Louis NIEDERMEYER
L'Ecole de musique classique et religieuse
Gustave Lefèvre, les Heurtel
Louis Niedemeyer, crayon ( D.R. ) |
En 1990 la Ville d'Issy-les-Moulineaux, en région parisienne, désireuse de faire revivre "l'œuvre exemplaire menée par Louis Niedermeyer et ses successeurs, guidée par le souci de servir l'orgue, la composition et l'art sacré" baptisait son Ecole Nationale de Musique "Conservatoire Niedermeyer". A cette occasion une exposition "Ecole Niedermeyer" fut organisée au printemps et une plaquette de 31 pages imprimée. Principalement réalisée par Mlle Isabelle Dapremont, assistée de Melle Laurence LEV, et avec la Délégation des Affaires Culturelles de la Ville d'Issy-les-Moulineaux, cette manifestation (exposition et rédaction de la plaquette) bénéficia de la collaboration de la Bibliothèque Nationale (Département musique), de la Bibliothèque de l'Opéra, du Musée instrumental du CNSM de Paris, ainsi que celle de M. Jacques CHAILLEY, Professeur honoraire à la Sorbonne, Mme Anne-Marie CLEMENT, Melle Suzanne CROMBE, Melle Geneviève PETIT et M. Jacques PETIT (arrières petits-enfants de Louis NIEDERMEYER), Mme DUMORA-MESSAGER, Mme MESSAGER, M. et Mme FOURNIER-PERILHOU, M. Claude TERRASSE, M. Denis HAVARD de la MONTAGNE et des familles d'anciens élèves de l'Ecole Niedermeyer.
Nous remercions Melle Isabelle Dapremont, aujourd'hui Directrice générale des services de la Ville d'Issy-les-Moulineaux, de nous avoir autorisé à reprendre ci-après les textes de cette plaquette.
D.H.M. (juin 2008)
Louis de Niedermeyer d'Altenbourg naît le 27 avril 1802 à Nyon, petite ville suisse située au bord du lac Leman. Sa mère Louise-Charlotte Baylon est issue d'une famille originaire de Montélimar, réfugiée à la suite de problèmes politiques et religieux tandis que son père, Georges-Michel, né à Würzbourg (Allemagne), mélomane averti, après avoir reçu une éducation dans un couvent de bénédictins, s'est installé en Suisse où il enseigne la musique. Aîné de trois enfants, Louis, présente dès son plus jeune âge des dispositions pour la musique et s'enthousiasme dos premières leçons paternelles prodiguées.
Le jeune élève dont l'ambition musicale s'affirme quitte les siens à l'âge de 15 ans pour rejoindre la ville de Vienne, plus à même de répondre à sa passion. Après deux années passées auprès d'Ignaz Moscheles pour le piano et de Förster, qui lui inculque une parfaite connaissance du contrepoint et de la fugue, il part pour l'Italie en 1820. Fioravanti, maître de la chapelle pontificale le sensibilise à l'écriture de la musique vocale, quelque peu négligée alors dans les Ecoles allemandes et françaises. Poursuivant son éducation aux côtés du chef d'orchestre Zingarelli, il fait la connaissance à Naples de Rossini qui conservera au fil des années une profonde amitié pour ce jeune artiste qu'il encourage sincèrement. En témoigne l'écriture de deux opéras : Il Bravo et Il Reo per amore, présentés au Théâtre del Fundo grâce aux précieuses recommandations du Maître.
De retour à Nyon, Louis Niedermeyer compose une romance, mélodie créée sur un texte de Lamartine, Le Lac. Editée par Pacini, fort réputé dans le milieu musical, la publication remporte un grand succès dès son impression en 1825 à Paris, et conquiert la satisfaction du poète.
Le Lac, mélodie de Louis Niedermeyer, sur une poésie de Lamartine, 1825 : page de couverture et premières mesures ( Coll. D.H.M. ) D.R. |
"On a essayé mille fois d'ajouter la mélodie plaintive de la musique au gémissement de ces strophes. On a réussi une seule fois : Niedermeyer a fait de cette ode une touchante traduction en notes. J'ai entendu chanter cette romance, et j'ai vu les larmes qu'elle faisait répandre." Lamartine.
Cette partition, au-delà d'une réussite ponctuelle, constitue une véritable référence dans l'évolution de la mélodie française et confère à son auteur un rôle déterminant que l'histoire a omis de retenir.
"Niedermeyer a été surtout un précurseur en écrivant Le Lac ... il a créé un genre nouveau, d'un art supérieur, analogue au Lied allemand et le succès retentissant de cette oeuvre a frayé le chemin à Charles Gounod et à tous ceux qui l'ont suivi dans cette voie." Saint-Saëns.
En effet, pour la première fois, un musicien avait imaginé faire précéder la romance à couplet de l'époque d'un long récit dramatique ; Massenet, Fauré ... s'inspireront d'un tel procédé créatif.
Malgré de nombreuses sollicitations dans les salons parisiens les plus prisés, Louis Niedermeyer refuse toute prestation de concert pour se consacrer à la composition, sa vocation. Le 15 Juillet 1828, sous la protection de son ami Rossini, il présente un opéra en 2 actes Casa nel bosco, qui permet au critique Fétis dans La Revue Musicale de souligner ses qualités de mélodiste "italien" alliées à un sens de l'harmonisation dit "germanique". Le jeune Liszt retiendra quant à lui l'ouverture de ce petit ouvrage lyrique, réduite pour piano à 4 mains, lors de plusieurs récitals.
Son père souffrant, Niedermeyer rejoint la Suisse et se marie en 1831 avec Jeanne des Vignes de Givrins, jeune fille appartenant à l'aristocratie vaudoise. Résidant dans l'ancienne châtellenie appartenant à sa femme, le compositeur se consacre à la gestion du domaine agricole, sans abandonner ses préoccupations artistiques qui le conduisent à faire construire dans sa demeure un orgue de 16 jeux par le célèbre facteur Moser.
