Le Panthéon des musiciens

De janvier 1997 à septembre 1997

Jean GIROUD - Lélia GOUSSEAU - Antonio de ALMEIDA - Ion VOICU - Alice PELLIOT - Aline PELLIOT-PENDLETON - Edmund PENDLETON - Sviatoslav RICHTER - Sir Georg SOLTI - Jacques LEGUERNEY

Jean Giroud à son bureau
Jean Giroud à son bureau
( coll. Michel Giroud, avec son aimable autorisation )

Le 31 janvier 1997 s’est éteint, à Grenoble Jean GIROUD, l’un des derniers représentants de cette génération d’organistes français nés dans les premières décennies de notre siècle. Pendant 62 ans, il a brillamment servi la musique sacrée à Saint-Louis de Grenoble. Né le 19 avril 1910, après avoir étudié avec Marcel Dupré et Joseph Bonnet, il avait été nommé sur concours à St-Louis de Grenoble le 14 avril 1934. Plus tard, Jean Giroud nous précisera un jour : " Le Jury était présidé par Joseph Bonnet, assisté d’H. Potiron qui donna le thème d’improvisation libre et me questionna sur la liturgie, et de N. Gallon qui, cela va sans dire, me gratifia du sujet de fugue... ". Il était certainement le doyen des professeurs de faculté, puisqu’à l’âge de 86 ans il enseignait toujours l’histoire musicale et la musicologie à l’Université de Grenoble, où il avait été nommé le 17 mars 1947 !... On lui doit également de nombreuses compositions, notamment pour orgue comme par exemple une Toccata pour l’élévation, des Images pour un Chemin de Croix, et Six Méditations sur la Passion...

Lélia Gousseau (vers 1975)
(Photo CNSMP, coll. Emile Naoumhoff) DR.

Lélia GOUSSEAU, une grande dame du piano, s’en est allée le 14 février 1997, dans sa 89e année. Née le 11 février 1909 à Paris, elle était issue d’une famille de musiciens. Son père, William Gousseau (1870-1939), excellent organiste, professeur de musique et maître de chapelle au Petit Séminaire de Conflans, avait été longtemps maître de chapelle et organiste de choeur de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (1893 à 1938), où il avait connu Tournemire qui exerça quelques mois au grand orgue. Sa mère, Fanny d’Alméïda, était aussi une très bonne pianiste. Lélia profita très tôt de l’enseignement de ses parents qui la conduiront au Conservatoire national Supérieur de musique de Paris, dans les classes de piano de Lazare Lévy et d’histoire de la musique de Maurice Emmanuel. Elle en ressortit quelques années plus tard, après avoir obtenu un premier prix dans ces deux disciplines (1925 et 1926). En 1928, elle remportait le 1er prix Claire Pagès, puis le Prix Chopin au Concours International de Varsovie en 1937, et enfin le 1er prix Albert Roussel à Paris en 1939. Soliste internationale, elle à également joué sous la direction des plus grands chefs. Pédagogue de grande classe, elle a enseigné au CNSM de Paris (1961-1978) et à l’Ecole Normale de Musique. Parmi ses nombreux élèves, citons les pianistes Emile Naoumoff, Maria de La Pau (fille de Paul Tortelier), Anne Queffélec, Alain Raës... et l’organiste-compositeur Yves Ramette. On lui doit notamment l’enregistrement de la Sonate pour violon et piano d’Albert Huybrechts et de la Sonate pour violon et piano, en sol majeur, de Guillaume Lekeu. Ses obsèques ont été célébrées le 20 février en l’église de la Madeleine, à Paris VIII°. Elle était la tante de Rémi Gousseau, ancien élève de direction d’orchestre de J.S. Béreau au CNR de Strasbourg et de Pierre Dervaux à l’Ecole Normale de Musique de Paris, ainsi que de Maurice Ohana pour la composition. Ancien chef de choeur à Radio-France, ancien maître de chapelle de la cathédrale de Digne, il est actuellement directeur de l’Orchestre Sinfonietta de Vendée.

