Lucien HILLEMACHER - Alfred BRUNEAU - Edmond MISSA - Georges MARTY - Gabriel PIERNÉ - Paul VIDAL - Claude DEBUSSY - CHARLES-RENÉ - Xavier LEROUX - Augustin SAVARD - Henri KAISER - André GEDALGE - Gustave CHARPENTIER - Camille ERLANGER - Paul DUKAS
1880
Lucien HILLEMACHER
Paul et Lucien Hillemacher, Soupir, mélodie pour voix et piano, poésie de Sully-Prud’homme, dédicacée « A Jules Massenet » (Paris, A. Leduc, 1898), transcription pour clarinette et piano, et fichier audio par Max Méreaux (DR.)
Paul et Lucien Hillemacher, Ici-bas, mélodie pour voix et piano, poésie de Sully-Prud’homme, dédicacée « A Madame Vital » (Paris, A. Leduc, 1885), transcription pour clarinette et piano, et fichier audio par Max Méreaux (DR.)
1881
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(L'Illustration, 1934) DR.
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Alfred Bruneau
La Nuit de Mai
Ce
deuxième double album de la collection Premières Mondiales du
label Salamandre part à la découverte d’un compositeur français largement
oublié de nos jours : Alfred Bruneau (1857-1934). Ami intime d’Émile Zola, il
créa avec lui de nombreux opéras qui connurent leur heure de gloire à l’Opéra
Comique ou à l’Opéra de Paris.
Après
avoir exhumé le manuscrit inédit La Nuit de mai de la
Bibliothèque Nationale de France et en avoir assuré la création en 2005 à
Radio-France, Vincent Figuri souhaitait enregistrer cette œuvre attachante pour
quatuor à cordes, harpe et récitant sur le célèbre poème de Musset.
Le
programme est complété par 2 cycles de mélodies, Chants
Antiques (poèmes d’André Chénier) et Plein
Air (poèmes de Théophile Gautier), tous deux interprétés par le
ténor Cyrille Dubois, réputé et choisi ici pour sa diction exemplaire. Quelques
pièces de musique de chambre permettent de se faire une idée plus large de ce
compositeur.
Cyrille
Dubois (ténor)
Jeff
Cohen (pianiste)
Vincent
Figuri (récitant)
Quatuor
à cordes Varèse
Quatuor
Anches Hantées (clarinettes)
Jean
McManama, corniste
Marie
Normant, harpiste
Coffret
2 CD, sortie : avril 2020
Salamandre,
1 route des Sièges, 89320 Vaudeurs
Tél. :
03 86 96 28 37
www.salamandre-productions.com
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Pas de premier prix
Alfred BRUNEAU (1857-1934)
Partition et fichier sonore: Le Nouveau-né.
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Alfred Bruneau (1857-1934), second Grand Prix de Rome 1881, chef d'orchestre à l'Opéra ( photo Mairet )
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Signature d'Alfred Bruneau, 1902
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Edmond MISSA (1861-1910)
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Edmond Missa vers 1898 ( Photo Marmand, Paris, in Le Petit Poucet, 4 octobre 1898 )
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Dans Le Figaro du 2 juillet 1884 relatant le Concours de Rome, que Debussy venait d’emporter avec L’Enfant prodigue, on pouvait lire à propos d’Edmond Missa que " sa facture est simple et claire, sa mélodie est franche et ne manque pas d’heureux tours. " Mais quelques lignes plus loin le journaliste souligne que c’est " un concurrent qui s’attarde à des formes italiennes à peu près démodées. " Certes, si cet ancien élève de Massenet fit toujours preuve d’une facilité d’écriture en nous livrant une musique toujours pleine de vie et agréablement ornementée et que d’aucuns considéraient comme un handicap, tel Debussy1 lui-même qui écrira un jour " que le défaut que je lui trouve est de s’attarder dans des formes coupables ", tout en reconnaissant qu’il est " sincère et loyal ", d’autres virent au contraire dans cette production une clarté et une fraîcheur qui expliquaient son succès auprès du public. Il ne faut pas en effet oublier que son opéra-comique Muguette en 4 actes et 5 tableaux tableaux (Grus, 1902), écrit sur un poème de Michel Carré et Georges Hartmann d’après la nouvelle de Ouida : Deux petits sabots, représenté à 20 reprises à l’Opéra-Comique à partir du 18 mars 1903, arrivait à l’époque en tête des plus fortes recettes au même titre que Manon et Werther de Massenet. Il sera même donné en Angleterre et en Allemagne. Au même moment, en 1904, André Antoine le sollicitait en lieu et place de Debussy, afin d’écrire la musique de scène du Roi Lear de Shakespeare pour son Théâtre-Libre qu’il avait fondé en 1887. D’autres ouvrages de Missa furent également donnés à l’Opéra-Comique : Juge et partie en 2 actes, livret de J. Adenis d’après la pièce La femme juge et partie de Montfleury (1886) et Ninon de Lenclos, épisode lyrique en 5 actes, sur un texte de A. Leneka et A. Bernède (1895, direction : Carvalho).
Prélude de l'opéra-comique Muguette (1902), interprété à l'orgue par Joachim Havard de la Montagne, 1991 (DR.)
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Edmond Missa jouant sa partition Muguette à son éditeur Lucien Grus en 1903 ( Photo in Musica, 1903, p. 110 )
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Ce compositeur qui écrivait vite, parfois même trop vite !, capable de concevoir, écrire et orchestrer un opéra-ballet en 4 actes, Aubeline, en à peine 4 mois (été 1909), contenant pourtant plus de deux heures de musique, était à vrai dire issu d’une famille de musiciens. Cet atavisme artistique mêlé à une longue éducation musicale appropriée explique probablement la grande activité créatrice dont il fit preuve toute sa vie durant.
