Le 7 juillet 1997,
c’est Aline PELLIOT-PENDLETON, ancien Inspecteur principal de la musique
au ministère des Affaires culturelles, qui est morte à l’âge de 89 ans. Tout
d’abord élève du CNSMP, elle y avait obtenu un 1er prix d’harmonie
en 1934 dans la classe d’André Bloch et un 2e prix de fugue en 1936
dans celle de Georges Caussade, puis fut reçue en 1937 au concours de
professorat de chant de la Ville de Paris. C’est ainsi qu’elle enseigna cette
matière, avant d’être nommée Inspecteur de la musique. Dans les années 1940,
elle dispensait aussi des cours privés (piano, solfège, harmonie) dans son
domicile du 110 rue Pierre-Demours (Paris, XVIIe), intitulés « La musique
par le jeu, éducation de l’oreille, de l’oeil et du geste » et destinés
plus particulièrement aux enfants. En 1948, elle précisait à ce sujet : « …j’ai
constitué une grande partie de mon enseignement par des jeux de cartes, de
dominos, de cubes, d’oiseaux, etc. […] Pour l’étude du rythme, j’ai constitué
avec mes élèves un orchestre de percussion, orchestre, qui, en fin d’année, se
joint à mon petit groupe choral. Pour l’enseignement des instruments, ma
technique a pour base la détente et la souplesse et non uniquement
l’indépendance des doigts. J’abandonne les exercices arides et uniquement mécaniques
pour les chants populaires où se rencontrent les mêmes difficultés à
vaincre… » Dans ce domaine pédagogique, elle est l’auteur, en
compagnie de Jos Wuytack, de la version et adaptation française de la Méthode
Orff (Orf-Schulwerk) sous le titre de Musique pour enfants,
en 3 volumes : I – Pentatonique, II – Majeur, III – Mineur (Schott frères,
1967), encore utilisée de nos jours.
On lui doit plusieurs autres
ouvrages, dont certains, comme il se doit, à caractère pédagogique : Reflets
folkloriques, pour chant, percussion et flûte à bec, en collaboration avec
son mari (Paris, Leduc, 1967-1968, 2 vol.), Du son au signe, écoutez,
chantez, jouez, dansez, lisez, initiation à la musique par le folklore
(Paris, Choudens, 1978, préface de Henri Sauguet), Aurore de la musique
d’ensemble, pour instruments ad libitum avec ou sans chant : 30 duos
en mode majeur, 20 duo en mode mineur, 12 noëls, 26 trios, quatuor et
quintettes, avec une préface de Yehudi Menuhin (Paris, Choudens, 1978), ainsi
que l’édition en version française (Paris, Choudens, 1974 et 1976) de L’Alphabet
de la flûte à bec soprano et Etude de la flûte à bec soprano de
Linde Höffer von Winterfeld, et, chez le même éditeur (1974 et 1975) du Plan
d’étude gradué pour la flûte à bec et des Conseils, exercices et études
pour un approfondissement du jeu de la flûte à bec de Karsten Behrmann.
Elle est aussi en 1970 l’auteur du livret, avec un poème de Maurice Carême, du
conte musical pour enfants Le Rêve de Yann dont la musique est d’Edmund
Pendleton (réduction pour chant et piano chez A. Leduc, 1984). Très liée avec Jehan
Alain, qu’il appellait affectueusement « Doudou », son condisciple au
Conservatoire, celui-ci lui dédicaça en 1932 son opus 25, Choral et
variations pour piano. Plus tard, lors d’un concert donné le 31 mai 1942 à
la synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth à Paris, au cours duquel était
interprétée la Messe modale de ce compositeur, sous la direction de son
frère Olivier Alain, c’est elle qui tenait la partie de chant et de flûte.