Sérénité agreste... "Souvent les amis du voisinage venaient passer la soirée au vieux castel de Genolier : le jeune maître leur faisait de la musique, et les gens se groupaient sous les fenêtres avec les paysans, pour prendre leur part du concert."
En 1834 Louis Niedermeyer quitte les terres familiales et se rend sur les conseils d'un ami à Bruxelles pour enseigner dans un Institut fondé par l'italien Gaggia. La musique reprend une place primordiale dans ses aspirations. Ainsi, durant le trajet effectué en berline, l'accompagne un petit clavecin, réalisé à l'intention du voyage. Le soir l'instrument est déposé dans la chambre de l'auberge pour permettre au compositeur d'essayer les inspirations venues dans la journée. Trois ans plus tard, le musicien abandonne ses fonctions de professeur de piano; les fondateurs renoncent à leur entreprise au regard de frais considérables qu'ils ne peuvent continuer à honorer.
De retour en France, Louis Niedermeyer s'installe à Paris et compose en 1837, suivant les conseils de Rossini, un opéra en 5 actes Stradella, sur des paroles d'Emile Deschamps et d'Emilien Pacini, fils de l'éditeur, qui nous rapporte la difficile naissance du spectacle :
"L'on se mit d'arrache-pied à l'ouvrage. Je mis dans les mains de mon ami Niedermeyer de quoi faire un chef-d'oeuvre. De chaque morceau, il fit un diamant de la plus haute valeur."
Les directeurs artistiques se déclarent néanmoins réticents. "Qu a-t-il fait pour nous engager à dépenser cent mille francs pour monter cet ouvrage ? Peut-on mettre sur l'affiche de l'Opéra un pareil nom d'un jeune homme inconnu ?...
A force de battre le fer, j'amollis mes entêtés, l'on m'accorde une audition.
Niedermeyer au piano, on le regardait, on levait les épaules, l'on me souriait, on avait l'air de me braver. Enfin, on entoure le piano; quelle fut leur surprise : à chaque morceau, ils se regardaient entre eux, voulant se dire : est-ce bien ce que nous entendons ?
Au trio des trois hommes, ils voulurent le déchiffrer eux-mêmes ..."
Le 3 Mars 1837 l'on assiste donc à l'Académie Royale de Musique, à la création de Stradella, qui sera représenté quelques années plus tard dans une version réécrite en 3 actes. Le synopsis de cet ouvrage s'inspire d'un fait historique et relate des épisodes de la vie sentimentale fertile en aventures d'Alessandro Stradella, chanteur et compositeur appartenant à l'Ecole italienne du XVIIème siècle.
Maître de chapelle au service d'un sénateur voluptueux, le musicien s'enfuit à Rome avec la belle. Offensé, le noble vénitien soudoie des spadassins, missionnés pour tuer Stradella. Ce dernier, inconsciemment, déjoue le complot en charmant de sa voix ses futurs assassins. Alors que le peuple s'apprête à décerner un triomphe à l'artiste qui va s'unir à Léonor, surgit, vengeur, l'amant évincé. Contrairement au récit légendaire dans lequel le héros connaît une fin tragique, Stradella adopte un dénouement heureux.
En 1839, Louis Niedermeyer, perçu comme "l'un des écrivains élégants et purs en musique", publie deux grandes scènes lyriques et quelques romances. La Noce de Léonor, ballade fantastique, évoque avec force sifflements et rires démoniaques l'union satanique de Léonor qui s'est donnée au diable par excès d'amour. Ecrite pour voix de basse, tout comme "une Scène des Appennins", cette partition, où transparaissent "les passions qui agitent l'âme", fit forte "impression de terreur auprès des esprits féminins"...
La fondation de la Société de Musique Vocale et Classique en 1840 constitue le premier jalon édifié par le compositeur en matière de musique ancienne. En compagnie du Prince de la Moskowa, fils du maréchal Ney, Niedermeyer entreprend d'exhumer de l'oubli des oeuvres sélectionnées de préférence parmi le répertoire des maîtres français, italiens et allemands des XVI et XVIIèmes siècles. Une prédilection s'affirme pour l'exécution de morceaux écrits pour les voix seules ou avec accompagnement d'orgue : Palestrina, Lassus, Jannequin, Marcello, Haëndel... Se presse aux concerts programmés dans la Salle Sainte-Cécile l'élite de la haute société, séduite par la nouveauté de telles prestations qui bénéficient par ailleurs du précieux concours de nombreux amateurs. Tandis que Louis Niedermeyer se passionne avec fougue pour ces oeuvres méconnues, compulse, décrypte, sélectionne, harmonise et préside aux répétitions; fin mélomane, le Prince de la Moskowa dirige le moment venu les prestations publiques. En parallèle est entreprise avec grand soin la publication d'un recueil en 11 volumes, témoignage de valeur des travaux alors menés. Malheureusement, face à un déficit croissant, devenue ingérable, l'association est dissoute après trois années d'activités.
Fin 1843, la Direction de l'Opéra remet à Niedermeyer le livret de Marie Stuart dont la première représentation est donnée le 6 décembre 1844 en présence du Roi Louis-Philippe qui fait alors appeler l'auteur et lui remet la Croix de la Légion d'Honneur. L'action met en scène la Reine d'Ecosse, décapitée en 1587, sur l'ordre d'Elisabeth d'Angleterre. Intrigues et rivalités de cour ponctuent crimes et passions royales. Complots pour perdre ou sauver Marie, dualité de Bothwell et de Darnley, gracieux épisodes de délassement poétique et pathétique, marche au supplice respectent la trame historique d'un récit déjà porté auparavant sur les scènes lyriques. Si les critiques déplorent quelque peu un manque de "désordre, de fougue, voire de brutalité" dans cette partition riche de mélodies et de fraîcheur, l'ensemble des chroniqueurs s'accorde à souligner l'abondance de "motifs heureux, d ordre supérieur."
