Michel Baron - Cours d'écriture - Biographies

Pour leurs contributions à cette page, merci à
MMes Jacqueline Challan, Nathalie Ross, MM. Marcel Bitsch, André Côté, Hervé Lussiez,
Hermel Bruneau, Gérard Reyne, Pierre Faraggi, Denis Havard de la Montagne, Martial Morin.

Tony AUBIN : page spécifique.


Françoise Aubut
Françoise Aubut
à l'orgue 3 claviers Casavant de l'église St-Sacrement de Québec, tenu alors par Jean-Marie Bussières.
( Photo X..., coll. Martial Morin )

Françoise AUBUT (1922-1984) : organiste montréalaise, arrière-petite-cousine de Calixa Lavallée, renommée pour sa mémoire (elle jouait de mémoire les six Sonates en trio de Bach), ses improvisations et sa capacité de transposer sans préparation, comme lors de son examen d'admission au New England Conservatory de Boston (1937) où elle transposa volontairement la pièce imposée voyant que deux notes du clavier ne répondaient pas. En 1938 elle entre au CNSM de Paris où elle est élève d'Olivier Messiaen en harmonie (à la même époque que Jean-Louis Martinet), Marcel Dupré (elle remporte dans sa classe le 1er prix d'orgue en 1944, en même temps que Jean-Claude Touche), Simone Plé-Caussade en contrepoint et en fugue, Nadia Boulanger, Alfred Cortot, et Henri Busser en composition. Elle reçut également un grand premier prix décerné pour la première fois au CNSM à une personne d'Amérique du Nord pour l'ensemble de ses études. Elle a enseigné la fugue au conservatoire de musique de Montréal de 1957 à 1974, ainsi que diverses classes d'écriture à l'Université de Montréal et l'orgue à l'École Vincent d'Indy. Elle fut organiste aux églises St-Édouard, Notre-Dame-des-Neiges et Saint-Albert-le-Grand à Montréal. Françoise Aubut était imbattable pour retrouver des fautes de quintes consécutives bien cachées, là où ses collègues ne les avaient pas vues... Elle fit partie des jurys au CNSM en 1962 et 1978. Née le 5 septembre 1922 à Saint-Jérôme (Québec), décédée le 8 octobre 1984 à Montréal, lors de son séjour à Paris, entre 1938 et 1945, elle fut titulaire de l'orgue de l'église Notre-Dame de l'Assomption à Paris XVIe. (Collaboration de M. Denis Havard de la Montagne)

On peut trouver d'autres renseignements concernant Françoise Aubut:
- dans l'Encyclopédie de la musique au Canada (Fides),
- dans l'ouvrage Musiciennes de chez nous,
- sur l'Encyclopédie canadienne en ligne,
- et des illustrations inédites sur Musica et Memoria, section Orgues et organistes.


Marcel Bitsch, photo de 1999.
Marcel BITSCH en juin 1999
Photo avec l'auteur

( Photo © Céline Fortin ) DR

Marcel BITSCH (1921-2011) : né le 29 décembre 1921 à Paris, il effectue ses études musicales à la Schola Cantorum et à l'Ecole César Franck, où il a notamment pour professeur de piano Jean Batalla et d'écriture Guy de Lioncourt. En 1939, il entre au CNSM et travaille l'harmonie avec Jean Gallon, le contrepoint et la fugue avec Noël Gallon, la musicologie avec P.-M. Masson. Parallèlement il poursuit des études de lettres à la Sorbonne où il passe une licence. Compositeur, Premier Grand Prix de Rome en 1945. Professeur d'harmonie au Centre de préparation au CAEM en 1953, professeur de contrepoint et fugue au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1956. Son style est à mon sens très subtil et transparent, dans la grande tradition française : Suite française pour hautbois et piano ; Quatre variations sur un thème de D. Scarlatti, pour trompette ou cornet en si bémol ; cahiers d'études pour la flûte (avec indications techniques de Jean-Pierre Rampal) et pour la trompette (indications techniques de Sabarich). On lui doit également Six Esquisses symphoniques (1949), une comédie musicale La Farce du Contrebandier (1946), un ballet Le Chalumeau d'or, Trois Sonatines pour flûte et piano (1952) ainsi que plusieurs autres pièces instrumentales pour les concours du Conservatoire de Paris. En 2001 furent créés Les Plaisirs de Sully, d'après les Variations Goldberg de J.S. Bach, oeuvre composée spécialement pour le Festival de Sully à la demande de l'Octuor de France. Il a publié chez Leduc de nombreux ouvrages didactiques qui font autorité : un Précis d'Harmonie, des leçons d'harmonie ou de solfège accompagné finement ciselées, un Traité de contrepoint très complet en collaboration avec Noël Gallon, un Aide-Mémoire Musical, petite théorie de la musique en 80 tableaux, (en collaboration avec J.P. Holstein, ainsi qu'une édition en japonais), et un ouvrage intitulé La Fugue, publié initialement aux P.U.F. puis réédité chez Combre, disponible également dans une édition en japonais. Marcel Bitsch est décédé dans sa 90e année, le 21 septembre 20011 dans sa maison de retraite du 5e arrondissement parisien. (M.B. et Denis Havard de la Montagne)
On pourra consulter une liste des travaux et compositions de Marcel Bitsch sur cette page.

