Le Panthéon des musiciens
De janvier 2017 à décembre 2017
Georges PRÊTRE - Thérèse SOUBERBIELLE - Claude PASCAL - Suzanne CHAISEMARTIN - Céline PERREAULT - Catherine DOFFIN - Jean-Marc BAFFERT - Michel CHAPUIS
Georges PRÊTRE (1924-2017)
Article détaillé et quelques photos inédites sur ces pages spécifiques
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Thérèse Souberbielle
(coll. privée) DR.
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Thérèse SOUBERBIELLE (1925-2017)
Thérèse
SOUBERBIELLE, née le 5 Juillet 1925 à Paris, s'est
éteinte à Meudon (Hauts-de-Seine) le 14 février
2017. Violoniste, elle avait été formée par Lily
Bach à la Schola Cantorum et par Line Talluel. Fille du grand
organiste Edouard Souberbielle et de Madeleine Bloy-Souberbielle
(elle-même violoniste), elle était également la
petite-fille de Léon Bloy. Le compositeur belge Armand Merck,
élève de Vincent d'Indy, lui dédia un beau Poème
pour violon et piano (Delatour-France). Elle compta parmi les
premiers professeurs de son neveu et filleul Alexis Galpérine,
aujourd'hui professeur au Conservatoire de Paris. Elle renonça
à sa vocation musicale après la guerre et occupa la
fonction de bibliothécaire à la Bibliothèque
Mazarine (Paris) ; une double formation qui lui permit
d'apporter une aide considérable à ses proches. Ainsi
elle se montra une collaboratrice dévouée et efficace
de son frère Léon Souberbielle, organiste et
théoricien, auteur de l'ouvrage Le Plein-Jeu de l'Orgue
Français à l'époque classique (réédition
Delatour-France), et de sa soeur Marie-Claire Galpérine,
philosophe et helléniste, auteur d'une importante introduction
et traduction du Traité des Premiers Principes de Damascius
(Editions Verdier). On lui doit aussi la saisie et mise en forme
partielle des Souvenirs (Delatour-France) de sa mère
sur le monde de Léon Bloy. Ses obsèques ont été
célébrées le lundi 20 février en l'église
Saint-Martin de Meudon par Mgr Jean-Pierre Batut, évêque
de Blois.
A.G.
Claude PASCAL (1921-2017)
Article détaillé et illustrations sur une page spécifique.
Jean-Marc BAFFERT (1947-2017)
Article détaillé et illustrations sur une page spécifique.
C'est
à Paris, le 9 juillet 2017 que s'est éteinte l'organiste et pédagogue Suzanne
CHAISEMARTIN à l'âge de 96 ans. Grande Dame de l'orgue, aux côtés des
Jeanne Demessieux, Marie-Claire Alain et Rolande Falcinelli, cette artiste de
classe internationale était une disciple de Marcel Dupré. Au travers de sa
discographie, qui concerne principalement les auteurs romantiques et
symphonistes français, l'enseignement de ce dernier est scrupuleusement
respecté. On relève en effet dans le jeu de l'interprète un profond respect du
texte accompagné d'une clarté dans le discours. A l'âge de 85 ans, la
perfection de son jeu allié à une rare virtuosité étaient toujours
d'actualité ; c'est que les auditeurs ressentirent lors d'un de ses
concerts donné à l'église de la Madeleine à Paris, le 9 avril 2006.
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Suzanne Chaisemartin
(Photo X...) DR.