Fichier MP3 Dernier mouvement de la Symphonie sur un chant montagnard français de Vincent d'Indy (1886), avec Lélia Gousseau au piano et l'Orchestre Philharmonique de l'ORTF dirigé par Pierre Dervaux (1963) https://fb.watch/7u_O9t68OE/

A la mi février 1997 c’est le chef d’orchestre français Antonio de ALMEIDA qui nous quittait, mort à Pittsburg (USA), à l’âge de 69 ans. Il était le fils d’un diplomate portugais et d’une mère américaine. Malgré des études musicales entreprises en Argentine, à Buenos Aires, auprès d’Alberto Ginastra, ce chef doublé d’un musicologue était un grand défenseur de la musique française, notamment un passionné des opéras et opérettes d’Offenbach qu’il s’efforçait de tirer de l’oubli. C’est ainsi qu’il avait retrouvé la partition originale de la Belle Hélène et se consacrait à la préparation de l’édition intégrale des oeuvres de ce compositeur. Chef associé au Royal Philharmonic de Londres, il avait été ensuite chef permanent de l’Orchestre philharmonique de Stutggart au début des années 1960, chef invité à l’Opéra de Paris (1964-68), à Houston, puis à l’Orchestre municipal de Nice qu’il quittait en 1978 pour céder la place à Pierre Dervaux. Depuis 1993 il dirigeait l’Orchestre symphonique de Moscou avec lequel il venait d’enregistrer les Symphonies de Sauguet. Il a réalisé également l’enregistrement du Docteur Miracle de Bizet, et a créé L’Eloge de la folie (1966) et Chaconne et marche Militaire de Marius Constant...

A la fin du mois de février 1997 le violoniste et chef d’orchestre roumain Ion VOICU est décédé à Bucarest, où il était né le 8 octobre 1925. Après avoir débuté ses études au Conservatoire de sa ville natale, il les avait terminées auprès de Georges Enesco et David Oïstrakh. Fondateur de l’Orchestre de chambre de Bucarest en 1969, il devint par la suite le directeur musical de l’Orchestre philharmonique Georges Enesco à Bucarest. Jouant sur un Stradivarius, il a composé quelques pièces pour son instrument.


Le 7 juillet 1997, c’est Aline PELLIOT-PENDLETON, ancien Inspecteur principal de la musique au ministère des Affaires culturelles, qui est morte à l’âge de 89 ans. Tout d’abord élève du CNSMP, elle y avait obtenu un 1er prix d’harmonie en 1934 dans la classe d’André Bloch et un 2e prix de fugue en 1936 dans celle de Georges Caussade, puis fut reçue en 1937 au concours de professorat de chant de la Ville de Paris. C’est ainsi qu’elle enseigna cette matière, avant d’être nommée Inspecteur de la musique. Dans les années 1940, elle dispensait aussi des cours privés (piano, solfège, harmonie) dans son domicile du 110 rue Pierre-Demours (Paris, XVIIe), intitulés « La musique par le jeu, éducation de l’oreille, de l’oeil et du geste » et destinés plus particulièrement aux enfants. En 1948, elle précisait à ce sujet : « …j’ai constitué une grande partie de mon enseignement par des jeux de cartes, de dominos, de cubes, d’oiseaux, etc. […] Pour l’étude du rythme, j’ai constitué avec mes élèves un orchestre de percussion, orchestre, qui, en fin d’année, se joint à mon petit groupe choral. Pour l’enseignement des instruments, ma technique a pour base la détente et la souplesse et non uniquement l’indépendance des doigts. J’abandonne les exercices arides et uniquement mécaniques pour les chants populaires où se rencontrent les mêmes difficultés à vaincre… » Dans ce domaine pédagogique, elle est l’auteur, en compagnie de Jos Wuytack, de la version et adaptation française de la Méthode Orff (Orf-Schulwerk) sous le titre de Musique pour enfants, en 3 volumes : I – Pentatonique, II – Majeur, III – Mineur (Schott frères, 1967), encore utilisée de nos jours.