Nadia Boulanger Nadia Boulanger Nadia et Lili Boulanger en 1913
Nadia BOULANGER Nadia et Lili BOULANGER,
1913.

Signature de Nadia Boulanger, 1957Nadia BOULANGER (1887-1979) : elle était la fille d'Ernest Boulanger (1815-1899), 1er Grand Prix de Rome en 1835 et de la princesse Raïssa Mischetzky. Organiste élève d'Alexandre Guilmant, élève de Gabriel Fauré en composition, Second Grand Prix de Rome en 1908. Comme organiste elle a été l'assistante d'Henri Dallier à l'église de La Madeleine, à Paris (1906). Elle sera également plus tard maître de chapelle du Prince de Monaco. Professeur à l'École Normale de musique (1920 à 1939), au CNSM (1945), elle enseigna aussi au Conservatoire Américain de Fontainebleau avant d'en assurer la direction à partir de 1950. Ses cours privés étaient renommés et très fréquentés. Elle a laissé une liste d'oeuvres relativement peu nombreuses, ayant eu tout au long de sa vie une importante activité de pédagogue. Elle enseigna à sa soeur, Lili BOULANGER (1893-1918) qui eut aussi pour maîtres, entre autres, Gabriel Fauré et Caussade. Lili Boulanger est la première femme à qui fut décerné un Premier Grand Prix de Rome, en 1913. Disparue prématurément à l'âge de 25 ans, son oeuvre est injustement méconnue. (Denis Havard de la Montagne)

Henri Busser, cl. Studio France-Presse, 1935 - Bibl. Nationale.
Henri BUSSER
dans son habit de
membre de l'Institut
(Studio France-Presse, 1935,
Biblioth. Nationale)

Henri BUSSER (1872-1973) : tout d'abord élève d'Aloys Kunc à la maîtrise de la cathédrale de Toulouse, il rentra ensuite à l'Ecole Niedermeyer, avant d'être admis au CNSM de Paris. Là il suivit notamment la classe d'orgue de César Franck et de Widor, et celle de composition d'Ernest Guiraud et de Gounod. Premier Grand Prix de Rome en 1893. Chef d'orchestre à l'Opéra-Comique, puis à l'Opéra, puis directeur de l'Opéra-Comique, il fut aussi professeur de contrepoint, puis de composition au CNSM entre 1930 et 1948. Élu à l'Institut en 1938, au fauteuil de Gounod et de Gabriel Pierné, il était également président de l'Académie des Beaux-Arts.
Comme organiste Henri Busser a exercé à l'église Sainte-Marie des Batignolles (Paris), puis à Saint-Cloud à partir de 1892, succédant là à Charles Gounod et a suppléé quelque temps Louis Vierne à Notre-Dame de Paris de 1916 à 1918. Il avait épousé en 1958, à l'âge de 84 ans, la cantatrice et professeur au CNSM Yvonne Gall (1885-1972). Par sa mère, Cécile Dardignac, il était allié à la famille de musiciens Devries, celle-ci s'étant remariée en secondes noces à Marcel Devries.
Il défendra un style académique inspiré par les leçons de ses maitres. On lui doit une Messe de Noël pour 4 voix mixtes, harpe et orgue, une Messe de Saint-Etienne (messe de l'Armée) pour 4 voix, orgue, trompettes, trombones, tambours et harpe, une Messe de Saint Bertrand de Comminges pour 4 voix et orgue ou orchestre, une autre Messe de Domrémy pour 4 voix a capella et 4 trompettes, à la gloire de Sainte Jeanne d'Arc, ainsi qu'une trentaine de motets dont un O Sacrum convivium pour ténor et choeur; des oeuvres pour la scène (Daphnis et Cloé, Colomba, Les Noces corinthiennes, Le Carosse du Saint-Sacrement, Le Vert Galant...), de la musique pour orchestre (Le Sommeil pour l'Enfant Jésus pour violon et orchestre, Minerve, ouverture de concert op. 7, Suite funambulesque pour petit orchestre op. 26, Concertino pour contrebasse (ou basson) et orchestre; Rhapsodie arménienne pour alto et orchestre, En Languedoc variations op. 53 pour trompette et orchestre à cordes...) de la musique vocale (Hymne à la France pour ténor et orchestre, Deus Abraham oratorio...); de la musique de chambre et instrumentale (Ballade op. 65 pour harpe, Divertissement, op.119 pour quatuor à cordes...) et plusieurs préludes et fugues pour orgue sur des thèmes de Gounod, Massenet, A. Thomas...
Parmi ses ouvrages didactiques, Vingt-cinq leçons d'harmonie, un Précis de composition et un Traité d'instrumentation ce dernier écrit en collaboration avec Ernest Guiraud. (Coll. M. Pierre Faraggi et M. Denis Havard de la Montagne)

