Gilles BOIZARD - Jean-Claude HENRY - Christian MANEN - Pierre DURAND - Alain PETITGIRARD - Antoine TISNÉ - Yves CORNIÈRE - Michel DECOUST - Xavier DARASSE - Thérèse BRENET - Lucie ROBERT-DIESSEL - Monique CECCONI-BOTELLA - Michel MERLET - Michel RATEAU - Philippe DROGOZ - Alain LOUVIER - Édith LEJET - Alain ABBOTT
1960
Gilles BOIZARD (1933-1987)
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Page de garde des Cinq pièces pour piano, révision et annotation de Gilles Boizard, Premier Grand Prix de Rome en 1960, membre des jurys au Conservatoire de Paris et directeur des concours de l'U.F.A.M. - Paris, Éditions Musicales Transatlantiques, 1965 ( coll. DHM )
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Pianiste concertiste, professeur de solfège (chanteur) au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, membre des jurys dans cet établissement supérieur, directeur des Concours de l'Union Française des Artistes et Musiciens (U.F.A.M.), Gilles Boizard s'est principalement consacré à la pédagogie, ce qui transparaît également dans son corpus musical qu'il n'a pas eu le temps d'achever.
Né le 1er août 1933 à Juniville, un petit village des Ardennes, Gilles Boizard débute enfant l'étude du piano avant d'entrer au Conservatoire de Paris. Il y poursuit ses études de solfège, d'harmonie et surtout de piano avec Yves Nat, avant d'entamer l'apprentissage de la composition qui le mène au Concours du Prix de Rome. En 1959 il remporte un premier second Grand Prix et l'année suivante, le Grand Prix avec la Cantate du Printemps de Milosz. Après un séjour de trois années à la Villa Médicis (janvier 1961 à avril 1964), Gilles Boizard réintègre le Conservatoire de Paris, mais cette fois comme professeur de solfège (chanteur), et, quelques années plus tard est également nommé directeur des concours de l'U.F.A.M. Il poursuit parallèlement une carrière de pianiste et se produit lors de concerts et récitals en région parisienne.
Décédé à l'âge de 53 ans, le 5 mai 1987 à Paris XIVe, Gilles Boizard n'a pu terminer une oeuvre commencée dans les années soixante, qui consistait principalement dans ses débuts à des ouvrages pour un ou deux instruments et des pièces de concours. C'est ainsi qu'il a écrit pour piano : Berceuse en carillon (1965, Lemoine), Partita : Prélude, Aria, Interlude, Toccata (1965, Editions Musicales Transatlantiques), Offrande d'Automne (1966, Choudens), Par le sentier bleu (1968, Combre), Musette (1969, EMT) ; pour harpe : Deux Esquisses : A l'estompe, A la pointe sèche, annotées et doigtées par Gérard Devos (1969, Rideau rouge) ; pour accordéon de concert : Accordéondes (1973, EMT) ; et pour 2 instruments : pour contrebasse et piano : Ballade (Concours CNSMP 1977, Combre), pour basson et piano : Fantaisie (Concours CNSMP 1971, EMT), pour trombone basse et piano : Diptyque "Aux statues de Bomarzo" (Concours CNSMP 1967, EMT). Ses Deux Esquisses pour harpe ont été enregistrées en 1974 à Bruxelles (disque 33 tours, "La Harpe en France au 20e siècle", Alpha 218). Plus récemment, en 2000 et 2001 son Accordéondes faisait partie des oeuvres au choix imposées pour l'option musique, exécution instrumentale, par le Ministère de l'Education nationale au baccalauréat technologique techniques de la musique et de la danse.
On lui doit également des ouvrages pédagogiques : Onze Leçons de solfège, avec accompagnement de piano, pour les concours du Conservatoire national de musique : 1er volume : 7 Leçons sur 5 clés, 4 Leçons sur 7 clés - 2e volume : Mêmes Leçons sur 2 clés (1972, Lemoine), Onze Leçons de solfège, sans accompagnement de piano, 2 volumes (1972, Lemoine), et pour piano des révisions d'œuvres avec annotations (éditions de concours utilisées aux concours de l'UFAM) parues aux Editions Musicales Transatlantiques:
- Cinq Pièces (1965) : Lied (op. 6) de Schuman, Musette (BWV Anh. 126) de Bach, Gigue "La Boiteuse" et Menuet "Le Lardon" (1er Livre de pièces de clavecin) de Rameau, Valse (KV 606 n°1) de Mozart.
- Quatre pièces (1966) : Andante religioso de Le Couppey, Menuet (7e Suite, 3e Recueil) de Haendel, L'Indifférence (2e Livre de pièces de clavecin) de Rameau, Menuet (BWV 828 (6)) de Bach.
- Cinq morceaux (1967) : Menuet (Pièces pour clavecin, 3e volume, n°7) d'Haendel, Choral (Album fûr die Jugend, op. 68) Schumann, Menuet (2e Suite française BWV 813) de Bach, Le remerciement de Couperin, La joyeuse-Rondeau (Pièces de clavecin) Rameau.
- Six morceaux (1968) : Petite Pièce (Album für die Jugend, op. 68, n°5) de Schumann, Rigaudon (2e Livre des pièces de clavecin) de Rameau, Les Amours (1er Livre des pièces de clavecin) de Dandrieu, Bourrée (6e Suite française BWV 817) de Bach, Air de chasse (Album für die Jugend, op. 68, n°7) de Schumann, Prélude de Haendel.
- Six Pièces (1969) : Musette de Gilles Boizard, Marche (BWV Anh. 122) de Bach, La Coquetterie (8e couplet des Folies françaises, ou les Dominos, 13e Ordre, 3e Livre de clavecin) de Couperin, Ecossaise (op. 33) de Schubert, Menuet (2e Livre des Pièces de clavecin) de Rameau, Valse (Albumblätter op. 124, n°15) de Schumann.
- Cinq Pièces (1970) : Un poco adagio de Clementi, Sarabande (4e Suite du 2e Livre de clavecin) de Haendel, Le Timpanon de Dandrieu, La Belle Javotte (4ème Livre de pièces de clavecin, 24e ordre) Couperin, Menuet (Suite Française pour clavecin BWV 814) de Bach.
- Six Pièces (1971) : oeuvres de Bach, Couperin, Haendel, Le Couppey, Schubert, Schuman.
Denis HAVARD de la MONTAGNE
Jean-Claude HENRY (1934-2024)
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Jean-Claude Henry ( Coll. J.C. Henry/DHM )
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Né le 30 décembre 1934 à Paris, Jean-Claude Henry a effectué la plus grande partie de ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, auprès d’Henri Challan pour l’harmonie, de Noël Gallon pour le contrepoint et la fugue, de Rolande Falcinelli pour l’orgue et l'improvisation, d’Olivier Messiaen pour l’analyse et de Tony Aubin pour la composition. Après avoir remporté plusieurs premiers Prix : contrepoint en 1955, harmonie, fugue, orgue et improvisation l’année suivante, philosophie de la musique en 1959, il décroche un premier Second Grand Prix de Rome en 1960, avec un poème lyrique Cantate du Printemps, écrit sur un texte de Milosz. L'année suivante il épouse Fanou Cotron, pianiste et compositeur, second Grand Prix de Rome en 1959, qui lui donnera deux enfants.
Après un long service militaire qu’il termine comme sous-chef de musique, il décide de ne pas se représenter au Concours de Rome et devient le suppléant de Marcel Bitsch qui vient d’être nommé professeur de contrepoint et fugue au CNSM de Paris. En octobre 1963, il est nommé professeur de solfège dans ce même conservatoire, puis de contrepoint, cet art du mouvement, à partir d’octobre 1967. Il aura la chance, jusqu'à son départ en septembre 2000, d’enseigner l’écriture à un nombre important de remarquables musiciens qui par leurs dons, leur culture et la variété de leurs fortes personnalités, seront pour lui une source d’enrichissement musical et intellectuel incessant. Les analyses, chaque année plus nombreuses, qu’il réalise pour sa classe, un échange permanent entre enseignés et enseignant, le stimuleront dans sa carrière de professeur et le soutiendront dans un constant souci de renouvellement pédagogique.
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Signature autographe de Jean-Claude Henry, en 1965 ( collection D.H.M. )
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Parallèlement à ses activités pédagogiques, Jean-Claude Henry donne un certain nombre de concerts d’orgue et écrit plusieurs pages pour cet instrument. C’est ainsi qu’à la demande de Gaston Litaize, pour la revue L’Organiste liturgique, il compose en 1961 Quatre pièces brèves sans pédale obligée : Pour un office funèbre, Pour un temps de pénitence, Pour un temps d’allégresse et Pour tous les temps ; à celle de Norbert Dufourcq, pour la revue Orgue et Liturgie : Prélude à l’Introït, Offertoire, Elévation, Communion et Postlude pour l’Office du Dimanche de Séxagésime qui seront publiés successivement dans cinq recueils entre 1961 et 1967 ; et en 1966, sur commande du Conservatoire de Paris un " morceau de concours " pour le concours d’orgue de 1967 : Chacone (éd. Leduc). Après un Mouvement pour saxhorn et piano (1972, éd. Leduc), il écrit une nouvelle œuvre pour orgue : Thalle (1973, éd. Leduc). Celle-ci, d’une écriture plus avancée esthétiquement sera à la fois vivement rejetée par certains organistes et vaillamment défendue par d’autres, au premier rang desquels il faut citer Loïc Mallié qui ne craindra pas d’inscrire cette composition au programme de plusieurs de ses concerts.
En tant qu’organiste, lauréat du Concours International d'orgue de Münich en 1959, Jean-Claude Henry est depuis 1957 titulaire de St-Nicolas-St-Marc de Ville-d’Avray, non loin de Versailles, où il à plaisir à jouer sur un orgue de 20 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier, construit par Abbey et réharmonisé par Pérou peu de temps avant son arrivée. En 1970 il succédait également à Raffi Ourgandjian à l’orgue Mutin de l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine et pouvait ainsi donner sa pleine mesure. Cet orgue important de 52 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier, construit dans une église qui est la plus importante paroisse de Neuilly, était alors utilisé pour de nombreux offices. En outre, fait assez exceptionnel pour être souligné ici, le clergé a toujours su s’entourer de musiciens de grande valeur : Henri Letocart, René Meugé, Xavier Darasse, Raffi Ourgandjian, Jean-Claude Henry, Loïc Mallié. A partir de 1975, à la suite du décès prématuré de son épouse Fanou Cotron, pris par des responsabilités familiales (ses deux enfants, Axelle et Luc-Emmanuel, ont alors 10 et 12 ans) il demandait à Loïc Mallié, organiste, compositeur et improvisateur de grand talent, de devenir cotitulaire de l’orgue1. Il continuait cependant de donner des concerts d'orgue et, après une période de silence de quelques années, reprenait le crayon.
