GIUSEPPE
SARTI
Portrait peint en 1873 par Cesare Mussini, d'après le tableau original de Salvatore Tonci ( Galerie moderne du Palais Pitti ) DR. |
Biographie résumée
Giuseppe Sarti naquit à Faenza (Italie) le 1er décembre 1729, seul garçon d'une fratrie de 12 enfants. Son père horloger était aussi organiste à la cathédrale. Attiré par la musique il l’étudia à Bologne de 1729 à 1731 avec le célèbre Padre Martini qui enseigna aussi à Mozart, et à Padoue avec le père Valotti. Il est probable qu'il prit également des leçons auprès du violoniste et compositeur Paolo Alberghi, de 13 ans son aîné, organiste à la cathédrale de Faenza. Revenu dans sa ville natale, il fut nommé maître de chapelle de la cathédrale puis directeur du Théâtre. Là fut exécuté en 1752 son premier opéra Pompeo in Armenia. Son second opéra Il re pastore, donné en 1753 à Venise pendant le Carnaval, connut un grand succès qui le propulsa tôt (il n’avait que 21 ans) au devant de la scène. Cette gloire précoce lui valut d’être appelé par Frédéric V (roi du Danemark de 1746 à 1766) qui le nomma Kapellmeister, professeur du prince héritier et directeur du Théâtre italien. Son premier séjour danois dura 12 ans (de 1753 à 1765). Ce Théâtre déclinant, Sarti partit à la recherche de chanteurs dans son Italie pour la réouverture dudit Théâtre. Il y resta trois années au cours desquelles moururent sa mère et Frédéric V. Après un bref passage à Londres en 1769, il revint au Danemark et pendant ce second séjour de cinq ans (1770-1775) il épousa le 13 août 1773 la cantatrice de Bologne, Camilla Pasi. Christian VII fils de Frédéric V régna de 1766 à 1808 mais incapable, il dut laisser le pouvoir à Struensee, son ministre et médecin. Une tragédie éclata, Struensee s’étant épris de la reine fut exécuté en place publique, et la reine condamnée à la réclusion. C’était en 1772. Sarti resta encore 3 ans à Copenhague, mais le climat de suspicion qui régnait à la cour le contraignit à quitter la capitale du Danemark en 1775.
Cathédrale de Milan où Sarti fut Maître de chapelle de 1779 à 1786 ( dessin de J. Ouartley, XIXe siècle, coll. D.H.M. ) DR. |
De retour en Italie, il séjourna à Venise où il fut nommé maître de chœur et directeur de l’"Ospedale della Pietà" (Sacchini l’y avait précédé et avant Vivaldi). Camilla Pasi se produit à la même époque dans plusieurs opéras de Paisiello et de son époux... En 1779 la mort de Fiorini libéra le poste de maître de chapelle du Dôme de Milan, Sarti se présenta au concours et y fut reçu devant Paisiello. Maître de chapelle du Dôme il le fut pendant 5 ans, sans vraiment respecter son contrat qui lui faisait obligation de ne créer que de la musique religieuse. En effet pendant ce temps là il écrivit plusieurs opéras et enseigna à Cherubini auquel il laissa le soin de composer des parties accessoires pour certains de ses opéras. Paul Petrovitch, prince héréditaire de Russie (appelé le Comte du Nord hors de Russie) venu en Italie avec son épouse, fut témoin du succès à Parme de l’Alexandre et Timotée de Sarti, succès qui suivait celui du Giulio Sabino à Venise. Il le fit alors venir à la cour de Russie, où il resta de 1784 à 1802. Sarti entreprit ce long voyage en faisant des haltes à Mantoue, Venise, Esterhaza, Vienne, accompagné par sa femme Camilia Pasi et ses deux filles Maria et Giuliana. Son opéra Armida e Rinaldo fut exécuté le 15 janvier 1786 pour l’inauguration du Théâtre de l’Ermitage, en présence de Catherine II et de sa cour (la BNF conserve le manuscrit revêtu de la signature autographe de l’impératrice). La diva Luisa Todi s’y exhiba comme elle avait coutume de le faire et Luigi Marchesi, l’élève de Fiorini et de Gerber, y participa également. Sarti avait fait venir d’Italie ce castrat virtuose en 1785. A son passage à Vienne, il avait été l’idole de la cour. Marchesi chantait toujours en prologue et da capo un air de Sarti tiré de son Achyle in Sciro : Mia speranza io pur vorrei et ce, quelque soit le programme musical présenté. Il considérait en effet que cette oeuvre mettait sa voix en valeur. Stendhal écrivit que "le bouquet de plumes blanches qui se balançait sur son casque n’avait pas moins de six pieds de haut" [Dieux et Diva de l’opéra, Candé et Blanchard].