Jacques CHAILLEY
(Photo Institut de France, 1978)

Jacques CHAILLEY (1910-1999) : fils de Marcel Chailley (1881-1936), violoniste et fondateur du Quatuor Chailley, et de la pianiste Céline Richez, il était également organiste (autodidacte) et chef de choeur. En 1933 il créa la Psalette Notre Dame, puis dirigea de 1946 à 1961 la chorale L'Alauda avec laquelle il fit découvrir au public de nombreuses oeuvres méconnues du Moyen-âge. Élève, entre autres, de Nadia Boulanger et de Claude Delvincourt en harmonie et composition, ainsi que d'Henri Busser, il est un des principaux rénovateurs de l'enseignement musical en France, que ce soit par sa chaire d'histoire de la musique à la Sorbonne, ses fonctions de directeur de l'Institut de Musicologie de l'Université de Paris, directeur de la Schola Cantorum (de 1962 à 1982), secrétaire général puis sous-directeur du Conservatoire de Paris, professeur de la classe d'ensemble vocal de cette institution, ou son enseignement de l'analyse au Centre National de préparation au C.A.E.M. (formation des professeurs de musique). Ses nombreuses publications concernant l'histoire, l'analyse et l'évolution du langage musical ont tendance à être plus connues que ses compositions, pourtant très diverses et d'une haute facture.

Henri Challan
Henri CHALLAN
Photo plus grande
(Merci à Mme Jacqueline Challan)

Henri CHALLAN (1910-1977) : élève de Jean Gallon et de Henri Busser au Conservatoire de Paris. 1er Second Grand Prix de Rome en 1936. Professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris en 1936. Professeur d'harmonie au Centre National de Préparation au C.A.E.M., Paris. Oeuvres : mélodies, Sonate pour violon et piano (éd. Leduc, 1936), Suite pour basson et piano (éd. Selmer, 1937), un quatuor à cordes, un quintette pour cordes et basson, une symphonie (éd. Durand, 1942), un concerto pour violon et diverses autres pièces pour orchestre. Très nombreux ouvrages didactiques. Henri Challan a fortement marqué tous ceux qui l'ont connu, et ses élèves conservent un souvenir impérissable de sa personne et de sa pédagogie.

Georges Dandelot
Georges DANDELOT
(1895-1975)
Photo X...,
Le Guide du Concert,
25 oct. 1946
Georges DANDELOT (1895-1975) : élève de Roussel et Dukas pour la composition au Conservatoire de Paris. Après la première guerre mondiale il se consacrera à l'enseignement, d'abord à l'École normale de Musique créée par Adolphe Mangeot et Alfred Cortot, ensuite au Conservatoire de Paris ou il sera nommé titulaire d'une classe d'harmonie en 1943. Défendant une écriture traditionelle influencée par celle de ses maîtres, il sera un professeur estimé par ses élèves, parmi lesquels figure Paul Méfano, lui-même professeur d'écriture au Conservatoire de Paris et qui, malgré une démarche totalement opposée, lui gardera un fidèle attachement. (Collaboration de M. Pierre Faraggi)

Georges Dandelot, né à Paris le 2 décembre 1895, est fils d'Arthur Dandelot (1864-1943) fondateur en 1896 du "Bureau d'administration de concerts Dandelot" qui organisera à partir de cette époque de grandes manifestations musicales et qui de nos jours est dirigé par Yves Dandelot. La mère de Georges Dandelot était née Madeleine Mangeot. C'était la fille du facteur de pianos Edouard Mangeot (1834-1898) et la soeur d'Auguste Mangeot, directeur du Monde Musical et fondateur, avec Alfred Cortot de l'École Normale de Musique en 1919.

