Odile Pierre à l'orgue de Marcel Dupré, à Meudon en 1955. ( Photo X..., in L'Orgue, n° 217, janvier 1991 ) |
Le 29 février 2020 s’est éteinte dans sa maison de Tigy (près d’Orléans) à l’âge de 87 ans Odile PIERRE, la « Clara Haskil de l’orgue » comme on s’aimait à la surnommer. Brillante organiste de renommée internationale, elle a parcouru le monde durant plusieurs décennies pour y donner des récitals toujours très courus par les aficionados de l’instrument roi. On lui prête ainsi 2000 manifestations tout au long de sa carrière, la 1000e ayant eu lieu le 17 novembre 1985 à Saint-Etienne-du-Mont, il y a 35 ans. Son vaste répertoire, couvrant une immense période s’étalant sur plusieurs siècles, lui permettait en effet de toucher tous les instruments quel que soit leur esthétique. Il est certain que c’est l’enseignement de l’un de ses professeurs, Marcel Dupré, exigeant dans la technique et considéré comme le plus rénovateur de l’école française d’orgue, qui lui permit cette aisance aux claviers. Elle figurait en effet parmi ses derniers élèves, aux côtés d’Alexandre Krascziewicz, âgé aujourd’hui de 92 ans et qui sera longtemps titulaire de l’orgue Béasse de Notre-Dame Auxiliatrice de Clichy (Hauts-de-Seine) et d’Eliane Lejeune-Bonnier (1921-2015), future titulaire de l’orgue de chœur de Saint- Sulpice, suppléante de son maitre au grand orgue et plus tard de celui de la cathédrale du Mans (Sarthe). Tous les trois avaient obtenu un 1er prix d’orgue en 1955, dans la classe de Rolande Falcinelli, après avoir suivi celle de Marcel Dupré durant quelques années. N’omettons pas aussi de rendre hommage au doyen des élèves de Dupré, Pierre Labric, actuellement dans sa 99e année (né en 1921), le plus ancien élève et seul 1er prix (en 1948 avec Pierre Cochereau) encore vivant de nos jours ; il a été autrefois suppléant de Jeanne Demessieux à la Madeleine et organiste à Rouen. C’est le regretté Jean Guillou en 1954 qui aura été le dernier à avoir décroché un 1er prix dans la classe du Maître. Excellente musicienne, Odile Pierre fut aussi une pédagogue appréciée et auteur de plusieurs compositions pour son instrument et d’autres en formation de chambre.
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1971 : Odile Pierre (à droite), assise, en compagnie d'Elisabeth et Joachim Havard de la Montagne, sur le banc de son orgue de salon Gonzalez
(coll. DHM) DR. |
Née le 12 mars 1932 en Normandie, à Pont-Audemer (Seine-Maritime), Odile Pierre était très tôt attirée par la musique. Son père, grand mélomane et admirateur de l’orgue, possédait en effet à la maison un harmonium Mustel. Il lui faisait ainsi étudier cet instrument, ainsi que le piano et le chant depuis l’âge de 7 ans, tout en suivant parallèlement des leçons auprès de l’organiste de la paroisse de Saint-Nicaise de Rouen, Madeleine Lecoeur, titulaire et ancienne élève d’André Marchal. A cette époque, après l’incendie de l’église en 1934 qui avait détruit le grand orgue du XVIIe siècle et l’orgue de chœur, un nouvel instrument d’accompagnement Rochesson venait d’être installé, composé de 12 jeux répartis sur 2 claviers et pédalier. C’est sur celui-ci qu’elle travaillait ses premières vraies leçons d’orgue. A la même époque, précisément le 26 octobre 1941, elle assistait impressionnée à un récital donné à l’occasion de la réouverture de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen par Marcel Dupré sur l’instrument Cavaillé-Coll (1890) ; il créait ce jour-là son poème symphonique Evocation (op. 37) écrit à la mémoire de son père André, récemment décédé : « Le concert […] fut pour moi un choc décisif pour le choix de la carrière d’organiste, quelles qu’en soient les longues et difficiles études exigées pour ce niveau de soliste internationale que je me promettais d’atteindre. » [« Souvenirs sur Marcel Dupré », in revue Jeunesse et Orgue, 1986, et Entretien avec François Sabatier, in L’Orgue, n° 295-296 (2011)]. En 1948, elle entrait au Conservatoire de Rouen pour y suivre les classes de Georges Fayard (solfège supérieur), Albert Beaucamp (harmonie) et Marcel Lanquetit (orgue), titulaire du grand orgue de la cathédrale de Rouen, ami et l’un des premiers élèves de Marcel Dupré (1906 à 1912). Après avoir obtenu un 1er prix dans chacune de ces disciplines, ainsi que le prix d’honneur (1951) et aussi compléter sa formation (piano et contrepoint) en cours particuliers avec Lanquetit, elle rejoignait en 1952 le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Entre temps, à partir de 1947 elle avait fait ses premières armes d’organiste à l’instrument Duputel (1910) de l’église Saint-Martin de Barentin (Seine-Maritime). Lors de son inauguration après reconstruction par Gutschenritter (2 claviers et pédalier, 20 jeux), par Marcel Dupré, le 1er mai 1951, elle eut l’honneur d’ouvrir le concert en jouant la Sinfonia de la 29e Cantate de Bach « sous l’œil toujours en éveil de son futur Maître ».