Luisa Todi, mezzo-soprano, ne put supporter que "le sopraniste" Marchesi lui porta ombrage. Favorite de Catherine II, qui lui avait offert un collier de diamants, elle partageait avec l’impératrice les menus plaisirs quotidiens. Aussi n’eut-elle pas grand mal à faire écarter Sarti de la cour de St Petersbourg ; ce qui fut fait le 31 décembre 1786. Cimarosa prit alors sa place. Malgré tout plus tard, pendant la Révolution la Todi chanta à Paris des airs de Sarti.
Ainsi la gloire de Sarti à St Petersbourg connut-elle 4 ans d’éclipse du 31 décembre 1787 au 12 décembre 1791. Mais Potemkine amant puis mari de Catherine II était resté ami de Sarti. Ce dernier ne perdit rien au change, son succès s’amplifia et le richissime Potemkine grand mécène amateur de musique se montra aussi généreux que l’impératrice. A Kiev, près de son palais de Tauride, il offrit à Sarti de vastes terres avec leurs serfs. Sarti un jour, pour lui faire plaisir, tira une composition sur des mots que le prince avait jeté au hasard. De plus durant ces quatre années d’exil doré Sarti revit néanmoins Catherine II en 1787 à Kherson et Kramentchoug , et à Kiev en 1791.
Le voyage de Crimée en 1787
Buste en plâtre de Giuseppe Sarti, anonyme, XIXe siècle ( Bibliothèque communale de Faenza ) DR. [On note une certaine ressemblance, hors perruque, avec le buste du même figurant sur le tableau de Cherubini peint par Dumont en 1792] |
Catherine II voulut montrer son autorité face à une l’Europe déliquescente. Elle se gaussait de Louis XV qui avait cédé une partie de la Louisiane à l’Angleterre autant que de l’Angleterre qui allait abandonner ses provinces à l’Amérique. Mais elle soutint l’Amérique dans sa guerre d’indépendance en décidant en 1780 la « neutralité armée » de la Russie ( la rejoignirent la Suède, le Danemark et le Portugal). Elle ne pensait au contraire qu’à l’expansion de son Empire. Après avoir partagé la Pologne à son avantage (laissant les restes à la Prusse et à l’Autriche), sa grande ambition était de reconstituer un grand empire d’Orient à Constantinople. Pour arriver à ses fins il fallait vaincre les Turcs et gagner ainsi la Mer noire jusqu’à Sébastopol, et par la même occasion vaincre la Suède et Gustave III allié de la Sublime Porte, comme Pierre le grand avait vaincu les Suédois à Poltava. Dans ce but la "Sémiramis du nord" (ainsi l’appelait Sarti, Voltaire), entreprit un long voyage vers la Crimée. Il dura six mois de janvier à juillet 1787. Arrivée à Sébastopol sa flotte nargua Constantinople par des coups de canon. Potemkine pour cette démonstration avait organisé un périple fastueux. Il avait fait bâtir à la hâte de pseudo-villages (baptisés par les allemands avec mépris les "Potemkindörfer") dont l’apparence trompait les invités d’honneur que furent l’empereur Joseph II, le roi de Pologne Stanislas Poniatowski, le comte de Ségur et le prince de Ligne. Ce dernier parle de la musique de Sarti dans ses Mémoires. Déjà à Kherson où elle rencontra Joseh II, Sarti avait composé pour l’impératrice une fugue avec cors qui fit l’étonnement de Joseph II. Peu après, à son passage à Krémentchoug en 1787, un concert fut donné en honneur de Catherine II pour laquelle Sarti composa une cantate (cf. Fessentchko).