Georges Dandelot, comme il l'a dit lui-même lors d'une interview en 1946, a fait ses études musicales au CNSM dès l'âge de 10 ans auprès de Schwartz (solfège), Diémer (piano), X. Leroux et jean gallon (harmonie), Caussade (fugue), Widor (composition), d'Indy (orchestre), M. Emmanuel (histoire de la musique), ainsi que plus tard avec Paul Dukas et Albert Roussel. Croix de guerre lors de la première guerre mondiale, il s'engagera à nouveau lors de celle de 39/45 où il sera nommé maréchal des logis. Très sportif, il avait gagné le championnat du Stade français (400 et 800 mètres) avant de représenter la France aux Jeux Interalliés de 1919!

Professeur d'harmonie à l'École Normale de Musique à cette même époque, il occupa les mêmes fonctions au CNSM à partir de 1942. On lui doit de nombreux ouvrages pédagogiques, ainsi que des pièces pour orchestre : un oratorio Pax pour soli, choeurs et orchestre (première audition en 1937), une Symphonie en ré, un Concerto pour piano et orchestre, un Concerto romantique pour violon et orchestre...; de la musique de chambre : un Quatuor à cordes, Trois valses à 2 pianos, une Sonatine pour flûte et piano, une autre Sonatine pour piano et violon...; des ballets : Le Souper de famine, Le Jardin merveilleux, La Création...; des opéras : L'Ennemi (opéra en 3 actes), Midas (opéra-comique bouffe en 3 actes), Apolline (opérette en 3 actes)...; sans oublier des chansons et autres mélodies. Admirateur de Schubert, Mendelssohn mais également de Fauré, il s'efforcera parfois de faire planer leur ombre tel par exemple dans son Concerto Romantique pour violon et orchestre où l'on retrouve l'âme des deux compositeurs allemands. Georges Dandelot est mort le 17 août 1975 à Saint-Georges-de-Didonne. ( D.H.M., Musica et Memoria )

Yvonne Desportes, en 1929
Yvonne DESPORTES
Détail d'une photo de 1929
(domaine public)
Auteur inconnu

Yvonne DESPORTES (1907-1993) : a fait ses études au Conservatoire de Paris avec Noël et Jean Gallon, Maurice Emmanuel et Paul Dukas. Premier Grand Prix de Rome en 1932. A enseigné le solfège au Conservatoire de Paris à partir de 1943, puis le contrepoint et la fugue, dès 1959. Oeuvres : sonates, quatuor, quintette, sextuor, octuor pour quatuor vocal et quatuor à cordes, deux symphonies (1958 et 1964), deux concertos pour percussion (1957 et 1960), des variations symphoniques, un concerto pour trompette, des mélodies, des pièces vocales diverses, des opéras (de 1936 à 1965), des ballets (de 1935 à 1961), et de très nombreux ouvrages didactiques.
  La fin du Gloria, par les Choeurs de Paris.