"Mr Niedermeyer a fait sur Marie Stuart une musique pleine d'art, de science, de grâce et de mélodie. L'orchestre et les accompagnements sont traités avec un soin délicat, une finesse et une élégance rares." Théophile Gautier
"...Il excelle à peindre les vagues rêveries de l'âme... son inspiration mélodique part du coeur; elle est vraie, et cette fois, il s'est montré plus passionné qu'il ne l'avait été précédemment." La Gazette Musicale
"C' est ravissant, délicieux... J'ai pleuré comme un enfant à la fin; le retour de votre délicieuse mélodie doit prendre sur les nerfs de tout le monde." Prince de la Moskowa.
Missionné par l'Académie Royale de Musique, Niedermeyer rejoint Bologne en 1846 sur la demande de Rossini. Le Maître italien, sollicité par les scènes françaises après le succès de Guillaume Tell l'accueille et lui confie l'adaptation de partitions extraites de la Donna del Lago et de Zelmire, sans rompre pour autant une indolence artistique dans laquelle il se complaît alors.
"Il est malheureusement vrai que Rossini n'a rien fait et ne veut rien faire de nouveau; il est dans les embarras d'un double déménagement, changeant à la fois de maison de campagne et de maison de ville, et cependant il veut me voir tous les soirs.
Il est toujours prêt à me donner le temps que je lui demande pour notre travail, et il me fournit des morceaux anciens, mais inconnus à Paris.
Je crois qu'il a envie de faire un ouvrage nouveau pour l'opéra, mais il veut auparavant sonder les dispositions du public français par une pièce arrangée, à laquelle Use réserve de ne pas attacher d'importance, si elle ne réussit pas." Niedermeyer.
Alors que Louis Niedermeyer fait valoir ses droits à la nationalité française et participe activement en "bon citoyen" à la répression de l'insurrection de Juillet 1848, est oublié Robert Bruce, labeur de l'ombre, peu gratifiant, exécuté pour l'amitié seule du maestro Rossini.
Prémices d'une passion grandissante, La Grande messe solennelle en si mineur produit forte impression lors de son interprétation à l'Eglise Saint-Eustache le 22 Novembre 1849. Il émane de cette partition au langage recueilli un profond sentiment religieux qui, de l'intention de son auteur, souhaite interpeller directement l'âme des auditeurs. Berlioz, critique musical au Journal des Débats, souligne l'importance de cette composition au sein du répertoire sacré.
"L'impression que cette oeuvre religieuse a produite sur moi n'est pas de celles qui s'effacent au bout de quelques jours. Les qualités évidentes de la messe de Mr Niedermeyer, à mon avis, sont un sentiment vrai de V expression, une grande pureté de style harmonique, une suavité extrême de la mélodie, une instrumentation sage, et beaucoup de clarté dans la disposition des divers dessins vocaux. Ajoutons-y un mérite plus rare qu'on ne le pense, en France surtout, celui de bien prosodier la langue latine... Une telle oeuvre place son auteur à un rang auquel il n'est pas facile d'atteindre parmi les compositeurs sérieux." Berlioz
En 1853, Louis Niedermeyer poursuit néanmoins un dessein lyrique, carrière légitime et attendue des éminents musiciens de la capitale. La Fronde, opéra en 5 actes, représenté le 3 mai en présence de Napoléon III, eut une genèse délicate. Avant cette journée officielle, l'œuvre fit l'objet d'un veto catégorique émis par le comité de censure du régime impérial qui invoquait la présence d'épisodes séditieux (scènes de barricades dans les rues notamment), propices à remémorer le souvenir de soulèvements populaires néfastes à la restauration encore récente du trône. Respectueux, les auteurs convoqués et soumis à la haute approbation de son Excellence Mr le Ministre d'Etat, suppriment les tableaux incriminés, au détriment d'une cohérence d'ensemble. Ainsi, bouleversements et coupures s'avèrent préjudiciables.
"Il est impossible de savoir ce qui s'est passé au Théâtre de l'Opéra pendant les huit jours qui ont précédé la première représentation de La Fronde, et l'on ne peut très probablement se faire qu'une idée bien faible des épreuves cruelles infligées durant cette crise au malheureux compositeur." Berlioz dans le Journal des Débats.
L'action se déroule aux premiers jours de la Fronde et met en jeu, sur la toile de fond historique, l'amour éperdu de la Duchesse de Thémines pour un jeune lieutenant de la Reine, Richard de Sauveterre, lui-même épris d'une jeune fille. Stratagèmes et ambitions politiques émaillent un parcours sentimental au dénouement fatal. Le héros se précipite dans le vide, du haut des remparts. Malgré une partition qui "se recommande par l'élégance et le choix des idées, la finesse des nuances, une orchestration savante, habile, tantôt large et sobre, tantôt colorée et brillante, toujours travaillée avec soin", la censure persiste à voir un péril à l'ordre social et prononce l'interdiction de l'ouvrage, en lui attribuant une portée politique à rencontre de l'intention des auteurs.
Au lendemain de cet épisode litigieux, Louis Niedermeyer prend la résolution de renoncer au théâtre. Fidèle à cette décision irrévocable, il décline une proposition du Directeur de l'Opéra et décide de mettre au service de l'autel son talent, en consacrant les dernières années de sa vie à la restauration de la musique sacrée.
"Une passion chaque jour grandissante, passion d'ascète et de savant avait envahi son âme." Saint-Saëns.