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La cathédrale de Reims ( gravure in Histoire monumentale de la France par A. Saint-Paul, Hachette, 1883 )
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Né à Reims le 12 juin 1861, au numéro 27 de la rue de Vesle, c’est auprès de sa mère, née Marie-Louise Duval, ancien prix de piano et de chant du Conservatoire de Paris, qu’il reçut ses premières leçons de musique. Celle-ci, cantatrice, soliste de la Société des Concerts du Conservatoire, fut plus tard professeur de chant à Paris. Chaque année, aidée de son fils, elle donnait à la salle Pleyel un concert au cours duquel ses élèves se produisaient. A cette époque son cousin l’abbé Louis Duval tenait les grandes-orgues de la cathédrale de Reims depuis 1850 et son oncle, Ernest Duval, pianiste et professeur de musique, était également titulaire de l’instrument de l’église Saint-Jacques. Edmond Missa entrait ensuite naturellement à la Maîtrise de Reims, où il devint l'élève de M. Robert, le maître de chapelle. En 1872, tout juste âgé de 10 ans, il succédait à l'orgue de chœur de la cathédrale à Henri Dallier, futur lauréat du Prix de Rome en 1878 et organiste de la Madeleine, à l’orgue de chœur de la cathédrale. Encore adolescent il fut envoyé à Paris, dans l’Ecole de musique classique et religieuse de Niedermeyer. Clément Loret, cet ancien élève de Lemmens au Conservatoire de Bruxelles, y enseignait l’orgue, Gigout l’harmonie, le contrepoint, le piano et le plain-chant, et Gustave Lefèvre la composition. En juin 1878, ses diplômes de plain-chant, piano et d’harmonie en poche, il quittait cette Institution pour aller parfaire ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique auprès de Marmontel (piano), Jules Duprato (harmonie) et surtout de Massenet (composition). Parallèlement Edmond Missa était nommé dès 1878 organiste de l’église St-Louis-en-l’Ile. Il ne cessera d’ailleurs toute sa vie de jouer de l’orgue et de composer de la musique religieuse, même si une bonne partie de sa musique est composée de musique parfois qualifiée de légère et s’il était considéré par certains comme " un musicien aimable, un joli compositeur d’opérettes " ! Dès l’âge de 16 ans il avait déjà écrit plusieurs pièces d’orgue qu’il fera plus tard publier sous le titre de la Petite paroisse. Après St-Louis-en-l’Ile, on le trouva en effet à St-Roch, à St-Honoré-d’Eylau, à St-Thomas-d’Aquin et surtout à Notre-Dame des Blancs-Manteaux (juin 1885), où il resta jusqu'à sa mort. On lui doit aussi une Méthode complète, théorique et pratique, pour harmonium ou orgue Estey (orgue américain), publiée chez Costallat en 1908.
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Edmond Missa, Les Anémones, air de ballet pour piano, premières mesures ( Musica, n° 13, supplément, octobre 1903, coll. Max Méreaux ) DR
Numérisation et fichier MP3 par Max Méreaux (DR) |
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Edmond Missa à son bureau ( Collection Edmond Missa )
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Second prix de contrepoint et de fugue en 1883, il monta à cinq reprises en loge pour le Prix de Rome à partir de 1880, mais ne parvint qu’à obtenir une mention honorable l’année suivante avec la cantate Geneviève de Paris. Le journal L’Evénement écrivait à cette occasion dans ses colonnes : " Une animation extraordinaire régnait hier dans la cour et aux abords de l’Institut. Les concurrents et leur famille avaient été admis, selon l’usage, à attendre l’issue des opérations dans le salon voisin de la Salle de l’Académie des Beaux Arts. Comme toujours, la plus vive émotion a éclaté dans cette assistance toute intime lorsqu’on a annoncé le résultat du concours. Il y a eu de chaudes embrassades et des sanglots déchirants. Une mère qui a bien pleuré, c’est Mme Missa et sa douleur était bien légitime. La cantate de son fils avait été classée la première du concours préparatoire (jugement des musiciens) et elle obtenait, au concours définitif une voix pour la mention. " Il persista les années suivantes dans son entreprise pour décrocher le premier Grand Prix, mais sa lutte fut vaine, d’autant plus qu’il eut pour concurrent en 1883 et 1884 un certain Claude Debussy. Heureusement pour lui, deux années plus tard, l’Académie des Beaux-Arts lui décernait le Prix Cressent, très prisé à cette époque par les jeunes compositeurs, pour son opéra comique Juge et partie. Lors de sa première représentation la même année à l’Opéra-Comique, la critique lui fut extrêmement favorable. On pouvait notamment lire ces lignes : " La musique de M. Missa est franche et sonore, pleine de gaieté et d’entrain, sans pour autant verser dans la vulgarité. Outre le petit entr’acte symphonique qui a été redemandé, couplets, quintette et ensemble alertes et admirablement scéniques, ont été bissés. Enfin voilà une œuvre couronnée au concours Cressent qui va demeurer au répertoire de la Salle Favart. " Cet ouvrage fut effectivement repris à dix reprises entre le 17 novembre et la fin de décembre 1886, mais l’auteur joua à nouveau de malchance avec l’incendie dramatique de l’Opéra-Comique dans lequel disparaissaient les décors, les costumes et les partitions ! Cela se passait le 25 mai 1887 pendant le premier acte de Mignon, causant la mort d’une quarantaine de personnes. Mais, travailleur acharné, Edmond Missa ne se découragea jamais. Officier d’Académie en 1888, officier de l’Instruction publique en 1896, organiste et compositeur prolifique, il trouvait également le temps de se livrer à l’enseignement, notamment à la Pension des Francs-Bourgeois, et écrivait une Méthode complète théorique et pratique pour harmonium ou orgue (1909, Costallat)
Edmond Missa n’a pas cessé de composer depuis l’âge de 16 ans. Il s’est essayé dans tous les genres, bien qu’il semble avoir eu une réelle prédilection pour la musique de scène et le piano. A ce sujet Denise Vautrin rapporte qu'un ami musicien lui racontait qu'un jour, pressé par une fin de mois difficile, Missa alla trouver l’éditeur Fromont, spécialisé dans les pièces faciles pour piano. Il lui proposa des suites d’orchestre, des mélodies et des chœurs accompagnés qu’il avait en portefeuille, mais l’éditeur les refusa. Prétextant alors se rendre chez lui pour récupérer quelques partitions pour piano, notre compositeur s’éclipsa durant à peine deux heures et revint soumettre à l’éditeur 5 pièces charmantes, qu’il s’empressa de publier. En réalité Edmond Missa venait de les écrire à la terrasse d’un café voisin !
