LES ORGANISTES ET LES MAÎTRES DE CHAPELLE
DE L’ÉGLISE SAINT-VINCENT-DE-PAUL À PARIS


Texte paru dans Les Cahiers Boëllmann-Gigout, n° 2/3, décembre 1997-mars 1998
(publication de l'Association Boëllmann-Gigout, 22 rue Montgallet, 75012 Paris)


C’est sous l’Empire que débute l’histoire de l’église Saint-Vincent-de-Paul. En effet en messidor de l’an XII (juillet 1804), alors que les devants de l’actualité sont occupés par le procès des généraux Pichegru et Moreau et du chef chouan Cadoudal, accusés de conspiration contre le premier Consul Bonaparte, un décret crée la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. Ce nom lui est donné parce que son territoire s’étend sur une partie des dépendances de la Maison de Saint-Lazare, où Saint Vincent de Paul mourut le 27 septembre 16601. Au début cette nouvelle église fut très modeste puisqu’il s’agissait d’une chapelle en location, contenant à peine 200 chaises, située au numéro 6 de la rue de Montholon. Lors des travaux d’aménagement de la capitale entrepris sous la Restauration MM. André et Cottier furent autorisés à réaliser l’ouverture d’une nouvelle voie, la rue Charles X, qui deviendra plus tard la rue Lafayette. Au croisement avec la rue d’Hauteville, ils aménagèrent une place et Charles X décida la construction d’une nouvelle église plus grande sur un tertre. Jean-Baptiste Lepère2 et son gendre Jacques Hittorf3, architectes, imaginèrent une spacieuse basilique dans le style italien. Le 25 août 1824, vingt jours exactement après le début officiel de la construction de l’église Notre-Dame-de-Lorette, la première pierre du nouvel édifice était posée, mais les travaux traînèrent en longueur, notamment en raison de la Révolution de 1830, qui ralentit considérablement les grands travaux entrepris par les Bourbons. Ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard que St-Vincent-de-Paul était entièrement achevée et enfin consacrée le 21 octobre 1844 par Mgr Affre, archevêque de Paris, celui là même qui sera tué par méprise devant les barricades du faubourg Saint-Antoine en 1848, où il était venu prêcher la paix !.. A cette époque Paris comptait 37 paroisses. Ce n’est qu’en 1860 que l’annexion des communes limitrophes et le redécoupage de la capitale en 20 arrondissements sera effectué. L’église Saint-Vincent-de-Paul se trouve alors dans le troisième arrondissement ancien qui comprend les quartiers du Faubourg Poissonnière, de Saint-Eustache, de Montmartre et du Mail.

Dès le début la musique, quoique modeste, est présente dans la chapelle primitive : un chantre, un serpent et 4 enfants de choeur4 forment un embryon de maîtrise. Plus tard, dans les années 1820, la maîtrise s’est déjà étoffée : elle est composée de 2 chantres, dont Jean-Nicolas Dupille, 2 serpents et 2 aides de choeur . La nomination à Saint-Vincent-de-Paul en décembre 1821 de l’abbé Jean-Baptiste BARDIN5, le confesseur de Liszt, comme prêtre administrateur, va permettre à cette paroisse d’évoluer dans un milieu musical favorable. L’abbé Bardin, très musicien, est en effet en relation avec bien des musiciens parmi lesquels Liszt et Chopin. Il organise même des concerts dans son modeste appartement de la rue Montholon. Son salon était fort connu dans les années 1830. C’est lui qui fit entendre, pour la première fois aux Parisiens Mendelssohn en 1832... En outre, dès l’ouverture de l’église le curé Mayroud, fondateur de la paroisse, décide de faire l’acquisition d’un orgue. C’est ainsi qu’en juillet 1810, on achète pour 2500 francs un tel instrument à Madame Brulé, domiciliée rue de l’Université6. Deux ans plus tard le facteur Dallery7 effectue une restauration. En 1827 de nouvelles réparations sont nécessaires. En 1830 le Conseil de Fabrique8 constate qu’une restauration est urgente et prend acte du refus de participation financière du Préfet de la Seine. Onze ans plus tard l’orgue est devenu irrémédiablement muet. Au mois de novembre le Conseil de Fabrique décide alors de louer un instrument au facteur Daublaine-Callinet9 pour une somme annuelle de 350 francs. En échange, celui-ci reprend l’orgue devenu injouable pour la somme de 500 francs. L’installation du nouvel orgue est réalisée dans le mois qui suit....

En 1844 ouvrait la nouvelle église. Dès le début le curé décidait de louer un orgue d’accompagnement au facteur Cavaillé-Coll (juillet 1844) et lui commandait un grand-orgue. Le contrat de location d’un orgue dans l’ancienne église avec Daublaine-Callinet avait sûrement été dénoncé en 1843, à la suite du triste épisode de Saint-Sulpice10.

Le 26 janvier 1852, Alfred Lefébure-Wély, alors organiste de l’église de La Madeleine, et Peter Cavallo, récemment nommé titulaire de Saint-Vincent-de-Paul, inauguraient dans la nouvelle église le grand-orgue construit par Aristide Cavaillé-Coll, que la Fabrique avait reçu le 31 mai 1851. Cet instrument neuf, installé en tribune au revers de la façade principale, comportait 47 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier11. Comme on le sait, après travaux des facteurs Mutin, Hermann et Gonzalez il est de nos jours porté à 66 jeux. Quelques années plus tard, en 1858, le même facteur d’orgues construisait un orgue de choeur. C’était à l’époque une nouveauté introduite une trentaine d’années auparavant par Adrien de La Fage12. Celui-ci substitua en effet l’orgue au serpent pour accompagner le plain-chant. Le premier orgue de choeur fut installé en 1829 comme il se doit à St-Etienne-du-Mont, où Adrien de La Fage était maître de chapelle. Puis suivirent Saint-Nicolas-des-Champs (1830), Saint-Roch (1833), Saint-Germain-l’Auxerrois (1838), La Madeleine (1842), Notre-Dame (1843).... L’orgue de choeur de Saint-Vincent-de-Paul est un véritable " petit grand orgue " de 20 jeux sur 2 claviers manuels et pédalier. Il est posé au sol, face à la chapelle d’axe dans le choeur derrière l’autel13.

Quatre chantres assuraient alors régulièrement les cérémonies religieuses, payés 600F chacun par an tout comme à Saint-Germain-l’Auxerrois ou à St-Nicolas-des-Champs.

Le premier organiste de l’ancienne église est un certain BRANCHARD14, qui prit ses fonctions en 1810. Il habitait alors rue Saint-Martin et son traitement annuel était de 200 livres. Le souffleur lui n’avait que 18 francs ! C’est sous son titulariat que Dallery, comme nous l’avons vu, répara l’orgue qui fut inauguré le 15 septembre 1812 par MIROIR15. Mais cet organiste ne resta que 4 années à Saint-Vincent-de-Paul, car dès la fin de 1814 BARON père lui succédait. Né probablement aux alentours des années 1750, celui-ci exerça également à la chapelle de l’hospice de la Pitié en 179016, à Saint-Nicolas-du-Chardonnet à la même époque17, puis à Saint-Etienne-du-Mont de 1819 à 182418 et à Saint-Louis-d’Antin19. Il eut pour remplaçant dans les années 1815-1820, à St-Etienne-du-Mont, St-Nicolas-du-Chardonnet et St-Louis-d’Antin, Adolphe Adam, l’auteur du fameux Noël Minuit, chrétiens et du non moins célèbre ballet Giselle.

En juin 1822, Baron père donne sa démission et est remplacé par CREPIN. Celui-ci, avait été autrefois le dernier organiste de l’église Saint-Etienne-des-Grès20 avant la Révolution. L’abbé Doisy21 indique que le traitement de Crépin, 300 livres par an, fut porté à 400 livres en septembre 1823 en raison " du zèle et du talent " de l’intéressé. Mais des problèmes de santé, certainement dus à un âge avancé, l’obligèrent à abandonner ses fonctions dès février 1824, après avoir désigné son successeur Vincent MARECHAL. A son tour, cet organiste ne resta que peu de temps à Saint-Vincent-de-Paul, car il quittait sa tribune à la fin de l’année 1828, pour prendre celle de l’église Saint-Laurent où se trouvait un bel instrument de 1682 dû au facteur Ducastel.

Le successeur de Maréchal est un personnage pittoresque ! Chrétien URHAN22, figure mystique et austère, véritable anachorète, surnommé par l’abbé Mainzer " le pendant séraphique du diabolique Berlioz ", attaché à l’église Saint-Vincent-de-Paul dès 1827, vécut en effet à la fois du théâtre et de l’Eglise. Legouvé rapporte dans ses mémoires23 de curieuses anecdotes sur ce musicien, notamment qu’il jeûnait toute l’année, portait un uniforme bleu à boutons d’or en l’honneur de la Sainte Vierge, et demandait l’autorisation à l’archevêque de Paris lorsqu’il devait jouer avec l’orchestre de l’Opéra un opéra hérétique, comme les Huguenots ou encore la Norma ! Né à Montjoie, près d’Aix-la-Chapelle, le 16 février 1790, décédé à Paris (Belleville), le 2 novembre 1845, il reçut les premières leçons de violon de son père et apprit à jouer seul tous les instruments qui lui tombaient entre les mains : guitare, trompette, cor, flûte, piano... On raconte qu’il savait jouer de quatorze instruments ! En 1806 il s’installait à Paris où il achevait son éducation musicale auprès de l’abbé Jean-François Le Sueur, alors maître de chapelle de la Cour aux Tuileries, puis avec Habeneck, Kreutzer et Rode pour le violon. En 1816 il était admis comme alto solo à l’orchestre de l’opéra de Paris, et en 1825 succédait au célèbre Baillot comme violon solo. Urhan, à la Société des Concerts, utilisait un violon à cinq cordes en rajoutant une corde d’ut approchant ainsi dans les graves l’étendue de l’alto ! Egalement virtuose de la viole d’amour, surnommé " l’Alto du bon Dieu ", son interprétation de la partie d’alto solo de Harold en Italie de Berlioz lui valut de la part de ce compositeur des éloges dans ses Mémoires. On lui doit24 des Quintettes romantiques pour 2 violons, 2 altos et violoncelle, dédiés à Baillot et Victor Hugo qui furent joués chez les frères Tilmant devant Liszt, Mendelssohn, Kalbrenner et Onslow ; Trois Duos romantiques pour piano à 4 mains ; des pièces pour piano ; des mélodies ; une cantate Les Champs de repos... Malgré ses succès et sa popularité Chrétien Urhan resta à Saint-Vincent-de-Paul jusqu'à sa mort, survenue en 1845, où il remplit avec beaucoup de ferveur et de talent ses fonctions d’organiste. Dans cette église, lors de quelques cérémonies d’éclat, il n’hésitait pas à sortir son instrument préféré, l’alto. C’est ainsi que le 22 novembre 1831, pour la fête de Sainte-Cécile, avec Théophile Tilmant (violon), Antoine Manera (violon), Lutgen (alto), Alexandre Tilmant (violoncelle) ils interprétaient ses 1er et 2e quintetti25. Le dimanche 5 janvier 183426 il jouait avec Liszt en personne la Sonate à Kreutzer de Beethoven pendant la messe. Sa notoriété comme organiste était établie depuis longtemps puisque son nom figure dans le projet de liste d’invitation dressée pour l’inauguration solennelle du grand orgue de Saint-Sulpice, restauré par Daublaine-Callinet, le 22 janvier 184627. Mais la mort l’empêcha de se rendre à cette invitation.

