Marcel VIDAL SAINT-ANDRE

COMPOSITEUR – ORGANISTE - MUSICOLOGUE
(1893 – 1980)

Vidal Saint-André et son épouse
Marcel Vidal Saint-André et son épouse
Marie-Emma d'Armagnac de Castanet
dans leur propriété de Bouan (Ariège) en 1937.
( coll. Bruno Vidal Saint-André )

 

Marcel Vidal Saint-André vers 1906
Marcel Vidal Saint-André avec son violon, vers 1906
( coll. Bruno Vidal Saint-André )

Marcel Vidal Saint-André est né le 12 avril 1893 à Paris, rue Logelbach dans le 17ème arrondissement. Il appartient à une vieille famille d’origine ariégeoise, mais c'est dans la capitale que débute sa formation musicale. Très jeune, il montre de réelles dispositions pour le violon. Son premier professeur sera M. Loiseau1, violon solo de l’Opéra, lui-même issu de la classe de Lefort2 au Conservatoire de Paris.

Une carrière prometteuse de virtuose s’offre à lui ; cependant, il se sent plus attiré par la création que par l’estrade. Amené à vivre à Toulouse, proche de ses racines familiales, il s’inscrit tout naturellement au Conservatoire de la ville pour se perfectionner dans les disciplines du violon (M. Berny) et de la composition (Georges Guiraud).

La déclaration de guerre de 1914 survient alors qu’il est en passe d’obtenir un 2nd prix d’harmonie. Ses travaux de jeunesse ont déjà attiré l’attention de ses professeurs : La Gavotte Vestris ou encore Marie et Les Stances à la Marquise, pièces mises en musique d’après des poèmes d’Alfred de Musset.

 

Vincent d’Indy, maître et modèle

En 1920, il regagne la capitale, résolu à mener à bien ses études de composition. Comme beaucoup d’autres jeunes musiciens que la discipline n’effraie pas, il sait que franchir les portes de la Schola Cantorum, c’est entrer à l’école de la rigueur, mais aussi bénéficier d’un enseignement de haut vol où tradition et régionalisme participent de l’esprit de la maison. C’est donc là qu’il recommencera ses classes d’harmonie et de contrepoint. Son fondateur et directeur Vincent d’Indy a su déjà y accueillir les Languedociens Déodat de Séverac, Joseph Canteloube, Georges Auric comme le Breton Paul Le Flem : ce dernier deviendra son maître en contrepoint.


Dédicace de Vincent d'Indy
Dédicace de Vincent d'Indy à son élève Marcel Vidal Saint-André "en affectueux souvenir", apposée sur sa partition Le Chant de la cloche, légende dramatique en un prologue et sept tableaux, op. 18.
( coll. Bruno Vidal Saint-André )

Dès la seconde année, il obtient le titre de " musicien " avec les félicitations de Vincent d’Indy pour son Prélude pour orgue, qu’il lui dédicace. Un prix d’harmonie et l’appellation officielle de " compositeur " couronneront ses quatre années d’études à la prestigieuse Schola, au cours desquelles il fréquenta notamment la classe de composition de Vincent d’Indy. Le samedi 19 juin 1926, dans les locaux de l’ " Académie du Caméléon " du philosophe et poète Alexandre Mercereau3 boulevard Raspail, un " Festival Vidal Saint-André " lui permet de faire découvrir au public parisien ses premières compositions : mélodies, pièces pour piano, ainsi qu’un Concertino pour piano et violon et une Ouverture pour orchestre.

Affiche du Festival Vidal Saint-André de la Schola Cantorum
Programme concert "Festival Vidal Saint-André de la Schola Cantorum" le samedi 19 juin 1926 à l'Académie du Caméléon d'Alexandre Mercereau, 241 boulevard Raspail, Paris 14e.
( coll. Bruno Vidal Saint-André )

 

Plus néo-classique que post-romantique

Le voici revenu en province où il se fixe définitivement dans le Midi toulousain. Il va y continuer le perfectionnement de son métier de musicien. Pour l’orgue il écrit notamment un Choral et Mouvement Vif, qu’il dédie à son ancien professeur toulousain Georges Guiraud4, titulaire du Cavaillé-Coll de la basilique Saint-Sernin. Rejoignant l’âme celte qui habite l’œuvre de son maître Paul Le Flem, avec Terre Neuvas, d’après une légende de Philine Burnet, il inscrit à son tour dans les notes la poésie des aventures océanes et du mystère breton. Terre Neuvas, l’une de ses pièces les plus abouties que Les Bretons de Toulouse feront figurer rituellement à leur fête.