Son catalogue est important et il n’est pas de notre propos ici d’en dresser une liste exhaustive. Néanmoins on peut le diviser en œuvres instrumentales, vocales et musiques de scène. Dans la première catégorie on trouve de nombreuses pièces pour piano (Brises d’automne, le Chant de l’Alliance, Montmartre, Mazurka des oiseaux..., éditées chez Costallat, Enoch, Rouart et Joubert), pour orgue ou harmonium (Entrées, Sorties, Communion, Jobert) et des suites d’orchestre : Les Bains de la mer (1897, Costallat), Scènes Hindoues (1904, Costil), Ballet des Quatre saisons, Valses alsaciennes (Heugel), Aquarelles musicales (Leduc)... ainsi que des partitions de piano écrites spécialement pour les enfants et éditées à Paris chez Jean Jobert, dans les " Célèbres collections des grosses notes " ou dans les séries " Choix de morceaux très faciles et faciles " : Le chien savant (mazurka), Les joues roses (polka), Je suis soldat (marche militaire), Sourire et baiser (valse), A petits pas (polka), Les Mirmidons (valse), Pour jouer à grand’mère, Noël de bébé, J’ai fini, maman (valse), Carillon flamand, Escadron mignon (marche militaire), 4 Promenades : La route ensoleillée, Le ruisselet, la vieille fontaine, Rêverie sous bois, Ma première valse....
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Légende du Petit navire, mélodie d'Edmond Missa, poésie de Georges Fragerolle. Editions Costallat. ( Coll. D.H.M. )
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La Voilette, chanson écrite pour le cabaret "Le Chat Noir", poésie de Gabriel Montoya, musique d'Edmond Missa, éditions Costallat. ( Coll. Edmond Missa )
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Fragment de la Vierge Sainte!, musique d'Edmond Missa pour chant et violon, texte de l'Abbé Perreyve, dédiée « à l'Abbé Duval », son parent. E. Fromont, éditeur. ( Coll. D.H.M. )
Fichier audio par Max Méreaux (DR.) |
Dans la seconde catégorie, musique vocale, on peut ranger ses nombreuses mélodies et ses chœurs. Citons dans cette importante production les chansons : Les Cerisiers, Entends-tu les ramiers ?, La Fête-Dieu, Galant pastel, Gigue des fruits-confits, Hannetons en goguette, Légende du dragon, La Mémoire des fleurs, Les Moineaux, Noël de bohème, Le Petit Poucet, La Revanche de la cigale, Légende du Petit navire..., toutes éditées chez Costallat, et Les Armes de la Femme, recueil de 10 poèmes de Gabriel Montoya mis spécialement en musique par Edmond Missa pour le célèbre cabaret «le Chat noir » : L'Eventail, La Voilette, La Bottine, La Coiffure, Le Divin Sourire, L'Ombrelle, La Robe, Parfum troublant, Les Yeux qui chantent, L'Amour impossible (Costallat). Parmi sa musique religieuse n’omettons pas de signaler sa Vierge sainte !, pour chant et violon ad libitum, écrite sur une prière de l’Abbé Perreyve et dédiée " A l’Abbé Louis Duval ", son parent (Paris, E. Fromont), un Noël (deux tonalités) édité chez Henry Lemoine, ainsi que toute une série d’autres Noël d’enfant à plusieurs voix chez le même éditeur, et trois Messes : Les Voix du ciel (Enoch), Reine du ciel (Jobert) et Monseigneur Jésus (Hamelle)...