Parmi toutes ses œuvres citons celles récemment écrites : Benthos, pour orgue (Lemoine), Toccata pour orgue (Lemoine), Voies Intérieures pour violoncelle et piano (Billaudot), Prélude pour orgue (Billaudot, collection Panoramas), Stances pour cinq cuivres (inédit), Iorti pour violon, violoncelle et piano (Notissimo/Leduc) pour une commande du Conservatoire de Paris pour le bicentenaire, Reflet froid pour hautbois et piano (inédit), Etiouse pour percussion solo (inédit), Souffles pour violon, alto, violoncelle, flûte, clarinette/clarinette-basse et piano (commande de l’Ensemble " Les temps Modernes ", Notissimo/Leduc), Traces pour piano (Lemoine, collection Ibanez), Anche, archet, marteaux... conte pour un trio pour saxophone ténor/soprano, violon et piano (Notissimo/Leduc), Trois Préludes... et une petite canzone pour orgue (La flûte de Sylphe, Hiver, Marimborg, Canzone), éditions musicales Rubin, Fontaines obscures pour violon et piano (Musicare, Conservatoire de Nîmes, non distribué), Six courtes études pour orgue avec ou sans pédale : 1) Secondes, 2) Sixtes (ces deux sans pédale), 3) Tierces et quartes, 4) Scherzetto, 5) Chants mêlés, 6) Perpetuum mobile (Editions IMD, diffusion Arpèges), Sinfonietta pour orgue, commande de l'Association des Amis de l'orgue de Saint-Cloud pour l'inauguration du grand orgue de l'église St-Clodoald (décembre 2006) reconstruit par Pascal Quoirin (inédit), Pages d'automne pour flûte et harpe (Alfonce production), Récit pour saxophone ténor ou alto solo (Combre) et Fontaines obscures II pour saxophone ténor et piano, créé le 13 janvier 2011.
En 1996, Jean-Claude Henry s’est remarié avec une de ses anciennes élèves, Rikako Watanabé, compositeur, qui lui a donné une fille, Marie-Rose. Celle-ci, après avoir obtenu une Maîtrise ès arts de composition à l'Université de musique de Kunitachi à Tokyo, a suivi parallèlement l'enseignement des Conservatoires supérieurs de Lyon et de Paris et obtenu le « diplôme supérieur dans la discipline écriture » au CNSM de Lyon, ainsi que divers premiers prix à celui de Paris. Elle est l'auteur de plusieurs œuvres pour ensemble de percussions, pour orgue et pour différentes formations instrumentales, et en avril 2002 a été nommée sur concours professeur de formation musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Fin musicien, pédagogue avisé et organiste talentueux, Jean-Claude Henry est aussi un homme chaleureux à l’écoute des autres. Les circonstances de la vie, ainsi que sa modestie, l’ont sans doute empêché de conquérir la célébrité, même si son œuvre d’une haute tenue est pleine de charme et si caractéristique de cette génération de musiciens de la fin du XXe siècle.
Denis HAVARD de la MONTAGNE
Note : Jean-Claude Henry est décédé le 12 septembre 2024 dans sa quatre-vingt-dixième année. Ses obsèques ont lieu le 18 septembre en l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine, où il fut titulaire de l’orgue entre 1970 et 1990.
Photo sa classe de contrepoint, 1979-1980.
Photo sa classe de contrepoint, 1980-1981.
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1) Jean-Claude Henry quittera St-Pierre à la fin de l'année 1990, suivant de peu Jean Couret, le maître de chapelle, et Loïc Mallié qui, professeur au CNSM de Lyon, était nommé en janvier 1989, titulaire de l'orgue de l'église St-Pothin de Lyon. [ Retour ]
1961
Christian MANEN (1934-2020)
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Christian Manen ( Coll. C. Manen )
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Christian Manen se veut en marge de tout système, utilisant les richesses que peuvent lui apporter les uns ou les autres suivant sa fantaisie. Tonale, modale, polytonale, atonale, la musique n'a pas de limites et doit refuser de se laisser enfermer dans un seul système qui limite forcément et qui confère, selon lui, uniformité et monotonie au discours musical. Il aime la couleur que seule peut apporter une modulation et c'est la raison pour laquelle il ne veut pas voir dans la tonalité le langage du seul passé. Il considère que tout est présent, que tous les systèmes peuvent coexister avec la couleur qui leur est propre et qu'il y a encore beaucoup à faire et à trouver en se servant des matériaux traditionnels. "Seule la pauvreté de l'imagination fait considérer que tout a été dit ! Une seule condition doit être remplie : sans les trois éléments que sont la Mélodie, l'Harmonie et le Rythme, la Musique ne mérite pas de porter ce nom noble et sacré, elle reste simplement un bruit..." Ce n'est pas un avant-gardiste, il n'est ni d'hier ni de demain, il vit avec son temps, c'est un musicien d'aujourd'hui.1
Né le 3 juillet 1934 à Boulogne-sur-Seine, d'un père ami d'enfance de Claude Delvincourt2, Christian Manen a commencé ses études musicales à Nice et les a poursuivies au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris entre 1948 et 1961. Durant cette longue période, il connut trois directeurs successifs : Claude Delvincourt, Marcel Dupré et Raymond Loucheur ! Elève de Berthe Duru (solfège), Jules Gentil (piano), Félix Passerone (percussion), Marcel Dupré et Rolande Falcinelli (orgue et improvisation), Louis Fourestier (direction d’orchestre), Noël Gallon (contrepoint et fugue), Henri Challan (harmonie), Norbert Dufourcq (histoire de la musique) et de Tony Aubin (composition), il a obtenu dans cet établissement huit Premiers Prix ! En outre, l'Académie des Beaux-Arts lui décernait3 en 1961 le Premier Grand Prix de Rome de composition musicale pour sa cantate La Loreley. Après quarante mois passés à la Villa Médicis dans la Ville éternelle, de janvier 1962 à avril 1965, il entama, à son retour en France une carrière aux multiples facettes : professeur, administrateur, concertiste, chef d'orchestre, organiste et compositeur.
Professeur, il l'a été de 1954 à 1999 au Conservatoire de Musique et de Danse d'Asnières, non loin de Paris, et de 1965 à 1999, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Entre temps il a enseigné au Conservatoire Supérieur de Paris (C.N.R.) et dans diverses écoles et associations, dont l’Ecole supérieure de musique César-Franck, le solfège, l'harmonie, le contrepoint, la fugue, la composition, le piano, l'orgue ou la direction d'orchestre. Depuis 1985 il assure chaque été des cours dans le cadre de l'Académie Internationale d'Eté de Nice. Hors de nos frontières, il a été chargé de cours magistraux dans divers pays, notamment en Croatie et au Maroc. De très nombreux élèves ont bénéficié de l’enseignement de Christian Manen durant ses 45 ans d’activité dans ce domaine. Parmi ceux-ci on peut citer Thierry Escaich, Pascal Devoyon, Nicolas Bacri, Pascal Godart, Raphaël Sanchez, Rémi Guillard, Alexandre Tharaud et Cédric Tiberghien...
Administrateur, il a dirigé pendant 45 ans le Conservatoire d’Asnières-sur-Seine. Depuis 1966 il est également directeur du Concours International de Musique et d'Art Dramatique Léopold Bellan.
Concertiste, il l'est depuis longtemps avec les nombreux récitals qu'il a donnés tant en France qu'à l'étranger, en particulier en Italie.
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Fac-similé d'un programme de concert ( Coll. D.H.M. )
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Comme chef d'orchestre, Christian Manen a dirigé plusieurs orchestres en France et à l'étranger, notamment l'Orchestre National de Turquie à Istanbul. Il a aussi dirigé régulièrement jusqu'en 1999 l'Orchestre des Cadets d'Asnières qu'il avait fondé en 1970 et avec lequel il a donné 98 concerts à Paris, en province, ainsi qu’à travers toute l’Europe et les Etats-Unis d'Amérique.
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Signature autographe de Christian Manen ( Coll. D.H.M. )
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Organiste, après avoir obtenu un premier Prix d’orgue en 1961, dans la classe d’orgue du CNSM où il était entré en 1956, Christian Manen partagea longtemps les claviers des églises Sainte-Geneviève et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours d’Asnières et eut maintes occasions de se produire dans d’autres tribunes parisiennes : Ste-Trinité, St-Germain-l’Auxerrois, St-Charles-de-Monceau, St-Pierre-du-Gros-Caillou, St-Pierre-de-Neuilly et Notre-Dame-d’Espérance notamment. Il avait d’ailleurs rejoint dès 1960 les rangs de l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes, alors dirigée par Henri Büsser et au sein de laquelle il milita activement lorsque fut arrivée l’époque mal comprise de Vatican II, qui eut pour triste résultat de supprimer de nos églises tant de trésors musicaux liturgiques amassés depuis des siècles.
Compositeur enfin, Christian Manen a écrit jusqu'à ce jour près de 180 œuvres orchestrales, lyriques, de musique de chambre et pour presque tous les instruments (piano, violon, violoncelle, hautbois, clarinette, saxophone, basson, trompette, trombone, percussion, ondes Martenot et bien entendu orgue), ainsi que de nombreux ouvrages pédagogiques. Son dernier numéro d'opus est une Pavane et Saltarelle pour euphonium et piano. On ne peut que déplorer que seul le tiers environ de ses œuvres soit édité à ce jour.
Tous ces titres, toutes ces fonctions, toutes ces décorations (il est titulaire de nombreuses distinctions, dont la Médaille d'or de la Ville d'Asnières et la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris) et tous ces honneurs sont cependant peu de choses au regard de la valeur de l’homme, car Christian Manen est un homme d’honneur, courtois, obligeant et dévoué qui a toujours su se faire apprécier de tous, aussi bien de ses élèves que de ses collègues. Il n’a que des amis autour de lui et c’est bien normal, puisque c’est un gentleman musicien ! Il est actuellement Président honoraire du "Tournoi International de Musique", dont il est également le Président du Jury pour la composition musicale.
