1832
Ambroise THOMAS (1811-1896)
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Portrait d'Ambroise Thomas publié au moment de son décès dans le journal hebdomadaire illustré La Joie de la maison du 20 février 1896 (DR.) |
THOMAS (CHARLES-LOUIS-AMBROISE),
compositeur de musique français, membre de l'Institut (Académie des Beaux-Arts),
directeur du Conservatoire de Musique et de Déclamation, né à Metz, le 5 août
1811.
Fils d'un professeur de
musique de la ville de Metz, Ambroise Thomas avait déjà fait d'assez fortes
études de violon et de piano lorsqu'il fut admis au Conservatoire en 1828. Il
fut élève de plusieurs maîtres distingués : de Lesueur, pour la composition ;
de Dourlen, pour l'harmonie et l'accompagnement ; de Zimmermann, pour le piano :
il reçut aussi de bons conseils de MM. Barbereau et Kalkbrenner.
Doué de bonne heure des
grandes qualités qui devaient caractériser le maître et possédant déjà un
certain talent, il obtint le premier prix de piano (1829), le premier prix
d'harmonie (1830), puis le premier grand-prix de composition musicale (1832).
Après un voyage en
Italie où il séjourna quelques années, Ambroise Thomas revint en France et fit
représenter plusieurs de ses œuvres à l'Opéra-Comique, qui eurent, au début,
assez de succès.
Il donna successivement
: la Double Echelle (1837) ; le Perruquier de la Régence (1838) ;
le Panier Fleuri (1839) ; Caroline (1840) ; le Comte de
Carmagnola (1841) ; le Guérillero (1812) ; Angélique et Médor
(1843) ; le Caïd, qui eut un vif succès (1849) ; le Songe d'une Nuit
d'été (1850) ; Raymond (1851) ; la Torelli (1853) ; la
Cour de Célimène (1855) ; Psyché (1856) ; le Carnaval de Venise
(1857) ; le Roman d'Elvire (1860).
En 1866, il fit
représenter un opéra-comique qui devait immortaliser son nom : Mignon,
qui est resté une des œuvres classiques du répertoire de l'Opéra-Comique. — Il
donna aussi Gilles et Gillolin en 1874.
En 1868, Ambroise
Thomas écrivit pour l'Opéra Hamlet, ouvrage grandiose qui fut représenté
(9 mars 1868) avec un grand succès. Cet opéra obtint un égal succès dans toutes
les villes d'Europe où il fut représenté ainsi qu'aux Etats-Unis. — En 1839, il
avait donné à l'Opéra, en collaboration avec M. Benoist, un ballet : la
Gypsy.
Ambroise Thomas a
arrangé en grand opéra, son opéra-comique Mignon pour le théâtre de
Bade. Cet opéra, ainsi transformé, a été joué sur toutes les grandes scènes
lyriques de l'Allemagne et de la Russie.
Le 14 avril 1882, il
donna à l'Académie nationale de musique, Françoise de Rimini, opéra en 4
actes — œuvre magistrale avec prologue et épilogue — et le 23 juin 1889, la
Tempête, ballet en 4 actes. Ces ouvrages reçurent un chaleureux accueil du
monde lyrique.
Ambroise Thomas a
produit, en dehors de tous les ouvrages que nous venons de citer, qui révèlent
tous un grand génie musical, et le meilleur sentiment du goût du public,
beaucoup d'œuvres de musique instrumentale : Nocturnes, Fantaisies,
Rondos, etc. Etant à Rome, il a aussi écrit un Requiem.
En 1851, Ambroise
Thomas remplaça Spontini comme membre de l'Académie des Beaux-Arts et, le 8
juillet 1871, Auber comme directeur du Conservatoire.
Tout le monde a présent
à la mémoire la magnifique soirée qui fut donnée à l'Opéra-Comique en son
honneur, à l'occasion de la millième représentation de Mignon. Celte
soirée mémorable fut un succès pour l'illustre compositeur, qui, comme le grand
poète Victor Hugo, eut son apothéose de son vivant. Toute la presse française
et étrangère fut unanime pour célébrer le triomphe du maître, triomphe qu'il
avait si largement mérité.
Ambroise Thomas doit
être considéré, à juste titre, comme un des maîtres de l'Art musical au
dix-neuvième siècle. La France s'honore d'avoir produit de tels enfants et
l'Art lyrique s'enorgueillit de posséder de tels compositeurs.
Ambroise Thomas a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur le 27avril 1845, promu officier le 3 juillet
1858 et commandeur le 3 août 1868.
Il est décédé à Paris,
le 12 février 1896. Sa mort ayant laissé vacante la direction du Conservatoire,
M. Théodore Dubois fut nommé pour succéder à l'illustre défunt.
A. d'Alais
(in Le Rideau
artistique et littéraire,
journal des théâtres, n°
23, 1906)
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AMBROISE THOMAS
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Ambroise Thomas (1811-1896), Grand Prix de Rome en 1832, directeur du Conservatoire de Paris en 1871. Membre de l'Institut dès 1851 au fauteuil de Spontini, premier musicien élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'honneur en 1894, il est l'auteur de plusieurs opéras dont Mignon (1866) qui a connu plus de deux mille représentations en moins d'un siècle ( photo Ruck )
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Après un repos de près
de deux ans, la Françoise de Rimini d'Ambroise Thomas vient de
reparaître sur l'affiche de l'Opéra ; la reprise a eu lieu mercredi, et le sur
lendemain vendredi on la redonne encore. Voilà de quoi mettre en belle humeur
M. Ambroise Thomas. Aussi voit-il tout en rose en ce moment ; il est joyeux et
se frotte les mains, Pensez-donc ! sa bienaimée Francesca renaît de ses cendres
; le voilà au comble de ses vœux.
On n'ignore pas, en
effet, qu'il éprouve pour ce dernier né de sa muse féconde une prédilection
marquée.
Le père de Francesca ne
pouvait croire à un jugement définitif de la part du public qui, au début,
avait fait à l'œuvre un accueil quelque peu réservé. Il désirait interjeter
appel. Aussi plaida-t-il chaleureusement sa cause, et ses exhortations eurent
finalement raison de l'indécision habituelle de M. de Vaucorbeil que la mort
vient de frapper si subitement.
Les occasions sont
rares où l'attention du public est attirée sur M. Ambroise Thomas. Son
existence retirée, entièrement consacrée à l'étude ou aux devoirs que lui
imposent ses fonctions de directeur du Conservatoire, n'offre guère de prise à
l'indiscrétion ou aux bavardages de nos journaux quotidiens. De plus, sa
nature, ses goûts se refusent à toute agitation extérieure.
L'auteur d'Hamlet aime
l'ombre, le calme, la tranquillité d'esprit, les paisibles joies du foyer, tout
ce bonheur enfin qui résulte du libre développement et de la généreuse
expansion des plus nobles facultés de l'âme hum due. Il se contine volontiers
dans le silence, le recueillement et la méditation, fuit le bruit, se plaît
dans la solitude. C'est un contemplatif.
Présentez-vous soit
chez lui, soit dans son cabinet directorial du Conservatoire, vous le trouverez
mollement enfoncé dans son fauteuil. L'attitude est indolente, le regard pensif
et rêveur, la physionomie sereine et réfléchie. Le front haut et découvert
accuse par les différents traits qui le sillonnent le travail incessant de la
pensée. L'œil est pénétrant, mais comme voilé par la mélancolie. Cette belle
tête, d'un caractère grave et noble, encadrée par de longs cheveux gris soyeux,
rejetés en arrière et souvent caressés par la main, parait désireuse de se
soustraire à tout souci matériel ; elle semble tantôt écouter quelque voix
intérieure qui l'enchante et l'éloigne de nous, tantôt suivre des chants
délicats et harmonieux qui la bercent comme dans un songe.
Si vous venez
interrompre cette molle quiétude pour vous informer de quelque détail
administratif, M. Thomas vous renverra à son secrétaire général, M. Réty, sur
lequel il se repose du soin de veiller à la bonne gestion du Conservatoire.
Aussi est-ce pour lui
une pénible corvée d'avoir à présider les jurys des concours de fin d'année. Il
faut le voir alors, dans cette grande loge du fond, entouré de nos principaux
artistes et littérateurs, indiquer d'une voix dolente et résignée, soit les
mouvements d'un morceau, soit les diverses récompenses obtenues par les élèves.
M. Ambroise Thomas s'acquitte de cette tâche en
soupirant, mais avec conscience, donnant un louable exemple de la soumission
qu'on doit aux lois et aux règlements : Dura lex sed lex !
L'homme que je viens de vous présenter est
celui que nous voyons aujourd'hui, que nous coudoyons tous les jours. Mais lui
aussi a été jeune ; il a été mêlé à la vie turbulente et galante de son temps
et s'y montra non pas spectateur passif et indifférent, mais acteur plein de
zèle et d'ardeur. Il dut même, paraît-il, en une certaine circonstance, montrer
que l'épée lui était non moins familière que la plume. Mais n'anticipons pas
sur les événements, et voyons comment s'écoulèrent ses premières années.
M. Ambroise Thomas semble avoir été, dès sa
naissance, voué à la carrière de compositeur. Son père étant professeur de
musique, destinait tout naturellement son fils à exercer la même profession que
lui. Mais, désirant aussi le voir arriver à une plus haute situation que celle
qu'il occupait, il n'épargna rien pour lui faciliter l'étude de son art.
De très bonne heure, il entreprit son éducation
musicale. On assure qu'à peine âgé de quatre ans, l'enfant commençait le
solfège ; à sept, il exerçait déjà ses petits doigts sur le clavier, et,
apprenait à la fois le piano et le violon. Lorsqu'il fut un peu plus avancé,
son père le confia aux soins de Kalbrenner, qui avait alors une très grande
renommée dans le monde musical comme professeur ; son enseignement du piano
était réputé. Kalbrenner s'attacha au petit Thomas, dont il discernait
l'intelligence et les belles qualités, et, témoin de ses progrès, l'adressa en
1828 à Cherubini, le priant de l'admettre parmi les élèves du Conservatoire.