"Les ouvrages dramatiques et les mélodies de Niedermeyer eussent suffi pour mener son nom à la postérité ; ses compositions religieuses, ses travaux pour l'amélioration de la musique des églises, se s peines et ses sacrifices pour la fondation de l'Ecole de Musique Religieuse, sont pour lui d'autres titres de gloire et lui donnent un droit réel à la reconnaissance de l'avenir." Illustration Musicale, 1868.
Reprenant le concept de 1'Institut de Musique Religieuse fondé par Alexandre Choron en 1818, et supprimé à la suite de la Révolution de 1830, Louis Niedermeyer crée en octobre 1853 son Ecole de Musique Religieuse dans un contexte social dubitatif où quelques abbés isolés plus ou moins mélomanes s'adonnent à la composition sacrée généralement délaissée par les maîtres en vogue en quête d'autres horizons. A l'instar de son prédécesseur qui oeuvra avec conviction à l'éducation de son public en programmant des oeuvres de Bach, Haëndel ou Palestrina, Louis Niedermeyer impulse un mouvement de restauration pour que revivent le plain-chant grégorien ainsi que les traditions des maîtres liturgiques et classiques des XVI, XVII et XVIIIèmes siècles.
Face à une "décadence alarmante" de la musique d'église au XIXème siècle, s'impose la nécessité de changer les conditions dans lesquelles se forment les maîtres de chapelle qui seules assureront un recrutement satisfaisant des enfants de chœurs, des chanteurs ou des organistes. A l'heure où le texte de la messe s'avère traité comme un livret d'opéra, "artistes déjeunant de l'Eglise et soupant du Théâtre", l'art profane éclipse l'art religieux. Animé d'une foi inaltérable, Niedermeyer prône alors le retour d'un répertoire spécifique à l'interprétation authentique.
"La tonalité grégorienne triomphera, nous l'espérons bien, elle triomphera dans le sanctuaire, son véritable domaine, elle y régnera glorieusement et sans partage, mais à la condition de rester elle-même maître de son propre éclat pur de tout mélange et de tout alliage ; là est sa puissance, là est sa beauté." Niedermeyer.
En 1856, paraît le Traité historique et pratique de l'accompagnement du plain-chant, véritable résumé du cours professé à l'Ecole, rédigé avec la collaboration de Joseph-Louis d'Ortigue. on y dénonce l'ignorance des bases du plain-chant, la négligence des règles les plus simples de la prosodie et de l'accentuation, tandis que la tonalité particulière est dénaturée par son association à une harmonie moderne.
Ce premier essai de recherche de vérité, écrit pour accoutumer ses élèves à un accompagnement modal, constitue un aphorisme tout à fait novateur à l'époque, basé sur une reconnaissance des modes ecclésiastiques, qui devait outrepasser des considérations purement conventuelles.
"Niedermeyer en enseignant l'art d'harmoniser, selon les vrais caractères, les modes du plain-chant, sans les altérations empruntées au mode mineur sensible, donna des procédés harmoniques nouveaux, ne songeant pas qu ils pourraient être utilisés hors de l'accompagnement des chants liturgiques." Gabriel Fauré.
Malgré de virulentes critiques formulées à l'égard de cette nouvelle doctrine, Niedermeyer organise en 1860 le Congrès du Plain-chant à Paris, affirmation patente des principes édictés que l'on retrouve notamment dans la parution posthume L'Accompagnement pour orgue des offices de l'Eglise.
Empreint d'une conviction tissée par l'abnégation et la passion, Louis Niedermeyer instaure, grâce à des ressources personnelles, une véritable école normale de musique. L'influence politique du Prince de la Moskowa facilite l'obtention d'une subvention et l'octroi de bourses d'étude tandis que l'Etat agrée cette Institution en transmettant notamment cette lettre circulaire, paraphée du Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes, aux Evêques de France, en les priant de s'intéresser à l'action engagée.
"La musique religieuse qui ajoute un si grand éclat aux solennités du culte, a perdu le caractère sacré que lui assignaient ses antiques traditions.... Comme tous les amis de l'art religieux, vous aurez sûrement regretté, Monseigneur, qu'aucune tentative n'ait été faite encore pour doter nos sanctuaires d'une véritable musique sacrée et d'artistes élevés et formés pour elle. Cet essai que j'espère voir couronné d'un plein succès, Niedermeyer vient de l'entreprendre en fondant à Paris une Ecole... Permettez-moi donc de réclamer votre concours et votre bienveillant intérêt pour assurer le succès d'une oeuvre dont votre Grandeur ne peut manquer d'apprécier tous les avantages au double point de vue de la religion et de l'art."
Le programme d'étude très vaste, comprenant les disciplines suivantes : solfège, harmonie, contrepoint, fugue, orgue, chant, composition et piano, est complété par un cursus de culture générale, de latin, d'italien et d'allemand professé par le clergé de St-Louis-d'Antin, responsable de l'éducation morale et religieuse des enfants.
L'Ecole, installée rue Neuve-Fontaine-Saint-Georges (actuellement rue Fromentin), en plein Montmartre, accueille dès son ouverture une trentaine d'élèves, dont le jeune Fauré dans une atmosphère volontairement familiale, placée sous l'affectueux et paternel regard de Louis Niedermeyer. L'encadrement attentif des écoliers, tous admis en internat, se distingue néanmoins par un enseignement exigeant inculqué à un auditoire inscrit sans concours d'entrée, quel que soit l'âge des postulants, les dispositions musicales, l'emportant sur des critères administratifs.
"La musique nous en étions imprégnés, nous y vivions comme dans un bain, elle nous pénétrait par tous les pores." Gabriel Fauré
La direction du chœur et de la tribune de l'Eglise Saint-Louis-d'Antin confiée à Louis Niedermeyer, permet également aux apprentis musiciens de compléter les cours par une mise en pratique concrète des doctrines et théories lors des offices. Progressivement, le sanctuaire devient trop étroit pour contenir la foule attirée par le renom de la chapelle.