Enfin sa musique de scène comprend une trentaine d’opéras-comiques, opérettes, drames lyriques et autres opéras-bouffes. En dehors de ceux déjà cités, voici la liste de ses ouvrages : La Belle Sophie (opéra-bouffe en 3 actes, 1888, Bathlot et veuve Héraud), Le Chevalier timide (opéra comique en 1 acte représenté en 1887 aux Menus-Plaisirs, Leduc), La Chouanne (opéra en 1 acte, 1907, Grus), Cyprienne (pièce lyrique en 3 actes et 5 tableaux, 1910), Le dernier des Marigny ( féerie en 5 actes donnée en 1896 au Théâtre Marigny, Eschig), Dinah (comédie lyrique en 4 actes d'après Shakespeare représentée à la Comédie-parisienne en 1894, Choudens), La D’moiselle du Tabarin (opérette en 3 actes, paroles de Maurice Ordonneau et André Alexandre, représentée le 25 mars 1910 au Nouveau Théâtre du Château d’eau, Choudens), Hermann et Dorothée (opéra en 3 actes, 1911, Grus), L’Hôte (pièce lyrique en 3 actes, tirée de la pantomime de Michel Carré et Paul Hugounet, représentée en 1893 au Théâtre des Bouffes-Parisiens, 1896, Heugel), Lydia ou les fiancés de Novgorod (opéra-comique en 1 acte, 1888, Leduc), Maguelone (drame lyrique en 1 acte créé par Emma Calvé le 21 juillet 1903 au Covent-Garden de Londres, sous la direction d’André Messager, 1904, Jobert), Mini-Fauvette (vaudeville, 1892, Quinzard), Les Trois Bossus (farce lyrique en 1 acte et 3 tableaux, 1896, Rouart), Doctoresse (pantomime en 1 acte représentée en 1890 aux Bouffes-Parisiens, Heugel), Le mariage galant (opérette représentée en 1892 aux Menus-Plaisirs), La Demoiselle aux Camélias (opérette représentée en 1899 aux Bouffes-Parisiens), Niou (Choudens), La Belle Sophie (en 3 actes, représenté aux Menus-Plaisirs en 1888), La Princesse Mangara (en 3 actes, représenté en 1891 au Grand-Théâtre de Reims), Les Bohémiens (drame lyrique en 5 actes), Babette (Londres, 1900), Lucas et Lucette (opéra comique en 1 acte, sur un poème de Paul Gravellot, Grus, 1905)... Il ne faut pas également oublier plusieurs ballets : Vision (Olympia), Les Grandes Courtisanes (Folies-Bergère), Les Deux baisers (Olympia), Lydia (créé à Dieppe en 1887, Leduc), La Peur (créé au Théâtre Belle-Alliance à Berlin, 1904)...
Terminons cette esquisse biographique en rapportant ces paroles de Philippe d’Ohsson3 que nous reprenons à notre compte : " Et voyez quel souci d’art délicat, quel éclectisme amoureux décèlent souvent les titres mêmes de ses œuvres, et combien ils évoquent cette musique subtile, lumineuse, rieuse, parfumée, émerillonnée comme son auteur, dont les yeux gris, eux aussi rieurs, dont la tête ronde et rose, presque poupine, révèlent un cœur émerveillé, une âme presque enfantine. " Quant au musicologue René Dumesnil3, il voyait dans les pièces d’Edmond Missa une musique rappelant son maître Jules Massenet, qui en avait souvent le charme.
Edmond Missa s’est éteint le 29 octobre 1910 à Paris. Il avait tellement écrit pour lui, mais également pour les autres, que le critique musical Pierre Lalo lança cette boutade : « Edmond Missa est mort, que de compositeurs n'écriront plus... »
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE 4
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1) Revue Gil Blas, 23 mars 1903. [ Retour ]
2) L'Echo Musical, n° 18, 15 mars 1905. [ Retour ]
3) La musique contemporaine en France, tome II, p. 111 (Paris, Librairie A. Collin, 1949). [ Retour ]
4) Nous remercions vivement M. Edmond Missa, petit-fils du compositeur, de nous avoir si aimablement renseigné en mettant gracieusement à notre disposition ses archives familiales. [ Retour ]
La Bibliothèque nationale du Québec propose en ligne cinq enregistrements anciens de pièces vocales d'Edmond Missa : http://www4.bnquebec.ca/musique_78trs/mc275.htm
1882
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Georges Marty, Morceau de lecture à première vue, imposé aux élèves femmes aux concours 1905 du Conservatoire national de musique (en plus de cette épreuve, ce concours des classes féminines comprenait deux morceaux d'exécution : un Prélude en ré de Bach et un Allegro de concert de Chopin) ( Musica, n° 36, 1905, coll. Max Méreaux ) DR Numérisation et fichier audio par Max Méreaux (DR.)
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Georges MARTY (1860-1908)
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Georges Marty (1860-1908) vers 1900, Grand Prix de Rome 1882, professeur de la classe d'Ensemble vocal au Conservatoire de Paris, successeur de Taffanel à la tête de la Société des concerts du Conservatoire en 1903 (BNF-Gallica) DR.
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Eugène-Georges Marty, né le 16 mai 1860
à Paris fut initié à la musique par son père, Baptiste Marty (1822-1905),
originaire de Castres (Tarn), artiste lyrique (ténor) qui était notamment
sociétaire des Concerts du Conservatoire. Au Conservatoire de Paris qu’il
intégra en 1873, il fréquenta les classes de Emile Gillette (solfège), Louis
Croharé (piano), César Franck (orgue), Théodore Dubois (harmonie) et François
Bazin puis son successeur en 1878 Jules Massenet (composition). 1ère
médaille de solfège en 1875, 1er prix d’harmonie en 1878, il
concourait à 4 reprises pour le Prix de Rome : mention en 1879 avec la
cantate Médée (livret d’Albert Grimault), 2ème grand prix en
1880 avec la cantate Fingal (livret de Charles Darcourt), non primé en
1881 (cantate Geneviève, livret d’Edouard Guinand), 1er grand
prix en 1882 (cantate Edith, livret d’Edouard Guinand). Durant son
séjour à la Villa Médicis qui se déroula de janvier 1883 à décembre 1886, il
composa le poème dramatique Merlin enchanté (1883), une Suite d’orchestre
en 4 parties sur Les Saisons (1884), le début du 1er acte du
drame lyrique Le Duc de Ferrare (1885) et l’ouverture dramatique de Balthazar
(1886), voyagea en Italie, en Sicile, en Allemagne et visita la Tunisie. Achevé
ultérieurement, Le Duc de Ferrare composé sur un livret de Paul Milliet (3
actes) sera créé le mardi 30 mai 1899 au Théâtre-Lyrique de la Renaissance par
l’auteur dirigeant l’orchestre (« ouvrage wagnérien », dirons
certains critiques).