 

On lui doit plusieurs autres ouvrages, dont certains, comme il se doit, à caractère pédagogique : Reflets folkloriques, pour chant, percussion et flûte à bec, en collaboration avec son mari (Paris, Leduc, 1967-1968, 2 vol.), Du son au signe, écoutez, chantez, jouez, dansez, lisez, initiation à la musique par le folklore (Paris, Choudens, 1978, préface de Henri Sauguet), Aurore de la musique d’ensemble, pour instruments ad libitum avec ou sans chant : 30 duos en mode majeur, 20 duo en mode mineur, 12 noëls, 26 trios, quatuor et quintettes, avec une préface de Yehudi Menuhin (Paris, Choudens, 1978), ainsi que l’édition en version française (Paris, Choudens, 1974 et 1976) de L’Alphabet de la flûte à bec soprano et Etude de la flûte à bec soprano de Linde Höffer von Winterfeld, et, chez le même éditeur (1974 et 1975) du Plan d’étude gradué pour la flûte à bec et des Conseils, exercices et études pour un approfondissement du jeu de la flûte à bec de Karsten Behrmann. Elle est aussi en 1970 l’auteur du livret, avec un poème de Maurice Carême, du conte musical pour enfants Le Rêve de Yann dont la musique est d’Edmund Pendleton (réduction pour chant et piano chez A. Leduc, 1984). Très liée avec Jehan Alain, qu’il appellait affectueusement « Doudou », son condisciple au Conservatoire, celui-ci lui dédicaça en 1932 son opus 25, Choral et variations pour piano. Plus tard, lors d’un concert donné le 31 mai 1942 à la synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth à Paris, au cours duquel était interprétée la Messe modale de ce compositeur, sous la direction de son frère Olivier Alain, c’est elle qui tenait la partie de chant et de flûte.

 

Edmund Pendleton
Edmund J. Pendleton
(licence CC-BY-SA-4.0) DR.

Elle a été inhumée au cimetière de Guitrancourt (Yvelines) aux côtés de son époux, Edmund PENDLETON. Né le 1er mars 1899 à Cincinatti (Ohio, U.S.A.), mort le 30 janvier 1987, après des premières études à l’Université de Columbia, il s’était installé à Paris en 1925 pour suivre les cours de Marcel Dupré, Noël Gallon et Henri Büsser au CNSMP. Parallèlement, il obtenait en 1933 son brevet d’aptitude (orgue) à l’Ecole Normale de Musique, et étudiait la direction d’orchestre auprès de Charles Münch, Igor Markevitch et Pierre Monteux. Durant 40 ans, de 1935 à 1975, il va être organiste et chef de choeur de l’Eglise Américaine de Paris (65 Quai d’Orsay, dans le septième arrondissement). Là, il luttera longtemps pour remplacer l’orgue Abbey de 1931 (47 jeux), mal conçu et à bout de souffle. Par manque de fonds cette opération ne pourra se réaliser de son vivant et ce n’est que bien des années plus tard que le facteur allemand Rudolf Von Beckerat pu construire un orgue neuf de 49 jeux sur 3 claviers et un pédalier, inauguré les 7, 8 et 9 octobre 1988. Il fut encore professeur de direction d’orchestre à la Schola Cantorum de Paris, directeur artistique du Chœur Philharmonique de Paris (1945) et le fondateur de la Chorale des Ecoles Normales Supérieures. Comme compositeur, on lui doit de la musique pour orchestre (Prélude et rite païen, Prélude, fanfare et fugue, Concerto alpestre pour flûte et orchestre, Concerto pour alto), pour orgue (Icônes de la vieille Russie), pour piano (Poésie du piano), un drame lyrique intitulé Le Miracle de la Nativité pour soli, chorale et orchestre, un opéra pour enfants Le Rêve de Yann pour chorale à 4 voix mixtes et orchestre, et des œuvres écrites pour la voix (mélodies, chants folkloriques ou religieux) parmi lesquelles plusieurs harmonisées par son épouse Aline Pelliot et éditées à Boston en 1954.

 

Alice Pelliot
(photo Ed. Ribaud, coll. Bnf/Gallica) DR.

