand chef d'orchestre qui laisse, comme compositeur, deux symphonies, un quatuor, un trio ainsi que des concertos et mélodies.
Membre de l'une des plus fameuses dynasties de musiciens français, le violoniste Jean PASQUIER est décédé au début du mois de mars 1992 à l’âge de 88 ans. Dès 1927 il avait formé avec ses frères Pierre (altiste) et Etienne (celliste) le célèbre Trio Pasquier, qui ne sera dissous qu'en 1974. Ce trio se consacrait surtout à la défense de la musique française et créa notamment des œuvres de Darius Milhaud, Bohuslav Martinu, Jean Françaix, Florent Schmitt et Gabriel Pierné. Egalement membre de l'orchestre de l'Opéra de Paris, Jean Pasquier avait enregistré de nombreux disques avec Marguerite Long et Jean-Pierre Rampal. C'est en 1970 que Bruno Pasquier (altiste) Régis Pasquier (violoniste) , tous deux fils de Pierre Pasquier, et Roland Pidoux (violoncelliste) formèrent le Nouveau Trio Pasquier .
Jean-Paul RIEUNIER, chevalier des Arts et Lettres nous a quittés le 27 mars 1992. Professeur conseiller aux études, chargé de la diffusion de la musique contemporaine au Conservatoire de Paris depuis le 1er janvier 1970, il était marié à Françoise GUMPEL, une ancienne élève d'orgue de Rolande Falcinelli au Conservatoire de Paris. Celle-ci est actuellement professeur d'analyse musicale dans cet établissement supérieur et organiste de l'église Sainte-Odile à Paris XVIIe.
Eberhard WAECHTER, le célèbre baryton autrichien, est mort le 29 mars 1992 au cours d'une promenade dans la forêt viennoise, à l'âge de 63 ans. Né à Vienne, le 9 juillet 1929, il fut élève au Conservatoire de Vienne et dès 1955 était engagé à l'Opéra de cette ville. Son succès mondial était rapide et devenait ainsi l'un des plus grands interprètes mozartiens de l'après-guerre sur les scènes internationales. Il s'imposa également dans le répertoire wagnérien à Bayreuth dès 1958, dans les rôles d'Amfortas (Parsifal) et Wolfram (Tannhàuser), mais ne dédaignait pas pour autant l'opérette où il a notamment enregistré avec Karajan la Chauve-Souris.
Au début du mois d’avril 1992, la soprano française Noémie PÉRUGIA est morte aux Pays-Bas où elle s’était retirée. Elle était âgée de 89 ans et fut inhumée dans sa ville natale, Nice, où elle était née le 7 novembre 1903. D'origine Italienne, c'est en 1936 qu'elle débutait dans le Requiem de Verdi puis fut lauréate du Concours international Gabriel Fauré en 1938. Elle devait rapidement vouer sa carrière à la musique de son temps, notamment Fauré et Honegger qu'elle interprétait dans le monde entier. Spécialisée dans la mélodie, elle enseigna à l'Ecole normale de musique de Paris et à la Schola Cantorum. Elle avait fondé à Paris et aux Pays-Bas le Concours international d’interprétation et d’accompagnement Noémie Pérugia, l’Académie de chant et d’art lyrique Noémie Pérugia et à Amsterdam le Concours Gabriel Fauré.
Virtuose de l’orgue, Patrice CAIRE, élève d'orgue de Rolande Falcinelli au Conservatoire de Paris (1975), est décédé à Lyon, sa ville natale, le 17 avril 1992, à l'âge de 42 ans. Il avait également étudié auprès de Suzanne Chaisemartin, Jean Langlais et Louis Robilliard. Professeur de formation musicale au Conservatoire de Lyon, il était aussi organiste du sanctuaire St-Bonaventure de Lyon depuis 1985, là même ou l'Abbé Neyrat, Leon Reuschel et Marcel Papanaud avaient exercé quelques décennies auparavant. Ses funérailles ont été célébrées à St-Bonaventure le 22 avril.
Arpad GERECZ, décédé en Suisse à l’âge de 67 ans, au début du mois de mai 1992, était un violoniste et chef d'orchestre de grande renommée. C'est après le Printemps de Prague qu'il avait décidé de fuir sa patrie pour devenir premier violon et chef associé de l'Orchestre de chambre de Lausanne.
André PROFFIT s'est éteint à Paris, à l'âge de 89 ans, également au début du mois de mai 1992. Ancien élève de Jules Boucherit au Conservatoire de Paris, il mena par la suite une grande carrière de violoniste de chambre et de professeur.
Un autre grand défenseur de la musique sacrée, Noël DARROS, s’en est allé à l'âge de 82 ans ; cela est arrivé dans le courant du premier semestre 1992. Originaire de Lanespède (Hautes-Pryrénées), où son père et son grand-père étaient déjà chantres, il avait pour oncle le chanoine Noël Darros, élève de Guilmant, Vierne, Gigout et Widor, qui avait été organiste des sanctuaires de Lourdes durant 55 ans, jusque 1954, année de son décès. C'est lui d'ailleurs qui a formé son neveu en lui enseignant le grégorien, le piano, l’orgue, l’harmonie et le contrepoint. Après notamment un séjour à Solesmes Noël Darrois revenait à Lourdes pour être nommé (1954) organiste de l’église du Sacré-Coeur, puis partait à Tarbes en 1963 pour tenir les orgues de l'église St-Jean, et enfin, en 1967, ceux de la cathédrale de cette même ville. Il avait une prédilection toute particulière pour des grandes pièces de Bach, Schumann, Liszt, Franck, Tournemire, Dupré et Alain. C'était un ardent partisan de la liturgie solennelle telle que préconisée par la Constitution conciliaire.
Le 15 mars 1992 Nicolas REBOUL-SALZE est décédé à l'âge de 32 ans. Elève de Rolande Falcinelli au Conservatoire de Paris, il avait obtenu un 1er Prix d’orgue (exécution) lors du concours du 10 juin 1988 au cours duquel il interpréta notamment l'Offertoire sur les grands jeux extrait de la Messe des Paroisses de Couperin et le 1er mouvement de la Sonate en trio de l'Offrande Musicale de Bach (transcription de R. Falcinelli). Dans le jury figurait, entre autres, Jean-Paul Rieunier. Sa courte carrière d'organiste lui a tout de même permis d'occuper les tribunes de l'église Saint-Louis de Garches (Hauts-de-Seine), de la chapelle de l'hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) , et de Sainte-Odile à Paris XVIIe où il partageait les claviers avec Françoise Rieunier. Ses obsèques ont été célébrées le 19 mars en l'église Sainte-Odile et le même jour en l'église de Notre-Dame du Marthuret à Riom (Puy-de-Dôme) où il a été inhumé dans le caveau de famille.
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
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