Le 24 octobre 2010 à Paris s'est éteinte son épouse Svetlana qu'il avait rencontrée lors de son séjour à la Villa Médicis. Peintre réaliste, née en 1934 de parents d'origine russe, ancienne élève de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts et de l'Ecole des Arts appliqués, elle s'inspirait souvent des œuvres musicales de son mari, tout comme celui-ci s'inspirait parfois de ses peintures pour ses compositions.
Christian Manen s'est éteint le 11 septembre 2020 à Trie-le-Chateau (Oise dans sa quatre-vingt-septième année.
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
(janvier 2011 - septembre 2020)
Catalogue général et catalogue des œuvres imprimées de Christian Manen.
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1) Nous remercions vivement le compositeur d'avoir bien voulu nous faire part de sa philosophie musicale et de nous avoir communiqué la plupart des matériaux nécessaires à la rédaction de cette notice. [ Retour ]
2) Ils avaient tous deux effectué leur Communion Solennelle dans la chapelle du collège Saint-Ignace, 14 rue de Madrid, Paris VIIIe, fondé par les Jésuites en 1874. Fermé en 1904, lors du vote de la loi interdisant l’enseignement aux congrégations religieuses et la mise sous séquestre de leurs biens, le Conservatoire national supérieur de musique en provenance de la rue Bergère s’installera dans ces locaux en 1911, et le collège rouvrira ses portes rue Franklin.
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3) Les 12 membres du jury étaient cette année-là : Henri Büsser, Marcel Dupré, Louis Aubert, Emmanuel Bondeville, Paul Paray, Georges Auric, Raymond Loucheur, Tony Aubin, Darius Milhaud, Olivier Messiaen, André Jolivet et Henri Dutilleux. [ Retour ]
Pierre DURAND (1935-1998)
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Pierre Durand, 1996 ( (coll. Bernadette Durand) )
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Auteur principalement de pièces pédagogiques, Pierre Durand n’a jamais recherché la notoriété, préférant consacrer sa vie à enseigner aux autres sa passion pour l’art musical, en prenant garde de ne pas nier l’avenir, ni renier le passé, et en refusant de ne proscrire aucun système, sans forcer quiconque à tout aimer.
Né le 6 avril 1935 à Paris Ve, Pierre-Michel Durand effectue toutes ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique auprès de Vlado Perlemuter (piano), Pierre Revel (harmonie), Noël Gallon (contrepoint, fugue) et Tony Aubin (composition). En 1961, il se présente au Concours de Rome et remporte un Premier Second Prix avec la cantate La Loreley, écrite sur un poème de Guillaume Apollinaire. L’année suivante, il est pensionnaire de la Casa Velazquez de Madrid (33ème promotion artistique) et en 1969 obtient le Certificat d’Aptitude d’écriture musicale.
Pendant plus de trente années, Pierre Durand professe le solfège, matière ô combien ingrate, mais cependant indispensable et incontournable dans le cursus d’une formation musicale sérieuse. Il conservait sans doute toujours présente à l’esprit cette définition de la musique de Jean-Jacques Rousseau : " l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille ", car cet art , non naturel, émane de l’homme, au même titre d’ailleurs que tous les autres arts et obéit donc à certaines règles dont on ne peut s’affranchir… Longtemps enseignant dans des écoles de la Ville de Paris ainsi que dans certains lycées de l’Académie de Paris, il est également, entre 1971 et 1993, assistant d’une classe de solfège, puis conseiller de la bibliothèque des orchestres au CNSM. Parallèlement, à partir de 1980 il est Inspecteur de solfège et de déchiffrage (solfège et instruments) à l’Ecole Normale de Musique du boulevard Malesherbes, où il enseigne également le solfège dans les classes supérieures, et professeur d’écriture musicale au Conservatoire municipal Maurice Ravel (21, rue Albert-Bayet, Paris XIII). Durant plusieurs années, au cours des années 1990, il est chargé par Pierre Asselin de la rédaction des épreuves des concours d’écriture des conservatoires de la Ville de Paris.
Comme compositeur, Pierre Durand, parfois connu sous le nom de Durand-Audard, en dehors d’une page orchestrale intitulée Passacaille pour piano et orchestre (Billaudot), a surtout écrit de la musique pour piano ou de chambre, principalement sur commandes du CNSM ou de l’ENM. Pour le piano seul, on note chez Combre une Étude de concert (1983) et un Tempo giusto (1990), et chez Durand une Petite histoire et un Murmure. La catalogue de sa musique de chambre pour 2 instruments, excepté quelques pièces pour cordes : Rêverie pour violon et piano (Durand), deux Pièces brèves pour contrebasse à cordes et piano (Combre, 2000) et Tambourin de Printemps pour violoncelle et piano (Combre, 1983), concerne plus particulièrement les vents. C’est ainsi que l’on découvre des pages pour basson et piano : Sarments (Combre, 1995), flûte et piano : Tendre histoire (Combre, 1983), cor en fa et piano : Vers la forêt (Combre, 1990), cornet (trompette ut et si b) et piano : Variations (Combre, 1981), cornet en si b et piano : Moment musical (Leduc, 1969), hautbois et piano : Rêverie (Combre, 1987), saxophone alto ou ténor et piano : Saxo véloce (Combre, 1989), saxhorn basse (ou tuba en ut ou trombone basse) et piano : Dialogue (Leduc, 1970), Parcours (Rideau Rouge/Durand, 1975) et Tournevalse (Billaudot, 1978) …
On doit également à Pierre Durand des ouvrages pédagogiques, notamment 22 Leçons de lecture de rythme et d’indépendance pour piano ou claviers (Rideau Rouge/Durand, 1974) et quelques pages de musique de film, dont celle du court-métrage documentaire La Terre se repose, tourné en 1965 par le cinéaste Henri Théron.
Marié en 1969 à Paris avec Bernadette Hénon et père de deux enfants : Sébastien et Benoît, Pierre Durand est décédé le 31 août 1998, dans sa soixante-quatrième année, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE1
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1) Nous remercions vivement Mme Bernadette Durand d'avoir obligeamment mis à notre disposition la documentation nécessaire à la rédaction de cette esquisse biographique. [ Retour ]
1962
Alain PETITGIRARD (1940-2018)
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Alain Kremski
(Photo X...) DR.
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Alain Kremski, en réalité Alain Petitgirard, pianiste,
percussionniste et compositeur, est né le 4 avril 1940 à Paris. Son père Serge
Petitgirard, originaire de Lure (Haute-Saône), élève d’Alfred Cortot et d’Yves
Nat, enseigne durant plusieurs décennies le piano à l’Ecole Normale de musique
de Paris jusqu’à sa mort arrivée en 1990. Sa mère, Lina Kremska, également
pianiste, travaille pour la maison de disques Deutsch Gramophon avant de
devenir antiquaire. Il prendra plus tard le nom de sa mère pour pseudonyme. Mis
au piano à l’âge de 3 ans, il entre une douzaine d’années plus tard au
Conservatoire national supérieur de musique de Paris d’où il ressort 6 premiers
prix en poche (accompagnement au piano, harmonie, contrepoint, fugue,
composition, direction d’orchestre), après avoir notamment suivi la classe de
composition de Darius Milhaud et celle de direction d’orchestre de Louis
Fourestier. C’est au cours de ses études musicales qu’il reçoit le prix de la
« William and Noma Copley Foundation » pour sa première œuvre pour
orchestre composée à l’âge de 17 ans, par un jury formé de Stravinsky, Nadia
Boulanger et A. Copland. En 1961, il se présente au Concours de Rome et obtient
un deuxième second prix avec la cantate La Loreley, d’après Apollinaire,
derrière Christian Manen et Pierre Durand. L’année suivante, il concourt à
nouveau et cette fois, sa cantate Le Grand yacht Despair, paroles de
Loys Masson, reçoit le premier Grand Prix. C’est au cours du traditionnel
séjour à la Villa Médicis, de septembre 1963 à décembre 1966 qu’il se lie
d’amitié avec le directeur, le peintre Balthus. En 1968, il remporte le Grand
Prix musical de la Ville de Paris avec Hommage à Kandinsky, œuvre dédiée
à Balthus et créée sous la conduite de Marius Constant. Olivier Messiaen écrit
à ce propos : « […] Sa musique est entendue, admirablement
orchestrée. Son évolution vers le dépouillement, la simplicité, vers un
ascétisme presque oriental, est manifeste. C’est dans l’Hommage à Kandinsky que
cette évolution atteint son point culminant. J’aime cette méditation si
pure… » Puis, l’année suivante, il est récompensé par le Premier Prix du
concours international de composition Prince Pierre de Monaco (catégorie œuvres
symphoniques) avec Le Labyrinthe, pour grand orchestre. Il est aussi
lauréat de la Fondation Lili Boulanger. En 2013, lui est décerné le Grand Prix
de la Sacem pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci reflète sa passion pour la
culture tibétaine et la recherche de sonorités nouvelles asiatiques. Dans ce
domaine, on lui doit en effet Le Livre de la grande pureté pour
instruments tibétains, Méditation pour instruments tibétains, Aor
pour orgue, 2 joueurs de bols tibétains, cloches et gongs, Shambala pour
piano et 5 joueurs d’instruments tibétains, Sur le chemin des nuages blancs
pour piano, bols tibétains, gongs et orchestre à cordes, Chemins célestes
pour 2 joueurs de bols tibétains, violon, orchestre à cordes et percussion. A
partir de 1973 il constituait une collection unique en Europe : 150 cloches
dont 72 anciennes d'Iran des XVIIe et XVIIIe siècles, des cloches de Chine,
Afghanistan, Syrie, Grèce..., 13 gongs, l’ensemble suspendu sur un portique
rectangulaire en bois (4 m de long et 2 m de haut). Notons encore, dans un
autre genre et au sein de son répertoire : Exil, un ballet
liturgique pour 30 violoncelles, 10 contrebasses et 2 percussions, créé en
septembre 1973 à Vézelay, Les Révoltés, ballet pour 5 percussions,
orchestre à cordes, 5 flûtes, 6 cours, 6 trompettes et 6 trombones, Paysage
sacré pour chœur mixte, cordes, flûtes, 2 pianos, 3 percussions, carillon
ou jeu de cloches, un Concerto pour piano et orchestre et des musiques
pour le cinéma ou la télévision, entre autres, pour le film de Jean-Claude Sée,
Chant pour l’Apocalypse (1970), celui de Vladimir Forgency, Le Feu
sacré (1970), pour le court-métrage de Dominique Delouche (1973), La
Mort du jeune poète (1973) et pour le téléfilm de Jean Sagols, La Grande
chasse (1980). Comme interprète au piano, il se spécialise dans un
répertoire original et peu connu, notamment avec des œuvres de Clara Schumann, Friedrich
Nietzsche, Boris Pasternak, Georges Gurdjieff et Thomas de Hartmann, ou des
pièces rarement données et parfois transcrites, de Liszt, Schubert, Wagner,
Dvorak, Mahler, Grieg… S’intéressant aussi aux arts plastiques, il enseigne un
temps aux Beaux-Arts. Alain Kremski est décédé à Paris, le 28 décembre 2018 à
l’âge de 78 ans. C’était le frère aîné du compositeur et chef d’orchestre
Laurent Petitgirard, né en 1950, auquel il enseigna la composition.