Urhan n’est pas étranger à la conversion de Liszt. En effet les deux hommes, unis par une sincère amitié donnaient des concerts à Saint-Vincent-de-Paul, qui rappelons-le était la paroisse de Liszt et le mysticisme " naturel " d’Urhan, autant d’ailleurs que la lecture de Châteaubriand et de Lamennais, amenèrent plus tard Liszt à demander, le 11 avril 1858, son admission à la Fraternité du Tiers-Ordre franciscain de Budapest.... C’est vers l’église Saint-Vincent-de-Paul que Liszt avait dirigé ses premiers pas de jeune converti en 1830, après sa rupture avec Caroline de Saint-Cricq...

A cette époque la musique religieuse avait quelque peu dégénérée. Le chant grégorien était tombé en décadence. On avait l’habitude d’exécuter dans les églises des morceaux profanes de concerts, même des extraits d’airs d’opéras ! Il faudra attendre les travaux des pères Lambillotte et Guéranger avec les Bénédictins de Solesmes, ainsi que les enseignements de Choron puis de Niedermeyer pour retrouver l’authenticité des chants d’église. Liszt écrivait à ce propos en 1835 " ... Et l’orgue, l’orgue, ce pape des instruments, cet océan mystique qui naguère baignait si majestueusement l’autel du Christ et y déposait avec ses flots d’harmonie les prières et les gémissements des siècles, l’entendez-vous maintenant se prostituer à des airs de vaudeville et même à des galops ? Entendez-vous, au moment solennel où le prêtre élève l’hostie sainte, entendez-vous ce misérable organiste exécuter des variations sur Di piacer mi balza il cor28 ou Fra Diavolo 29? O honte ! ô scandale ! Quant cesserez-vous de les renouveler chaque dimanche, chaque fête dans toutes les églises de Paris et dans toutes les villes des quatre-vingt-six départements de France ? Quand chassera-t-on du lieu saint ces bandes de gueulards ivres ? Quand aurons-nous enfin de la musique religieuse ? "30

BARON fils, également organiste à Saint-Vincent-de-Paul, fut nommé par la Fabrique le 25 août 1827. Uhran et Baron fils se partagèrent ainsi les claviers durant quelques années, au moins jusqu’au début de la Monarchie de Juillet. Le 18 avril 1830 le Conseil de fabrique décidait en effet d’allouer à Baron fils "  à titre de supplément de traitement et de gratification " une prime de 100 francs. Peu de temps après (1833), on le trouve à Saint-Louis-d’Antin, où il a succédé à son père. Son traitement annuel est alors de 540 francs.

Il n’y avait probablement pas de maître de chapelle dans l’ancienne église. C’est lors de l’ouverture de celle de la place Lafayette que l’on ressentit le besoin d’en nommer un. C’est ainsi que dès 1844 un certain GARET est déjà en place. Peut-être d’ailleurs avait-il déjà exercé quelques fonctions de responsabilités dans l’église de la rue de Montholon ? Le registre de délibérations de la Fabrique, à la date du 28 novembre 1844, mentionne la composition du choeur : M. Garet, 4 chantres (MM. Hanot, Rache, Leboeuf, Vanhof), un aide-chantre (M. Chevalier), 2 hautes-contre (MM. Crespin et Malherbe), un serpent (M. Régnier) et une contrebasse.31

Comme nous l’avons vu, avant la construction du grand-orgue (1852) et de l’orgue de choeur (1858) Cavaillé-Coll installa en location un orgue d’accompagnement dans la nouvelle église, au cours du second semestre 1844. Chrétien Urhan tint encore les claviers de cet instrument durant quelques mois jusqu'à sa mort, survenue en décembre 1845. C’est l’inventeur du système d’écriture et de lecture par points en relief pour les aveugles, Louis BRAILLE, qui succéda à Chrétien Urhan32. Il était lui-même aveugle. Bien qu’universellement connu pour son procédé de lecture découvert en 1816 et adopté par la suite dans le monde entier, peu de gens savent que Louis Braille (1809-1852) était également un organiste talentueux. Elève de Marrigues à l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris33, il a en effet tenu les tribunes de Saint-Nicolas-des-Champs, où il succédait en 1834 à son professeur, des Missionnaires Lazaristes et de Saint-Vincent-de-Paul. Son successeur Louis-Désiré BESOZZI, est un musicien méritant. Le journal L’Illustration du 14 février 1852 dans sa relation de l’inauguration du grand-orgue parle de lui en termes élogieux : " Le Sanctus de Cherubini, chanté par Mlle Landry, a été accompagné au petit orgue de choeur par M. Besozzi, un de ces artistes de grande valeur affligés d’une vraie modestie... ". En décembre 1853 le Bureau de la Fabrique décide de porter le traitement de Besozzi de 800 francs à 1000 francs " qui touche l’orgue d’accompagnement du choeur " afin de " donner à cet artiste un témoignage de satisfaction particulière pour le zèle et le talent dont il fait preuve "34. Mais malgré son talent et ses mérites, il n’est pas retenu par le Conseil de Fabrique pour le poste de titulaire du grand-orgue construit en 1851. Né le 3 avril 1814 à Versailles35, son père Louis était flûtiste à l’Opéra-Comique, son grand-père, Gaetano originaire de Naples, hautboïste à la Cour de Naples, à la Chapelle de Versailles et au Concert Spirituel, et son arrière-grand-père, Giuseppe Besozzi, né en 1686, hautboïste à Turin. Elève de Lesueur au Conservatoire de Paris, il obtint en 1837, le Grand Prix de Rome devant Gounod. Il consacra une bonne partie de son énergie à enseigner, notamment le solfège au CNSM, où il succédait en 1831 à Gasse, et plus tard le piano à l’Ecole de musique classique et religieuse de Louis Niedermeyer, où là il recueillait une prestigieuse succession, celle de Saint-Saëns en 1865. Il a composé principalement des pièces pour piano, des choeurs pour voix de femmes, voix d’hommes ou voix égales, avec ou sans accompagnement : La Belle lune blanche, Debout petit berger, Le Soleil levant, La patrie, Appel au printemps, Bonsoir...(édités chez Durand), ainsi que des exercices de solfège Solfèges (études chorales) sans accompagnement à l’usage des orphéons et sociétés chorales, en 4 volumes (Durand). Besozzi est décédé le 11 novembre 1879 à Paris.

Fichier MP3 Louis-Désiré Besozzi, Le Trouble, dédicacé “à Monsieur Auguste Barbereau”, pièce n° 1 des 12 Etudes caractéristiques pour piano, op. 19 (Paris, Grus), fichier audio par Max Méreaux (DR.)

Le choix du titulaire du grand-orgue amena quelques difficultés car la Commission chargée de cette opération tenait à ce qu’il s’agisse " d’un artiste reconnu capable de remplir cet emploi difficile ". Plusieurs musiciens posèrent leur candidature. Parmi celles-ci se trouvait celle de Besozzi, mais il lui fut préféré Peter CAVALLO, qui exerçait à Saint-Nicolas-des-Champs en même temps qu’Edouard Batiste. Né en 1819, il avait débuté sa carrière à Munich avant de s’installer à Paris en 1842. Sa notoriété était déjà grande. La presse de l’époque le présentait comme ayant un " talent varié, grave et saisissant "36. Il sera d’ailleurs demandé pour inaugurer plusieurs instruments, notamment en 1854, avec César Franck, Bazille et Lemmens pour l’orgue Ducroquet de Saint-Eustache , en 1860 pour le Cavaillé-Coll de la cathédrale de Carcassonne , et en 1878 pour le Merklin de l’église Saint-Léonard de Honfleur. Malgré ses succès à Saint-Vincent-de-Paul, Cavallo donna sa démission le 28 octobre 1863 afin de recueillir la succession de Pierre Moncouteau à Saint-Germain-des-Près. C’était là un orgue prestigieux, construit en 1679 par Alexandre Thierry, qui avait été notamment touché par Antoine Calvière et plus tard par Jacques-Marie Beauvarlet-Charpentier.

Garet, le maître de chapelle donna sa démission le 4 mars 1857 et fut remplacé par un certain MULOT. Ancien élève de la Maîtrise de Notre-Dame, maître de chapelle d’une église de banlieue et professeur dans un grand nombre de Maisons particulières37, il développa une grande activité artistique, au moment où était rétabli le plain-chant. C’est lui notamment qui facilita la création en 1864 de la Maîtrise des Enfants de choeur, composée de 16 enfants placés sous la surveillance d’un Frère de la Doctrine chrétienne. Au début de 1868, lui succédait E. STEENMANN mais celui-ci ne restait que cinq ans, car en 1871, il gagnait la Maîtrise de Saint-Eustache, où il officiera jusqu'à sa mort arrivée en 1902. De 1881 à 1884 il fit partie, avec Eugène Gigout, Alexandre Guilmant, Gustave Lefèvre et Clément Loret du Jury du Concours d’orgue de l’Ecole Niedermeyer... Durant cette période, les années 1860-1870, l’orgue de choeur, était tenu par Pierre TAITE. Accompagnateur durant une trentaine d’années38 cet artiste, domicilié rue Ramey, était également contrebassiste et ophicléide. Il exerça à Saint-Vincent-de-Paul jusqu'à sa mort arrivée en juillet 1881.