M. Weckerlin a acquis, en 1878, pour la
bibliothèque du Conservatoire, la lettre de recommandation de Kalbrenner à
Cherubini. Je la transcris ici, en raison du curieux intérêt qu'elle offre à
l'heure actuelle :
« Mon cher monsieur Cherubini, Le jeune
homme, porteur du présent billet, me semble avoir des dispositions
extraordinaires pour la musique et pour le piano, et vous me feriez un bien
grand plaisir si vous étiez assez bon pour le faire inscrire pour le concours
de places qui vont se trouver vacantes à l'Ecole royale de musique. Il est fils
d'un ancien professeur de Metz, et l'unique espoir d'une mère pauvre et âgée.
Je sais combien vous êtes bon, et j'espère que cette dernière raison vous
décidera à vous intéresser à M. Ambroise Thomas. »
M. Ambroise Thomas avait alors dix-sept ans ;
il entra dans la classe de piano de Zimmermann, et, dès l'année suivante, il
remportait le premier prix. Admis parmi les élèves de Dourlen pour l'harmonie
et l'accompagnement au piano, il obtenait, en 1831, le prix d'harmonie.
Il suivit aussi avec assiduité la classe de
composition de Lesueur, où il se rencontra avec Berlioz. Ce dernier ayant
obtenu le grand prix de composition musicale, partit pour Rome en 1830. Deux
ans plus tard, et dans cette même classe, M. Ambroise Thomas recevait à son
tour la même récompense et, tout fier de ses lauriers, se dirigeait sur la
ville éternelle.
A Lyon, où il s'arrête, il rencontre Hippolyte
Flandrin, avec lequel il continue le voyage. Lorsqu'ils arrivèrent tous deux à
Rome, ils furent reçus à bras ouverts par les pensionnaires de la Villa Medici
; les lettres des camarades les avaient déjà fait connaître.
M. Thomas, par la douceur de ses manières et
l'aménité de son caractère, fut bien vite pris en affection par tous. Il faisait
de longues promenades avec le satuaire Jouffroy, les peintres Signol, Paul et
Hippolyte Flandrin, qui le conduisaient partout où il y avait quelque œuvre
d'art à admirer. Il fréquentait en outre, avec assiduité, les représentations
des ouvrages de Rossini, de Mercadante, de Donizetti et de Bellini, était déjà
reçu dans l'intimité de la famille Vernet, accompagnait au piano la charmante
Louise Vernet. Dans ce salon, il rencontra le célèbre Elleviou, Stendhal, la
duchesse Stéphanie de Bade, la princesse de Danemark et... Boïeldieu, une des
bêtes noires du fougueux Berlioz.
Le nom de Boïeldieu nous remet en mémoire une
anecdote piquante et peu connue à laquelle nous avons fait allusion plus haut,
qui se place à cette époque même et que raconte M. Escudier en ses Souvenirs.
Nous lui laissons la parole... ainsi que la responsabilité de ses assertions :
« L'auteur de la Dame Blanche
voulut entraîner à Naples M. Thomas. Une aventure mystérieuse, suivie d'un
accident fâcheux, se mit à la traverse du voyage projeté. La veille même du
jour où M. Ambroise Thomas devait quitter Rome, ses camarades le virent arriver
le bras en écharpe et la figure bouleversée. Que s'était-il passé ? S'était-il
battu en duel ? Avait-il été obligé de sauter d'un balcon un peu trop élevé ?
Il affirma qu'il venait de se laisser choir et qu'il avait été assez maladroit
pour se démettre le coude. Ses amis comprirent qu'ils ne devaient pas
l'interroger et, comme ils tenaient son caractère en aussi haute estime que son
talent, ils adoptèrent la version d'une chute malencontreuse. Seul le sceptique
Jouffroy se mit à sourire en fredonnant :
Au pays des Latins
On fait des récits
incroyables :
Les femmes sont de
vrais lutins
Leurs maris
deviennent des diables,
Au pays des
Latins. »
Cette petite histoire ouvre un jour assez
nouveau sur l'existence si calme, depuis, si rangée, de M. Ambroise Thomas.
Lorsqu'en 1834, Ingres, nommé directeur de
l'Académie de France à Rome, vint prendre possession de son poste, il fut gagné
à son tour par la modestie et les bonnes grâces de notre jeune héros ; nous en
avons pour preuves les regrets qu'il ne cessa d'exprimer dans ses lettres
lorsque M. Thomas fut obligé (les trois années réglementaires écoulées), de
revenir à Paris.
Le départ de M. Thomas contraria Ingres
vivement de même qu'Hippolyte Flandrin qui avait été le compagnon inséparable,
l'ami fidèle et dévoué du futur auteur d'Hamlet. Dans une lettre adressée à
l'un de ses parents il en parle en ces termes à la date du 15 août 1835 :
« J'aurais voulu que tu connusses Thomas,
notre musicien, avec qui je me suis lié d'une amitié vraie et sincère. C'est
lui qui m'a fait connaître le beau en musique. Tout le monde l'aime, l'estime
et M. Ingres par dessus tous les autres. Depuis trois ans nous jouissons de son
excellent caractère d'homme et d'artiste, puis de son admirable talent ; mais
tout finit. Il faut maintenant qu'il parte, et j'en sens une grande, une
prolonge peine. Je vois que nous sommes vraiment bien amis ! L'Académie s'est
presque entièrement renouvelée depuis que je suis arrivé ; j'ai eu le temps de
me lier avec mes camarades, puis un à un je les ai vus partir et mon Thomas est
le dernier : mais c'est aussi la plus sensible perte que je puisse faire. »
N'y a-t-il pas dans cette lettre intime, qui, certes,
n'était pas destinée à la publicité, comme un tableau touchant de ces amitiés
formées entre jeune gens qui s'estiment à la fois pour leur talent et leur
caractère, et dans les liens restent indissolubles même pendant les orages de
la vie privée, les tourments de la lutte pour l'existence, et les froids
égoïsmes de la vieillesse. Lorsqu'une trentaine d'années plus tard mourait
Hippolyte Flandrin, M. Ambroise Thomas par un pieux souvenir, faisait entendre
à l'église Saint-Germain-des- Prés une messe funèbre, composée des chants
religieux qui avaient le plus charmé autrefois l'âme de son défunt ami !...
Dès son arrivée à Paris, le premier soin de M.
Ambroise Thomas fut de chercher à faire jouer ses œuvres ; il n'attendit pas
longtemps, car un an après son retour, en 1836, nous le voyons aborder la scène
avec la Double Echelle, un petit acte, interprété par Mlle Prévost et M.
Couderc, qui fut joue à l'Opéra Comique non sans succès. Voici ce qu'écrivit à
cette occasion Hippolyte Flandrin qui se trouvait alors à Florence :
« Mon Thomas, mon ami, depuis longtemps
j'étais à l'affût de quelque feuilleton qui vînt nous parler de toi.
J'attendais avec impatience, anxiété. Juge de ma joie, lorsque dans le Courrier
Français, je vois un article sous ce titre : la Double Echelle, musique de M.
Thomas. L'éloge qu'il fait ensuite, nous a émus au dernier point, Paul et moi.
Nous étions au café, nous lisions ensemble, et à grands coups de coude nous
nous faisions comprendre notre joie mutuelle. »
On voit que les amitiés qu'avait formées
l'auteur de Françoise de Rimini, pendant son séjour à Rome, étaient de celles
qu'une séparation ne peut faire oublier.
Ils avaient tous conservé un excellent souvenir
de ce jeune musicien qui charmait leurs loisirs en exécutant et commentant même
les compositions des grands maîtres.
M. Ambroise Thomas, tout bouillant d'ardeur
pour son art, produisit, depuis cette Double Echelle, nombre d'opéras et
d'opéras-comiques. Je ne puis entrer dans le détail : cela m'entraînerait trop
loin. Qu'il me suffise de constater qu'avant d'arriver à Mignon, qui est
resté avec Hamlet le terme le plus éclatant, le point le plus brillant
de cette longue carrière, nous aurions à mentionner une vingtaine d'ouvrages.
Etant donnés les difficultés, les obstacles de toute nature qui se dressent
devant un compositeur débutant, il faut avouer que M. Thomas n'a pas conquis
sans peine la haute situation qu'il occupe aujourd'hui.
Toujours dans ses moindres œuvres, M. Thomas a
témoigné d'une parfaite honnêteté, d'une rare sincérité envers son art et a
montré un talent distingué, gracieux, élégant, constamment empreint d'une
grande délicatesse et d'un goût des plus sûrs. Je ne puis mieux faire ici, du
reste, que consigner les propres paroles de Berlioz, qui le connaissait bien,
ayant été son camarade de classe. Ce fut à propos de l'"envoi de Rome"
de M. Thomas, alors qu'il était pensionnaire de l'Académie de France, que
Berlioz ayant à juger dans un journal les compositions de son ancien
condisciple, écrivit en 1836 :
« M. Thomas est un des lauréats qui honorent le
plus le choix de l'Académie. Je le crois un de ces musiciens pleins d'amour
pour leur art, prêts à faire pour lui toute espèce de sacrifices, et qui sont,
évidemment appelés à s'y distinguer quand nos institutions musicales voudront
bien le leur permettre. Sa manière est animée, brillante, souvent, d’une
élégance qui ne ressemble en rien à l'afféterie ni aux grâces mesquines qu'un
certain public regarde comme le type des bonnes manières et du style
fashionable. »
Ce jugement prononcé
par Berlioz il y a quarante-sept ans, reste encore vrai de tous points
aujourd'hui. M. Thomas n'a pas cessé de montrer les mêmes qualités qui l'ont
placé si haut dans l'estime de tous les amateurs éclairés de l'art. Il a
toujours cherché à se rapprocher de la perfection, et ses dernières couvres
prouvent que l'évolution qui s'est accomplie dans son esprit le portait
incessamment vers un idéal de, plus en plus élevé. Il a mis tous ses efforts à
agrandir son horizon et à élargir son vol.
