Les orgues de Saint-Louis-des-Invalides

une architecture sonore au service de la musique, de la liturgie et des événements de l’histoire

 

par Loïc Métrope (*)


 

Le grand orgue, années 1950
(CP Greff) DR.

 

L’instrument pour Saint-Louis des Invalides est commandé par Louvois le 25 mars 1679, pour le buffet, à Germain Pilon, menuisier ordinaire des bâtiments royaux. Pilon a 70 ans et son projet correspond à un premier marché de menuiserie présentant deux harpies soutenant les extrémités du plancher. Entretemps, son projet a été écarté en faveur d’un autre qu’on attribue à Jules Hardouin-Mansart, hypothèse avancée par l’éminent musicologue Félix Raugel (1) mais largement débattue (2).

 

Plus de harpies pour le buffet ; le soubassement de l’orgue forme un seul corps et la seule saillie est réservée pour le buffet de Positif, à l’aplomb de la grande Montre qui déborde de chaque côté au niveau de la corniche faisant le tour de l’église. Désormais deux magnifiques atlantes dorés soutiennent les tourelles latérales. Le buffet est protégé par arrêté du 20 février 1905.

 

Dessin en 1679 de l'orgue des Invalides, dont la construction du buffet sculpté est confiée à Germain Pilon, menuisier du Roi.
(Paris, Musée des Arts décoratifs, n° d'inventaire CD6532, © MAD, Paris/Jean Tholance, avec leur aimable autorisation) DR.

Christian Lutz, expert auprès des monuments historiques nous renseigne sur l’analogie qui existe entre les buffets d’orgues de Saint-Louis des Invalides (1679) et de Notre-Dame à Versailles (1687) dont on sait que : « la menuiserie est réalisée par Antoine Rivet, avec le concours du serrurier Thomas Vallerand, du doreur et peintre Guillaume Desauriers, et peut-être du sculpteur Simon Hurtelle, tous artisans au service de Louis XIV ». (5)  

 

Alexandre Thierry « facteur du Roi », loge dans cet écrin doré une partie mécanique et une partie phonique souvent dénommée « partie musicale ».  Il répond à un marché notarié signé le 12 mai 1679 par le marquis de Louvois, secrétaire d’État de la Guerre (6 et 7). La particularité rendant ce buffet unique est la présence du Positif à mi-hauteur du soubassement. Le facteur Thierry propose une composition musicale conforme au style de l'époque, répartie sur 4 claviers manuels et un pédalier : Positif (1er clavier) : Montre 8 pieds, Bourdon 8, Prestant 4, Fourniture 4 rangs, Cymbale 3 rgs, Flûte 4, Doublette 2, Nazard, Tierce, Larigot, Cromorne 8, Voix Humaine 8. Grand-Orgue (2e clavier) : Montre 16, Bourdon 16, Montre 8, Bourdon 8, Grand Cornet 5 rgs, Prestant 4, Dessus de Flûte 8, Doublette 2, Nazard, Quarte de Nazard, Tierce, Fourniture 5 rgs, Cymbale 5 rgs, Grosse Tierce, Trompette 8, Clairon 4, Voix humaine 8. Récit (3e clavier) : Cornet 5 rgs, Petite Trompette 8. Écho (4e clavier) : Bourdon 8, Trompette 8, Cornet 5 rgs. Pédalier de 30 marches (la- fa) : Flûte 8, Trompette 8.

 

 

Début et fin des devis de menuiserie Germain Pilon du 25 mars 1679 (6) et devis pour l'orgue par Alexandre Thierry du 12 mai 1679 (7).
( AN/MC/ET/LXXV/194 et 195/photo L. Métrope )

 

 

Le Mercure Galant relate que le 1er mars 1682, Louis XIV se rend avec la reine Marie-Thérèse à l’église des Invalides pour entendre « le sieur Lebègue qui estoit venu tout exprès, touchoit l’orgue avec cette belle manière qui charme toujours ceux qui l’entendent ». Le 10 octobre 1686, les travaux sont vérifiés par Nicolas Le Bègue et Jacques-Denis Thomelin, organistes du Roi, sur l’invitation de Gabriel Garnier, titulaire, l’un des plus habiles virtuoses de son temps. En 1693, le facteur Julien Tribuot l'orgue, puis Louis-Alexandre Clicquot et son fils François-Henri Clicquot jusqu’à sa mort survenue en 1790. Sous la Révolution, c’est Pierre Dallery, son associé qui garantit son entretien.

 

 

Fin du procès-verbal de réception des travaux de l’orgue du 10 octobre 1686 par Le Bègue, Thomelin et Garnier (8).
(SHD, 1 Xy 34/photo L. Métrope) DR.