D.H.M.
(notes provisoires)
Antoine TISNÉ (1932-1998)
( article dans la section des Obituaires )
1963
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Yves Cornière ( coll. Jeanne Cornière ) DR
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Yves CORNIÈRE (1934-2011)
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Signature d'André Cornière,1959, père du Prix de Rome ( Coll. D.H.M. )
|
Il
existe certains musiciens que la modestie et les circonstances de la
vie ont fait qu’ils se sont éloignés des chemins
de la notoriété, même s’ils ont consacré
toute : leur énergie à servir l’art pour lequel
ils ont opté dès leur prime enfance. Yves Cornière
fait partie de ceux-là ! Auteur d'une œuvre
musicale d'une grande richesse, dans la lignée d'un Debussy et
Fauré, celle-ci est méconnue et très peu jouée.
C'est grâce à ses filles, Magdalena Cambier et la
peintre et sculpteur Jeanne-Isabelle Cornière, qui défendent
la mémoire de leur père et tentent de mieux faire
connaître son oeuvre, que ses compositions nous sont à
présent connues.
Né
le 29 octobre 1934 à Paris IVe, ce sont ses parents qui lui inculquent les
premiers éléments de musique. Sa mère, née
Simone Tissier est pianiste et son père, André Cornière, également pianiste, ainsi que maître de
chapelle et organiste de l’église Saint-Lambert de
Vaugirard, dans le quinzième arrondissement parisien. Ancien
élève de la maîtrise de la cathédrale de
Rouen, celui-ci avait ensuite étudié au Conservatoire
de Paris (contrepoint et fugue avec Georges Caussade, accompagnement
avec Abel Estyle, harmonie avec Jules Mouquet, puis Paul Fauchet, 1er
prix en 1928) avant de se perfectionner dans la classe de piano de
Mme Bascourret à l'Ecole Normale de Musique (diplôme
d’exécution 1932, licence de concert 1937). Il avait
débuté sa carrière d'organiste comme titulaire
des grandes-orgues de l'église Saint-Maclou de Rouen (1919 à
1923), avant de s'installer à Paris. La musicologue française
naturalisée canadienne Irène Brisson, à l'époque
où elle habitait dans la capitale, avait pris dans sa jeunesse
quelques cours de théorie musicale auprès des leçons
de piano auprès de Simone Tissier-Cornière... On sait
qu'André Cornière se livrait aussi à la
composition, mais son œuvre n'est pas connue, en dehors d'un
Prélude pour violoncelle et
piano offert en 1930 à
l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen.
Après
avoir débuté à son tour l'étude du piano,
Yves Cornière intègre en 1950 le Conservatoire National
Supérieur de Musique, où il va fréquenter, entre
autres classes, celles d'écriture de Jeanne Leleu (1er prix
harmonie 1959) et de direction d'orchestre de Manuel Rosenthal (1er
accessit 1963). Il suit également la classe de composition de
Tony Aubin qui le mène au Concours de Rome et en 1963 il
remporte le 1er Grand Prix avec le poème lyrique Les
hommes sur la terre sur des paroles
de Robert Desnos, devant Michel Decoust et Thérèse
Brenet.
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Yves Cornière à l’orgue ( coll. Magdalena Cornière ) DR
|
Après
avoir effectué le traditionnel séjour à la Villa
Médicis du 28 janvier 1964 au 30 avril 1967, au cours duquel
il perfectionne sa direction d'orchestre auprès de Franco
Ferrara au Conservatoire Santa Cecilia de Rome, il séjourne
durant deux années en Bulgarie et en Turquie où il
enseigne l'harmonie au Conservatoire d'Ankara. C'est à cette
époque qu'il fait la connaissance de sa future épouse
d'origine bulgare et ayant passé son enfance en Turquie,
Magdalena Tolèdo, mezzo-soprano et excellente pianiste
amateure. De retour à Paris, il reprend son poste d’organiste
dans la même église que son père qu’il
avait dû abandonner lors de son séjour à Rome. En
effet, dès le début des années soixante, alors
qu’il étudiait au CNSM, il le suppléait déjà
aux grandes orgues. Cette église
avait été construite en 1854 et ce n'est qu'en 1899
qu'un grand-orgue fut construit par Louis Debierre. Cet instrument
possède actuellement 31 jeux réels répartis sur
3 claviers et un pédalier. Florent Schmitt l'a notamment
touché au début du XXe siècle, ainsi que Suzanne
Chaisemartin un peu plus tard, avant d’être nommée
à Saint-Augustin. Yves Cornière
restera à Saint-Lambert jusqu'en octobre 1999, date à
laquelle il prend sa retraite.
Dans
les années 1990, il se consacre davantage à la
composition et plus particulièrement à son imposante
Suite Turquoise ou La Dissidence
joyeuse (1992-2011) pour
orchestre symphonique, écrite en souvenir de son séjour
en Turquie. Cette œuvre composée de 6 mouvements
(Ouverture, Andante, Menuet, Sicilienne, Nocturne élégiaque
et Toccata) et dont il écrira également des versions
pour piano seul, pour piano (ou orgue) et orchestre, ne sera jamais
jouée de son vivant. A à ce jour (2016) elle ne l'a
toujours pas été dans sa version symphonique. Seule, la
version pour piano a été interprétée par
François Henry le 29 mai 2015 au Lyceum Club Internazionale de
Florence (Palazzo Giugni Fraschetti), lors d'un concert-hommage au
compositeur.
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Eglise Saint-Lambert-de-Vaugirard (Paris XVe) au début du XXe siècle. ( cliché LL )
|
L'oeuvre
d'Yves Cornière comporte une trentaine d'opus, mais si
celle-ci semble assez réduite, elle est par contre d'une
grande valeur car elle émane d' « un
fin connaisseur et expert de la technique musicale »,
comme le souligne si justement le professeur et pianiste italien
Giuseppe Meini, qui ajoute par ailleurs qu' « il s'agit
d'une musique sans aucun doute moderne, mais qui est toutefois
fermement ancrée dans le classicisme et, plus généralement,
dans la lignée des grands compositeurs de l'époque
ancienne aux temps modernes. »
Son
catalogue est composé de pages pour piano : Air
de chasse, op. 1 (1941), Suite
enfantine, op. 2 (1942-1945), Danse
arabe (1944), Danse
africaine (1947), Rapsodie
hongroise (1949), Toccata,
op. 6 (1960), Bagatelle néo-baroque
(1974) ; de pièces de musique de chambre : Deux
mouvements en trio pour violon,
violoncelle et piano, op. 9 (1961-1962), Arioso
pour trio à cordes ou à vents, ou orgue ou piano ;
de morceaux faisant appel à la voix : L'Absence,
op. 8, pour soprano et piano (1962), L'Ile,
pour choeur et orchestre (1963, inachevé), Ciels,
op. 13b, pour choeur mixte et orchestre (1963), Odelette,
op. 11, mélodie pour voix de femme et orchestre sur un poème
d'Henri Régnier (1963), Salomé,
op. 17, id. (1965), Sur une image de
la France Croisée, peinte par Romaine Brooks,
op. 18, id., (1966), Ophélia
(paroles de Rimbaud) pour 2 voix de femmes (1989) ; d'oeuvres
concertantes : Scherzo
symphonique pour piano et orchestre
(1ére
audition en 1964 à la R.A.I), Larghetto
pour piano et orchestre de chambre (1986) ; de pages
orchestrales : Trois Flores :
1 - Frédéric Chopin (Étude
en fa majeur, Prélude en ré bémol, Étude
en ut majeur, Nocturne en ut mineur, Étude en dièse
mineur - Supplément : 3
Études en mi majeur, en mi
mineur, en ut mineur), 2 - César Franck (Pastorale,
Cantabile, Allegretto cantando, Troisième Choral),
3 - Claude Debussy (En bateau, Clair
de Lune, Arabesque, La fille aux cheveux de lin, Ballet)
(1989), Barcarolle fantasque
(2007). On lui doit aussi des pièces religieuses, dont un Ave
Maris stella, op. 16, pour choeur
mixte a capella (1964) et la musique pour le documentaire Revivre
écrite pour piano et quatuor à cordes, op. 15,
(commande du ministère PTT, 1963).
Yves
Cornière, décédé le 29 novembre 2011 à
Paris XVe, à l'âge de 77 ans, a été inhumé
au cimetière de Triel-sur-Seine (Yvelines), à l'issue
de ses obsèques célébrées le 2 décembre
en l'église Saint-Léon (Paris 15e).
Sa fille, Jeanne-Isabelle Cornière (Paris, 1974), peintre, sculpteur, docteur en Histoire de l’art, est installée à Florence (Italie) depuis 2003 où elle dirige de nos jours l’atelier d’art « Isabelle Art Studio » (www.painting-courses-florence.com et https://www.jeanne-isabelle-corniere.com).
La danseuse et chorégraphe Anne Sendrez (née Cornière),
qui fut mariée un temps au compositeur et pianiste Michel
Sendrez, est une sœur d'Yves Cornière.
Denis
HAVARD DE LA MONTAGNE
(mars 2001 – mise à jour : décembre 2019)
|
Samedi 21
décembre 2019 à 16h00
Conservatoire
à Rayonnement Régional de Paris (Auditorium Landowki)
14 rue de Madrid, Paris
8e
* Patrick LOISELEUR : Triptyque pour 2 pianos (Philippe
Hattat et Orlando Bass).
* Nicolas MIASKOVSKY (1881-1950) : Sonate pour piano n° 2 (Sabine
Weyer).
* Yves CORNIERE : Trio avec piano (François Henri, piano -
Marie-Claudine Papadopoulos, violon - Marc-Antoine Novel, violoncelle).