Mais revenons au grand-orgue. Après le départ de Peter Cavallo en 1863, c’est l’organiste de Saint-Roch, Auguste DURAND, qui fut choisi par décision du Conseil de Fabriqué datée du 30 octobre. C’était encore un choix heureux puisque ce musicien jouissait d’une grande notoriété. Ne le verra-t-on pas se produire à Notre-Dame en janvier 1868, en même temps que Saint-Saëns, Widor, Guilmant, Lemmens et Lefébure-Wély lors de l’inauguration du grand-orgue reconstruit par Cavaillé-Coll, ou encore un an plus tard à celle de la Trinité avec Chauvet, Saint-Saëns, Fissot et Widor ? Né le 18 juillet 1830 à Paris, d’un père professeur de musique au Collège Rollin, il étudia l’orgue avec Benoist au CNSM et fut également l’élève de Saint-Saëns. Puis il devint organiste à St-Ambroise en 1849, à Sainte-Geneviève39 en 1853, à Saint-Roch en 185740 et enfin à Saint-Vincent-de-Paul. Spécialiste de l’harmonium il contribua à faire connaître cet instrument de par le monde en effectuant des voyages en Italie, Belgique, Hollande, Angleterre et Russie. En 1870, il s’associait avec Schönewerk pour acheter la maison d’édition de musique Flaxland qu’il rebaptisera Durand & Schönewerk pour devenir plus tard A. Durand & Cie. Cette maison d’édition se spécialisera dans la publication d’oeuvres de compositeurs français (Lalo, Massenet, Saint-Saëns, Debussy, Chausson, Ravel, Dukas...). Par la suite le fonds s’enrichira avec Poulenc, Jolivet, Messiaen, Amy, Gagneux.. et en 1987 la Maison Durand reprendra les Editions Amphion et Max Eschig.... Auteur d’une centaine de compositions, Auguste Durand a notamment écrit une Messe à 3 voix mixtes (Régnier-Canaux) et une autre à 4 voix (Flaxland). Sa Chaconne et sa Valse pour piano eurent un grand succès41. Il est mort le 31 mai 1909 à Paris. Son fils, Jacques (1865-1928), condisciple de Dukas dans la classe de Guiraud au CNSM, vice-président du conservatoire américain de Fontainebleau, a laissé également quelques oeuvres : des mélodies et des pièces pour piano... Auguste Durand dut donner sa démission du grand-orgue de Saint-Vincent-de-Paul le 12 octobre 1874, en raison de son importante activité au sein de sa maison d’édition qui lui réclamait tout son temps.

C’est Léon LAUMONIER qui assurait la suppléance de Durand à Saint-Vincent-de-Paul lors de ses absences. Les deux hommes se connaissaient bien puisque Laumonier avait été à son tour l’un des successeurs de Durand à Sainte-Geneviève, dans les années 1870. Habitant rue Lecourbe, il postula à la succession de Chauvet à la Trinité en 1871. On sait qu’une douzaine d’artistes firent actes de candidature pour ce poste, dont Fauré et Guilmant. C’est d’ailleurs ce dernier qui fut retenu.

A cette même époque, Eugène ARCHAINBAUD remplace Steenmann (janvier 1871) à la tête de la maîtrise. Ses appointements seront portés à 2400F en 1874. Le Curé attendait de lui qu’il " donne au Choeur de chant le caractère de distinction, d’harmonie simple et classique qui convient au style de l’église et aux aspirations des fidèles. "42 Sans doute réussit-il dans ce domaine, son augmentation en étant la preuve ! M. Archainbaud était aussi chargé de cours, puis professeur de chant au CNSM. Il resta dans ses fonctions à Saint-Vincent-de-Paul jusqu’au mois de juillet 1890.

Léon Boëllmann à la tribune de l'orgue de Saint-Vincent-de-Paul à Paris, vers 1890.
( BNF Richelieu )

Trois ans après l’arrivée d’Archainbaud Henry FISSOT succédait à Auguste Durand aux claviers du grand-orgue en novembre 1874. Ambroise Thomas, alors directeur du Conservatoire Nationale Supérieur de Musique de Paris, avait sérieusement appuyé sa candidature. Il avait en effet été par le passé son professeur de contrepoint et de fugue dans cet établissement où il avait fait ses études musicales de 1852 à 1860. Fissot avait également suivi les cours de Jonas (solfège), Marmontel (piano), Bazin (harmonie et accompagnement) et de Benoist (orgue). Il décrocha 5 premiers prix : solfège (1854), piano (1855), harmonie et accompagnement (1857), fugue (1860) et orgue (1860). Il n’avait pas encore ses 18 ans ! Né le 24 octobre 1843 à Airaines, dans la Somme, il devint, après son passage au CNSM, où il fut admis à l’âge de 9 ans !, un pianiste remarquable doublé d’un organiste talentueux. Trop modeste, fuyant le succès, ses rares apparitions en public émerveillaient les auditeurs par la sûreté de son jeu et son style élevé. Comme organiste là aussi la puissance de son jeu était un atout qui lui permettait d’être considéré comme un grand interprète . Egalement compositeur, il est l’auteur de jolies pièces pour piano : 12 Préludes ; 2 Ballades ; 3 feuillets d’albums... Avant de venir à Saint-Vincent-de-Paul, il avait tenu l’orgue de St-Merry, une dizaine d’années après le passage de Saint-Saëns dans cette même tribune. En 1887, exactement le 4 mai, Fissot remettait sa démission de Saint-Vincent-de-Paul au moment où il était admis comme professeur de piano au CNSM.

Tout nouvellement sorti de l’Ecole de musique classique et religieuse43, Léon BOELLMANN succède en juillet 1881 à Pierre Taite aux claviers de l’orgue de choeur. A cette époque le rayonnement de cette école de musique, fondée par Louis Niedermeyer en 1853, était grand. Les élèves bénéficiaient de l’enseignement de musiciens de réelle valeur tels Clément Loret, Louis Besozzi, Eugène Gigout, Alexandre Georges... Ils étaient placés à la sortie de l’école soit à Paris, notamment à St-Sulpice, St-Jacques-du-Haut-Pas, Ste-Trinité, Ste-Clotilde, Notre-Dame-de-Clignancourt, St-Louis-en-l’Ile... ou en Province (Fontainebleau, Dunkerque, Nancy, Lisieux, Narbonne, Amiens....) Il existait également plusieurs attaches entre l’église Saint-Vincent-de-Paul et l’Ecole Niedermeyer : Louis Besozzi, successeur de Saint-Saëns dans la classe de piano, avait, comme nous l’avons vu, été autrefois accompagnateur dans cette église durant une dizaine d’années. Steenmann, ancien maître de chapelle, était lui membre du jury de la Société Internationale des Organistes et Maîtres de Chapelle44, qui se réunissait dans cette école. Cette académie avait décerné plusieurs récompenses à Boëllmann45... Afin de ne pas alourdir davantage ces pages nous n’en disons pas davantage sur ce musicien, qui fait par ailleurs l’objet de nombreux articles et autres manifestations pour célébrer le centenaire de son décès.

Au départ d’Henri Fissot lors de sa démission du 4 mai 1887, Léon Boëllmann, vivement recommandé par Gounod, Delibes et Cavaillé-Coll, monte au grand-orgue. Il laisse son poste d’accompagnateur à un autre ancien élève de l’Ecole Niedermeyer, François PINOT. Originaire de Ligny-en-Barrois (Meuse) où il est né le 29 octobre 1865, ce dernier avait fréquenté l’Ecole de musique classique et religieuse de 1880 à 1884, avant de rentrer dans la classe d’orgue de Franck au CNSM. Il obtient là un brillant 1er prix d’orgue en 1885. Mort à peine âgé de 26 ans, ce musicien n’a pas eu le temps de laisser un nom dans la musique. Il était cependant promu à un grand avenir. A sa sortie de l’Ecole Niedermeyer, avant St-Vincent-de-Paul, son premier poste avait été St-Louis-en-l’Ile en 1884. Malheureusement François Pinot dut abandonner peu après ses fonctions et fut remplacé par Lucien GRANDJANY, également ancien 1er prix d’orgue (1883) dans la classe de Franck, où il était rentré en 1881. Ce dernier avait été auparavant chef de chant à l’Opéra-Comique. Professeur de solfège au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, né le 1er juillet 1862 dans le Nord, à Busigny, ce musicien à l’avenir également prometteur est décédé, lui aussi, jeune, à l’âge de 29 ans, le 20 décembre 1891 ! Il avait cependant eu le temps de composer quelques pièces pour piano. Son neveu, Marcel Grandjany (1891-1975), 1er Prix de harpe au CNSM (1905), après avoir enseigné au Conservatoire américain de Fontainebleau, s’est installé à New-York en 1936 pour enseigner à la célèbre Juilliard School of Music. Il a également fondé la classe de harpe au Conservatoire de Montréal (1943). On lui doit notamment un Poème symphonique pour harpe, cor et orchestre.

Ouvrons une parenthèse pour faire remarquer qu’il est tout de même curieux de constater que les trois organistes de choeur qui se succèdent entre 1887 et 1891 vont tous mourir en pleine force de l’âge : Boëllmann à l’âge de 35 ans, Pinot à 26 ans et Grandjany à 29 !

Marcel Rouher, Toccata pour orgue ou harmonium
(in J. Joubert, Les Maîtres contemporains de l'orgue,
Paris, Sénart, 1911, vol. 2) DR.
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Henri Letocart, Communion pour orgue ou harmonium, dédicacée "à Monsieur Marré, organiste du grand orgue de la cathédrale de Chartres" [Alphonse Marré, né en 1866, ancien élève de l'Ecole Niedermeyer, organiste de la cathédrale de Chartres à partir de 1911
(abbé Joubert, Les Maîtres contemporains de l'orgue, vol. 2, Sénart, 1912) DR.
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A la même époque, juillet 1890, Marcel ROUHER46 succède à Eugène Archainbaud. Patronné par Théodore Dubois, Massenet et Franck47, ses anciens professeurs au Conservatoire National Supérieur de Musique, il avait également, tout comme Boëllmann été récompensé à plusieurs reprises par la Société Internationale des Organistes et Maître de Chapelle pour ses compositions48. Né en 1857, il épousa en 1885 Léonie Guintrange qu’il avait connue sur les bancs de la classe d’orgue de Franck. Membre du jury des concours du Conservatoire, Marcel Rouher a publié des pièces pour harmonium, notamment un recueil de 450 Noëls " harmonisés avec un rare talent "49. Il ne resta que 5 ou 6 ans à la tête de la maîtrise de Saint-Vincent-de-Paul, mais eut le temps de constituer une importante bibliothèque musicale comportant plus de 200 oeuvres : des Messes ou Motets de Haydn, Beethoven, Choron, Gounod, Dietsch, Franck, Théodore Dubois... Il passa ensuite à Saint-Germain-l’Auxerrois, tout d’abord à l’orgue de choeur jusque 1910, puis au grand-orgue, où il succédait à Eugène Vast.

