Nadia Boulanger et l'orgue


 

(photo X...) DR.

 

Nadia Boulanger (1887-1979), second Grand Prix de Rome en 1908, longtemps professeur de composition au Conservatoire américain de Fontainebleau (1921-1979) et quelque temps à l’Ecole normale de musique (succédant-la à Paul Dukas), a relativement peu composé au cours de sa longue vie, préférant se consacrer à ses activités de pédagogue recherchée. L'orgue a tenu une petite place dans sa carrière puisqu'elle a été la suppléante de Gabriel Fauré puis d'Henri Dallier à l'orgue de La Madeleine (à partir de 1903) et qu'elle a été élève de Louis Vierne et d’Alexandre Guilmant.

 

« La compétence et le temps me font également défaut pour retracer la brillante carrière de Louis Vierne. […]

Les qualités de l'artiste allaient de pair avec celles de l'homme privé : énergie farouche à surmonter les déficiences congénitales et l'incapacité temporaire résultant d'accidents ou de maladies graves. Admirable fermeté d'âme face à de grandes douleurs, à la perte d'un frère très aimé, à la mort glorieuse d'un fils qui donnait les plus belles espérances. Haute probité dans l'observance stricte des règles de son art. sans aucune concession aux apparences ni à la facilité. Générosité d'un caractère totalement étranger à la jalousie et à la méfiance. Bienveillance naturelle pour les jeunes.

Aussi n'est-il pas surprenant que le disciple préféré de grands maîtres soit devenu à son tour un maître très écouté. Les noms d'Auguste Barié, de Marcel Dupré, d'Alexandre Cellier, de Nadia Boulanger, de Joseph Bonnet témoignent éloquemment de la valeur artistique de cet enseignement et je veux ajouter de sa qualité morale en songeant au véritable apostolat qu'exercent encore certains qui en ont bénéficié. »

(Le Valentin Haüy, Tournon, n° 4, octobre 1947, p. 11-12)

 

Oeuvres pour orgue de Nadia Boulanger :

 

- Trois pièces pour orgue (Prélude, Petit Canon, Improvisation), 1911. Ecrites en réalité pour orgue sans pédale ou harmonium, on les trouve dans le recueil Maîtres contemporains de l'orgue de l'abbé Joubert (vol. 1), Paris, Sénart, 1912 :

Le Prélude, en fa mineur, est constitué d'un thème calme en forme de mélodie accompagnée dans le ton puis à la quinte supérieure, développé et exposé par enharmonie en do dièse mineur sur pédale de dominante. Un pont modulant permet de faire entendre à nouveau le thème dans la tonalité initiale avec un accompagnement enrichi avant une conclusion à l'octave supérieure.

Le Petit Canon, en la mineur, courte pièce d'une page, fonctionne à l'octave inférieure.

L'Improvisation, en mi bémol mineur, est une pièce de structure plus libre. Le thème est exposé à la main gauche, accompagné en carillon par la main droite, avant de passer à la partie supérieure. Suit un développement teinté de chromatismes avant un retour à la première partie en forme de conclusion.

 

- Pièce sur des airs populaires flamands, Paris, Durand, 1918. Pièce décorative en mi mineur pour orgue avec partie de pédale qui se conclut dans la tonalité relative de sol majeur.

 

Il est arrivé à Nadia Boulanger de se produire à l'orgue au cours de récitals, dans la salle de concerts du conservatoire de Paris le 23 décembre 1919, au Trocadéro en 1914 et 1920, à Notre-Dame-de-Bon-Port à Nantes, en 1921, à Notre-Dame-du-Rosaire de Paris, au mois de mai 1922, mais aussi aux Etats-Unis :

 

« Un récital, d'orgue de Nadia Boulanger a réuni l'un des auditoires les plus considérables que le Wanamaker Auditorium ait contenus. Oeuvres de Franck, Scarlatti, Ravel (Rigaudon), Couperin, Bach, Liszt, Stravinsky et Cortege de Lili Boulanger.

Plusieurs de ces oeuvres ont été transcrites pour orgue par l'exécutante.

De Nadia Boulanger, également, une conférence-récital sur la Musique moderne et son évolution. Chargée d'une mission par le gouvernement français, Nadia Boulanger au cours de son voyage, étudiera les méthodes de l'enseignement musical aux États-Unis. »

(Le Ménestrel, 20 février 1925, p. 95)

 

Dans son salon trônait un orgue de la maison Mutin-Cavaillé-Coll inauguré le 4 février 1905. Doté d'un buffet néogothique et d'une console latérale, l'instrument possédait la composition suivante :

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', prestant 4'.

Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte 4', nazard 2 2/3', tierce 1 3/5', basson-hautbois 8'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16', flûte 8', bourdon 8'.

Les jeux de pédale étaient empruntés au grand-orgue.

 

Après la mort de sa propriétaire, l'orgue a été cédé en 1981 au musée de la Cité de la musique à Paris.

 

Olivier Geoffroy

(janvier 2022)

Voir aussi dans la section des Prix de Rome: Nadia Boulanger.

 

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