Albert Dayrolles
(in Les Annales
politiques et littéraires,
16 novembre 1884)
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Paru en 2003, ce CD contient notamment en 1er enregistrement mondial les Deux chants de l’ancien Pérou, joués par les Indiens sur La Quena, leur instrument national, harmonisés pour trois saxophones par Ambroise Thomas, interprétés par le Duo Lemarié (Chiharu Inoué et Yann Lemarié) et Jean Ledieu. [Duo Lemarié OLCD-0201].
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Charles Valentin MOHRANGE dit ALKAN (1813-1888)
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Charles-Valentin Alkan en 1860 ( BNF/Gallica ) DR
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Alkan
(Charles-Valentin), connu sous le nom d’Alkan aîné,
né à Paris, au mois de décembre 1813, montra dès
ses premières années les dispositions les plus
remarquables pour la musique. Admis comme élève au
Conservatoire de Paris, il y obtint le premier prix de solfège
à l’âge de sept ans et demi. Dans le même
temps il exécuta en public un air de Rode sur le violon ;
mais dans la suite il abandonna cet instrument. Ses progrès
dans l’étude du piano, sous la direction de Zimmerman,
ne furent pas moins rapides, car il était à peine âgé
de dix ans lorsque le premier prix de cet instrument lui fut décerné
dans un concours public.
Devenu
l’élève de Dourlen pour l’harmonie, il
porta dans l’étude de cette science l’heureuse
organisation dont la nature l’avait doué, et pour la
troisième fois fut vainqueur de ses rivaux dans l’école
qui avait été le théâtre de ses autres
succès ; le premier prix lui fut accordé en 1826.
Zimmerman, qui avait fait son éducation de pianiste, lui donna
ensuite des leçons de contrepoint et de fugue, et ce fut comme
élève de ce professeur qu’il parut en 1831 au
concours du grand prix de l’Institut, et qu’il y obtint
une mention honorable. Depuis lors ce jeune artiste s’est livré
à la composition pour son instrument et à
l’enseignement du piano. Il s’est fait entendre avec
succès dans plusieurs concerts, notamment à l’un
de ceux du Conservatoire, où il a exécuté un
concerto de sa composition dans la saison de 1831. Doué d’un
talent sérieux et original, Alkan n’a pas recherché
les succès de vogue, que sa grande habileté lui eût
rendu faciles. Les artistes ont une grande estime pour son mérite,
et en portent très haut la valeur. Cette opinion est
justifiée, car Alkan n’est pas seulement un très
habile pianiste et un compositeur plein de fantaisie ; c’est
un grand musicien qui a jusqu’au fond du cœur le
sentiment du beau. Sa manière est d’une originalité
incontestable. Mais sa musique est difficile, et pour en bien saisir
l’esprit, il faut la lui entendre jouer : le public ne le
connaît pas suffisamment.
M.
Alkan a publié jusqu’à ce jour les productions
dont les titres suivent : 1°Les Omnibus, variations
pour le piano dédiées aux dames blanches ;
Paris, Schlesinger. – 2° Variations sur le thème de
L’Orage de Steibelt. – 3° Concerto pour le
piano avec accompagnement d’orchestre. – 4°
Vingt-cinq préludes dans tous les tons majeurs et mineurs
pour orgue ou piano, en trois suites, op. 31 ; Paris,
Brandus. – 5° Douze études dans tous les tons
majeurs, op. 35 ; ibid. – 6° L’Amitié,
grande étude ; ibid. – 7° Marche funèbre,
op.26 ; ibid. – 8° Marche triomphale, op.28 ;
ibid. – 9° Le Chemin de fer, étude pour le
piano. – 10° Bourrée d’Auvergne, étude,
op. 29 ; ibid. – 11° Les Preux, étude de
concert, op. 17 ; ibid. – 12° Nocturne pour piano
forte, op. 22 ; ibid. – 13° Saltarelle,
idem, op. 23 ; ibid. – 14° Gigue et air de ballet,
idem, op.24. ; ibid. – 15° 1er
Trio pour piano, violon et violoncelle, op. 30 ; Paris,
Richault. – 16° Due fughe da Camera (Jean qui pleure
et Jean qui rit) ; ibid. – 17° Partitions pour le
piano tirées des œuvres de Marcello, Glück, Haydn,
Grétry, Mozart, nos 1 à 6 ; ibid. –
18° Variation-fantaisie à quatre mains sur un thème
de Don Juan ; ibid. – 19° Recueil d’Impromptus,
op. 32, Nos 1 et 2. – 20° Grande sonate, op. 33.
– 21° Scherzo focoso. – 22° Duo concertant
pour piano et violon, op. 21. – 23° Etudes caprices,
formant les œuvres 12, 13, 15, et 16 et renfermant trois
Improvisations dans le style brillant, trois andante romantiques,
trois morceaux dans le genre pathétique, dédiés
à Liszt, et trois scherzi. – 24° trois marches,
quasi da cavaleria, op. 37, 1er et 2ème
livres de chants pour piano, op. 38. – 25° Douze études
dans les tons mineurs, dédiés à M. Fétis,
op. 39. Cet ouvrage est une véritable épopée
pour le piano : elle se développe en 276 pages de
musique, et l’on y retrouve des pièces de genre
absolument nouveau, une symphonie en quatre parties, un concerto en
trois divisions, une ouverture, un dernier morceau intitulé Le
Festin d’Esope. – 27° Trois marches à
quatre mains, op. 40. – 28° Trois fantaisies dédiées
à L., op. 41. – 29° Réconciliation,
petit caprice en forme de danse basque, op. 42. – 30°
Salut, cendres du pauvre! paraphrase, op.45. – 31°
Sonate pour piano et violoncelle, op. 47. On a aussi d’Alkan
plusieurs ouvrages distingués sans nos d’œuvres,
entre autres, Les Mois, qui se composent de douze morceaux, en
quatre suite ; trois grandes études pour la main gauche
seule ; trois grandes études pour la main droite seule ;
étude à mouvement semblable et perpétuel pour
les deux mains.
François
Joseph Fétis
Biographie universelle des
musiciens
et bibliographie générale
de la musique
Paris, Firmin-Didot, t. I, pp. 70-71
(1866)
(saisie
et numérisation Max Méreaux)

Charles-Valentin Alkan,
Nocturne pour le piano, op. 22, dédicacé “à Madame Elisa Poussielgue” (Mayence, B. Schott, n° 7728). Fichier audio par Max Méreaux (DR.)
1833
Alphonse THYS (1807-1879)


C'est elle!, mélodie d'Alphonse Thys, paroles d'Auguste Richomme, chantée par M. Lac
( Paris, Au Ménestrel, 1843 ) DR
Fichier audio par Max Méreaux avec transcription de la partie vocale pour clarinette (DR.)
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Couverture d'une des nombreuses romances écrites par Alphonse Thys : La Perle du village, paroles de Eugène Mahon
(Paris, au Ménestrel, 1842) DR.
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Si
le nom d’Alphonse Thys ne dit probablement plus rien à personne de nos jours,
les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique lui doivent cependant
beaucoup, car avec Ernest Bourget c’est l’un des fondateurs en 1851 de la Société
des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, plus couramment appelée
SACEM ! Il en fut d’ailleurs à l’époque l’un des membres les plus actifs
et élu président à plusieurs reprises. Rappelons que si cette société civile
composée de sociétaires ne comptait dans ses rangs au départ que 200
sociétaires, de nos jours 80 000 sont membres de la SACEM, et plus de 650 000
œuvres sont créditées de droits. Il ne faut pas oublier également que 180 000
œuvres du monde entiers sont déposées chaque année...
Né
à Paris le 8 mars 1807, Alphonse Thys est issu d’une famille[1]
originaire de Lapugnoy (Pas-de-Calais). C’est là que son père Pierre Thys,
tailleur d’habits, était né le 5 mai 1761 avant de s’installer à Paris pour y
exercer son métier. Mort dans cette ville le 31 janvier 1829, il avait épousé
une Versaillaise, Marie-Louise Eloy (1786-1838). Alphonse débuta l’apprentissage
de la musique par le piano et dès l’âge de 14 ans il publiait sa première
œuvre : une Polonaise pour piano (Paris, chez l’auteur, 47 rue
Saint-Honoré, 1822). Il intégrait ensuite le Conservatoire de Paris à la
rentrée d’octobre 1825 et suivit dans cet établissement les classes d’Emile
Bienaimé (harmonie) et de Berton (composition). C’est ce dernier qui l’amena en
1833 au Concours du Prix de Rome. Le sujet imposé, la cantate Le
Contrebandier espagnol, sur des paroles du marquis de Pastoret, lui valut
de décrocher le Grand Prix. Il partit ainsi durant deux années à la Villa
Médicis, mais renonça cependant à poursuivre son séjour en Italie et en
Allemagne, comme il était de coutume pour tous les pensionnaires du
gouvernement. On connaît de lui deux envois de Rome effectués : un O
Salutaris (1ère année) et le Final d’un opéra-comique (2ème
année). Après avoir regagné Paris en 1835, il commença à se faire un nom comme
auteur d’un grand nombre de romances et autres pièces faciles pour le piano,
ainsi qu’en écrivant de la musique pour des pièces de théâtre de genre, jouées
au Théâtre du Gymnase notamment. On lui doit des airs devenus populaires comme La
Belle Limonadière ou La Nuit au sérail dont les motifs servirent
longtemps de timbres pour les vaudevilles... Puis il se lança dans une carrière
de compositeur dramatique, mais le succès ne fut jamais vraiment au rendez-vous
: Alda (opéra en un acte, Opéra-Comique, 1835), Le Roi Margot
(comédie à ariettes, Théâtre de la Renaissance, janvier 1839), Oreste et
Pylade (opéra-comique en un acte, Opéra-Comique, février 1844), l’Amazone
(opéra-comique en un acte, Opéra-Comique, novembre 1845), La Sournoise (opéra-comique
en un acte, Opéra-Comique, septembre 1848)... Il est également l’auteur d’un
petit opéra de salon : Les Echos de Rosine pour chant et piano, et
de plusieurs chœurs pour voix mêlées ou pour voix d’hommes, parmi lesquels Les
plaisirs de la chasse, édités à Paris en 1864 chez P. Dupont.