Aline Pelliot-Pendleton était la fille d’Alice PELLIOT, née le 17 juin 1880 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), décédée le 14 avril 1966 à Paris. Elève du CNSMP, où elle obtient un 1er prix d’harmonie en 1904 (classe de Samuel Rousseau), un 1er prix d’accompagnement au piano en 1906 (classe de Paul Vidal) et un 2e prix de contrepoint en 1907 dans la classe d’André Gedalge, elle devient peu après sa répétitrice durant plusieurs années. Parallèlement elle ouvre en 1909 à Paris un Cours de musique situé 40 rue de Prony et plus tard enseignera à l’Ecole Normale de Musique de Paris, à l’Ecole normale de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) et à celle de jeunes-filles de Sèvres (Hauts-de-Seine) où on la trouve dès la fin des années 1920. Au Conservatoire, en décembre 1936, elle est nommée professeur de solfège instrumentiste en remplacement de Suzanne Plé-Caussade. Elle est morte, célibataire, dans l’appartement de la rue Pierre-Demours qu’elle partageait avec sa fille.

 

On connaît d’Alice Pelliot une Berceuse pour piano et chant, poésie de Mme Desbordes-Valmore (Paris, Enoch, 1903) et de nombreuses réductions ou transcriptions pour piano seul ou à 4 mains d’œuvres de Massenet (Roma, Don Quixote, Esclarmonde, Panurge, Thérèse, Bacchus), Beethoven (Symphonies), Gabriel Dupont (Antar), Périlhou (Quatuor en ré majeur pour instruments à cordes), Haydn (Symphonie), Eugène Colls (Hop-frog) ; pour harmonium : Massenet (Roma) ; pour violoncelle et piano : Massenet (Esclarmonde, Roma, Hérodiade) ; pour violon et piano : Massenet (Werther, Panurge, Roma, La Gavotte de Puyjoli, Pastorale d’Esclarmonde, Panurge), Max d’Ollone (Le Ménétrier), Cécile Chaminade (Nuit étoilée) ; pour hautbois et piano : Massenet (Esclarmonde), ou encore pour flûte et piano : Massenet (Roma) … Parmi les frères et sœurs d’Alice Pelliot, enfants de Charles Pelliot, négociant, et de Marie Renault (famille originaire de Normandie), on note Louis Pelliot, Chef d’escadron d’artillerie à l’Etat-major de la 10e Armée, tué à l’ennemi, à l’âge de 42 ans, le 12 juillet 1917 à Oeuilly (Aisne) et Paul Pelliot (1878-1945), explorateur, anthropologue, archéologue, professeur au Collège de France et linguiste parlant 13 langues.

Denis Havard de la Montagne

(1997, mise à jour : avril 2019)

Avec la disparition de Sviatoslav RICHTER, survenue le 1er août 1997, nous perdons là non seulement un pianiste remarquable, mais également un fidèle serviteur de la musique dans la lignée des Arthur Rubinstein et Claudio Arrau. Né en Ukraine, à Jitomir, le 20 mars 1915, d’une famille germano-slave, son père étant organiste, Sviatoslav Richter débuta très jeune l’étude de la musique. C’est ainsi qu’il apprit à la déchiffrer avec une grande habilité et fut engagé très tôt à l’Opéra d’Odessa comme accompagnateur, puis comme répétiteur et chef assistant. En 1937 il se rendait au Conservatoire de Moscou, où il travaillait une dizaine d’années avec Neuhaus. Egalement peintre, cet artiste complet, ami de Rostropovitch et de Prokofiev se fera connaître dans le monde entier. Son répertoire est immense, d’autant plus que doté d’une incroyable mémoire, il est capable de préparer une quinzaine de programmes en une seule saison. Il a notamment joué l’intégrale du Clavier bien tempéré de J.S. Bach. Ses prodigieuses facultés ne l’empêchent pas de rechercher sans cesse la perfection et de remettre cent fois son ouvrage. Contrairement à la plupart des interprètes, il ne cherche pas à s’approprier l’œuvre jouée, au contraire, et c’est tout à son honneur, il dit que " On doit retrouver intacte la pensée, le cœur, la vérité nue de l’auteur, la sentir, mettre sa technique au service de cet ancien ami. " Ses tournées en Chine, aux Etats-Unis, en Europe et dans son pays sont mémorables. Ce virtuose exceptionnel et humble à la fois accompagnait souvent Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich Fischer-Dieskau et sa femme Nina Dorliac. C’est lui qui a créé, en 1964, le Festival de la Grange de Meslay, dans une ancienne " grange aux dîmes " du XV° siècle, dont il était tombé amoureux lors d’une tournée en France.