Au Conservatoire de Paris, qu’elle fréquentait jusqu’en 1955, elle obtint trois 1er prix dans les classes de Maurice Duruflé (harmonie), Noël Gallon (fugue) et Marcel Dupré puis Rolande Falcinelli (orgue, 1955). Elle suivit également la classe d’histoire de la musique de Norbert Dufourcq. Sortie de cet établissement, elle supplée durant deux années (1955-57) Jean-Jacques Grunenwald, autre ancien élève de Dupré (1er prix 1935), à l’orgue Merklin/Gutschenritter (3 claviers et pédalier, 43 jeux) de l’église Saint-Pierre du Petit Montrouge à Paris XIVe. C’est sur les bancs du Conservatoire qu’elle fit la connaissance de Jacques Villisech, né en 1932, lui-même y étudiant le chant. Baryton-basse, 1er prix de chant et d’opéra, Prix du Concours international de Munich, il fera ensuite une belle carrière dans l’opéra et le concert et enseignera au Conservatoire de Versailles. Leur mariage fut bientôt célébré et de cette union vont naître deux enfants : Christine Villisech, scénariste, et Xavier Villisech (acteur et musicien). Après s’être perfectionnée en cours d’été auprès de Fernando Germani (organiste de la basilique Saint-Pierre de Rome) à l’Académie musicale Chigiana de Sienne et au Mozarteum Salzbourg avec Franz Sauer, organiste de la cathédrale, elle revint dans sa région natale pour y enseigner son instrument et l’histoire de la musique au Conservatoire de Rouen durant une dizaine d’années à partir de 1959. En 1969, elle regagnait la capitale pour recueillir la succession de Jeanne Demessieux au grand orgue Cavaillé-Coll de l’église de la Madeleine (52 jeux, 4 claviers et pédalier), avec pour première suppléante nommée par contrat Elisabeth Havard de la Montagne (1927-1980). Peu après son arrivée, elle assista à une importante restauration de l’instrument par Danion-Gonzalez avec notamment une console neuve et l’ajout de 6 jeux ; le 23 octobre 1971, c’est elle qui l’inaugurait, en présence de Mme Georges Pompidou (Bach, Schumann, Saint-Saëns, Franck, Liszt, Dupré). Le 17 janvier 1977, sur ce grand orgue, lors d’un de ses nombreux récitals, elle jouait Bach, Saint-Saëns, Franck, Reger, Roger-Ducasse et Messiaen sous la présidence d’honneur de Mme Giscard d’Estaing ; concert enregistré et édité en 2002 par le label Tahra (Tahra 463/4, HM57X2). Mais, au fil des années, ses fréquentes absences pour assurer des tournées de concerts en France et à l’étranger finirent par mécontenter le nouveau Curé d’alors, le chanoine Thorel (nommé en 1971) ; le climat s’envenimant, il décida de s’en séparer en 1979. En effet, depuis le début des années soixante, elle avait entamé une importante carrière internationale qui l’amenait au cours des décennies à se produire sur tous les continents et à travers la France entière. Ses récitals et nombreuses tournées, pouvant parfois durer un mois complet, la tenait ainsi éloignée de la Madeleine pendant des intervalles plus ou moins longs. C’est notamment durant cette période qu’elle représentait la France en 1977 au 3e Congrès international d’orgue à Washington et Philadelphie.