Alphonse
Thys se livra également à l’enseignement de la musique. Parmi ses nombreux
élèves, signalons plus particulièrement le prince Edmond de Polignac
(1834-1901), ami de Fauré et de Proust, auteur de musique de chambre. Sans
doute utilisait-il pour l’apprentissage du solfège la méthode simplifiée de
Pierre Galin, alors en vogue à cette époque ? Il a d’ailleurs préfacé en
1873 l’ouvrage de Sophronyme Loudier sur ce sujet, intitulé La Musique au
village. Histoire anecdotique de la méthode Galin-Paris-Chevé (Paris,
librairie de l’Echo de la Sorbonne, in-16, VII-104 p., portrait d’E. Chevé).
Alphonse
Thys, est décédé le 1er août 1879, à Bois-Guillaume, non loin de
Rouen (Seine-Maritime). Son corps, ramené à Paris, fut inhumé au cimetière de
Montmartre dans un caveau de famille. Il avait épousé dans la capitale, le 27 mai
1834, Zoé Gaugé, née le 23 avril 1810 à Paris, qu’il avait connue pendant ses
études au Conservatoire de Paris où elle avait obtenu un 1er prix de
solfège en 1827. Puis, après la mort de cette dernière, arrivée le 2 mars 1860,
il se remariait en secondes noces, le 22 juin 1861 à Paris, avec Henriette
Sircot, une « musicienne de goût ». Sa fille Pauline Thys, née de sa
première union, également compositeur de musique, eut quelques succès dans les
chansons et autres airs populaires, comme continuatrice de la romance gauloise
de Loïsa Puget. Et, tout comme son père, elle se lança dans le théâtre avec
bonheur, écrivant elle-même ses livrets la plupart du temps: La pomme
de Turquie (opérette en un acte, Bouffes-Parisiens, 9 mai 1857), Quand
Dieu est dans le ménage, Dieu le garde (opérette, 1860), La
perruque du Bailli (opérette, Salle Herz, 1860), Le pays de Cocagne
(opéra-comique en 2 actes, sur un livret de Desforges, Théâtre-Lyrique, 24 mai
1862), Manette (opéra-comique, Vaudeville, 1865), Le cabaret du
Pot-cassé (opérette en 3 actes, Alcazar de Bruxelles, octobre 1878), Le
Fruit vert (opéra-comique en 3 actes), Le Mariage de Tabarin
(opéra-comique en 3 actes, représenté le 5 décembre 1885 au Grand-Théâtre
de Reims)... Née le 23 octobre 1835 à Paris, morte le 5 septembre 1909 à
Ixelles, près de Bruxelles, après un premier mariage en 1860 à Paris avec
Charles Sébault dont elle divorçait 25 ans plus tard, elle se remariait en 1886
à Paris à un militaire, le chef d’escadron Charles Marque de Coin (1826-1906). A
la mort de ce dernier, elle avait quitté le seizième arrondissement parisien,
où elle résidait, pour terminer ses jours à Forest-les-Bruxelles (Belgique).
Denis Havard de la Montagne
(août 2001, mise à jour : janvier
2019)
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Adolphe Le Carpentier, vers 1860 ( Estampe, Impr. Bertauts, B.N. Paris )
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Adolphe LE CARPENTIER (1809-1869)
Musicien complet, Adolphe Le Carpentier a voué sa vie à l’enseignement de la musique, aux dépens de sa carrière de compositeur et de pianiste concertiste, publiant plusieurs ouvrages pour l’instruction et un grand nombre de pièces de piano faciles pour débutants.
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D'où viens-tu beau nuage ? , rêverie de Louis Abadie (1814-1858) transcrite et variée pour piano par Adolphe Le Carpentier, op. 209, dédicacée "à Mademoiselle Louisa Palmer". (Paris, J. Meissonnier fils, c.1858/coll. DHM) DR. Partition au format PDF
Fichier audio par Max Méreaux (DR.) |
Né le 17 février 1809 à Paris, d’un père professeur de violon et auteur d’une Méthode de violon (Paris, Frey), Adolphe-Clair Le Carpentier entra à l’âge de 11 ans, en août 1818, au Conservatoire de musique et de déclamation. Il y étudia le solfège, le piano, l’accompagnement pratique et l’harmonie (1er prix en 1827), le contrepoint et la fugue avec Fétis (1er prix en 1831) et la composition avec Lesueur. C’est ce dernier qui l’amena au Concours de Rome en 1833 pour lequel il remporta un premier Second Prix avec la cantate Le Contrebandier espagnol.
Dès lors, Adolphe Le Carpentier se livra à l’enseignement du piano, du solfège et de l’harmonie, jusqu’au moment de son décès arrivé à Paris le 14 juillet 1869. Cet éminent professeur fut longtemps regretté de ses élèves, au point que Marie Escudier dans son journal " La France musicale " du 18 juillet 1869 écrivait : " La mort vient de frapper un musicien de grande valeur et très justement estimé, M. A. Le Carpentier. Quel est le pianiste qui n’a pas joué les compositions de ce maître et qui ne connaît la Méthode Le Carpentier pour le piano ? Cet ouvrage seul suffirait pour sauver son nom de l’oubli. Il emporte dans la tombe les regrets unanimes des artistes et des nombreux amis que son caractère aimable lui avait faits. Ses obsèques ont eu lieu vendredi dernier [16 juillet], dans l’église Notre-Dame-Bonne-Nouvelle, au milieu d’une affluence considérable. "
Adolphe Le Carpentier a laissé un nombre important de pages de piano pour " les commençants " et plusieurs ouvrages pédagogiques dont certains ont été réédités à plusieurs reprises: Ecole d’harmonie et d’accompagnement (Paris, chez l’auteur), Méthode de piano pour les enfants ( Paris, Meissonnier), Solfège pour les enfants (id.), Grammaire musicale (id., 1855)... Parmi son œuvre pianistique, qui comporte plus de 200 numéros d’opus, citons de nombreuses Bagatelles sur Paquita, sur Dom Sébastien, sur Mina, sur Maria di Rohan, sur le Code Noir, et des Fantaisies sur Marie Stuart, sur Ernani, sur le Désert, sur les Hirondelles, sur Dom Sébastien..., toutes éditées " Au Bureau central de musique " 29 place de la Bourse, à Paris.
En 1863, la Compagnie Musicale (E. Gérard et Cie) publiait un Album de Danses n°2, très facile, (pour 1864), contenant notamment un petit quadrille de Le Carpentier sur des motifs de Lucie Lammermoor de Donizetti, « cet opéra ravissant qu'on ne se lasse pas d'entendre » et la Baguette magique, schottisch par le même auteur. On pouvait alors lire sous la plume de Sextius Durand, dans l'hebdomadaire La France musicale du 13 décembre 1863, ces quelques lignes ô combien flatteuses :
« Quant à M. Le Carpentier, il y a longtemps qu'il est passé maître dans cet art de faire du facile sans nuire en rien au charme des mélodies et à la couleur des dessins harmoniques d'un morceau. Il connaît tout ce qui doit être élagué dans une composition sans altérer la pensée de l'auteur et lui enlever son effet. C'est ce qui le rend si cher aux jeunes élèves et l'a fait surnommer la Providence des enfants. »
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
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Adolphe Le Carpentier, Exercice à deux voix pour piano, tiré du 2e volume de la Méthode de piano pour les enfants, op. 59 (Paris, Meissonnier fils, 1852/numérisation Max Méreaux, 2018) DR.
Fichier audio par Max Méreaux. DR.
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1834
Antoine ELWART (1808-1877)
Article détaillé sur cette page spécifique.
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Hippolyte Colet ( BNF Richelieu )
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Hippolyte COLET
Article sur cette page spécifique.
Auguste PLACET (1816-1888)
Bien qu'il ait obtenu à
l'époque quelques succès comme chef d'orchestre et
compositeur, voilà encore un musicien dont le nom n’a
pas même été retenu
dans les annales puisqu’il est ignoré de tous les
ouvrages spécialisés. Les présentes informations
biographiques, même si elles demandent à être
parfois approfondies, ont au moins le mérite de faire renaître
la mémoire de ce lauréat du Prix de Rome.