 

 

Le 31 août 1794, l’orgue est ébranlé par l’explosion de la poudrière de Grenelle. Un constat de dégradation le 11 fructidor, An III (3 septembre 1795) par la Commission temporaire des arts, créée en l’An II, précise : « Maison des Invalides militaires : bon comme matière. Cet orgue dont l’état est très mauvais ne peut servir pour autre usage que pour réparer d’autres avec la matière. Les soufflets sont excellents ». C’est encore l’orgue de Thierry et Tribuot que Jean Somer prolonge jusqu’à la réouverture de l’église en 1806, au prix de 8 500 francs.

 

Nicolas Séjan qui passe pour le meilleur organiste de l’époque, titulaire de l’orgue de Saint-Sulpice cumule cette attribution aux Invalides. Le 10 janvier 1824, le conseil d’administration de l’Hôtel royal des militaires des Invalides sollicite le secours financier du secrétaire d’État à la Guerre : « L’orgue a le plus grand besoin de réparations, la majeure partie des tuyaux ne rend plus de sons, d’autres au contraire produisent des sons continus. Les claviers sont tellement durs que l’organiste achève avec peine de toucher l’Office Divin ». (9)

 

Les conséquences de la réception des cendres de l’empereur Napoléon 1er, le 15 décembre 1840 sont signalées par Louis Séjan, successeur de son père, dans une note du 6 mai 1841 au Conseil d’Administration : « M. Séjan, organiste attribue les dégradations de cet instrument non seulement au temps, mais principalement à la masse de poussière que soulève la pose et la dépose des tentures dans les fréquentes cérémonies funèbres ». (10) Il faut bien un orgue provisoire durant ces travaux ; on loue à la Maison Daublaine & Callinet un « orgue ordinaire d’une dimension assez grande pour répondre à l’étendue du vaisseau de l’église ». Pierre-Edmond Hocmelle, successeur de Louis Séjan, décédé.

14 octobre 1843, reçu avec signature autographe de Jean-Baptiste Gadault ("Gadault père")
(SHD, 1Xy 34-3, photo : Loïc Métrope) DR.

 

Cet événement devient une aubaine pour le marché parisien de la facture d’orgues. On fait appel à la Maison Daublaine & Callinet, aux facteurs Gadault Père & Fils lesquels proposent une dépose totale pour une remise au goût du jour. Retenus d’abord pour de l'entretien, les voici dans la place lorsque survient un autre incident. Le 12 août 1851(11) se déclare un incendie au cours des obsèques du maréchal Horace Sébastiani. L’Illustration relate : « l’un des employés chargés d’allumer les cierges à l’intérieur de l’église, ayant approché par inadvertance une bougie allumée, fixée à l’extrémité d’un bâton qu’il tenait à la main, contre la tenture, le feu s’y est communiqué immédiatement et pris en peu d’instants des développements très-menaçants » (12). Le procès est rapporté dans la Gazette des Tribunaux au sujet du jugement rendu par la 1ère Chambre de la Cour Impériale de Paris le 23 avril 1855 : « le grand orgue, plusieurs drapeaux conquis, les ornements des voûtes glorieuses, le parasol de l’empereur du Maroc, sont détruits par les flammes ». (13)

 

Plus que jamais apparaît la nécessité de reconstruire l’instrument qui a souffert de l’eau et de la fumée. Le célèbre Aristide Cavaillé-Coll, la Maison Ducroquet (successeur de la Maison Daublaine & Callinet) et Charles Gadault fils, postulent (14). Pour affirmer sa candidature du 10 octobre 1851, Cavaillé-Coll établit un rapport alarmant sur l’état de l’instrument. Comme ses concurrents, il propose de le doter d’une console extérieure, tournée vers l’autel « pour remplacer l’ancienne située dans l’instrument, local obscur et incommode ne permettant pas à l’artiste de juger des effets ».

 

Le buffet (positif et grand orgue) et la console de Gadault de 1852
en fonction jusqu'en 1954
in N. Dufourcq, "Nicolas Lebègue", Paris, Picard, 1954 (DR.)