Chants grégoriens et maîtres anciens ponctuent le quotidien de cette école aux résonances sacrées tandis que sont adoptés des couplets de la Renaissance en guise de chansons de route lors des promenades hebdomadaires. Bien que l'exigence d'études strictement classiques ne condamne pas l'art lyrique, un souci minutieux est apporté à la constitution de la bibliothèque musicale, miroir fidèle des aspirations du fondateur.
"Lorsqu'aux heures de récréation le froid et la pluie nous privaient de nous ébattre dans la cour, on aurait pu voir, dans les salles d études nombre d entre nous groupés autour d un piano et fort absorbés par la lecture d'un opéra de Gluck, de Mozart, de Méhul ou de Weber. Mais comme la musique dramatique n était pas précisément le but de nos études, cette "distraction" ne nous était permise qu'à ce moment là." Gabriel Fauré
L'enseignement, focalisé sur les richesses de l'art sacré, donne naissance rapidement à des maîtres de chapelle et organistes sanctionnés en fin d'année par un jury extérieur, habilité à remettre aux élèves qui sortent victorieux des épreuves imposées un diplôme délivré par le Ministère de l'Instruction Publique et des Cultes. Bien souvent, la Direction assure même l'avenir des lauréats en les plaçant dans des paroisses parisiennes ou provinciales.
"J'ai assisté à tous les concours, et je puis affirmer que j'ai été toujours frappé d'étonnement quand je n'ai pas été frappé d'admiration.» Journal des débats, août 1855.
En 1856, Niedermeyer fonde le journal La Maîtrise, publication entièrement vouée aux intérêts de la musique ecclésiastique et constituant une véritable profession de foi du père de L'Ecole.
"Par musique d'église, nous entendons tous les chants qui retentissent dans le sanctuaire : musique sacrée, plain-chant, orgue. Pour le plain-chant, nous disons Saint-Grégoire, pour la musique sacrée, nous disons Palestrina, pour l'orgue, nous disons J.-S. Bach. Nous tâcherons de donner de bonnes règles pratiques pour l'exécution des chants comme aussi pour la prononciation, la prosodie, l'accentuation. Nous voudrions que notre journal fut comme l'écho fidèle des accents qui s'élèvent de tous les sanctuaires, pour que tout ce qui se fait de bien, de conforme à l'esprit de l'Eglise, fût à l'instant connu, imité, répété sur tous les points." Niedermeyer, 15 avril 1857
L'autorité musicale de Niedermeyer dépasse le cadre des cénacles avertis pour devenir le symbole d'une restauration d'un art trop longtemps demeuré dans l'ombre. En atteste la popularité du Pater Noster ou du Pie Jesu, sa nomination au sein de la Commission de Chant des écoles de la ville de Paris, son élection en qualité de Président de la Commission d'orgue... Responsables artistiques, chefs de maîtrises ou facteurs d'orgue sollicitent régulièrement son concours en France ou en Suisse.
Dans ce contexte à nouveau propice à la reconnaissance d'un répertoire auquel il consacra les dernières années de sa carrière, Louis Niedermeyer meurt subitement le 14 mars 1861, étouffé par une angine de poitrine. Un monument est élevé par le Ministère des Beaux- Arts ; un buste prend place à l'Opéra ; une effigie en bronze est coulée à Nyon tandis que le Grand Théâtre de Genève inaugure une statue dans son foyer.
"L'érudition de Louis Niedermeyer était vraiment étonnante, sa nature loyale et droite, mais froide, s'échauffait peu à peu à un contact sympathique, alors il causait volontiers et avec esprit." Le Figaro
"Ces oeuvres sont fortes et belles....
C'est bien la musique religieuse de nos jours, plus sentimentale que mystique, mais exempte de mièvrerie et de cette recherche de l'effet, mortelle au recueillement, que la modestie et la conscience de l'auteur ne lui auraient pas permise." Saint-Saëns.
Alors que l'école connaît une période de grande prospérité, la succession est assurée à titre provisoire par le fils de Niedermeyer, Alfred (1840-1903), qui s'adjoint un comité de direction composé des principaux éducateurs. Camille Saint-Saëns, jeune musicien, sollicité pour reprendre la charge des cours de composition et du cours supérieur de piano, naguère placés sous la responsabilité du Maître défunt, accepte et s'intéresse à cet enseignement plus qu'on ne peut l'imaginer en se "revendiquant de l'Ecole beaucoup plus comme élève que comme professeur."
S'instaure avec ses étudiants un climat de confiance voire d'amitié : Fauré, Gigout (qui épousera en 1869 la fille cadette de Niedermeyer, Mathilde) ou Périlhou suivent les leçons, soumettent timidement leurs compositions et savourent avec déférence les heures privilégiées passées à ses côtés, à la tribune du grand-orgue de l'église de la Madeleine où le Maître a été nommé en 1857.
"Ce furent aussi les leçons avec Camille Saint-Saëns, qui nous unirent Messager et moi, avec Camille Saint-Saëns dont nous fumes, je crois bien, les seuls disciples et qui, du terre-à-terre de la simple pédagogie, nous transporta d'un coup aux plus hauts sommets de l'art. Virtuose incomparable et compositeur d'un génie audacieux, il nous ouvrait des horizons jusqu'alors fermés à tous." Gabriel Fauré
Le jeune homme, réputé pour son caractère sérieux et réfléchi prend part aux divertissements de ses cadets en leur proposant notamment l'interprétation de pièces de théâtre cocasses de sa plume : Le Château de la Roche Cardon ou les cruautés du sort, drame bouffon en 3 actes. Lors de la célébration de la fête de Sainte-Cécile, le compositeur se produit même dans le rôle de Rosine, et chante la Cavatine du Barbier en véritable prima donna !