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Paris, église de la Madeleine, le 19 octobre 1976, Odile Pierre et Elisabeth Havard de la Montagne lors d'un concert « Duo orgue et clavecin », s’apprêtent à jouer la Sonate 8 "in die Beati Alcisii" de Bernardo Pasquini, le Concerto en sol de Johann-Christian Bach, la Sonate en mi bémol de Johann-Sebastien Bach et le Concierto n° 2 d'Antonio Soler.
( coll. DHM ) |
25 mars 1977, Tulsa (Oklahoma, Etats-Unis), église Méthodiste de l'Avenue Boston, carte postale d'Odile Pierre adressée à sa suppléante au grand orgue de la Madeleine et au Maître de chapelle : "Un petit bonjour 1 semaine avant mon retour. La tournée se termine. Duruflé est un Dieu ici, presque plus que Dupré. Mais j'ai hâte de retrouver les sonorités Cavaillé ! Amicalement."
( coll. DHM ) |
Peu après, en 1981, Odile Pierre revenait à l’enseignement avec sa nomination comme professeur d’orgue et d’improvisation au Conservatoire National de Région de Paris. Dans cet établissement, ainsi que le soulignait en 1986 la regrettée Christiane Trieu-Colleney, « elle enseigne l’orgue […] avec un enthousiasme égal à celui de Marcel Dupré, convaincue elle aussi que la valeur de l’école française repose sur l’éclectisme du répertoire enseigné et sur l’art de l’improvisation. » Bon nombre de ses élèves, parmi lesquels on peut citer D’Arcy Trinkwon, titulaire du grand orgue de l’abbaye de Worth (West Sussex, Royaume Uni) et Michaël Matthès, de celui de Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris et professeur au Conservatoire de Troyes (Aube), peuvent témoigner de l’importance de son enseignement. Elle-même déclarait que l’exigence de la perfection est « le seul et unique moyen de garder l’équilibre au milieu des fluctuations musicales diverses », mais que l’essentiel est « d’avoir le courage de développer sa propre personnalité musicale au-delà de ce carcan [de l’enseignement] utile […] à condition de ne pas s’y scléroser à vie. » Puis, en 1992, elle prenait sa retraite de l’enseignement et quittait la région parisienne pour se retirer dans le Loiret, aux côtés de l’historien médiéviste Pierre Aubé (né en 1944) épousé en secondes noces. Grand spécialiste des croisades, c’est à Rouen où ce dernier avait enseigné durant 30 ans, notamment à l’Université de Rouen-Normandie, qu’elle avait fait sa connaissance.
Au cours de ses premiers concerts dans les années cinquante elle se produisait parfois au piano en double récital avec Jacques Villisech (chant), dans des œuvres de Rameau, Mozart, Dukas, Ravel, Poulenc, Dutilleux, mais c’est surtout à l’orgue qu’elle atteint ensuite une renommée internationale avec un répertoire allant de Titelouze à Ligeti. En voici un aperçu avec quelques programmes qu’elle interprétait au grand orgue de l’église de la Madeleine au cours des « Heures de musique » de Joachim Havard de la Montagne, qui lui a dédicacé en 1972 son Esquisse pour grand orgue (Delatour, 2005) :
8 juillet 1975 :
Passacaille et Fugue BWV 582, Jean-Sébastien Bach
Deuxième Suite, François Campion
Pièce héroïque, César Franck
Prélude et Fugue en sol mineur, Marcel Dupré
1ère Symphonie (extraits : Prélude, Allegro vivace, Final), Louis Vierne
6 juillet 1976 :
Toccata Dorienne, BWV 538, Jean-Sébastien Bach
Choral « Aie pitié de moi, ô Seigneur Dieu », BWV 721, Jean-Sébastien Bach
Adagio et Fugue en ut mineur (K. 608) Wolfgang Amadeus Mozart
Prélude et Fugue en si, Camille Saint-Saëns
Nocturne n° IX, op. 97 (transcription Gustave Bret), Gabriel Fauré
Allegro de la 6ème Symphonie, Charles Marie Widor
Sicilienne (extraite de la Suite, op.5), Maurice Duruflé
Toccata (extraite des Pièces de Fantaisie), Louis Vierne
12 juillet 1977 :
Fantaisie en sol mineur, BWV 542, Jean-Sébastien Bach
Concerto en la mineur, Bach-Vivaldi
Prélude, Fugue et Variation, César Franck
Prélude et Fugue en fa mineur, op. 7, n° 2, Marcel Dupré