Elle a été inhumée au
cimetière de Guitrancourt (Yvelines) aux côtés de son époux, Edmund
PENDLETON. Né le 1er mars 1899 à Cincinatti (Ohio, U.S.A.), mort
le 30 janvier 1987, après des premières études à l’Université de Columbia, il
s’était installé à Paris en 1925 pour suivre les cours de Marcel Dupré, Noël
Gallon et Henri Büsser au CNSMP. Parallèlement, il obtenait en 1933 son brevet
d’aptitude (orgue) à l’Ecole Normale de Musique, et étudiait la direction d’orchestre auprès de Charles Münch, Igor Markevitch et Pierre Monteux. Durant 40 ans, de 1935 à 1975,
il va être organiste et chef de choeur de l’Eglise Américaine de Paris (65 Quai
d’Orsay, dans le septième arrondissement). Là, il luttera longtemps pour
remplacer l’orgue Abbey de 1931 (47 jeux), mal conçu et à bout de souffle. Par
manque de fonds cette opération ne pourra se réaliser de son vivant et ce n’est
que bien des années plus tard que le facteur allemand Rudolf Von Beckerat pu
construire un orgue neuf de 49 jeux sur 3 claviers et un pédalier, inauguré les
7, 8 et 9 octobre 1988. Il fut encore professeur de direction d’orchestre à la
Schola Cantorum de Paris, directeur artistique du Chœur Philharmonique de Paris
(1945) et le fondateur de la Chorale des Ecoles Normales Supérieures. Comme
compositeur, on lui doit de la musique pour orchestre (Prélude et rite païen, Prélude, fanfare et fugue, Concerto alpestre pour flûte et orchestre, Concerto pour alto), pour orgue (Icônes de la vieille Russie), pour piano (Poésie du piano), un drame lyrique intitulé Le Miracle de la Nativité pour soli, chorale et orchestre, un opéra pour enfants Le Rêve de Yann pour chorale à 4 voix mixtes et orchestre, et des œuvres écrites pour la voix
(mélodies, chants folkloriques ou religieux) parmi lesquelles plusieurs harmonisées
par son épouse Aline Pelliot et éditées à Boston en 1954.
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Alice Pelliot
(photo Ed. Ribaud, coll. Bnf/Gallica) DR.
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Aline Pelliot-Pendleton
était la fille d’Alice PELLIOT, née le 17 juin 1880 à Saint-Mandé
(Val-de-Marne), décédée le 14 avril 1966 à Paris. Elève du CNSMP, où elle
obtient un 1er prix d’harmonie en 1904 (classe de Samuel Rousseau),
un 1er prix d’accompagnement au piano en 1906 (classe de Paul Vidal)
et un 2e prix de contrepoint en 1907 dans la classe d’André Gedalge,
elle devient peu après sa répétitrice durant plusieurs années. Parallèlement
elle ouvre en 1909 à Paris un Cours de musique situé 40 rue de Prony et plus
tard enseignera à l’Ecole Normale de Musique de Paris, à l’Ecole normale de
Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) et à celle de jeunes-filles de Sèvres
(Hauts-de-Seine) où on la trouve dès la fin des années 1920. Au Conservatoire,
en décembre 1936, elle est nommée professeur de solfège instrumentiste en
remplacement de Suzanne Plé-Caussade. Elle est morte, célibataire, dans l’appartement de la rue Pierre-Demours
qu’elle partageait avec sa fille.
On connaît d’Alice
Pelliot une Berceuse pour piano et chant, poésie de Mme
Desbordes-Valmore (Paris, Enoch, 1903) et de nombreuses réductions ou
transcriptions pour piano seul ou à 4 mains d’œuvres de Massenet (Roma, Don
Quixote, Esclarmonde, Panurge, Thérèse, Bacchus),
Beethoven (Symphonies), Gabriel Dupont (Antar), Périlhou (Quatuor
en ré majeur pour instruments à cordes), Haydn (Symphonie), Eugène Colls
(Hop-frog) ; pour harmonium : Massenet (Roma) ;
pour violoncelle et piano : Massenet (Esclarmonde, Roma, Hérodiade) ;
pour violon et piano : Massenet (Werther, Panurge, Roma,
La Gavotte de Puyjoli, Pastorale d’Esclarmonde, Panurge),
Max d’Ollone (Le Ménétrier), Cécile Chaminade (Nuit étoilée) ;
pour hautbois et piano : Massenet (Esclarmonde), ou encore pour
flûte et piano : Massenet (Roma) … Parmi les frères et sœurs d’Alice
Pelliot, enfants de Charles Pelliot, négociant, et de Marie Renault (famille
originaire de Normandie), on note Louis Pelliot, Chef d’escadron d’artillerie à
l’Etat-major de la 10e Armée, tué à l’ennemi, à l’âge de 42 ans, le
12 juillet 1917 à Oeuilly (Aisne) et Paul Pelliot (1878-1945), explorateur,
anthropologue, archéologue, professeur au Collège de France et linguiste
parlant 13 langues.
Denis Havard de la
Montagne
(1997, mise à
jour : avril 2019)
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