Théodore DUBOIS (1837-1924) : fils d'un instituteur de la région de Reims, il entra au CNSM de Paris où il fut l'élève de Marmontel, Ambroise Thomas, Bazin et de François Benoist, où il obtint notamment un 1er Prix d'orgue en 1859. Professeur d'harmonie au CNSM en 1871, il fut ensuite professeur de composition (1891), puis en assuma la direction en 1896, succédant là à son maître Ambroise Thomas. Il fut élu à l'Académie des Beaux Arts en 1894, au fauteuil de Gounod. Il avait épousé la fille du chef d'orchestre de l'ancien Théâtre de la Renaissance.
Théodore Dubois, détail d'une héliogravure P. Le Rat, Paris.
Théodore DUBOIS
Détail d'une héliogravure
P. Le Rat, Paris
(domaine public)
Parallèlement à ses fonctions d'enseignant il fut organiste accompagnateur des Invalides à Paris, avant de succéder en 1858 comme maître de chapelle de Sainte-Clotilde à César Franck lui-même nommé cette année-là au grand orgue de cette église. En 1868 il devenait maître de chapelle de l'église de La Madeleine. Une dizaine d'années plus tard (1877) il devenait titulaire du grand orgue de cette église à la suite de Saint-Saëns et laissait son poste de maître de chapelle à Gabriel Fauré. En 1896, il quittait définitivement La Madeleine pour se consacrer à la direction du CNSM. C'est à nouveau Fauré qui lui succédait à l'orgue.
Théodore Dubois a laissé une oeuvre abondante en partie méconnue : 3 symphonies, un oratorio Le paradis perdu, plusieurs scènes lyriques (L'Enlèvement de Proserpine, Les Vivants et les Morts, Le Baptême de Clovis, Notre Dame de la mer), des concertos pour piano, pour violon, des quintettes, quatuor, trio, des sonates pour instruments divers, des choeurs avec ou sans accompagnement, des volumes de mélodies, des quantités de pièces pour piano parmi lesquelles ses charmants Poèmes Virgiliens, des pièces théâtrales (La Guzla et l'Emir, Le Pain bis, La Farandole, Xavière...)
Les sept Paroles du Christ (c'est le titre exact), dédiées à l'abbé Jean-Gaspard Deguerry (1797-1871), curé de La Madeleine fusillé par les Fédérés à la prison de la Roquette en même temps que Mgr Darboy, archevêque de Paris, furent écrites en 1867. Durant plus de 90 ans jusqu'en 1965 elle furent régulièrement données à l'église de La Madeleine chaque Vendredi Saint, puis tombèrent dans l'oubli. Elles avaient un succès considérable à Sainte-Clotilde, à La Madeleine, chez Pasdeloup et même aux États-Unis et au Canada. C'est Joachim Havard de la Montagne, lointain successeur de Théodore de Dubois en 1967 à La Madeleine, qui les tira de l'oubli en les donnant notamment à deux reprises en concert avec les Choeurs et l'Ensemble instrumental de La Madeleine, le 22 mars 1983 et le 17 avril 1984. Il a fait connaître également d'autres oeuvres de Dubois, tel son fort beau motet Tu es Petrus. Widor a écrit un jour « Unité, harmonie: ces deux mots reviennent toujours quand on parle de Théodore Dubois ». Ajoutons simplement que ses Sept paroles sont d'une inspiration élevée et d'un effet grandiose et dramatique. Ces pages tragiques reflètent admirablement la mort du Christ...
Ses écrits sur l'harmonie ont fait longtemps autorité : Notes et études d'harmonie pour servir de supplément au traité de Reber, et Traité d'harmonie, publié en 1921.
(Coll. M. Denis Havard de la Montagne)

Marcel DUPRÉ (1886-1971) : élève de Guilmant, Diémer et Widor. Premier Grand Prix de Rome en 1914. Il a connu une carrière internationale d'organiste virtuose et improvisateur en Europe, aux États-Unis et en Australie. Il devint professeur d'orgue au Conservatoire de Paris en 1926, puis directeur en 1954. Son oeuvre est naturellement tournée vers l'orgue. Parmi ses ouvrages didactiques, un Traité d'improvisation, un Cours de contrepoint et un Cours de fugue.

Photo domaine public (1925)
Marcel Dupré aux claviers de l'orgue Wanamaker de Philadelphie, vers 1925 (Photo W.H. Hoedt studios Inc., Philadelphie)