En 1788 les guerres russo-turques se conclurent par la victoire de Potemkine à Otchakof le 6 décembre. Sarti que Potemkine avait emmené avec lui, se vante d’avoir participé à ces guerres, mais en réalité il ne contenta seulement de composer un Te Deum pour l’occasion. Il honora ensuite la "Sémiramis du nord" dans les autres camps de Potemkine à Bender et à Jassy. A Jassy où fut signé le traité qui mit fin aux guerres russo-turques on exécuta en plein air, fin janvier 1789, le fameux Oratorio russe de Sarti commandé par Potemkine. Le tonnerre des tambours et des coups de canons accompagnant plusieurs centaines de chantres dirigés par Kashin, louaient la gloire de Dieu dans le Te Deum Laudamus russe Tebia Boga khvalim et la cantate Giove, Gloria e Marte. Cantate et Te Deum furent repris en automne 1790 à Bender (le traité de paix avec la Suède avait été signée le 14 août 1790). Catherine, à laquelle Potemkine avait offert l’Oratorio, en fut si émerveillée qu’elle décida dès 1790 de confier le drame lyrique Oleg qu'elle avait écrit à Sarti. Son grand succès signa le retour en grâce du musicien et la disgrâce de Cimarosa. Le 28 avril 1791, Potemkine (quatre mois avant sa mort) sous prétexte de fêter une nouvelle fois la victoire contre les Turcs, donna une grande réception en son Palais de Tauride. Catherine II y fut conviée, avec la cour, les grands ducs, son dernier amant Platon Zoubov. L’orchestre joua une cantate de Sarti au départ de l’impératrice Ö Tsarine du nord, mère de nombreux peuples alors que Potemkine essuyait une larme. Ce retour en grâce avait été annoncé par quelques prémices : sa nomination de Maître de chœur à Kiev et de directeur de l’Académie de musique d'Ekaterinoslav, et la commande de la mise en musique d' Oleg.
Nommé Gouverneur général des provinces du sud, Potemkine très amateur de musique, eut l’idée de créer en 1786 une Académie de musique (et de sciences) à Ekaterinoslav et confia à Sarti la direction musicale de cette nouvelle institution. Il en perçut les honoraires, soit 35000 roubles annuels par oukase impérial du 2 mai 1792, mais l’Académie resta dans les limbes. Ce qui est certain c’est que Sarti créa à Kiev une école de chant, dont les archives permettent encore d’exécuter des hymnes en slavon.
L’apogée
Oleg, l’Académie des Sciences, le titre de Conseiller de Collège,
la fortune, les lettres de noblesse.