Il donne d’autres détails : « l’incendie (…) a fort heureusement respecté ce beau buffet. La peinture et la dorure ont seuls souffert de la chaleur produite par cet incendie. Les grands tuyaux de la Montre du grand orgue ont été grillés (…), plusieurs d’entre eux ont fondus à leur extrémité. Les parties intérieures de l’orgue ont moins souffert de la chaleur que de l’humidité de l’eau (…). Les sommiers en général sont complètement perdus. Les soupapes, les registres et les autres parties mobiles de ces sommiers ne peuvent plus agir sous l’action des claviers qui sont eux-mêmes dans le plus mauvais état ». Le document de 1851 donne encore la composition ancienne de 1806 par Somer pour 4 claviers manuels et un pédalier commandés par une console à l'emplacement de celle de Thierry : Pédale (30 notes de fa à ut (2 octaves ½) de 4 jeux, Flûte 8 et 4, Trompette 8, Clairon 4.  Positif, ut à (moins ut# à la basse) de 50 notes de 12 jeux, Montre 8, Bourdon 8, dessus Flûte 8, Prestant 4, Nazard, Basse Clairon et dessus Hautbois, Tierce, Doublette 2, Trompette 8, Cromorne 8, Fourniture 3 rgs, Cymbale 2 rgs. Grand Orgue, ut à (idem) de 13 jeux, Montre 16, Bourdon 16, Grand Cornet 5 rgs, Bourdon 8, Dessus de Flûte, Nazard, Grosse Tierce, Quarte de Nazard, Tierce, Trompette 8, Clairon 4, Trompette 8, Voix Humaine 8. Récit, la à (2 octaves ½) de 2 jeux, Grand Cornet 5 rgs, Hautbois 8. Écho, la à (idem) de 3 jeux.  Flûte 8, Bourdon 8, Trompette 8.  Total : 34 jeux.

 

En mars 1852, par mesure d’économie, l’administration choisit le facteur Charles Gadault fils. C’est un tournant dans l’histoire de l’instrument qui perd son caractère classique français au profit de l’esthétique romantique. (15) Charles Gadault créée une nouvelle console à 3 claviers de 54 notes (reportant les jeux de l’Écho sur le Récit à 42 notes) et un pédalier de 25 notes, disposée dans le soubassement du buffet. L’harmonie est profondément remaniée. À la suite de Gadault, un ouvrier attaché à l’établissement Merklin-Schütze à Bruxelles, Justin Game, entretient l’instrument.

 

Le 5 novembre 1897, deux facteurs de second ordre, Jean-Baptiste Bonneau et Modeste Béasse (16) interviennent et laissent leurs signatures « Bonneau et Béasse » sur un tuyau de la Montre ; travaux assimilables à une réparation de fortune et de gros entretien. Ils ont quitté la Maison Cavaillé-Coll de l’avenue du Maine à Paris en 1892 (17) (18), année de la mise en liquidation de cette manufacture (19, 20) car Aristide n’a pas trouvé de repreneur parmi les siens. Un concordat obtenu sauve l’entreprise qui renaît aux yeux du monde et retrouve, six ans plus tard, son dynamisme avec Charles Mutin (1861-1931).

 

Le 1er février 1898, l’Hôtel national des Invalides fait appel aux deux plus grands facteurs du XIXe siècle pour vérifier les travaux : Aristide Cavaillé-Coll et Joseph Merklin, concurrents acharnés. Le premier agit en qualité d’expert de l’administration de l’Hôtel et le second en qualité d’expert de l’entrepreneur. (21)

 

Aucune intervention sérieuse n’est signalée durant la première décennie du XXe siècle. La Séparation des Églises et de l'État, en 1905 trouble les relations, à l’exception de quelques manifestations musicales recensées par l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes (U.M.C.O.) qui, fondée en 1912, soutient le développement de l’art religieux. (22)

 

Au lendemain de la grande guerre, la question de l’état de conservation de l’instrument revient au premier plan. La Société « Les Amis des Cathédrales », en lien avec l’U.M.C.O. (23), reçoit le soutien de Charles-Marie Widor. En réponse à leurs vœux, l’Intendance militaire appelle la Maison Abbey pour placer une nouvelle soufflerie électrique (24) et vérifier l’état de fonctionnement mécanique de la console. Le 11 novembre 1925, on entend déjà l’organiste Marcel Dupré (25) et, en présence du maréchal Foch, on exécute le Requiem de Fauré sous la direction de Gabriel Pierné. (26) Dans le contexte de la crise financière de 1929, la facture d’orgues peine à survivre tandis que résonne le désir de « reconstruire entièrement l’instrument ». Le 2 avril 1930, la Société « Les Amis des Cathédrales » organise un nouveau concert : « dont la recette est destinée à restaurer la glorieuse église, et principalement ses orgues dont les vieux tuyaux aux suaves sonorités méritent d’être remis en état ». (27)

 

Le Secrétariat aux Beaux-Arts fonde, le 13 janvier 1933 une commission consultative chargée d’émettre un avis sur la restauration des orgues. (28) L’inauguration des orgues de Notre-Dame suscite les prétentions en faveur de Saint-Louis-des-Invalides quand « La Société Widor » organise à Saint-Sulpice un concert à l’occasion des quatre-vingt-dix ans du Maître (29).

