Michel Baron - Cours de contrepoint rigoureux

Principes de travail

La quantité

La quantité de travail nécessaire est variable selon les individus et selon les facilités personnelles dans diverses espèces. Il sera toujours plus facile d'écrire 12 contrepoints à deux voix plutôt qu'un grand mélange, mais au début des études il faut s'attendre à un minimum de douze contrepoints réussis dans chaque mode pour acquérir une aisance suffisante - et voir suffisamment de paysage - dans chaque nouvelle espèce.

Pour atténuer vos inquiétudes sur le plan de la quantité, il ne faut pas hésiter à présenter des variantes ou des contrepoints ayant d'importantes parties communes. Chaque contrepoint est jugé comme un tout unique, et chacun est un objectif partiel.

La qualité

C'est le but premier. Seul un travail de qualité supérieure est rentable. Un contrepoint comportant une faute, même s'il est musical, n'a guère plus d'intérêt qu'une tentative manquée de saut à la perche: aussi beau soit l'effort, l'exploit n'a pas lieu d'être enregistré. Un travail régulier et normal ne comporte des fautes que très exceptionnellement, sauf dans des circonstances particulières telles que les suivantes:

Hormis de tels cas passagers, un type de faute prolongé et chronique - même et surtout lorsqu'on pensait avoir tout compris - est un indice d'incapacité à être conscient de ce qu'on écrit, ou d'incapacité à se concentrer ou à entendre intérieurement.

L'approfondissement et les progrès

Comme souvent en musique, à des périodes de stagnation apparente succèdent des progrès par paliers quasi-brusques et encourageants. Deux impératifs doivent être bien compris par l'étudiant:

 La correction des erreurs.

Pour ne pas travailler superficiellement, il est indispensable de corriger soi-même, systématiquement, les passages fautifs. C'est la seule méthode possible pour acquérir la confiance en soi et la certitude de savoir se sortir de toute situation difficile, comme la découverte tardive d'une grosse faute lors d'un examen. De telles corrections représentent parfois plus d'efforts que de réussir du premier coup, avec de plus grandes précautions, l'exercice complet: il n'est pas souvent possible de les improviser; il faut en général y réfléchir pour les présenter au cours suivant. Parfois, le résultat final est moins souple que la première version erronée. Il faut pourtant accepter de se plier à ces sortes de "réparations", soit comme une pénitence, si vous savez être humble, soit par jeu, soit pour l'honneur, soit simplement en tant que constituantes normales du travail régulier. On ne doit abandonner "à la poubelle" un contrepoint fautif que très exceptionnellement, dans des cas désastreux.

 Un minimum de chants donnés.

Aussi effroyable et invraisemblable que cela puisse paraître au nouveau-venu, le secret de la réussite est là: l'art du contrepoint est aussi l'approfondissement de nombreuses possibilités. Si on change souvent de chant donné au point de ne faire que six ou huit exercices sur chacun d'eux, on n'en découvrira toujours que les possibilités les plus faciles, les plus évidentes pour tout le monde, ou les plus superficielles. On ne rencontrera jamais la véritable difficulté, et on ne s'émerveillera jamais de tout ce qu'il y avait d'autre à imaginer en conservant encore et encore les mêmes chants donnés. Un bon principe est de s'en tenir à deux chants donnés (majeur et mineur) pour 80% du travail, et de n'aborder d'autres textes que pour se "rafraîchir", par exemple lors de périodes de découragement, ou pour se préparer à des textes imprévus (examens). Consultez les exemples du traité de Charles Koechlin, qui reproduisent toutes les combinaisons de positions possibles sur seulement un chant donné dans chaque mode. Mais méditez tout de même sur ce qu'il affirme, avec son expérience de grand professeur, dans son Étude sur les notes de passage, III - Notes de passage dans le contrepoint ( p.27 ) :

Tout le monde ne peut pas acquérir une bonne technique. C'est une erreur de croire que le travail seul puisse la procurer ; il y faut des dons préalables et ( comme le dit encore Boileau ) « sentir du ciel l'influence secrète ». (...) En somme, le talent ne s'acquiert que si l'on a déjà un peu de génie musical. "

Ne paniquez pas. Il a bien écrit : « un peu ».


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