* Nicolas BACRI : Of Time and Love, Cantate n° 8 sur trois
sonnets de Shakespeare, n° 64, 63 et 65 (Marie-Laure Garnier, soprano et Mary
Olivon, piano).
* Olivier GREIF : Chants de l'âme, fragments (Marie-Laure
Garnier, soprano et Philippe Hattat, piano) - Petite Cantate de chambre
(Marie-Laure Garnier, soprano, Philippe Hattat et Mary Olivon, piano).
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Michel DECOUST (1936)
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Michel Decoust ( photo © Guy Vivien, tous droits réservés ) DR
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Repères
biographiques
1956 à 1965 :
revient en 1956 à la musique et réintègre le
Conservatoire où il remporte quatre 1er Prix : solfège
spécialisé avec Yvonne Desportes, harmonie avec
Georges Dandelot, analyse avec Olivier Messiaen, direction
d'orchestre avec Louis Fourestier, et deux 2e Prix :
contrepoint avec Yvonne Desportes et composition avec Darius Milhaud
et Jean Rivier.
1962 :
concourt pour le Grand Prix de Rome, mais son poème lyrique
pour baryton, basse et orchestre Le
grand yacht Despair,
sur des paroles de Loys Masson, n'est pas récompensé.
1967 :
compose Polymorphie
pour grand orchestre. Créée au Festival international
d'art contemporain de Royan par l'Orchestre National dirigé
par Maurice Leroux, cette « œuvre expérimentale
avec sons atomisés », donnée dans la
cathédrale de Royan, sera à l'origine d'un scandale
esthétique. Les vingt groupes instrumentaux télécommandés
électriquement étaient placés à 22
mètres de hauteur pour « noyer dans le
son » les auditeurs.
1967
à 1973 : durant cette période, explore la plupart
des genres musicaux mais finira par revenir in
fine à une
conception plus classique, après avoir déclaré
que l'expérience du sérialisme « compte
parmi mes plus grands échecs ».
1969 : épouse
la soprano Irène Jarsky, née à Toulouse le 8
juillet 1939. 1er Prix de chant et d'art lyrique au Conservatoire de
Paris (1964, 1965), interprète de la deuxième Ecole de
Vienne et de la musique française du XXe siècle, elle
sera successivement co-fondatrice du Conservatoire de Pantin qu'elle
dirigera de 1976 à 1980, professeur au Conservatoire royal de
Liège (1982-1985), au Conservatoire de Cergy-Pontoise
(1984-1987), puis en 1990 chargée de cours permanents au CNRS
de Bordeaux, avant d'être nommée l'année
suivante Inspecteur principal à la Direction de la musique du
Ministère de la Culture et détachée au CNR de
Bordeaux jusqu'en 2006.
1971 :
M.U.R.
pour choeur. Aentre
pour 3 cuivres et bande. C.H.9.A.M.J.
pour vents, percussions, ondes Martenot, harpe, alto, vibraphone,
marimba, contrebasse et guitare électrique. L'Enterreur,
musique théâtrale pour contrebasse, piano, poste de
radio.
1980 :
Traduit du silence
pour clavecin, violoncelle, clarinette, clarinette basse et voix,
sur un texte de Joël Bousquet. Pour
70 doigts, œuvre
pédagogique pour 7 instrumentistes.
depuis 1981 : est
sous contrat avec la maison d'édition Salabert. Auparavant,
ses œuvres, dont une partie reste inédite, sont éditées
chez Billaudot ou Durand.
1984 :
Folio 4,
œuvre pédagogique pour quatuor de percussionnistes.
Les Galeries de pierres
pour alto solo. Xelis
pour percussionniste soliste. Café-Théâtre,
11 chansons-mélodies pour soprano et piano sur des poèmes
de Philippe Soupault.
1985 :
Eole
pour quatuor de flûtes. Sonnet
pour 12 instrumentistes. 7
¼, œuvre
pédagogique pour piano solo (4 pièces). Cantilène
pour hautbois solo. Aubes
incendiées pour
récitante et 12 instrumentistes, texte de Philippe Bonzon.
Quais,
musique théâtrale pour soprano et harpe.
1986 :
Lierre
pour cordes. Ombres
portées, œuvre
pédagogique pour 8 instrumentistes. Ouverture,
musique théâtrale pour 5 instrumentistes. Figures
II pour basson et
contrebasse à cordes. Symétrie
pour petite formation d'orchestre d'harmonie. 5
Mélodies (Bleus)
pour soprano et piano, texte de Blaise Cendras. Sept
Chansons érotiques
pour soprano et piano, sur des poèmes de Michel Butor, l'abbé
d'Attaignant, Clarisse Nicoïdski, Louise Labé, Pierre
Louis, Maurice Rollinat et Paul Verlaine. Marbres
pour bande magnétique 4 pistes.
1987 :
Je, qui d'autre
pour soprano, ténor, baryton et ensemble instrumental, texte
de Philippe Bonzon. De
la gravitation suspendue des mémoires pour
orchestre. Hommage à
Maurice Ravel pour
orchestre. Les Fruits de
la passion pour 10
instrumentistes.
1991 :
8 Mélodies en
trio pour voix de
basse, clarinette basse et piano, poèmes de Rimbaud, Rilke,
Pétöfi, Milosz.
1997 :
A l'orée des
ajours pour voix de
soprano, clarinette et percussion, sur un texte de Philippe Bonzon.
L'Accent grave et
l'accent aigu pour voix
d'enfants accompagnées d'un ensemble instrumental, sur des
poésies de Jean Tardieu. Les
Pas du temps pour
flûte, violon, alto, violoncelle et harpe.
1998 :
Les Mains déliées
pour récitant, soprano solo, choeur mixte et orchestre, sur
des textes d'Azema-Aubry, Marie-Odile de la Cour et Victor Hugo
(pour le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage).
1999 :
Cabaret X,
3 mélodies pour voix et piano : Reflets
sur le lac de Garde
(Jean Tardieu), Tango
argentin (Jean-Marc
Stricker), La Marchande
de cons (Charles
Collé).
2005 :
Âmes errantes 1,
2, 3 pour voix, piano
et contrebasse, sur un poème de Bruno Edmond.
2007 :
Messe Saint-Prève
pour baryton, soprano, orgue positif, hautbois, cor, violoncelle et
assemblée (création le 12 août au Prieuré
de Pommiers-en-Forez). Concerto
pour cor et orchestre.
2010 :
Et la lumière
encore pour 2 voix
solistes (soprano, baryton), choeur mixte et ensemble instrumental,
sur des textes d'Ovide et Victor Hugo (pour les 700 ans de la
cathédrale de Sées célébrés le 25
septembre).
D.H.M.
(octobre
2013)
1964
Pas de premier prix.
Xavier DARASSE (1934 - 1992)
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Xavier Darasse ( photo aimablement communiquée par Les Arts Renaissants, Toulouse )
|
Le 24 novembre 1992, à Toulouse sa ville natale, est décédé le directeur du Conservatoire de Paris, Xavier DARASSE, des suites d'un cancer. Né le 3 septembre 1934, il fut tout d'abord l'élève de sa mère organiste de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, puis de Maurice Duruflé (orgue) et d’Olivier Messiaen (composition) au Conservatoire de Paris et remportait un second Grand Prix de Rome en 1964, après avoir obtenu le ler Prix d'orgue en 1959.
Professeur d'orgue au conservatoire de Toulouse (1964), producteur d'émissions musicales à France-Musique (1962-1975), il menait une brillante carrière d'organiste qui fut, hélas, interrompue en 1976 après un grave accident au cours duquel il perdit l'usage d'un bras. Il se jetait tout entier dans l'enseignement et professait l'orgue au Conservatoire de Lyon (1985) avant de prendre la direction de celui de Paris en septembre 1991, où il succédait ainsi à Alain Louvier. Il avait été un temps organiste de l'église Saint-Pierre de Neuilly dans les années 1960. Curieux de toutes les musiques, il avait créé des œuvres contemporaines et joua un rôle important au sein de la commission de restauration des orgues. Il a beaucoup écrit pour l’orgue et travaillait ces derniers mois à un opéra Le Portrait de Dorian Gray, d'après un roman de Wilde. Homme de cœur et d'esprit, il laisse un vide dans le monde musical.
La ville de Toulouse, afin d'honorer sa mémoire, a donné son nom à une fontaine qui coule pour l'éternité.
Denis HAVARD DE LA MONTAGNE (notes provisoires)
Xavier Darasse faisait partie du jury et proposait les thèmes pour l'improvisation lors du concours d'orgue 1978 au CNSM de Paris.
Xavier Darasse
________________________________________biographie
Xavier Darasse naît, à Toulouse, le 3 septembre 1934, dans une famille de musiciens. Sa mère, Renée Darasse-Laroyenne, élève de Marcel Dupré, est organiste de la Cathédrale Saint-Etienne. Son père, Joseph Darasse, est organiste amateur, et son oncle, Monseigneur Louis Ollier, est Maître de Chapelle de la Cathédrale.
Il commence à 5 ans l’étude du piano, qu’il poursuivra, sur les conseils de Marcel Dupré, ami de la famille, jusqu’à 18 ans. Marguerite Long, l’ayant entendu, lui conseille d’entrer au Conservatoire et de se consacrer à la musique. Il s’inscrit au Conservatoire de Toulouse où il obtient les premiers prix de solfège, d’harmonie et de piano en 1950.
Agé de 16 ans, il se rend à Paris afin de continuer ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique. Il y suit la classe d’harmonie de Maurice Duruflé où il obtient u premier prix en 1954, puis l’année suivante les premiers prix de contrepoint et de fugue dans la classe de Simone Plé-Caussade. Après avoir suivi les cours de Rolande Falcinelli, il décroche, en 1959, les premiers prix d’orgue et d’improvisation. S’ajoutent à ces diplômes, en 1965, les premiers prix de composition et d’analyse musicale, dans les classes respectives de Jean Rivier et d’Olivier Messiaen.
Nommé titulaire des grandes-orgues de Saint-Pierre de Neuilly, en 1962, il est également producteur d’émissions sur France Musique, activité qu’il poursuivra jusqu’en 1975.
En 1963, la société des " Amis de l’Orgue " lui décerne un premier prix de virtuosité. Il est nommé professeur à Angers, et commence une carrière de concertiste qui le mènera dans le monde entier. Dans un souci d’ouverture, il se tourne vers le passé et étudie avec ferveur les traités des Maîtres anciens, tout en jouant des œuvres contemporaines qu’il présente en création dans les festivals " d’avant-garde ".