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Issue
d'une famille de cultivateurs originaire de Beynac, dans le Limousin,
Suzanne-Henriette-Madeleine Chaisemartin est née le 7 février 1921 en région
parisienne à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), où son père, Jean Chaisemartin
(1883-1955) avait été muté en tant que dessinateur à la Compagnie du chemin de
fer d'Orléans. Quant à sa mère, Madeleine Célérier (1887-1964), elle avait
étudié l'art du chant au Conservatoire de Limoges. C'est elle, avec son autre
fille aînée Yvonne (1912-1992), 2e prix de piano en 1934 dans la classe
d'Isidore Philippe au Conservatoire de Paris et future Mme Emile Leprieur, qui
vont initier Suzanne à la musique. Vers l'âge de 8 ans, fréquentant le dimanche
avec sa famille l'église de la Madeleine à Paris, elle est subjuguée par la
beauté de la liturgie et la sonorité du grand orgue, tenu à cette époque par
Henri Dallier, suppléé par Edouard Mignan ; André Simon est alors à
l'orgue de choeur et Achille Runner occupe le poste de maître de chapelle. En
1930, à Paris, elle commence à prendre des cours de solfège et de piano auprès
de Mme Massart, qui dispense des cours privés pour l'entrée dans sa classe de
solfège du CNSMP. Là, celle-ci et son assistante Mme Raya Sylbernik remarquent
très rapidement ses dons d'oreilles absolue et de rythme, et, à l'âge de 11 ans
elle peut rejoindre son professeur au Conservatoire. Elle obtient une 2ème
médaille de solfège en 1934, puis une 1ère médaille l'année suivante, tout en
poursuivant des cours particuliers auprès de Mme Coedès et des leçons avec sa
soeur Yvonne. Entre temps, dans cet établissement elle est admise en 1932 dans
la classe de piano d'Hélène Chaumont, répétitrice d'Isidor Philippe, mais si
elle continue encore durant quelques années ses études pianistiques, l'orgue
reste son instrument préféré. D'autant qu'à partir de 1938 elle tient
l'harmonium de la chapelle de secours de Choisy-le-Roi où son beau-frère,
l'abbé Leprieur, l'initie à la liturgie. En 1939, par l’intermédiaire de Lily
Tallon alors organiste de Sainte-Lucie à Issy-les-Moulineaux et élève de Marcel
Dupré, elle est introduite chez ce dernier dans sa maison de Meudon. Il la
prépare en cours particuliers à l'entrée dans sa classe d'orgue du
Conservatoire et en octobre 1941, elle y est admise, décrochant un 1er prix en
1947. Parallèlement, elle suit les classes d'harmonie de Jacques de la Presle
et d'histoire de la musique de Norbert Dufourcq.
Après
la chapelle de Choisy-le-Roi, au début des années 1940 elle succède à Henri
Elie à l'orgue Louis Debierre (1899) de l'église Saint-Lambert-de-Vaugirard à
Paris XVe, et à partir de 1947 son maître Marcel Dupré fait appel à elle pour
le remplacer parfois aux claviers du grand Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice. La
même année elle est agréée également à Saint-Augustin, en compagnie de Bernard
Gavoty, pour suppléer André Fleury, titulaire du grand orgue depuis 1930. Cet
instrument, le premier à traction électrique à Paris, construit en 1868 par
Barker et Peschard et inauguré le 17 juin de cette année par Georges Schmitt,
Edouard Batiste et Eugène Gigout, comportait à l'origine 42 jeux répartis sur 3
claviers et un pédalier. Restauré en 1899 par Aristide Cavaillé-Coll, agrandit
en 1925 par Charles Mutin, relevé en 1945 par Beuchet-Debierre, modifié en 1961
par Picaud Père & Fils, et enfin en 1988 restauré par Bernard Dargassies,
il est porté au fil du temps à 54 jeux. Nommée titulaire au départ de Fleury en
1949, elle occupera ce poste jusqu'en août 1997, année où elle est « invitée »
à quitter la tribune. Dans cette église, où Eugène Gigout, l'un de ses
prédécesseurs, tint l'instrument durant près de 60 ans, elle travaille
étroitement avec les maîtres de chapelle successifs Armand Vivet (1897 à 1956)
et Jean Pesneaud (1956 à 1969), et les organistes de choeur Henri Milan, Jean
et Geneviève Fellot, Pierre Delpit et Michel Pinte. Comme organiste
concertiste, tout au long de sa carrière elle donne de nombreux récitals, tant