Quelque temps plus tard, au début de l’année 1892, le successeur de Lucien Grandjany parmi 6 candidats50 est désigné. Comme le prouvent les noms et qualités des postulants la place d’organiste de choeur de Saint-Vincent-de-Paul est convoitée . D’ailleurs deux premiers prix d’orgue ne viennent-ils pas de se succéder ? L’heureux élu, Henri LETOCART, né le 6 février 1866 à Courbevoie, est encore un ancien élève de l’Ecole Niedermeyer (1879 à 1885) et également un ancien élève de César Franck au Conservatoire, où il obtint un second accessit d’orgue en 1887. L’église Saint-Vincent-de-Paul ne lui était pas inconnue, car depuis 3 ans il remplaçait Boëllmann lors des vacances. Letocart51 a été toute sa vie durant un militant très actif de la restauration du chant liturgique. Il a notamment été l’un des fondateurs (1912), puis le directeur musical de la Société des Amis des cathédrales. Le but de cette association était de faire connaître l’Art chrétien sous quelque forme qu’il se manifeste. C’est ainsi qu’étaient organisées des visites d’églises, des conférences à la Sorbonne et des auditions musicales. On trouvait parmi ses membres aussi bien des archéologues, des architectes, que des musiciens, des mélomanes avertis ou de simples curieux avides de connaissances. René Dumesnil note52 que cette Société " restituant d’admirables oeuvres pour orchestre, soli et choeurs de notre école française des XVIIe et XVIIIe siècles, a contribué efficacement à restaurer le goût musical ". Membre du conseil d’administration de la Société Française de Musicologie Henri Letocart a également composé plusieurs oeuvres, dont 3 volumes de pièces pour harmonium intitulés La Lyre catholique, spécialement écrit pour l’office religieux , des motets, mélodies, poèmes symphoniques et des pages pour orgue. Ce fut le premier professeur d’orgue d’André Fleury vers 1919... En 1900 il fut appelé à l’orgue de l’église Saint-Pierre de Neuilly tout récemment construit par le facteur Mutin. Il restera dans cette église jusqu'à son décès survenu en 1945, après avoir également exercé les fonctions de maître de chapelle.

Le 11 octobre 1897 disparaît Léon Boëllmann. Sa succession est briguée par 13 candidats et non des moindres car on relève les noms de Louis Vierne, Charles Tournemire, et Henri Büsser. Ce dernier avait d’ailleurs déjà postulé pour la place d’organiste de choeur en 189153... C’est Albert MAHAUT qui remporte le concours, un ancien élève de l’Institut national des jeunes aveugles, puis de César Franck dans sa classe d’orgue au CNSM (1er prix d’orgue en 1889). Professeur d’harmonie dans ce même Institut national des jeunes aveugles, il tenait alors l’orgue Merklin de Saint-Pierre-de-Montrouge depuis 5 ans. Né en 1867 à Saint-Léger-des-Vignes (Nièvre), mort à Rennes en 1943, ce musicien est considéré comme un bienfaiteur du monde des aveugles. Solide virtuose de l’orgue, il préféra sacrifié sa carrière pour se consacrer au placement des organistes-aveugles. Ses récitals pour financer son activité sont mémorables tant en France qu’en Suisse et en Allemagne. G. de Boisjolin, lors d’un concert du 28 avril 1899 au Trocadéro écrivait54 " ... M. Mahaut est un des plus brillants organistes sortis de cette belle institution ; son jeu délié et sympathique séduit de suite et frappe par son élégance et sa correction... " C’est Albert Mahaut qui révéla au grand public l’œuvre d’orgue de son maître César Franck. Mais, trop occupé par l’enseignement et le placement des non-voyants, il dut abandonner sa carrière d’organiste en 1909, après avoir notamment concourut vainement en 1900 pour la succession d’Eugène Sergent à Notre-Dame.

Alexandre GEORGES, suppléant d’Albert Mahaut depuis 1899, lui succéda lorsque ce dernier se retira définitivement de Saint-Vincent-de-Paul. Il resta à ce poste jusque 1928. C’était encore un ancien élève de l’Ecole Niedermeyer ! Né le 25 février 1850 à Arras, ce fils de musicien55 qui montra très tôt de bonnes dispositions pour la musique rentra à l’âge de 13 ans à l’Ecole Niedermeyer. Il en fut l’un des plus brillants lauréats et en ressortit en 1870 après avoir été l’élève de Gustave Lefèvre et d’Eugène Gigout. Il devint lui-même par la suite professeur de composition dans cet établissement. Son premier poste, dès sa sortie de l’Ecole, fut celui d’organiste de Saint-Jean-Saint-François, mais il ne resta là que quelque temps avant de prendre la maîtrise de Sainte-Clotilde, où il se trouvait en 1877. Là, il sut gagner l’amitié de César Franck qui tenait le grand-orgue. Ce dernier avait d’ailleurs débuté lui-même sa carrière dans cette église comme maître de chapelle (1853) avant de passer au grand-orgue cinq ans plus tard. Enfin, il s’attacha à Saint-Vincent-de-Paul dès 1899. Compositeur distingué, Alexandre Georges a beaucoup écrit dans tous les genres, aussi bien des oeuvres profanes que des pièces religieuses. C’est ainsi qu’on lui doit notamment deux oratorios La Passion et Notre-Dame de Lourdes, qui étaient souvent exécutés à Paris en en province ; des mélodies sur des poésies d’Anna de Noailles et de Jean Richepin ; d’autres mélodies intitulées Petites poèmes au bord de l’eau ; un recueil des Chansons de Miarka, qui eut un énorme succès ; une Légende bretonne pour chant et piano ; un Requiem ; une Messe à la gloire de Notre-Dame des Flots ; des opéras : Myrrha, Charlotte Corday, Miarka, Sangre y sol, Le Printemps, La Marseillaise etc56... Egalement professeur d’orgue recherché, il s’éteignait le 18 janvier 1938 à Arras. C’était le père de la pianiste Bernadette Alexandre-Georges, décédée voilà à peine une trentaine d’années.

Vers 1900, pendant quelque temps, Charles-Marie POLLET57 était suppléant au grand-orgue. A la même époque il remplaçait également Fauré à la Madeleine et plus tard teindra les claviers de la cathédrale de Nice en 1906, avant de prendre 3 ans après ceux de la cathédrale de Monaco.

Charles-Marie Pollet, Fantaisie en la bémol, pour orgue ou harmonium, dédicacée "à la baronne douairière de Maëre"
(Abbé Joubert, Les Maîtres contemporains de l'orgue, vol. II, 1ère partie, Paris, Sénart, 1912) DR.
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Henri-Joseph O'Kelly
Décembre 1903, répétition de la Maîtrise de St-Vincent-de-Paul sous la direction de Henri-Joseph O'Kelly
Musica, janvier 1904, coll. D.H.M. )

Durant l’exercice de Boëllmann au grand-orgue, un nouveau maître de chapelle en la personne d’un certain RENTIER est nommé vers 1895, en remplacement de Marcel Rouher parti à Saint-Germain-l’Auxerrois. Mais celui-ci paraît n’être resté en poste que quelques années puisque en 1909 on trouve déjà trace de Joseph O’KELLY. Or celui-ci semble déjà exercer ses fonctions depuis un certain temps. Il avait été auparavant organiste de choeur à Saint-Germain-l’Auxerrois. Sans doute Marcel Rouher et Joseph O’Kelly avaient-ils échangé leur poste, puisque le premier succéda à O’Kelly à Saint-Germain-l’Auxerrois ? On sait peu de choses sur ce musicien58, sinon qu’il doit certainement appartenir à une famille de musiciens parmi lesquels figurent Auguste et Henry O’Kelly. C’est probablement l’un de ces trois artistes qui obtint, en juillet 1900, un 1er prix de contrebasse au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris ?

En 1900 Isidore MASSUELLE, le successeur d’Henri LETOCART à l’orgue de choeur, est encore un ancien élève de l’Ecole Niedermeyer ! Originaire de l’Aisne, où il est né à Beaurieux le 24 avril 1876, décédé en 1963, il a en effet effectué ses études musicales dans cette Ecole de 1892 à 1897, avant d’y enseigner le piano à compter de 1901. Son illustre prédécesseur, Camille Saint-Saëns, l’avait devancé d’une quarantaine d’années ! Il ne resta à Saint-Vincent-de-Paul qu’une petite dizaine d’années avant d’aller diriger la maîtrise de l’église Saint-François-de-Sales, où il restera plus longtemps, jusqu'à sa démission intervenue en mai 1931. Le curé de cette paroisse n’était autre que l’abbé Loutil plus connu sous le pseudonyme de Pierre l’Ermite59. En 1934 Isidore Massuelle apportera à nouveau son concours durant quelque temps aux travaux de la maîtrise de Saint-Vincent-de-Paul, alors dirigée par Jules Weyer. Son successeur à Saint-Vincent-de-Paul est une fois de plus un ancien élève de l’Ecole Niedermeyer ! Henri NIBELLE l’a en effet fréquentée dès 1898, avant de rentrer au Conservatoire National Supérieur de Musique, où il obtint en 1906 un 1er prix de fugue dans la classe de Fauré et un 1er accessit d’orgue en 1910 dans celle de Guilmant. Fils et petit-fils d’organistes Henri Nibelle, né le 6 novembre1883 à Briare (Loiret) et décédé le 18 décembre 1966 à Nice, débuta sa carrière d’organiste à l’orgue de choeur de la cathédrale de Versailles en 1907. Deux ans plus tard il prenait celui de Saint-Vincent-de-Paul, puis s’attachait en 1912 au grand-orgue de Saint-François-de-Sales et enfin succédait à Isidore Massuelle à la tête de la maîtrise de cette église en 1931. Curieusement d’ailleurs il avait déjà succédé au même une vingtaine d’années plus tôt à Saint-Vincent-de-Paul ! Devenu presque aveugle il se résolut à quitter Saint-François-de-Sales en 1959 pour se retirer à Nice. Grand musicien d’église, ce virtuose de l’orgue préférait cependant se consacrer à la composition d’oeuvres religieuses d’une certaine importance : des messes brèves, messes solennelles, psaumes, motets, cantiques spirituels... Ses Messes les plus connues sont toujours interprétées dans certaines églises. Citons parmi celles-ci les Messes Ecce Sacerdos magnus, Te Deum, Ave Maris Stella et la Messe Héroïque de Jeanne d’Arc. On lui doit également de nombreuses pièces pour orgue, comme par exemple son Carillon Orléanais, ses Rhapsodies de Noëls ou encore sa Messe pour orgue en l’honneur de la Sainte-Vierge ou ses 50 pièces sur des thèmes liturgiques intitulées Les Dimanches et les fêtes de l’organiste grégorien, bien connues des organistes... Son frère, Emmanuel Nibelle, décédé en 1937, fut longtemps organiste de Briare (Loiret), le village natale de la famille... Après le départ d’Henri Nibelle à Saint-François-de-Sales, l’orgue de choeur de Saint-Vincent-de-Paul voyait en 1912 l’arrivée de Léon MARICHELLE, né le 25 novembre 1888 à Choisy-le-Roi, également ancien élève de l’Ecole Niedermeyer ! Son père, Alfred Fichier MP3 60, originaire de Beaurevoir (Aisne), avait fait lui-même ses études musicales dans cette Ecole en 1881 avant de rentrer dans la classe d’orgue du CNSM. Léon Marichelle semble avoir exercé à Saint-Vincent-de-Paul jusque dans les années 1930.