Sa carrière se déroula principalement en tant
que chef de chœurs ou chef d’orchestre : chef de chœurs au Théâtre-Lyrique
(Eden-Théâtre) en 1890-1891 du temps du directeur Henry Verdhurt, où il monta Samson
et Dalila de Saint-Saëns (octobre 1890) et La Jolie Fille de Perth
de Bizet (1890), puis à l’Eden de 1892 à 1894. Le 5 avril 1891 à l’Hippodrome
de l’Alma il avait aussi dirigé les chœurs pour la première représentation de Néron
d’Edouard Lalo (pantomime en 3 actes sur un livret de Paul Milliet). Chef de
chant à l’Opéra de 1893 à 1896, il monta ici, entre autres productions, Gwendoline
et Briséis (Chabrier), Faust (Gounod, reprise), Djelma
(Ch. Lefebvre), Othello (Verdi), Tannhäuser et Les Maîtres
chanteurs (Wagner), La Favorite (Donizetti, reprise), Messidor
(A. Bruneau), Thaïs (Massenet, reprise), Le Prophète (Meyerbeer, reprise),
La Prise de Troie (Berlioz). Egalement chef d’orchestre à l’Opéra
Comique de 1900 à 1902, il y débutait avec Manon de Massenet le 11 mars
1900, y reprenait Iphigénie (Gluck), Joseph (Méhul), Mireille
(Gounod), Les Visitandines (Devienne), et créait Le Follet le 1er
mai 1900 (comédie lyrique de Pierre Barbier, musique de Lefèvre-Derodé) et Phoebé
le 4 juillet 1900 (ballet en un acte de Georges Berr, musique d’André Gedalge).
Puis, en 1901 il succédait à Paul Taffanel (démissionnaire) comme chef
d’orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. Là, il dirigea le 28
janvier 1906 la première audition du Cantique de Jean Racine de Gabriel
Fauré, chœur à 4 voix mixtes et orgue, dans sa version de 1905 avec
accompagnement d’orchestre. C’est André Messager qui lui succéda à son décès en
1908.
Georges Marty participe aussi aux concerts de
la « Société des grandes auditions musicales » fondée en avril 1890 à
l’initiative de la comtesse de Greffülhe, sous la présidence de Gounod. Le 3
juin 1891, dans la salle des Fêtes du Trocadéro, elle donnait l’oratorio Israël
en Egypte de Haendel, sous la direction de Gabriel Marie, ainsi que Marty à
la direction des chœurs, Victor d’Indy à l’orgue et les solistes Mmes Krauss,
Deschamps-Jéhin, Boidin-Puisais, MM. Lafarge, Auguez, Manoury. En 1906, il
succédait aussi à Jules Danbé en tant que directeur des Concerts classiques et
symphoniques du Casino de Vichy. Parmi les grands concerts qu’il dirigea dans
cet établissement, citons le deuxième de juillet 1906 qui fut d’ailleurs un
important événement musical salué par la presse, avec un programme digne
des concerts parisiens : Symphonie italienne (Mendelssohn), Danse
macabre (Saint-Saëns), Elégie pour violoncelle (Fauré), Scènes
alsaciennes (Massenet), ouverture du Freischütz (Weber).
Parallèlement à ses activités de chef, il
enseigna au Conservatoire de Paris. Tout d’abord professeur de la classe d’ensemble
vocal à partir de février 1892, succédant là à Jules Cohen, il reprenait
ensuite, en novembre 1904, celle d’harmonie (femmes) de Samuel Rousseau décédé
un mois plus tôt, poste qu’il va occuper jusqu’à sa disparition soudaine
arrivée quatre années plus tard. Parmi ses élèves, on peut citer le compositeur
et chef d’orchestre Marius Versepuy (1882-1972), la harpiste et professeur de
harpe au Conservatoire de Paris Lily Laskine (1893-1988) et Marguerite Canal
(1890-1978), lauréate du Prix de Rome en 1920, professeur de solfège (chant) au
Conservatoire de Paris, compositrice.
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Georges Marty avec son épouse, Rosine Marty
(in Musica, n° 47) DR.
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Georges Marty, très occupé par ses multiples
fonctions, n’a cependant jamais abandonné la composition. C’est ainsi, qu’en
plus des œuvres mentionnées infra dans des articles de presse, on peut
encore citer de nombreuses mélodies, particulièrement appréciées dans les
Salons de l’époque : Chanson, La Sieste, Idylle, Brunette,
Dernier vœu, Fleur des eaux, Regrets, Au Matin, Toast,
Chanson d’avril, Où donc es-tu partie ?, Sonnet à Ophélie,
Désir d’avril, Au matin, Fou d’amour, Si tu savais
comme je t’aime, Berceuse, C’est le vent qui m’a fait pleurer… ;
Lysis pantomime pour orchestre (1888) ; des chœurs pour 3 voix de
femmes édités chez Enoch : L’Automne, L’Hiver, Le Printemps,
L’Eté ; des pièces pour piano : Elégie, Pensée intime,
Valse, Barcarolle, Improvisata (éditées chez Quinzard),
transcription pour piano de l’Ouverture des Barbares de Saint-Saëns
(Durand, 1901) ; une Fantaisie pour clarinette en si bémol avec
accompagnement de piano.