Le Banquet céleste, Olivier Messiaen
Carillon de Westminster, Louis Vierne
C’est ainsi qu’elle joua dans le monde entier, avec, entre autres 12 tournées sur le continent américain et 6 en Asie, sans oublier des récitals aux Philippines, en Turquie, au Canada, à travers toute l’Europe et plus particulièrement en Italie, pays qu’elle affectionnait et dans lequel elle se rendait fréquemment aussi bien pour des récitals que pour des master-classes à Pérouse. Défendant l’école française avec, entre autres, Guilmant, Widor et Vierne, ses interprétations, toujours très travaillées et toute en finesse étaient souvent présentées comme des références, saluées par les critiques pour « un grand tempérament au service d’une vive intelligence » et « un jeu précis, ferme, vigoureux, un discours limpide et décidé, des registrations aux couleurs vives et franches harmonieusement contrastées donnent aux interprétations de cette artiste leur attrait » ; ou encore, à propos d’un récital donné en août 1972 à l’orgue de la cathédrale de Genève (Suisse) : « une Passacaille de Muffat et la Toccata, adagio et fugue en ut de Bach, ciselées avec beaucoup de fermeté mais sans raideur, et modelées avec une sensibilité remarquable, mais sans la moindre prétention, et sans excessif abandon. Ainsi, par exemple, l'adagio de Bach, magnifique dans sa pureté, sa simplicité pour ainsi dire tonique. »
Considérée comme l’une des meilleures organistes françaises de sa génération, elle ne fut pas seulement une interprète : elle s’est en effet essayée habilement à la composition, tant avec des pages pour orgue, que dans d’autres domaines abordés. Son catalogue comporte une trentaine d’œuvres éditées, parmi lesquelles on peut citer :
I - pour orgue : Fugue à 4 voix sur un sujet de Marcel Dupré (Procure du clergé, 1955), Choral sur la première antienne des secondes Vêpres de Noël (id., 1955), Choral et Fugue à 4 parties (id, 1955 et réédition Europart-Music), Variations et Fugue sur trois Noëls de Normandie, op. 1a (Leduc, 1987), version n° 2, op. 1b (Leduc, 1992), Quatre Pèlerinages à la Vierge pour orgue 2 et 4 mains, op. 2 (Leduc, 1988), Cinq Versets, Fugue et Thème libre, op. 3 (Leduc, 1992), Le martyr de saint Thomas Becket, op. 4 (Bergamo, Carrara, 1994), Choral et fugue sur le nom de Charles-Marie Widor, op. 5 (Mainz, Schott, 1994), Variations canoniques et Fugue sur deux Noëls napolitains, op. 6 (1995, Delatour France, 2004).
II - Musique de chambre, éditée au cours des années 2000 chez Delatour France : Fileuses et bergers d’Auvergne pour 4 flûtes traversières en ut (op. 8), Quatuor sur deux Noëls hongrois pour 4 flûtes à bec, Cantiques et airs bretons pour flûte à bec et piano (op. 7), 10 Chansons populaires françaises pour flûte à bec et piano, Triste est le ciel, chanson d’amour du Béarn pour saxophone alto et piano, Bourrée montagnarde, danse traditionnelle du Puy-en-Velay pour trombone si bémol et piano, Ecoutons donc les aubades, Noël toulousain pour trompette et piano, Chanson d’amour basque pour bugle et piano, Katibim pour clarinette et piano, Fugue scherzo pour quatuor à vent (flûte, hautbois, clarinette si bémol et basson).
III - Restitutions et réalisations : A. Vivaldi, Sonata II, op. 2, pour violon et clavecin ou piano (Editions ouvrières, 1971) ; F. Couperin, 3 Leçons de ténèbres, à une et deux voix pour le Mercredi Saint, réalisation de la basse continue (Delatour, 2006) ; A. Campra, Venite exultemus Domino, psaume 94, pour baryton-basse, 2 violons et clavier, restitution et réalisation de la basse continue (1962, Delatour, 2006) ; Caeli enarant, psaume 18, pour baryton-basse, hautbois ou violon et clavier, restitution et réalisation de la basse continue (1966, Delatour, 2006). Signalons encore une œuvre de Mozart arrangée en 1956 pour orgue : Adagio et Fugue en ut mineur K. 546 (inédit).