 

Sous l’impulsion de l’organiste Jules Meunier, l’administration de l’Hôtel des Invalides se tourne le 24 avril 1938 vers les facteurs Gloton-Debierre et Beuchet : « la présentation du devis de réfection du grand orgue des Invalides devient urgente (…) pour les Invalides, c’est à vous Monsieur Beuchet, ex-directeur de la Maison Cavaillé-Coll que ce devis est demandé ». Le général Eugène Mariaux, gouverneur des Invalides et musicien avisé, lui est favorable et, le 6 mai la Maison Gloton-Beuchet présente un devis de restauration partielle.  La vétusté de l’orgue est profonde et oblige la reconstruction des sommiers anciens, sans négliger d’évoquer des perspectives nouvelles, tournées vers un instrument à transmission électrique à l’instar de celui de l’église Notre-Dame d’Auteuil en 1937 : « Il convient de dire qu’une restauration complète s’impose, faute de quoi, l’orgue ne manquerait pas de se détériorer plus gravement et de devenir rapidement inserviable ». En attendant, l'accordage est confié aux frères Gouaut, tandis que les réparations mécaniques incombent à Eugène Picaud. (30)

 

Les acteurs principaux de la période ouverte par la Seconde Guerre mondiale sont Bernard Gavoty (1908-1981) et Marcel Dupré (1886-1971) ; Gavoty, nommé le 7 juillet 1942 par le général Mariaux, organiste titulaire de l’église des soldats, écrira plus tard : « je me préoccupais aussitôt de réunir les crédits nécessaires à la reconstruction totale de l’instrument. Il fallait enrichir celui-ci des acquisitions de la facture contemporaine et lui restituer les timbres anciens, supprimés lors de la restauration de 1851. L’étude du projet fut confiée par la Direction des Beaux-Arts à Alexandre Cellier, organiste de l’Église réformée de l’Étoile. Je pris également conseil auprès de Marcel Dupré et d’André Marchal. Le projet fut agréé par J. Verrier, inspecteur général des monuments historiques au Secrétariat général des Beaux-Arts. Mise au concours entre les facteurs Gonzalez et Beuchet-Debierre, la reconstruction fut finalement adjugée à Joseph Beuchet, facteur à Nantes ».

 

Bernard Gavoty (31) devient l’incontournable médiateur d’un processus visant à la transformation radicale des orgues des Invalides commencée en 1938 avec le facteur Georges Gloton lequel assure le démontage de l’instrument et le transport à Nantes des principaux éléments. Les travaux sont ralentis à Nantes en raison des bombardements alliés sur la ville le 18 septembre 1943. Dans les ateliers de la Manufacture Beuchet, on applique les clauses d’un devis ambitieux, daté du 19 juin : « l’instrument reconstruit sera composé de 70 jeux pour trois claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes. Des chamades flottantes au grand orgue et à la pédale seront posées. Tous les sommiers seront refaits neufs. La transmission sera électro-pneumatique avec des contacts à frottement en argent. La console sera fixe entièrement neuve, électrique placée selon nous, l’organiste adossé à la tribune et regardant l’orgue ». (32)

 

Bernard Gavoty rédige le 24 mars 1944 une note à l’attention de l’administration des Beaux-Arts : « Don du Chef de l’Etat : 150.000 francs ; Subvention du Secrétariat d’Etat à la Défense nationale : 50.000 frcs ; Subvention de la Ville de Paris : 560.000 frcs ; Subvention de l’Administration des Beaux-Arts : 200.000 frcs ; de la Défense Terrestre : 300.000 frcs ; de la Défense Aérienne : 254.000 frcs ; de la Marine et aux Colonies : 254.000 frcs. Total : 1.768.000 frcs. » À Paris, Eugène Picaud avec Reynoud, assurent : « le démontage des tuyaux, métal et bois qui sont déposés dans la pièce de soufflerie et qui sont passés par le trou des porte-vent. À la galerie restera les sommiers, 12 notes de Flûte 16 et petits réservoirs », écrit Picaud à Joseph Beuchet, 1er avril 1945.

 

Pour Bernard Gavoty, les choses ne vont pas assez vite. Il écrit le 7 février 1952 à Joseph Beuchet : « au moment même où nous croyions que tout était perdu pour l’orgue des Invalides, grâce à l’énergie et à l’activité de l’Abbé Thorel, aumônier des Invalides, la question vient de faire un pas de géant. Georges Bidault, assistant au service célébré à Saint-Louis-des-Invalides pour le Général de Lattre de Tassigny, s’est indigné de ce qu’il n’y avait pas d’orgue valide (…). Le jour même, Georges Bidault donnait des instructions aux trois Cabinets (…). Le Ministre des Beaux-Arts imitant ce geste, débloquent leurs crédits personnels ».  Pour le traitement sonore de la tuyauterie, la Manufacture Beuchet-Debierre emploie sur les lieux Edmond Costa, "l’harmoniste-artisan". Son travail s’inscrit dans l’optique d’un goût prononcé pour la construction des orgues à transmissions électriques offrant un confort de jeu.  Marcel Dupré, influencé par les instruments qu'il touche à la faveur de ses tournées en Amérique, en est l'un des adeptes. Le 25 novembre 1957 la Maison Beuchet écrit à Bernard Gavoty : « il y a dans le nouvel orgue un peu plus de nouveaux jeux que le prévoyait le devis, certains anciens jeux ayant été déclarés non réemployables aussi bien par les fabricants de tuyaux que par les harmonistes, tant ils étaient en mauvais état. La plupart des anciens jeux, ne sont réemployés qu’en partie-rediapasonnés- repoussés d’un ½ ton ou d’un ton – bouches refaites. Les dessus de 54 à 61 notes, neufs bien entendu. ».