Fils d'Albert Dupré et d'Alice Chauvière, il était issu d'une famille de musiciens tant du côté paternel que maternel : Son père était en effet un ancien élève de Guilmant et durant une cinquantaine d'années tint les orgues de l'Immaculée-Conception à Elbeuf puis de St-Ouen à Rouen. Sa mère, ancienne élève de Fr. A. Klein et d'Engelmann (qui avait fait de la musique de chambre avec Mendelssohn) était une excellente pianiste et violoncelliste. Ses grands parents étaient également de fins musiciens : Aimable Dupré tint l'orgue durant une trentaine d'années de l'église St-Maclou de Rouen, et Etienne Chauvière fut maître de chapelle de l'église St-Patrice de Rouen... Il débuta ainsi l'étude de la musique sous la direction de son père avant de gagner le CNSM, où il suivit les cours de Guilmant, Diémer, Vierne et Widor. En 1926, il était nommé professeur d'orgue dans cet établissement succédant là à Eugène Gigout. Durant 28 ans il a ainsi formé toute une pléiade de grands organistes parmi lesquels nous citerons André Fleury, Olivier Messiaen, Gaston Litaize, Rolande Falcinelli, Jean Langlais, Jean-Jacques Grünenwald, Jeanne Demessieux, Pierre Cochereau, Marie-Claire Alain et bien d'autres encore. Technicien renommé, ses ouvrages font autorité, notamment son Traité d'improvisation à l'orgue (Leduc, 1924), sa Méthode d'orgue (Leduc, 1927) ou encore ses Cours de contrepoint et Cours de fugue parus en 1938 chez Leduc. On lui doit également l'édition de la totalité des oeuvres pour orgue de J.S. Bach (12 vol., Paris, 1938) ainsi que celles de Franck, Schumann et Mendelssohn, sans oublier les concertos pour orgue de Haendel (Bornemann). Concertiste de grande classe, Marcel Dupré a parcouru le monde (800 concerts en dix tournées!) notamment en Angleterre, aux USA et en Australie. Comme compositeur il laisse une oeuvre conséquente avec près de 70 numéros d'opus. La majeure partie est consacrée à son instrument, comme son admirable Symphonie-Passion, op. 21, ses Soixante-dix-neuf chorals, op.28 ou encore son Chemin de la Croix, op. 29, avec récitant, sur un texte de Paul Claudel. On lui doit également des oeuvres pour orgue et orchestre (Symphonie en sol mineur, op. 25, Concerto en mi mineur, op. 31, Poème héroïque, op. 33 ...), pour piano et orgue (Variations à deux thèmes, op. 35 ...), pour piano et orchestre (Fantaisie en si mineur, op. 8), pour violon et piano (Sonate, op. 5), ainsi que de la musique vocale (Mélodies, op. 6; Psyché, op. 4, cantate du Grand Prix de Rome; Quatre motets, op. 9; De Profundis, op. 17 ...) et également quelques pièces de musique de chambre dont un Quatuor pour violon, alto, violoncelle et orgue (édité chez Gray, New-York).

C'est son élève, Rolande FALCINELLI, 1er Prix d'orgue en 1942, Second Grand Prix de Rome la même année, organiste du Sacré-Coeur de Montmartre, qui succédait à Marcel Dupré dans sa classe d'orgue au CNSM en 1955. Elle s'est elle-même retirée en 1987 pour laisser la place à Michel CHAPUIS. (Coll. M. Denis Havard de la Montagne)

Maurice Franck
Maurice Franck
( Coll. Lise Lehmann-Chanut )

Maurice FRANCK (1897-1983) : né à Paris en 1897, il fut élève de Samuel-Rousseau (en harmonie) et de P. Vidal (en contrepoint et fugue) au C.N.S.M. Il obtint un Premier Second Grand Prix de Rome en 1926 et enseigna le solfège au C.N.S.M. Il fut président de l'Association des anciens élèves et élèves du C.N.S.M. et du C.N. d'Art Dramatique. Dévoué au renouvellement de l'enseignement de la musique dans le secteur public, il fut également professeur d'harmonie, de solfège et de lecture à vue avec paroles au Centre National de Préparation au C.A.E.M. où, se mettant au piano, il aimait faire découvrir à ses élèves la lecture des œuvres injustement méconnues de la musique française dans le répertoire vocal et dans celui de l'opéra. Il enseignait l'harmonie en cours collectifs, aux Studios Pleyel, alors que son épouse y enseignait les dictées musicales et le solfège, aux candidats du concours d'entrée au Centre National de préparation au C.A.E.M. On lui connaît un quatuor à cordes, de la musique de chambre, une suite pour piano, des mélodies et un opéra bouffe Atalante. Il est également auteur de nombreux ouvrages pédagogiques, dont des solfèges rédigés musicalement avec une grande acuité pédagogique.
Voir l'article détaillé par Denis Havard de la Montagne, sur le site Musica et Memoria (nombreuses illustrations)
voir aussi Wikipedia
et cette page.

Noël Gallon
Noël GALLON au château de Compiègne en 1909
( photo Ruck, Musica, juillet 1909 )
Jean GALLON (1878-1959) : professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris de 1919 à 1949. Son frère, Noël GALLON (1891-1966), Premier Grand Prix de Rome en 1910, y enseigna le contrepoint et la fugue. A publié entre autres ouvrages didactiques un Traité de contrepoint en collaboration avec Marcel Bitsch. Les frères Jean et Noël Gallon formèrent de nombreux musiciens tels que Tony Aubin, les frères René et Henri Challan, Jeanne Demessieux, Maurice Duruflé, Henri Dutilleux, Olivier Messiaen, Jean Rivier, Pierre Sancan.