IV – Publications : Témoignages écrits des épreuves d’improvisation étudiées en la classe d’orgue de Marcel Dupré en 1953-1954 (Leduc, 1990), Thèmes libres et sujets de fugues de Marcel Dupré recueillis par O. Pierre (2 cahiers, Leduc, 1993), A. Guilmant, 5e Sonate en ut mineur, op. 80, présentation et doigtés d’O. Pierre (Bornemann, 1983), Marche funèbre et chant séraphique (op. 17), Verset (op. 19), Introduction sur un Noël ancien (op. 60), présentation et doigtés d’O. Pierre (Bornemann, 1984).
Pour le disque, on lui doit une trentaine d’enregistrements. Si, dès 1959 elle réalise sa première gravure à l’orgue aux côtés d’André Danjou, chantre titulaire à Notre-Dame de Paris, avec l’Office du soir d’après les Complies du dimanche du compositeur anglais Anthony Milner (disque 45 tours, Jéricho JPS5), c’est surtout au cours des décennies 1970 à1990 que sa discographie s’est étoffée. On y relève d’ailleurs, en plus de Bach et des grands classiques français, sa propension naturelle à jouer Guilmant et Widor, si chers à Dupré. Parmi ses disques, il convient de citer à la Madeleine : « Intégrale des Préludes et Fugues » de Saint-Saëns (1972, RCA LSB 4088) et « Toccatas et Carillons pour orgue », Widor, Boëllmann, Gigout, Vierne, Duruflé (1978, RCA RL 37009) ; sur les orgues Andersen à Soro et Frobenius à Noestved (Danemark), « Les grandes œuvres pour orgue » de Bach (1977, RCA RL 37084, coffret 4 disques) ; à Saint-Michel de Castelnaudary : « Quatre Sonates et deux Noëls pour orgue » de Guilmant (1979, RCA RL 37295) ; à Toulouse (St-Sernin) : Symphonie n° 4 et 10 de Widor (1980, RCA RL 37394) et Sonates 1 et 6 de Guilmant (1981, RCA) ; à Toulouse (ND de la Dalbade, 1987) puis à Orléans (cathédrale Ste-Croix, 1993), Symphonie n° 8, op. 42/4 de Widor et Marche funèbre et chant séraphique de Guilmant (Motette) ; à la cathédrale d’Auch : « Aux grandes orgues Jean de Joyeuse », Bach, Mozart, Guilmant, J. Jimenez, Correa de Arauxo, C. Seixas, L. Couperin et 5 Versets sur des Antiennes des vêpres de Noël d’O. Pierre (vol. 1, 1991, SCD 814) ; Mozart, Bach, Galuppi, Reger, Mendelssohn et Variations sur 3 Noëls normands d’O. Pierre (vol. 2, 1992, SCD 815) …
Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Médaille d’argent de la Ville de Paris, les obsèques d’Odile Pierre ont été célébrées le 4 mars au matin dans la plus stricte intimité en l’église de Tigy, avant la cérémonie au Crématorium d’Orléans au cours de laquelle on put entendre quelques pages de sa musique.
Denis Havard de la Montagne
(mars 2020)
Odile Pierre a succédé à Jeanne Demessieux à l'orgue de la Madeleine, en 1969, jusqu'en 1979.
Née en Normandie1, c'est à l'âge de sept ans qu'elle eut la révélation de l'orgue lors d'un récital de Marcel Dupré sur le fameux instrument Cavaillé-Coll de Saint-Ouen de Rouen.
1956 : classe d'harmonie de Maurice Duruflé au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Assis de gauche à droite : Francis Chapelet, Thérèse Brenet, Anne-Marie Bouan, X..., Odile Pierre, Reynard Giovaninetti. ( Coll. Thérèse Brenet ) |
Ses études aux conservatoires de Rouen et de Paris furent couronnées par sept Premiers Prix dans les classes de Maurice Duruflé, Noël Gallon, Norbert Dufourcq et Marcel Lanquetuit. Elle fut la dernière élève remarquable de la célèbre classe d'orgue de Dupré à Paris, alors qu'en 1955 elle reçut, à vingt-trois ans et à l'unanimité du Jury dans lequel était présente Jeanne Demessieux, un Premier Prix d'orgue et d'improvisation: c'était la plus jeune à recevoir cette distinction dans toute l'histoire de la classe. Elle poursuivit des études avec Fernando Germani à Rome, et dans la classe de Franz Sauer au Morzarteum de Salzbourg.