Officier d’Académie (1893), Officier de
l’Instruction publique (1898), Chevalier de la Légion d’honneur (décoration
remise le 19 octobre 1900 par Théodore Dubois, alors directeur du
Conservatoire), Georges Marty est brutalement décédé à 48 ans le 11 octobre
1908 à 11 du soir en son domicile du 11 rue Pigalle, d’un abcès au foie ayant
provoqué une hémorragie. Ses obsèques furent célébrées le mercredi 14 en
l’église de la Trinité à Paris, suivies de son inhumation au cimetière des
Batignolles, en présence d’un grand nombre de musiciens et de Gabriel Fauré qui
prononça un discours. Il avait épousé, en août 1895 à Paris, l’artiste lyrique
et professeur de musique Séraphine de Wulf, originaire de Bruxelles, connue
sous le nom de Rosine Marty et soliste des Concerts du Conservatoire. Deux
enfants vinrent au monde, mais disparurent tragiquement : Marcel Marty, né
le 19 mars 1894 à Paris, mort au combat dès le début de la guerre à l’âge de 18
ans, le 15 novembre 1914 au Godat (Marne). Alors caporal au 119ème
régiment de ligne, il s’était engagé volontaire pour 3 ans, le 11 octobre 1913.
Quant à leur fille Georgette Marty, née le 16 janvier 1896 à Paris, elle mourut
à l’âge de 4 ans, le 15 décembre 1900.
« Musicien consommé, compositeur à la
phrase élégante et remplie de fraîcheur », comme l’a écrit un jour un
critique musical, Georges Marty, mort jeune, n’a pas eu le temps de donner
toute la mesure de son talent. Il était particulièrement apprécié par Emmanuel
Chabrier avec lequel il était lié.
Le dimanche 15 novembre 1908 à 14h. à Paris, un
« Concert extraordinaire à la mémoire de Georges Marty et au bénéfice de
sa veuve » fut organisé par la Société des Concerts du Conservatoire, sous
la direction d’André Messager, avec 5 œuvres au programme : l’Ouverture de
Balthazar (Marty), la Suite d’orchestre Shylock (Fauré), un large
fragment du 1er acte d’Alceste (Gluck), le Concerto pour
piano en ut mineur (Mozart) exécuté par Saint-Saëns et la 9ème
Symphonie avec chœurs de Beethoven.
Denis Havard de la Montagne
Mort de Georges Marty
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Georges Marty
(photo Berger) DR.
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La
musique et les musiciens viennent de faire une grande perte. Georges Marty,
l'éminent chef de la Société des concerts du Conservatoire, est mort dimanche
soir. Rien ne pouvait laisser prévoir une fin si prématurée. Georges Marty
était très jeune : il était né le 16 mai 1860 à Paris. Il meurt donc à
quarante-huit ans, en pleine possession de son talent de compositeur, en plein
couronnement de sa brillante carrière.
Il avait,
cette année, comme chaque année, dirigé l'orchestre des concerts classiques de
Vichy. Sa saison terminée, il était rentré à Paris ; et pour goûter un peu de
repos bien mérité, était allé en Normandie. Un abcès au foie s'est déclaré. La
femme dévouée de Marty n'eut que le temps de ramener le malade à Paris où il a
expiré sans même souffrir.
Il ne
s'est pas douté un instant de la gravité de son mal ; il n'a pendant toute sa
maladie, parlé que des œuvres qu'il espérait diriger au Conservatoire dans
quelques semaines. Une hémorragie, hélas ! a dissipé toutes les lueurs d'espérance
que ses proches et ses amis pouvaient fonder sur une guérison souhaitée.
Quelques heures plus tard, tout était fini : Georges Marty expirait au milieu
des larmes déchirantes des siens.
Marty,
qui était arrivé à la haute situation de chef d'orchestre de la Société du
Conservatoire, succédait ainsi à la grande lignée des directeurs du Concert
spirituel (la fonction s'appelait ainsi au XVIIIe siècle), les Danican
Philidor, les Royer, les Capéran, les Dauvergne, les Gaviniès, les Legros, puis
plus tard les Habeneck, les Girard, les Georges Haine, les Deldevez, les
Taffanel.
C'était
un parfait musicien : Marty, au Conservatoire, ne s'est pas borné à diriger
l'orchestre, il a donné une vraie orientation à la musique avec un goût très
sûr. Les abonnés du Conservatoire sont d'esprit quelque peu rétrograde : ils
n'applaudissent que ce qu'ils connaissent. Marty, à force de persévérance, leur
imposa l'audition d'œuvres modernes. Il était non moins ennemi des inutiles
traditions : c'est ainsi qu'au début des chœurs a capella, on avait au
Conservatoire l'habitude de jouer un prélude d'orgue pour donner le ton aux
choristes. Marty supprima cet usage qui était contraire à l'audition des œuvres
musicales, puisque l'auteur n'avait pas jugé à propos d'écrire le prélude en
question. Je pourrais citer nombre d'autres réformes et progrès que l'on doit à
Georges Marty.