En 1865, Eulalie, fille aînée de Niedermeyer, elle-même pianiste, épouse Gustave Lefèvre qui prend à 33 ans la direction de l'établissement dont il assure le devenir pendant près de 40 années. Rompu aux exigences du contrepoint, de l'harmonie ou du rythme, il oriente sa carrière vers la pédagogie au détriment d'une activité de compositeur qui comprend néanmoins des mélodies, des oeuvres symphoniques et liturgiques (Messe en fa, Grande symphonie) et de la musique de chambre (quatuors, quintettes). Cet ancien élève de Pierre de Maleden (tout comme Saint-Saëns) avait obtenu en 1859, lors d'une rencontre avec Louis Niedermeyer, le concours de la chorale de l'Ecole, au titre de la "Société du progrès artistique", dont il était le fondateur et au sein de laquelle il organisait des concerts et expositions qui faisaient se rencontrer peintres, sculpteurs, et musiciens. L'institution dont il avait alors apprécié la qualité prend sous son égide un nouvel essor. Il prolonge l'œuvre de son beau-père, l'agrandit, la fortifie au fil des années par l'application de nouvelles méthodes personnelles d'enseignement de l'harmonie, par la création de cours de pratique d'ensemble, de violon... qui forgent avec détermination une véritable maison d'éducation musicale complète.
De fructueuses démarches entreprises auprès de personnalités politiques et religieuses instituent le recrutement des organistes et maîtres de chapelle au sein de l'Ecole même. Une telle renommée attire un nombre accru de pensionnaires, ce qui rend bientôt les locaux trop exigus. En 1869, l'établissement déménage au 10 Passage de l'Elysée des Beaux-Arts, près de la Place Pigalle, dans une ruelle étroite aboutissant à une des rampes qui escaladent la Butte Montmartre. Le quartier quelque peu "excentrique" accueille les élèves dans un petit hôtel entouré d'un jardin tandis que jouxtent brasseries et cafés chantants aux rencontres artistiques animées. Cuisines, réfectoire, bibliothèques et salles de cours au rez-de-chaussée, appartements du directeur à l'étage et dortoirs, salle d'orgue et salle d'étude au fond du jardin. Fidèle à des principes d'agencement observés depuis la création de l'institution, la salle d'étude se distingue à nouveau par de curieuses conceptions pédagogiques, comme en témoigne un ancien étudiant :
Cette pièce "semblait étrange au novice qui y pénétrait et il lui paraissait impossible d'y travailler. Quinze pianos, rangés le long des murs, résonnaient à la fois et tout le jour sans interruption, chaque élève s'y succédant à des heures déterminées : au milieu, des tables sur lesquelles il fallait, malgré le vacarme assourdissant, réaliser les devoirs d'harmonie, de contrepoint, écrire une fugue ou composer une sonate.
On peut facilement concevoir l'effort à réaliser pour s'isoler au milieu de ce tumulte, sans compter toutes les farces que se faisaient entre eux les camarades pour se détendre les nerfs. La rumeur de cette ruche bourdonnante emplissait le passage de l'Elysée des Beaux-Arts tout entier."
En 1870, Gustave Lefèvre quitte Paris avant l'invasion, en emmenant les enfants près de Lausanne, dans une propriété louée. Gabriel Fauré l'y rejoint.
Année scolaire 1871-1872, quelques élèves et professeurs de l’Ecole de musique religieuse et classique de Niedermeyer. De g. à dr., 1er rang assis, les professeurs : Alexandre Georges (1850-1938), compositeur, professeur et organiste à Paris - Gabriel Fauré (1845-1924), compositeur, pianiste, organiste et professeur - Gustave Lefèvre (1831-1910), compositeur et pédagogue, directeur de cette école, gendre de Niedermeyer, beau-frère d’Eugène Gigot et beau-père de Léon Boëllmann – Eugène Gigout (1844-1925), compositeur, organiste et professeur.
2ème rang : Michel Boidin (1852-ap.1920), organiste à Péronne (Somme) – Eugène Hétuin (1854-1928), organiste à Saint-Lô (Manche) et professeur de musique – Charles Bresselle (1854-av.1911), organiste à Montpellier – Xavier Oberlé (1851-1924), organiste à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) – Jules Stoltz (1848-1906), organiste à Paris, 1er professeur d’Albert Roussel, frère du facteur d’orgue Edouard Stoltz – Georges Dieudonné (1851-1923), organiste à Orléans (Loiret) et professeur de musique – André Messager (1853-1929), organiste à Paris puis chef d’orchestre, directeur de l’Opéra – Georges Langlane (1848-ap.1914), organiste à Cahors (Lot) puis à Paris, professeur de musique, chef d’orchestre, installé à Lorient (Morbihan) en 1907.
3ème rang : A. Girard (c.1850-1875), organiste à Paris, décédé à l’âge de 25 ans – Alphonse Dornbirrer (1853-ap.1914), organiste à Reims (Marne) – Edouard Thomas (1853-1884), organiste à Marle (Aisne) puis à Bar-le-Duc (Meuse), mort à l’âge de 31 ans – Raymond Leibner (1854-ap.1912), pianiste, professeur et compositeur – Henri Boncourt (1856-1910), organiste à Cognac (Charente), puis chef de la fanfare "La Fraternelle" et de l'Union chorale de Guise (Aisne – Munier (prix d’honneur en 1874).
(coll. BnF-Gallica) DR.
"Pendant la guerre, notre Directeur, avait transporté l'Ecole en Suisse... Il écrivit de droite et de gauche à ses anciens élèves et ses anciens professeurs. Après avoir servi à Paris dans un régiment de ligne, je me rendis à son appel. J'étais tout fraîchement émoulu de l'Ecole et un peu anxieux de mes débuts comme professeur. Le premier élève qui me fut présenté dès que j'arrivais, ce fut..." André Messager.