Après quelque 2000 récitals2, elle a maintenant une réputation internationale de grande organiste. Elle a joué sur tous les continents, en particulier lors de douze tournées aux États-Unis et six en Asie (Japon, Corée Manille, etc.) et s'est produite dans la plupart des grands festivals de musique d'orgue. En tant que soliste elle a joué sous la direction de Lorin Maazel, Pierre Dervaux, A. de Bavier et Georges Prêtre. Elle a effectué de nombreux enregistrements chez RCA, Mitra, Motette, Festivo, les Éditions Lade, IFO, etc.
Elle est bien connue pour sa maîtrise de la totalité du répertoire d'orgue, de la musique ancienne aux contemporains.
En tant que professeur recherché, elle a oeuvré au Conservatoire de Rouen de 1959 à 1969, et au Conservatoire National de Région de Paris de 1981 à 1992 en tant que professeur d'orgue et improvisation. De plus elle enseigne à la Scuola Internationale d’Alto Perfezionmento Musicale de Perugia (Italie) et a donné de nombreuses master class dans des collèges et universités de diverses régions du monde. Elle a été membre des jurys dans la plupart des concours d'orgue internationaux.
Plus récemment, elle s'est tournée vers la composition et a publié de nombreuses pièces pour orgue (chez Leduc, Schott, Edizioni Carrara) et a aussi publié une édition des oeuvres d'Alexandre Guilmant (chez Bornemann).
Elle a reçu plusieurs distinctions honorifiques comme la Médaille d'argent de la Ville de Paris. Elle est Officier de la Légion d'honneur et Commandeur dans l'Ordre National du Mérite. Depuis 1977 elle est membre de la Commission consultative pour la restauration et la construction des orgues de la Ville de Paris.
D’Arcy TRINKWON, mars 2001.
Trad. M.B.
1) Née le 12 mars 1932 à Pont-Audemer (Eure), Odile Pierre dès l'âge de 15 ans a tenu l'orgue de l'église de Barentin (Seine-Maritime) (Note D.H.M.) [ Retour ]
2) Son 1000e récital eut lieu le 17 octobre 1985 sur les orgues de l'église St-Etienne-du-Mont (Paris) (Note D.H.M.) [ Retour ]
Odile Pierre succeeded Jeanne Demessieux as Organist of the Madeleine in 1969 and held the post until 1979.
Born in Normandy1, she was inspired to become an organist at the age of seven when she heard a recital given by Marcel Dupré on the famous Cavaillé-Coll organ of Saint-Ouen in Rouen.
She studied at the conservatoires of Rouen and Paris winning seven ‘Premier Prix’ and her teachers included Maurice Duruflé, Noël Gallon, Norbert Dufourcq and Marcel Lanquetuit. She was the last distinguished pupil of Dupré’s famous organ class in Paris and in 1955 a unanimous jury - which included Jeanne Demessieux - awarded her the Premier Prix in Organ & Improvisation at the age of 23: she was thus the youngest in the class’s history to win this prize. She undertook further studies performance with Fernando Germani in Rome and in Franz Sauer’s class at the Mozarteum in Salzburg.
In a career of some 2000 recitals2 she has established a reputation as one of the world’s great organists. She has repeatedly traveled on every continent, including 12 tours of the USA and 6 of Asia (Japan, Korea, Manila, etc) and has performed at many of the most prestigious venues for organ music. As a concerto soloist she has appeared with such famous conductors as Lorin Maazel, P.Dervaux, A. de Bavier and Georges Prêtre. She has made numerous acclaimed recordings for RCA, Mitra, Motette, Festivo, Editions Lade, IFO, etc.
She is well known for her mastery of the entire organ repertoire from the early masters to contemporary scores.
As distinguished teacher she taught at the Rouen Conservatoire from 1959 to 1969 and from 1981 until 1992 was Professor of Organ & Improvisation at the Paris Regional Conservatoire. In addition she is a Professor at the Scuola Internationale d’Alto Perfezionmento Musicale de Perugia (Italy) and has given numerous Masterclasses at colleges and universities worldwide as well as serving on juries at most of the world’s leading international organ competitions.
In recent years she has turned her attentions towards composition and has published a number of organ works (with Leduc, Schott, Edizioni Carrara) and has also edited works by Alexandre Guilmant (with Bornemann).
She has been honoured with many distinguished awards such as Officier of the Legion d’Honneur, Commandeur de l'Ordre National du Mérite and the Silver Medal of the City of Paris. Since 1977 she has served as a Member of the Commission Consultative for the restoration and construction of organ to the City of Paris.
D’Arcy TRINKWON, mars 2001.