A la fin de la Première guerre mondiale Louis MORAND arriva à Saint-Vincent-de-Paul pour prendre la tête de la maîtrise. C’était un breton, originaire de Nantes ou il était né en janvier 1893. Il avait d’ailleurs fait ses premières armes à l’orgue de l’église Saint-Félix de Nantes dans les années 1905,alors âgé d’une douzaine d’années. Elève de la Schola-Cantorum, il avait reçu là de précieuses leçons de la part de maîtres reconnus : Albert Roussel (contrepoint), Motte-Lacroix (piano), Vincent d’Indy (composition) et Abel Decaux (orgue). En 1911, il tenait l’orgue de l’église Notre-Dame-du-Travail de Plaisance, en 1918 devenait maître de chapelle de Saint-Vincent-de-Paul et enfin, en 1925 touchait l’instrument de Notre-Dame-de-l’Assomption de Passy. Fondateur de la Schola des Missions de Midi (400 exécutants à Notre-Dame de Paris entre 1917 et 1925), de l’Association des Anciens élèves de la Schola61, et de l’Union nationale des Artistes musiciens français, Louis Morand a également composé quelques oeuvres : des mélodies, des pièces instrumentales et des pages religieuses telle cette Messe à 2 orgues et orchestre. Il est décédé dans le courant des années 1950.

En 1923 le traitement de Louis Morand était de 2880 francs, celui d’Alexandre Georges au grand-orgue de 1800 francs et de Léon Marichelle à l’orgue de choeur 1200F. Le maître de chapelle devait à la paroisse environ 150 présences d’offices par an, sans compter les répétitions de la chorale (au moins 2 fois par semaine). Les frais de correspondance et d’achat de musique étaient à sa charge. Il n’y avait alors à Saint-Vincent-de-Paul que 2 chanteurs titulaires, un ténor soliste et un baryton soliste payés tous deux 1500 francs. Pour comparaison soulignons que le maître de chapelle était davantage rétribué au Sacré-Cœur, à St-François-de-Sales, à la Trinité ou encore à la Madeleine, mais moins payé par contre à St-Sulpice (2700 francs), à St-Eustache (2400), à St-Etienne-du-Mont (1800) ou à Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux (1500). Le grand-orgue était rétribué comme à Notre-Dame et à la basilique Saint-Denis (1200 francs). Quant à l’accompagnateur, il percevait le même salaire qu’à la Madeleine ou à Saint-Pierre de Neuilly (1800 francs). A tout cela, bien entendu, s’ajoutait le casuel62...

Nous avons laissé le grand-orgue en 1928 lors du départ d’Alexandre Georges. C’est René KOPP, son suppléant depuis 1916, qui lui succéda. Il était sous-chef de bureau à la comptabilité de la Compagnie du Nord et avait autrefois tenu les claviers de l’orgue de l’église Notre-Dame de Pontoise (1904 à 1916). C’était la première fois qu’était nommé à Saint-Vincent-de-Paul un musicien non professionnel, quoi que sa compétence était reconnue de tous. Il faut dire que sa nomination était intervenue dans un climat particulièrement délétère, entretenu par un nouveau curé. Celui-ci avait en effet renvoyé purement et simplement Alexandre Georges sans raison fondée ! Cette affaire appela d’ailleurs ce commentaire du maître de chapelle63 : " Il va sans dire que j’ai été outré, choqué et humilié de la mesure prise contre A. Georges que je vénère et pour lequel j’ai une affection très grande... " Il n’est pas dans nos propos de relater ici par le détail cette triste histoire qui eut un certain retentissement à l’époque, puisque notamment le Monde Musical s’en fit l’écho et parla de vilenies commises par un homme dénué de toute charité et d’humanité. En effet, Georges Alexandre, ce maître reconnu par ses pairs, dans sa " verte et juvénile vieillesse " fut renvoyé sans aucune raison si ce n’était son âge. Il avait alors 78 ans et était de l’avis de tous en pleine forme physique ! A cette occasion, Jean Huré écrivit64 la note suivante : " Il serait à souhaiter que lorsqu’un organiste ou un maître de chapelle, n’ayant en rien démérité et jouissant de la considération la plus incontestée auprès des musiciens, est prié de cesser l’exercice de ses fonctions, pour des raisons d’âge ou de maladie, on apportât à cette décision quelque délicatesse. Ne pourrait-on le nommer " organiste honoraire " de la paroisse, en l’avertissant que, pour éviter des fatigues qu’il ne peut plus supporter, on lui a adjoint un coadjuteur ? Ce serait semble-t-il d’une politesse élémentaire. On éviterait ainsi des faits comme ceux dont ont été victimes Boëly , Bordes, Emmanuel, Guilmant, O’Kelly, et tout récemment, A. Georges. A ce dernier on a reproché être devenu sourd et, sans un mot de regret ou de courtoisie, on l’a prié de ne plus venir à Saint-Vincent-de-Paul. A Guilmant, à Boëly, à Emmanuel, à Bordes on a reproché d’exécuter des oeuvres qui ennuyaient les paroissiens ! "... René Kopp prit ainsi ses fonctions dans ce climat malsain. Il n’était absolument pour rien dans cette affaire, mais certains lui reprochèrent d’avoir accepté cette nomination dans de telles circonstances. Hélas, une douzaine d’années plus tard, il sera à son tour victime d’une autre vilenie de la part du même curé. Laissons René Kopp raconter lui-même cette histoire dans une lettre qu’il adressait le 30 novembre 1941 à Henri Nibelle65 : " ... Lorsque la guerre s’est déclarée je me trouvais en vacances dans le Poitou ; au moment de reprendre mon orgue j’écrivis à Monsieur le Curé pour lui demander quelles étaient ses intentions en raison des circonstances. Il ne répondit qu’il était obligé de supprimer le traitement des chanteurs de la Maîtrise et du grand orgue me conseillant de rester éloigné de Paris. Il me le confirma courtoisement en janvier 1940 au cours d’une de mes visites dans la Capitale. J’eus alors le plaisir de rejouer mon instrument que M. Weyer utilisait de temps à autre. J’appris vers octobre 1940 par mon Maître de chapelle que ce dernier voyait à son tour son fixe supprimé ; j’adressais néanmoins mes voeux au 1er janvier 41 à Monsieur le curé qui ne répondit même pas ; au cours d’un voyage que je viens de faire à Paris le 9 novembre je passais à l’Eglise où j’entendis la Grand Messe près de l’orgue de choeur ; j’y jouais même la sortie, puis étant invité par M. Weyer à jouer à sa place la Messe de 11 h., je montais au Grand orgue et je jouais un Prélude et une Fugue de Bach. Mais pendant la Fugue le courant du moteur me fut coupé et j’appris que M. le curé s’opposait à ce que je joue. Descendu à la sacristie ce dernier me dit qu’il ne me connaît pas, qu’il n’y a plus de Grand orgue, qu’il est supprimé. J’ai fait remarquer que cette décision ne m’a pas été signifiée, la réponse ayant manqué totalement de courtoisie, j’ai jugé inutile de discuter et j’ai préféré me retirer avec dignité. Ayant trouvé ici [à Saint-Loup-sur Thouët, Deux-Sèvres] un ravitaillement précieux en ces temps difficiles je ne désire pas donner suite à cette affaire. Je m’occupe ici de la Schola et j’ai déjà plusieurs leçons... " Jules Weyer, relatant les mêmes faits précise de son côté : " ... Comme je devais monter au Grand orgue pour jouer la messe de 11 heures, pensant lui [René Kopp] être agréable je lui offrais d’aller tenir son orgue supposant qu’il en était toujours titulaire, et l’idée d’en demander la permission à M. le curé ne me venait même pas à l’esprit. Donc Kopp jouait et, par malheur, le curé m’apercevait derrière l’autel. Très surpris il me demandait qui jouait de l’orgue. L’idée ne me venait pas du tout de cacher que c’était Kopp. Là dessus il entre dans une colère folle, qu’il défendait que Kopp joue, et m’ordonnant de monter immédiatement prendre sa place. Très ennuyé et suffoqué, je ne me pressais pas. Alors il a coupé le courant du moteur et l’orgue s’est arrêté au beau milieu... "

L’arrivée de Jules WEYER, le 1er mars 1925, correspond à un tournant dans l’histoire musicale de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. Des transformations dues à plusieurs changements au sein du clergé n’accordant plus à la musique qu’une place secondaire, et plus tard les chamboulements causés par une mauvaise application des directives de Vatican II vont obérer sérieusement le capital artistique de cette paroisse. C’est ainsi que le poste d’organiste accompagnateur ne sera plus pourvu après le départ de Marichelle et celui du grand-orgue supprimé durant une dizaine d’années. Tout cela aboutira par la suite à ce qu’un seul musicien titulaire remplisse toutes les fonctions, au lieu des trois qui exercèrent jusque dans les années 30.

Jules Weyer, est encore un ancien élève de l’Ecole Niederemeyer. C’est le septième à se suivre depuis Boëllmann ! Fils d’un poêlier en faïence de Soultz (Alsace), il est né dans cette commune le 23 novembre 1878. Son grand-père avait d’ailleurs occupé dans son atelier Théodore Deck, le futur fondateur de la célèbre manufacture de Sèvres. Ses premières leçons de musique lui furent données par M. Jaecker, l’organiste de Soultz, puis à l’âge de 16 ans, en 1895, il rentra à l’Ecole Niedermeyer. Là, il reçut l’enseignement de Charles Bériot (piano), Eugène Gigout (orgue), Alexandre Georges (harmonie) et Paul Viardot (accompagnement) et en ressortit deux ans plus tard muni de ses diplômes d’orgue, piano, harmonie et fugue. Son premier poste de maître de chapelle de l’église Sainte-Marguerite du Vésinet (Yvelines) lui valut rapidement une certaine renommée, tant pour la maîtrise qu’il dirigeait avec doigté que pour l’excellente qualité des ses cours de piano du piano. Henri Büsser venait même parfois diriger des messes qu’accompagnait à l’orgue Jules Weyer. C’est à cette même époque que Jules Barrault, le père de Jean-Louis, poète à ses heures, écrivit le texte d’un opéra-comique La Cueillette que Weyer mit en musique. Cette œuvre fut jouée en 1909 au Vésinet, puis à Versailles et Saint-Germain-en-Laye entre autres. En même temps que ses activités de maître de chapelle et organiste de Sainte-Marguerite du Vésinet (1898 à 1919), Jules Weyer fut, à partir de 1908, directeur du choeur de la Société des Concerts de Saint-Germain. Durant la Grande Guerre, afin de faire bouillir la marmite, il occupa même le poste de pianiste au Cinéma Pernetty, près de la gare Montparnasse ! Il devait suivre l’action des films et improviser de la musique suivant les circonstances. Il sera également professeur de chant au Petit-Séminaire de Versailles... En 1919, il succédait au regretté Georges Krièger66 à l’orgue de choeur de l’église de la Madeleine. Ce dernier, brillant musicien, suppléant de Gigout dans sa classe d’orgue au CNSM et son remplaçant à Saint-Augustin, était tombé au champ d’honneur au cours de la guerre. Achille Runner dirigeait alors la maîtrise et Henri Dallier, qui avait succédé à Fauré en 1905, tenait le grand-orgue. C’est ainsi qu’il eut l’occasion de jouer, avec l’orchestre de la Société du Conservatoire placé sous la direction de Paul Paray, l’Andante de la 3e Symphonie avec orgue de Saint-Saëns lors des obsèques de celui-ci en 1921. En mars 1925, il laissait ses claviers de l’orgue de choeur de la Madeleine à André Simon pour Saint-Vincent-de-Paul. Là il restera jusqu'à la fin de l’année 1963 prenant une retraite plus que méritée, à l’âge de 85 ans ! Comme nous l’avons vu, Jules Weyer fut engagé dans cette église en tant que maître de chapelle. Un peu plus tard, lors du départ de Léon Marichelle il dut s’occuper également de l’orgue de choeur. Puis il cumula les fonctions d’organiste du grand-orgue, à partir de 1941, après la suppression du poste de titulaire et la mise à pied si élégante de René Kopp.