 

1957 : les artisans de l’ombre manifestent leur joie à la tribune des orgues des Invalides, bientôt inauguré par le maître Marcel Dupré. On reconnaît de gauche à droite :
Roger Elain, harmoniste, Edmond Costa, harmoniste-artisan, le fils de Costa, Jean Haussais, organier, René Rouie organier, Henri Herbreteau et Jacques Picaud, harmoniste.
Le maître Marcel Dupré, au centre et le maître Bernard Gavoty, sur la droite (33).
(coll. L. Métrope/numérisation DHM) DR.

 

Les artisans de l’ombre manifestent leur joie à la tribune des orgues des Invalides, bientôt inauguré par le maître Marcel Dupré. On reconnaît de gauche à droite : Roger Elain, harmoniste, Edmond Costa, harmoniste-artisan, le fils de Costa, Jean Haussais, organier, René Rouie organier, Henri Herbreteau et Jacques Picaud, harmoniste. Le maître Marcel Dupré, au centre et le maître Bernard Gavoty, sur la droite. (33).

 

Ce dimanche 8 décembre 1957 est une fête en l’église des soldats comme l’attestent les principales pages du programme de l’exemplaire personnel de Marcel Dupré. (34)

 

Ce dimanche 8 décembre 1957 est une fête en l’église des soldats comme l’attestent les principales pages du programme de l’exemplaire personnel de Marcel Dupré (34).
(BnF-Musique, reproduction L. Métrope) DR.

 

L'orgue des Invalides, par la suite, bénéficie de quelques aménagements (deux jeux de chamades disposés de part et d’autre du magnifique buffet contenant désormais quelques 4 615 tuyaux répartis sur 63 jeux) répondant aux exigences de Bernard Gavoty. (35) Le 30 novembre 1980, un concert est organisé en son honneur avec le concours de Pierre Gazin, nouvel organiste titulaire (36) et l’orchestre symphonique de la Garde Républicaine avec des œuvres de Purcell, Titelouze, Grigny, Couperin, Franck, Vierne, Dupré et Gazin.

 

Revisiter son fonctionnement et de sauvegarder sa richesse d’interprétation dans un buffet majestueux : telle est la mission du facteur d'orgues, Bernard Dargassies, titulaire de l’orgue du pavillon Baltard, en charge de l’entretien de l’orgue qui l’unit à l’église Saint-Louis-des-Invalides. Saluant la compétence des organistes titulaires - Mme Susan Landale, MM. Philippe Brandeis, Vincent Rigot et Éric Ampeau -  Bernard Dargassies commente :

 

« Notre Maison entretient les orgues de Saint-Louis-des-Invalides depuis quelques années et nous procédons au relevage de l’instrument en plusieurs interventions nécessitées par l’usage. Construit très solidement par la maison Beuchet-Debierre en 1957, cet orgue reflète la tendance (…) de l’époque, alors tournée vers l’esthétique néo-classique. En 1970, avec Jacques Picaud, facteur d’orgues, une nouvelle approche lui donne le caractère que nous découvrons (…). Force est de constater que l’évolution des goûts musicaux incite les facteurs à apporter leur conception personnelle, tout en s’efforçant de maintenir dans son essentiel l’esprit de cette création d’après-guerre. (…) Aujourd’hui, nous osons donner aux orgues des sonorités plus affirmées que l’esthétique néoclassique de 1957 et de 1970 en reprenant, sans réserve, ce que (…) nos prédécesseurs pratiquaient. Notre dernière intervention consiste à la remise en peaux des soufflets, le changement des pressions nous faut envisager le nécessaire remplacement des transmissions électriques (…) C’est le vœu que nous formons pour répondre parfaitement aux exigences des organistes (…) qui pratiquent tous les répertoires et apportent (…) cette présence sonore sans égale pour le service cultuel et les commémorations de l’Histoire. Dernièrement (…), nous sommes intervenus avec d’autres spécialistes sur la restauration partielle du magnifique buffet de 1679 (…) ».