L’apparition de Wagner dans le paysage européen avait fasciné Vincent d’Indy et aussi bon nombre de jeunes compositeurs dont Marcel Vidal Saint-André. Ce qui ne transparaît pas dans sa musique claire, construite, plutôt néo-classique que post-romantique, comme le confie son fils Bruno Vidal Saint-André précisant que son père goûtait peu Debussy, préférait Ravel, Roussel " un peu compliqué, toutefois ", appréciait Chabrier et adorait Berlioz dont il aimait feuilleter le traité d’orchestration.

Autant par fidélité à la tradition du chant attachée à sa ville de Toulouse, que pour honorer son professeur, le chanteur Bouchaud-Boulo5 à qui il doit les principes de la maîtrise, il enrichit son catalogue de mélodies. C’est ainsi que pour la radio, qui vient alors accroître efficacement l’audience de la musique nouvelle, il produit plusieurs pièces pour chant et piano. Robert Jysor de l’Opéra-Comique6 en sera l’un des interprètes au printemps 1938, enregistrant également un disque de ses mélodies.

Désireux de faire partager son savoir musical, Marcel Vidal Saint-André donnera de nombreuses conférences devant un public toulousain averti, sur Mozart, Berlioz, ou encore l’évolution de l’opérette. Car il ne dédaigne pas de s’attaquer à un registre plus léger : au Casino d’Ax-les-Thermes (Ariège), il offre plusieurs créations dans un style enlevé très apprécié par la critique, dont un divertissement en un acte En avant…mars.

Certificat du curé de l'église St-Nicolas de Toulouse
Certificat de l'abbé Chansou, curé de Saint-Nicolas de Toulouse, attestant que Marcel Vidal Saint-André est employé dans cette église en qualité d'organiste, 22 mars 1941.
( coll. Bruno Vidal Saint-André )

Revenons au registre de la musique sacrée qui le tenait tant à cœur. Pour l’orgue, il écrira Introduction et Fugue et bon nombre d’autres pièces. En 1941, il est à la tribune de l’église toulousaine Saint-Nicolas, organiste titulaire assurant avec brio la grande liturgie des fêtes de Pâques ou de l’Assomption.

Au mois d’août 1966, à la demande de l’Association formée pour soutenir le projet de restauration du grand orgue de Saint Bertrand de Comminges - projet mené à bien à partir de 1970 - il donne un important concert avec des œuvres de Bach à Déodat de Séverac. Nécessité impérieuse de sauver ce bel instrument au buffet monumental datant de 1550 : il ne pourra achever son programme qu’avec l’aide de " souffleurs " qui durent pédaler pour remplacer la soufflerie défaillante !

A ce récital participait sa fille aînée Françoise Bussy, mezzo-soprano, qui fut l’élève à Paris de Mme Magne, après avoir été à Toulouse celle de Marie Bersac, maître du chant français réputé. Son mari, Jacques Bussy fut aussi un pianiste accompagnateur apprécié du milieu musical parisien.

Quant à Bruno Vidal Saint-André, ingénieur de formation, il s’est attaché à faire revivre l’héritage familial. A Toulouse, on le retrouve au clavier de l’orgue Puget de l’église St Exupère exerçant comme suppléant du titulaire M. Mèche depuis 1983. Pour cet instrument historique, il a participé activement à la création des " Amis de l’Orgue de St-Exupère ", une association qu’il anime par de fréquents concerts. Par ailleurs, il s’emploie à établir un catalogue complet des œuvres de son père, certaines partitions étant restées inachevées, d’autres découvertes récemment chez des amis qui les avaient reçues en dédicace. Les premiers opus avaient fait l’objet de publication dans les années 30 par les éditions Musique Sacrée, ainsi que celles de la Schola Cantorum.

Marcel Vidal Saint-André disparaît le 17 août 1980 dans sa maison familiale de Bouan en Haute-Ariège. De son vivant, il a joui d’une belle réputation. Et bien qu’une bonne partie de son œuvre soit à exploiter ou à remettre en lumière, son auditoire méridional garde en mémoire l’érudition du musicologue qui pendant des décennies, sut faire revivre tant d’épisodes musicaux majeurs qu’il illustrait lui-même au piano. Sans oublier jamais ses attaches profondes avec le pays ariégeois, il savait aussi improviser des causeries ou des réunions de Félibres en occitan, renouant avec panache avec la tradition des troubadours du " Gay Saber " - l’ancêtre de l’Académie des Jeux Floraux.