André Gedalge, cl. Bibliothèque Nationale
André GEDALGE
(Bibliothèque Nationale)

André GEDALGE (1856-1926) [souvent improprement accentué en GÉDALGE] : il étudia tard la musique puisque ce n'est qu'en 1885, à l'âge de 28 ans, après avoir été libraire, qu'il entra au CNSM de Paris dans la classe de Guiraud. Il obtint un Second Grand Prix de Rome en 1885. Tout d'abord répétiteur des classes de Guiraud et de Massenet il fut ensuite nommé professeur de contrepoint et de fugue en 1905. Il a formé des compositeurs illustres tels que Maurice Ravel, Florent Schmitt, Charles Koechlin, Arthur Honegger, Georges Enesco, Jacques Ibert, Darius Milhaud, Roger-Ducasse, Raoul Laparra, André Bloch et Henri Rabaud. En dehors de son Traité de la fugue, publié en 1904, qui continue de faire autorité, il a également écrit Les Gloires musicales du monde (1898) et d'autres ouvrages pédagogiques tel ce livre consacré à L'enseignement de la musique par l'éducation méthodique de l'oreille (1922). Dans le domaine de la composition on lui doit une pantomime, Le petit Savoyard (1891), un opéra Pris au piège (1894) interprété à Paris en 1895, 4 symphonies, des concertos, de la musique de chambre et des mélodies.
(Coll. M. Denis Havard de la Montagne)

Georges HUGON (1904-1980) : élève au Conservatoire de Paris de Jean Gallon, Caussade et Paul Dukas, il obtint ses premiers prix d'harmonie, de composition et de piano. Nommé titulaire d'une classe d'harmonie au Conservatoire de Paris en 1948, il enseignera également l'analyse harmonique et la construction musicale aux élèves instrumentistes de l'École normale de musique de Paris où ceux-ci purent apprécier sa vaste culture (il jouait de mémoire les 32 sonates de Beethoven). Grâce à un tempérament original et à un métier sensible, il laisse une oeuvre personnelle mais toutefois issue du passé (notamment la Symphonie sur le nombre d'or.) (Coll. M. Pierre Faraggi)

Photo domaine public
Charles KOECHLIN
(Photo domaine public)

Charles KOECHLIN (1867-1950) : élève, au Conservatoire de Paris, de Taudou (en harmonie), d'André Gedalge (en contrepoint et en fugue), Jules Massenet et Gabriel Fauré (en composition). Il fut l'assistant de ce dernier entre 1898 et 1901. Il est nommé professeur à la Schola Cantorum en 1937. Il a donné des cours comme professeur invité dans diverses universités aux États-Unis et au Canada. Catalogue de plus de 200 oeuvres, ainsi que de très nombreux ouvrages didactiques. Son Traité de l'harmonie en trois volumes est monumental.

Jean-Louis Martinet
© Solange Brihat
84480 Bonnieux

Jean-Louis MARTINET (1912-2010): élève, entre autres, de Joseph Thibaud pour le piano et de Jean-Fernand Vaubourgoin pour l'harmonie au conservatoire de Bordeaux, il termine ses études d'hamonie au CNSM de Paris avec André Bloch, travaille le contrepoint avec Mme Pelliot, répétitrice d'André Gedalge, la fugue avec Simone Plé-Caussade et Charles Koechlin, la composition avec Roger Ducasse et Olivier Messiaen, la direction d'orchestre avec Charles Münch, Roger Désormière et Louis Fourestier. Jean-Louis Martinet affirme, comme bien d'autres compositeurs d'aujourd'hui, que « recherches de langage, complication du matériau sonore et surestimation des problèmes techniques sont les handicaps des musiciens trompés par leur conception déviante de l'histoire de la musique. L'individualisme et ses caprices, le chaos de la surenchère technique sont évidemment liés au constat du divorce entre le musicien et le public. » Malgré une période dodécaphonique où il prouve tout de même son refus de « l'esthétique de la laideur », sa musique fait preuve d'un sincère humanisme. Oeuvres principales : Orphée (1944), Variations pour quatuor à cordes (1946), Prélude et fugue pour deux pianos, Trois poèmes de René Char pour voix de femme et petit orchestre, Elsa, pour chœur, la Trilogie des Prométhées, trois Mouvements symphoniques. Il a enseigné le contrepoint, la fugue et l'orchestration au conservatoire de musique de Montréal. On lira un intéressant texte sur Jean-Louis Martinet dans l'encyclopédie de La Pléiade, pages 1180 à 1183.
Jean-Louis Martinet: Mouvement symphonique no 1 pour orchestre à cordes. Extraits en MP3 sur le site de Musica et Memoria.