 

 

 

Nomenclature des jeux après recomposition et réharmonisation par Bernard Dargassies

 

1er clavier Grand-Orgue 61 notes : MONTRE 16, BOURDON 16, MONTRE 8, DIAPASON 8, BOURDON 8, FLÛTE HARMONIQUE 8, GROS NASARD 5 1/3, PRESTANT 4, FLÛTE DOUCE 4, GROSSE TIERCE 3 1/5, DOUBLETTE 2, GRANDE FOURNITURE 4 rgs, FOURNITURE 4 rgs, GRAND CORNET 5 rgs, BOMBARDE 16, TROMPETTE 8, CLAIRON 4, TROMPETTE CHAMADE 8, CLAIRON CHAMADE 4 – 16.

 

2e clavier Positif 61 notes : MONTRE 8, BOURDON À CHEMINÉE 8, PRESTANT 4, FLÛTE À CHEMINÉE 4, NASARD 2 2/3, FLAGEOLET 2, TIERCE 1 3/5, PLEIN JEU 4 rgs, CYMBALE 2 rgs, TROMPETTE 8, CROMORNE 8, CHALUMEAU 4, TROMPETTE CHAMADE 8 du GO, CLAIRON CHAMADE 4-16 du GO.

 

3e clavier Récit expressif 61 notes : QUINTATON 16, PRINCIPAL 8, COR DE NUIT 8, FLÛTE OUVERTE 4, VIOLE DE GAMBE 8, VOIX CÉLESTE 8, PRINCIPAL 4, FLÛTE À FUSEAU 4, NASARD 2 2/3, PRINCIPAL 2, FOURNITURE 3 rgs, CYMBALE 2 rgs, CORNET 5 rgs, BOMBARDE 16, TROMPETTE 8, BASSON – HAUTBOIS 8, CLAIRON 4, VOIX HUMAINE 8, Trémolo.

 

Pédale 32 notes : SOUBASSE 32, SOUBASSE 16 ext. de 32, BOURDON 8 ext. de 16, FLÛTE 16, PRINCIPAL 16 M16 GO, FLÛTE 8, PRINCIPAL 8, PRINCIPAL 4 ext. de 8, FLÛTE 4, PRINCIPAL 2, QUINTE 10 2/3, TIERCE 6 2/5, SEPTIÈME 4 4/7, BOMBARDE 16, TROMPETTE 8, CLAIRON 4, TROMPETTE CHAMADE 8 du GO, CLAIRON CHAMADE 4 du GO.

 

GO / PÉD 8 et 4, POS / PÉD 8 et 4, RÉC / PÉD 8 et 4 POS / GO 16, 8 et 4, RÉC / GO 16, 8 et 4 RÉC / POS 16, 8 et 4 GO 16, 8 et 4, POS 16, 8 et 4, RÉC 16, 8 et Crescendo, 16 x 999 combinaisons, insert et retrait combinaison, transpositeur, coupure pédale.

 

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Les organistes et maîtres de chapelle de Saint-Louis-des-Invalides, de 1679 à nos jours

par Denis Havard de la Montagne (dernière mise à jour : février 2019)

 

Les titulaires du grand orgue :

Église Saint-Louis-des-Invalides
(coll. D.H.M.) DR.

 

- 1679 à 1683 : Jean Lebègue

- 1684 à 1721 : Gabriel Garnier

- 1721 à 1760 : Jean Landrin (gendre du précédent)

- 1760 à 1791 : Gabriel Landrin (fils du précédent)

- 1807 à 1819 : Nicolas Séjan

- 1819 à 1849 : Louis Séjan (succède à son père), suppléants : Pierre Moncouteau, Victor Cornette

- 1849 à 1851 : Edmond Hocmelle (aveugle, 1er Prix d’orgue du Conservatoire en 1846)

- 1851 à c. 1885 : Charles Poissant (aveugle)

- c. 1885 à c. 1890 : Julien Héry (aveugle)

- début des années 1890 : Eugène Gazier (le 22 octobre 1893 joue les obsèques du Maréchal de Mac-Mahon, ancien Président de la République de 1873 à 1879)

- c. 1897 à c.1920 : Léon Rousseau (le 1er juin 1916 joue les obsèques du Général Galliéni)

- début des années 1920 à 1942 : Jules Meunier (et maître de chapelle de Sainte-Clotilde), suppléant : Etienne Audfray

- 1942 à 1981 : Bernard Gavoty, suppléants : Eliane Lejeune-Bonnier, Geneviève Denis-Poirier

- 1981 à 1998 : Pierre Gazin

- 1998 à nos jours, 3 co-titulaires : Susan Landale, Philippe Brandeis, Vincent Rigot, puis (2005) Éric Ampeau.