Comme
musicien, Marty s'était désigné à l'attention du public et de la critique par
des œuvres peu nombreuses, mais d'un tour distingué, telles que Merlin
enchanté, Balthazar, Matinée de Printemps. Il avait composé,
en fait d'œuvres théâtrales, le Duc de Ferrare, drame lyrique, qui fut
joué en 1890 au Théâtre Lyrique, et Daria, livret de MM. Adolphe Adorer
et Ephraïm, qui fut représenté en 1903 à l'Opéra. Sa musique est claire, très
mélodique, d'une facture instrumentale très soignée et d'une orchestration sans
fracas.
Georges
Marty vivait dans le commerce des grands maîtres de la musique ; c'est ainsi
qu'il avait été chargé par MM. Durand et fils, qui ont tout fait pour faire
revivre les œuvres classiques du dix-septième et du dix-huitième siècle, de
publier et de réviser une édition de Couperin.
Comme
homme, Marty était l'ami le plus dévoué qui se pût trouver : d'aspect froid, il
ne se livrait pas au premier venu ; mais il était de relations sûres. C'était
un modeste qui n'a jamais eu recours aux réclames qu'aiment tant quelques-uns.
Il avait
passé par l'enseignement au Conservatoire, avait été chef du chant à l'Opéra,
chef d'orchestre à l'Opéra-Comique, avant de diriger la Société des Concerts du
Conservatoire, il ne laissera partout que des regrets.
Après
Luigini si tôt enlevé, Marty part à son tour encore plus jeune. Les bons musiciens,
hélas ! se font rares, et il faut d'autant plus les pleurer quand ce sont aussi
de braves gens.
Louis
Schneider
(in Gil
Blas, 13 octobre 1908)
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Le Figaro, jeudi 15 octobre 1908 (DR.)
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Georges Marty est mort
Encore un
musicien qui s'en va, et non des moindres.
Georges
Marty est décédé, hier soir, à dix heures vingt, à son domicile, 11, rue Pigalle,
d'une affection du foie. Il était entouré de sa mère, de sa femme et de son
fils, dont la douleur est indescriptible. A l'heure où nous nous présentons à
la maison mortuaire — un quart d'heure après le décès — la nouvelle n'est pas
encore connue du monde des théâtres. Sauf deux ou trois amis intimes de la
famille, qui sont admis à pénétrer auprès de Mme Marty, personne n'est encore
venu, rue Pigalle.
Georges
Marty, que la mort vient brutalement de frapper, était Parisien de Paris. A
douze ans, il était entré au Conservatoire, où il suivit les cours de MM.
Gillette, pour le solfège ; Croharé, pour le piano ; Théodore Dubois, pour
l'harmonie, et César Franck, pour l'orgue ; MM. Bazin et Massenet lui
enseignèrent le contrepoint, la fugue et la composition.
Avec de
pareils maîtres, Georges Marty eut vite fait de développer les merveilleuses
qualités musicales dont il était doué. Il fut, d'ailleurs, un brillant élève,
et, lauréat du Conservatoire pour toutes ses classes, il remporta, en 1882, le
grand prix de Rome avec sa cantate Edith.
Si
Georges Marty devint un directeur de musique remarquable, s'il fut élu par ses
pairs chef d'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, s'il monta
au pupitre de l'Opéra-Comique et de l'Opéra avec cette autorité que l'on se
rappelle, il n'en est pas moins vrai que Georges Marty consacra la plus grande
partie de son existence à la composition.
Tout au
début de sa carrière, il avait beaucoup voyagé. De partout, d'Italie,
d'Allemagne, de Tunisie, etc., il envoyait des pages délicieuses dont un poème
dramatique : Merlin enchanté, une suite d'orchestre sur les Saisons,
l'ouverture de Balthazar.
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Signature autographe, 1900 (DR.)
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En 1890,
il fut chef des chœurs au Théâtre Lyrique, où il monta Samson et Dalila.
En 1892,
Marty était nommé professeur au Conservatoire ; l'année suivante, il entrait à
l'Opéra comme chef de chant. Dix ans plus tard, nous le retrouvions chef
d'orchestre à l'Opéra-Comique, mais sa vraie grande réputation vint de la
Société des Concerts du Conservatoire, dont il était devenu le directeur, très
jeune encore — à quarante ans.
Parmi les
compositions de Georges Marty, Le Duc de Ferrare et Daria, deux
drames lyriques valurent un gros succès d'estime à leur auteur.
Citons
encore : Ballade d'Hiver, Matinée de Printemps, Lysis, des
mélodies en grand nombre, sans compter des pièces d'orchestre, des chœurs, etc.
Le bagage
musical de Georges Marty constitue donc un monument suffisant pour lui assurer
un rang important dans notre école musicale
Comoedia
(12 octobre 1908)
Gabriel PIERNÉ (1863-1937)
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Gabriel Pierné (1863-1937), Grand Prix de Rome 1882, organiste de l'église Sainte-Clotilde à Paris où il succède à César Franck, chef d'orchestre des Concerts Colonne, membre de l'Institut ( photo Henri Manuel )
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Plusieurs textes, illustrations et extraits audio sur cette page spécifique.
1883
Paul VIDAL (1863-1931)
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Paul Vidal (1863-1931), Grand Prix de Rome 1883, chef d'orchestre à l'Opéra, directeur musical de l'Opéra-Comique, professeur d'accompagnement au Conservatoire de Paris ( photo Pierre Petit )
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Fondateur, avec Georges Marty, des Concerts de l’Opéra, Paul Vidal a fait principalement sa carrière à l’Opéra et à l’Opéra-Comique de Paris. Son ballet La Maladetta, composé en 1893 sur un livret de Pedro Gailhard, a été joué près de deux cents fois à l’Opéra.