Né aux Ternes
(Neuilly-sur-Seine)
le 14
octobre 1816, Auguste-Francis
Placet,
fils de Sébastien Placet (1783-1864), employé au
Ministère de l'Intérieur, et de Louise Grison,
intègre rapidement le Conservatoire national supérieur
de musique. Il y fréquente les classes de Ferdinand Gasse
(solfège) dans laquelle il décroche un second prix en
1830 qu'il partage avec Alkan jeune, puis un premier prix l’année
suivante, de Paul Guérin (violon), d’Antoine Reicha
(contrepoint) et pour la composition, celle de Jean-François
Lesueur. En 1834 il se présente au Concours de composition de
l’Académie des Beaux-Arts et reçoit une mention
honorable pour sa cantate L’Entrée
en
loge,
sur un texte de Gail, derrière Elwart, Colet et Boisselot. La
même année, au mois de février il est engagé
comme alto à l’orchestre de l’Opéra dirigé
par Habeneck, poste qu'il occupe jusqu'au 30 septembre 1839. Entre
temps, en 1837 il se présente à nouveau au Concours de
Rome. Admis à entrer en loge, aux côtés de
Gounod, Deldevez, Chollet et Besozzi avec pour sujet la grande scène
lyrique intitulée Marie
Stuart et Rizzio,
sur des paroles de Léon Halévy, il n’obtient
aucune récompense. En novembre 1838 il est admis comme membre
de la Société des Concerts du Conservatoire. A cette
époque, on le trouve également jouant de son instrument
à l’orchestre du Théâtre-Italien, alors
installé dans la Salle Favart (place Boieldieu) et à
celui du Théâtre du Gymnase-Dramatique situé au
numéro 38 du boulevard de Bonne-Nouvelle, où l’on
joue principalement des vaudevilles d’Eugène Scribe.
C’est dans cette salle que la célèbre tragédienne
Rachel (1821-1858) débute le 24 juillet 1837, dans la
Vendéenne,
une pièce de Paul Duport qui n’eut d’ailleurs
aucun succès.
Aux cotés de
Théophile Tilmant (violon) et d'Alexandre Tilmant
(violoncelle), Auguste Placet se produit très tôt en
formation de chambre : le 26 juin 1838 dans la salle Ventadour,
ils interprètent le Quintette en ut majeur pour 2
violons, 2 altos et violoncelle de Beethoven accompagnés de
Chrétien Urhan (violon) et Anton Bohrer (alto). Le 3 février
1839 dans les salons de Pape, cette fois en compagnie de Charles
Lenepveu (violon), les frères Tilmant et Placet jouent le 10e
Quatuor de Mozart, et avec Théodore Doehler (piano) qui
se joint à eux pour la circonstance un Quintette de
Schubert.
A la fin de l'année
1839 Placet quitte Paris pour se rendre au Théâtre de
Saint-Pierre, à la Martinique, alors dirigé par Eugène
de Peronne. « Artiste musicien », domicilié
dans cette ville 46 rue du Petit Versailles, d'une liaison avec
l'artiste lyrique Caroline Boucher (c. 1820-1866) il a un fils
prénommé Charles, né à Saint-Pierre le 26
juin 1841.
Mlle Boucher, parisienne de naissance, après la Martinique, se
produira en métropole en province, puis à Alger
(1860),
avant d'être engagée en 1862 au Théâtre-Royal
d'Anvers, où, notamment comme « duègne,
rivalisait d'entrain et de naturel avec M. Moreau. »
Retournée à Alger en 1865, elle y meurt en avril 1866
des suites d'une attaque d'apoplexie. Quant à Auguste Placet,
en 1847, l'année même ou Eugène de Peronne est
nommé directeur du Théâtre-Royal de la
Guadeloupe, il en devient le chef d'orchestre.
De retour à Paris,
il est engagé au Théâtre-Lyrique comme second
chef d'orchestre et en 1852 succède à Alphonse Varney
au poste de premier chef. Ce théâtre situé
boulevard du Temple et qui avait ouvert ses portes en 1848, alors
dirigé par Jules Seveste et plus tard par Léon
Carvalho, s’efforçait notamment de donner des œuvres
de compositeurs lauréats du Prix de Rome.
Ayant quitté le Théâtre-Lyrique quelques années
plus tard, en mars 1856 il est engagé par l’administration
des bains de Dieppe (Seine-Maritime) pour diriger la musique
symphonique et le théâtre à compter de sa
prochaine saison. A ses côtés sont également
engagés Marx pour la direction des bals, et Sourdillon pour
les fanfares. L'année suivante, pour l'inauguration de son
nouvel établissement de bains de mer un « concert
et bal dans la nouvelle et splendide salle bâtie ainsi dire sur
la page » sont donnés les samedi et dimanche 25 et
26 juillet avec un feu d'artifice tiré en pleine mer. Une
cantate d'Auguste Placet sur des paroles de Dardoise est exécutée
par les choeurs du Conservatoire de Paris dirigés par Batiste,
avec le baryton de l'Opéra Bussine et Mlle Caye du
Théâtre-Lyrique. On joue également « une
très agréable » ouverture de son opéra
les
Cavaliers de la Reine
qu'il dirige lui-même à la tête de son orchestre
du Casino qu'il va conduire jusqu'en 1873. Durant les hivers, il
regagne la capitale et c'est ainsi qu'on le rencontre le 27 janvier
1864 à la Salle Herz pour diriger l'orchestre jouant les Trois
rêves
et la
fantaisie pour piano et orchestre Les
Bois
d'Emile Prudent, les ouvertures d'Egmont
et des Noces
de Figaro ;
sont également donnés deux oeuvres de Marie Darjou (une
élève de Prudent), une Romance
sans
paroles
de Mendelssohn, une Pensée
musicale
de Schubert et le Scherzo,
op. 20, de Chopin ; puis le 11 mars 1866 au Cirque de
l'Impératrice (Champs-Elysées) où il conduit le
premier concert de la Société philharmonique de Paris
avec les choeurs de la Société chorale Chevé. Le
22 novembre de cette même année 1866 à l'église
Saint-Vincent de Rouen, pour la fête de Sainte-Cécile
une « Messe solennelle à 4 voix en choeur avec
solos et grand orchestre », composée pour la
circonstance par Amédée Méreaux, est exécutée
par 120 chanteurs et instrumentistes sous la direction de Placet
« l'habile chef dont le talent est bien connu. »
En 1872, le lundi 6 mai au Conservatoire de Paris il conduit
l'orchestre Danbé dans la Marche et finale du Concerto
pour piano de Weber, avec Antonin Marmontel (piano), lors du concert
organisé par la Société des « Orphelins
de la guerre ». A cette manifestation s'étaient
également jointes d'autres sommités du monde musical,
entre autres les pianistes Francis Planté, Louis Diémer
et Francis Thomé, la chanteuse Caroline Carvalho, les
violonistes Teresa Milanollo-Parmentier, Delle-Sedie, Charles Dancla,
Henri Vieuxtemps, Delphin Alard, Jean-Baptiste Cuvillon, Camillo
Sivori, le violoncelliste Auguste Franchomme, l'organiste
Charles-Marie Wido et l'harmoniumiste Alexandre Félix-Miolan.
Auguste Placet semble
avoir terminé sa carrière de musicien comme violon dans
l’Orchestre du tout nouveau Eden-Théâtre de Paris,
ouvert en 1883 dans la rue Boudreau (IXe) . C'est là
d'ailleurs que l’actrice Cécile Sorel (1873-1966) fait
ses débuts avant de regagner en 1901 la Comédie-Française.
Célibataire, domicilié 57 rue de
Dunkerque à Paris, il est décédé le 10
décembre 1888 à l’hospice de la « Maison
municipale de santé », 200 rue du Faubourg
Saint-Denis à Paris Xe.
Même
si les compositions de Placet sont disparues des programmes depuis
longtemps, il n'en demeure pas moins qu'elles connurent un certain
succès sous le Second Empire jusqu'au milieu de la Troisième
République, d'autant qu'elles consistent principalement en
mélodies et autres pages légères pour le piano
ou pour l'orchestre, pièces très prisées par le
public. La BnF en conserve une bonne partie et parmi ses oeuvres, il
convient de nommer pour piano : La
Reine des Sylphides, cavatine boléro
(Paris, Excoffon, 1844), La Créole,
valse (Excoffon, 1846), Elodie,
valse (Excoffon, 1849), La Ronde du
village, quadrille composé
sur une romance de A. Lestrelin et sur des motifs originaux
(Excoffon, 1849), Corinne,
polka des Antilles (Excoffon), J'ai
du bon tabac, polka (J.Maho, 1858),
Sempronia,
polka-mazurka (Paris, J. Maho, 1861), Pilot-boat,
polka (1862), Babita,
polka (Paris, Emile Chatot, 1863), Les
Pléiades, suite de valses
(Paris, Choudens, 1863), Jean Bouzard
(Paris, G. Hartmann, 1868), Les
Secrets de la plage, valse (G.
Hartmann, 1868), L'Espoir,
valse, op. 51 (Paris, E. Gérard, 1873, puis A. Le Signe,
1891), Le Retour,
galop (Paris, Aymard Dignat, 1876, puis Hachette, 1907) ; pour
orchestre : Le Retour,
galop (Aymard Dignat), Espoir,
valse (E. Gérard, 1875, puis A. Le Signe) ; pour voix et
piano : Noble Dame si belle !,
romance, paroles d'Edmond Rupalley (Paris, Veuve Launer, 1843, puis
Excoffon), Chantons nos amours,
chant de matelot, La Veille du
combat, romance, ces deux oeuvres
sur des paroles du même (Vve Launer, 1843), Crains
l'orage, romance, id.
(Excoffon, 1844, puis L. Vieillot,
1857), Gennaro le gondolier,
id.
(Excoffon, 1844), Avec toi,
id.
(Nadaud), Je veille sur toi,
romance, id. (Nadaud),
Le Remplaçant,
chansonnette-romance, paroles de J. L'Héritier (Excoffon,
1845), Le Matelot de Paris,
chansonnette, paroles de Laurent Bénic (Excoffon, 1849), Paris
et
les amours, romance, paroles du
même (Excoffon, 1849), Les
Ouvriers du tour de France,
chansonnette populaire, id.
(Excoffon, 1849), Adieu, rêves
d'amour, mélodie, paroles de
Joseph Pollio (L. Langlois, 1907).