La disparition de Potemkine en 1791 et l’excessive Todi lâchée par l’impératrice, Sarti revint à St Petersbourg le 12 décembre 1791. Mais déjà un an avant, le 10 octobre 1790 avait eu lieu la répétition générale d’Oleg. Catherine II en avait écrit les paroles en hommage au prince Varègue fondateur en 882 d’une petite Russie dont Kiev était la capitale. Sarti composa la musique en collaboration avec Canobbio et Paskévitch ; le premier composa la symphonie initiale et une petite marche, le second trois chœurs pour la scène nuptiale de l’acte III, sur des thèmes russes que reprendra Moussorski. C’était un opéra gigantesque que Catherine II avait d’abord intitulé Le début du règne d’Oleg à l’imitation de Shakespeare. Oleg y apparaissait, un aigle au dessus de la tête, partant à la conquête de Byzance. La première intervention de Sarti dans Oleg est dans les quatre grands chœurs sur des vers de Lomonosov, avec l'ode Quelle victoire resplendit aujourd'hui. Le 1er et le 4ème chœurs sont solennels, le 4ème chant" un Gloria alla Russia. C’est Catherine II qui avait introduit des odes de Lomonosov et une scène d’Alceste d’Euripide en plus des airs du pays. L’ensemble reçut les félicitations du grand poète Derzavin (dont Scotti fit aussi le portrait). Cet opéra fut suivit par les Eclaircissements sur la musique composée pour Oleg de Sarti. Catherine II écrivit à Grimm en mai 1791 "…les chœurs d’Oleg sont les plus beaux du monde et sont pour la plupart de Sarti, tous les modes grecs y sont réunis…"
Le comte Valentin Esterhazy écrit à ce sujet : "Hier j’ai assisté à l’Ermitage à un opéra russe, fait d’anciens airs du pays […] les paroles sont de sa Majesté […] le spectacle est superbe […] les costumes de la plus grande magnificence faits d’étoffes turques d’époque brodées d’argent et d’or [...] Nous n’étions pas 50 spectateurs tant l’impératrice est difficile pour ceux qu’elle admet dans ses Ermitages." Cette musique de Sarti sur l’ode de Lomonosov fut encore chantée pendant les fêtes du couronnement de l’empereur Nicolas 1er le 3 septembre 1826, mais ce fut le chant du cygne d’Oleg. [Mooser p. 559]
Giuliana Sarti (1775-1842), épouse de Natale Mussini, portrait peint par Cesare Mussini ( coll. privée ) DR. |
Natale Mussini (1767-1835), portrait peint par Cesare Mussini ( coll. privée ) DR. |
Princesse éclairée, Catherine II échangea des lettres avec Voltaire et Diderot et grâce à Grimm elle acquit un important fonds Voltaire avec son buste par Houdon en prime mais elle condamna fermement la Révolution Française issue pourtant des "Lumières". Ainsi elle mit fin à la révolte de Plougatchev en le faisant exécuter. Elle fut si révoltée par l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, qu’elle commanda aussitôt à Sarti un Requiem pour la mort de Louis XVI. Il le réalisa le 26 mars 1793 ainsi que les Adieux de la reine de France à sa prison du temple. Poussée mollement par cet esprit des Lumières la "mère du peuple" émancipa quelques uns de ses propres serfs, alors que Voltaire s’accommodait bien de l’esclavage, mais Gourilev, l’élève de Sarti, ne fut affranchi par Bibikof que sous Paul 1er en 1798.
Cherubini au clavecin regarde le buste de son maître Sarti, miniature de François Dumont, 1792 ( BNF, département des estampes ) DR. |
Natale Mussini, le gendre de Sarti, séjourna à Paris durant la Révolution Française et fut arrêté. On lui passa la corde au cou pour la seule raison que c’était un bourgeois et de plus un étranger. Il échappa de peu à la fatale "lanterne" grâce à la présence d’un vieux prêtre qui avait détourné l’attention. Dans la capitale il rencontra Viotti, Rode, Cramer et plus particulièrement Cherubini l’élève chéri de son beau-père. Cherubini était toujours ému d’entendre les opéras de Sarti joués à Paris pendant ces années troubles. Cherubini évoqua peut-être à Mussini le portrait miniature que François Dumont était en train de faire de lui face au buste sculpté de Sarti. Dumont le termina en 1792 et nota dans son carnet "Monsieur Cherubini est pour moi." Sans doute parlèrent-ils aussi du poète Florian qu’ils connurent tous les deux. Mais bien que petit-neveu de Voltaire, Florian eut moins de chance que Mussini car il fut emprisonné à la Bastille et mourut en 1794 peu après sa sortie de prison. Cherubini était un ami intime de Florian et Mussini composa Estelle et Galatée sur les fables de Florian. De son côté Florian écrivit Les jumeaux de Bergame. Pensait-il à Natale né à Bergame d’une famille aisée et nombreuse ?