A Saint-Vincent-de-Paul Jules Weyer eut une intense activité musicale. Le rôle de l’orgue ayant été réduit, il essaya de compenser cet état de fait par la mise au point d’un répertoire de qualité approprié à sa maîtrise, même si ses effectifs avaient subi également une réduction importante. Par exemple, en 194467 le choeur composé de 12 soprani, 5 alti, 1 ténor, 2 barytons et 2 basses (dont une de l’Opéra) avait à son répertoire les messes en mi bémol et la bémol de Dubois, celles en mi mineur et si mineur de Niedermeyer, la messe de Noël de Büsser, la messe brève de Noyon, la messe à 2 voix de Nibelle, la messe de Delibes, des motets de Franck, Saint-Saëns, Fauré, Palestrina, Vittoria, Saint-Réquier, La Tombelle, Noyon et Nibelle... Auparavant, lorsque la maîtrise était plus étoffée on pouvait en plus interpréter d’autres messes de Franck, Vierne et Beethoven, ainsi que des motets a capella...

Jules Weyer est l’auteur d’une Marche Triomphale, de plusieurs motets, d’un Concerto pour piano, d’un oratorio Le Miracle de la Vierge, d’une opérette Silwrige Hochzitt et de bien autres pages, dont plusieurs Messes parmi lesquelles une Messe à 4 voix mixtes, dédiée à Sainte-Odile (éditions Lemoine), passée dans le répertoire de nombreuses chorales parisiennes et surtout un admirable autre " grand oratorio en cinq parties " La Légende de Sainte-Odile, sur un poème Paul Schneider, qui fut créé le 10 décembre 1950 au théâtre municipal de Mulhouse par Joseph Meyer à la tête du Choeur d’Oratorio de Mulhouse...

Lors de son départ à la retraite de Saint-Vincent-de-Paul, le chanoine Rebufat écrivait68 : " ...Pendant cette longue période, il a été un admirable modèle de conscience professionnelle. Toujours à son poste avec une régularité qui ne s’est jamais démentie, il bravait les difficultés, les intempéries, les indispositions de santé pour remplir ses fonctions... ". M. Jules Weyer est décédé le 8 octobre 1965.

En 1952, après une interruption de 11 ans, un nouveau titulaire du grand-orgue fut nommé : Jean COSTA69. Ce virtuose de l’orgue est considéré comme un remarquable improvisateur. Ancien élève de Marcel Dupré au CNSM, où il était rentré en 1944, sa carrière est jalonnée de grands prix, notamment un 1er Prix d’orgue en 1949, en même temps que Marie-Madeleine Chevalier, Françoise Renet et Jean Bonfils. Il enseigne l’orgue également, entre autres à l’Ecole Nationale de Musique de Nantes (1953 à 1970) puis au Conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence (depuis 1971). Parmi son importante discographie, il faut signaler les intégrales des oeuvres d’orgue de Liszt, enregistrées en 1974 à l’orgue de Vierzehnheiligen ; de Franck, enregistrées en partie l’orgue de Saint-Vincent-de-Paul à partir de 1966 ; de Brahms (1976, orgue de Braunschweig St-Johannis)70... et surtout l’enregistrement sur CD en 1992 sur l’instrument de Saint-Vincent-de-Paul de la Prière et Toccata de la Suite Gothique de son illustre prédécesseur Léon Boëllmann. Avant son entrée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Jean Costa avait tenu quelque temps (1942 à 1944) l’orgue d’accompagnement de la primatiale Saint-Jean de Lyon, à l’époque où Edouard Commette, le premier en France à enregistrer de l’orgue, tenait avec brio les claviers du grand-orgue... M. Costa a pris sa retraite en janvier 1997 et s’est retiré à Marseille.

A la fin de 1963 c’est Robert CAMUS qui succède à Jules Weyer comme maître de chapelle et organiste de choeur. Ce fut d’ailleurs le dernier maître de chapelle en titre, puisqu’à son départ le poste fut supprimé71. Ancien élève du Conservatoire d’Amiens, d’où il était originaire, puis du CNSM, M. Camus a fourbi ses premières armes à l’église Saint-Acheul d’Amiens, où il fut quelque temps maître de chapelle dans les années 1955. Par la suite, alors sous les drapeaux, une année durant il tint les claviers de l’orgue de la cathédrale d’Alger. C’était en 1960 en pleine guerre d’Algérie72. Il eut ensuite hélas le triste privilège de vivre, comme tous les musiciens d’églises, le grand chambardement de Vatican II qui supprima tout sur son passage, mutilant gravement la liturgie latine : suppression du latin, du grégorien, des messes, vêpres ou complies en grégorien, des offices du Rosaire, du mois de Marie, des classes du casuel, des instruments... Ce bouleversement eut notamment pour effet de réduire à sa plus simple expression les responsabilités de maître de chapelle... Il quitta alors Saint-Vincent-de-Paul à la fin de l’année 1978 pour regagner sa ville natale. Là il se lança dans la facture d’orgue et le professorat. Ce n’est que récemment qu’il a pris sa retraite à Amiens où il réside toujours.

La cathédrale Saint-Etienne de Meaux, XIIIe-XIVe siècles, au début des anées 1900.
( Coll. D.H.M. )

L’organiste de choeur, Véronique ENGRAND, a succédé a M. Camus en 1978. Elève d’orgue de Rolande Falcinelli au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (1962-1966), cette artiste de grand talent est issue d’une famille de musiciens. C’est en effet la petite-fille du violoniste Maurice Engrand73, la nièce de l’organiste du grand-orgue de la cathédrale de Meaux Marie-Thérèse Engrand74, de l’organiste et chef de choeur Madeleine Engrand75, du trompettiste François Engrand76, et la cousine de l’organiste virtuose Louis Robilliard77... En février 1997, au départ de M. Costa, Véronique Engrand est montée au grand-orgue. Elle a cumulé ainsi durant plusieurs années les fonctions de titulaire du grand-orgue et d’organiste-accompagnateur, jusqu'au 31 décembre 2000, période où elle a fait valoir ses droits à la retraite.

Le titulaire actuel des deux orgues de St-Vincent-de-Paul, nommé le 1er janvier 2001, est Pierre CAMBOURIAN. Né le 26 novembre 1974 à Chambray-les-Tours (Indre-et-Loire), ancien élève du C.N.R. de Tours, où il avait obtenu plusieurs premiers prix : formation musicale (1992), orgue (classe de M. Brethomé), musique de chambre, et déchiffrage en 1993, et un 2e prix d'harmonie (1994), il a fréquenté ensuite la classe d'orgue de Marie-Claire Alain au C.N.R. de Rueil-Malmaison (1er Prix en 1994), puis s'est perfectionné auprès d'elle au CNR de Paris durant deux années. Ayant également rejoint le C.N.S.M. de Paris, il a à nouveau obtenu plusieurs distinctions dans cet établissement : un 1er prix d'harmonie en 1995 (classe de Jean-Claude Raynaud), un 1er prix de contrepoint en 1996 (classe de Jean-Claude Henry), un 1er prix de fugue et formes en 1997 (classe de Thierry Escaich), et en 1998 un diplôme d'analyse B avec mention (classe d'Alain Mabit). Au C.N.R. de Saint-Maur-des-Fossés, Pierre Cambourian a également décroché en 1999 un 1er prix d'improvisation à l'orgue (classe de Thierry Escaich) et l'année suivante, un 1er prix de perfectionnement d'improvisation à l'orgue. Demi-finaliste au 1er Concours international d'orgue de Paris (1995), 5e au Concours international d'orgue de Praetoria (Afrique du Sud) en 2000, Pierre Cambourian se produit régulièrement en récital en France et à l'étranger. Comme organiste liturgique, il a longtemps suppléé aux grandes orgues de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Montreuil-sous-Bois (orgue Merklin 1893, relevé par Beuchet-Debierre en 1958 et restauré par N. Toussaint en 1992) et effectué de nombreux remplacements dans des paroisses parisiennes notamment à La Madeleine (orgue de chœur), Saint-Etienne-du-Mont (grand orgue), Sainte-Marie-des-Batignolles (grand orgue) et la basilique de Saint-Denis (grand orgue). Egalement professeur d'écriture au C.N.R. de Tours et professeur à la faculté de musicologie de cette même ville, on lui doit notamment le premier enregistrement de l'orgue « Dupont » du musée de la musique de la Cité de la Musique à Paris, à l'occasion du 250e anniversaire de la mort de J.S. Bach (œuvres de Bach et de Buxtehude).

L’histoire musicale de l’église Saint-Vincent-de-Paul est pour le moins fort riche, comme nous venons de le voir au fil de ces lignes. Les Durand, Fissot, Boëllmann, Mahaut, Georges, Letocart, Nibelle, Morand et Weyer sont des musiciens de grandes valeurs qui ont marqué la musique religieuse de leur sceau. Il est cependant un peu triste de constater, mais cela est hélas général !, que la pauvreté actuelle de nos cérémonies religieuses sur le plan musical ne réclame plus la présence que d’un seul musicien, alors qu’il n’y a pas encore si longtemps trois personnes distinctes devaient travailler d’arrache-pied pour mettre en place les programmes musicaux à la hauteur d’une liturgie où le spirituel et l’artistique étaient intimement liés ! Que reste-t-il de commun entre un office célébré il y a un siècle au cours duquel un Boëllmann, un Letocart et un Marcel Rouher pouvaient s’exprimer à travers une musique sacrée dans laquelle ils mettaient toute leur foi et leur croyance au service de la liturgie et le même office célébré de nos jours avec une musique totalement dévoyée et rabaissée en fonds sonore ? Comme déclare si judicieusement Yves Ramette la musique est poésie, où elle n’est pas78.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE

TABLEAU RÉCAPITULATIF
DES MAÎTRES DE CHAPELLE ET ORGANISTES
DE L’ÉGLISE SAINT-VINCENT-DE-PAUL, PARIS

MAITRE DE CHAPELLE

GRAND-ORGUE

ORGUE D’ACCOMPAGNEMENT

   

BRANCHARD
1810-1814

   

BARON père
1814-1822

   

CREPIN
1822-1824

   

Vincent MARECHAL
1824-1827

   

Chrétien URHAN
1827-1845

Nouvelle église : 1844

 

BARON fils
1827-1830

GARET
1844-1857

Grand-orgue Cavaillé-Coll : 1851

Louis BRAILLE
1845-1851 ?