en France, où elle est aussi longtemps soliste de Radio-France, qu'en Europe
(Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suisse, GrandeBretagne) et aux Etats-Unis (New
York, Houston, Dallas, White Bear Lake, Deland, Denton...). Son répertoire
couvre principalement les compositeurs français des XIXe s. (Boëly, Franck,
Saint-Saëns, Guilmant, Widor, Gigout...) et XXe (Pierné, Tournemire, Vierne,
Langlais...), avec une prédilection toute particulière pour les oeuvres de
Marcel Dupré, et des incursions dans un répertoire plus ancien ou étranger
(Clérambault, Corrette, Frescobaldi, Buxtehude, Purcell, Bach, Haendel, Liszt,
Schumann, Brahms, Mendelssohn...). Sa discographie, composée d'une vingtaine
d'enregistrements, reflète bien la diversité de ses interprétations. Parmi
celle-ci soulignons plus particulièrement six disques consacrés entièrement à
Dupré, son maître dont elle disait être « profondément pénétrée du style
et de l'interprétation » : les Variations sur un Noël et les Vêpres
du commun des fêtes de la Sainte Vierge, à l'orgue de l'abbatiale
Saint-Etienne de Caen (1974, Erol 7408), Le Chemin de la Croix, avec le
même instrument (1974, Erol, 97411), la Deuxième Symphonie, la Suite
bretonne, la Fileuse, Les cloches de Perros-Guirec, le
Tombeau de Titelouze, à l'orgue de Sainte-Clotilde (1984, R.E.M.,
10913), la Symphonie-Passion et à nouveau la Deuxième Symphonie,
à l'orgue de Saint-Pierre de Montpellier (1991, Coriolan, COR 316108), les Vêpres
du commun des Fêtes de la Sainte-Vierge avec choeur, et Sept Pièces,
op. 27, à l'orgue de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen (1992, Motette CD-50251), Résurrection,
Cortège et Litanie, Lamento, Six versets du Magnificat, Pastorale,
Toccata de la Deuxième Symphonie…, à l'orgue de Saint-Sulpice
(2001, Aeolus AE-10221). Mentionnons aussi l'enregistrement de plusieurs
oeuvres de Jean Langlais, dont l'intégrale des Neuf Pièces, à l'orgue de
Saint-Augustin (1994, Lade, Trésor de l'orgue français 6).
Très
tôt attirée par la pédagogie, Suzanne Chaisemartin débutera son enseignement à
partir de 1961 dans des conservatoires parisiens : le solfège supérieur
dans celui du XIIIe (1961-63), le piano (1960) puis l'orgue (1975) dans le Xe,
l'orgue également dans le XVIIe (1977). Mais, c'est principalement dans les
classes d'orgue de l'E.N.M. (1956 à 1986), du CNSMP (répétitrice puis
assistante de Rolande Falcinelli, 1956 à 1986) et du C.N.R. de Dijon, où elle
succède à André Fleury en 1971, laissant son poste en 1989 à Jean-Pierre
Leguay, qu'elle peut transmettre tout son art de l’interprétation qu'elle avait
reçu de son maître Dupré. Sa pédagogie, ainsi d'ailleurs que sa philosophie,
tant dans ses interprétations que dans la vie courante, peuvent se résumer en
deux mots : « rigueur et discipline » [entretien avec J. Dhaussy, in Una Voce,
n° 235, mars 2004]. Parmi ses nombreux élèves, il convient
de citer Michel Bouvard, Maurice Clerc, François-Henri Houbart, Denys
Mathieu-Chiquet, Dominique Mercier, Bruno Morin et Jean-Dominique Pasquet.
Tous, aux côtés d'autres organistes renommés, ont témoigné par la suite de leur
reconnaissance envers l'organiste de Saint-Augustin [in revue L'Orgue,
n° 294, 2011-II,
entièrement consacré à cette artiste et auquel nous renvoyons les lecteurs
désireux d'en savoir davantage, documentation réunie par Pierre-François
Dub-Attenti et Hubert Bouet].
Chevalier
de la Légion d'honneur et de l'Ordre National du Mérite, Officier de l'Ordre
des Arts et des Lettres, chevalier des Palmes académiques, Suzanne Chaisemartin
se produit en concert une dernière fois le 21 mars 2010 à l'orgue de l'église
Saint-Denys-du-Saint-Sacrement (Paris, IIIe). Elle a alors 89 ans, mais n'a rien
perdu de la finesse et de la précision de son jeu, qui firent dire en son temps
à la regrettée Christiane Colleney : « Son jeu, son esthétique, son
répertoire sont en étroite correspondance avec la tradition de l'Ecole
française. » [in « Marcel Dupré
ou la cause de l'orgue », numéro 65/67, 1986, de la revue Jeunesse et
Orgue].