Principales œuvres
(la plupart furent jouées et enregistrées de 1966 à 2003) :
Giuseppe Sarti est l'auteur de nombreux opéras (environ 70 partitions), de musique instrumentale (symphonies, sonates...) et de pages vocales (cantates, oratorios, messes, psaumes, motets). L’un de ses grands mérites est d’avoir utilisé les usages et la langue des deux grands pays où il émigra, créant à Kiev et à St Petersbourg des œuvres en slavon sur d’anciens airs du pays, utilisant les grands orchestres locaux avec cors des comtes N.P. Cheremetiev, V.G. Orlov, P.M Volkonki, de S.E. Bibikov et créant à Copenhague des opéras en danois en collaboration avec le librettiste-compositeur Niels Krog Bredal. Le premier, Gram og Signe fut écrit en 1756 et le dernier, Thronfolgen in Sidon (la succession au trône de Sidon ) en 1773.
De 1813 à 1929 Sarti connut un long purgatoire. Pourtant Stendhal au XIXe avait aimé Sarti « L’Aria de Sarti la dolce compagna ( tirée du Demofoonte) est la plus belle aria que je n’ai jamais entendue ».Mais la renaissance de Sarti ne commença qu’avec la célébration à Faenza en 1929 du bicentenaire de sa naissance, suivie par 2 congrès majeurs. Le premier en 1983 fut un congrès international qui réunit les sommités musicales internationales, lesquelles publièrent leurs communications savantes à Bologne en 1986 (Giuseppe Sarti, musicista faentino-Atti del convegno internazionale Sarti 1983) et le congrès de 2002, pour célébrer le bicentenaire de la mort de Sarti, où furent entendues diverses communications et plusieurs œuvres de Sarti pour la première fois dans les temps modernes. Des quelques dizaines d’opéras, de pièces de musique religieuse et des plus rares œuvres instrumentales, nous ne ferons que citer les principales dont celles rejouées et enregistrées récemment.
A) Les opéras : les 4 principaux qui firent la renommée de Sarti ont été redonnés ces dernières années (tous ont été enregistrés sauf le premier mentionné ci-après) :
1 - Fra i due litiganti il terzo gode (Les noces de Dorinne ou les 3 prétendants), Théâtre de Bologne, 1983, direction Paolo Olmi.
2 - Giulio Sabino (Jules Sabin ou Eponine) par l’Academia bizantina, Théatre Dante Alighieri de Ravenne, direction Ottavio Dantone (Bongiovanni, 1999).
3 - Armide et Rinaldo, Orchestre Pro Arte, direction Marco Berbondini (Bongiovanni, 2003).
4 - Enea nel Lazio, Orchestre Camerata de St Pétersbourg, direction Arcady Steinluch (Bongiovanni, 2003).
B) La musique instrumentale :
- six Sonates pour flûte traversière et basse continue (Bongiovanni 1987).
- Sonate en mi mineur pour clavecin (non enregistrée, cf. le Semainier).
- Sinfonie in C-Dur avec violon (Vienne 2003, dir. Daniel Schmidt).
C) La musique vocale profane et religieuse (quelques enregistrements) :
- Oratorio russe dédié à Catherine II suivi de Hospodin pomyluj ny pour double chœur et orchestre (dir. Vaclav Smetacek), enregistré par Charlin en 1966, réédité en CD par Schwann).
- Te Deum laudamus et Gloria in excelsis Deo donnés le 30 juin 2002 à Rimini avec double chœur, double orchestre, canons, tambours, batteries pyrotechniques (non enregistré).
- Si tranquilla in casto amore…, air chanté par Rachel Yakar (Emi 1980)
- Lob sei dem allerhöchsten Gott (parmi un ensemble d'autres pièces de musique religieuse (Thorofon 1977).
- Misere in F minor pour choeur et orchestre (Ferrare, Dynamic Genova).
- Now the powers of Heaven par l’Estonian philharmonic chamber (Harmonia Mundi, avec d'autres oeuvres de Borniatanski, Vedel et Titov, tous trois élèves de Sarti).
