Monseigneur Lazare PERRUCHOT
(1852 – 1930)


Buste de Mgr Lazare Perruchot
Mgr Lazare Perruchot, buste en marbre placé dans la cathédrale de Monaco
( © photo Pascale Darius, aimablement communiquée par Mme F. Ferran )

Cet article de Mgr Kaltnecker (1884-1959) est issu des notes qui lui servaient pour ses cours de culture musicale au petit séminaire de Bosserville (Meurthe-et-Moselle). Retrouvé sous forme manuscrite dans le grenier de la maison où il a séjourné durant les dernières années de sa vie, il est aujourd’hui livré au public en hommage à ce musicien de tout premier plan qu’était Mgr Perruchot. Ordonné prêtre en 1876, celui-ci avait débuté sa carrière musicale au début des années 1870 à l’orgue de l’église Saint-Laurent du Creusot. Premier disciple et collaborateur de Dom Pothier, il participa, aux côtés de Charles Bordes et de Vincent d’Indy, à la fondation de la Schola Cantorum en 1894. Par la suite il porta très haut la Maîtrise de la cathédrale de Monaco, où il repose de nos jours dans le caveau des Evêques. En reconnaissance, on lui a élevé un buste de marbre face à la porte de la tribune...

O.G et D.H.M.

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La cathédrale de Monaco, vers 1910.
Monaco, cathédrale Notre-Dame de l'Immaculée Conception, vers 1910
( coll. DHM ) DR

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Mgr Louis Lazare Perruchot est né au Creusot (Saône-et-Loire) le 7 octobre 1852. Il fut successivement maître de chapelle à la cathédrale d’Autun, au petit séminaire de Rimont, dans son diocèse d’origine ; puis à Paris, à Notre-Dame des Blancs-Manteaux et à Saint-François-Xavier ; enfin à la Cathédrale de Monaco [à partir de 1904]. A ses débuts, il ne connaissait de la musique sacrée que les œuvres de Mozart et de Gounod et reçut la révélation de l’art palestrinien à Langres, où les abbés Couturier avaient fondé une maîtrise qui brilla pendant plus d’un quart de siècle. 

Timbre-poste monégasque : centenaire de la maîtrise de la Cathédrale
Timbre émis en 2004 par la principauté de Monaco pour célébrer le centenaire de la création de la Maîtrise de la cathédrale de Monaco par Mgr Perruchot.

Au congrès qui réunissait à Strasbourg, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les organistes et maîtres de chapelle français, il fut nommé Président de l’Union Sainte-Cécile. En ratifiant l’élection, le Souverain Pontife le nomma Prélat de la Maison de Sa-Sainteté. C’est Mgr Perruchot qui orienta les goûts de Charles Bordes vers la polyphonie ancienne et le chant grégorien qu’il avait entrepris de faire revivre dans les églises bien avant le Motu Proprio du pape Pie X en 1903. Il contribua également à la fondation des Chanteurs de Saint-Gervais et de la Schola Cantorum. On lui doit de nombreuses pièces dont une Messe à quatre voix mixtes en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc, deux anthologies d’offertoires publiées à la Bonne Presse et des motets et cantiques que l’on trouve dans les éditions musicales du Noël.

Comme son émule de Dijon [Mgr Moissenet], il savait donner aux voix enfantines de la souplesse, du moelleux, une sonorité chaude et colorée. Que de musiciens se sont un jour arrêtés à Monaco, pour entendre les choeurs de la Cathédrale et surtout la vaillante phalange des sopranos. Mgr Perruchot ne cachait à personne les secrets de son art et de nombreux directeurs de chant ont bénéficié de sa riche expérience, de ses encouragements et de sa proverbiale bonté. Il offrit à plusieurs la primeur de quelques-uns de ses faux-bourdons si simples et si majestueux à la fois que l’on trouvait dans toutes les bibliothèques de chorales paroissiales.