Avec sa disparition, s'est ainsi éteinte l'une des dernières élèves et disciple
de Marcel Dupré. Son ultime enregistrement, réalisé en 2003 aux orgues
parisiens de Saint-Augustin et Saint-Sulpice, ainsi qu'à celui de Saint-Etienne
de Caen, intitulé « Tribune libre », avec des oeuvres de Widor,
Dupré, Gigout, Guilmant et André Fleury est un témoignage artistique d'une
grande richesse à ne pas négliger (sorti en 2006, Aeolus, AE 10461).
Denis Havard de la Montagne
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Céline Perreault
(Photo M.B., 2006)
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Céline PERREAULT (1956-2017)
Céline PERREAULT nous a quittés brusquement le 28 août 2017, à l'âge de 61 ans, après une brève maladie. Originaire de Lac-Mégantic au Québec, elle fut dès l'âge de 12 ans élève des Soeurs de la Congrégation Notre-Dame et une des premières élèves de piano de Lorraine Prieur (elle-même élève d'Yvonne Hubert). Sous sa direction elle a terminé un baccalauréat à l'Université du Québec à Montréal, puis elle a fait une maîtrise à l'Université de Montréal. À cette époque elle a fait un stage en France pour se perfectionner avec Jean-Paul Sevilla. Elle a travaillé pour les Concours de musique du Canada en tant que secrétaire de jury au cours de sa tournée nationale.
Ayant pris la direction du Choeur de la cathédrale de Chicoutimi en février 2006, elle a participé avec lui à presque tous les Concerts d'été, aux messes dominicales et autres cérémonies. Musicienne efficace mais discrète, elle fut impliquée aussi dans un grand nombre d'organismes musicaux qui ont bénéficié de ses compétences diverses : violoniste, pianiste accompagnatrice pendant plusieurs années puis en charge du Choeur de l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean trois mois avant l'arrivée du chef Jean-Michel Malouf, pianiste pour la Société d'Art Lyrique du Royaume, professeur de piano et répétitrice-accompagnatrice recherchée au Camp Musical du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à l'École de musique de Chicoutimi, à l'Atelier de musique de Jonquière et au Collège d'Alma. Ses ensembles de choeurs brillaient régulièrement au concours annuel du Festival du Royaume. Elle fut, quelques mois avant son décès, en charge d'une collaboration nouvelle entre le Collège d'Alma, l'Atelier de musique de Jonquière et le conservatoire de Saguenay qui ont donné ensemble le Magnificat de Bach à Alma et Saguenay. Lorraine Prieur la dépeint ainsi: "Sa personnalité l'a placée dans l'ombre, mais c'était une pianiste incomparable, d'une sensibilité rare et d'une grande culture."
Ses funérailles eurent lieu en la cathédrale de Chicoutimi au matin du 2 septembre 2017 en présence d'un nombreux auditoire de musiciens particulièrement recueillis. Elle laisse dans le deuil, outre ses amis, élèves et nombreux collègues, son frère André Perreault, Claude Cardinal, ses enfants Charles-André et Chloé Cardinal qui ont effectué des études instrumentales respectivement en violon et en flûte.
M.B.
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Catherine Doffin-Sénac
(coll. famille Sénac) DR.
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Le 5 octobre 2017 est décédée à Lyon la violoniste Catherine
DOFFIN à l'âge de 80 ans. Née à Amiens (Somme) le 29 septembre 1937, elle
avait débuté l'apprentissage du violon dès l'âge de 10 ans, avant d'entrer
quelques années plus tard au Conservatoire National Supérieur de Musique de
Paris dans la classe de violon de Line Talluel, qui compte parmi ses illustres
élèves Ginette Neveu. Lors des premiers concours, notamment en 1953, elle se
fait déjà remarquer par son tempérament et sa musicalité, et c'est en 1956
qu'elle décroche le premier prix. Dans ce même établissement, elle suit
également les cours de musique de chambre dans la classe de Pierre Pasquier,
puis de Joseph Calvet ; là-encore, elle obtient un premier prix en 1963,
avec la pianiste Anne Marie de Lavilléon, une élève de Lucette Descaves, avec
qui elle se produira souvent en concert au cours de sa carrière.
