Michel Baron - Cours de contrepoint rigoureux |
Contrepoint à deux parties
PREMIÈRE ESPÈCE : ronde contre ronde.
Un chant donné en rondes dans une partie quelconque, et une autre partie en rondes.
Le chant donné doit être respecté, mais il peut toujours être transposé si c'est nécessaire, afin que chaque partie reste dans sa tessiture. Il commence et se termine toujours par la tonique.
La première et la dernière mesure sont obligatoirement harmonisées par l'accord de tonique à l'état fondamental.
Si le chant donné est à la partie inférieure, la première mesure doit faire entendre un unisson ou une consonance d'octave ou de quinte.
Si le chant donné est à la partie supérieure, on ne peut commencer que sur un unisson ou sur une consonance d'octave.
À l'avant-dernière mesure, la sensible doit être entendue dans le contrepoint. (Certains auteurs permettent de s'en dispenser à l'occasion, pour permettre une plus grande variété de conclusions, et à plus forte raison en modal). La dernière mesure fait entendre obligatoirement la tonique.
Note: à deux voix, la médiante n'est pas considérée comme consonance suffisante pour le début et la fin des contrepoints.
Conseils
Le contrepoint doit se rapprocher le plus possible du mouvement conjoint. Dans le courant des deux mélodies ainsi superposées il ne peut se présenter que des rapports harmoniques de tierce, quinte, sixte ou octave (ou leurs redoublements).
On recherchera le mouvement contraire toutes les fois qu'il contribuera à l'équilibre des voix.
On évitera de rester dans un ambitus trop restreint (comme une quarte, par exemple), d'effectuer des retours mélodiques sur une même note, ainsi que des répétitions mélodiques rappelant les marches harmoniques.
On évitera, autant que possible, toute formule arpégée.
Bien entendu, dans cette espèce, il est impossible d'employer des notes étrangères.
MODE MAJEUR
MODE MINEUR
MODE DE RÉ
MODE DE FA
MODE DE SOL
(Il s'agit d'un seul exemple, renversable)
EXEMPLES RÉALISÉS PAR INFORMATIQUE
L'objet de cette expérience n'est pas de prouver qu'il est possible de remplacer l'individu par la machine. On le fait partout! On a fait écrire des pages de "faux Schubert" par d'importants systèmes informatiques dans une université américaine. Mais ces pages ne méritaient guère plus d'intérêt que de s'émerveiller qu'elles aient pu être créées entièrement par des moyens logiques.
L'intérêt de l'expérience informatique en contrepoint est de faire la juste part du minimum de règles à imposer (à une machine ou peut-être à un humain) et de mieux juger, après le tri du produit fini, la part de la "mécanique" et la part nécessaire de l'intuition, de l'invention.
JACQUES BUJOLD
est l'auteur du
programmeDans le logiciel pour ordinateur personnel, l'intuition créatrice n'est pas vraiment "simulée", mais remplacée par le hasard. Au moment de créer chaque nouvelle note en fonction du chant donné, la machine s'en remet au hasard mais vérifie aussitôt dans une table de règles à respecter (harmoniques et mélodiques) si le hasard a bien fait les choses. Notons qu'un étudiant peu ou pas musicien pourrait tout à fait se contenter d'en faire autant. Pour ces expériences, la liste de règles à respecter a été limitée à celles-ci :
- Consonances obligatoires de la première et de la dernière mesure.
- Sensible présente dans l'avant-dernière mesure.
- Quintes consécutives interdites.
- Octaves consécutives interdites.
- Quintes directes interdites.
- Octaves directes interdites.
- Maximum de 3 tierces ou 3 sixtes consécutives.
- Intervalle de triton (en un saut) interdit.
- Intervalles de 7e (ou plus) en deux sauts interdits.De plus, de manière encore plus exigeante que les règles habituelles, le programme permet de déterminer l'intervalle mélodique maximum permis, afin d'effectuer des tests consécutifs sur le même chant donné et évaluer l'intérêt de rechercher les mouvements les moins disjoints possible.