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Charles Placet, Musette, polka pour piano
( Paris, F. Schoen, 42 boulevard Malesherbes, 1876 / coll. © Biblioteca Nacional de Espana )
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Charles Placet, Patins et fourrures, mazurka pour piano, dédicace “A Madame Deregnaucourt”
( Paris, F. Schoen, 42 boulevard Malesherbes, 1876 / coll. ©Biblioteca Nacional de Espana )
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Auguste Placet, partition: Noble Dame si belle !, romance interprétée par le ténor Gozora, chanteur de salon très en vogue dans les années 1850, dédicacée “à son ami Charles Laurent”, version pour voix et accompagnement de guitare réalisé par Rigot
( Paris, Excoffon, 1843, Coll. Connecticut College, Charles E. Shain Library, New London, CT, USA ) DR.
Fichier audio par Max Méreaux, avec transcription par ses soins de la partie vocale pour clarinette (DR.) |
On
doit encore à Auguste Placet la musique du ballet en 1 acte de
M. Mathieu, les Bergers de Watteau,
donné le mardi 24 juin 1856 aux Bouffes-Parisiens avec Mlle
Marquitta, un petit drame maritime Balidar,
le corsaire de la Manche, paroles de
M. Feret, représenté en août 1862 à Dieppe
sous la direction du compositeur, un choeur à 4 voix Les
Francs-Archers, grande scène
chorale, paroles de Francis Tourte (1853), notamment chantée
le dimanche 10 mars 1867 aux Champs-Elysées d'hier (Théâtre
du Prince Impérial, 46 rue de Malte), avec d'autres oeuvres de
Charles Lefebvre, Rossini, Jules Cohen, Eugène Prévost,
Henri Vieuxtemps, Charles Gounod et Weber, par la Société
des Enfants de Lutèce, sous la direction de Gaubert, et un Ave
Maria exécuté le
Vendredi Saint (28 avril) 1865 au concert spirituel du Pré-Catalan
dans le Bois de Boulogne (Paris XVIe), par un orchestre de symphonie
de 100 artistes, avec le concours de la société chorale
« Les Glaneurs » et également au
programme le Stabat de
Rossini,
un Hymne d'Haydn,
un Oratorio
de Mozart, un choeur extrait de l'opéra Joseph
de Méhul, une Symphonie
de Beethoven, l'O Salutaris
de Bordèse et la Marche
religieuse de Nicou-Choron. Ajoutons
qu'au Concours de 1855 de la Société impériale
d’agriculture, sciences et arts de arrondissement de
Valenciennes, section musique : « composition
musicale sur la cantate Anzin »,
il
avait remporté un 3e prix (médaille d'argent)
ex-aequo
avec Charles Duhot (1834-1905), de Condé, compositeur à
Paris.
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Signature autographe d’Auguste Placet, 1841 (DR.)
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Son fils Charles
Placet fit aussi une carrière musicale après avoir
fréquenté le Conservatoire de Paris, où il avait
décroché un 1er accessit d'harmonie en 1861. Chef
d'orchestre, il succédait en 1873 à Charles Constantin
à la tête de l’orchestre du Théâtre-Lyrique
de L’Athénée, puis à partir de juillet
1876 prenait la direction de celui du Casino du Tréport
(Seine-Maritime). A cette époque, les instrumentistes engagés
étaient issus de formations prestigieuses ; c'est ainsi
que pour ses débuts au Tréport, Charles Placet avait
engagé, entre autres musiciens, Henri Ghys, pianiste et
compositeur, Lamoury, violon solo de S. M. le roi de Portugal,
Gianini, 1er violon du Théâtre-Italien, Thomas,
violoncelle solo de l'Opéra-Comique, Tuvergis, ex-flûte
solo du Concert des Champs-Elysées. Plus trad, en 1880, on
trouve : Honoré, pianiste (lauréat du
Conservatoire du Tréport), Italiander, second chef (1er violon
de l'Opéra-Comique), Mlle Marie-Christine Boulanger,
violon-solo (1er prix 1873 du Conservatoire de Paris), Moibsen, 2e
violon (des Concerts populaires), Ratez, 2e violon (de
l'Opéra-Comique), Léonce Cohen, alto (de la Société
des Concerts, Grand Prix de Rome 1852), de Mouskoff, violoncelle solo
(violoncelle solo de l'Opéra Populaire et de l'Opéra-Italien),
Grogaert, 2e violoncelle (des Concerts du Châtelet), Georges
Veyret, contrebasse (de la Société des Concerts, 1er
prix 1865 du Conservatoire de Paris), Boudin, flûte solo (des
Concerts Arban), Garimond, hautbois (du Théâtre-Italien),
Henri Paradis, 1ère clarinette (1er prix 1880 du Conservatoire
de Paris), Boulanger, 2e clarinette (des Concerts Arban), Pierre
Renard, 1er piston (1er prix de trompette 1880 du Conservatoire de
Paris), Démaret, 2e piston (chef de la Fanfare du Tréport),
Cruchet, trombone (de l'Opéra-Comique). Le programme du
mercredi 14 juillet de cette même année nous est connu,
il révèle le choix éclectique d'oeuvres d'une
certaine importance, parmi d'autres plus légères. Au
concert de 16 heures : Le Cheval de Bronze (ouverture),
Auber – Dis-moi tu, dis-moi toi (valse), J. Strauss –
Sardanapale (ouverture), Joncières – Air de
ballet, A. Adam – En poste (galop), Gregh ; à
celui de 21 heures : l'Italienne à Alger
(ouverture), Rossini – Hymne autrichien, Haydn –
Fantaisie sur Guillaume Tell, Rossini – Sérénade
hongroise, Joncières – Chant d'Amour, Taubert
– Caprice sur les motifs de Faust exécuté
sur la flûte par M. Boudin, Herman – La Paloma
(habanera), Yradier.
Charles Placet est aussi
l'auteur de quelques oeuvres légères : Georgina,
polka-mazurka pour piano (Chatot, 1863), Musette, polka pour
piano (F. Schoen, 1876), Patins et fourrures, mazurka pour
orchestre, et version pour piano (F. Schoen, 1876, puis A. O'Kelly,
1881), Sapeurs-pompiers, polka-marche pour orchestre, et
version pour piano (Mackar et Noël, 1895). Marié à
Paris en 1879 avec Judith Léon (1861-1890), on leur connaît
2 enfants : Charles-Auguste Placet (1877) dont la destinée
est pour l'heure inconnue, et Armand-Jules Placet, mort enfant
(1877-1879). A l'époque du décès de son épouse,
Charles Placet est alors professeur de musique, domicilié 50
rue Laugier à Paris XVIIe, avant de s'établir en
banlieue 11 rue Chevallier à Levallois-Perret ; il est
mort en 1907.
Denis Havard de la
Montagne
(avril 2001, mise à
jour : juillet 2017)
1835
Ernest BOULANGER (1815–1900)
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Ernest Boulanger
(photo Nadar, coll. Bnf-Gallica) DR.
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Fils de musiciens, Ernest Boulanger fut mis très tôt en relation avec d’éminents artistes, notamment Boieldieu et Auber, amis de ses parents. Principalement connu pour ses opéras comiques, il a également enseigné le chant au Conservatoire de Paris et fréquentait Gounod, Saint-Saëns, Massenet et Fauré. Cet homme " d’un accès extraordinairement sympathique et ouvert, très gai ", lauréat du Prix de Rome en 1835, marié à une princesse russe, est le père de Nadia et Lili Boulanger, qui à leur tour deviendront lauréates du même concours, respectivement en 1908 et 1913.
Henri-Alexandre-Ernest Boulanger est né le 16 septembre 1815 à Paris. Son père Frédéric, né à Dresde de parents français, avait autrefois (1797) reçu un 1er prix de violoncelle au Conservatoire de musique de Paris tout nouvellement créé. Il y enseigna d’ailleurs quelque temps au début de la deuxième Restauration et fut surtout attaché à la Chapelle du roi. On lui doit notamment des Stances sur la mort du duc de Berry (Leduc). Sa mère Marie-Julie Hallinger, était une célèbre cantatrice à l’Opéra-Comique où elle avait débuté en 1811, après avoir obtenu un 1er prix de chant dans ce même conservatoire (1809). Entré à son tour en 1830 au Conservatoire de Paris, Ernest Boulanger fit ses études musicales sous la direction de Charles-Valentin Alkan (solfège), François Benoist (orgue), Halévy (contrepoint) et Lesueur (composition). C’est ce dernier qui l’amena à se présenter en 1835 au concours de Rome : sa cantate Achille lui valut le Premier Grand Prix. En février 1836, il arrivait à la Villa Médicis pour y effectuer le traditionnel séjour de plusieurs années, aux frais du gouvernement.