Une fois ses études musicales achevées, Catherine Doffin fonde
avec Marylène Breton, altiste, (ancienne élève de Léon Pascal et de Joseph Calvet)
le « Duo de France » qui se produit en tournées en France et à
l'étranger (Espagne, Allemagne, Italie, Algérie), ainsi qu'aux croisières
Paquet. On doit notamment à cette formation les créations à Paris aux concerts
du Triptyque, le 23 janvier 1968 du Concert pour violon et alto de
Denise Roger et le 25 janvier 1971 de Répons pour violon et alto d'Alain
Weber. A partir de 1972, c'est au sein du « Trio romantique de
Paris » qu'elle joue en compagnie de la pianiste Marie-Luce Lucas et du
violoncelliste Jack Batrel. En tant que chambriste elle participe également aux
tournées de concerts des Jeunesses Musicales de France, en duo avec le
violoncelliste Klauss Heitz, disciple d'André Navarra.
Mais, Catherine Doffin ne pratique pas uniquement la musique en formation
de chambre. Tout au long de sa carrière elle joue aussi, parfois en soliste,
avec de nombreux orchestres, parmi lesquels on peut citer l'Orchestre de
chambre de Caen (dir. Jean Dautel), l'Orchestre Pierre Basseux, l'Orchestre de
Saint Denis (dir. Pierre Menet), l'Orchestre de chambre de Paris (dir. Pierre
Duvauchelle), le Collegium Musicum de Marly-le Roi, l'Orchestre du Festival des
jeunes solistes de Cannes-La Napoule (dir. Mario Vincent), l'Orchestre de
chambre de Versailles (dir. Bernard Walh), l'Ensemble instrumental Bernard
Fonteny, l'Orchestre Alain Thomas et l'Orchestre Caecilia de Poissy (dir.
Raymond Malfait-Cortez). Avec cette dernière formation, elle se produit, entre
autres, le 8 février 1974 à Argenteuil (Val-d'Oise) dans le Concerto en ré
mineur pour deux violons de Bach (avec Jean-Louis Mouchel), concert au
cours duquel sont en outre donnés le Magnificat de Bach et des oeuvres
pour orgue interprétées par Elisabeth Havard de la Montagne. Les Saisons
musicales de l'Orchestre Fernand Oubradous l'accueillent aussi (Académie de
Nice et salle Gaveau), ainsi que les Concerts Colonne (1977 à 1980) et
l'Orchestre de Tours. Au cours de ses nombreuses prestations, en tant
qu'interprète on lui doit la création de plusieurs oeuvres de compositeurs
contemporains : les Quatuor à cordes de Naokiko Kai (à l'ORTF en 1970),
de Denise Roger et de Dia Succari, les Ecorces d'Alain Bancquart, l'Improvisation
à deux (violon et alto) de Jacques Chailley, les Trois Mouvements pour
violon seul de Denise Roger, les Trois Pièces pour violon et piano
(avec la pianiste Michèle Edmond-Mariette) de Dia Succari, la Sonate en
fa dièse mineur de Francis-Paul Demillac, le Quintette pour cordes de
Ross Lee Finney, le Sextet pour hautbois, clarinette, basson, violon,
alto et violoncelle d'Alvin Etler...
Parallèlement à ses activités de concertiste, Catherine Doffin,
titulaire du CAP de professeur de violon, se livre à l'enseignement durant plus
de trente années : de 1965 à 1985 dans les conservatoires de Saint-Denis
et de Suresnes, en région parisienne, puis, jusqu'à sa retraite en 1999, en
Auvergne, dans ceux du Puy-en-Velay et de Saint-Etienne. Dans ce dernier
établissement, elle compte parmi ses élèves le violoniste Louis-Jean Perreau.
Mariée en 1959 à l'architecte Claude Sénac, Catherine Doffin
laisse deux fils, dont Romain Sénac, actuel violoniste de
l' « Ensemble du chevalier Spontini » et à l'orchestre de
l'Opéra de Massy (Essonne).