Sir Georg Solti - Dessin de Paul Hess
Sir Georg Solti
( Dessin de Paul Hess )

Le 5 septembre 1997 à Antibes, un autre géant de la musique nous a quittés : Sir Georg SOLTI. Agé de 84 ans, il a été surpris par la mort durant son sommeil peu avant minuit, alors qu’il se trouvait en vacances sur la Côte d’Azur. De nationalité britannique (1972), il était né en Hongrie, à Budapest, le 21 octobre 1912. Il avait commencé l’étude du piano dès l’âge de 6 ans et se produisait en public à 12 ans. Il travaillait ensuite le piano et la composition à l’Académie Franz Liszt de Budapest avec Kodaly et quelque temps avec Bartok. Assistant à l’Opéra de cette ville dès 1930, il en devenait le chef d’orchestre entre 1934 et 1939. Après la Guerre commençait sa véritable carrière internationale : Orchestre de la Suisse romande, Opéra de Munich, Francfort, Orchestre symphonique de Chicago, Orchestre philharmonique de New-York, Orchestre philharmonique de Los Angeles, Orchestre symphonique de Dallas, Royal Opera House, Orchestre philharmonique de Londres... De 1971 à 1973 il avait été conseiller musical à l’Opéra de Paris et directeur musical de l’Orchestre de Paris de 1972 à 1975. Spécialiste de la musique post-romantique allemande et autrichienne, Sir Georg Solti a enregistré notamment l’intégrale des Symphonies de Beethoven, Brahms et Mahler, tout en ne négligeant pas la musique hongroise, dont il était devenu un interprète de référence (Kodaly, Bartok). Douze fois Grand Prix ,il a créé de nombreuses oeuvres dont la Symphonie n° 4 de Tippett, Noomena de Xenakis et la partition D’un espace déployé pour soprano, 2 pianos et 2 orchestres du compositeur et chef d’orchestre français Gilbert Amy. Il avait été anobli en 1972 par la Couronne britannique.

Le 11 septembre 1997, un compositeur plus connu aux Etats-Unis qu’en France, Jacques LEGUERNEY, est décédé à Paris. Méconnu de nos compatriotes, ignoré des dictionnaires de musique, cet ancien élève de Nadia Boulanger, né en 1906, a écrit une œuvre importante, principalement entre 1926 et 1964. Parmi celle-ci, on note 83 mélodies, un quatuor à cordes en ré mineur, une Sonatine pour violon et piano en sol majeur un Psaume pour baryton et deux ballets dont Endymion créé à l’Opéra de Paris. Comme l’écrit Le Figaro du 12 septembre qui annonce son décès en quelques lignes, " sa musique est marquée au sceau d’une esthétique néoclassique élégante qui s’inscrit dans le sillage de Fauré et de Poulenc. " C’était peut-être là son seul tort qui l’a sans doute fait rejeter par les médias et le public français : refuser de se rallier à tout mouvement doctrinaire d’avant-garde pour ne composer qu’une musique " traditionnelle " bien française. Un peu comme Jean Françaix ! Il y a une trentaine d’années on trouvait encore des enregistrements de certaines des oeuvres de Jacques Leguerney chez Lumen : des Mélodies interprétées notamment par Gérard Souzay ou la soprano Touraine, accompagnés au piano par Jacqueline Bonneau, dont voici quelques titres aux noms si évocateurs : Ma douce jouvence, Sonnet pour Hélène, L’adieu, A la fontaine Bellerie, Chanson triste, Villanelle, Epipalinodie, A son page..., ainsi que son Quatuor à cordes, par le Quatuor Pro Arte, et sa Sonatine pour violon et piano, par Michel Chauveton et Jean-Michel Damase...

Denis Havard de la Montagne

 


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