"Les premiers entretiens, je n'ose pas dire les premières leçons, suffirent à nous convaincre que nous étions faits pour être des amis ; et depuis ce temps, cette amitié, j'en suis très fier et très heureux, ne s'est jamais démentie." Gabriel Fauré.
De retour à la capitale, l'enseignement inculqué laisse à nouveau place aux concerts du dimanche dirigés par Pasdeloup au Cirque d'Hiver, pour lesquels des places sont régulièrement réservées ; Gustave Lefèvre reste attaché, tout comme Niedermeyer, à la nécessité de développer la culture musicale des jeunes oreilles qui lui sont confiées.
En 1872, il crée la Société des Concerts de l'Ecole (qui perdurera jusqu'en 1884), reconstitution de celle fondée sous le patronage du Prince de la Moskowa en 1840. Le répertoire, analogue, ressuscite les compositions vocales de grands maîtres : Nanini, Berchem, Ockeghem, Cyprien de Rore.... et permet aux élèves de s'exercer aux fonctions de chef de chœur et d'organiste pour lesquelles ils sont formés. Le scepticisme de l'auditoire s'éclipse aux programmations de Palestrina, Bach ou Haëndel qui conquièrent l'assentiment du public et corroborent les actions menées parallèlement par d'autres personnalités en faveur de la musique ancienne.
"Les études étaient longues et sérieuses, les exécutions étaient parfaites. Les répétitions avaient lieu le soir dans la salle d'orgue de l'Ecole. Souvent on passait toute une séance à travailler les détails d'une seule oeuvre, notre Directeur recommandant sans cesse, avec une patience qui ne lassait jamais notre étourderie d'écolier. Tout à coup, sa figure palissait, de grosses larmes coulaient de ses yeux, et nous apprenaient que la répétition était finie, l'œuvre étant au point voulu." René Duhamel, organiste de St-Aignan de Chartres.
Les concerts, bimensuels, prodigués par un chœur composé de 60 exécutants (élèves, personnalités, artistes de l'opéra), deviennent rapidement célèbres, suivis avec attention par un public nombreux.
En 1885, au moment où l'établissement du Département des Cultes passe à celui des Beaux-Arts, l'Ecole de Musique Religieuse et Classique devient l'Ecole de Musique Classique. Ce changement de dénomination n'affecte en rien les orientations suivies, comme en témoignent les publications signées Gustave Lefèvre (Traité du contrepoint et du rythme, Traité d'harmonie, 1889) dont la teneur reste conforme aux propos tenus 30 ans auparavant.
Les exemples pris chez les anciens ainsi que les principes de modulations prônés avec plus de souplesse qu'au Conservatoire, marquent durablement des musiciens qui, d'année en année, rejoignent leurs aînés, organistes ou maîtres de chapelle, sensibilisés hier aux mêmes doctrines. Dans un tel contexte, il est inattendu de constater "la pépinière de compositeurs de musique légère" (Büsser), issue de l'Ecole. Réaction contradictoire à un enseignement par trop exclusif ?.... qui semble néanmoins avoir le mérite de doter les artistes qui quittent le domaine religieux d'un "langage élégant et châtié qui redonne sa dignité à l'Opéra comique et à l'opérette."
Soucieuse du bien-être physique et moral des élèves, la Direction fait construire de nouveaux bâtiments, sur des plans conçus pour leur destination spéciale, à proximité du Parc des Princes sur un vaste terrain loué de 4 000 m2 de superficie. La Villa d'Auteuil, sise 9 boulevard d'Auteuil et 2 rue des Pins, ouvre ses portes en 1896.
La reprise de la revue fondée par Niedermeyer, sous le titre La Nouvelle Maîtrise en 1900, la création d'un demi-pensionnat et d'un externat en 1903, puis la mise en place de cours spéciaux pour les jeunes filles impriment à l'Ecole une dynamique continue due à l'incessante activité de Gustave Lefèvre. Malade et affecté par de nombreux décès proches, ce dernier meurt le 19 Février 1910 léguant la responsabilité de l'institution à son gendre Henri Heurtel, après une collaboration de 12 années.
"Jusqu'à ce jour, j'ai vécu pour vous, avec vous, toutes mes joies, toutes mes consolations, je vous les dois" Gustave Lefèvre..., humilité du pédagogue qui, de l'avis de tous, eut un rôle capital en faisant sienne la cause qu'il avait épousée.
Le soutien artistique de Gustave Périlhou, puis de Büsser, seconde le nouveau Directeur dans des responsabilités difficiles pendant la première guerre mondiale, en raison d'un cantonnement militaire installé dans une partie des locaux. En 1922, le bail du terrain arrivant à expiration, une spacieuse demeure est acquise à Issy-les-Moulineaux, ancienne propriété du sénateur Gervais, 2 rue de l'Egalité. Tandis qu'une annexe parisienne s'installe dans l'immeuble de la maison Pleyel, le 28 Mai 1928, Henri Heurtel s'éteint. Sa femme, assistée de leur enfant, Gaston, observe la tradition familiale et préside à la destinée de l'Ecole Niedermeyer qui accueillera jusqu'à l'orée de la seconde guerre mondiale de jeunes musiciennes et musiciens éduqués dans le respect des doctrines originelles.
Aujourd'hui, un regard rétrospectif impose une reconnaissance du mérite de cet établissement, unique en son genre, dont les objectifs fixés furent largement atteints au fil des décennies. Riche de cette page culturelle omise trop longtemps par les encyclopédies, la Municipalité d'Issy-les-Moulineaux, conduite par son Député-Maire, André Santini, souligne l'apport artistique manifeste de l'institution et baptise son Ecole Nationale de Musique "Conservatoire Niedermeyer".
Si les ambitions diffèrent, loin de tout passéisme, exigence et passion tâcheront d'animer encore, à l'instar du fondateur de l'Ecole de Musique Classique et Religieuse, les esprits musiciens.