 

Les organistes-accompagnateurs (harmonium) et Maîtres de chapelle :

 

- Louis Renard, MC : 1844 à 1878 (contrebassiste solo de la Société du Conservatoire)

- Charles Poissant, acc. : années 1840 avant d’être nommé au grand orgue (professeur à l’Institut National des Jeunes Aveugles)

- Théodore Dubois, acc. : 1854 à 1858 (futur titulaire de l’église de la Madeleine, directeur du Conservatoire de Paris et membre de l’Académie des Beaux-Arts)

- Bernard, acc. : années 1860

- Prosper Quénart, acc. : début années 1870 (professeur de chant et de solfège, puis quitte Paris, retourne dans sa région natale à Saron-sur-Aube, devient Maître de chapelle de l’église de Saint-Just-Sauvage et meurt tragiquement le 30 novembre 1890, noyé dans le canal de la Haute-Seine)

- Samuel Rousseau, acc. : années 1870 (et organiste de chœur de Sainte-Clotilde, lauréat du Prix de Rome 1878)

- Maurice Petit, acc. (curieux personnage, membre du « Club des Hydropathes » en 1878, puis fondateur du « Club des Hirsutes » en 1884)

- Clémentine Billot, MC : fin des années 1880-début 1890 (née Predigam à Strasbourg, elle enseigne le piano à Paris)

- Emmanuel Robert, MC : années 1890 et début 1900 (professeur de violoncelle à Paris)

- Edouard Flament, acc. : années 1920 et 1930 (lauréat du Prix de Rome 1908, pianiste, chef d’orchestre, compositeur)

- Marcel Laloy, MC : c. 1925 à 1935 (sergent, grand mutilé de guerre, président du « Bleuet de France », fondateur de la Maîtrise des Invalides)

- Eugène Saury, MC : 1935 à c. 1946 (1er violon des Concerts Lamoureux)

- François Tricot, MC : 1947 à 1987 (et MC de Sainte-Clotilde)

  Fichier MP3 Entendre sonner l'orgue des Invalides vers 1975 avec François Tricot jouant le Choral "Très cher Jésus, nous sommes ici" de J.-S. Bach et la Toccata en si mineur d'E. Gigout (coll. famille Tricot, numérisation D.H.M.) DR.

- Marie-Rose Chauveau, MC : c. 1950 à 1968 (cantatrice, soliste des Concerts Colonne)

- Marie Tarditi, MC : 1969 à 1980 (a dirigé les Concerts Colonne et en 1998 a acquis avec son mari Hubert Martigny la Salle Pleyel)

- Jean Cussac, MC : 1980 à 1994, dernier MC (chanteur baryton, membre des « Swingle Singers » dès leur création en 1963, directeur musical des « Studios Walt Disney »)

 

 

 

NOTES :

 

(*) Une première version de ce texte a été publiée dans l’ouvrage Saint-Louis des Invalides, la cathédrale des armées françaises (Coll. « La grâce d’une cathédrale » www.lagracedunecathedrale.com, La Nuée Bleue, Strasbourg, 2018). Musica et Memoria remercie Les Editions du Quotidien/La Nuée Bleue de nous avoir autorisés exceptionnellement à reprendre cet article

(1) Raugel (F), Le Monde Musical, 1921, pp. 183-84 – Le Grand Orgue des Invalides, et Les Grandes Orgues des Églises de Paris et du Département de la Seine, Paris, Fischbacher, 1927, pp. 55-61.

(2) Hardouin (P), Connaissance de l’Orgue, Pilon (n° 31) et Thierry (n° 38).

(3) Dufourcq (N), Le livre de l’orgue français, 1589-1789, tome 1, Les Sources, pp. 250-255, 353, 525-532, 592 & tome II, Le buffet, Paris, Picard, 1969, pp. 91, 141.

(4) SHD, 1Xy 34-3, 3 Xy 9-4, 3Xy 11-1– (Service Historique de la Défense).

(5) Lutz (Christian) : cf. Étude préalable à la restauration du grand orgue de tribune de l’église Notre-Dame à Versailles.

 (6) Archives Nationales - Minutier des Notaires – devis de menuiserie Germain Pilon du 25 mars 1679. Cote : AN/MC/ET/LXXV/194.

(7) Arch. Nat. - Minutier des Notaires – devis pour l’instrument par Alexandre Thierry du 12 mai 1679. AN/MC/ET/LXXV/195.

(8) SHD : 1 Xy 34 : procès-verbal de visite de l’orgue du 10 octobre 1686.

(9) et (10) : SHD : 1 Xy 34.

(11) L’Illustration, 16 août 1851 - archives de Paris, Cote PER 1235-1851 (2).

(12) La Gazette des Tribunaux, 24 avril 1855 - archives de Paris, Cote PER 1416-42.

(13) SHD, 1Xy 11

(14) Inventaire des orgues d’Eure-et-Loir, Chambéry, Comp’Act, 1996, pp. 305-306. Notice sur les Gadault, facteurs souvent signalés pour des travaux dans ce département, particulièrement à Chartres.