Mgr Lazare Perruchot à l'orgue de la cathédrale de Monaco
Mgr Lazare Perruchot à l'orgue de la cathédrale de Monaco
( photo X..., in Musique sacrée, octobre 1952 )

Après quelques années d’une semi-retraite, il mourut à Monaco le 3 octobre 1930.

Bien que n’ayant composé ni opéra ni symphonie, les revues musicales de l’époque lui ont consacré des notices fournies. Il figure dans les dictionnaires et encyclopédies musicales où l’on sent le regret qu’à la manière de Dom Pérosi, il se soit un peu trop strictement cantonné dans l’imitation de la musique classique et palestrinienne, sans chercher à utiliser les ressources d’harmonies plus contemporaines. Sans doute l’Eglise n’a canonisé aucune forme de musique polyphonique à l’exclusion d’une autre, mais, par fidélité à saint Pie X, ses préférences allaient nettement aux genres qui s’inspirent du chant grégorien et qui cadrent mieux avec lui. Il est certain que le diatonisme des œuvres palestriniennes, comme celui des compositions du maître de chapelle de Monaco, s’accorde mieux avec nos modes grégoriens que certains agrégats, prétendus harmoniques, de la musique d’aujourd’hui. La musique digne de l’Eglise doit créer une atmosphère favorable à la piété. C’est toujours cette impression de sérénité, de ferveur contenue, d’onction pénétrante, que j’ai goûté à l’audition des œuvres de Mgr Perruchot.

Mgr Maurice Kaltnecker


Antienne (Mgr Perruchot) page 1
Antienne (Mgr Perruchot) page 2
Mgr Lazare Perruchot, Verset sur l’antienne “Veni sponsa Christ”, pour orgue ou harmonium, dédicacé “A mon ami A. Raffat de Bailhac, Mtre de chapelle de St Devote, Monaco” (in Les Maîtres contemporains de l’orgue par l’abbé Joseph Joubert, Paris, M. Sénart, 1912, volume II)
Fichier MP3 Fichier audio par Max Méreaux )

Amédée Raffat de Bailhac (1880-1969)
Amédée Raffat de Bailhac (1880-1969)
(coll. DHM) DR.

Notes sur le dédicataire


Amédée Raffat de Bailhac (1880-1969) étudiait le piano au Conservatoire de Paris, et à la Schola Cantorum l'harmonie avec Fernand de la Tombelle, l'orgue avec Alexandre Guilmant et la composition avec Vincent d'Indy, avant d’être successivement nommé maître de chapelle à Paris (Notre-Dame de Bercy, Notre-Dame de Clignancourt), Monaco (Sainte-Dévote, 1907 à 1914), Saint-Jean-de-Luz, Nancy (cathédrale) et Biarritz (Saint-Charles, 1930-1934). En outre, il professa le piano quelque temps à la Schola cantorum de Paris (1900 à 1903), enseigna (1906) au Conservatoire de Fribourg (Suisse) et fonda la Schola de Nancy et de Charleville, avant d’assurer la direction de la Schola “Vincent d’Indy” d’Avignon, de la Schola “Jeanne d’Arc” de Montpellier et de la Schola “Raffat de Baillac” de Marseille jusqu’au début des années 1960 et qu’il avait créée à la fin des années 1930. Il laisse une oeuvre contenant des chœurs religieux a cappella ou avec accompagnement, et des pièces pour orgue, notamment un Offertoire sur la 5ème antienne des 1ères vêpres de la fête du Très St Sacrement écrit à Monaco en 1912, ainsi que deux pages pour 2 voix égales et orgue : une Antienne grégorienne à la Sainte-Vierge et un Ave Maria. Dans les années cinquante, il publiait encore quelques motets aux Editions ouvrières : Pater noster (4 voix seules ou mixtes, avec orgue), Salve regina (4 voix mixtes), Tota pulcha es (4 voix mixtes). DHM


 


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