 

Peter CAVALLO
1851-1863

Louis BESOZZI
1851-1857

MULOT
1857-1868

Auguste DURAND
1863-1874

Pierre TAITE
1857-1881

E. STEENMANN
1868-1871

Henri FISSOT
1874-1887

Léon BOELLMANN
1881-1887

Eugène ARCHAINBAUD
1871-1890

Léon BOELLMANN
1887-1897

François PINOT
1887- ?

Marcel ROUHER
1890- ?

 

Lucien GRANDJANY
? -1891

RENTIER
? 1896 ?

Albert MAHAUT
1897-1909

Henri LETOCART
1892-1900

   

Isidore MASSUELLE
? 1904 ?

Joseph O’KELLY
? 1909 ?

Alexandre GEORGES
1909-1928

Henri NIBELLE
ca 1910

Louis MORAND
1918-1925

 

Léon MARICHELLE
av.1913 - ca 1935

Jules WEYER
1925-1963

René KOPP
1928-1941

Jules WEYER
ca 1935-1963

 

Jules WEYER
1941-1952

 

Robert CAMUS
1963-1978

Jean COSTA
1952-1997

Robert CAMUS
1963-1978

- poste supprimé -

Véronique ENGRAND
1997-2000

Véronique ENGRAND
1978-2000

 

Pierre CAMBOURIAN
depuis 2001

Pierre CAMBOURIAN
depuis 2001

D.H.M.

____________

1) Paroisse Saint-Vincent de Paul, guide des fidèles. Sans date, ni nom d'auteur. Plaquette éditée par l'Union des Oeuvres Catholiques du XVIe, 43 rue Dumont-d'Urville, Paris, p. 8. (archives Archevêché de Paris). [ Retour ]

2) Né à Paris en 1761 et décédé dans cette même ville en 1844, Jean-Baptiste Lepère fut nommé architecte par Bonaparte. On lui doit notamment, avec l'architecte Gondoin, l'érection de la colonne Vendôme (1805). [ Retour ]

3) Jacques Hittorf (Cologne, 1792 - Paris, 1867), inspecteur des bâtiments royaux (1814), architecte de la Ville de Paris et du Gouvernement (1830), membre de l'Académie des beaux-arts (1853), construisit également la gare du Nord, remania la place de la Concorde et les Champs-Elysées et restaura la salle Favart. [ Retour ]

4) Description et histoire de l'église S.-Vincent-de-Paul à Paris par un paroissien. « Se vend au profit des oeuvres de la paroisse ». Plaquette, sans date ; ni nom d'auteur [1891 ?], p. 9. (archives Archevêché de Paris). [ Retour ]

5) Jean-Baptiste-Edme BARDIN (1790-1857) fut dans sa jeunesse secrétaire particulier du Cardinal Maury. Ordonné prêtre le 17 décembre 1814, il fut professeur au petit séminaire de Paris, curé de Chatillon en 1818, prêtre habitué à Saint-Denis en 1821 et enfin nommé à Saint-Vincent-de-Paul en décembre de la même année. Musicien émérite, il était également linguiste et bibliophile éminent. L'abbé Doisy, (voir note suivante) ajoute que Bardin eut des " relations d'art et d'âme avec l'illustre paroissien que fut Liszt " et qu'il forma une Schola. Mendelssohn dans sa lettre du 21 janvier 1832 parle du salon musical de l'abbé Bardin. Etait-il parent de Pierre-Antoine Bardin, Maître de musique et des enfants de choeur du Chapitre Saint-Honoré de Paris avant la Révolution, nous l'ignorons ? [ Retour ]

6) Le livre de l'abbé Henry Doisy La Paroisse et l'église Saint-Vincent-de-Paul de Paris, Paris, 1942, est l'ouvrage de base pour toutes recherches sur cette église. Parmi ses 600 pages l'auteur en consacre une partie à l'histoire des organistes et maîtres de chapelle, notamment les pages 145, 278, 289, 647 à 652 et 655. [ Retour ]

7) Pierre-François Dallery (1764-1833), filleul de Henry Cliquot, a notamment travaillé à St-Thomas-d'Aquin, St- Jacques-du-Haut-Pas, St-Germain-l'Auxerrois, St-Roch, St-Eustache.... [ Retour ]

8) Délibération du 18 avril 1830, registre, pp. 91-92. Nous tenons à remercier une nouvelle fois notre fidèle ami le Père Ploix, archiviste de l'Archevêché de Paris, qui nous a notamment communiqué des copies de certaines délibérations du Conseil de Fabrique de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. [ Retour ]

9) En 1838 Félix Danjou, qui sera bientôt nommé organiste du grand-orgue de Notre-Dame, Louis Callinet, facteur d'orgues, cousin des frères Callinet originaires de Bourgogne et Daublaine, un commerçant avant tout, s'associèrent pour former la Maison Daublaine-Callinet. A la suite d'une brouille survenue en 1843 Callinet fut remplacé par Barker. En 1845 la raison sociale devint Ducroquet & Cie, en 1855 Merklin, Schütze & Cie et en 1899 passa sous la coupe du facteur Théodore Kuhn... [ Retour ]

10) En 1843, Callinet se disputa avec son associé et dans une crise de démence brisa tout ce qu'il avait fait à l'orgue de Saint-Sulpice alors en chantier, puis se retira. [ Retour ]

11) Voir L'Illustration du 14 février 1852 qui relate cette inauguration au cours de laquelle " une assistance de plus de deux milles personnes a été constamment tenue sous le charme... " [ Retour ]

12) Adrien Lenoir de La Fage (1801-1862), dans sa jeunesse enfant de choeur à Saint-Philippe-du-Roule, puis élève de Choron dans son Institution royale de musique religieuse, ainsi que de Perne, puis de Baini à Rome, musicographe réputé, est l'auteur notamment d'un Ordinaire de l'Office divin arrangé en harmonie sur le plain-chant. Il a également écrit de la musique d'église. [ Retour ]

13) Pour la composition exacte des orgues de cette église se reporter à l'Inventaire des orgues de l'Ile-de-France, tome V, inventaire des orgues de Paris, Paris, éditions Klincksieck, 1995, pp. 284-293. [ Retour ]

14) Abbé Doisy, op. cit. p. 145. [ Retour ]

15) Eloi-Nicolas-Marie Miroir (1746-1815), dit " Miroir aîné ". Organiste de St-Benoît, St-Honoré, St-Germain-des-Près, St-Louis-en-l'Ile, St-Eustache et St-Nicolas-des-Champs, ce musicien a joué un rôle important dans la sauvegarde des orgues durant la période révolutionnaire étant membre de la Commission Temporaire des Arts. [ Retour ]

16) L'hospice de la Pitié, situé rue Saint-Victor, possédait en effet dans sa chapelle un orgue qui fut touché, entre autres, par Antoine Desprez durant près de 30 ans (1750-1779), avant que celui-ci ne succède quelque temps plus tard à Pierre-Louis Couperin à Notre-Dame en 1789. Baron père a probablement succédé à Desprez en 1779 à l'hospice de la Pitié. [ Retour ]

17) Là encore Baron père a certainement succédé en 1789 à Antoine Desprez parti à Notre-Dame [voir note précédente]. Baron semble être resté à Saint-Nicolas-du-Chardonnet jusque dans les années 1820. [ Retour ]

18) Survivancier de Guillaume Lasceux dès le 22 janvier 1817, il lui succède en réalité à partir de 1819. Il laissera sa place à Gabriel Gauthier en 1824. [ Retour ]

19) Couvent des Capucins construit en 1780. Lors de la Révolution les bâtiments deviennent le Lycée Condorcet et la chapelle est érigée en paroisse (1802). Par la suite construction d'un grand-orgue Dallery (1811), puis John Abbey (1839) et enfin Cavaillé-Coll (1856). [ Retour ]

20) L'église Saint-Etienne-des-Grès qui se tenait dans la rue du même nom, près de la porte St-Jacques, est connue depuis le VII° siècle. Reconstruite par la suite, elle a été démolie en 1792. [ Retour ]

21) Op. cit. p. 145, note 3. [ Retour ]

22) De son vrai nom Chrétien Auerhahn, Chrétien Urhan fait l'objet de notices biographiques plus ou moins étoffées dans les dictionnaires de musique de Fétis, Riemann, Baker, Honegger, et Vannes. [ Retour ]

23) Ernest Legouvé, Soixante ans de souvenirs (Paris, 1886-1887). Voir tome II, chapitre VII. On trouve également bien d'autres anecdotes sur Urhan dans ces souvenirs, repris d'ailleurs par l'Abbé Doisy, comme celle-ci qui est particulièrement savoureuse : Urhan venait parfois visiter Mme Legouvé. Il restait un quart d'heure auprès d'elle sans prononcer une parole et partait en disant " Adieu, chère Madame, j'avais besoin de vous voir !... " [ Retour ]

24) Le catalogue complet des oeuvres d'Urhan a été dressé par Paul Garnault dans la Revue de Musicologie. (Paris, 1930). [ Retour ]

25) Revue Musicale, 19.XI, page 332. [ Retour ]

26) Romance, numéro de décembre 1833. [ Retour ]

27) Archives de l'Archevêché de Paris, carton orgues de Saint-Sulpice, Z.43. [ Retour ]

28) Cavatine de Ninetta, extrait de La Pie voleuse, opéra-bouffe en 2 actes de Gioacchino Rossini (Milan, 1817) - NDLR. [ Retour ]

29) Fra Diavolo,ou L'Hôtellerie de Terracine, opéra comique en 3 actes de Esprit Auber, écrit en 1830. NDLR. [ Retour ]

30) Revue et Gazette musicale, 1835, cité par Emile Haraszti in " Franz Liszt ", Paris, Ed. A. et J. Picard, 1967, p. 199. [ Retour ]

31) Nous devons ces détails à l'abbé Henri Doisy, op. cit. Retour ]

32) Ce sont notamment Marie-Louise Jaquet-Langlais, dans son remarquable ouvrage intitulé Ombre et Lumière, Jean Langlais, 1907-1991 (Paris, Editions Combre, 1995) qui signale (page 28) que Louis Braille exerçait à St-Vincent-de-Paul en 1847, ainsi que Pierre Guillot dans son Dictionnaire des organistes français des XIXe et XXe siècles (Sprimont, Mardaga, 2003) qui précise à partir de 1845. Mais, d'autres sources avancent qu'il s'agirait plutôt de l'orgue Suret de la Chapelle Saint-Vincent-de-Paul des Lazaristes de la rue de Sèvres ? [ Retour ]

33) Sur L'Institut National des jeunes Aveugles et la musique, voir Musica et Memoria, n° 54 de juin 1994. [ Retour ]