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Les Arts Renaissants
24, rue Baragnon, 31000 Toulouse
tél. & fax : +33 (0)5 61 25 27 32
Les-Arts-Renaisants@wanadoo.fr |
Il obtient, l’année suivante, en 1964, le Premier-Second Grand Prix de Rome.
En 1965, il se voit attribué le Prix Rameau. Il s’établit à Toulouse où il crée la classe d’orgue du Conservatoire National de Région.
En 1966, il obtient le Premier Prix d’exécution et improvisation des " Amis de l’Orgue ".
Dès 1967, et jusqu’en 1973, Xavier Darasse est Directeur Musical du Centre Culturel de Toulouse.
Le 30 octobre 1968, il est nommé par André Malraux, Membre de la 5ème section, " orgues historiques " de la Commission Supérieure des Monuments Historiques.
En 1969, l’Académie Charles-Cros lui décerne un grand prix du disque pour son enregistrement de la Messe du 3ème ton d’André Raison et des 5 fugues de Jean-Henri d’Anglebert. Cette même année, il compose " Espace ", ballet commandé par le festival " Messidor " de Toulouse pour célébrer le lancement de l’avion " Concorde ".
En 1970 , il compose son premier Organum.
Il participe dès lors à d’innombrables académies d’été, master-classes, jurys, tout en donnant de nombreux concerts, laissant partout l’image d’un homme sympathique et plein d’humour. Académies d’été à Saint-Maximin du Var (1971 et 1972), Saint-Hubert (Belgique 1973 et 1974), Saintes (1974 et 1975), Saint-Dié (1976), aux U.S.A. (1978), Internationale Studienwoche Sinzing en Allemagne (1981 – 1983), à Haarlem (Pays-Bas, 1982, 1984 et 1985), master-classes au Japon (1984 et 1985), au Luxembourg (1985), à Toulouse… 50 concerts au U.S.A. (1974 à 1976), concerts en Allemagne, en Autriche, au Canada, en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, etc… Membre de Jury à Bruges, Chartres, Paris, Nimègue, Haarlem, Nuremberg, Tokyo, Dublin... Il participe au Festival d’automne de Varsovie, festival des Flandres, Liège Anvers, Bruxelles, Nimègue, Haarlem, Loyola, Mahon (Espagne), Royan, Aix-en-provence, Avignon, Saint-Donnet, Bordeaux, Metz, Prades, Festival Estival de Paris, Festival de Musique Sacrée (Paris), Toulouse…).
Le mercredi 6 octobre 1976, après un concert à la Cathédrale de Condom, Xavier Darasse s’endort au volant de son véhicule : son bras est sectionné dans l’accident. Malgré une greffe réussie, il ne pourra plus jouer de l’orgue. Il se tourne alors vers la composition, sans délaisser pour autant l’enseignement ; ainsi ; le catalogue de ses œuvres s’allonge d’une ou de deux pièces par an.
En 1980, l’Institut de France lui décerne le Prix de Musique de l’Académie des Beaux-Arts.
En 1981, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Il est nommé, en 1985, Professeur de la classe d’orgue du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon.
En 1989, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Il est nommé, en 1991, Directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
En 1992, il reçoit la Médaille d’Or de la Ville de Toulouse.
Il décède des suites d’un cancer, le 24 novembre 1992.
A propos des œuvres
liturgiques et vocales sacrées de Xavier Darasse
Xavier
Darasse a composé la musique de trois messes : Messe des Jacobins (1974),
Messe pour Montserrat (1978), Messe pour les paroisses (1989).
« La consécration de l'autel des Jacobins :
Le sommet des célébrations du Centenaire fut certainement atteint
le mardi 22 octobre (l’anniversaire exact de la Dédicace des Jacobins en 1385)
par la consécration solennelle du nouvel autel. […]
Au même moment éclatait avec puissance le chant des litanies des
Saints, composées tout exprès par le maître Xavier Darasse, scandées par
les chœurs, la foule, les cuivres et les percussions répondant aux invocations
lancées par le soliste. […]
Embrasement de l'autel enfin par cinq grandes flammes d'encens
symbolisant tout à la fois la prière du peuple chrétien et le don de l'Esprit
Saint répandant en nos cœurs la flamme de l'amour divin, tandis qu’alternaient
les sublimes mélodies du chant grégorien et les antiennes incantatoires et
mystérieuses de Xavier Darasse.
Puis c’était la messe proprement dite. Cette messe a été écrite
pour la circonstance par Xavier Darasse et gardera sans doute dans
l’histoire le nom de « Messe des Jacobins » ; elle traduit la joie,
l’enthousiasme et la prière fervente de la cérémonie. »
(Bulletin de littérature
ecclésiastique, janvier 1975, p. 35-36)
« En
vue du Congrès Eucharistique :
La
Messe de Montserrat de Xavier Darasse sera exécutée en l’Église des
Dominicains, le dimanche 14 juin 1981, avec la participation de l’Ensemble
vocal Alix Bourbon. Cette messe sera précédée d’une conférence donnée par
Xavier Darasse à la Salle Tolosa, le mardi 26 mai 1981 à 21 heures. »
(Bulletin de littérature ecclésiastique,
janvier 1980, p. 94)
« Il
semble qu'aujourd'hui, après les œuvres d'inspiration religieuse (c'est-à-dire
partant d'un argument religieux, mais écrites dans le style musical de l'opéra)
du XIXème siècle, on assiste à la création d'œuvres plus directement sacrées et
même liturgiques, qui sont écrites dans des styles extrêmement différents les
uns des autres, selon la personnalité de leurs auteurs (depuis la «musique
mystique» d'Olivier Messiaen jusqu'aux messes de Xavier Darasse, Maurice Ohana,
créées au cours de célébrations). »
(Revue de l'Institut catholique de Paris,
avril 1991, p. 136)
« J'ai
fait partie du jury d'un concours organisé par le CALM (Centre d'action
liturgique musical) rattaché à cathédrale de Paris. […]
La
musique qui a été primée est la messe « Upon la mi ré » de Christian
Villeneuve, qui n'a d'ailleurs pas connu un grand succès, malgré ce prix. A été
également primée et citée la messe que Xavier Darasse avait écrite pour
Montserrat, et dont on ne connaît pratiquement actuellement que le Notre
Père. »
(La Maison-Dieu, octobre 1996, p. 71)
Collecte : Olivier Geoffroy
(novembre 2024)
1965
Thérèse BRENET (1935- )
Pages spécifiques :
Biographie et extraits sonores
Extraits des Mémoires de Thérèse Brenet
Fugues du concours de Rome (partitions et MIDI)
Catalogue des œuvres
Photos de la Villa Médicis par Adolfo Tomeucci
Lucie ROBERT-DIESSEL
1966
Monique CECCONI-BOTELLA (1936- )
Monic Cecconi qui met en musique en
1963, alors qu’elle est étudiante au Conservatoire de Paris, le poème Crépuscule
(Un éléphant dans sa baignoire/Et les trois enfants dormant/Singulière
singulière histoire/Histoire du soleil couchant) de Philippe
Soupault (1949) peut-elle pour autant être considérée comme compositrice
surréaliste ? Que signifierait ce qualificatif ? Le goût du réel,
transfiguré, modelé par l’imaginaire. En ce sens on peut répondre oui et le
choix qu’elle renouvelle l’année suivante d’associer sa plume à celle de
l’écrivain – dont elle reste l’amie jusqu’à la mort du poète en 1990 – pour Chercher
le silence (pour soprano, piano, violon et violoncelle), et Chansons de
la folie douce (pour soprano, baryton et orchestre) le confirme.
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Monic Cecconi-Botella à son piano jouant du Brahms, 2014
(photo X...) DR.
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Née le 30 septembre 1936 à
Courbevoie, en région parisienne, elle est destinée à effectuer des études
dentaires, ses parents étant tous deux chirurgiens-dentistes, ainsi d’ailleurs
que ses ancêtres paternels avec son bisaïeul Ludovic Cecconi, né en 1848 à Rome
qui s’installe plus tard en région parisienne. Sa grand-mère paternelle, Jeanne
Broutin (1906-1985) est, quant à elle, l’une des premières femmes
chirurgiens-dentistes. Mais, la musique l’attire davantage et après avoir
sérieusement travaillé le piano avec Yvonne Lefébure et sa répétitrice Germaine
Mounier à l’Ecole Normale de Musique, elle rejoint en 1957 le Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris. Elève des classes d’harmonie de Maurice
Duruflé (1958 à 1962), de contrepoint et fugue de Simone Plé-Caussade, elle
suit également celle de Henri Dutilleux pour la composition, qu’elle travaille
aussi avec son successeur Jean Rivier. Récompensée par des prix dans ces
diverses disciplines entre 1960 et 1966, elle décroche le Premier Grand Prix de
Rome de composition en 1966. Le texte proposé aux candidats, La Muse qui est
la grâce, est la quatrième des Cinq Grandes Odes de Paul
Claudel. Rendant compte du travail de la lauréate, Bernard Gavoty en souligne
certains détails heureux : « La voix du soprano éclosant comme une
fleur dans la nuit au sommet d’un crescendo et déroulant une longue vocalise
était une trouvaille. »
Pendant trois ans à la Villa
Médicis, où elle séjourne de janvier 1967 à avril 1970, elle se laisse
imprégnée par le génie italien et l’émancipation esthétique qu’elle y gagne
n’est pas étrangère au vœu libératoire du surréalisme ! Elle compose
pendant cette période plusieurs œuvres qui sont créées à Rome : le Concerto
pour piano et orchestre par le pianiste Claude Bonneton, Vocale pour
soprano et 3 percussions, Imaginaires pour 6 percussions (Leduc) pour
« Les Percussions de Strasbourg » et Mégarythmies (Billaudot)
pour l’orchestre de la RAI. Ellipseis pour piano (1967) date aussi de cette
époque (Delatour).
De retour en France elle ne cessera
de poursuivre cette activité créatrice en la conjuguant à sa vie d’épouse
(mariée durant son séjour à Rome en 1968 avec Roger Botella) et de mère
(d’Antoine Botella) ainsi qu’à des fonctions de pédagogie et de prospective
musicale. C’est associer l’imaginaire à l’action !