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Ernest Boulanger, Le Diable à l'école, opéra-comique en un acte, paroles d'Eugène Scribe, créé le 17 janvier 1842 à l'Opéra-Comique
( Paris, 1842, Mme Lemoine & Cie, éditeurs/coll. Bnf-Gallica
)
Morceau détaché n° 1, romance, avec accompagnement de piano par l'auteur (fichier audio par Max Méreaux, transcription pour clarinette de la partie vocale) DR. |
De retour à Paris à la fin de l’année 1839, Ernest Boulanger se lança alors dans la composition avec quelques pages pour piano (Quadrille, Valse brillante…), des mélodies (Le son du cor, La réponse devinée, Quand le courage m’abandonne, Sans toi que j’aime...), mais c’est surtout ses opéras-comiques qui lui apportèrent quelques succès : Le Moulin (1840, un acte, paroles d’Eugène de Planard),
Le Diable à l’école (1842, un acte, paroles d’Eugène Scribe, Lemoine), Les Deux bergères (1843, un acte, paroles d’Eugène de Planard), Wallace ou le Ménestrel écossais (1844, trois actes, Colombier), Une Voix (1845, un acte, paroles de Paul Bayard, Meissonnier), La Cachette (1847, trois actes, paroles d’Eugène de Planard, Meissonnier), Les Sabots de la marquise (1854, un acte, paroles de Michel Carré et Jules Barbier, Grus), Le mariage de Léandre (1859, un acte, paroles de Clément Caraguel)... Fétis, dans sa " Biographie universelle des musiciens ", rapporte que Le Diable à l’école, représenté en janvier 1842, " fut un début heureux, car on y remarqua plusieurs jolis morceaux de bonne facture où le jeune musicien avait fait preuve de sentiment dramatique ". André Boni, critique à " La France musicale ", écrit une vingtaine d’années après : " Sa musique est soignée, bien remplie, sans banalités. M. Boulanger a travaillé et il a réussi. Sa mélodie, en général bien inspirée, ne manque ni de grâce ni de charme, et l’orchestration l’accompagne, modérant ses éclats et remplissant son vrai rôle. C’est spirituel et correct, c’est sage avec un peu de bonheur que n’en a ordinairement la sagesse qui, dans les arts, la laisse souvent à la fantaisie ". C’était à la suite de la première de L’Eventail, en décembre 1860 au Théâtre impérial de l’Opéra-Comique, un autre opéra-comique en un acte, écrit sur des paroles de Jules Barbier et Michel Carré (Escudier) et interprété par Mme Faure-Lefebvre, Mlle Angèle Cordier et MM. Crosti et Ponchard, qui avait attiré les faveurs du public.
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Le Grand-Théâtre de Saint-Pétersbourg au XIXe siècle que fréquenta Ernest Boulanger vers 1877
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En 1871, Ernest Boulanger succéda à François-Eugène Vauthrot dans sa classe de chant au Conservatoire de musique et de déclamation de Paris, où il restera jusqu’au début de l’année 1895. Quelques années plus tard, le 14 septembre 1877 à Saint-Pétersbourg, en l’église du Régiment des Chasseurs de la Garde impériale, alors âgé de 62 ans, il épousait à une princesse russe de 18 ans, Raïssa Mischetzky, qu’il avait rencontrée précédemment lors d’un concert. Fille du prince Ivan Mischetzky " régistrateur de collège ", elle était venue auparavant à Paris suivre les cours de chant d’Ernest Boulanger au Conservatoire. Installé 35 rue de Maubeuge, puis 30 rue La Bruyère dans le neuvième arrondissement parisien, le couple Boulanger donnera naissance à trois filles : Nina-Juliette, morte enfant en 1886, Juliette-Nadia, née le 16 septembre 1887 et Marie-Juliette-Olga, dite Lili, née le 21 août 1893.
Le 14 avril 1900, dans son appartement de la rue La Bruyère Ernest Boulanger s’éteignait, laissant une jeune veuve de 42 ans qui lui survivra 35 ans, jusqu’à sa mort arrivée en 1935. Fait assez rare pour être souligné ici, 164 ans s’écouleront entre la naissance d’Ernest Boulanger et la mort de sa fille Nadia, survenue le 22 octobre 1979!
Le catalogue de ce compositeur contient pas loin de 80 numéros d’opus. S’il a écrit en 1850 une ouverture pour orchestre destinée au théâtre (Toussaint l’ouverture) et quelques pièces pour le piano, c’est principalement pour la voix qu’il a composé. On lui doit en effet de nombreuses mélodies (la plupart inédites), écrites sur des paroles du comte Eugène de Lonlay (Adieux à la campagne, Sous le balcon, Un regard de toi), Hippolyte Guérin de Litteau (Au paradis, Le Pâtre, Les Petits glaneurs), Jules Barbier (Bonjour mon cœur, Tréport, Souvenez-vous de moi) ou dont il a également écrit les paroles (Quant le courage m’abandonne, Nana, Hier il neigeait sous ma fenêtre, J’écoute encore ce qu’il m’a dit…), des chœurs a cappella (Cyrrhus à Babylone, Les Navigateurs, Les Outils, Les Puritains, Les Voix du dimanche…) édités chez Lory, une cantate : Le 15 août aux champs (1852), et plusieurs opéras-comiques. En plus de ceux déjà mentionnés supra citons encore : La Meunière sans souci, un acte (1863), Le Docteur Magnus, un acte (1864), Don Quichotte, trois actes (1869), Don Mucarade, opéra-bouffe en un acte, paroles de Jules Barbier et Michel Carré, calqué sur le Barbier de Séville (Escudier), créé à l’Opéra-Comique le 10 mai 1875 par Mlles Chevalier (Pépita) et Révilly (Barbara), et MM. Thierry (Don Mucarade), Lefèvre (Don Peblo), Duvernoy (Gabolio), Barnolt (Luc) et Potel (Roch), qui tint l’affiche durant 12 représentations, et Marion, un acte (1877).
Le Musée de la Musique à Paris conserve plusieurs portraits d’Ernest Boulanger, entre autres un buste en plâtre patiné façon bronze, d’après J. Brian (1835) et une mine de plomb anonyme le représentant au pianoforte à la Villa Médicis au milieu de ses condisciples.
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
Vincent DELACOUR (1808-1840)
" Peu de jours après avoir donné un concert dans lequel il avait fait entendre plusieurs ouvrages de sa composition, particulièrement un Sextuor pour divers instruments et des morceaux de chant où l’on remarquait du talent "1, Vincent Delacour rendait l’âme à Paris le 28 mars 1840. Cet artiste, mort au lendemain de ses 32 ans, n’a pu donner le meilleur de lui-même et laisser un nom dans l’Histoire de la musique. On ne lui connaît d’ailleurs que quelques compositions, parmi lesquelles on trouve des romances, très en vogue à l’époque, ainsi qu’un O Salutaris à 3 voix et un Ave verum à 4 voix et orgue.
Né le 25 mars 1808 à Paris, quelques semaines seulement après l’entrée des troupes françaises à Rome, Vincent-Conrad-Félix Delacour intégrait le Conservatoire de sa ville natale en octobre 1822 ; il avait alors 14 ans. Tout d’abord élève de harpe de François Naderman et d’harmonie de Victor Dourlen, après avoir obtenu un deuxième prix dans cette dernière discipline (1825), il suivait les cours de contrepoint et de fugue de François Fétis. En 1827 il suspendait ses études au Conservatoire pour se rendre en Italie, puis en Allemagne, où on le trouvait comme harpiste au Théâtre royal de Berlin en 1830. Delacour était à cette époque l’un des meilleurs disciples de Nadermann. Harpiste de la Chapelle royale, celui-ci avait été nommé premier professeur de harpe au CNSM lorsque cette classe fut créée en 1825. Il y enseignait la harpe à simple mouvement qu’il fabriquait d’ailleurs lui-même, étant également luthier et même éditeur de musique ! De retour à Paris peu de temps après, il reprit ses études au Conservatoire et en 1833 devenait l’élève de composition de Henri Berton, qui venait de perdre son fils François, chanteur et compositeur agréable, enlevé par le choléra. Deux années plus tard, Vincent Delacour se présentait au Concours de l’Institut. Le sujet imposé était Achille et sa cantate lui rapportait un premier Second Grand Prix.
Collaborateur un temps de Charles Chaulieu, compositeur prolifique auteur d’une multitude de romances et autres pièces légères pour le piano, ils publièrent ensemble un journal de musique intitulé Le Pianiste, journal spécial, analytique et instructif, puis Journal spécial pour le piano, les théâtres lyriques et les concerts, qui n’eut qu’une vie éphémère (novembre 1833 à octobre1835).2
D.H.M.
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1) François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, Paris, Didot, 1860-1881, 10 vol.
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2) Unique périodique, mensuel puis bimensuel, spécialisé à l'époque dans le piano, sa facture et son répertoire, il contenait de nombreux articles variés sur les virtuoses du temps, les formes musicales, l'enseignement, les éditions... Les Editions Minkoff (Genève) ont réimprimé cette publication en 1972 (1 volume in-4 de 460 pages, dont 36 portraits).
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1836
Xavier BOISSELOT (1811 - 1893)
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Xavier Boisselot ( photographie Numa
fils, 1861, BNF. )
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Article sur une
page spécifique.
1837
Louis BESOZZI
On peut consulter une notice détaillée dans notre article sur l'église St-Vincent-de-Paul.
Louis-Désiré Besozzi, Le Trouble, dédicacé “à Monsieur Auguste Barbereau”, pièce n° 1 des 12 Etudes caractéristiques pour piano, op. 19 (Paris, Grus), fichier audio par Max Méreaux (DR.)
Louis CHOLLET (1815-1851)
Né le 5 juillet 1815 à Paris, il rejoignit le Conservatoire de Paris durant le courant du mois de février 1826, alors âgé de 10 ans. Admis dans la classe de piano de Zimmerman, il obtint un Premier Prix en 1828 et suivit ensuite les cours d’orgue de François Benoist, qui l’amenèrent à recevoir un Premier Prix en 1838. Entre temps, en 1837, il avait obtenu un premier Second Grand Prix de Rome.
Louis Chollet a été longtemps organiste de l’église Saint-Thomas d’Aquin, dans le septième arrondissement parisien. Succédant là en 1834 à Marrigues, il tint les claviers de cet instrument jusqu’à sa mort, arrivée à Paris le 21 mars 1851. C’est Pierre-Edmond Hocmelle qui lui succéda. L’orgue que Chollet touchait était celui construit en 1769 par François-Henri Clicquot pour cette église, alors placée sous le vocable de St-Dominique et dépendant du noviciat des Jacobins. Restauré par Louis-Paul Dallery en 1842, cet instrument sera entièrement reconstruit par Cavaillé-Coll en 1861 et inauguré par Saint-Saëns, avant d’être restauré par Gutschenritter en 1912 et enfin de connaître une nouvelle reconstruction effectuée en 1967 par Schwenkedel. A l’époque de Louis Chollet, il comptait 39 jeux répartis sur 4 claviers et un pédalier.