Claude Sénac
Le
12 novembre 2017 à Dole (Jura) est décédé Michel CHAPUIS, organiste,
organologue réputé et pédagogue, dans sa quatre-vingt-septième année. De
renommée internationale, il a grandement contribué au renouveau de
l'interprétation de la musique française baroque, tant dans ses interprétations
qu'au sein de la Commission des Monuments historiques (5e section Orgues), dont
il fut membre à partir de 1967 et de l'Association Française pour la Sauvegarde
de l'Orgue Ancien (AFSOA) qu'il rejoignait dès sa création en janvier 1968 en
tant que Conseiller artistique, aux côtés d'autres éminents organistes tels que
Francis Chapelet, Xavier Darasse, Pierre Cochereau, René Delosme, Xavier
Guerner , René Saorgin et Jean Ver Hasselt. A juste titre, il a été
considéré comme le chef de file de l'école d'orgue historique française et a
joué un rôle déterminant dans le retour à une facture d'orgue d'esthétique
néo-baroque.
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À l'orgue de Dole
(CD Plenum Vox)
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Né
le 15 janvier 1930 à Dole (Jura), d'un père instituteur et d'une mère
téléphoniste à la poste de cette ville, rien ne le prédestinait à embrasser une
carrière musicale. Mais, enfant, c'est sa grand-mère qui lui fit découvrir
l'orgue en l’emmenant un jour de Première communion à la collégiale Notre-Dame
de Dole. L'orgue de chœur était alors tenu par M. Barreau et c'est avec lui
qu'il prit ses premières leçons d'orgue à l'âge de 12 ans, le suppléant
occasionnellement, avant de les poursuivre auprès d'une ancienne élève d'Emile
Poillot, Mlle Odette Vinard (future Mme Edouard Goulon-Sigwald), alors
organiste du temple protestant de Dole, puis en 1945 à Besançon avec Jeanne
Marguillard, organiste de Sainte-Madeleine et ancienne élève de Vierne, Dupré
et Duruflé. En 1946, installé à Paris, il entre à l'Ecole supérieur de musique
César-Franck, où il suit notamment, entre 1946 et 1950, les cours d'orgue
d'Edouard Souberbielle, et d'harmonie de René Malherbe. C'est sur les bancs de
cet établissement qu'il rencontre sa future femme, Denise Rouquette,
condisciple d’Élisabeth Sedant, qui, comme elle rencontrera son futur mari,
Joachim Havard de la Montagne, sur ces mêmes bancs. Tout comme d'ailleurs deux
autres élèves de cette école, Jean-Albert Villard et André Isoir qui épouseront
respectivement Simone Michaux et Annie Kergomard, également élèves.
Parallèlement, il prend des leçons particulières auprès de Paule Piedelièvre,
organiste de l'église des étrangers (St-Ignace), puis de Paul Bédouin,
organiste de Saint-Thomas-d'Aquin, avant de suivre une année la classe d'orgue
de Marcel Dupré au Conservatoire national supérieur de musique, d'où il ressort
en 1951 avec un 1er prix en poche. C'est l'époque où il tient l'orgue de chœur
de Saint-Germain-des-Près (1949-1951) et au début de cette décennie il est
également suppléant à St-Hippolyte (1950-51) et titulaire de Saint-Germain-l'Auxerrois
(1951-54), succédant-là à Jean Pergola, tout en assurant le casuel à
Sainte-Thérèse de Boulogne-sur-Seine (1953-54).