Au fil des œuvres qui apparaissent,
se fixent peu à peu les traits dominants de sa personnalité musicale. D’abord
s’affirme son goût pour l’expression vocale. A la voix elle va demander
de toucher, de caresser, d’effrayer, de rire, de faire rire…. Si elle apprécie
et respecte la nature des voix, écrivant pour tous les timbres et registres, y
compris les voix d’enfants, elle en sollicite une matière dense. Elle la
sculpte en larges mouvements avec des tracés solides et exigeants. Elle
n’hésite pas devant les envolées fluides ni les articulations rugueuses. Les
mots infléchissent sa sensibilité et forcent son écriture. Son style se nourrit
de leur contact. Ils fécondent les intuitions dramatiques, source de son
imaginaire.
Dans ses mélodies elle sait
cultiver le charme ou l’ironie d’un texte en l’isolant clairement d’un soutien
pianistique de consistance harmonique et rythmique acérée et ferme mais elle
use le plus souvent de son pouvoir concrètement sonore autant que de sa
signifiance pour l’intégrer à la globalité d’un matériau multiple. Les
ensembles instrumentaux abondent en juxtapositions saisissantes, colorations
contrastées qui laissent filtrer poésie, tragique ou humour et se mêlent
parfois aux chuchotements et bruits d’une bande préenregistrée.
Son conte musical Il était une
fois l’été (1976), « réflexion sur la mer, le soleil et
l’éternité » entoure ainsi le soprano d’une enveloppe faite d’un ensemble
instrumental et d’une bande magnétique, « usage sobre de moyens
variés » apprécie Gérard Manoni, ajoutant : « L’œuvre est d’une
belle densité et séduit par l’emploi personnel et en même temps logique de
procédés que l’on n’utilise pas souvent avec ce goût et ce discernement. »
Elle a été créée à Paris par Christiane Issartel (soliste) et l’Orchestre de
l’Itinéraire, sous la direction de Boris de Vinogradow.
Dans la pièce de musique de chambre
Instants pour mezzo colorature, clarinette et orchestre à cordes (1973),
qui est une commande de Radio France, la voix s’enchevêtre intiment au
buissonnement sonore, s’y enroule ou s’en échappe en fusée avant de s’infiltrer
dans une polyphonie ondoyante. Cette page est créée en 1970, salle Gaveau à
Paris, par Anne Bartelloni, Guy Deplus et l’Orchestre de chambre de l’ORTF sous
la direction d’André Girard.
Les formations purement
instrumentales, quant à elles, proposent souvent des palettes de timbres
originales tels Silences pour quatuor d’anches (1972, Billaudot) ou Les
oiseaux sont encore autorisés à voler, commande du Ministère de la culture
(1982), qui ajoute un cor à cette formation. Elles permettent de jouer des
rayonnements imprévus d’un éclat sonore ou d’une intrusion rythmique. La
percussion intervient, en effet, souvent dans leurs agencements comme Alpha
pour 6 guitares et 4 percussions (1971), nombre d’œuvres lui étant, d’ailleurs,
entièrement consacrées comme Imaginaires (1968) pour 6
percussions et un danseur ad libitum (Leduc), qui façonne un espace visuel accordé
au rythme du sonore.
Inhérent à la conception de toutes
ces œuvres, c’est un sens dramatique puissant qui fertilise la pensée de Monic
Cecconi. Il trouve, bien sûr, à s’épanouir tout à fait dans le genre de l’opéra
qu’elle a cultivé très tôt. Sa première œuvre destinée à la scène, La
Méprise (texte de Pierre Gripari) pour 2 voix et 7 instruments date de 1969
et quelques années plus tard est créé Prière d’insérer (1975). Adaptant
à l’art théâtral la sûreté de son approche narrative, la perspicacité de sa
perception plastique et l’inventivité de son langage, elle multiplie les
productions dans ce domaine. Les circonstances la conduisent à s’adresser
plusieurs fois avec une confiance généreuse aux enfants en tant qu’acteurs ou
spectateurs : Le Gollum, micro-opéra pour enfants, sur un livret de
Françoise Arquetout, est créé en 1987 en région parisienne et Opéraclown
(grand chœur) pour enfants (Billaudot), sur un livret de René Pillot, le sera
en 1993 dans la région Nord-Picardie. Coco et la Confiture, conte
musical à l’intention des enfants de moins de trois ans, commande des éditions
Gallimard, est publié en 2000.
Elle reçoit en 1988 une commande de
Radio-France pour ce qu’elle appellera un opéra-conte et qu’elle prend grand
plaisir à concrétiser : La Femme de l’ogre pour 4 solistes, chœur
mixte, chœur d’enfants, orchestre de chambre (Billaudot), créé par l’Orchestre
Philharmonique de Radio-France, sous la direction de Boris de Vinogradow. La
librettiste Pierrette Fleutiaux s’y est penchée sur la femme qui vit avec
l’ogre et ses amis-ogres mais qui, devant la férocité de ces individus gardent
« sensibilté et tendresse pour sauver le petit Poucet et ses
frères. » Dans ce conte fantastique, insiste la compositrice, l’un des
personnages toujours présents est la Forêt (mezzo-soprano).
Opéra fantastique aussi mais
d’après Maeterlinck, Le Triangle de cristal voit le jour en 1994, sur un
livret de Françoise Arquetout.
Monic Cecconi, tentée par toutes
les expériences de pluralité artistique, a vu créée le 9 juin 1984, par
l’Orchestre de chambre Aquitaine dirigé par Jacques Pernoo, la version
télévisuelle (sur FR3) de son opéra en deux parties Noctuaile, pour 4
solistes, soprano lyrique, contre-ténor, mezzo-soprano, soprano, groupe vocal
féminin, orchestre de chambre. Pour construire cet ouvrage, écrit sur un livret
de René David qui met en cause l’arbitraire du pouvoir, elle a assemblé des
éléments bruts tels que sons, bruits, phonèmes et des éléments musicaux
élaborés avec une ingénieuse maîtrise. La presse, après la diffusion, en a
souligné « le constant équilibre et l’harmonie parfaite » et, notant
que « la mise en scène avait utilisé toutes les possibilités de la télévision,
espéré voir dans cette réalisation lae naissance d’un nouveau langage
lyrique ». Cette œuvre lui vaut un Grand Prix de l’Académie du Disque
français et du Film musical (1984).
Que n’a-t-on renouvelé un tel
spectacle !
Pour Monic Cecconi apparut,
quelques années plus tard, l’espoir d’un objectif de spectacle qui allait
remplir ses attentes : œuvrer pour une grande scène lyrique sur un sujet
qui la mobilisait pleinement. En 1986 elle avait participé, avec son opéra en 4
actes Il signait… Vincent, pour 8 solistes, 1 rôle parlé, chœur mixte et
quintette à vent, aux côtés d’autres compositeurs (Jacques Charpentier, Antoine
Duhamel, Jean-Michel Damase, Janos Komives et Jean Prodromidès) à un
« Hommage à Van Gogh » rendu à Auvers-sur-Oise. Dès ce moment-là elle
eut « le sentiment de suivre la vie d’un héros d’opéra : un
personnage tragique, mystérieux, en marge de la société de son époque, en lutte
contre lui-même, mais aussi un être humain avec ses sentiments, ses désirs, ses
déceptions, ses bonheurs, un être destiné à n’exister réellement qu’après sa
mort ».
L’idée du personnage que pouvait
représenter un tel génie multiple ne la quitta plus et s’incarna peu à peu
comme le héros de cet « opéra-passion ». Jacques Unal conçut un
livret d’après la correspondance avec Théo, qui joue d’ailleurs le rôle de
protagoniste, impossible à confier à Vincent car, pour la compositrice,
« il était bien prétentieux et impensable de faire apparaître sur scène un
ténor-sosie de Van Gogh. » Le déroulement de l’œuvre suit une immense
progression dramatique qui éclaire la dualité du personnage, homme ou génie,
coupable ou victime ? heureux ou malheureux ? L’opéra évolue sur deux
plans différents puisque c’est « un journaliste actuel qui enquête
sur les raisons du suicide du peintre. Les quatre actes dessinent les grands
épisodes de sa vie, plus précisément ses liens avec les quatre personnes qui
ont joué un rôle très important pour lui (trois femmes qu’il a aimées et
Gauguin) ». Le chœur intervient tantôt pour commenter, tantôt pour refléter les
pensées de Vincent ou les sentiments de la foule et, dans la cohérence de
l’action, l’orchestre (Théâtre de Tours, Annick Minc) dans lequel tous les
instruments sont traités en soliste, passe des couleurs les plus sombres à des
plages de violence de plus en plus rapprochées et « jusqu’au tournoiement
aveuglant de soleils arlésiens dans les cris multiples d’oiseaux
blessés ». Le critique qui relève cette image forte l’a notée lors de la
création de l’œuvre au Grand Théâtre de Tours où elle a été montée en 1991 dans
une mise en scène de Michel Jarry qui s’est senti exalté dans son travail par
ce livret « fort » et cette partition « porteuse d’émotion, de
tourment et de passion »
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CNSMP, 1990-1991, classe d'analyse musicale de Monic Cecconi-Botella
(photo X...) DR.
Grand format ici |
A l’époque où son opéra Il
signait… Vincent remporte donc un grand succès, Monic Cecconi était déjà
depuis quelques années professeur au CNSMP (1982 à 2003) où elle enseignait le
solfège et l’analyse musicale à de jeunes instrumentistes qu’elle retrouve
maintenant dans les orchestres et formations musicales de haut niveau. Certains
participent à l’ensemble instrumental « Thème et
Variations » qu’elle crée et dirige en 1995 et avec lequel elle donne
de nombreux concerts en région parisienne.
En réalité son parcours
professionnel a toujours été multiple et, parallèlement à la création, ancré
dans la vie musicale active, et dévoué à la propagation de la musique,
notamment la musique d’aujourd’hui, auprès de tous et particulièrement auprès
des jeunes. Cette mission a été facilitée depuis 2001, quand elle fonde son propre
orchestre destiné à intervenir en milieu scolaire, ainsi que D’ailleurs
pour percussion, 2 ondes Martenot et guitare électrique, créé en 1973 par
Tristan Murail, Françoise Pellie, Claude Pavy et Michel Gastaud aux
« Semaines musicales d’Orléans ».
A son retour de Rome elle avait
participé activement à la fondation en 1973 de l’ensemble musical
« Itinéraire », partageant la ferveur du groupe avec Michaël Lévinas,
Roger Tessier, Pierre-Yves Artaud, Geneviève Renon et plusieurs autres
musiciens. Certaines de ses œuvres ont vu le jour à ce moment dont Imaginaires
et Silences. Durant cette même décennie, elle est invitée à plusieurs
reprises (1973 à 1975) à Munich par le chef d’orchestre Rudolf Kempe qui crée
son œuvre Mosaïques pour percussion et petit orchestre de chambre.