- Requiem pour la mort de Louis XVI (commandé par Catherine II), donné en la cathédrale de Faenza les 30 novembre et 1er décembre 2002 (enregistré, mais non publié par Bongiovanni) et à Grosseto le 24 mars 2005.
Giuseppe Sarti, 1er mouvement de la Sonata Caratteristica “Giulio Sabino ed Epponina” pour clavecin ou forte piano et violon, dédiée à la Comtesse Festetics de Tolna née Elisabeth de Sandersleben (fichier audio par Max Méreaux) DR.
Les élèves
Parmi les élèves de Sarti, citons en premier lieu Luigi Cherubini (Florence, 1760 – Paris, 1842), futur directeur du Conservatoire de musique et de déclamation de Paris. "Vers l’année 1777/1778 j’obtins une pension du Grand Duc Leopold pour continuer mes études et me perfectionner sous le célèbre Sarti avec lequel j’ai travaillé pendant 3 ou 4 ans. C’est par les leçons de ce grand maître que je me suis formé dans le contrepoint et la musique dramatique. Il me faisait composer pour m’exercer et le soulager dans ses travaux tous les airs des seconds rôles dans les opéras qu’il composait. Ces morceaux qui n’ont pas paru sous mon nom ne se trouvent pas dans le catalogue et je n’en possède aucun ; ils se trouvent dans les différentes partitions de mon maître." (in Botté de Toulemon). On doit notamment à Cherubini la transcription du Compendio scientifico del canto fermo o sia de toni ecclesiastici del sig.Sarti. En 30 pages de belle calligraphie il rassemble les 2 ouvrages que son inoubliable maître avait rédigés au temps de Bologne et de Milan. Il publia également le catalogue de ses œuvres. De nombreux musiciens russes bénéficièrent aussi de l'enseignement de Sarti : Nicolas Artemy Wedel (1770-1808), Stepan Ivanovitch Davidov (1777-1825), Stepan Dekhtiariv (1766-1813), Daniil Kashine (1769-1841), qu’il connut pendant son séjour avec Potemkine (Kashine qui se disait son élève préféré créa quelque 300 airs folkloriques russes), Lev Gourilev (1770-1844), dit le "Beethoven russe". Roland Pfeiffer ajoute à cette liste, Stepan Anikievic et Pyotr Ivan Turchaninov (se référant à Ritzarev/Porfivieva 2001). Sarti eut aussi une influence sur l’œuvre de Bornianski (1751-1825) [Tito Gotti, Atti del convegno p.139]. Mentionnons encore ses élèves princiers avec le prince héritier du Danemark futur Christian VII, le fils de Catherine II futur Paul I et ses enfants les Grands Ducs et Grandes Duchesses. Sarti dédia plusieurs œuvres à Paul 1er : la cantate Genio de la Russia, le Coro per l’incoronazione (en 1796 repris en 1798), un Omaggio à S.M. Paolo I chanté par les grandes duchesses Hélène, Elisabeth, Maria et Anna, et en 1796 le chœur pour le baptême de S.A. le Grand Duc Nicolas. Le 6 avril 1795 Catherine II écrivait "j’assiste ce soir à un concert où le grand-duc Alexandre et le comte Platon Zoubof joueront du violon, les grandes duchesses Elisabeth, Alexandra et Hélène chanteront, la petite Marie qui a neuf ans et qui a fini d’étudier la basse fondamentale avec Sarti accompagnera au clavecin. Sarti dit qu’elle a un véritable génie pour la musique."