Paul MÉFANO : né en 1937, Paul Méfano commence ses études musicales à l'École normale de musique de Paris tardivement (il a 18 ans). Son évolution et sa trajectoire sont d'autant plus spectaculaires. Élève d'Andrée Vaurabourg-Honneger, Georges Dandelot et Darius Milhaud, il suivra également les cours de Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen et Henri Pousseur. Professeur de composition et d'orchestration au Conservatoire de Paris (1989-1995), il est aujourd'hui directeur du Conservatoire National de Région de Versailles. Par son engagement et son esthétique, il appartient à la musique contemporaine franchement différenciée des traditions antérieures. (Coll. M. Pierre Faraggi)

Jeanine RUEFF
(Photo Coll. Jean Ledieu)

Jeanine RUEFF (1922-1999) : Elle bénéficia d'un enseignement de choix auprès de maîtres tels que Tony Aubin, Henri Challan, Noël Gallon, et obtint un 1er Second Grand Prix de Rome en 1948, juste derrière Odette Gartenlaub. Deux ans plus tard elle devenait l'accompagnatrice de la classe de saxophone de Marcel Mule et de celle de clarinette d'Ulysse Delécluse au CNSM. En 1960, elle y enseignait le solfège, puis en 1977 l'harmonie, poste qu'elle occupera durant 11 ans avant de prendre sa retraite en 1988. Jean-Michel Jarre a été l'un de ses élèves. Elle fut aussi professeur de solfège au Centre national de préparation au C.A.E.M.

Comme compositeur, Jeanine Rueff a laissé une œuvre importante qui, dès 1945, lui a valu pour son Quintette avec piano le Prix Favareille-Chailley-Richez. Son Concertstücke pour trombone basse était encore récemment en 1999 au programme imposé du Concours International de Trombone de Guebwiller. On lui doit des pièces pour flûte, basson, cornet, trombone, tuba, contrebasse, clavecin, 3 Pièces pour trio d'anches, un Concert en quatuor pour 4 saxophones, un opéra de chambre (La Femme d'Enée, 1954), une Symphonietta (1956) et plusieurs ouvrages pédagogiques. L'ensemble Saxallegro (Hannes Kawrza, saxophone et Florian Pagitsch, orgue) a enregistré en 1997 sa Chanson et Passepied (Studio Weikert - LC 5793). Pour lui rendre hommage, le quatuor de saxophones Ledieu a donné un concert en avril 2000 au Palais Carnolès de Menton au cours duquel ont été donnés des extraits du Concert en Quatuor de Jeanine Rueff, composé de six mouvements dont un passe-pied, danse populaire originaire de Bretagne. (D'après D.H.M., source principale: Honegger.)

Alain Weber, photo de 1985.
Alain WEBER (1985)
Photo de groupe

Alain WEBER (1930) : a eu pour maîtres au Conservatoire de Paris Jules Gentil (en piano), René Challan (en harmonie), Noël Gallon (en contrepoint et fugue), Tony Aubin (en composition) et Olivier Messiaen (en analyse). Premier Grand Prix de Rome en 1952. Professeur d'harmonie au Centre national de préparation au C.A.E.M., professeur de contrepoint et professeur conseiller aux études au C.N.S.M. de Paris. Oeuvres : Trois mélodies (voix et piano). Cinq Poèmes (voix et orchestre). Synecdoque pour hautbois, Thème et variations pour violon et piano, sonate pour alto et piano, sonatine pour flûte et basson, Palindromes pour basson et piano, Trio d'anches, Variantes pour deux percussions et piano. Quintette à vent, sextuor de clarinettes. Variations, dixtuor pour piano et percussions. Exergues, suite pour orchestre à cordes. Variations pour orchestre à cordes. Symphonie. Concerto pour cor. Concertino pour piano. Concerto pour trombone. Strophes, pour trompette, orchestre à cordes et percussion. Commentaires concertants, pour flûte et orchestre. Solipsisme pour quatuor à cordes, orchestre à cordes, piano et percussion. Le Petit Jeu, ballet. La Voie unique, opéra de chambre. Nombreux ouvrages pédagogiques.


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