34) Registres de délibération de la Fabrique, 29 décembre 1853, p. 139. [ Retour ]

35) Sur Louis-Désirée Besozzi voir les notices dans les dictionnaires de Riemann, Baker et Honegger. [ Retour ]

36) L'Ami de la Religion, numéro du 22 juillet 1856. [ Retour ]

37) Abbé Doisy, op. cit. p. 651. [ Retour ]

38) Avant de succéder, en janvier 1857, à Besozzi il l'avait suppléé pendant plusieurs années à l'orgue de choeur. [ Retour ]

Le Panthéon (Paris), construit par Soufflot en 1764, autrefois église Sainte-Geneviève.
( Coll. D.H.M. )
39) Il s'agit de l'actuel Panthéon. Construit entre 1764 et 1780, l'église Sainte-Geneviève fut transformée en Panthéon (1791), puis rendue au culte par Napoléon en 1806, à nouveau transformée par Louis-Philippe en 1830 et enfin définitivement destinée au culte de la République à partir de 1885 (affectée à la sépulture des grands hommes). En 1801 Somer transportait dans cet édifice l'orgue des Bénédictins anglais et 50 ans plus tard Aristide Cavaillé-Coll construisait un instrument tout neuf. [ Retour ]

40) Où il succédait là à Alexandre-Charles Fessy décédé le 30 novembre 1856. [ Retour ]

41) Pour davantage de détails sur Auguste Durand se reporter aux dictionnaires de Fétis, Riemann, Baker, Honegger... [ Retour ]

42) Abbé Doisy, op. cit. p. 652. [ Retour ]

43) Appelée plus communément Ecole Niedermeyer. [ Retour ]

44) Fondée en 1881 par Jules Vasseur, cette société s'attachait à récompenser les oeuvres les plus marquantes. Son jury était composé de Théodore Dubois, César Franck, Eugène Gigout, Alexandre Guilmant, Gustave Lefèvre , Clément Loret et E. Steenmann. [ Retour ]

45) Voir Musica et Memoria, n°64, pp. 4-5. [ Retour ]

46) Est-il parent avec Denis Rouher, né le 20.10.1808 à Riom (Puy-de-Dôme) qui fut notamment trésorier-payeur général de Saône-et-Loire en 1866, et Eugène Rouher, né également à Riom, le 30.11.1814, député, ministre de la justice (1849), puis du commerce (1855), et enfin président du Sénat (1870), nous l'ignorons à ce jour ? [ Retour ]

47) Abbé Doisy, op. cit., p. 652. [ Retour ]

48) Février 1882 : Prix à l'unanimité pour son Offertoire pour orgue ; mai 1882 : Prix à l'unanimité pour son O Salutaris pour solo soprane ou ténor ; février 1883 : Prix à l'unanimité pour sa Rentrée de Procession. [ Retour ]

49) Les maîtres contemporains de l'orgue, pièces recueillies et publiées par l'abbé Joubert, éd. Maurice Sénart, deuxième volume, année 1912. [ Retour ]

50) Henri Büsser (1872-1973) futur directeur de l'Opéra-comique ; Jules Bentz (ca 1872-1963) plus tard organiste de l'église Sainte-Geneviève à Asnières ; Xavier Leroux (1863-1919) maître de chapelle de Saint-Eugène-Sainte-Cécile, bientôt directeur de la revue Musica ; Joseph O'Kelly que l'on retrouvera un peu plus tard à Saint-Vincent-de-Paul ; et Guy Ropartz (1864-1955) ancien élève de césar Franck, alors installé à Paris pour ses études musicales. [ Retour ]

51) Voir ses Quelques souvenirs publiés dans L'Orgue, n°36 (décembre 1938), pp. 2-7 et n°37 (mars 1939), pp. 4-6. [ Retour ]

52) René Dumesnil, La musique contemporaine en France, Paris, lib. A. Colin, 2 tomes, 1949. Voir t. I, p. 47. [ Retour ]

53) Les autres candidats étaient : Alexandre Georges, que l'on retrouvera plus tard à Saint-Vincent-de-Paul ; Amédée Reuchsel, élève du Conservatoire de Bruxelles et de Fauré à Paris, futur titulaire du grand-orgue de Saint-Denys-du-Saint-Sacrement et père d'Eugène Reuchsel ; Charles Quef, 1er prix d'orgue du CNSM, organiste à Sainte-Marie-des-Batignolles avant de succéder en 1901 à Alexandre Guilmant à la Trinité ; Clément Lippacher, un ancien de l'Ecole Niedermeyer qui tenait l'instrument de Saint-Eugène ; Maurice Robineau, également ancien élève de l'Ecole Niedermeyer qui était à Ste-Elisabeth et qui sera plus tard accompagnateur à St-Sulpice ; Charles Collin, aussi ancien élève de l'Ecole Niedermeyer, qui tenait les claviers de l'église Notre-Dame de Rennes depuis 1884 ; un certain Thomas [sans doute Alphonse Thomas organiste de St-Louis de Fontainebleau] ; un autre Colin [peut-être Joseph Colin qui avait été il y a quelques années à Saint-Denys-du-Saint-Sacrement] ; et un dénommé Colimon de La Fuye. [ Retour ]

54) La Tribune de Saint-Gervais, n°5 de mai 1898, p. 119. [ Retour ]

55) Son père, Alexandre, était chantre à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais). [ Retour ]

56) Voir les dictionnaires de musique de Riemann, Honegger, Baker... [ Retour ]

57) Né en 1876 à Paris. [ Retour ]

58) On sait également qu'il fut élève au CNSM, qu'il avait déjà brigué la succession de Grandjany en 1891 (voir note 45) et qu'il était paroissien de Saint-Vincent-de-Paul depuis fort longtemps. [ Retour ]

59) Pierre l'Ermite fut un des leaders du journal La Croix, fondé en 1883 par le R.P. Picard . Ses articles étaient considérés comme un modèle du genre et étaient très recherchés. Il s'agissait parfois de véritables chefs-d'œuvre. Pierre l'Ermite était fort envié par ses confrères d'autant plus qu'il était en outre un écrivain et un romancier très apprécié... [ Retour ]

60) Alfred Marichelle, né le 11.6.1866 à Beaurevoir (Aisne), décédé en 1919, fut tout d'abord organiste à Choisy-le-Roi (1890), avant de le devenir à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Il était également professeur d'harmonie, de contrepoint et de fugue à l'Ecole Niedermeyer, ainsi que son directeur artistique.
Fichier MP3 Alfred Marichelle, Elévation pour orgue ou harmonium (in abbé Joubert, Les Maîtres contemporains de l'orgue, Paris, Sénart, vol. II, 1912) DR. Fichier audio par Max Méreaux (DR.), partition au format PDF. [ Retour ]

61) L'Association des anciens élèves de la Schola lors de sa création était présidée par Vincent d'Indy. Elle éditait un bulletin mensuel " Le chant de la cloche " dont le premier numéro sortit le 15 février 1929. [ Retour ]

62) D'après une enquête sur le " fixe " menée en avril 1923 par la très active Union des Maîtres de Chapelle et Organistes, alors présidée par Widor. [ Retour ]

63) Jules Weyer, maître de chapelle depuis 1925. [ Retour ]

64) Archives UMCO, collection de l'auteur. [ Retour ]

65) Ibid. [ Retour ]

66) Né en 1885 et tué au cours de la guerre de 14/18 à peine âgé d'une trentaine d'années, Georges Krièger fut élève de Lavignac, Caussade, Vidal et Guilmant au CNSM où il obtint cinq premiers prix, dont celui d'orgue en 1909. Virtuose de l'orgue, concertiste de grand talent, il avait succédé en 1913 à Achille Philip à l'orgue de choeur de la Madeleine avant de partir quelque temps plus tard à la guerre... [ Retour ]

67) D'après une enquête sur les maîtrises effectuée en 1944 par le Comité professionnel de l'art musical et de l'enseignement libre de la musique, dont le président était Alfred Cortot. (Collection de l'auteur). [ Retour ]

68) Bulletin paroissial de Saint-Vincent-de-Paul, janvier 1964, p. 8. [ Retour ]

69) Jean Costa, né le 15 juin 1924 à Bastia, est fils et petit-fils d'organistes. [ Retour ]

70) Pour la discographie de Jean Costa voir Jean Cartayrade, Les organistes et le disque depuis 1950, guide de la musique d'orgue enregistrée, Ed. Ars Musicae, octobre 1996, 242 pages, pp. 46-47. [ Retour ]

71) En 1951 Amédée de Vallombrosa signalait (in L'Orgue, n°58-59, pp. 35-45) que seules les églises de Notre-Dame, St-Sulpice, St-François-Xavier, Ste-Clotilde, la Madeleine, le Sacré-Cœur et Notre-Dame-des-Victoires employaient encore un organiste du grand-orgue, un accompagnateur et un maître de chapelle distincts. En 1997 et ceci est bien désespérant ! seule la Madeleine a maintenu ces 3 postes ! Le métier de maître de chapelle est totalement sinistré ! Tout au plus une douzaine d'églises en France possèdent encore leur maître de chapelle (à ne pas confondre avec les animateurs de chants !) parmi lesquelles la Primatiale de Lyon, la cathédrale de Dijon, celles de Bordeaux, Strasbourg et Monaco..., quoique souvent ce musicien remplisse également les fonctions d'organiste de choeur ! [ Retour ]

72) C'est Michel Pinte, l'actuel cotitulaire de Saint-Augustin, qui fut le dernier organiste de la cathédrale d'Alger jusque 1962. [ Retour ]

73) Maurice Engrand fonda l'Orchestre Symphonique de Lagny avant la guerre de 14/18. [ Retour ]

74) Marie-Thérèse Engrand (1901-1995), ancien élève à l'Institut Martenot de Neuilly-sur-Seine, tint les claviers du grand-orgue de la cathédrale de Meaux durant 52 ans. [ Retour ]

75) Madeleine Engrand a notamment fondé une importante chorale mixte d'enfants en 1961. [ Retour ]

76) François Engrand jouait de la trompette, entre autres au Casino de Paris. [ Retour ]

77) Louis Robilliard, né en 1939, ancien élève de la Schola Cantorum (Jean Langlais) puis du CNSM de Paris (1er prix orgue 1967), enseigne l'orgue au CNR de Lyon depuis 1967 et est titulaire du grand-orgue de l'église Saint-François-de-Sales de Lyon depuis la même époque. Son père, Bertrand, fut également organiste et exerça notamment à l'Université de Beyrouth. [ Retour ]

78) Yves Ramette, compositeur, ancien maître de chapelle de Saint-Ferdinand-des-Ternes de 1951 à 1990 est l'auteur d'un ouvrage fort intéressant paru au début de l'année 1997, intitulé Grandeur et décadence d'une tribune, Editions Odilon Média, 127 rue Amelot, Paris XI - N° ISBN : 2-84213-023-5. [ Retour ]

 


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