(15) Bossuet (A) - Petite Histoire de l’Orgue de Saint-Louis des Invalides – remerciements à Susan Landale, organiste titulaire.

(16) Lutz (C) - Notes sur la Maison Bonneau et Beasse dans son étude sur l’orgue de Saint-André de l’Europe à Paris.

(17) Métrope (L) - La Manufacture d’Orgues Cavaillé-Coll, avenue du Maine, Paris, Aux Amateurs de Livres – Klincksieck, 1988.

(18) Gavoty (B) - Les Monuments Historiques au service des orgues de France, 1962 – n° 2-3, avril-septembre – La Chapelle de l’Hôtel des Invalides de Paris.

(19) Jurine (M) - La Liquidation judicaire d’Aristide Cavaillé-Coll, mars à mai 1892 – La Flûte Harmonique - Ass. Cavaillé-Coll – 1989, numéro spécial 51/52.

(20) Métrope (L) - Charles Mutin, portrait d’un chef d’entreprise – Les Facteurs d’Orgues Français, 1994, n° 18, pp. 30-38.

(21) SHD, 3Xy 1, procès-verbal du 1er février 1898.

(22) et (23) Le Ménestrel, n° 13 du 27 mars 1925, p.152.

(24) Vatus (J) - Une famille de facteurs d’orgues versaillais : les Abbey, Les Amis de l’orgue de Versailles et de sa région, 1999. 

(25) Murray (Michaël) - Marcel Dupré, Association des Amis de l’Art de Marcel Dupré – Paris 12, p.103.

(26) La Croix, édition du 12 novembre 1925 : « (...) dans l’église Saint-Louis-des-Invalides, qui contient, on le sait, les trophées de guerre, de nouvelles orgues furent inaugurées mercredi par le maître Marcel Dupré au cours d’une cérémonie célébrée pour l’anniversaire de l’armistice. » -  Association Maurice & Marie-Madeleine Duruflé, Les organistes français au concert à Paris de 1919 à 1939 – Bulletin n° 12 / 2012. pp. 167-168.

(27) Le Ménestrel, n° 15 du 11 avril 1930, p.172

(28) Ministère de la Culture : archives du bureau du patrimoine mobilier et instrumental – direction générale des patrimoines – séance de la première commission des orgues du 13 janvier 1933.

(29) Le Ménestrel, n° 25 du 17 juin 1932, p.264. Inauguration des orgues de Notre-Dame. Louis Vierne, Mes Souvenirs – Cahiers et Mémoires de l’Orgue – L’Orgue n° III.1970 – p.p. 104-112.

(30) Archives départementales de Loire-Atlantique : fonds Beuchet-Debierre déposé en 1992 (Cote 183 J) à la suite de la cessation d’activités de la Manufacture d’orgues Debierre le 2 janvier 1980. Remerciements à Thierry Semenoux, technicien-conseil pour les orgues protégés M.H., sur l'exploration de ce fonds d'archives.

(31) Dufourcq (N) - L’Orgue – janv. fév. mars 1982, n° 181, p. 23-24 : ». – Chaumet (B) – Association « Les Amis de l’Art de Marcel Dupré » - Cahier, n° 15, oct, 1996 ; n° 17, nov.1997 ; n° 18, oct. 1999 ; n° 21, sept. 2004 ; n° 22, sept. 2005. p.p. 104-112. – David-Weill (B) - Institut de France – Académie des Beaux-Arts – Notice sur la vie et l’œuvre de M. Bernard Gavoty, lue à l’occasion de son installation comme membre de la Société des Membres Libres – Séance du mercredi 27 avril 1893 – Site, Académie Institut de France. Gavoty (B) - Les Monuments Historiques au service des orgues de France, 1962 – n° 2-3, avril-septembre – La Chapelle de l’Hôtel des Invalides de Paris.

(32) Cicherro (J.-M.), facteur d’orgues - Eugène Picaud et son Jacques, témoignage de Jean-Marc Cicherro, facteur d’orgues que nous remercions très chaleureusement.

(33) L. Métrope (collection particulière - don d’Edmond Costa) et témoignage de René Oré ancien compagnon de la Maison Beuchet (lettre du 25 octobre 1987 à Loïc Métrope).

(34) BNF/Musique - fonds Marcel Dupré (signalé par Bruno Chaumet) – cote Vma 2803 (extraits). Exemplaire personnel de Marcel Dupré – programme inaugural, dimanche 8 décembre 1957, des orgues de Saint-Louis-des-Invalides.

(35) Bernard Gavoty, également musicographe et critique musical qui signait ses articles au Figaro sous le pseudonyme de Clarendon.

(36) Gazin (Pierre) - petite notice biographique extraite du programme du concert du 30 nov. 1980).

 

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