Influence de Sarti, sur Mozart, Haydn et Beethoven
N'oublions pas également de souligner l'influence de Sarti, sur Mozart, Haydn et Beethoven : En effet, Mozart écrit le 13 juin 1784 "Sarti aurait dû venir avec moi s’il n’avait dû partir aujourd'hui (à St Petersbourg). C’est un brave homme, je lui ai joué beaucoup de choses et pour finir j’ai fait des variations sur une aria de lui dont il a eu une très grande joie" et cite l’opéra Fra i due litiganti dans le banquet final de son Don Giovanni "E viva i litiganti !", dans lequel l’on entend l’air Com un agnello extrait de cet opéra de Sarti. De plus, il créa ses Variations (K. 460) sur ce même air. En outre, Mozart est l'auteur d'un air pour la Gelose vilane de Sarti (E viviamo felici). Haydn, quant à lui, introduisit plusieurs de ses airs dans des opéras de Sarti et conserva au moins un allegretto pour sa Symphonie n°51 (H.C. Robbins Landon, Symphonies de Haydn) Enfin Beethoven s’inspira du terset du Medonte roi d’Epire de Sarti (terset repris dans Giulio Sabino) dans son Trio vocal Tremate impi tremate (cf. les Actes du congrès Sarti 1983 pp. 86-87).
L'Académie des Sciences
Sarti fut aussi un mathématicien et physicien acoustique reconnu ce qui lui ouvrit les portes l’Académie des Sciences en 1796. Il inventa notamment un appareil, le "pentagrame", qu'il présenta le 12 mai (et expérimenta le 18 octobre 1796) à l’Académie des Sciences. Celui-ci mesurait la fréquence des vibrations du "la" de l’orchestre de St Petersbourg, soit 436 vibrations sonores par seconde (ou 872 vibrations simples). Cette invention était le résultat d’une recherche de plusieurs années sur les phénomènes acoustiques. Un compte rendu savant de Patrizio Barberi dans les Actes analyse cette recherche physico-mathématicienne en l’illustrant par des équations et une étude géométrique. Les paraboles et cercles imagées dans les actes sont visibles sur le portrait du peintre italien Salvatore Tonci (1756-1844). Barberi après Mooser cite les acousticiens et les mathématiciens célèbres auxquels s’est référé Sarti. Ce fut d’abord Joseph Sauveur (1653-1716 ) le créateur de l’acoustique musicale, puis Léonard Euler (1707-1783) lauréat des académies des sciences de Paris, Berlin et St Petersbourg (où il rejoignit les fils de son maître Bernouilli ), ce furent enfin Giordano Riccati et son contemporain Chladni (1756-1827). Chladi, le "père de l’acoustique expérimentale" inventa en 1794 l’Euphone sorte d’harmonica pour mesurer les vibrations mais cet appareil était moins sophistiqué et bien plus petit que celui de Sarti composé de deux tuyaux d’orgue de 5 pieds avec 2 soufflets et 2 touches.
Dr. Guy Leclerc
Giuseppe Sarti peint par Salvatore Tonci, probablement lors de son séjour à Saint-Petersbourg, vers 1798. ( coll. privée ) DR. |
Bibliographie (succincte) :
Les Encyclopédies New-Groves et M.G.G (Musik in Geschichte und Gegenwart avec une mise à jour de Roland Pfeiffer) donnent la liste exhaustive des sources que l'on retrouve chez Mooser et dans les Actes, mentionnés ci-après.
- Giuseppe Sarti musicista faentino, Actes du Congrès international Sarti 1983 (éd. à Bologne en 1986).
- Mooser Aloys, Annales de la musique et des musiciens et des musiciens en Russie au XVIIIéme siècle, 3 volumes, Editions Mont-Blanc, 1951.
- Pasolini-Zanelli, G. Giuseppe Sarti musicista del secolo XVIII, Ed. Conti 1883.
Giuseppe SARTI Oratorio Russe, pour soli, double chœur et grand orchestre Gospodin pomiluj ny à 8 reali, pour double chœur et orchestre Chœurs de la Philharmonie de Prague - Dir. : Joseph Veselka Orchestre Symphonique de Bratislava - Dir. : Vaclav Smetacek Alena Mikova (soprano) - Vera Hubackova (mezzo) - Marie Mrazova (alto) Enregistré par André Charlin en l'église San Agostino (Italie) CD AMS91 - Editions André Charlin - 135 quai Winston Churchill, 64210 La Varenne charlin@numericable.fr - www.charlin-disques.com |