En
1954, Michel Chapuis est nommé organiste de chœur de Notre-Dame de Paris, à la
suite de Jean Dattas, poste qu'il occupe durant près de dix années, et la même
année, à la suite du décès de Line Zielgien, il devient également titulaire de
l'orgue historique Clicquot de Saint-Nicolas-des-Champs. C'est là, aux claviers
de cet instrument ancien qu'il prend goût au répertoire français des XVIIe et
XVIIIe siècles avec les Titelouze, Couperin, Marchand, Grigny, Balbastre,
Clérambaut, Daquin, Dandrieu... Ses connaissances en facture d'orgue, acquises
au cours de deux années passées comme stagiaire dans l'atelier du facteur d'orgues
Erwin Muller à Saint-Germain-en-Laye, lui permettent de superviser dès 1961 à
1964 la restauration par Alfred Kern et Philippe Hartmann de l'orgue Clicquot
de Saint-Séverin. En 1964, il en devient l'un des trois co-titulaires avec
Francis Chapelet et Jacques Marichal, poste qu'il occupe jusqu'en 1994 et qu'il
partagera au fil des années avec André Isoir (1967), Jean Boyer (1973), Michel
Bouvard (1984), Michel Alabau (1986), François Espinasse (1987) et Christophe
Mantoux (1992). Rapidement, il s'impose le chef de file d'une nouvelle
génération d'organistes désireux de veiller à la conservation des instruments
anciens avec des restaurations le plus possible à l'authentique, et ce, afin de
pouvoir interpréter au mieux et dans l'authenticité cette musique des XVIIe et
XVIIIe siècles. Ses improvisations, genre dans lequel il excellait, étaient
souvent construites dans le style musical du Grand Siècle, usant du
Grand-Plein-Jeu du XVIIe siècle, abandonné depuis fort longtemps. A son propos,
il disait : « Ce Grand-Plein-Jeu, c'est le mélange de l'orgue par
excellence, un mélange inimitable, hiératique, qui symbolise admirablement
Dieu, l'Eternité... C'est pourquoi, au début de l'office, j'ai toujours
maintenu cette forme d'entrée qui ne vient pas de moi mais d'une vieille
tradition française. » Jean-Sébastien Bach était pour lui « la clé de
voûte, l'alpha et l'oméga », comme Jacques Doucelin le faisait remarquer
en 1991 à l'occasion d'un récital d'orgue au Festival de Saint-Bertrand de
Comminges, ajoutant qu'il était « le Bossuet du Choral et Fugue ».
Après Saint-Séverin, il est nommé en 1995 à l'orgue historique de Robert
Clicquot de la chapelle royale du château de Versailles, dont il est titulaire
jusqu'en 2010.
Parallèlement
à ses activités d'organiste liturgique, de concertiste et de musicologue,
Michel Chapuis s'est livré à l’enseignement dès 1956. Tout d'abord au
Conservatoire de Strasbourg, puis en 1977 à la Schola-Cantorum, en 1979 au
Conservatoire de Besançon et enfin, de 1986 à 1995 au Conservatoire national
supérieur de musique de Paris, tout en dispensant de nombreux cours à des
Académies d'orgue d'été, tant en Europe, qu'au Japon et aux Etats-Unis. Parmi
ses nombreux élèves, qui ont pu bénéficier de ses cours portant notamment sur
l'interprétation de la musique française ancienne, il convient de citer Yves
Castagnet, Vincent Warnier, François-Henri Houbart, Thierry Escaich,
Henri-Franck Beaupérin, Jean-Luc Perrot et bien d'autres encore.
Michel
Chapuis laisse une discographie importante composée de près de quatre-vingt
enregistrements. Si les compositeurs français des siècles passées sont bien
évidemment présents, avec entre autres, les intégrales de Couperin et de
Grigny, on trouve également le répertoire allemand avec notamment des
intégrales de Bach, Buxtehude, V. Lübeck, N. Bruhns, N. Hanff, et des
incursions dans le répertoire romantique, avec des pages de Mendelssohn,
Franck, Boëllmann, Guilmant, à l'orgue de Dole. Quelques-unes de ses
improvisations ont été gravées, parmi lesquelles des Improvisations dans le
style romantique (DVD Plenum Vox, 2004) et des Improvisations dans le
style français classique (id., 2003). Passionné par l'harmonium, instrument
qu'il avait joué à Brives-Charensac (Haute-Loire) dès 1940, à l'âge de 10 ans,
il en devint un fidèle défenseur et en compagnie de Michel Dieterlin il est à
l'origine de la Fédération Française des Amis de l'Harmonium (F.F.A.H.), fondée
en 2005 à Annecy (Haute-Savoie). En 1979, le musicologue Claude Nanquette avait
déjà résumé en quelques mots la renommée dont jouissait alors Michel Chapuis
qu'il qualifiait par ailleurs d’interprète-artisan : « L'amusant est
que les Français le consultent pour l'interprétation de la musique de Bach,
tandis que les Allemands l'interrogent sur la musique française. »
Denis Havard de la Montagne