Ensuite, en 1978, professeur
d’écriture au CNR d’Aubervilliers, elle s’investit dans la quête que mènent les
étudiants pour prouver leur propre langage dans cette période d’esthétique
confuse. En 1980, elle compose pour carillon Comptine dont la première
audition a lieu pendant les Fêtes du Pont-Neuf par Renaud Gagneux qui fut
longtemps titulaire du carillon de la mairie du 1er arrondissement
parisien, place du Louvre.
Quand en 1995 elle est nommée
Conseiller artistique musical pour la Ville d’Enghien-les Bains où elle réside
alors depuis deux ans, elle assume ses propres choix au cours de saisons
spirituellement intitulées « Thermes et Variations » et avec un
centre de la voix baptisé « A Portée de Voix » créé en 1998. Elle
réinvente les concerts en plein air : « Nous allons essayer de faire
participer le public. Chaque concert sera suivi d’une discussion avec les
musiciens, autour d’un verre. » Sa mission de conseillère, elle la conçoit
ainsi : « Ce désir de faire partager mon amour pour la musique et la joie
de vivre que cet amour peut procurer, m’ont fait accepter avec enthousiasme ce
rôle de conseiller artistique. Faire vivre ma famille en musique, rassembler
toutes les personnes, les organismes concernés par l’action musicale, organiser
des concerts variés, riches, avec des interprètes de haut niveau soucieux de
faire partager leurs émotions musicales, voilà ce que j’ai cherché à réaliser
cette année. Grâce à l’aide et aux encouragements d’une municipalité attentive,
grâce au travail et à l’énergie d’un Centre Culturel très motivé, soutenue par
le Conseil Général du Val-d’Oise, partenaire privilégié, j’ai pu établir un
premier programme pour l’année 1995, programme placé sous le signe des jardins
et de la convivialité. Je souhaite que le public et les interprètes puissent, à
l’issue du concert, se rencontrer et dialoguer en toute liberté. » Son
premier concert se déroulera le 12 avril 1995 avec le pianiste russe inconnu en
France, Vladimir Souslov (Chopin, Scriabine).
En 2004, c’est un soprano qu’elle
intègre au Concerto pour orgue, voix de soprano et orchestre à cordes
qui est créé le 13 juin 2004 à l’église de Sannois (Val-d’Oise) par Walter
Audoli, Eric Lebrun et Tomoko Takeushi, et en 2006 Géométrie, écrit pour
l’ensemble « Soli Tutti », long poème destiné à douze voix solistes.
Notons aussi son opéra miniature French suite créé en 2013 aux USA, à
Pittsburgh.
Chez Monic Cecconi, toujours la
voix est privilégiée, symbole d’humanisme et de lyrisme, médiatrice d’une
pensée donnée ou reçue en partage, au-delà même de l’évidence du sens.
A sa retraite, elle s’installe dans
l’un des plus beaux villages de France, Gordes, situé dans le parc naturel
régional du Lubéron, où elle fonde et dirige l’Ensemble orchestral du Lubéron
et, en novembre 2006, « Les Saisons de la voix » qu’elle préside
toujours en 2023, organisant de nombreux concerts et des masterclass. Destinée
à faire découvrir de nouveaux talents du chant en les aidant à se perfectionner
et à progresser dans leur carrière, par des rencontres avec le public, cette
association organise chaque année un « Concours international de la
mélodie à Gordes » dont le 15éme s’est déroulé les 9 et 10 septembre 2023
avec la mezzo-soprano Karine Deshayes pour présidente du jury. Ses nouvelles
activités ne l’empêchent pas cependant d’étoffer son corpus musical avec plusieurs
nouvelles œuvres écrites : 4 mélodies, Bestiaire imaginaire (contre-ténor
et piano) et Quand tu dors seul (2005), Une belle soirée d’été et
Un tapis de Turquie (2012) et trois pièces pour violoncelle solo réunies
sous le titre de Trois caprices (2010, Delatour).
Pierrette Germain-David (2007)
Denis Havard de la Montagne (2024)
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(photo X...) DR.
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Michel MERLET
Notice détaillée sur cette page spécifique.
1967
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Michel Rateau à son piano, chez lui en Normandie, août 2010 ( photo Philippe Rateau ) DR
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Michel RATEAU (1938 - )
Né le 4 septembre 1938 dans le quinzième arrondissement parisien, Michel Rateau a été initié très tôt à la musique. A l’age de 5 ans, à l’école Notre-Dame de France à Malakoff (Hauts-de-Seine) où il débute ses études scolaires, il commence l’étude du solfège et du piano avec la professeur de musique, Sœur Marie-Laurent Celle-ci remarque rapidement chez cet enfant des aptitudes et un goût pour la musique qu’elle va s'ingénier à développer. A cet âge il "compose" sa première œuvre dans la cuisine de ses parents, utilisant des objets et autres ustensiles à sa portée. Bien que devant changer d’établissements scolaires à plusieurs reprises, il continue de prendre des leçons de musique auprès de Sœur Marie-Laurent jusqu’à l’âge de 11 ans. Par la suite, jusqu’à sa quinzième année, il reçoit des cours particuliers de piano chez Jean Boguet dans son appartement du seizième arrondissement. Pianiste renommé et alors organiste à Dijon, on devra plus tard à ce dernier l'enregistrement de l'intégral de l'œuvre pour piano d'Albert Roussel. Puis, c'est avec Jacques Février et Melle Lejour, la répétitrice de Jean Doyen, qu'il poursuit ses études de piano.
Mais, très attiré par la composition, Michel Rateau entreprend d'apprendre sérieusement l'harmonie auprès de Maurice Duruflé, tout d'abord en cours particuliers, puis, à partir de 1959 dans sa classe d’harmonie préparatoire au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, à l’époque où Raymond Loucheur succède à Marcel Dupré à la tête de ce vénérable établissement. En novembre 1960, année au cours de laquelle il obtient également son CAPES d'Education musicale, il est admis dans celle d’harmonie supérieure de Jeanne Leleu, bientôt remplacée, durant sa maladie, par Roger Boutry. Son 1er prix d'harmonie obtenu en 1963, il rejoint alors la classe de composition de Jean Rivier, reprise en 1966, à sa retraite, par André Jolivet, et décroche un autre 1er prix en 1966. L'année suivante, il se présente au Concours de Rome et remporte le Grand Prix avec la scène lyrique Voyageur, où t’en vas-tu ?, écrite sur un poème du bengali Rabindranath Tagore (1861-1941, Prix Nobel de littérature en 1913). Cette cantate pour soprano, ténor, baryton et orchestre, d’une durée totale de 14’30, sera éditée par la suite par Billaudot.
Au cours de ses études au Conservatoire de Paris, Michel Rateau effectue son service militaire, de 1962 à 1964, dans la Musique du 93ème Régiment d’Infanterie, stationné à Paris, au Mont Valérien.
Pendant son séjour à Rome, à la Villa Médicis de janvier 1968 à avril 1971, il conçoit notamment un instrument de percussion constitué d’un portique de 2m. x 2m. sur lequel sont fixées des cloches (campana) de différentes tailles et matières (bois, métal), ainsi que des cymbales sur lesquelles on frappe avec des baguettes.
De retour à Paris en 1971, Michel Rateau s’intéresse plus particulièrement au son émis par les « choses » (une cage à oiseaux, des tubulures, des cuves ...) qu’il enregistre sur bande magnétique. C'est ainsi qu'il compose la musique du ballet La Course, monté au Théâtre National Populaire (TNP) de Paris et dansé par la compagnie de Joseph Russillo. A cette même époque, il donne un concert au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dans le cadre de l’A.R.C. (Animation Recherche Confrontation) de Maurice Fleuret, un proche de Boulez, alors directeur dudit Musée.
En 1976, Michel Rateau s’installe à Rouen et reprend sa carrière d’enseignant à l’IUFM de Rouen, ainsi qu'à l’Institut de musicologie de Rouen (de 1980 à 1989) et à l’Ecole Normale de Musique de Paris, où il professe l'harmonie et l’analyse de 1983 à 1990.
Parallèlement à ses fonctions d'enseignant, Michel Rateau ne cesse de composer. En 1982, il commence les Chants du temps pour orchestre qu’il achèvera en 1988. Cette oeuvre donnera lieu à un entretien avec Pierre Boulez. En 1984, Salle Gaveau à Paris, son Offrande lyrique pour violon et orchestre est donnée par l’Ensemble Orchestral de Paris placé sous la direction de Jean-Pierre Wallez, avec pour soliste Gaëtane Prouvost, et parmi les auditeurs : Olivier Messiaen et Henri Dutilleux. Cette œuvre sera reprise cette même année par l’Orchestre de Chambre de Rouen, dirigé par Jean-Pierre Berlingen. En 1991, pour le 25ème anniversaire de l’Université de Rouen en 1991 il écrit, à l'intention du Nouvel Ensemble Contemporain, A quatre pour flûte, clarinette, violon et piano, créé la même année.
C’est en 1992 que Michel Rateau commence Les Chants du temps pour piano, son "Journal Musical", "une œuvre en cours d’inachèvement". Dans cette œuvre, "le compositeur opère un retour à une forme d’écriture assez épurée, très simple, fortement mélodique et contrapuntique, qui contraste radicalement avec les pièces plus avant-gardiste qu’il avait écrit dans les années 1960-1970." Il s’agit d’une composition modulable (15 volumes à ce jour), chaque volume comportant douze recueils et chaque recueil contenant douze ou treize pages de musique. Comme dans un recueil de poèmes, selon son humeur et ses préférences, le lecteur-interprète choisit les morceaux à lire ou jouer en liberté. Pour l'instant, seule une partie des Chants du temps (45 minutes environ) a été donnée en concert à l’Université de Strasbourg II en avril 2005, à l’occasion des Journées de l’Action Culturelle sur le thème de l’Oeuvre ultime. Mais, des fragments de cette œuvre sont couramment joués par le pianiste israélien Gilead Mishory, notamment en Allemagne et au Japon. De nos jours, Michel Rateau se consacre entièrement et presque uniquement à la poursuite de la composition de ses Chants du temps.
M.R. / D.H.M.
Catalogue des œuvres