Ville d'Issy-les-Moulineaux, 1990
(Isabelle Dapremont)
Catalogue provisoire des OEUVRES de Louis NIEDERMEYER
OEUVRES pour PIANO
Duo avec variations piano et harpe
1ère Fantaisie
2ème Fantaisie
3ème Fantaisie
Variations sur le Ranz des vaches
Variazioni per Piano-forte, sulla Cavatine dell'opéra "La Dona delle Lago", dedicate all'egregia Signora Colbran.
Variations sur un air Anglais
Variations sur un thème favori du "Crociato"
Variations sur le chant Ecossais de "La Sylphide"
Le Bai, divertissement
Divertissement espagnol.
Variations sur "La Dernière pensée" de Weber.
Variations sur une Cavatine de "La Straniera"
La Clochette, Rondoletto
Souvenirs de "La Straniera"
Rondo brillant sur l'opéra de "La Casa nel Bosco"
Ouverture de "La Casa nel Bosco, à quatre mains
Morceau de salon
Etude dans le style ancien
Etude dans le style moderne
OEUVRES pour ORGUE
Offertoire pour orgue ( "La Maîtrise, journal de musique religieuse", Paris, Au Ménestrel, 1857, coll. Max Méreaux ) D.R. Fichier audio par Max Méreaux |
Offertoire en fa
Offertoire en la bémol
Deux Antiennes
Deux Antiennes en mi
Communion en la
Communion en ré
Communion en sol
Sortie en ut
Trio avec pédales
Prière en mi mineur
Prière en la
Prière en ut mineur
Fugue en la
Fugue en ré mineur
Prélude en ré
Marche religieuse en ré
Marche religieuse en mi
Pastorale en ré
Quatre Versets
Deux Versets
Canzone
Accompagnement du Kyrie et du Gloria
Accompagnement pour orgue de tous les offices de l'Eglise
OEUVRE SYMPHONIQUE
Symphonie à grand orchestre.
MELODIES ET ROMANCES
Le Lac (poésie de Lamartine).
L'Isolement (poésie de Lamartine).
L'Automne (poésie de Lamartine).
La Voix humaine (poésie de Lamartine).
Le Soir (poésie de Lamartine).
L'Invocation (poésie de Lamartine).
Le Poète mourant (poésie de Millevoye).
L'Âme du Purgatoire (poésie de C. Delavigne).
Le Cinq Mai (poésie de Manzoni).
Gastibelza (poésie de Victor Hugo).
La Ronde du Sabbat (poésie de Victor Hugo).
Oceano Nox (poésie de Victor Hugo).
Puisqu'ici-bas toute âme (poésie de Victor Hugo).
L'Océan (poésie de Victor Hugo).
La Mer (poésie de Victor Hugo).
La Noce de Léonor (poésie de Emile Deschamps).
Une scène des Appennins (poésie d'Emile Deschamps).
L'Etrangère (poésie d'Emile Deschamps).
Que ne suis un Comte (poésie d'Emile Deschamps).
Ce n'est pas toi (poésie d'Emile Deschamps).
Le Chevalier de Malte (poésie d'Emile Deschamps).
Ne l'espérez pas (poésie d'Emile Deschamps).
Mon Pays (poésie d'Emilien Pacini).
Jane Gray (poésie d'Emilien Pacini).
Seul objet de mes voeux (poésie d'Emilien Pacini).
Voir l'Aurore (poésie d'Emilien Pacini).
Ne parlons pas d'amour (poésie d'Emilien Pacini).
O ma belle rebelle (poésie de Baïf).
CHOEURS et SCENES
Chœurs d'Esther (poésie de Racine).
Déplorable Sion (poésie de Racine).
Cantique (poésie de Racine).
L'Eternel est son nom (poésie de Racine).
Le Jugement dernier (poésie de Gilbert).
Les Soldats de l'Avenir (poésie de Vaudin).
Les Charmes de la paix (poésie de Vaudin).
OPERAS et OPERAS COMIQUES
Il Re per Amore, 1 acte (1820)
La Casa nel Bosco, 2 actes, d'après Marsollier (1828)
Stradella, 5 actes, poème d'Emile Deschamps et Emilien Pacini (1836)
Marie Stuart, 5 actes, poème de Théodore Anne (1844)
La Fronde, 5 actes, poème de Jules Lacroix et Auguste Maquet (1853)
MUSIQUE SACREE
Messe en si mineur, à quatre voix, avec accompagnement d'orchestre ou d'orgue
Messe en ré, à 4 voix avec accompagnement d'orgue
Messe brève en sol, avec accompagnement d'orgue
Ave Maria pour soprano et contralto
Ave Maria à deux voix
Ave Maria pour mezzo-soprano ou baryton et choeur
Ave Maria à cinq ou six voix, avec accompagnement d'orgue
O Salutaris pour ténor et soprano, en si bémol
O Salutaris pour deux soprani et un contralto
O Salutaris à quatre voix, avec accompagnement d'orgue
O Salutaris à quatre voix mixtes, sans accompagnement
Poe Jesu pour mezzo-soprano ou baryton et chœur
Pater Noster avec chœur ad libitum
Confirma hoc, motet à quatre voix
Sa,cta Maria pour cinq voix
Monsta te, motet à quatre voix avec solo de ténor ou soprano
Inviolata à deux voix
Tantum ergo, motet à quatre voix
Agnus Dei, pour ténor ou soprano
Agnus Dei, pour deux Soprani avec chœur
Regina coeli à deux choeurs mixtes, avec orgue
Litanies de la Vierge, à deux chœurs avec orgue
Laudate pueriI, en choeur à l'unisson, avec orgue
Super flumina Babylonis, psaume, chœur à quatre voix mixtes, avec accompagnement d'orgue ou d'orchestre
Veni creator, à deux chœurs, avec orgue
Dixit Dominus, chœur avec orgue