C’est à Toulouse qu’il est né, le 16 avril 1863 et c’est au Conservatoire de cette ville qu’il fit ses premières armes, à l’époque où Paul Mériel en assurait la direction. A l’âge de 15 ans il entrait au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans les classes de Marmontel, Durand et Massenet, et où il remportait les premiers prix d’harmonie (1879) et de contrepoint et fugue (1881). Deux ans plus tard, il obtenait une brillant Premier Grand Prix de Rome avec sa cantate Le Gladiateur (éditée chez Hartmann), devant Claude Debussy, qui lui valait le qualificatif de " remarquable musicien ". Le sujet de cette scène lyrique était d'Emile Moreau, auteur d'un autre ouvrage intitulé Corneille et Richelieu, qui avait obtenu quelque temps auparavant un certain succès au Théâtre-Français. En 1881 Paul Vidal s'était déjà essayé au Concours de Rome et avait été récompensé par un deuxième Second Grand Prix.. Le sujet imposé, Geneviève, de E. Guinand l'avait sans doute moins inspiré cette année là, même si les critiques musicaux soulignaient alors la qualité de son ouvrage plein de promesses. Il avait récidivé l'année suivante avec la cantate Edith, mais sans obtenir cette fois ci la moindre récompense. Massenet a beaucoup compté dans la formation artistique de Paul Vidal, d'ailleurs il lui en garda toute sa vie une profonde reconnaissance. C'est ainsi qu'en décembre 1911, il écrivait à Adolphe Brisson, rédacteur en chef des Annales politiques et littéraires : " Ce fut le plus merveilleux éveilleur d'âmes, le plus généreux stimulateur d'énergies et d'imaginations. Les âmes ont répondu ; les imaginations ont fleuri : il en peut revendiquer hautement comme sienne l'harmonieuse moisson. ""
Entré à l’Opéra en 1889 comme sous-chef des chœurs, il fut promu ensuite directeur du chant (1892) puis chef d’orchestre en 1906. En 1914, il fut appelé à diriger la musique à l’Opéra-Comique, poste qu'il occupera jusque 1919.
Egalement professeur au CNSM, il y enseigna le solfège puis l'accompagnement au piano à partir de 1894, avant de prendre une classe de composition et fugue en 1910. La qualité de son enseignement était connue de tous les musiciens, car, malgré ses succès dans la musique de théâtre, il ne cessa jamais de s’intéresser aux jeunes musiciens en herbe qu’il aidait même parfois à trouver une situation. Il a formé ainsi un grand nombre d'artistes de valeur. Paul Vidal fut en outre Inspecteur de l'enseignement musical en France, membre du conseil d'administration de la Société des auteurs et président honneur de plusieurs groupements professionnels.
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Paul Vidal, 1863-1931. ( photo Pierre Petit. )
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Compositeur fécond, c’est principalement dans la musique de scène que Paul Vidal s’est fait un nom. En dehors de La Maladetta déjà citée, on lui doit également des opéras de grande valeur : Guernica (Opéra-Comique, 1895), La Burgonde (Opéra, 1898), Ramsès (1908), Naïl ; une opérette : Eros en 3 actes (Bouffes Parisiens, 1892) ; d’autres ballets : Fête russe (1893), L’Impératrice (1901), Zino-Zina) avec Jean Richepin (Monte-Carlo, 1906) ; de la musique de scène : Le Baiser (Banville); des pantomimes, ainsi que bon nombre de pièces pour piano (Staccato, Scherzetto, Romance sans paroles, Marche, Pages d’album...), des mélodies (En moisson, Chansons de Shakespeare, Choeurs...); de la musique religieuse : Saint Georges, légende dramatique pour soli et chœur (Leduc), Cantique : Qu'ils sont aimés (Leduc) ; des motets, des cantates (La Filleule des fées...) et autres pages vocales diverses : Berceuse angélique pour 4 voix de femmes (Leduc) ; des mystères et un poème symphonique qui mériterait largement de sortir de l’oubli dans lequel il est tombé : La Vision de Jeanne d’Arc. Notons également un Andante et une Pastorale pour violoncelle, harpe et orgue, un Divertissement flamand pour grand orchestre, une ouverture M. de Pourceaugnac, une pièce pour piano et violon : Sérénade sur l’eau, une autre pour piano et trombone : Solo de concert n°2 et un Gloria Pater... Il a même mené des travaux musicologiques intéressant notamment le folklore. C’est également lui qui a terminé l’instrumentation de La Vivandière laissée inachevée par Benjamin Godard et dont on connaît le succès arrivé par la suite à l’Opéra-Comique.
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Fac-similé partition manuscrite et signature autographe de Paul Vidal, extraites de sa pièce funambulesque Lélio. Collection des Morceaux manuscrits pour piano des auteurs les plus célèbres..., publiée à Paris chez Alphonse Leduc. ( exemplaire dédicacé par Émile Leduc à Madame Hedwige Chrétien, coll. DHM. )
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Paul Vidal, Morceau de lecture à vue pour piano (in Musica, n° 48, septembre 1906, coll. Max Méreaux)
Fichier audio par Max Méreaux (DR.)
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Paul Vidal est mort à Paris, le 9 avril 1931. Son frère, Joseph (1859-1924) fut également un chef d’orchestre et un compositeur réputé, principalement dans l’opérette.
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE