Jacques Chailley

Jacques Chailley, 1910-1999
photo de famille aimablement communiquée par Marie-Noëlle Chailley )

Un grand monsieur, incontestable figure du monde musical de l’après-guerre, bardé de diplômes et d’honneurs, Jacques CHAILLEY, est mort dans sa 89e année le 21 janvier 1999 à Montpellier. Docteur des universités (1952) avec sa thèse sur l’Ecole musicale de Saint-Martial de Limoges, professeur d’Histoire de la musique à la Sorbonne (1952-1979) et directeur de l’Institut de Musicologie de l’Université de Paris, directeur de la Schola-Cantorum (1962-1982), secrétaire général dès 1937, puis sous-directeur dix ans plus tard du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Inspecteur général de la musique au Ministère de la Culture, membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts de Madrid, membre associé de l’Académie royale de Belgique, ce fils de musiciens (son père, Marcel, violoniste, fut le fondateur du célèbre Quatuor Chailley, et sa mère, Célinie Chailley-Richez était une pianiste remarquable), né le 24 mars 1910 à Paris, a travaillé l’harmonie avec Nadia Boulanger, le contrepoint et la fugue avec Claude Delvincourt, la composition avec Henri Büsser et l’histoire de la musique avec Maurice Emmanuel.
Jacques Chailley, 1978
coll. de l'Institut de France. Photo aimablement communiquée par Marie-Noëlle Chailley. )
Il avait été auparavant, durant quelques temps au cours de son adolescence, pensionnaire à l’Abbaye de Fontgombault (Indre) qui abritait alors un établissement scolaire. C’est là qu’il apprit à jouer de l’orgue et que lui vint cette passion de la direction de chœurs. D’ailleurs à cette époque, alors âgé de 14 ans, il composa un Domine non sum dignus à quatre voix. Dès 1933, il fondait la " Psalette Notre-Dame " afin de faire revivre la musique du Moyen Age. De 1946 à 1961, il dirigea la chorale " L’Alauda ". Il s’intéressera aussi bien à la musique grecque ou à celle du Moyen Age, aux Passions de Bach, à La Flûte enchantée de Mozart ou encore au Parsifal de Wagner ; son immense érudition et son éclectisme sans bornes font de lui l’un des principaux personnages de la vie musicale en France. Compositeur apprécié, il laisse une œuvre importante de près de 130 titres, couvrant tous les genres : musique instrumentale (suites, sonates, pièces pour orgue, trio, quatuor, pages d’orchestre...), musique vocale (pour chant, pour choeur, ou encore pour chant et instruments ou orchestre...), musique théâtrale (un opéra, un ballet, des musiques de scène...). On lui doit également diverses publications (Adam de la Halle, Guillaume de Machault, Gautier de Coinci...) et de nombreux écrits, dont une Théorie de la musique, une Petite histoire de la chanson populaire française, une Histoire musicale du Moyen Age, Les Passions de J.S. Bach, plusieurs traités et un précieux Cours d’histoire de la musique en plusieurs volumes. Mais surtout c’était un homme de cœur, discret et avenant, toujours soucieux de ne pas déranger, sachant parfaitement que les titres et les fonctions les plus hautes ne sont rien sans la grandeur de l’âme.

Marié à Hélène Pompei, il est le père de François, Dominique, bibliothécaire et organiste à Montpellier, fondateur de l’association " Renaissance de l’orgue corse " et de Marie-Noëlle qui s’occupe activement de mieux faire connaître l’œuvre immense de son père. On recense en effet 129 numéros d’opus de compositions musicales, 53 livres et 429 articles divers ! Ses obsèques ont été célébrées le 25 janvier en l’église Saint-Jean-Baptiste de La Porta (Corse), la même où quelques 36 ans auparavant il avait inauguré en personne l’orgue restauré par Barthélémy Formentelli. C’est son fils Dominique qui tint pour la circonstance ce même clavier...

Jacques Chailley est le cousin de la claveciniste Jeanne Chailley-Bert, membre dans les années cinquante du Quintette instrumental français (avec Georges Alès, 1er violon, René Migliorini, 2e violon, Jacqueline Heuclin, violoncelle, et Fernand Caratgé, flûte), sur laquelle Henri Cabie écrivait que « l'art de Mme Chailley-Bert tient de l'enchantement », et le frère de Marie-Thérèse Chailley-Guiard, altiste et soliste internationale.

Denis Havard de la Montagne

Promotion 1952-1955, Centre nat. de préparation au C.A.E.M. (La Fontaine, photo printemps 1955)
De gauche à droite, rang du haut : Andrée RAVEL (FONTBONNE) – Jacques GRINDEL – André GRATIUS - Édith VIGIER (GRATIUS) - Monique BIGUENET (LENOBLE) – Paulette ROUXEL (LESAGE)
Rang du bas : Mireille ABRAM (BONHOMME) – Serge CORDIER - Claudine LECLERC (Le GÔ) – Andrée ROTH - Édith DEYRIS - Janine CIZERON - Claudine LÉNAT (VILLE) - Marie BON - Jean LENOBLE - Colette NERCESSIAN née SARLES - Charlotte SALLÉ (LANFRANCHI) - Gisèle COTTARD (LARMONIER)
Professeurs : Jacques CHAILLEY – Maurice FRANCK – Blanche SOURIAC
Absent(e)s : Pierrette CONTE née LABORY – Albert ROUSTIT
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( Photo coll. Jean Lenoble ) DR


Eglise Saint-Jean-Baptiste de La Porta (Corse) où furent célébrées les obsèques de Jacques Chailley le 25 janvier 1999
photo de famille aimablement communiquée par Marie-Noëlle Chailley )
Façade de l'orgue de l'église Saint-Jean-Baptiste de La Porta (Corse) inauguré en août 1963 par Jacques Chailley, après une restauration partielle par le facteur Barthélémy Formentelli
photo de famille aimablement communiquée par Marie-Noëlle Chailley )

Signature de Jacques Chailley
Signature de Jacques Chailley
( Coll. Michel Baron )

 

 

CATALOGUE DES ŒUVRES DE JACQUES CHAILLEY
(liste non exhaustive)

avec l’aimable autorisation de Marc Honegger

 

I ) MUSIQUE INSTRUMENTALE

1) Piano : Le Jardin nuptial (1947), suite, Salabert; Sonata breve (1965), Choudens; Ballade romantique (1989), Combre; de nombreux. morceaux faciles à 2 et 4 mains (Heugel, Salabert, Lemoine, Zurfluh).

2) Orgue : Triptyque, L'Annonciation, Paraphrases liturgiques (1984-87), Combre.

3) Musique. de chambre : Sonate (1987), violon seul, Zurfluh; Sonate (1941), alto et piano, Leduc; Quatuor à cordes (1939), Salabert.

4) Orchestre : Symphonie en sol mineur (1942-47), Billaudot; 2e Symphonie (1984), inédit ; Cantabile pour cordes (1971), Editions Françaises de Musique; Mors est Rolanz (1975), orchestre d’harmonie, Editions Transatlantiques; Solmisation pour cordes(1977), Leduc.

 

II ) MUSIQUE VOCALE

1) Pour chant et piano, cycles de mélodies : Le pèlerin d'Assise (1932-42, L. Chancerel), Heugel ; A ma femme (1949-54, M. Carême) ; Poèmes sur la mort (1982, M. Carême) ; 7 Chansons légères (1983, M. Carême), Leduc; Le Chien à la mandoline (1987, M. Queneau), Fuzeau; de nombreuses. mélodies isolées dont Le Menuisier du Roi (1945, M. Fombeure), Plainte de Rachel, Fuzeau; Cantique du soleil (1934, St-François d’Assise), chant et 4 ondes Martenot (orchestré), inédit.

2) Pour chœur a capella : L'Arbre de paradis (1933, L. Chancerel), Salabert (Rouart-Lerolle); La Tentation de saint Antoine (1936), symphonie vocale sur des thèmes populaires, Lemoine; Chant de la fidélité (1946, E.J. Regrettier), Presses d'Ile-de-France; Kyrie des gueux (1946), Leduc; Missa Solemnis (1947), Salabert (Rouart-Lerolle); Aux Morts pour la patrie (1953, V. Hugo), Leduc; Messe brève " de angelis " (1955), Salabert; Messe " Orbis factor " (1959), manuscrit; Demeure le secret (1962, M. Pol-Fouchet), double chœur et Fables de mon jardin (1961, G. Duhamel), Leduc; de nombreux. motets avec ou sans orgue ; de nombreuses harmonisations de chansons populaires.

3) Pour chant et instrument ou orchestre : Exercices de style (1965, R. Queneau) ; 7 Fantaisies pour voix égales et piano, Leduc; Les Grandes Heures de Reims (1938), récitant, chœur et orchestre, inédit; Jeanne devant Reims (1941), chœur et orchestre, inédit; Le Cimetière marin (1980, P. Valéry), chœur et orchestre, Edition A Cœur joie; les oratorios : Casa Dei (1991, Y. Hucher) et Eloge de la Sagesse (1992, Ecclés.)

 

III ) MUSIQUE THÉÂTRALE

Pan et la Syrinx (1946, J. Laforgue), acte lyrique, Paris, Opéra-Comique, 1962, Leduc; Le Jeu de Robin et Marion (1950, d'après A. de la Halle), Choudens; Thyl de Flandre (1946-53, J. Bruyr), drame lyrique, Bruxelles, Théâtre de la Monnaie, 1957, et La Dame la licorne (1953, J. Cocteau), ballet, Munich 1953. Nouvelle Edition du Méridian ; des musiques de scène pour Les Perses (1936, Echyle), Antigone (1939, Sophocle), Agamemnon (1947, Eschyle), La Belle au bois (1951, Supervielle).

 

IV ) PUBLICATIONS

Les Rondeaux d'Adam de la Halle, Salabert (Rouart-Lerolle, 1942); la Messe Notre-Dame de Machault, Salabert (Rouart-Lerolle, 1948); les Chansons à la Vierge de Gautier de Coinci, Paris, Société Française de Musicologie, 1959; Alia musica (traité de musique carolingien), édition critique commentée, Paris, CDU, 1965; P. de l'Estocart. Octonaires de la vanité du monde, en collaboration avec Marc Honegger, Salabert, 1958; J.-S. Bach. L'Art de la fugue, édition analysée, Leduc, 1972.

 

V ) ÉCRITS

Edités à Paris : Petite Histoire de la chanson populaire française, 1942; Théorie de la musique, en collaboration avec H. Challan, 2 vol, Leduc, 1947, 1951; Histoire musicale du Moyen Age, PUF. 1950, 3/1984; Traité historique d'analyse musicale, Leduc 1951, 2/1964; Eléments de philologie musicale, Leduc, 1985; 40 000 Ans de musique, 1955: L’École musicale de St-Martial de Limoges, 1960; L’Imbroglio des modes, Leduc, 1960; Les Passions de J.-S. Bach, PUF, 1963, 2/1984; Expliquer l'harmonie? et La Musique et le Signe, Lausanne, Édition Rencontre, 1967; Cours d'histoire de la musique, 4 vol. (en collaboration) et 11 vol. d'exemples musicaux, Leduc, 1967-92; La Flûte enchantée, opéra maçonnique, R. Laffont, 1968, 2/1984; L’Art de la fugue de J.-S. Bach, Leduc, 1971 ; Le Carnaval de Schumann, Leduc, 1971 ; Tristan et Isolde de R. Wagner, Leduc, 1972; Les Chorals d'orgue de Bach, Leduc, 1974; La Musique grecque, Editions. Les Belles-Lettres, 1974; Le Voyage d'hiver de Schubert, Leduc, 1975; Traité d'harmonie au clavier, Choudens, 1977; Parsifal de R. Wagner, opéra initiatique, Buchet-Chastel, 1979; Florilège d’explications musicales, de Machaut à Bartók, 3 vol., Leduc, 1984.

Marc Honegger (1995)


Avril 1987

Septembre 1987

Octobre 1989

 


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