Simulation de démarche logique
Comme l'individu, la machine "essaye" une nouvelle note, et la vérifie immédiatement. Dans les deux cas, notons qu'une vérification après la fin du travail n'aurait guère d'avantages: on trouverait plutôt plusieurs fautes qu'une seule, et il faudrait tout débâtir pour corriger.
Si la note engendre une faute, on y renonce et on en prend une autre, jusqu'à ce qu'un autre choix donne satisfaction. Noter qu'il faut vérifier à chaque fois 3 mesures en arrière si cette nouvelle note donne satisfaction, pour respecter les règles de tierces ou de sixtes consécutives.
Si aucune note ne donne satisfaction après un nombre suffisant d'essais déterminés par le programme (ici l'entêtement ne coûte pas d'efforts), le contrepoint entier est abandonné et la démarche logique reprend au début.
Intuition musicale mise à part, la différence la plus marquée entre la logique humaine et la logique de la programmation se situe probablement à l'approche des deux ou trois dernières mesures: l'humain aime prévoir à l'avance une conclusion qui lui convienne, alors que la programmation simpliste tente de parvenir à une solution en ne manipulant pas plus qu'une mesure à la fois.
L'évaluation "artistique"
Les exemples suivants sont tous dans le mode majeur, avec le chant donné à la partie inférieure. Il est important de noter que la plupart des contrepoints obtenus n'ont pas été dignes d'être choisis comme modèles d'exemples. Même s'ils respectaient en tout point les règles, la plupart présentaient des gaucheries peu musicales, ou bien ne suggéraient rien d'intéressant sur le plan expressif, ou encore étaient franchement incohérents. Rien de plus normal: aucun paramètre d'évaluation "artistique" ne fait partie de la programmation.
Pour donner un ordre de grandeur quant à la proportion des réalisations valables et dignes d'être conservées, par rapport au total de celles rejetées, voici comment on a choisi les 9 exemples suivants:
En une session d'écriture de 10 exercices où on permettait l'usage de la sixte, on n'a retenu que les réalisations numéros 8 et 10.
En une session intensive de 49 exercices où on interdisait des intervalles mélodiques plus grands que la quinte, on n'a retenu que 4 exercices: les numéros 5, 18, 20 et 37.
Dans une autre session de 19 exercices où on interdisait les intervalles mélodiques plus grands que la quarte, on n'a retenu que trois exemples, les numéros 4, 16 et 19.
Sur un total de 78 essais, 9 seulement ont été dignes d'être retenus pour leur intérêt expressif. On voit donc que la part reste immense pour l'intuition et l'expression musicale, les règles n'étant qu'une nécessité minimale.
Enfin, l'un des objectifs de l'inclusion de ces exemples dans le présent cours est de bien persuader les étudiants de placer suffisamment haut leur barême d'exigences et de ne pas s'aviser à présenter des réalisations moins musicales qu'un ordinateur.
Redémarrage version cadres | Redémarrage version sans cadres |
Menu de la version sans cadres | |
1 - Avant-propos | 11 - Quatre parties: espèces 1 2 3 4 |
2 - L'esprit du contrepoint | 12 - Petits mélanges |
3 - Le travail | 13 - Grands mélanges |
4 - Règles communes | 14 - Fleuri |
5 - Chants donnés (C.F.) | 15 - Cinq parties et plus |
6 - Deux parties: espèces 1 2 3 4 Fleuri | 16 - Contrepoint renversable |
7 - Trois parties | 17 - Imitations et canons |
8 - Espèces 1 2 3 4 | 18 - Bibliographie |
9 - Petits mélanges | 19 - Liens utiles, recherches |
10 - Fleuri | 20 - L'auteur e-mail © |
© Michel Baron - Utilisation à des fins commerciales strictement interdite.
Utilisation autorisée à des fins personnelles ou pédagogiques seulement.
Ce site est entretenu de manière bénévole et sans but lucratif.