France Ferran

Marcel Vidal Saint-André chez lui en 1968
Marcel Vidal Saint-André chez lui en 1968
( coll. Bruno Vidal Saint-André )
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1 - Né le 31 décembre 1874 à Briare (Loiret), Emile Loiseau, 2ème prix de violon au Conservatoire de Paris en 1894, entra à l’Orchestre de l’Opéra l’année suivante. Sociétaire des Concerts du Conservatoire à partir de 1902, il y fut violon II solo en 1913 puis violon I solo en 1924. Il enseigna également au Conservatoire de Paris. (N.D.L.R.) [ Retour ]

2 - Né le 18 juin 1852 à Paris, Augustin Lefort fit ses études musicales au Conservatoire de Paris où il obtint un 1er prix de violon en 1874. Il fit partie de l’Orchestre de l’Opéra et succéda en 1892 à Charles Dancla dans sa classe de violon du Conservatoire de Paris. On lui doit notamment, en collaboration avec le Prix de Rome Renaud de Vilbac, plusieurs transcriptions d’œuvres célèbres pour son instrument. (N.D.L.R.) [ Retour ]

3 - Alexandre Mercereau (1884-1945) fut notamment co-directeur de la revue " Vers et Prose " avec Paul Fort. Il fit partie des fondateurs (1906) de la Maison de l’abbaye de Créteil où se réunissait un groupe de jeunes intellectuels et artistes, parmi lesquels Charles Vildrac, Georges Duhamel, René Arcos , Albert Doyen. Il dirigea L’Académie du Caméléon, 241 boulevard Raspail, qui organisait des conférences principalement axées sur la littérature, la musique et sur toutes autres formes d’art. Surnommée " Sorbonne montparnassienne ", cette institution dut fermer ses portes en 1927. On lui doit plusieurs ouvrages dont Les Pensées choisies d’Alexandre Mercereau (Paris, E. Figuière, Collection des penseurs contemporains, 1922, 2 vol.) dans lequel figure notamment cette célèbre pensée : " L'homme est un animal raisonnable à qui la raison sert surtout à déraisonner. " (N.D.L.R.) [ Retour ]

4 - Le Toulousain Georges Guiraud (1868-1928), commença par étudier le violoncelle dans sa ville. En 1898, le jury, présidé par le directeur du Conservatoire de Toulouse, le compositeur Louis Deffès, lui décerna le 1er prix à l’unanimité dans cette discipline.

A Paris, il a été élève à l’Ecole Niedermeyer, puis est entré au Conservatoire où il eut pour maîtres César Frank, Charles-Marie Widor et Jules Massenet. Il avait été organiste à Paris, avant de regagner sa ville natale en 1912 à la disparition de son père Omer Guiraud, auquel il succèdera à la tribune du grand Cavaillé-Coll de la basilique Saint-Sernin. Egalement comme son père, il sera professeur au Conservatoire de Toulouse où il enseigna l’harmonie. (N.D.L.R.) [ Retour ]

5 - Ténor à l’Opéra-Comique, Bouchaud-Boulo s’y produisit au cours du premier tiers du XXe siècle dans les rôles de Georges (La Dame blanche, Boieldieu), Wilhem Meister (Mignon, Ambroise Thomas) et Vincent (Mireille, Gounod). Originaire de Toulouse, il prête son concours à la Soirée de Gala organisée le 26 mai 1920 au Théâtre des Variétés de cette ville, dans le cadre des festivités du centenaire du Conservatoire de Toulouse. A cette occasion il chante, accompagné au violon par M. Carles, l’Aubade des Pâques de la Reine de Paul Mériel. Sans doute appartient-il à la famille du toulousain Jean Boulo (1820-1887), également chanteur à l’Opéra-Comique (1848) puis à l’Opéra de Paris (1853), avant de venir enseigner le chant au Conservatoire de sa ville natale. Sa fille Juliette fréquenta le Conservatoire de Paris (solfège, piano) puis se fixa à Toulouse. (N.D.L.R.) [ Retour ]

6 - Robert Jysor (1893-1982), chanteur (baryton) à la belle notoriété qui saura s’illustrer autant dans Les Mousquetaires au Couvent, Les Saltimbanques, Les Cloches de Corneville que dans la chanson populaire des Années Folles, avec Riquita, Dolorosa ou Les Jardins de l’Alhambra. En 1951, il sera de la création au Châtelet du Chanteur de Mexico aux côtés de Luis Mariano. A l’Opéra-Comique, où il avait débuté le 9 octobre 1926 dans Manon, on lui doit la création des rôles du " Fossoyeur " dans Le Poirier de Misère de Marcel Delannoy (21 février 1927) et " un Officier " dans Résurrection de Franco Alfano (16 mai 1927). [ Retour ]

 


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