Même si la mort a emporté ce musicien à l’âge de 35 ans, il avait eu cependant le temps d’écrire quelques compositions de grande valeur. C’est ainsi que l’on a de lui des pièces pour piano : Deux petits duos pour piano à 4 mains (Paris, Aulagnier), Variations pour piano seul sur le thème du " Duc de Reichstatd " (Paris, Mayaud), Fantaisie sur les thèmes de " Parisina " de Donizetti (Paris, Mayaud), Rondo brillant (Paris, Mayaud), Rondo sur la Romanesca (Paris, Meissonnier) ; des œuvres chorales : Chanson napolitaine variée (Paris, Meissonnier), Mélodie suisse variée (Paris, Meissonnier)... et des pages orchestrales : Fantaisie sur le Domino noir, op. 34 (Paris, Brandus), Variations brillantes sur des motifs du Lac des Fées, op. 37, Fantaisie sur le Duc d’Olonne, op. 38, Fantaisie sur la part du Diable, op. 40, toutes éditées à Paris, chez Brandus ; ainsi que de jolies romances, des chansonnettes et des nocturnes.
Comme organiste, il avait été convié le 21 septembre 1841 à participer à la réception à l’église royale de Saint-Denis du grand orgue de 32 pieds construit par Cavaillé-Coll, en même temps que tous les grands organistes de Paris.
D.H.M.

Louis Chollet,
Le Tournoi, Grande valse pour piano, dédicacée “à Mme J. de Saint Projet” (Paris, Schonenberger, 28 Bd Poissonnière, S. 1269). Fichier audio par Max Méreaux (DR.)
1838
Georges BOUSQUET (1818-1854)
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Georges Bousquet ( lithographie Léon Noël, 1854, BNF )
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Chef d'orchestre et critique musical, Georges Bousquet est né le 12 mars 1818 à Perpignan. Après avoir fait ses études au Conservatoire de Paris, qui furent couronnées par un Premier Grand Prix de Rome en 1838, il fut chef d'orchestre à l'Opéra en 1847, puis au Théâtre-Italien de 1849 à 1851. Membre de la Commission d'études du Conservatoire, c'est surtout comme critique musical qu'il se fit connaître à L'Illustration, Le Commerce et la Gazette musicale de Paris. On lui doit des opéras : L'Hôtesse de Lyon, donné au Conservatoire de Paris en 1844, Le Mousquetaire, monté la même année à l'Opéra-Comique, Tabarin, créé au Théâtre-Lyrique en 1852, ainsi que quelques pièces de musique de chambre, une cantate et des pages de musique religieuse. Il est mort le 15 juin 1854 à Saint-Cloud à l'époque où Gounod fait de fréquents séjours dans cette ville où sa belle-famille possède une villa.
D.H.M.

Georges Bousquet,
Les Echos du rivage, barcarolle pour chant et piano, dédicacée "à son ami Normand", paroles de Fernand Huard (1843, Paris, au Bureau de
la Symphonie, revue journal, et chez V. de Biville, éditeur - coll. BnF-Gallica) DR.
Fichier audio par Max Méreaux avec transcription de la partie vocale pour clarinette et après correction de fautes de gravure : à la 10e mesure, dans la partie vocale, la dernière note du 2e système est un do (et non un si) ; à la dernière page, dans les couplets 2 et 3, première mesure de la 3e portée : les deux dernières notes sont ré bémol, do (et non do, si bémol) DR.
Partition au format PDF.
Ernest DELDEVEZ (1817-1897)
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Ernest Deldevez en 1857 par Charles Vogt
(lithographie Thierry frères, Paris/coll. BNF-GALLICA) DR.
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Couverture 6 Romances sans paroles pour le piano, par E.M.E. Deldevez, dédicacée "à Francis Planté"
(Paris, S. Richault, 1867/coll. BNF-GALLICA) DR.
Fichier audio de la Romance n° 6 par Max Méreaux (DR.) |
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Signature autographe (1874) DR.
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Ernest DELDEVEZ
Nous
avons le regret d'enregistrer la mort de l'excellent artiste qui avait nom
Deldevez et qui fut chef d'orchestre de l'Opéra et de la Société des Concerts
et professeur de la classe d'orchestre au Conservatoire. Édouard-Marie-Ernest
Deldevez, qui était né à Paris le 31 mai 1817, avait fait au Conservatoire de
brillantes études. Elève d'Habeneck, d'Halévy et de Berton, il avait obtenu le
premier prix de solfège on 1831, le premier prix de violon en 1833, et en 1838,
le premier prix de fugue et le second grand prix de Rome à l'Institut. Il
faisait partie dès cette époque de l'orchestre de l'Opéra, et, chose assurément
rare, il se vit confier, dans cette situation, la mission d'écrire la musique
de plusieurs ballets. C'est ainsi qu'il composa, avec Flotow et Burgmüller,
celle de Lady Henriette (21 février 1844), puis, seul, celle d'Eucharis
(7 août 1844), de Paquita (1er avril 1846), et avec Tolbecque celle de Vert-Vert
(24 novembre 1851). Les compositions de Deldevez sont nombreuses d'ailleurs, et
de divers genres, et je ne puis citer que les plus importantes. Elles
comprennent trois symphonies, deux quatuors et un quintette pour instruments à
cordes, deux trios pour piano, violon et violoncelle, deux ouvertures de
concert, une messe de Requiem à la mémoire d'Habeneck, deux ballets
inédits : Mazarina et Yanko le bandit, deux grands opéras inédits
: Samson, en deux actes, et le Violon enchanté, en un acte, des
recueils de chant, etc.
En
1839, Deldevez fut nommé coup sur coup second chef d'orchestre à l'Opéra et à
la Société des concerts. Au bout de quelques années il se démit du premier de
ses emplois ; mais, déjà élu premier chef à la Société des concerts lors de la
démission de George Hainl en 1872, il rentra à l'Opéra comme premier chef à la
mort de celui-ci, l'année suivante. Cependant il prit sa retraite à ce théâtre
en 1876, restant seulement à la tête de la Société des concerts, qu'il ne
quitta qu'en 1883. Très instruit dans la pratique et la théorie de son art, il
occupa alors ses loisirs à des travaux littéraires relatifs à la musique. Il
avait déjà publié deux ouvrages importants Curiosités musicales, notes,
analyses, interprétation de certaines particularités contenues dans les oeuvres
des grands maîtres (1873), et l'Art du chef d'orchestre (1878) ; il
donna par la suite la Société des concerts de 1860 à 1885 (1887), et De
l'exécution d'ensemble (1888). Ces divers ouvrages ont été publiés à la
librairie Firmin-Didot. Antérieurement, Deldevez avait donné un écrit intitulé la
Notation de la musique classique comparée à la notation de la musique moderne,
et de l'exécution des petites notes en général, et, sous le titre de Trilogie,
une série d'études sur l'harmonie et sur les oeuvres des compositeurs et des
violonistes célèbres. On peut dire de Deldevez qu'il fut vraiment un artiste
infatigable. Cet homme excellent et un peu misanthrope, depuis longtemps
souffrant et valétudinaire, est mort à Paris, dans son petit appartement
solitaire de l'avenue Trudaine, le samedi 6 de ce mois, à l'âge de 80 ans.
Arthur Pougin
(Le Ménestrel, 14 novembre 1897)
Note de
Musica et Memoria : Né à Paris le 31 mai 1817, du légitime mariage de Charles
Deldevez (c.1782-1863), horloger, et de Marie-Eléonore Louette (c.1792-1870),
Edme (et non Edouard)-Marie-Ernest Deldevez est mort le 5 novembre 1897 dans la
soirée (et non le 6 novembre). Célibataire, on lui connaît deux frères et une
soeur : François (né le 4 avril 1811 à Paris), Jeanne (née le 15 mars 1813
à Paris), dont les destinées sont inconnues, et Pierre (né le 4 décembre 1823 à
Paris), auteur d'une descendance encore représentée de nos jours.
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Charles Dancla (1817-1907) ( Lithographie Aubert et Cie, d'après portrait de Marie Alexandre Alophe, vers 1845. Supplément à la France musicale. BNF Richelieu )
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Charles DANCLA (1817-1907)
Charles Dancla, deuxième Second Grand Prix de Rome en 1838 avec la cantate la Vendetta, sur des paroles du marquis de Pastoret. Gascon d'origine, élève de Baillot, il deviendra plus tard second violon à l'Opéra-Comique en 1834, violon solo de l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire en 1841, membre de la Chapelle Impériale en 1853 et enfin, professeur de violon au Conservatoire de Paris en 1857. Son catalogue, avec plus de 200 numéros d'opus, comprend des sonates pour violon, des trios et des quatuors à cordes et des concertos pour violon. Il est également l'auteur d'ouvrages pédagogiques, dont une Méthode élémentaire et progressive de violon. Ses frères, Arnaud (1819-1862) et Léopold (1822-1895), avec lesquels il organisait des séances de musique de chambre renommées, furent également musiciens; le premier violoncelliste, et le second, violoniste.
Notes provisoires. D.H.M.
1839
Charles GOUNOD (pages spécifiques)
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Photographie de Charles Gounod
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La Bibliothèque nationale du Québec propose en ligne de nombreux enregistrements anciens de musique vocale de Gounod :
http://www4.bnquebec.ca/musique_78trs/mc166.htm

Charles Gounod, Matinée de mai (d'après un prélude) pour piano,
"morceau d'exécution aisée, une des plus jolies oeuvres posthumes de Gounod"
( Paris, Choudens, 1896, puis Musica, supplément, juillet 1906, coll. Max Méreaux ) DR
Numérisation et fichier mp3 par Max Méreaux (DR.)

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